- par exemple, le cycle de l'azote - mais aussi de perte de biodiversité et d'écosystèmes, au
point que nous sommes entrés dans une nouvelle ère géologique, l'anthropocène, symbole de
l'impact global de l'action humaine. De nombreux scientifiques s'inquiètent de la survie de
l'Homme en tant qu'espèce. »
Mais, si le constat est si catastrophique, comment se fait-il qu'à l'exception de quelques
associations et films environnementalistes, l'ampleur du phénomène n'ait pas attiré davantage
l'attention du public et des instances politiques mondiales ? Pourquoi l'IPBES n'est-il
officiellement mis en place qu'aujourd'hui, alors que cela fait bien plus de dix ans qu'on parle
d'érosion de la biodiversité ?
« Le changement climatique a mobilisé - à raison - l'attention des politiques, de la société et
des médias ces dernières années, entre autres grâce au GIEC, le Groupement
Intergouvernemental d’Experts sur le Climat. Mais ce sujet, en Belgique et en Wallonie en
tout cas, fait de l'ombre à la problématique, non moins fondamentale, de la perte de
biodiversité et d'écosystèmes. Il faut rappeler que nous sommes entrés dans une sixième
grande phase d'extinction, pour la première fois causée par une espèce, l'Homme.
Aujourd'hui, nous perdons trois espèces par heure sur la planète, soit mille fois plus que le
rythme naturel d'extinction ! Pourtant, malgré cela, je n’ai pas vu grand-chose dans les médias
sur la création de l’IPBES. Ce silence médiatique ne m'étonne que peu. Je l'explique par
plusieurs raisons. D’abord, comme nous l’avons signalé, à cause de la dominance, dans les
débats environnementaux, du Climate Change et des solutions en lien avec celui-ci. Par
ailleurs, la perte de biodiversité est une problématique qui touche de manière très indirecte -
ou, à tout le moins, peu visible - les populations européennes qui ont d'autres préoccupations
en temps de crise. Enfin, le terme "services écosystémiques" a peut-être une consonance trop
scientifique et est, en tout cas, très peu présent en Wallonie. »
Qu'appelle-t-on les services écosystémiques ?
Peut-être la biodiversité souffre-t-elle de l'image un peu "fleur bleue" qui en a été véhiculée...
La disparition des pandas ou des ours polaires est bien triste, en effet, mais ce qui est en jeu ne
relève pas - ou pas seulement - de l'émotion ou de l'esthétique. Il s'agit, ni plus ni moins, du
plus grand ensemble de biens et de services jamais fourni par aucun prestataire humain !
« Au-delà de ce que certains appellent la "valeur intrinsèque de la nature", la biodiversité est
également essentielle à la survie de l'Homme et à son bien-être. Celle-ci nous fournit de la
nourriture, de l'eau, des fibres, sert de support à la vie de pollinisateurs essentiels à de
nombreuses productions alimentaires, mais offre également à l'Homme un cadre de vie de
qualité, à haute valeur esthétique, spirituelle ou encore éducative. Les services
écosystémiques (SE) désignent cet ensemble de biens et de services fournis par les
écosystèmes. La perte de biodiversité se traduit donc également par une perte de services
écosystémiques. »
La question n'est donc pas de porter un regard angélique sur la nature comme entité généreuse
et éternelle, mais de prendre conscience du caractère réellement utile, vital et fragile des
écosystèmes. Comment, dès lors, inciter les citoyens à cette prise de conscience ?
« Il faut certainement informer les gens de l’existence de l’IPBES, propose Nicolas
Dendoncker, mais aussi et surtout parler d'initiatives locales ou régionales en lien avec la
biodiversité et les services écosystémiques. Il existe, par exemple, une plateforme informelle