INTRODUCTION11
structures bâties obéissent à des lois bien connues des ingénieurs, et les
modèles concernant, par exemple, les déplacements de certains éléments
ou certains types de fissures ne laissent place à aucune équivoque quand
ils sont insérés dans des contextes précis : sismotectonique, géomorpho-
logie, mais aussi situations historiques du bâti proprement dit. Il est évi-
dent qu'il faut éviter de construire des scénarios-catastrophes et des
interprétations générales sur l'écroulement de certaines cultures ou civili-
sations à partir d'événements sismiques donnés. Enfin, il ne faut pas
étendre les effets d'un séisme connu à des sites placés à de trop grandes
distances de l'épicentre.
Toutefois, il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain : l'interpréta-
tion sismotectonique de certains dommages est parfois incontestable pour
un site donné. Ce qui est en cause est l'attribution de ces dommages à un
séisme connu par ailleurs, la datation des dommages à un moment consi-
déré identique à celui de l'événement déjà connu, c'est-à-dire F« amal-
game » de deux événements, mais non l'observation des dommages.
On ne peut aucunement garantir que les sources écrites qui nous sont
parvenues aient enregistré tous les événements survenus - on peut même
garantir qu'elles n'ont retenu que les plus marquants -, et pas forcément
les plus importants. En conséquence, l'observation archéologique des
effets sismiques sur une construction antique peut très bien se rapporter à
un événement distinct de celui que nos sources relatent, même s'il
s'agit
de périodes identiques.
Afin d'éviter la formulation d'hypothèses en contradiction avec la réa-
lité dans des domaines aussi variés que la tectonique, la sismologie, le
comportement des structures, mais aussi l'histoire et l'archéologie, une
approche pluridisciplinaire était d'autant plus nécessaire dans un contexte
difficile comme celui que l'on rencontre en France, où les vestiges
archéologiques et les séismes sont relativement peu nombreux.
C'est pourquoi l'Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN), le
Centre universitaire européen pour les biens culturels de Ravello
(CUEBC) et le Centre d'étude et de recherche sur l'aqueduc romain de
Nîmes et le pont du Gard du Centre national de la recherche scientifique
(CNRS) ont organisé un séminaire à Nîmes, les 9 et 10 février 1995, autour
d'un cas d'étude. Ce séminaire, qui
s'est
déroulé avec la participation de
la Société GEO-TER et l'aide de la ville de Nîmes et du Conseil général du
Gard, avait deux objectifs :
- définir, à partir de l'étude d'un cas, l'aqueduc romain de Nîmes, des
méthodes d'analyse pour les traces de dommages d'origine sismique sur
des sites archéologiques ;