Hanoucca - Acit 31

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ACIT
Association Cultuelle
Israélite de Toulouse
DÉCEMBRE 2014
N°203
3€
LE MAGAZINE DE LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE TOULOUSE ET DES PAYS DE LA GARONNE
L’ADIEU À JEAN-PIERRE BLOCH
UN BÂTISSEUR EXCEPTIONNEL DE LA
COMMUNAUTÉ NOUS A QUITTÉ
HANOUCCA, READY ?
SWITCH ON CANDLES !!!
LA MUSIQUE : NOS VALEURS
LITURGIE, TRADITION ET FOLKLORE
RETOUR À OHR TORAH :
CES LYCÉENS QUI VIENNENT
PRÉPARER LEUR BAC AU BERCAIL
du N° 203
HIVER 2014
Kislev 5775
Retour à Ohr Torah : ces jeunes qui viennent ou
reviennent au lycée juif veulent réunir les conditions
optimales pour passer leur bac
> p 10
Photo de couverture Mairie de Toulouse
Le billet
d’henri
amar
Sommaire
L’espérance
quand même…
Les négociations entre l’Iran et les cinq
membres du Conseil de Sécurité de
l’ONU, plus l’Allemagne, ont, en ce
lundi 24 novembre - date à laquelle
j’écris ces lignes – débouché sur une
impasse, Téhéran refusant toujours de
réduire de façon significative le nombre
de ses centrifugeuses. Et, plutôt que
de rompre ce qui apparaît de plus en
plus nettement comme un marché de
dupes, « les Cinq plus Un » ont, une
fois encore, accepté de repousser à
mars ou plutôt juin 2015 - si ce n’est
aux calendes grecques - la conclusion
d’un accord.
Un nouvel échec pour les Occidentaux. Un nouveau succès pour les ayatollahs passés maîtres dans l’art de
jouer la montre pour parvenir à leurs
fins : se doter de l’arme nucléaire, assurer ainsi leur leadership sur la région,
conquérir ou reconquérir pour leur
pays le statut de grande puissance et
… mettre à exécution leurs menaces
sans cesse réitérées contre Israël, cet
Etat juif « à rayer de la
surface de la terre ».
La diplomatie occidentale dont on a
pu mesurer, ces derniers temps, les
cinglants échecs face à un Bachar El
Assad, ou un Poutine, y suffira-t-elle ?
La fermeté apparente des mouvements
de menton, des déclarations martiales
et des sanctions économiques - trop
souvent contournées - permettrontelles d’éviter, dans un Proche-Orient
aujourd’hui en pleine éruption, des
embrasements aussi redoutables qu’incontrôlables ? La question s’impose
tant il est vrai que les démissions munichoises, sous quelques cieux que ce
soit, conduisent à la catastrophe.
Les printemps arabes avortés, les répressions sanglantes des dictateurs
menacés, les conflits religieux fratricides qui ravagent aujourd’hui cette
région du monde pourraient, certes,
conduire paradoxalement à une sorte
d’équilibre de la terreur permettant
d’éviter l’irréparable. Mais au seuil
d’un précipice béant.
Celui où les fanatismes
et la barbarie d’un autre
âge pourraient tout faire
sombrer.
Comment se fier, dans
Celui que l’aveuglement
ces conditions, aux déde nos démocraties esclarations « optimistes »
soufflées ont laissé se
du Secrétaire d’Etat
creuser. Faute de couaméricain John Kerry Ali Khamenei
rage.
si souvent démenti par
les faits - assurant que des « progrès
substantiels » avaient été réalisés lors Ce courage dont, en cette veille de Hade la rencontre de Vienne et qu’un ac- nouccah, nous nous apprêtons à célécord final demeurait « possible » ? brer le souvenir et la vertu, en rappeComment croire qu’un Obama empê- lant le victorieux combat des
tré dans ses louvoiements, ses ater- Macchabées contre ceux qui voulaient
moiements, ses divers et multiples re- contraindre le peuple juif à se détourniements, et l’opposition d’un Congrès ner de sa foi, de son identité, de son
résolument hostile à la conduite brin- histoire.
quebalante de sa politique étrangère, Eclatante victoire couronnée par le
puisse faire entendre raison à un Ali miracle de cette huile renouvelée nourKhamenei, plus que jamais Guide Su- rissant dans l’enceinte du Temple et
prême d’un peuple iranien assujetti ? dans le cœur de l’homme également
L’Iran aura sa bombe. Difficile d’en purifiés, la fragile mais sans cesse renaissante lumière de l’espérance.
douter désormais.
Reste à dissuader ses dirigeants de s’en
servir.
Henri Amar
Le billet d’Henri Amar
L’œil du président
Actualité religieuse : célébrer
Hanoucca sous tous ses aspects
Dossier : retour à Ohr Torah, enquête
sur les lycéens qui reviennent
La musique : une valeur du Judaïsme
et une valeur de la fête juive
Jean-Pierre Bloch nous a quitté
Jean, 15 ans, enlevé au lycée Pierre
de Fermat en 1944
Le Récébédou,
la marche de la mémoire
Associations
Jeunesse
Brèves communautaires
Ce qu’il reste de l’oubli, Jean Lévy
Portrait : Salomon Attia
Culture
Chemouel Azimov, hommage
Carnet communautaire
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Ont contribué à ce numéro
Joelle Adjedj, Valérie Alter, Henri Amar, Jacques Asseraf,
Annie Beck, Arié Bensemhoun, Dana Bensimon, Sophie
Castiel, Patricia Dassa, Yves Bounan, Claude Denjean,
Johanna Dray, Norbert Halimi, Dominique Khalifa, Pierre
Lasry, Hervé Lieberfreund, Maurice Lugassy, Yoseph
Ytsrak Matusof, Yaacov Monsonégo, Rachel Roizes, Yaël
Rueff-Salama, Paul Schaffer, Harold Avraham Weill, Nicole
Yardeni
Aviv mag est une publication de l’ACIT
Association Cultuelle Israélite de Toulouse, 2 place
Riquet, 31000 Toulouse. Tél. 05 62 73 46 46
Directeur de la publication : Arié Bensemhoun
Directeur de la communication : Armand Partouche
Directeur de la rédaction : Pierre Lasry
Rédaction et coordination : Yaël Rueff-Salama
Crédit photo : LSP, Bernard Aïach
Design et production : LSP, 11 rue Adonis, 31200
Toulouse, tél. 05 61 13 18 18, [email protected]
Régie publicitaire : Joëlle Adjedj
N° de commission paritaire : 1106G88068 Dépôt légal à parution
AVIVmag n°203 décembre 2014
3
Offrir
La parole
Reine Benzaquen
à arié
bensemhoun
Artiste et plasticienne, Reine Benzaquen a offert à l’école du Gan Rachi
une œuvre peinte : “le Présent”, accompagnée d’une lettre, que voici…
Regarder derrière
“
et marcher de l’avant !
Bonjour,
4
J
L’œuvre de Reine Benzaquen offerte à l’école Gan Rachi, “le Présent”
leur Résistance. Nous continuons
d’apporter dans un monde en fragilité
et en mutation, la résistance de nos
valeurs puisées au coeur de nos
textes.
Un Islam radical nous a pris comme
cible, mais il a pris en otage toutes les
altérités et les Libertés.
Des partis xénophobes veulent aussi
la voix de ceux qu’ils insultent et méprisent.
Ne nous laissons pas défigurer par la
peur et la haine.
Est en dette à notre égard et à l’égard
de tous, tout démocrate qui laisse
faire.
A Toulouse on a voté pour un Cohen
agnostique.
On peut à Toulouse récemment chanter à tour de rôle Tikva et
Marseillaise, dans la Salle des Illustres.
C’est la richesse de notre ville.
Et nous sommes toujours là debout,
toujours juifs, Français et Juifs, Juifs
et Français.
Avec nos espoirs, nos enfants, nos
écoles, nos enseignants, nos fleurs,
nos amis et leur différence, dans la
joie de notre identité quelle que soit
l’épreuve.
Et pour ces petits enfants qui ne joueront plus dans cette cour de
récréation nous continuerons debout
et avec des fleurs.
Oui nous sommes «celui qui vit» selon
les mots du cantique, que Yosef et Esther Matusof nous adressent avec
cette vigilance qu’ils ne cessent de
porter avec courage, légèreté et créativité à tous les enfants...et les adultes.
Merci d’être parmi nous.
Oui nous sommes «Celui qui vit».
Ecole Gan-Rachi, Toulouse le 25
Juin 2014
Reine Benzaquen
EAN-PIERRE BLOCH n’est
plus.
C’est une immense figure de nos
institutions qui nous quitte, et je veux
m’incliner devant l’homme et devant
l’ampleur de la tâche accomplie, comme
nous l’avons fait le jour de ses obsèques,
avec ses enfants Bernard et Caroline et
nombre de ses amis, dans le cimetière
qu’il a lui-même créé, pour nous, pour sa
communauté.
“
Je suis heureuse de vous offrir ces
fleurs. Ce tableau s’appelle : «Le Présent».
Ce sont deux tableaux qui composent
ce bouquet de Roses.
Les rubans sont des liens aux couleurs de notre région.
Ils vous disent mon soutien et ma particulière tendresse, pour tous ceux qui
avec espoir veillent sur les enfants et
sur notre avenir commun.
L’art c’est comme la vie, les artistes
qui se coupent de leur passé et de sa
richesse, finissent par se répéter et appauvrir leur travail.
Pour créer, il faut, en lien avec sa vie,
tenter de garder un regard humble et
étonné.
Nous, les artistes non plus, ne
sommes pas libres «d’être rien».
Je viens aussi de cette école juive qui
comme la vôtre a veillé sur la singularité et le devenir de ses enfants. J’ai
eu la chance d’avoir comme directeur
à l’Ecole Normale Israélite Orientale
de Paris, le philosophe Emmanuel Lévinas.
J’ai gardé de sa pensée et de ce soin
des autres, ma vigilance et une grande
part de mon inspiration.
Et si nous Juifs, par delà nos deuils,
nos épreuves et nos craintes sommes
toujours debout et en devenir, c’est
que nous avons puisé dans notre foi
et nos textes et nos écoles, le visage de
notre espoir parmi les autres.
La France a besoin de ses juifs, Libres
et Egaux.
Israël a besoin de ses Juifs Français,
Libres et Egaux.
Pour la richesse de leur présence, leur
vivacité et leur créativité, mais aussi
M’incliner devant l’ambition de JeanPierre Bloch, une ambition entièrement
tournée vers sa communauté, et dont il
n’avait de cesse qu’elle soit couronnée
matériellement par des réalisations
nécessaires mais jamais suffisantes : un
cimetière, une association pour la Hevra
Kadicha, une maison de retraite juive
pour Toulouse. Qui avant lui l’avait
imaginé ?
M’incliner devant son sens du devoir
discret, spirituel, profond, et sa conduite
des projets, tenace, active, solidaire. Lui
qui venait d’Alsace, a eu un parcours
exemplaire dans notre ville de Toulouse,
qu’il avait faite sienne, et il gardera une
place considérable dans nos cœurs et
dans nos mémoires, et la communauté,
j’en suis convaincu, saura lui rendre
l’hommage qu’il mérite.
Aujourd’hui, comme l’a fait Hervé
Lieberfreund, son successeur à la Hevra
Kadicha,
disons-lui simplement :
« Chalom Haver, Adieu l’ami !»
En feuilletant ce magazine, on ne peut
que s’étonner, se féliciter de la richesse
de notre actualité culturelle et
artistique : les Journées de la Culture
Juive, organisées par Hébraïca, nous
transportent du cirque vers la chanson,
du théatre d’Hanoch Levin ou d’Aaron
Apelfeld au concert vivant, et nous font
entendre
et
comprendre
des
intervenants d’exception, de Marek
Halter, notre ami de toujours, à Pierre
Jourde, audacieux et intelligent
défenseur d’Israël et des Juifs de
France, une voix rare dans le paysage
intellectuel français. J’observe aussi
qu’une place de choix y est faite à nos
rabbins pour une éxégèse de la Torah
dont la tenue a été de haute volée. Je
suis frappé de la sagesse et de la maturité
de ces lycéens d'Ohr Torah qui
construisent avec conscience leur avenir
et l'expriment avec détermination,
dynamisme et fraternité.
déterminante et forte en symboles, et qui
n’est pas sans rappeler les 44 bougies
que nous allons allumer ces huit
prochains jours pour célébrer Hanoucca
5775.
Autre moment fort, celui de la Tsédaka
où, dans une Halle aux Grains qui
vibrait comme un seul corps, nous étions
plus de 1500 à nous rassembler aux
côtés d’Enrico Macias, pour exprimer
notre fraternité, notre solidarité, notre
générosité, plus que jamais mobilisés
face à toutes les difficultés et à tous les
périls qui nous menacent encore, mais
contre lesquels nous savons ensemble,
rester debout et combattre.
Une nouvelle structuration du calcul
de vos cotisations vous est proposée
cette année, exercez votre solidarité
dans ce nouveau cadre afin d’aider plus
efficacement et plus harmonieusement
votre communauté, je compte sur vous.
L’histoire a également été au rendezvous de ces dernières manifestations et
pendant cette année, où nous avons
commémoré le centenaire de la première
guerre mondiale, où les Juifs de France
ont joué un rôle important et reconnu
aujourd’hui, mais également célébré le
souvenir de l’année 44, une année
Arié Bensemhoun
Président de la communauté juive de Toulouse
Hanoucca, c’est la flamme de l’histoire
et du souvenir mais c’est aussi la
lumière qui éclaire l’histoire à écrire,
celle du chemin qui reste à cheminer
pour notre grande et belle communauté.
Car je le sais, je le dis, notre
communauté reste une des plus belles et
des plus exemplaires communautés
juives de France et ceci même et parce
que nous avons subi un drame
insupportable, même et parce que la
situation des Juifs en France est
complexe et difficile, même et parce que
plusieurs familles sont parties, même et
parce que nous avons besoin de la
contribution et de la générosité de
chacun d’entre nous.
Elle vous le rendra.
Bonnes et heureuses fêtes de
Hanoucca !
AVIVmag n°203
AVIVmag n°203 décembre 2014
5
Judaïsme pratique
Par Avraham Weill
Hanoucca en 8 questions
Peut-on travailler
pendant la fête ?
Pendant les huit jours de
Hanoucca aucun travail n’est
interdit. Mais il est défendu
de jeûner ou de prononcer
un éloge funèbre.
Toutefois, l’usage est
répandu de ne faire aucun
travail pendant que brûlent
les lumières de Hanoucca,
au moins pendant une demiheure après la tombée de la
nuit. En particulier, les
femmes s’abstiendront de
faire aucun travail pendant
ce temps en souvenir du
courage et du dévouement de
Yehoudit, fille de Yohanan, le
grand prêtre qui tua le
général grec Holopherne à
cette époque.
Quels sont les
plats de
Hanoucca ?
La célébration de Hanoucca
ne comporte pas de séouda
obligatoire. Cependant, nous
multiplions les mets festifs
afin de remercier Dieu pour
les miracles et les prodiges et
relever la joie de la fête.
On a l’habitude de manger
des mets frits dans l’huile :
beignets ou latkes en
souvenir du miracle de la
fiole d’huile.
Pouquoi y a t-il de
l’argent lors de
Hanoucca ?
Le nom de Hanoucca
suggère un rapprochement
avec le « Hinou’h » : éducation
morale et religieuse. D’où la
coutume de donner aux
enfants de petites sommes
d’argent en guise de cadeaux,
dans le but de les encourager
6
AVIVmag n°203
à l’étude. En effet, nous
donnons des pièces aux
enfants pour les habituer à
utiliser leur argent pour des
mitsvot, et, en particulier,
pour la tsédaka (charité).
Pourquoi les
cadeaux des
enfants ?
La tsédaka donnée par un
enfant est, par certains
aspects, supérieure à celle
que donne un adulte. Un
adulte travaille pour gagner
son argent et, s’il donne, il
peut travailler pour
remplacer ce qu’il a donné.
Néanmoins, l’enfant ressent
une joie profonde à donner
généreusement quand il voit
une personne nécessiteuse ou
une institution scolaire de
Torah qui mérite son
attention. Les cadeaux
offerts aux enfants
contribuent à ressentir la joie
de la fête et encouragent leur
participation active lors de
l’allumage des bougies.
Que commémore
Hanoucca ?
Deux événements sont
évoqués :
La Victoire exprimée par le
nom, et par les Prières de
Grâce et reconnaissance
(Hallel et Al-Hanissim).
Et le miracle de la fiole de
l’huile, exprimé par
l’allumage de flamme
pendant 8 jours.sont fixés
comme jours de fête célébrés
par le chant du Hallel
(louanges à Dieu) et la
récitation d’une prière, Al
Hanissim, de reconnaissance
envers l’Eternel.
Judaïsme
Miracle, vous avez dit
miracle ?
Quels sont les jeux
à pratiquer ?
Le jeu de la toupie, Sévivon,
date encore de l’histoire de
Hanoucca : l’étude de la
Torah étant interdite, les
enfants juifs se cachaient
dans des grottes pour
étudier. Quand ils étaient
découverts par les soldats
grecs, ils tiraient de leurs
poches leurs toupies et
prétendaient simplement
jouer. Nous nous souvenons
alors de leur courage. Les
lettres symboliques : Noun,
Guimel, Hé, Chin des mots
« Ness Gadol Haya Cham »
inscrites sur les faces de la
toupie doivent graver dans la
mémoire des enfants le
souvenir du miracle de
Hanoucca.
S
Que signifie le
nom de
“Hanoucca” ?
Il y a deux réponses :
l’origine «Repos», après le
combat des Maccabis contre
les Grecs, et il y a également
une allusion à la date du 25
(kislev) Hanou : Repos, Kah
(Khaf et hé) = 25
Pourquoi mange
t-on des beignets ?
Nous consommons des
fritures pour évoquer
également le miracle de la
fiole de l’huile pendant nos
repas.
Nehama CHEIN
Allumage des bougies de Hanoucca à la synagogue en Alsace. Gravure
ancienne Source Stauben
’il est une question qui revient comme
un leitmotiv chaque année, au moment
de la fête de Hanoucca, c’est bien celle
que l’on appelle communément la « question
du Beit Yossef » en référence au nom de son
auteur : Pourquoi célébrons-nous Hannouka
durant 8 jours alors que le miracle n’a en réalité
duré que 7 jours, étant entendu que la fiole
d’huile d’olive pure trouvée dans le temple
contenait suffisamment de combustible pour
brûler pendant 1 jour ?
Le Sabba de Kelm, Rabbi Sim’ha Zissel Ziv
Broida (1824-1898), répond à la question de
manière fort originale. Il se base pour cela sur
un enseignement talmudique du traité de Brakhot qui affirme au nom de Rabbi Yohanan
que : « Quiconque récite la bénédiction du
mois (sanctification de la lune) en son temps
est considéré comme s’il avait accueilli la présence divine ». On est en droit de se demander
qu’est ce que cette mitsva a de si extraordinaire
pour donner droit à une telle récompense.
La réponse se trouve dans le caractère tout à
fait singulier de cette mitsva. Nous savons tous,
pour en avoir fait l’expérience, que la récitation
de la bénédiction sur la lune ne peut se faire
qu’à une période bien délimitée du mois et
qu’elle est dépendante des caprices de la météo.
Contrairement au soleil, qui se lève tous les
jours et se rend visible, si ce n’est par ses
rayons, par la lumière qu’il projette sur le
globe, la lune, elle, joue à cache-cache avec la
terre. Elle nous apparaît en un fin croissant au
début du mois hébraïque pour grossir et atteindre sa taille maximale le 15ème jour du mois
(pleine lune) avant d’entamer une phase de décroissance et de disparaître complètement.
C’est ce caractère original qui donne à la bénédiction lunaire toute son importance.
L’homme par essence, se lasse de ce qui lui apparaît comme naturel et « normal ». Il ne
s’émerveille plus de voir le soleil se lever tous
les jours car c’est « normal ». Il n’y a pas d’effet
surprise. Il garde en revanche une certaine
forme de fascination pour cette lune qui se joue
de lui et qui, par ses sautes d’humeur, annonce
au monde entier qu’elle est dirigée par la volonté divine. Elle nous rappelle que D’ ne s’est
pas retiré du monde après l’avoir créé en laissant à chaque composante de la création des
instructions à suivre mais qu’Il est bien présent
à chaque instant, pour insuffler la force néces-
saire à la marche du monde et à la nature qui
le compose.
C’est tout cela le message de Hanoucca. Si D’
est omnipotent, s’Il insuffle en permanence
l’énergie nécessaire à faire fonctionner le
monde, pourquoi une bougie de 1 jour ne
pourrait-elle pas brûler 8 jours ? Le D’ qui a
ordonné au combustible de se consumer en
24 heures ne pourrait-Il pas lui intimer l’ordre
de brûler 192 heures ?
Pourtant, personne ne s’est jamais étonné de
voir une bougie brûler 24 heures. C’est normal.
l’habitude, la « normalité », nous ont rendus totalement insensibles et imperméables.
Si en revanche nous arrivions à faire brûler une
flamme en immergeant une mèche dans du vinaigre, nous crierions immédiatement au
miracle.
Le fait de célébrer Hanoucca 8 jours et d’inclure dans ces 8 jours le 1er jour, ce jour
« normal », ce jour « banal », vient affirmer
qu’il est lui aussi un miracle en soi, au même
titre que les jours suivants.
C’est un cri d’alarme, un appel solennel à nous
inciter à porter un regard différent sur le
monde qui nous entoure. A savoir s’émerveiller
aussi des choses qui nous paraissent naturelles,
voire parfois d’une banalité affligeante.
Comme le disait Na’hmanide dans son commentaire sur la Parashat Bo : « Un homme n’a
pas de part dans la Torah de Moshé jusqu’à ce
qu’il admette que tout ce qui lui arrive relève
du miracle et n’obéit pas à la nature ou à l’ordre
du monde ».
Alors, vous croyez aux miracles ?
Hanoucca Samea’h
Avraham WEILL, rabbin de Toulouse
AVIVmag n°203 décembre 2014
7
Par Jacques Asseraf
Par Yossef Matusof
Judaïsme
hannouka
Hanoucca aujourd’hui
Hanoucca, la fête des lumières, commémore la victoire
d’un peuple juif militairement faible mais spirituellement
fort sur les puissantes armées d’un ennemi féroce qui
avait submergé la Terre Sainte et menaçait d’étouffer le
pays et son peuple sous l’obscurité.
Depuis lors, la victoire miraculeuse –qui culmina avec la
libération du Temple de Jérusalem et le rallumage du
Chandelier à sept branches, profané et éteint par l’ennemi
– est célébrée chaque année pendant les huit jours de
‘Hanoucca. Cette célébration est particulièrement marquée par l’allumage quotidien du chandelier de la fête,
également symbole et message du triomphe de la liberté
sur l’oppression, de l’esprit sur la matière, de la lumière
sur l’obscurité.
C
’EST là un message pour notre
temps car les forces de l’obscurité
sont toujours présentes. De plus
le danger ne vient pas que de l’extérieur. Il se
cache souvent près de notre foyer, dans l’érosion insidieuse des valeurs et des principes
qui ont été, de tout temps, le fondement des
sociétés civilisées. Cela va sans dire : on ne
chasse pas l’obscurité à coups de balai mais
l’illumination en a le pouvoir. Nos Sages disent : « Une petite lumière chasse beaucoup
d’obscurité ».
Les lumières de ‘Hanoucca nous rappellent
de la manière la plus évidente, que l’illumination commence chez soi, en soi et dans sa
famille, en augmentant la lumière de la Torah
et des bonnes actions dans sa vie quotidienne,
comme on allume les lumières de la fête en
nombre croissant chaque jour. Mais l’effort
ne s’arrête pas là. C’est la nature de la lumière : si on l’allume pour soi, elle bénéficie à
tous ceux qui se trouvent alentour. Ce n’est
pas en vain que les lumières de ‘Hanoucca
doivent être allumées de telle sorte qu’elles
éclairent l’extérieur ». Elles symbolisent ainsi
le devoir de chacun d’apporter la lumière à
ceux qui, pour quelque raison, avancent encore dans l’obscurité. »
Les lumières de ‘Hanoucca se dressent
comme le premier rempart contre les forces
de l’intolérance et de la persécution. Les
flammes de la Ménorah, le chandelier de la
fête, inspirent ainsi tous ceux à qui la liberté
est précieuse.
8
AVIVmag n°203
Des chiffres et des
concepts
Bayamim hahem bazemane hazé
(Basé sur une lettre du Rabbi de Loubavitch)
Selon la règle d’origine, la Ménorah doit être
disposée chez soi de telle manière qu’elle soit
visible de l’extérieur. L’idée est de « diffuser
le miracle » de la victoire d’un petit peuple
sur les anciens Syro-Grecs sanguinaires qui
avaient entrepris de persécuter ceux qui ne
leur ressemblaient pas. Mais avec la montée
de l’oppression, face aux dangers de la haine
religieuse, les Juifs furent peu à peu
contraints de limiter la célébration à l’enceinte
de leur foyer.
Aujourd’hui, alors que chacun a pris
conscience du fait que la liberté est un bien
inestimable, les Juifs allument la Ménorah
dans l’espace public, affirmant ainsi que tolérance, liberté, refus de l’exclusion constituent
les seules voies de l’harmonie sociale.
Partout dans le monde, la Ménorah de ‘Hanoucca éclaire la nuit. Partout, des représentants des autorités civiles et religieuses, des
Juifs et des non-Juifs, se rassemblent dans
un esprit de concorde citoyenne pour allumer
ces flammes de la liberté sur les places et dans
les jardins publics.
Au-delà de l’identité culturelle liée à cette célébration, c’est toute la grandeur de la libre
fraternité des hommes que l’on met en œuvre
ainsi.
L
fête prend ainsi son second sens : l’accent mis
sur cet impératif. Car l’éducation est, à l’évidence, une idée essentielle ; elle permet de
créer une société forte, vibrante et créative.
Dans nos sociétés complexes, chacun sait que
l’éducation est le socle de la liberté individuelle et collective, et la clé d’un avenir meilleur. La lumière de ‘Hanoucca n’est pas une
lueur qui monte, elle est ici une balise.
‘Hanoucca célèbre la liberté d’expression, tant
au niveau individuel que collectif. Elle démontre la supériorité de la lumière sur l’obscurité, du droit sur la force, de l’espoir sur la
peur.
Les huit jours de ‘Hanouccah racontent l’histoire d’une petite lumière qui repousse un
empire de ténèbres, celle d’une humanité fragile qui défie la terreur et la force brutale,
celle de la vie qui l’emporte sur la destruction
– ce sont des combats qui existent aujourd’hui
en nous, et aussi dans le monde autour de
nous.
Le message éternel des lumières de la Ménorah a pris un sens particulier dans la période
actuelle, alors que les forces de l’oppression
et de l’obscurité affirment leur présence. La
victoire de la lumière est une histoire pour
notre temps.
Joyeux ‘Hanoucca !!
Le mot ‘Hanouccah s’apparente également
dans son étymologie hébraïque, au terme
« ‘Hinou’h » qui signifie « éducation ». La
Le hasard, c’est bien connu, a un droit de cité très restreint dans la
Tradition juive. Chaque fois qu’il pointe son nez dans le récit biblique ou
dans l’histoire juive, nos Sages le lestent de divers sens. Et souvent,
nombres et chiffres hébraïques de nos Textes nous invitent à porter notre
attention par-delà leur compréhension obvie.
Il en est ainsi des 8 jours de Hanoucca.
Rav YY Matusof
Les bougies de Hanoucca : un chiffre 8 qui se
retrouve souvent dans la littérature religieuse
A PAROLE de nos Maîtres nous qui clôt, au huitième jour, les festivités de
apprend que ce fut là, le temps Souccot mais qui ne possède pas moins une
nécessaire pour produire une huile identité spécifique dans notre rituel relipure à l’usage exclusif du Temple de Jérusa- gieux. Ce rendez-vous du calendrier draine
lem réinvesti par les maccabis. Une huile depuis des lustres plusieurs groupes de pèlevierge que les mains païennes ne devaient rins chrétiens venus en Terre Sainte
pas polluer; les légions gréco-assyriennes s’imprégner d’une histoire commune et
venant d’être défaites par les irrédentistes humer l’air d’un avenir radieux.
juifs en terre d’Israël.
La Brit Mila se déroule impérativement le 8e
Outre qu’elle alimentait, au sein du Beth jour et peut, avec le seul sauvetage d’une vie,
Hamikdach*, les flammes permanentes du transcender et annuler l’extrême rigueur des
Candélabre, elle servait égalois du Shabbat. Petite chilement à asperger, avant son La Brit Mila rappelle, rurgie mais démarche
entrée en fonction, les chespirituelle majeure. Elle rapveux du Grand-Prêtre ou
sur le plan du corps pelle, sur le plan du corps
imprégner la tête du roi avant
confronté à autrui, la préconfronté à autrui,
qu’il n’occupe son trône. Elle
sence de Dieu dans l’accès à
était réservée également à
l’Autre, au-delà de soi-même.
la présence de Dieu Acte fondateur pour l’indil’onction du futur Messie
dont le nom hébreu ne signividu juif qui signe son
dans l’accès à l’Autre adhésion à l’Alliance de ses
fie rien d’autre que oint.
Huit jours donc qui célèbrent
Pères et sa participation à
la victoire improbable d’une minorité l’aventure du judaïsme dont le messianisme
judéenne sur une soldatesque païenne mili- constitue l’horizon lointain.
tairement plus aguerrie. Un chiffre 8 qui, à Les huit jours de Hanoucca ne sont donc
diverses reprises, se retrouve dans la littéra- pas simple fête des Lumières marquée par le
ture religieuse. Chiffre parfait, dit-on, qui solstice d’hiver ou joyeux rassemblement
incarne “le Jour d’après”. Suivant immédia- familial où les cadeaux viennent illuminer le
tement le chiffre 7, shabbatique pour le regard des enfants. Rompant avec le quotijudaïsme, il se retrouve paré de significations dien, la prière matinale de ces huit jours voit
et véhicule le concept de messianité que le se déployer un Sefer Torah et réciter le
peuple juif a proclamé par la voix de ses Hallel*** dans l’enceinte des synagogues.
Nos Sages ont décidé très tôt, d’imprimer à
Prophètes.
A commencer par le samedi soir, fin du cette célébration, une dimension eschatoloshabbat et début du 8ème jour**, le gique; sans compter la thématique
prodigieuse de la Lumière, récurrente dans
dimanche du lendemain.
La liturgie le charge d’une résonance mes- nos Textes avec ses multiples réfractions
sianique et ses chants évoquent la belle dans la pensée mystique du judaïsme, Un
figure du Prophète Elie qui accompagne le élan qui nous projette sans cesse vers les
Messie, annonciateur de Temps Nouveaux. Temps futurs et nous arrache spirituellement
Le monde chrétien l’a marqué de son seing à notre monde frappé de finitude.
en consacrant ce jour de la semaine comme Jacques ASSERAF
avénement du Christ, son messie sauveur.
Dans cette perspective, le judaïsme lui prête *Le Temple de Jérusalem
une dimension universelle comme prélude à **Dans le calendrier hébraïque, la journée se
l’émergence d’une humanité en paix avec comptabilise à partir de la veille au soir.
elle-même. Thématique fortement soulignée ***Louange liturgique
lors des célébrations de Shémini ‘Atsereth, fête
AVIVmag n°203 décembre 2014
9
Enseignement
Ces lycéens qui viennent
(et reviennent) à Ohr Torah
C’est un phénomène assez “tendance” depuis deux années consécutives :
le lycée-collège Ohr Torah (ex Ozar Hatorah) voit revenir plusieurs élèves
d’autres lycées comme Pierre de Fermat, Montalembert ou Saint-Sernin. Pourquoi ?
Qu’est-ce qui les pousse à reprendre le chemin de la rue Jules Dalou ?
QUESTIONS-RÉPONSES
En fait, tu viens à Ozar parce que tu penses
que tu vas « assurer » les meilleurs conditions pour ton Bac ?
C’est ce que j’espère en tout cas en venant ici.
Ce n’est pas seulement pour le travail mais
c’est en fait la majeure partie des raisons pour
lesquelle je suis venue.
«
Chany Arfi
C’est ta première année à Ohr Torah ?
Chany Arfi : Je voulais être dans un lycée juif
et je me sentais mieux à ma place ici. Mes parents ont décidé de me mettre ici et je suis très
heureuse.
Où as-tu fait ta scolarité depuis la sixième ?
A Fermat, au collège puis au lycée, et à partir
de la Première, je suis venue à Ozar.
Tu veux dire qu’objectivement, les résultats
seront meilleurs mais il y a ici une qualité
de la scolarité, de la camaraderie ?
De la scolarité, de la camaraderie, de l’ambiance. L’ambiance dans un lycée juif et dans
un lycée public, ce n’est pas du tout la même.
Là, on est dans une ambiance familiale. On
est tous comme des frères et sœurs tandis qu’à
Fermat, ce n’était pas du tout ça.
Est-ce qu’il y a une solidarité entre vous ou
est-ce que, quand même, au bout du compte,
l’idée qui prévaut, c’est quand même d’avoir
son Bac ?
Oui, la raison majeure pour laquelle on est ici,
c’est pour avoir notre Bac et pour réussir nos
études mais malgré tout, on est quand même
tous très solidaires. Je sais que si j’ai des difficultés scolaires, il y aura toujours quelqu’un
pour m’aider. Tous mes amis seront là.
et je me voyais très mal aller manger toute
seule à Yechourun à midi ou rester dans ma
classe, pas toute seule parce que j’avais d’autres amies mais sans elles, ça aurait été très dur
et je ne regrette pas d’être venue ici.
Que font tes parents ?
Mon père est journaliste et ma mère est pharmacienne.
C’est la première fois que tu es scolarisée
ici ?
C’est la première fois mais mon frère était déjà
là. J’ai été au collège de Balma, après je suis
allée à Fermat, puis je suis venue ici.
Et toi ? Tu te destines à quoi ?
Je veux faire médecine. Pédiatrie.
En quelques mots, qu’est-ce que tu es venue
chercher ici finalement ?
Déjà un enseignement juif parce que ça me
manquait depuis l’école primaire quand j’étais
au Gan Rachi et aussi, réussir et être beaucoup
plus encadrée dans mon travail. Parce que je
sais que, vraiment, la différence entre Fermat
et ici, c’est que le travail est beaucoup plus encadré. Les profs sont derrière nous. Ils essaient
de nous suivre au maximum et c’est ça qui est
bien. Donc je suis venue chercher ça.
Clara Cohen
Je m’appelle Clara Cohen, je suis en Terminale S, je viens de Fermat.
Qu’est-ce qui t’a motivée pour quitter Fermat et venir ici ?
Il y a plusieurs raisons. Déjà je savais que
c’était une bonne école et, même si ce n’est pas
une raison valable, mes deux meilleures amies
qui étaient tout le temps avec moi, sont parties
Essayons quand même de comprendre. Fermat, c’est un bon lycée. Les amies, c’est un
argument mais sur le plan objectif, n’est- ce
pas une manière aussi d’assurer un bon Bac,
un bon dossier ?
C’est sûr qu’ici, on est plus suivi. A Fermat, on
est un numéro, on est 36 par classe donc c’est
un peu dur à gérer. En plus, on a beaucoup de
travail, on doit tout faire en travail personnel.
Alors qu’ici, on est hyper encadré. La plupart
des gens qui sont ici ont leur Bac à la fin de
l’année et c’est aussi une bonne raison d’être
venue ici. Je le vois maintenant que je suis là,
les profs ne nous lâchent pas.
Comment tu résumerais ça, finalement ?
Que j’ai fait le bon choix ! Franchement, ce
n’est pas du tout un regret d’être venu ici. Le
niveau n’est pas plus dur mais les profs sont
plus avec nous. C’est plus dur d’avoir des
bonnes notes qu’à Fermat où ils ne nous regar-
dent même pas quand on a des mauvaises
notes. Ici, c’est vraiment du cas par cas. C’est
presque des cours particuliers. Ils nous prennent quand on ne comprend pas. On peut
questionner et requestionner plein de fois alors
que, dans le public, on est vraiment beaucoup,
c’est plus difficile de faire ça.
Ça paraît idyllique !
Ça paraît idyllique mais c’est très dur quand
même. Les cours, c’est de l’intensif, on a vraiment beaucoup de contrôles, beaucoup de
travail. En plus du travail qu’ils nous donnent,
on doit fournir un gros travail personnel. Bien
sûr que ce n’est pas simple mais après c’est
bien !
Quel est ton pronostic pour ton Bac ?
Déjà, essayer de l’avoir ! Mais je pense que ça
va aller !
A quoi te destines-tu ? A quel métier ?
Je ne sais pas encore, j’hésite. Soit je fais un
métier d’ingénieur soit… Je n’ai pas encore
décidé.
Que font tes parents ?
Mon père est dentiste et ma mère travaille à
l’école de commerce.
AVIVmag n°203 décembre 2014
10
AVIVmag n°203
SUITE PAGE SUIVANTE
Quitter Fermat pour venir à Ozar, c’est un
signe d’excellence pour Ozar ?
Oui, je sais qu’ici, on est beaucoup mieux préparé pour le Bac. Je trouve que
l’encadrement est important tandis qu’à Fermat, on est plus “en roue libre”. Du coup,
pour le travail, Ozar est beaucoup mieux, ce
qui n’empêche pas l’excellence de Fermat.
11
Enseignement
«
Hanna, je crois savoir que tu viens d’un
autre lycée. C’est la première fois que tu
viens à Ohr Torah ?
C’est la première fois que je viens à Ohr
Torah. Avant, j’étais au lycée Ozenne, en ville.
Qu’est-ce qui a motivé ta venue ici ?
Déjà, une préparation au bac beaucoup plus
intense que là où j’étais et puis, l’ambiance de
mon ancien lycée ne me convenait plus du
tout. Je me sentais un peu, non pas exclue,
mais différente. Mais, ce n’est que depuis l’année dernière que j’ai eu ce ressenti.
Hanna Bensimon
Il y a une grosse différence. Oui, déjà ici c’est
beaucoup plus petit, beaucoup plus convivial,
Des propos antisémites, de qui ?
De la part de garçons de ma classe.
On peut en parler ?
Oui. J’ai eu des «Ça doit puer en Israël avec
tous ces Juifs ». Les remarques basiques :
«Vous êtes en train d’exterminer un peuple»
et c’était tous les jours.
C’était lié à Israël ?
Sur Israël et sur la Shoah aussi. Des blagues
débiles tous les jours. Au début, je ne répondais rien et puis quelques fois, il m’est arrivé,
non pas de me battre, mais de répliquer.
De répliquer comment ?
Avec des coups. Oui ! J’ai donné quelques
coups ! Et puis, les trois derniers jours, je ne
suis pas allée en cours. Et je me suis inscrite
ici.
Léa Ben Ephraïm
Bonjour, je suis Léa Benephraïm, j’ai dix-sept
ans, je suis en Terminale S à Ozar Hatorah et
j’étais au lycée Saint-Sernin. En fait, je devais
venir directement à Ohr Torah mais au final,
je suis allée à Saint-Sernin et en début d’année, je n’ai pas eu de très bons résultats. Et
puis j’ai reçu beaucoup de propos antisémites
donc c’est pour ça que je suis ici.
12
AVIVmag n°203
l’an dernier, j’étais au Lycée privé Montalembert Les Maristes à Toulouse.
On a parlé des motifs personnels, de
confort de vie, d’éthique et de judaïsme,
mais parlons de ton Bac par exemple ?
Par rapport à mon Bac, j’ai passé mon Bac de
français au lycée Ozenne et j’ai vu la différence avec mes camarades qui l’ont passé ici.
La préparation n’est pas du tout la même, ils
sont beaucoup mieux préparés ici. C’est en
partie pourquoi je suis venue ici : avoir un Bac
et un bon dossier pour plus tard.
Tu viens ici un peu pour assurer tes arrières ?
Oui, pour assurer le Bac et je ne me voyais pas
redoubler dans le lycée où j’étais, où j’ai
échoué au Bac. Ma mère m’a dit : Tu vas aller
à Fermat ou à Ozar. J’étais pris à Fermat et à
Ozar aussi et j’ai dit : Pourquoi pas revenir à
Ozar ? Parce que j’étais là aussi en sixième et
cinquième. Assurer oui mais il faut travailler
quand même ! Je ne viens pas ici et j’aurai le
Bac à la sortie. Il faut quand même beaucoup
travailler. Et le début d’année a été un peu dur
parce que les méthodes de travail, tout ça, je
trouve ça très différent de là où j’étais pendant
deux ans. J’ai du mal un peu sur ce début
d’année mais bon, je commence à “chopper le
truc” et ça va aller mieux, je pense.
Ici, finalement, tu estimes qu’on se fabrique
le meilleur bagage pour le supérieur ?
C’est ça exactement, le meilleur bagage professionnel et même au niveau du judaïsme,
c’est extraordinaire. C’est vraiment une expérience incroyable, je ne regrette pas du tout
d’être venue ici.
Ça a été ta volonté de venir vers ce type
d’enseignement ?
Oui. Mes parents ne m’ont pas forcée. C’était
ma volonté et ils ont tout de suite accepté sans
problème.
Pour les trois-quarts de ta scolarité, tu as
connu un enseignement public, traditionnel.
Donc il y a une grosse différence ?
beaucoup plus familial que là où j’étais. Oui,
Et je préfère ici, oui. Il n’y a pas photo !
D’accord. Essayons calmement de faire la
liste des raisons qui t’ont conduites ici.
Premièrement c’était l’antisémitisme, ça c’est
sûr. Et la deuxième, c’est pour mon Bac parce
que je n’allais pas l’avoir là-bas. Ici, c’est la
meilleure école pour avoir son Bac.
Comment ça se fait ? Qui le dit ?
On me l’a toujours dit. On m’a toujours ra-
Et alors, ton pronostic pour le Bac ?
Oui, j’espère avoir le Bac et peut-être une
mention ! Je vais viser la mention et j’espère
que je l’aurai !
conté comment ça se passait à Ozar. Les
cours, le soutien, le suivi des professeurs et
donc, je suis venue pour ça et c’est ma troisième semaine. J’adore. Je connaissais
presque tout le monde dans ma classe, donc
j’ai plein d’amies, ça se passe très bien.
Que font tes parents ?
Ils sont commerçants.
Vous faites du sport de haut niveau je crois ?
Ma sœur est boxeuse mais je fais aussi du
sport, je cours. J’ai déjà fait un dix kilomètres.
Objectif vingt ?
Oui ! Quarante-deux. Le marathon.
Et le parcours vers les études, c’est un vrai
marathon ?
Oui, parce que le travail que l’on me demande, ce n’est pas du tout la même chose
qu’à St Sernin. Déjà là, je suis submergée !
Tu as envie de faire quoi ?
Partir en Israël. Commencer par l’armée et
ensuite les études dans une école de musique
ou au Conservatoire.
En une phrase, l’intérêt de venir ici ?
Il y en a plusieurs mais je dirais la solidarité.
Lucas Finkeltin
Je suis Lucas Finkeltin, j’ai dix-huit ans, je
suis en Terminale S, je redouble mon Bac et
Je m’appelle Thomas Lendner, je suis en Terminale S à Ohr Torah. Avant, j’ai été au
collège ici aussi. Je suis parti en Quatrième
dans un autre collège parce qu’il y avait trop
de pression. J’ai fait une Seconde, une Première Sau Lycée Pierre de Fermat, mais je
suis revenu à Ozar en Terminale pour avoir
un Bac, détendu et pas stressé.
Alors, en fait, à Ozar Hatorah on est sûr
d’avoir le Bac « les doigts dans le nez » ?
Non, pas forcément d’avoir le Bac « les doigts
dans le nez » mais il y a une ambiance de travail qui est meilleure que dans des classes de
quarante, par exemple, à Fermat où on se
préoccupe pas forcément de toi. Les profs font
leurs cours, si t’as compris : très bien et si tu
n’as pas compris : tant pis. Alors qu’ici, c’est
différent, les profs sont derrière toi et c’est
mieux, il y a une meilleure ambiance.
Ça veut dire quoi : les profs sont derrière
toi ? Ils ne te lâchent jamais ?
Si par exemple, tu as une mauvaise note, ils
vont t’envoyer un mail, ils vont te dire :
“Qu’est-ce qui se passe ? Toi, on va t’aider à réussir”
; ils sont là pour t’aider jusqu’à ce que tu réussisses, jusqu’au bout.
C’est un peu comme les parents, non ?
Comment tu trouves l’ambiance ?
L’ambiance, je la trouve top ! On se connaît
tous depuis très longtemps avec les EI entre
autres. L’ambiance de travail est bonne et puis,
entre les élèves, ce n’est pas la compétition
comme j’ai pu le vivre dans d’autres lycées :
“moi je veux réussir en te marchant dessus”, c’est
vraiment tous ensemble, il faut avoir le Bac et
on s’aide avec les bons élèves, comme les
moins bons.
Et ce qu’on appelle le « bachotage » ?
Le bachotage existe dans cette génération mais
entre élèves, on s’aide. Il n’y a pas un premier
de classe et la classe derrière qui galère. Même
les profs, si tu es en difficulté, justement vontplus te solliciter que si tu es bon alors que, je
me rappelle que, l’an dernier, celui qui est bon
reste bon et celui qui est mauvais, tant pis pour
lui. Et s’il ne suit pas le rythme, tant pis.
En fait, il y a une vraie solidarité ?
Oui, une vraie solidarité par l’éducation, par
plein de choses ! On n’est pas dans le chacun
pour soi, j’aurai mon Bac et tant pis si tu l’as
pas ! On a envie d’y arriver tous ensemble. Ce
n’est pas le choix de la facilité. Et puis, refaire
un peu de religion, moi ça m’intéressait.
Oui, c’est un peu une sorte de parents. C’est
bien de se dire qu’il y a quelqu’un derrière toi
pour réussir, c’est bien déjà.
Si tu n’avais pas fait un parcours d’étape à
Fermat, tu aurais moins apprécié l’enseignement qui est prodigué ici ?
Peut-être, oui, parce qu’on ne voit pas l’enseignement dans les autres lycées, dans les autres
collèges. Donc on ne peut pas savoir comment
ça se passe. On sait qu’il y a plus de monde,
que les profs sont un peu moins derrière toi.
Et d’avoir changé de lycée et de collège, je
vois comment ça évolue dans les autres
classes. Non, je préfère ici, il y a une meilleure
ambiance et c’est mieux.
Le côté « bulle » que certains reprochent,
qu’est-ce que tu en penses ?
C’est sûr qu’il y a un effet « bulle », il y a un
cocon qui est fermé. Même si on a une heure
de cours, on doit rester là. On est tout le
temps ici, même si on n’a pas cours, on va
nous le remplacer par un autre cours. Et on
ne voit pas la vie extérieure, , on voit nos potes
qui sont ici. On est là !
Et tu en penses quoi ?
De venir d’autre part, ça fait comme un petit
choc parce qu’il n’y a plus autant de liberté
Thomas Lendner
qu’avant mais c’est pour nous, c’est pour notre
boulot, donc ça va !
Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ?
Médecine, dentaire.
Tu as des frères et sœurs ?
Oui, j’ai une grande sœur qui est en deuxième
année de dentaire.
AVIVmag n°203 décembre 2014
SUITE PAGE SUIVANTE
Je m’appelle Hanna Bensimon, je suis en Terminale S à Ozar Hatorah.
«
SUITE DU DOSSIER
Ces lycéens qui viennent (et reviennent) à Ohr Torah
13
Jalons de
Bonjour, je m’appelle Milla Roca, je viens du
lycée Ozenne. Auparavant, j’étais à Ozar. J’ai
donc passé un an à Ozenne et je suis revenue
à Ozar.
revenue et puis aussi parce que l’année prochaine, je voudrais partir en Israël, à Mikvé
Israël (et que je pense que c’est mieux pour
mon dossier qu’il y ait marqué Ozar Hatorah
que Ozenne !).
«
C’est assez étonnant comme itinéraire.
Comment se fait-il d’abord que tu aies
quitté Ozar ? (Il faut aussi dire aussi les
choses désagréables) et comment se fait-il
que tu sois revenue ?
J’ai quitté Ozar parce que ça faisait trois ans
que j’y étais. On est un petit comité dans ce
lycée, je m’étais lassée, je voulais un peu découvrir le monde… Et comme j’envisageais
de faire des études de médecine et que je sais
qu’à la Fac de médecine, il y a beaucoup de
monde, que c’est chacun pour soi … et que
par ailleurs, Ozar, c’est vraiment familial…
Je voulais m’évader pour pouvoir m’habituer.
C’était quitter Ozar pour quelque chose de
plus grand, de plus large ?
Oui, et après je suis allée à Ozenne. A
Ozenne, on était trop nombreux en classe. Ce
n’était pas possible de suivre. Les profs sont
beaucoup moins proches de nous. Et le
Et si tu devais résumer en quelques mots le
motif de ton retour vers Ohr Torah, c’est
pour assurer ton Bac ?
Pour un meilleur niveau.
C’est le meilleur endroit pour pouvoir travailler, autant en classe qu’avec les profs, qu’avec
les élèves. Même le soir maintenant, je vais à
l’étude parce qu’à Ozar, maintenant, ils nous
permettent d’aller à l’étude, même les externes. J’ai demandé à Madame Bornes, elle
m’a permis d’y aller. Voilà, du coup, je peux
mieux travailler.
Milla Roca
confort d’Ozar par rapport à l’éducation, au
niveau scolaire, ça me manquait, donc je suis
Non, j’ai fait ma scolarité à Ozar de la Sixième
à la Troisième et après, je suis partie en Seconde et Première à Fermat et je suis revenue
en Terminale.
Stella Kelif
je m’appelle Stella Kefif, j’ai dix-sept ans, je
suis en Terminale S à Ozar Hatorah et l’année
prochaine, j’aimerais faire mon année en Israël pour pouvoir faire des études soit de
médecine soit ingénieur en relation avec la
médecine.
C’est la première fois que tu viens à Ozar ?
14
AVIVmag n°203
On dit de Fermat que c’est un lycée d’excellence. Qu’est-ce qui a motivé pour revenir
à Ohr Torah ?
Déjà, si j’ai quitté Ozar, c’était pour voir un
peu autre chose parce que, depuis petite, j’ai
fait le Gan Rachi, enfain j’étais toujours dans
une école privée. Donc je voulais voir un peu
autre chose … Et comme c’était un lycée qui
avait une bonne réputation et que j’ai été
prise, alors j’y suis allée. Sauf que l’ambiance
chaleureuse, le fait d’être soudés entre nous,
cette ambiance d’être entre Juifs, de pouvoir
parler de tout, de se comprendre, ça me manquait beaucoup et à chaque fois que je venais
à Ozar voir mes amis, j’avais toujours cette
nostalgie de revenir. Et en même temps, je savais que Fermat était un bon lycée mais après,
il y avait cette mentalité que je n’aimais pas,
de penser chacun pour soi. Moi, j’ai été habituée à être toujours soudés, à s’aider les uns
les autres.
Tu penses que cette mentalité, on ne la
trouve nulle part ailleurs en fait ?
Oui, c’est sûr ! Ohr Torah, c’est un peu la famille, on grandit tous ensemble. On évolue. Si
Donc finalement, ton incursion vers d’autres lycées t’a permis d’apprécier… ?
… La qualité du travail à Ozar.
Quand je suis partie d’Ozar, je ne me rendais
pas compte de ce que je perdais et quand
j’étais à Ozenne, je me suis rendue compte de
ce que j’avais perdu donc je suis revenue !
quelqu’un a des difficultés, on reste le soir, on
s’aide. Même avec les profs, il y a une relation
particulière. Ça m’a permis de voir autre
chose à Fermat, de voir que les profs, il n’y a
qu’à Ozar qu’ils sont derrière nous, qu’ils
nous aident. Par exemple, en cours, si on n’arrive pas à suivre, la prof s’arrête, elle attend
qu’on finisse de recopier le cours pour enchaîner sur la suite. Alors qu’à Fermat, c’était :
«Débrouille-toi !» Si tu n’y arrives pas, tant
pis ! On peut poser des questions mais à Ozar,
ils prennent le temps de nous expliquer. Si on
ne comprend pas, ils peuvent vous réexpliquer plusieurs fois et là, c’est vraiment une
relation particulière et il n’y a qu’à Ozar qu’il
y a ça.
Comment résumer ce qui t’a fait revenir ici ?
Déjà, l’envie de réussir et d’être poussée à
aller jusqu’au bout, de se donner les moyens
et l’ambiance. Oui, les profs font toujours en
sorte que l’on réussisse. Si un élève ne réussit
pas à Ozar, c’est vraiment particulier, parce
qu’à Ozar, on est vraiment poussé à donner le
meilleur de nous-même.
Que font tes parents ?
Mon père tient une société de distribution automatique et ma mère est secrétaire d’un
expert-comptable.
la communauté
Et si la musique était consubstantielle au Judaïsme ?
ENTRETIEN
avec le Rabbin de Toulouse,
Avraham Harold Weill
La liturgie est omniprésente dans la culture
juive, quelle est la place de la musique et du
chant dans la liturgie ? D’où vient-elle ?
AW : Le chant et la musique occupent une place
prépondérante dans le judaïsme. La source est
dans le texte même de la Torah. On peut citer
en exemple un verset de la Paracha de Kitavo,
« les malédictions s’abattront sur le peuple juif
parce qu’il n’a pas servi Hachem dans la joie et
avec un bon cœur». Et le Talmud attribue cette
référence au chant. L’une des fautes qui pourrait
être imputées au peuple juif serait donc de ne
pas mettre assez de cœur à l’ouvrage, de ne pas
être capable de profiter des moments de chant
et de musique comme il devrait le faire.
Toujours et partout, les moments de la vie religieuse, cultuelle, de la vie juive ont été
accompagnés de musique et de chant. Pour le
service qui se faisait à l’intérieur du Temple de
Jérusalem, les Léviim accompagnaient les Cohanim en chantant et en jouant de la musique :
un minimum de 16 instruments de musique – pas
moins, selon le Rambam Maïmonide, tels que la
harpe, la flûte, le violon, la trompette - intervenaient.
On peut souligner le rapport que les prophètes,
à la fois enseignants et maîtres à penser du peuple
juif, avaient à la musique. Toujours selon le Rambam Maïmonide, ils ne pouvaient prophétiser
que dans la joie qui se traduisait par la musique
et avaient avec eux un certain nombre d’instruments qui leur permettait d’atteindre une joie
intérieure profonde et une grande paisibilité, propices à prophétiser. Dans les écoles talmudiques
de prophétie, les élèves apprenaient aussi la musique, indispensable pour devenir un bon
prophète.
Qu’en est-il du Roi David dont les Téhilim font
la renommée et la lyre le symbole ?
Les Téhilim sont un très bon exemple de la place
de la musique dans la Torah. Il est fait référence
à la musique tout au long de ces psaumes. Ils
étaient déjà chantés et accompagnés de musique
par le Roi David. Il encourage le peuple à rendre
hommage à D. par les chants et par la musique.
Certains des psaumes ne sont consacrés qu’à la
musique, comme le dernier, celui qui donne le ton
et imprègne le lecteur.
Le Chofar est-il considéré comme un instrument de musique ? Quelle est sa place ?
Le rôle du Chofar n’est pas d’être un instrument
de musique ; on l’utilise en temps de guerre, en
temps de jeûne. A Roch Hachana, par exemple,
les sons saccadés font référence aux pleurs de
l’Homme. On peut considérer qu’il s’agit d’une
forme de musique, qui exprime des sentiments.
La musique est aussi là pour permettre à
l’Homme de renouer avec des sentiments qui
sont enfouis chez lui et retrouver une certaine
forme de profondeur.
Nous avons évoqué la musique instrumentale,
mais ce qui marque la liturgie juive est le chant
chanter de façon plus collective. Dans la culture ashkénaze, on connaît plus la tradition du
chantre, du ténor. Dans les offices ashkénazes,
beaucoup plus de parties sont chantées uniquement par le Hazan, et certains morceaux vont
être repris par l’assemblée des fidèles.
En revanche, pour la lecture spécifique de la
Torah, qui là nécessiterait un ouvrage entier, il
y a une importance capitale de lire et respecter,
quelque soit la culture ou la latitude, les signes
de cantillation.
Pour les autres parties de la Téfila, il n’y a pas
réellement de règles officielles, mais plutôt des
influences culturelles qui sont venues enrichir
ce patrimoine. Les parties chantées à l’unisson,
par le hazan ou le rabbin sont issues d’éléments
qui se sont construits au fil du temps, selon la
culture des pays dans lesquels les communautés ont grandi. Peut-être avec quelques
exceptions, comme la Chira, ce chant que les
Bné Israël ont chanté en traversant la mer
rouge et que l’on chante tous les jours dans la
Téfila du matin, que l’on a envie de chanter
spontanément.
Dans le Chéma chanté collectivement, deux
passages bien définis sont silencieux ? Pourquoi ?
Le Chéma n’échappe pas aux traditions évoquées
précédemment. Dans les communautés ashkénazes il n’est pas lu à voix haute. Chez les
Sépharades, il sera chanté, mais plus par tradition
culturelle que cultuelle. Le passage dans le second chapitre est récité à voix basse car il évoque
les malédictions, c’est pour ne pas leur donner
d’importance.
synagogal, qu’il soit chanté par le Hazan ou le
Rabbin, qu’il soit collectif ou que la prière soit
silencieuse. Comment est construite cette liturgie, qu’est ce qui la caractérise ?
Il n’y a pas toujours de règles, beaucoup d’éléments sont arrivés de manière tardive, et des
différences sont à relever entre les cultures
ashkénazes et sépharades. On note une part
plus prégnante du culturel que du cultuel. Les
juifs sépharades, d’Afrique du Nord, baignaient dans des cultures où la musique et le
chant étaient très présents, où par exemple l’influence de la musique orientale a incité à
Et la Amida ?
C’est moment de dialogue et d’intimité avec D.
dans toute la prière. Dans ce moment là, on ne
doit pas dire à voix haute tout ce que l’on est en
train d’adresser à D. Chacun va le dire avec sa
ferveur, avec son cœur. Il est donc fondamental
de conserver ce moment d’intimité durant toute
la prière. On va répéter la Amida à voix haute en
revanche pour faire bénéficier de ce moment les
fidèles qui ne peuvent la lire par eux-mêmes.
Le secret et l’intimité ne se révèlent pas aux autres !
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AVIVmag n°203 décembre 2014
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SUITE DU DOSSIER
Enseignement
15
Jalons de
la communauté
FOCUS SUR LA MUSIQUE KLEZMER,
ÉCOUTER
DES
PATRIMOINE MONDIAL
DE LA MUSIQUE ET DE LA CULTURE JUIVE
PIYOUTIM
SUR VOTRE
Les Zémirot de Chabbat sont-elles des chants ?
Des prières ?
AW : Elles sont entre les deux. Elles ne sont pas incorporées au corpus de Téfila à proprement parler.
On ne peut considérer que quelqu’un qui ne lit pas
les Zémirot de Chabbat ait manqué à son devoir de
prière. Mais ce n’est pas simplement un folklore.
Beaucoup de celles-ci ont été rédigées au cours du
Moyen-Âge, elles ont été écrites par de grands sages
versés dans la Kabale. Elles renferment des secrets
extrêmement importants, dont nous ne sommes pas
toujours capable de prendre la mesure. Il y a évidemment une dimension cultuelle très forte dans ces
Zémirot !
Pour finir ?
La musique est réellement centrale dans le judaïsme, elle a des implications dans la Alaha ; on le
voit par les périodes d’interdiction de pratiquer ou
d’écouter la musique comme les trois semaines de
deuil entre le jeûne du 17 tamouz et du 9 av, pendant la période du Omer. Certains hassidim
tiennent encore la règle de ne pas faire de musique
à Jérusalem depuis la destruction du Temple.
Il y a un impact très grand entre la joie qu’est censée
représenter la musique et la Alaha.
Propos recueillis par Yaël Rueff-Salama
16
AVIVmag n°203
Petites et grandes musiques
Autour de la liturgie, les Piyoutim
régions.
Le style le plus répandu est celui de la culture Judéo Arabe venant du Maghreb.
Comme chaque prière et louange est adressée au Tout Puissant, un des premiers piyout
fut celui chanté par les hébreux au cours de
la sortie d’Egypte « la Chira » en traversant
la mer rouge.
Le chant apparaît donc intrinsèquement lié
à la prière à la vie divine et à la relation au
Créateur.
Notre modèle d’étude et de prière qu’était
le Roi David exprimait toute sa parole en
chant. Ce sont les Psaumes (Téhilim) qui
rassemblent toute l’activité humaine, tous
les sentiments, toute l’explication de la
Torah, pour en faire un grand chant.
Michel Sardou, Pierre Delanoë
Les signes ajoutés à chaque mot des Parachiot, ou tahamim, (Le Pentateuque) ont
une consonance musicale, ce qui rend la
lecture du texte plus agréable et lui donne
du sens.
Chaar Arahamim
Le piyout chanté à l’ouverture de
l’arche sainte, à Roch-Hodesh
Lemivtsa al Rivta
Il se chante à table, le chabbat midi ou
soir après le kiddouch et avant le Motsi
Enfin, plus que tout, le Chir ha Chirim, le
Cantique des Cantiques, composé par le Roi
Salomon est en ce sens toute la Torah et tout
l’amour du Créateur pour la création exprimés sous forme de chant.
Un grand nombre de « Piyoutim » sont
chantés en honneur du Chabbat.
A chaque évènement : « naissance, Brit Mila
, Bar et Bat Mitsva, Mariage et en général
pour toutes circonstances heureuses, il était
de tradition de chanter des passages de la
Torah que des grands cantors ont mis en
musique.
En Algérie, au Maroc et en Tunisie, il y avait
dans chaque Synagogue le Hazan qui
conduisait les offices du Chabbat et des
Jours de fêtes et un « Païtan’e » celui qui
chantait les Piyotims avec sa belle voix en
l’honneur de celui qui était appelé à la
Torah.
Tout autant, dans les pays de l’Europe de
l’Est, au cours des offices religieux, il devait
sûrement y avoir des fidèles possédant de
belles voix qui entonnaient pour les mêmes
événements heureux les mêmes passages de
la Torah sur une musique « Klezmer » .
Kedouchat Chabbat
Le piyout de la Haftarah, il accompagne la montée de celui qui va la lire
et qui monte le 7e à la téba.
“On ne parle à Jéhovah, à
Jupiter à Bouddha qu’en
chantant”.
SUITE PAGE SUIVANTE
T
OUTE la liturgie juive est basée sur
la prière et, suivant les communautés, se chante dans le style des
Norbert Halimi, un fidèle de la synagogue Palaprat de
Toulouse, qui aime et connait la liturgie traditionnelle
Chir Hakavod
Le piyout de la fin de la téfila,
après Alénou Lechabear,
souvent chanté par un enfant
Une association pour la promotion cantoriale et la formation des Hazanim a été
créée par le grand Cantor Raphael Cohen .
Même pour des circonstances plus douloureuses, il est de coutume de lire les Téhilim
(Psaumes) en entonnant chaque verset
avec une belle voix. Cela aide certainement
à soulager la douleur de ceux qui sont touchés par le deuil.
Norbert Halimi
Elle est le reflet des communautés juives d’Europe de l’Est, à la fois mélancolique et festive
ENTRETIEN AVEC UN SÉPHARADE SENSIBLE à CES SONORITÉS :
DAVID AMSELLEM, à LA TêTE D’UN GROUPE D’ANIMATION ÉVèNEMENTIELLE KLEZMER.
ENTRETIEN avec David Amsellem
D’où vient la musique Klezmer ?
“Le mot klezmer vient de l'association des mots hébreux klej et zemer, «instrument de musique». Le
klezmer est une tradition musicale des Juifs ashkénazes qui s’est développée à partir du XVe
siècle. C’est donc avant tout une musique instrumentale.
Les klezmorim étaient principalement des musiciens itinérants, qui ont participé aux mouvements
migratoires des juifs d’Europe. Ils se sont nourris
des musiques des pays qu’ils traversaient et se sont
appropriés les folklores riches de ces régions. C'est
en partie grâce au hassidisme qui exprime par des
chants et danses, la joie de vivre et l'amour de
D.ieu, que la musique klezmer sera le plus fermement soutenue. Les thèmes des chansons font
référence à la vie communautaire juive, le Shabbat
et les fêtes y sont des thèmes inépuisables, les rabbins des personnages récurrents. Les éléments de
la vie quotidiennes sont très présents, sans oublier
bien entendu les membres de la famille. Qui ne
connaît « Yiddish Mame » !
Quels sont les instruments typiques de cette
musique ?
Les lois interdisaient souvent aux klezmorim les
instruments forts tels les cuivres et les percussions
pour ne pas incommoder leurs voisins. Ils étaient
des musiciens pauvres et itinérants allant de village
en village, ils n'utilisaient pas d'instruments chers
et lourds comme le piano. Ils privilégiaient donc
des instruments facilement transportables comme
le violon, l’accordéon, la trompette, la clarinette, la
guitare, la flûte, la contrebasse ou encore le tsimbl,
ou cymbalum, qui est un instrument très ancien.
piration dans les cultures qui les entourent. D’influences russes, yiddish, de jazz manouche, etc…
elle est le résultat d’un métissage, que l’on n’hésite
pas aujourd’hui à mixer avec de la musique électronique actuelle pour créer de nouveaux
morceaux et moderniser cette part du patrimoine.
Par exemple aux États-Unis la musique
klezmer a intégré des éléments du jazz puis des
musiques actuelles - folk, rock, électro, hip-hop tout en faisant un retour aux sources dans la vieille
Europe. C’est une musique vivante, en constante
évolution qui se nourrit constamment de la culture
du lieu et de l’époque.
Vous dirigez un groupe de musique klezmer,
vous animez les évènements familiaux mariages,
bar mitzva etc…, quel est le public que vous touchez ?
Nos mariages, et toutes nos fêtes, sont très festifs
et demandent pour la plupart des musiques actuelles, variétés françaises, internationales, et des
musiques israéliennes. En revanche, nos clients
nous sollicitent pour le klezmer, aussi bien pour
animer les cocktails, faire plaisir aux grands-parents et aux familles que pour faire danser.
Le klezmer porte un héritage important, on va y
retrouver des thèmes musicaux qui vont réveillent
les souvenirs chez le public, et rappeler une partie
de l’histoire du peuple juif.
Les demandes viennent de préférence de familles
ashkénazes. Mais, on enregistre de plus en plus
des demandes d’un public plus large, parce que
cette musique appartient au patrimoine du judaïsme mondial.
Elle est sans doute un des grands symboles de la
culture juive.”
«
Si on devait résumer la cantillation en quelques
lignes ?
Les harmoniques qui correspondent à chaque verset de la Torah viennent raconter l’Histoire. Ce ne
sont pas de simples rajouts pour rendre la lecture
de la Torah plus belle, mais il y a quelque chose de
très profond dans cette cantillation. Je veux citer
ici le Gaon de Vilna, un des plus grands maîtres du
second millénaire, qui a vécu au XVIIIe siècle. Il
explique que si on avait une capacité à comprendre
exactement quel est le sens du chant et quel est le
sens des signes de cantillation, on pourrait comprendre tous les secrets de la Torah. Il disait même
que si quelqu’un maîtrisait parfaitement les secrets
de la musique et des signes de cantillation, il aurait
même la possibilité de parvenir à la résurrection des
morts. Il s’est beaucoup intéressé à la cantillation et
à l’interprétation de cette cantillation, et il démontre
qu’à la manière d’insister sur certains mots, on peut
apprendre des choses extraordinaires sur le sens du
texte et sur le sens des passages de la Torah. C’est
aussi perceptible sur les noms qui ont été donnés à
ces signes de cantillation, qui donne des indications
sur le sens à donner aux mots. C’est très subtil et
très mystique !
SMARTPHONE
Propos recueillis par Yaël Rueff-Salama
Chir Hamahalot
Chanté juste à la fin de la Havdala le
samedi soir, c’est en fait le psaume 128
des Téhélim
Merci au rabbin Weill !
Comment peut-on qualifier la musique Klezmer,
est-elle culturelle ou cultuelle ?
Avant tout c’est une musique culturelle. Les musiciens reprennent les morceaux issus de la
tradition orale inspirée des musiciens tziganes,
moldaves, ukrainiens, etc…
Cette « musique de musiciens » qui trouve son ins-
Retrouvez des extraits sur
http://www.swing-klezmer.fr
AVIVmag n°203
17
Jalons de
Petites et grandes musiques
Petites et grandes musiques
pour faire la fête
pour faire la fête
Entretien avec David
Benchimol, animateur
Commercial dans le Mobilier Professionnel,
DJ Animateur d’évènements privé depuis
plus de 15 ans, ancien Responsable Technique
de Radio Kol Aviv pendant 10 ans, David
Benchimol est aujourd’hui membre du comité
Tsedaka et du comité technique de RKA autour de Gérald Benarrous, il connaît bien le
milieu musical et les attentes des auditeurs et
des publics.
Il connaît aussi sur le bout des doigts le public
toulousain ; là encore la musique touche à la
sensibilité, à la transmission et à l’intime. Il raconte.
“J’ai pendant longtemps fait les programmations
musicales sur Radio Kol Aviv. Il faut savoir que
nous devons nous conformer à un format indiqué par la SACEM, le -4-3-3; c’est-à-dire que
sur 10 chansons nous devons prévoir quatre
chansons en rapport avec la thématique de l’antenne, trois chansons françaises et trois variétés
internationales dont une partie allouée aux nouveautés et aux nouveaux artistes. Le choix de la
18
AVIVmag n°203
la communauté
programmation propre à la thématique de RKA
est un « savant mélange » entre les musiques israéliennes contemporaines et des artistes plus
« classiques », comme le grand Enrico Macias
pour ne citer que lui, parrain de la Tsédaka 2014,
que je qualifie de chanteur de musique judéoarabo-andalouse. Il fait partie de ces génies qui
ont écrit des chansons devenues des références,
des repères musicaux, des incontournables,
chantées en français ou en arabe. Notre communauté est en majorité sépharade, donc le fonds
culturel et identitaire est là. Si on ne doit prendre
qu’un seul exemple de cette journée de la Tsédaka, pendant le concert, tout le monde s’est levé
et a chanté avec lui à partir du moment où il a
commencé à entonner une vieille chanson
constantinoise, chantée en arabe !! C’était extraordinaire de voir le public de la Halle aux Grains
comme cela. Par ces références, on touche là au
cœur de l’intimité familiale, de l’identité transmise par nos parents et grands-parents qui ont
fait « le boulot ».
Par ailleurs, je n’anime pas une soirée sans programmer de la musique orientale. Le Henné, le
mariage oriental est un très bon exemple de cette
identité culturelle qui fait partie de notre vie
juive. Cette tradition est empruntée aux coutumes d’Afrique du Nord, que nos familles ont
conservé malgré leur départ. Aujourd’hui dans
tous les mariages que j’anime, même chez les
ashkénazes, il y a un Henné et avec lui des musiques orientales « typiques ». Même les jeunes
générations y sont très sensibles.
C’est là la force de la diaspora, nous avons cette
capacité à nous adapter à notre environnement
culturel et à vouloir quand même perpétuer nos
traditions évènementielles.
Enfin, je voudrais préciser que depuis vingt ans
que je travaille dans ce milieu, le rapport à Israël
a changé et a évolué. Il s’est concentré et recentré. L’actualité du peuple juif et notre
attachement à ce pays sont tels qu’on ne conçoit
pas de ne pas y faire référence à chacune de nos
manifestations et de façon toujours plus intense”.
Propos recueillis par Yaël Rueff-Salama
Entretien avec Philippe
Guedj, animateur
La musique est au cœur de nos évènements familiaux, au cœur de nos festivités, entretien avec
Philippe Guedj, qui depuis 15 ans anime avec
son groupe VOGUE LIVE BAND de nombreuses soirées. Piqué par le virus de la musique
depuis son plus jeune âge, il consacre sa carrière
et sa vie à nous faire découvrir les différents univers musicaux et partager sa passion au fil de
tous nos évènements.
Vous avez un groupe d’animation musicale
depuis des années, quels sont les différents
types de manifestations que l’on vous demande d’animer ?
J’ai commencé dans la communauté par animer
des fêtes familiales mariages, bar mitsvoth, bat
mitsvoth. Depuis nous nous sommes développé,
j’exerce aujourd’hui cette activité au delà des
frontières toulousaines, à 90% pour des évènements de vie juive.
Nous assurons également des manifestations
corporate et dans l’évènementiel.
Quelles sont les attentes de ces publics ?
Qu’attendent-ils de ces évènements?
Les familles qui nous sollicitent recherchent
toutes le côté festif que l’on connaît si bien et qui
nous est cher. Quelles que soient les générations, les gens cherchent à retrouver une part
d’eux-mêmes dans la programmation musicale.
Nos aînés et parents demandent à entendre et à
pouvoir danser sur ce que j’appelle les « classiques ».
On va alors programmer des musiques israéloorientales et hassidiques, très festives et très
dansantes. Pour satisfaire tout le monde, nous
allons programmer de la variété française, européenne, internationale, mais aussi bien
entendu des musiques plus proches de nos traditions et de notre culture comme Enrico
Macias, ou des classiques israéliens Sarid
Hadad, Schlomi Chabbat ou Eyal Golan. Les
plus jeunes quant à eux vont attendre le dernier
tube à la mode qui passe sur toutes les ondes
radio à Tel Aviv. Ils donnent et se donnent, par
leur engouement, un peu le sentiment d’y être !
Comment analysez-vous ce rapport à la musique ?
PG : A travers ce type d’évènement, de programmation musicale mêlés à la volonté de vivre
des moments festifs, heureux et joyeux, je pense
qu’on cherche à affirmer une identité juive particulière. Le rapport que nous avons à la
musique traditionnelle renvoie certainement aux racines de chacun (ashkénazes,
sépharades). Notre approche de la musique a une très forte connotation
culturelle, certainement lié à notre histoire.
Les instruments sont faciles à transporter,
les voix toujours sur soi, c’est à la fois un
souffle de vie et une part d’histoire.
C’est une grande part de l’identité du peuple juif. D’ailleurs, nous avons un rapport
émotionnel toujours très fort. J’observe
souvent dans l’assistance des musiciens,
chanteurs qui prennent plaisir à participer.
La musique est porteuse d’émotion, d’émotion intime, elle est vecteur d’amour et
d’humanité. C’est certainement, et je l’espère, un signe d’espoir !
Vous trouverez toute l’actualité de
VOGUE LIVE BAND sur le site :
www.vogueliveband.com
mandes de non juifs pour des évènements du
type des nôtres ?
Oui, de plus en plus on nous demande d’animer
des mariages non juifs. Les personnes formulent
des demandes spécifiques de Horoth et autres
musiques juives pour animer et faire danser
leurs invités à leur festivité… C’est peut-être là
encore un message d’espoir et une image du
peuple juif positive qui montre son rapport à la
vie et à l’amour.
l’échelle internationale, ayant comme public
pour 90 % des festivités judaïques. Observezvous les mêmes comportements, les mêmes
attentes, les mêmes envies musicales dans le
rapport à la musique juive quelques soient les
latitudes ?
Oui, quelques soient les latitudes. C’est certainement inscrit quelque part dans nos gênes !
Propos recueillis par Yaël Rueff-Salama
Vous avez commencé votre activité avec le public toulousain, vous rayonnez aujourd’hui à
Ce côté festif est toujours perçu comme
très attrayant, enregistrez-vous des de-
AVIVmag n°203 décembre 2014
19
Disparition
Jean-Pierre Bloch
Jean-Pierre Bloch
Un grand bâtisseur des institutions toulousaines
Un visionnaire de talent, efficace et modeste
Ce qu’il reste d’une vie et d’un parcours exceptionnels
Hervé Lieberfreund parle de Jean-Pierre Bloch
J
concessions à perpétuité sera suivi
quelques années plus tard d’une autre
idée généreuse et inspirée, celle de
créer, grâce à ces nouveaux revenus
mortuaires, une maison de retraite juive,
sur le modèle de l’Hospice Elisa qu’il
avait connu à Strasbourg. La maison de
retraite “Les Jardins de Rambam” verra
donc le jour grâce à lui à Saint-Orens
de Gameville, construite sur le terrain
acheté aux enchères à la barre du Tribunal.
EAN-PIERRE
BLOCH est universellement connu dans
la communauté de Toulouse et
bien au delà.
Et pourtant il a toujours été un
homme discret. Discret mais efficace, comme peuvent l’être tous
ceux qui savent que les actions et
les entreprises ne valent que
lorsqu’elles sont accomplies. Pas
besoin d’en parler avant, inutile de
les commenter après.
Originaire de Strasbourg, Jean-Pierre est
un Alsacien de Toulouse. Arrivé ici en
1939, 15 jours avant la déclaration de
guerre, il a connu les moments les plus difficiles qu’un jeune homme puisse affronter
et qu’il résumait avec son humour dévastateur avec cette formule : « En ce
temps-là on bloquait les comptes et comptait les Bloch ». Les embauches
compliquées, les changements d’identité,
les difficultés surmontées pour faire vivre
sa famille, les risques d’arrestation, avec
jusqu’à 28 personnes hébergées sur des
matelas dans l’appartement familial de la
rue de la Pomme, les échappées par l’escalier de service, et les multiples
changements de nom pour échapper aux
20
AVIV mag n°201
Jean-Pierre Bloch en compagnie d’Elie Wiesel à
Toulouse, lors d'une cérémonie du Souvenir.
nazis…
Puis le maquis, dans l’Ariège, jusqu’à la
Libération.
Le temps de se refaire une santé, puis de
se faire une place au soleil, Jean-Pierre
Bloch a l’esprit imaginatif et généreux. Il
saisit l’occasion, en 1960, d’une compensation dûe par l’Allemagne pour
l’inhumation des victimes juives détenues
dans les camps d’internement et mortes
de faim, de froid, d’épidémies et de mauvais traitements, pour acquérir des
terrains sur la commune de Portet-surGaronne, et y créer un cimetière pour la
communauté juive de Toulouse. Pour ce
faire, il initie la Hevra Kadisha de Toulouse, la Confrérie des Derniers Devoirs,
avec le concours d’une poignée de membres fondateurs qui ont pour noms :
Ephraïm Rozen, Prosper Nakache, Jules
Kaufmann, Raymond Dreyfuss, Jean
Wildenstein, Emile Sebban, Jacques
Merdekra, Samuel De Calo, Grinfeld…
Ce coup de maître qui gratifie la communauté d’un lieu de sépulture avec des
Résumés en quelques lignes aujourd’hui,
ces projets ont la simplicité des institutions établies, mais je vous laisse imaginer
les efforts de persuasion, l’audace énergique déployée, les amitiés nécessaires et
les risques entrepris pour les mener à
bien.
Car Jean-Pierre Bloch, aidé et soutenu
toujours par son épouse Aline, avait la
foi chevillée au corps, celle des véritables
croyants, celle de ceux qui font confiance
à leurs idée, à leur volonté ; “bien faire et
laisser dire”, se plaisait-il à rappeler, lui
qui aimait et partageait les aphorismes.
C’est bien grâce à l’inspiration et l’opiniatreté conjuguées qui le caractérisent que
toutes ces réalisations vitales pour la collectivité juive de Toulouse existent et
perdurent aujourd’hui.
Que dire aujourd’hui de cet homme discret et somme toute assez mystérieux ?
Qu’on ne peut que mettre chapeau bas
devant sa vision, sa clairvoyance, sa détermination, son charisme aussi, et
finalement devant toute sa vie.
Et faire le constat d’un signe assez édifiant, qui n’est sans doute pas un hasard :
nous avons inhumé Jean-Pierre Bloch,
l’homme du dialogue et de la solidarité,
le dimanche 16 novembre, le jour de la
Tsedaka de Toulouse.
Pierre Lasry
Tout le monde a connu son sens du devoir,
sa rigueur, sa modestie face à l’œuvre accomplie et peu peuvent se prévaloir d’une
reconnaissance de la société par la légion
d’honneur dont il a été fait chevalier.
Voici le discours prononcé lors de l’inhumation de Jean-Pierre Bloch, par Hervé
Lieberfreund, son ami fidèle et son successeur à la tête de la Hevra Kadicha de
Et cette attitude, sans compromis ni compromission, ne lui a pas valu que des
amitiés !
Toulouse
Il a réussi là où d’autres ont échoué en assurant la poursuite de ses œuvres.
Messieurs les rabbins, Messieurs les présidents d’associations, Monsieur le
représentant du préfet, Bernard, Caroline
et leur famille, Mesdames et Messieurs,
Je voudrais dans un premier temps adresser aux enfants de notre ami Jean-Pierre
Bloch, Bernard et Caroline, toutes nos
condoléances, au nom de la Hevra Kadicha et en mon nom propre.
Je m’associe à leur peine et voudrais les
féliciter pour l’énergie et la patience qu’ils
ont démontrées pour s’occuper de leurs
parents : d’abord leur maman Aline que
nous avons bien connue, et leur papa Jean
Pierre qui vient de nous quitter. Malgré le
handicap de la distance, la Suisse pour
Bernard et Israël pour Caroline, ils ont
réussi à être présents dans l’accompagnement jusqu’au bout, de leurs parents.
Baroukh Dayan Haémet.
On dira des grands hommes qu’ils ont
marqué leur temps. Le président JeanPierre Bloch était de ceux-là, d’une
efficacité et d’un dévouement remarquables.
D’aucuns se souviendront qu’il a été à
l’origine des cimetières israélites de Portet,
pour la communauté juive de Toulouse,
d’autres de la rue Francisque Sarcey où
l’école Gan Rachi a siégé à ses débuts,
d’autres encore du Mikvé, d’autres de la
maison de retraite Rambam pérennisée
par la Fondation, d’autres du don d’une
ambulance équipée pour le Magen David
Jean-Pierre Bloch a été fait il y a quelques années
Chevalier de la Légion d’Honneur
Adom, d’autres de la Hevra Kadicha,
confrérie des derniers devoirs, qu’il a
créée et présidée d’une main de maître
pendant plus de 40 ans, et avec une rigueur incomparable. D’autres enfin de la
loge Maïmonide du Bnei Brit, dont il était
président fondateur. Et j’en oublie certainement !
Je voudrais juste évoquer son talent de visionnaire ; il avait fait acquérir le château
de Saint-Orens par la Hevra Kadicha, et
il y a 22 ans, en sortant d’une consultation
de sa maman Sophie, il me demandait au
point de vue médical, si une maison de retraite juive se justifiait à Toulouse pour
notre communauté. Je lui disiais “bien sûr,
mais c’est trop compliqué !” et il me répondit : “ ce n’est pas ce que je te
demande ! L’administratif je m’en charge,
je veux juste ton avis, le reste c’est mon
problème !” Et après deux ans de travail
collégial, c’était réalisé ! Il était comme
cela !
Cependant, ami de la famille Bloch depuis
plusieurs générations, je suis bien et mal
placé pour rapporter que derrière cette carapace, se cachait un homme d’une
sensibilité peu commune, commissaire priseur et expert en tableaux mais surtout
très attentif à tous les évènements communautaires et extra communautaires et d’un
altruisme inégalé, reconnaissable par son
béret basque, très attaché aux valeurs anciennes ; d’une ponctualité proverbiale, il
est aujourd’hui au rendez-vous avec l’Histoire.
Avec la perte du président JP Bloch, nous
perdons non seulement un grand homme
mais aussi un grand ami. Paraphrasant le
président Clinton, en hommage au 1er ministre le général Rabin, je dirais et
conclurais : Shalom Haver, Adieu l’Ami.
Hervé Lieberfreund
AVIVmag n°203 décembre 2014
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Mémoire
LE RÉCÉBEDOU, 1942 - 2014
Jean Bloch, 15 ans, collégien
La marche de la mémoire
enlevé au collège à Toulouse, déporté et assassiné
Du 3 mars 1944 au 17 avril 1945, le calvaire de Jean Bloch, enlevé au collège Pierre de Fermat par les nazis
core le lycée de garçons. Mais le 3 mars 1944,
il est appelé au secrétariat de l'établissement où
il se rend sans se méfier. Il ne reviendra pas.
Grâce au récit de son cousin Maurice Karsenty, (ci-dessous à gauche), on sait alors le
calvaire qu'il va connaître jusqu'à sa mort.
Gérard Follus a évoqué «une montée de l'antisémitisme beaucoup plus forte qu'on ne pense.
Une parole libérée intolérable lorsqu'on se souvient des six millions de vies broyées par la
Shoah». Des propos repris par Nicole Yardeni,
présidente du Crif qui a mis en garde contre
«les habits neufs de l'antisémitisme».
Une cérémonie et une plaque à la
mémoire d’un collégien enlevé en
pleine classe par les nazis en 1944
Encore une plaque à l’actif de Rachel Roizes, fondatrice
et présidence de l’association MEJD (Mémoire des Enfants Juifs Déportés, qui combat sans relâche pour tirer
de l’oubli et graver les noms de ces enfants martyrs sur les
lieux où ils vécurent.
Ci-dessous, Rachel à droite, aux côtés de Madame
Lombardo, principale du Collège Pierre de Fermat
Jean Bloch avant sa déportation en 1944
75 000 Juifs dont 11 400 enfants ont été déportés
dans les camps de concentration et d'extermination
nazis depuis la France. A la fin de la guerre, à peine
2 500 déportés sont revenus. Mais aucun enfant.
Un extrait du Journal de Jean Bloch daté de 1944
Un élève “qui avait notre âge”
Les élèves ont entonné le chant des partisants à la
mémoire de leur condisciple Jean Bloch
Gauthier Delfour, Martin Guignes, Clara Serfaty, élèves
de 3e au collège de Fermat étaient présents à la cérémonie
avec d’autres élèves du collège
Clara : “On se dit qu’on étudie là où lui aussi
a étudié… Je n’arrive même pas à imaginer
que cela puisse arriver à nouveau.”
La famille de Jean Bloch est venue assister à la cérémonie :
son cousin, son demi-frère, avec leurs épouses et son
neveu, à droite.
Le manteau suspendu
«Ce jour-là, Jean Bloch avait laissé son manteau suspendu au fond de la classe. Après son
arrestation, jusqu'à la fin de l'année, personne
n'a osé y toucher ni le déplacer».
Jean-Daniel Bloch, un élève juif du collège
de garçons (qui sera nommé après la guerre
Pierre de Fermat) est arrêté le 3 mars 1944
par la Gestapo.
Il mourra en déportation à Auschwitz le 17
avril 1945 à l'âge de 15 ans.
22
AVIVmag n°203
Le préfet et de nombreux représentants des collectivités
territoriales, ont respecté une minute de silence après le
dévoilement de la plaque par les membres de sa famille.
Studieux et doué
Prix d’excellence, passionné de lecture, habile
dessinateur de portraits et d'animaux, il est né
à Marseille en 1929 dans une famille de négociants. Il a trois ans quand sa mère disparaît.
Sa grand-mère va alors le recueillir avec son
frère Michel. En 1942, ils s'installent à Toulouse rue de la Pomme. Les deux frères sont
scolarisés à Pierre de Fermat, qui s’appelle en-
Martin : “Il a été arrêté dans l’enceinte du collège, un endroit où l’on apprend, où la laïcité
s’impose, il a été arrêté parce qu’il était juif.
Est-ce que cela peut se reproduire ? Il y a
peut-être des gens qui y pensent encore, mais
aujourd’hui on ferait quelque chose avant !”
Gauthier : “C’est assez troublant de se dire
qu’un élève qui avait notre âge a été arrêté et
tué. Je ne peux pas imaginer une seconde que
cela puisse m’arriver…Ce travail de mémoire
avec nos profs est très important pour le “plus
jamais ça” !”
Paul Schaffer est passé, enfant, par le camp du Récébédou et la gare de Portet-Saint-Simon en 1942, mais n'a pu
être présent à la cérémonie. Il a rédigé une lettre qui fut lue par deux des membres du conseil municipal des jeunes.
Message de Paul Schaffer,
seul survivant des enfants
partis de la Gare de Portet
Saint-Simon.
Chers amis,
Ci-dessous la dernière photo prise
de notre famille, réunie avant notre
arrestation en 1942 à Revel, Haute
Garonne (Zone non occupée),
quelques mois avant la déportation
d’une dizaine de milliers de familles
vivant dans cette région paisible et
s’y croyant en sécurité. Seule la
haine ou au mieux l’indifférence a
motivé ce massacre.
Une foule nombreuse a fait la marche de la mémoire entre le camp du Récébedou qui est devenu le musée de la mémoire et la
stèle inaugurée à la gare de Portet-Saint-Simon
Soixante-douze années séparent ces
deux images. Quelles luttes, combien d’illusions, quelles souffrances
j’ai eu à endurer durant les trois années qui ont suivi mon arrestation.
Rien n’est tombé dans l’oubli durant
cette époque, ni le bien ni le mal.
Ces années se sont imprégnées dans
ma chair et dans mon esprit.
Soixante-douze années depuis cette
marche vers cette gare, première
étape vers l’inconnu, vers une mort
programmée. Deux cent cinquante
personnes sont revenues en 1945 de
cette rafle, dont j’étais le seul de
moins de 18 ans, sur les dizaines de
milliers arrêtés.
Mais nos sacrifices n’ont servi à
rien, nos souffrances n’ont pas servi
de bouclier à d’autres crimes atroces
dont ont été victimes des innocents.
Je regrette de ne pouvoir être présent à la cérémonie d’inauguration
de cette plaque mémoire, étant le
dernier et seul survivant de ce petit
groupe qui est passé, il y a tant d’années, par cette gare.
Mais si ma voix peut encore porter
et être entendue, j’implore le public
qui m’écoute ou qui me lit, de tout
faire pour que l’on n’oublie pas nos
martyrs, et que chacun contribue à
un monde meilleur là où il se trouve.
Le sous-préfet de Muret, François Beyries,
le maire de Portet, Thierry Suaud, la
présidente de Toulouse-MEJD, Rachel
Roizès, le président de la LICRA, Gérard
Folus et une des membres du conseil municipal des jeunes de Portet.
La plaque sur la stèle
Paul Schaffer
AVIVmag n°203 décembre 2014
23
Les associations
NOUVEAU
acit31.com
L’ACIT
Moins d’un juif sur 10 cotise à
l’ACIT !
Chacun sait aujourd’hui
que la communauté juive de
France, et de Toulouse en
particulier, connaissent une
période de flottement.
Nous nous sentons fragiles, ciblés,
injustement mal aimés, mais en
même temps terriblement solidaires
les uns des autres. Une force très
puissante nous pousse et nous renforce dans notre appartenance à
notre communauté juive, nous
avons besoin les uns des autres,
nous avons besoin de nous sentir en
sécurité, de pouvoir prier sereinement, d’ailleurs, combien d’entre
vous ne sont pas venus durant les
fêtes de Tichri dans nos lieux de
culte par « peur de ce qui pourrait
arriver ».
Tout ça ne devrait pas exister, et, en
tant que dirigeants communautaires, nous voulons œuvrer pour
que vous vous sentiez mieux, en
renforçant la sécurité des lieux de
culte, en embellissant nos synagogues, en faisant en sorte que
pendant les moments heureux ou
malheureux de votre vie nous
soyons encore plus présents.
Tout cela est impossible sans votre
soutien psychologique et votre
concours financier, c’est pour cela
que nous avons mis en place un
moyen de vous faire participer à la
pérennité de votre communauté en
fonction de vos possibilités.
Vous trouverez avec ce numéro
d’AVIVMag une plaquette vous expliquant les 4 types de cotisations
possibles, l’idée étant que chacun
trouve une cotisation adaptée à sa
24
AVIVmag n°203
situation avec les avantages qui en
découlent, et ils sont nombreux,
prenez le temps de les découvrir
dans le document.
Il est aussi plus facile pour une association comme l’ACIT de gérer
son budget avec une meilleure visibilité sur l’année grâce à
l’engagement de chacun, plutôt que
sur des promesses de dons hypothétiques.
Chacun d’entre vous est important
pour nous, il faut aujourd’hui que
tous, petit revenu comme gros revenu, puissiez prendre part à
l’existence de votre communauté.
Nous sommes aujourd’hui 15 000
Juifs à Toulouse et seulement 1 300
cotisants,
Nous comptons sur vous pour faire
mentir tous les pronostics, qui mettent notre communauté au fond du
trou, nous sommes encore très nombreux à Toulouse, et oui la solidarité
c’est aussi le soutien financier, nous
ne sommes pas subventionnés, D…
est grand, mais le miracle des billets
sur l’arbre n’est pas pour aujourd’hui, le miracle est que chacun
de vous prenne conscience de son
caractère indispensable à l’existence
de sa communauté, nous ne pourrons pas continuer à vivre sans
vous.
La balle est dans votre camp, nous
sommes à votre disposition si vous
souhaitez plus d’explications sur les
différents statuts cotisants, vous
pouvez vous adresser au secrétariat
de l’ACIT qui vous donnera tous les
détails et modalités.
.
Patricia Dassa, directrice générale,
Yves Bounan, vice-président de l’Acit
Échéance 2015 : les élections
Au printemps prochain
vont se dérouler les élections du Conseil d’Administration de l’ACIT. De
nouveaux élus, un nouveau président, un nouveau mandat, comment
cela va-t-il se passer ?
Entretien particulier avec
Nicole Benzékri, avocate
et juriste, présidente de la
commission électorale en
charge de l’organisation et du
bon déroulement des élections.
Toute élection nécessite la mise en
place d’une commission électorale,
désignée par l’assemblée générale
de l’association, qui vérifie les candidatures, les analyse et les valide.
Elle est aussi garante de la régularité
de la liste électorale. Elle est composée de six membres, dont trois
élus par l’assemblée générale de
l’ACIT (M. Ely Amsellem, M. Max
Marquès et Mme Nicole Benzékri)
et trois désignés par le conseil d’administration (M. Salomon Attia, M.
Raffy Amsellem et M. Albert Ankry). J’ai été désignée en qualité de
Présidente de cette commission
électorale ; celle-ci est garante de
l’organisation, de la régularité, et du
bon déroulement des élections.
Qui pourra voter ? Dans quelles
conditions ?
La liste électorale sera clôturée au
31 décembre 2014. Nous avons
prévu l’établissement d’une carte
d’électeur pour tous les adhérents
de l’ACIT qui sera établie suite au
paiement total de la cotisation 2013
et 2014. La cotisation par foyer ouvre le vote pour chacun des deux
parents et enfants majeurs rattachés
au foyer fiscal et résidant dans la
circonscription de vote (Toulouse
et Haute-Garonne). Toute inscription sur la liste électorale doit faire
l’objet d’un acte d’adhésion Volontaire.
Le règlement intérieur vise des
conditions spécifiques pour être
électeur, pour être candidat et pour
la mise en place des procurations.
Je resterai très ferme quant au res-
Les associations
LE SITE WEB DE L’ACIT
pect de la liste électorale établi au 31 décembre 2014,
ainsi qu’au respect des procédures de vote par procuration – une seule par votant. On ne modifiera pas a
posteriori les listes électorales. Toute inscription à
l’ACIT au delà de cette date
ne pourra pas être retenue.
Pour qui votera-t-on ?
Pour une liste ? Un président ?
Nous votons pour des candidatures
individuelles, chaque candidat se
présente et les électeurs auront une
seule liste. Chaque votant pourra
alors cocher 13 noms sur cette liste.
Lors du dépouillement seront bien
entendu retenus comme membres
du conseil d’administration de
l’ACIT les 13 personnes qui auront comptabilisé le plus de voix.
Ensuite, le premier CA nommera
en interne le Président.
Quelles sont les conditions pour
candidater ?
Chaque candidat doit bien entendu être inscrit sur la liste électorale, ce qui suppose être en règle
avec le paiement de ses cotisations
2013 et 2014, répondre à la limite
d’âge de 18 ans révolus et évidemment répondre à des conditions
de moralité.
Les candidatures devront parvenir à l’ACIT deux mois au plus
tard avant la date des élections
prévue au 19 avril 2015.
Que doit comprendre la candidature ? Au delà de son nom,
doit-on bâtir un projet, énoncer
des idées, et le cas échéant y-t-il
une campagne préalable ?
A chaque candidat de prévoir son
projet. La Radio de la communauté a reçu des instructions afin
de respecter une totale impartialité vis-à-vis des candidats.
Chaque candidat bénéficiera d’un
temps de parole égal à la radio.
Les interventions seront arrêtées
une semaine avant la date des
élections.
Propos recueillis par Yaël Rueff-Salama
RADIO KOL AVIV
LE CRIF
Une émission musicale : culture
Irresponsable
et société
Tous les mardis, de 18h30 à
19h30, je présente Culture et société sur radio Kol Aviv. Si le titre
n’a pas évolué depuis ses débuts
le dimanche en matinée, l’émission
s’est réduite à sa
quintessence, de la bonne musique et des informations
culturelles sur Toulouse. Je
construis cette émission selon mes
préférences culturelles, en partant
du pari que ce que j’aime est bon,
et surtout, en voulant partager
mes préférences, comme on partage un bon plat et un bon vin. La
recette est souvent composée des
mêmes ingrédients : du bon vieux
jazz, Nat King Cole, Sarah Vaugham, ou encore Ella Fitzgerald ;
de la chanson française qui
constitue mon paysage mental,
comme Yves Montand, ou
Charles Trenet, que je croisais
dans les rues de Perpignan ; des
maîtres de la musique de langue
anglaise, comme Leonard Cohen
ou des voix plus jeunes mais qui
ont su préserver de la qualité,
comme les Black Keys.
Ces musiques, paradoxalement,
ne sont plus proposées par les radios FM, qui ne font que
reproduire en un miroir sonore
les nouveautés, le plus souvent
médiocres, voire mauvaises.
De la musique israélienne, autrement.
L’autre singularité de cette émission est la musique israélienne,
autre projection de mon paysage
affectif. Là encore, à la différence
de ce que nous entendons depuis
des années, de ce qui nous parvient depuis Israël, j’ai choisi de
diffuser plus spécifiquement la
musique de Tel Aviv, loin de
l’orientalisme.
De très grands artistes sont ainsi
présentés, comme le duo composé
du parolier Elie Mohar et du
compositeur Yoni Rechter , le très
subtil Sasha Argov, le crooner
Gidi Gov, tous contemporains du
regretté Arik Einstein.
Mais les jeunes voix ont aussi leur
place, Roni Alter, invitée à participer à tous les concerts de Keren
Ann, Shlomi Chaban (avec un
N) ou encore l’un des fils Banaï.
Ce sont des musiques qui dégagent des aspects classiques,
formés à la fois sous l’influence
des violons sur les toits et des
compositeurs européens, Rachmaninov, Ravel ou Prokofiev.
De la grande musique, dont la
qualité fait entrer leurs créateurs
au panthéon des musiciens de
toutes les époques.
Culture et société, c’est cela, c’est
votre musique. Laurent ou
Jessica à la technique, Maurice
Lugassy au micro, à votre service.
Maurice Lugassy
Regev Hod, le coup de
cœur de Radio Kol Aviv !!!
C’est la nouvelle star montante en
Israël. Il est de tous les concerts
et sur toutes
les radios israéliennes !!!
C'est
mon
coup de cœur
mêlant le mizrahi (oriental)
avec des musiques plus
actuelles. Il nous rappelle nos vacances en Israël et nous fait rêver.
A découvrir sur les ondes de Kol
Aviv sur les 101 FM !!
Joëlle.
En "invitant" le gouvernement à
reconnaitre l'État palestinien,
les signataires de la résolution
proposée par certains députés
socialistes se sont comportés de
façon irresponsable.
les décisions, que l'exécutif, c'està-dire le gouvernement et le
Président de la République auront à être eux responsables face
à la réalité géopolitique.
Irresponsable de reconnaître un
État palestinien sans évoquer de
contre-partie et sans parler d'Israël.
Irresponsable de ne pas se poser
de questions sur ce qui structurera et sur qui gouvernera cet
État palestinien quand on observe
les dérives islamistes d'une
grande partie du
Moyen-Orient.
Irresponsable de ne
pas réfléchir à l'éclatement
d'états
voisins comme la
Syrie ou l'Irak.
Irresponsable de ne
pas ouvrir les yeux
sur la déstructuration d'un grand
nombre de sociétés du monde
arabe.
Irresponsable de ne pas penser ce
Moyen-Orient autrement qu'avec
les règles établies depuis la chute
de l'Empire Ottoman lors de la
Première Guerre mondiale et les
frontières tracées pour quelques
décennies par la France et la
Grande-Bretagne au temps de
leurs empires coloniaux.
Irresponsable de ne pas avoir
conscience que le système westphalien des états-nations n'est pas
réellement maîtrisé au MoyenOrient.
Irresponsable de ne pas analyser
ce que la disparition d'un monde
bipolaire organisé par l'opposition
entre les USA et l'URSS pendant
plus de quarante ans, a entraîné
comme instabilité au MoyenOrient.
Irresponsable de voter cette
vague résolution en se disant,
comme des enfants qui savent que
ce sont les parents qui prennent
Ou alors, y aurait-il là quelques
arrières-pensées politiciennes ?
Par exemple, la nécessité de ressoudre
une
majorité
parlementaire divisée sur les sujets économiques en utilisant un
autre marqueur idéologique que
le mariage pour tous.
Par exemple, satisfaire
des
associations qui ont
un certain écho auprès
de
nos
concitoyens originaires du Maghreb
que l'on croirait à
tort satisfaire en leur
jetant Israël en pâture sans ce soucier
des conséquences pour les citoyens juifs de ce pays.
Cette tentation, malheureusement
récurrente depuis les années 70,
et de façon encore plus marquée
ces vingts dernières années, aurait
dû disparaître face à la montée de
l'antisémitisme.
Mais, comme on peut l'observer
sur nombre d'autres questions,
certains de nos députés ne parviennent pas à se défaire d'idées
dépassées.
Il y aura certainement une solution pour les Palestiniens mais
sans doute faudra-t-il attendre
qu'un avenir autre se dessine dans
ce tragique Moyen-Orient où le
conflit israélo-palestinien ne tient
pas la place centrale qu'on lui a
trop longtemps attribuée pour
éviter d'affronter des questions
autrement plus lourdes pour
l'avenir du monde.
Nicole Yardéni
Présidente du CRIF Midi-Pyrénées
AVIVmag n°203 décembre 2014
25
Maurice Lugassy
Les associations
Les associations
HEBRAICA
FSJU
Hébraïca : la fête de la Culture Juive
M
algré un titre qui pouvait sembler
inquiétant voire répulsif, “Entre
guerre et paix”, ces XXIIes Journées de la Culture juive ont connu un réel
succès. La programmation éclectique a permis
de côtoyer tous les arts, de la musique au ci-
d’adhérents au Goethe, mêlé à notre public
plus généralement juif. Tous ont pris un immense plaisir à la mise en scène d’un cabaret
d’Hanoch Levin mis en scène par Sharon
Mohar. Quelle récompense aussi que d’accueillir au sein de l’espace du Judaïsme,
d’éminents représentants du protestantisme,
du catholicisme, parmi un groupe d’étudiants
en Histoire, le tout parmi des Juifs qui portent kippa, ou qui ne la portent pas. La
conférence de Jacques Sémelin sur le sauvetage des Juifs durant l’occupation nazie en
France a opéré cette prouesse.
Un programme en préparation
très attirant
Vous l’avez compris, un très bon festival, qui
laissera de beaux souvenirs à ceux qui étaient
présents et des regrets à ceux qui l’ont manqué. Mais à Hébraïca, nous pensons à vous
tout au long de l’année. Nous prévoyons un
superbe concert de jazz à Saint Pierre des cuisines en février, une journée ashkénaze et une
sépharade, la venue du journaliste Paul Amar,
une fête de la bibliothèque, un mois de janvier
La Tsédaka
de Toulouse
Un début
prometteur et
une communauté
juive à l’unisson.
Une cité sous le signe de la culture juive
La nuit des Arts a tenuu ses prommesses avec des spectacles endiablés, du théatre, de la lecture, du cirque, de la
chanson…
Et l’on pourrait aussi s’enorgueillir d’avoir déposé de la culture juive chez des libraires,
néma en passant par le cirque et le théâtre.
L’une des qualités de ce festival c’est ainsi
d’ouvrir tous les champs, de s’ouvrir à tous les
vents porteurs d’art.
Des publics très variés
L’autre particularité est de proposer une ouverture à tous les publics. Non seulement,
nous allons à la rencontre des amateurs de
culture juive mais nous leur ouvrons nos
portes. Quelle récompense que de voir au
Goethe Institut un public composé de jeunes
allemands, de jeunes étudiants du Mirail,
Sur scène les représentants de la région, du département, le maire, autour des responsables de la communauté juive de Toulouse
ambiance festive. Elle répondait
déjà à un premier besoin, celui de
se retrouver ensemble pour une
cause juste : pas seulement devant
« l’obligation » mais dans « le
plaisir » d’aider son prochain. Ce
n’est pas le début de croissance
annoncé par le gouvernement
qui, semble-t-il, a motivé le public
présent, mais bien la volonté de
montrer aux élus présents pour
l’occasion, l’existence d’une communauté juive dynamique et responsable.
Comme rappelé dans les discours
l’appel de la communauté pour la
Tsedaka et ont réaffirmé leur soutien à cette manifestation avant
tout républicaine, pour venir en
aide aux plus nécessiteux.
Mais ce que l’on retiendra surtout, c’est le travail acharné de la
centaine de bénévoles, jeunes et
moins jeunes, qui auprès de Laurent Taïeb, Linda Sztulman, Patricia Bouganim et Cédric Tibi,
ont œuvré depuis des mois à faire
de cette journée un succès. En
amont, il ne faut pas oublier la
colossale organisation de cette
rale de l’école Gan Rachi et la
participation du jeune chanteur
Eyal Bensimon ont certainement
contribué à améliorer le chiffre
de la collecte qui s’avère d’ores
et déjà très prometteur.
Et c’est tant mieux, car même si
certains envisagent leur avenir
ailleurs, les besoins restent, et le
travail du FSJU et de son président régional, Yvan Lévy, que ce
soit dans le secteur social, éducatif ou culturel est plus que jamais
une nécessité.
Valérie Alter
consacré à la Shoah, un mois de mai pour Israël et son cinéma… bref que de bonnes
raisons pour adhérer à Hébraïca ou, mieux
encore, pour faire un don.
Le dîner-débat avec Pierre Jourde a été précédé d’une rencontre avec ses lecteurs à la librairie Ombres Blanches
Venez avec nous, faites aussi de la
culture juive !
Enrico a chanté devant plus de 1500 personnes !
Maurice Lugassy, Président d’Hébraica
D
Les Journées ont accosté comme chaque année à la maison
de nos anciens, Rambam, avec de la danse et du chant : un
vrai moment de gaité et de mouvement pour les résidents
et leurs familles.
Cabaret d’Hanoch Levin : des morceaux de choix du répertoire mis en scène par Sharon Moar.
26
AVIVmag n°203
dans des cinémas, dans des théâtres et jusqu’à
Montauban. Les Journées de la culture juive
revendiquent avec force la beauté, la force et
la jeunesse de notre culture juive, dans les
lieux comme sur les affiches disséminées dans
la ville.
imanche 16 novembre,
il y avait du soleil et
beaucoup de chaleur à
l’intérieur de la Halle aux Grains
à Toulouse. En effet, bien que
l’extérieur affichât un ciel gris, ce
sont plus de 1500 personnes qui
ont chanté, toutes générations
confondues, les mélodies orientales d’Enrico Macias.
Cet évènement, très attendu par
la communauté, est après Kippour, celui qui rassemble le plus
de Juifs à Toulouse.
La 22e édition de la Tsedaka, présidée régionalement par Thierry
Sillam, s’est déroulée dans une
Les enfants se concentrent et se préparent avant de donner un tour de chant endiablé
d’Arié Bensemhoun, le Président
de l’ACIT ou de Pierre Bendayan
le Président régional de l’AUJF,
en dépit du phénomène croissant
d’Alyah, qui voit le départ de
nombreux membres actifs de la
communauté, ceux qui restent
sont déterminés à faire entendre
leur voix et à se mobiliser pour
les actions indispensables du
FSJU. Les élus, toute tendances
confondues, étaient nombreux à
Thierry Sillam, président de la Tsédaka
campagne, qui a demandé une
mobilisation forte de tous les
mouvements de jeunesse (EEIF,
BBYO, Lev Tahor, Jeunesse
Loubavich), de la radio Kol Aviv
et des trois écoles juives de Toulouse.
La présence chaleureuse et talentueuse d’Enrico Macias - plusieurs
fois parrain de cette campagne perçue comme le remède anti morosité, l’investissement de la cho-
L’antenne radio Kol Aviv installée pour la
journée à la Halle aux Grains
AVIVmag n°203 décembre 2014
27
Katia Nakache
Jeunesse
NOUVEAU
Les associations
acit31.com
LE SITE WEB DE L’ACIT
L’EDJ
Animation du centre : des idées à profusion…
Pour les dames, pour les messieurs, pour les jeunes et pour les
enfants, des activités pour tous
et pour tous les goûts…
Le grand loto organisé en collaboration avec l’ACIT
On n’arrête plus Katia Nakache, directrice de
l’EDJ. Une fois les fêtes de Tichri terminées,
elle a relancé son programme, poursuivant toujours la même ambition, redonner vie à
l’Espace du Judaïsme, avec des cours de
Zumba, le centre aéré pendant les congés sco-
laires, un loto géant en collaboration avec Patricia Dassa, directrice
de l’ACIT, etc…
Le 30 novembre, c’était un dimanche de pluie, un de ces jours où
l’unique envie qui motive est de
rester au chaud et au sec chez soi,
est devenu un jour tout en couleur
pour les dames. Entre amies, en famille, journée mère-fille, journée
grand-mère - mère et petite fille,
elles sont venues partager un moment de détente et de plaisir où le
seul objectif est de penser à soi
dans une convivialité toute en douceur. Avec plus de 100 femmes
présentes, cette journée fut un
grand succès. « Ca fait du bien de
se retrouver dans ce contexte ! » disaient certaines, « c’est une très
bonne idée une journée rien que
pour nous ! » disaient d’autres. En
tous les cas, toutes étaient unanimes pour dire que Katia déborde
d’énergie et d’idées. En collaboration avec Eydel Weill, épouse du
Rabbin A. Weill de Toulouse Katia
Nakache a travaillé sur cette journée avec différentes partenaires, artisanes qui fabriquent
des bijoux, esthéticiennes venues proposer des
produits de beauté, manucures, masseurs, maquilleuses, coiffeuses et autres stands. Miss
Midi-Pyrénées 2013 était même présente pour
quelques prises de clichés et quelques conseils
EEIF : longue vie à
la région Sud-Ouest !
Il était temps pour tout notre
groupe de tous se retrouver
après les camps de cet été !
Et c'est pendant les vacances de la Toussaint,
que les membres de notre Groupe Local ont
séjourné près de Saint-Lary pour un camp de
6 jours sous le signe de nos trois piliers, scoutisme, judaïsme et citoyenneté...
Mais cette année, il y avait également le groupe
de Bordeaux ainsi que le groupe de Montpellier.
C’est donc à 150 que nous nous sommes retrouvés pour un premier séjour, les trois groupes
de notre région réunis. C’est ainsi qu’a démarré
la grande aventure EEIF de la région SudOuest : on souhaite une longue vie à cette région
Sud-Ouest, qui promet !
mage de la première bougie. En même temps,
les amateurs de foot ont pu partager un moment de « fiers supporters » devant la
retransmission du match de Barcelone – Paris
Les Singers (Equipe BC)
Les Team' Tea (Equipe BM)
Emily (Bordeaux) et Lior (Toulouse) posent avec
la reine d'angleterre
Une année qui promet ...
Et Baroukh’aba à tous les
nouveaux enfants du groupe de
Toulouse
Le rendez-vous qui a suivi fut placé sous le
signe de la générosité : la journée Tsedaka !
La radio aux mains des enfants, c’est une idée, non ?
La mode était au rendez-vous pour le nombreux public
féminin de cette Journée.
De nombreux stands ont fait le plein pendant la Journée
des femmes du dimanche 30 novembre.
28
AVIVmag n°203
de défilé. Pour quelques euros, chacune pouvait aller bon gré se faire plaisir.
Le 10 décembre, en début de soirée, le hall de
l’EDJ s’est transformé en grand « marché de
Hanouccah », où petits et grands ont pu venir
parfaire leurs achats une semaine avant l’allu-
pour la ligue des Champions.
Enfin, s’appuyant sur le succès de la soirée du
31 décembre 2013, et pour répondre aux attentes des membres de la communauté, une
grande soirée de fête sera organisée le 31 décembre 2014. Les personnes présentes l’an
passé l’attendent et suscitent l’envie chez d’autres… effet boule de neige pour une soirée qui
s’annonce grandiose.
Yaël Rueff-Salama
Nathan, Lior et Ava at the English Breakfast !
Les membres de la branche perspective ou
“Pifs” (16-17 ans), ainsi que les Zadecks (chefs
d’équipes de la branche moyenne, 11-15 ans)
ont tout d’abord participé avec notre maitrise à
l’organisation de cette grande journée du 16
novembre.
Les Eclaireurs et les Bâtisseurs ont ensuite rejoint les plus grands pour chanter sur la scène
de la Halle aux Grains. Alors pour ceux qui ne
l’ont toujours pas compris… Donnez donnez
do-onnez, D. vous le rendra !
Durant les vacances de décembre, nous serons
présents au Conseil National des EEIF, qui se
déroulera du 21 au 24 Décembre à Jambville,
où seront votés les lois EEIF pour les prochaines années.
20 membres des EEIF Toulouse représenteront
aussi notre groupe local de Toulouse aux stages
de formation zadecks et animateurs organisés
par le Centre National, du 24 au 31 Décembre.
La suite de l’année sera marquée par deux évènements très attendus : le premier camp d’hiver
au ski, qui aura lieu du 15 au 22 Février en
Suisse, ainsi que l’anniversaire du Groupe Local
des EEIF Toulouse Lazare Brousse qui célèbrera cette année ses 75 ans !
On vous dit à très bientôt pour la suite de nos
aventures.
Dana Bensimon et Johanna Dray
Responsables du groupe local des EEIF Toulouse
AVIVmag n°203 décembre 2014
29
brèves
brèves
Jeudi 13 novembre
Edifices religieux
500 synagogues…
sur 100 000 édifices
religieux en France
On dénombre en France en moyenne 2,5 édifices religieux par commune, dont 15 000 protégés au titre des
monuments historiques.
Le patrimoine catholique représente 45 000 églises paroissiales, ainsi qu'un grand nombre de chapelles
privées, abbayes, et autres monuments aujourd’hui désaffectés. On dénombre également 3000 lieux de culte
protestants, dont 1200 temples et églises réformées ou
luthériennes et 1800 églises évangéliques, 2 200 mosquées, 500 synagogues et 300 temples bouddhistes.
Centenaire 1914-2014
Palaprat honore
les anciens combattants
Dimanche 30 novembre
Dimanche 30 novembre
Une table ronde rabbinique
sur la violence dans la Torah
Le Pape François demande
au monde musulman de
condamner le terrorisme
Dans l'avion qui le ramenait dimanche 30 novembre 2014 de
Turquie, le Pape François a donné une longue conférence de
presse aux journalistes internationaux qui l'accompagnaient.
Extraits.
“Il est vrai que devant ces actes terroristes qui ne sont pas
seulement commis dans cette zone, mais aussi en Afrique,
il y a une réaction qui consiste à dire : ‘si c'est l’Islam, je
me mets en colère'. Et tant de fidèles de l’Islam sont offen-
En présence des représentants des anciens combattants, des portes drapeaux, des représentants des corps constitués, William Mimoun a
conduit la cérémonie de commémoration de l’armistice de 1914-18,
évoquant la mémoire de tous ceux qui ont défendu les couleurs de la
France, ainsi que celle de Robert Nakache, disparu l’an dernier.
Les enfants du Gan Rachi ont ensuite entonné la Marseillaise et fait
revivre les témoins de la guerre par la lecture d’émouvants textes
PL
d’histoire et de lettres de “poilus”.
Photo Le Figaro
Roger Attali a questionné les rabbins Avraham Weill et Mordekhaï Bitton
From :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_édifices_religieux_de_France
De g. à d. Salomon Attia pour le CRIF, Aviv Zonabend pour la mairie de Toulouse, Avraham
Weill, rabbin de Toulouse, Achour Baaly, représentant des Harkis et du haut commissariat des rapatriés, Lucien Vieillard représentant les anciens combattants.
Ci-dessous, les enfants du Gan Rachi accompagnés par Madame Beck
A Toulouse, nous avons le privilège de côtoyer des personnalités
dont l’aura dépasse notre cité. Nous avons posé la même question
à deux éminents rabbins : quelles lectures faites-vous de la violence telle qu’elle apparaît dans les textes sacrés ?
Avraham Weill, rabbin de Toulouse, et le Rav Mordekhai Bitton
ont répondu aux questions de Roger Attali à propos des différents
regards que l’on peut porter sur la présence de la violence dans
les textes sacrés, notamment dans le premier livre de la Torah,
qui contient à lui seul de nombreuses guerres, meurtres, et autres
occasions d’observer des solutions brutales, cruelles, mais pas toujours définitives. Une exégèse de haute qualité en temps limité,
mais qui a quand même permis au public de poser des questions.
Cette rencontre a généré un dialogue fructueux et passionnant.
sés. Tant et tant de Musulmans disent "mais nous ne
sommes pas cela, le Coran est un livre de paix, un livre
prophétique de paix". Cela n'est donc pas l’Islamisme. Je
comprends cela. Je crois sincèrement que l'on ne peut pas
dire que tous les Musulmans sont des terroristes(…)J'ai
dit au Président qu'il serait beau que tous les leaders musulmans, leaders politiques, leaders religieux, leaders
académiques, disent clairement, condamnent clairement
ces actes… Nous devons toujours distinguer la proposition
d'une religion de l'usage concret qui en est fait.”
From Jean-Marie Guénois, le Figaro du 30/11/14
dimanche 14 décembre
La synagogue Palaprat de Toulouse construite en 1870
Haïm Korsia : « être Français n’est pas quelque chose que
Vendredi 14 novembre
vous pouvez facilement mettre de côté »
Son sens de l’humour, son comportement informel et ses intérêts dans de larges domaines – il
admire l’art abstrait de Mark Rothko et de Pierre Soulages et il est un supporter de l’équipe de
football du Paris Saint Germain – lui ont apporté l’affection du public français.
Mais c’est la volonté de Haïm Korsia d’aborder les positions de longue date parmi l’establishment juif français qui le distingue vraiment des chefs spirituels de cette communauté forte
d’environ 500 000 âmes, la plus grande d’Europe.
Né à Lyon d’un éminent rabbin qui a immigré avec sa femme depuis l’Algérie dans les années
1950, les actions de Korsia manifestent une prédilection pour l’unité sur le strict respect de la
tradition.
Haïm Korsia, qui a refusé de parler de sa famille, sauf pour dire que tous ses enfants vivent en
France, veut favoriser une plus grande unité entre ceux qui restent. Quant à ceux qui partent,
il croit que beaucoup d’entre eux vont revenir. « Croyez-moi, être français n’est pas quelque
chose que vous pouvez facilement mettre de côté », a-t-il dit. «Même si vous essayez. »
From Cnaan Liphshiz “the times of Israel”
30
AVIVmag n°203
Au Mémorial de la shoah
Marie Vaislic
témoigne dans un livre
Elle s’appelait Marie Rafalowitz, elle avait
14 ans.
L’histoire commence le 24 juillet 1944 par une
scène d’arrestation, dans la maison de ses parents, dans le quartier Saint-Michel, où elle
est dénoncée à la Gestapo par un voisin. Tout s’enchaîne très vite : la police,
le train bondé stationné plusieurs jours en plein soleil gare Raynal, puis le
départ enfin pour Drancy. Mais le train ne s’arrête pas à Drancy et continue
sa route vers l’Allemagne.
Deux semaines de cauchemar dans un wagon surpeuplé vont s’achever sur
la rampe du camp de déportation de Ravensbruch. Quatre mois plus tard,
elle sera transférée à Bergen Belsen, un camp d’extermination. Marie n’y
succombera pas, elle sera libérée à 15 ans, le 15 avril 1945, et rentrera chez
ses parents, juifs polonais installés comme commerçants forains à Toulouse.
Marie n’avait rien raconté. Car personne, pas même ses parents, n’offre la
moindre écoute aux récits terribles qu’elle avait en elle. La famille réunie, la
guerre terminée, la vie reprend, Marie poursuit ses études jusqu’au Bac et
passe le concours de sage-femme. Puis elle épouse Jean Vaislic, un Toulousain Polonais comme elle, et comme elle rescapé de la Shoah.
Il a fallu presque 70 ans, une vie, pour que Marie parvienne à assembler
et ordonner ses souvenirs, intacts, dans un livre. Une première tentative
par le biais de récits transmis et mis en mots par à une tierce personne
n’avait pas convenu à Marie, trop exigeante pour accepter le moindre compromis avec sa mémoire et la réalité vécue.
Elle a finalement entrepris d’écrire elle-même son récit, avec la patience et
la résolution qu’elle déploie en toute chose. C’est le Mémorial de la Shoah,
qui a pris en charge l’édition
de ce recueil exceptionnel.
Une présentation est prévue le
dimanche 14 décembre à 14 h
30 au Mémorial de la Shoah à
Paris, une autre à Montauban
le 25 janvier 2015 à 17 heures
et enfin au Gœthe Institut de
Le Mémorial de la Shoah à Paris, dans la Marais
Toulouse le 2 février à 18 h 30.
Marie Vaislic, “Seule à quatorze ans à Ravensbrück et Bergen-Belsen”. Collection
Témoignages de la Shoah.
Pierre Lasry
AVIVmag n°203 décembre 2014
31
Entretien
Jean Lévy
“CE QU’IL RESTE DE L’OUBLI” : UNE SAGA FAMILIALE FOISONNANTE
Je vois même qu’il est question à
un moment de faire renaître le
trône de France…
Oui, à Alger, il y a eu une tentative
d’Henri d’Astier de La Vigerie qui
32
AVIVmag n°203
res-
a eu un frère bien connu qui passait
à la télévision et qui avait un autre
frère, François d’Astier de La Vigerie qui était Général et conseiller de
de Gaulle à Londres. Il y a donc eu
une tentative de restauration du
Comte de Paris qui était venu secrètement à Alger. Cette tentative a
échoué comme a échoué une autre
tentative de restauration dont aucun
Français n’est au courant.
C’était au début de la 5e République, en 1959, quand de Gaulle
espérait ne pas se présenter. Il
comptait à ce moment là que le
Comte de Paris se présenterait à la
Présidence de la République en
1962 après avoir été nommé Président de la Croix Rouge
Internationale pour être médiatisé
auprès des Français. C’est une histoire de fou qui a été arrêtée net par
Michel Debré qui a menacé de démissionner et d’organiser une
conférence internationale pour expliquer comment un coup d’Etat
monarchique était en train de se
préparer un France. Personne ne
connaît cette histoire, elle n’est pas
dans mon bouquin.
Comment devient-on écrivain du
jour au lendemain ? Comment ça
se passe en pratique ? C’est tous
les matins ? Tous les soirs ?
Pour moi c’était tous les soirs,
quelque fois le matin mais c’est plutôt le soir. Toute ma vie, j’ai écrit, j’ai
fait beaucoup de radio. Jusqu’à ces
derniers temps, je m’occupais d’une
émission de radio à Judaïques FM
à Paris. J’écrivais beaucoup de
choses mais je n’avais effectivement
jamais écrit un bouquin.
Les enfants, comment ont-ils pris
cela ? Comme le cadeau d’un papa
gâteau ou bien comme une intrusion dans leur vie intime ?
C’est vrai qu’au moins ma fille qui a
été à l’origine, m’a dit que certains
chapitres l’ont fait pleurer. Ce n’était
pas pour la faire pleurer, mais c’est
vrai que c’était émouvant, je pense.
Mon fils Samuel, qui est au Canada
maintenant, est en train de le lire.
Tout ça est très récent, ça vient de
paraître. Je n’ai pas fait ça seulement pour eux, j’ai fait ça pour les
enfants de ma fille et mon fils et
peut-être de futurs enfants à venir.
C’était un moyen de raconter la mémoire, ce qu’il reste après l’oubli.
Tout le monde peut écrire. Je
voudrais que vous témoignez de la
façon dont on peut, un jour sauter
à l’eau, se mettre à écrire.
Question difficile. Peut-être que tu
te mets à écrire parce que c’est un
moyen de dépasser des difficultés
personnelles. J’ai une merveilleuse
maison dans le Tarn et souvent j’y
suis seul. Ecrire c’était une façon
aussi de meubler un espace, du
temps.
Et puis j’ai la chance extraordinaire
d’avoir des archives incroyablement importantes que m’a
demandées le musée Lohamei haGetahot en Israël. C’est le musée
des survivants du Ghetto de Varsovie. Depuis des années l’une des
ponsables me demandait ces
archives ; je ne voulais pas le faire
parce que je me disais : « il faut que
je fasse les photocopies pour mes
enfants ». J’ai ouvert des cartons,
des caisses entières. Il faudrait des
années et un archiviste pour traiter
cela. Au point que, comment ai-je
travaillé ? Je mettais des cartons
autour de moi, je mettais le bras
dans un carton, je sortais des lettres. Je me disais : «Tiens ça peut
me servir » !
C’est la seule solution que j’avais.
Je faisais du roman autour. Mais
tout est vrai, tout est faux. Je parle
aussi beaucoup dans ce livre de
mon père, c’est un peu un livre en
souvenir de mon père.
Mon père était un Monsieur Albert
Levy, quelqu’un d’un peu exceptionnel dans les années vingt. Il
était Administrateur des Colonies
Françaises, dans ce qu’on appelait
l’Afrique Occidentale Française,
aujourd’hui le Sénégal, le Soudan,
aujourd’hui le Mali, le Niger, la
Haute Volta, aujourd’hui le Burkina Faso, j’ai été enfant dans ces
pays avec mon père. Et j’ai été
bercé par des histoires incroyables,
des histoires d’Africains, des histoires merveilleuses, des histoires
folles, des histoires terribles. Et ce
livre, c’est aussi beaucoup de l’histoire de mon père qui a
évidemment vécu la guerre, qui a
échappé à la Shoah par miracle, qui
a été trompé, trahi etc… comme
tous les gens qui s’appelaient Levy.
Je suis né en 1942 d’Albert Levy et
Yvonne Schneider. Je suis un peu
ashkenaze, un peu séfarade, des
deux côtés.
Sur la couverture, il y a une vieille
voiture des années vingt. Eh bien,
celui qui conduit, c’est mon père.
La personne à côté de lui semble
être une dame, mais je ne sais pas
qui elle est. “
“
Jean Levy, on vous connaît
comme le créateur d’une école de
photo et d’audiovisuel bien
connue à Toulouse. Aujourd’hui,
un livre ; pourquoi, et est-ce le
premier d’une série ?
“C’est un long travail d’écrire un
bouquin et ce ne sera peut-être que
le premier. Pourquoi j’ai écrit ce
livre : c’était il y a quelques années,
ma fille (j’ai une grande fille et un
fils) me dit : « Est-ce que tu peux
nous raconter l’histoire de la famille ? ». C’est une question qui est
restée dans mon esprit pendant plusieurs mois, plusieurs années même
et raconter l’histoire de la tante Machin… l’oncle Truc… Je ne voyais
pas très bien. Et puis un jour, je me
suis dit : « Je vais faire un roman de
toutes ces différentes familles qui
ont traversé le 20e siècle, la fin du
19e jusqu’aux années 65/70. C’est
une histoire de la famille, mais c’est
totalement romancé puisqu’il est
bien évident que quand mon père
est né à Mexico en 1901, je n’y étais
pas. Donc, je raconte des histoires
qui se passaient au Mexique, je vais
décrire des lieux, des conditions historiques, je vais décrire comment ils
ont fui Mexico quand il y a eu la révolution mexicaine. Je vais
reconstituer et faire un roman de
toute cette saga. C’est une saga historique ».
Il faut dire que j’ai eu plusieurs
cordes à mon arc tout au long de ma
vie professionnelle. C’est vrai que
j’ai été un spécialiste de l’image
toute ma vie. J’ai fait l’Ecole de la
rue de Vaugirard, aujourd’hui
l’Ecole Nationale Louis Lumière,
mais j’ai aussi passé un diplôme
d’Histoire en Français. A l’époque,
ça pouvait se faire en Français à
l’Université Hébraïque de Jérusalem. Donc, j’ai fait un vrai travail
d’historien puisqu’à un moment
donné, je parle d’une situation historique qui est l’assassinat du
fameux Darlan en 43 pendant la
guerre de 39-45.
Propos recueillis par Pierre Lasry
“
Salomon Attia
DE L’UEJF AU CRIF, UN INALTÉRABLE SUPPORTER DE LA CAUSE JUIVE
Salomon,
vous êtes…
au CRIF ?
Président de l’UEJF pendant
les années 2000, trésorier puis
secrétaire général du CRIF,
connu pour ses yeux bleus, sa
carrure et son visage ; son engagement contre l’antisémitisme
est incessant, ses actions sont
efficaces, portrait d’un jeune
trentenaire… Salomon Attia
E N T R E T I E N
“J’ai 37 ans, je suis secrétaire général du CRIF Toulouse
Midi-Pyrénées. Je suis dans la
vie civile employé de banque.
Votre visage est connu, vous
avez été Président de l’UEJF
Midi-Pyrénées, actuellement au
CRIF, on vous voit dans toutes
les manifestations communautaires, quel a été votre
cheminement ?
Mon cheminement a réellement
commencé lorsque je suis entré à
l’UEJF en temps que vice-président dans un premier temps, puis
l’année suivante comme président, entre 2000 et 2004. Au
début, comme tout jeune étudiant, je pensais que ce
mouvement se résumait à un apport ludique et festif pour les
jeunes. Or, j’ai très vite compris
que l’UEJF est une force. A travers elle, il y a des combats
identitaires, politiques, associatifs
à mener, notamment contre l’antisémitisme. Nous étions dans les
années 2000 au début de la seconde Intifada et au début de la
recrudescence des actes antisémites. Pendant les quatre ans de
présidence, au delà de la Convention Nationale « Fils d’Abraham
et de Marianne », des soirées Mimounight, où nous réunissions
600 personnes en moyenne, nous
organisions des soirées confé-
rences-débats sur tous les thèmes
– la shoah, l’actualité, l’antisémitisme,
mais
aussi
des
manifestations – avec en particulier celle en réaction à la sortie de
prison de M. Papon. Nous faisions des voyages en Israël au
cours desquelles nous organisions des conférences sur les
problématiques géopolitiques.
Nous étions aussi présents dans
les universités pour que les étudiants juifs puissent trouver un
soutien dans le cadre de leurs
études. Nous étions là pour proposer
aux
jeunes
des
argumentaires de défense pour
répondre aux invectives anti-israéliennes et vivre leur judaïsme
en toute quiétude.
A ce moment là, beaucoup de
jeunes étaient présents et réponPeu de ceux qui restent prennent
part à la vie communautaire,
et c’est dommage.
Nous avons besoin d’eux
pour devenir les responsables
communautaires de demain.
daient aux appels de l’UEJF,
nous comptions près de 150 personnes par activités, la
configuration communautaire
était alors différente. Aujourd’hui
malheureusement, la communauté change, beaucoup de
jeunes partent, et proportionnellement peu de ceux qui restent
prennent part à la vie communautaire, et c’est bien dommage.
Nous avons besoin d’eux pour
devenir les responsables commu-
nautaires de demain.
J’ai vécu l’UEJF comme véritable tremplin entre le monde des
mouvements de jeunesse et la vie
de responsable communautaire.
Et après l’UEJF ?
J’ai cherché, en toute logique
avec les engagements de l’UEJF,
à travailler au CRIF. Au départ,
j’assistais aux réunions, puis très
vite j’ai cherché à m’investir.
Sous la présidence de Nicole
Yardeni, nous avions avec Marc
Stzulman la responsabilité de la
commission « antisémitisme ».
Puis, nous avons été tous les
deux élus au bureau exécutif,
pour ce qui me concerne comme
trésorier, puis comme secrétaire
général. Je travaille depuis auprès de Nicole et du bureau.
Nous développons les relations
avec les politiques, nous menons
des actions de médiation avec les
responsables des associations,
avec les autorités civiles…
Outre l’organisation des dîners,
j’ai préparé la venue des Imams
israéliens pour le Yom Hashoah
2013 à la synagogue de Palaprat.
En réponse à un voyage d’Hassen Chalghoumi, Imam de
Drancy, un an après les évènements d‘Ozar Hatorah, j’ai été
très marqué par ce déplacement
et par cette journée.
Quel est le combat qui vous
tient le plus à cœur ?
C’est certainement la lutte contre
l’antisémitisme. Le fait de vivre
dans une société qui prône le res-
pect et la liberté de chacun est la
chose la plus précieuse.
Aujourd’hui notre socle démocratique est fragilisé par la
montée des extrêmes. Il faut
trouver des solutions afin de préserver notre espace laïc. Le
dialogue, le débat et l’échange
sont certainement des modes de
thérapie importants.
Je pense que la force de la communauté juive est de rester
toujours digne et debout, comme
le prouve l’après 19 mars. Nous
avons montré notre force et notre
détermination. Nous avons refusé de stigmatiser une
population, et refusé de passer
par l’usage de la violence. Depuis
ces évènements, le CRIF travaille
tous les jours avec plusieurs responsables
communautaires
musulmans, catholiques et laïcs.
Quel regard portez-vous sur le
contexte français politique ?
La confiance des français dans les
partis républicains est ébranlée,
au profit des partis extrémistes
qui prônent la haine et la xénophobie. En revanche, le
gouvernement et les partis républicains ont pris conscience de la
montée de l’antisémitisme et sont
à notre écoute.
Sur le contexte politique israélien, nous devons bien faire
comprendre que le conflit ne doit
pas être importé en France. Aujourd’hui nos détracteurs essaient
de propager l’antisémitisme en se
servant de ce contexte. En 2002,
nous criions déjà « synagogues
brûlées, République en danger !», aujourd’hui nos écoles et
nos institutions doivent être protégées par la police. Il faut que
cette escalade de violence cesse,
il en va de toutes les valeurs que
nous défendons.
“
“
Entretien
Sur quoi travaillez-vous en ce
moment ?
Je monte depuis trois ans un projet de mémorial à Noé, ancien
camp d’internement”.
Propos recueillis par Yaël Rueff-Salama
AVIVmag n°203 décembre 2014
33
Monique-Lise Cohen
Culture
le feuilleton
historique
claude
denjean
ExPOSITION - FILM
Résister !
La transmission des traditions musicales
à la demande de la ville, pour tenter d’expliquer toutes les formes de résistance
dont ont fait preuve les Juifs d’Europe confrontés à la guerre, aux persécutions, à la Shoah.
en Occident et en Méditerranée occidentale
Carte blanche à Monique-Lise Cohen, qui a investi l’Espace des Diversités et de la Laïcité de Toulouse,
L
mée Juive en 1941 ou la Résistance
des EEIF dans le maquis de la Montagne Noire. Une histoire que M. L.
Cohen n’a de cesse de travailler et de
relayer « pour ne jamais oublier ! ».
aurent Lesgourgues,
conseiller municipal délégué en charge des
questions relatives à la diversité
et à l’égalité, a organisé la 9e
édition de la journée internationale de lutte contre le fascisme
et l’antisémitisme.
Cette journée, célébrée tous les 9 novembre, est à l’initiative de l’ONG
UNITED Réseau Européen contre le
racisme, l’antisémitisme et le fascisme,
et pour le soutien des migrants et des
réfugiés. Pour la seconde année et depuis sa création en 2012, l’Espace des
diversités et de la laïcité de Toulouse a
accueilli cette manifestation. Pour
cette occasion, la Mairie a sollicité
Monique-Lise Cohen, spécialiste de
l’Histoire Juive de Toulouse et de la
Seconde Guerre Mondiale, pour mettre en place une exposition portant sur
les Juifs dans la Résistance, spécifiquement axée sur l’histoire régionale.
Au fil des quelque onze panneaux,
sont relatés la situation des Juifs en Europe,
la montée de l’antisémitisme, des chiffres édifiants comparant le nombre de Juifs par pays
avant et après la Guerre. On peut y lire des
extraits de roman, de réflexion, de lettres tous
à la fois poétiques et terribles, écrits dans les
camps par des prisonniers connaissant leur
sort. Bien entendu comme fil rouge de cette
La musique accompagne la liturgie et la fête. De nombreux
chants connus nous viennent du Moyen Âge.
exposition les différentes formes de Résistance. Celle-ci pouvait être religieuse ; les
rabbins ne répondaient pas à l’appel des SS
dans les camps d’extermination, en référence
aux enseignements du Talmud qui indiquent
qu’on ne doit pas aller vers la mort mais on
doit attendre qu’elle vienne nous chercher.
Mais elle se manifestait surtout sous des
formes plus dures avec la naissance de l’Ar-
En milieu d’après-midi a été diffusé
un extrait de son film « Camps d’internement du midi de la France,
entre histoire et mémoire (19391944) ». Nous y apprenons qu’une
classe de primaire a mené une enquête à partir de photos de classe en
1942, portant sur la disparition de
deux d’entre eux, enfants juifs au
destin incertain. Un exercice passionnant pour les enfants de cette
classe de 2013 qui réalisent la dimension concrète de la guerre et de la
shoah.
Laurent Lesgourgues a réaffirmé
qu’il n’existe aucun compromis dans
le combat de la lutte contre l’antisémitisme et le fascisme, que celui-ci
doit être continu et sans concession.
Il a annoncé dans le même temps la
réouverture du conseil municipal de la laïcité,
réunissant les référents religieux de chaque
obédience, qui donnera lieu à des conférences
de presse, des conférences et des expositions.
Un combat sans relâche !
Yaël Rueff-Salama
Bible Ulm ? XIIIe s. (Milan, Bibliothèque de
l’Ambrosiana, ms. B 32, f. 136)
Le chant, une tradition
Le rôle de la musique dans la liturgie
n’est pas à démontrer. Les kele shir, instruments de chant, tels le tambourin, la
harpe, le chalumeau, la trompette, accompagnaient l’interprétation des
Psaumes sur des airs consacrés. Isaac Abrabanel (1437-1508),
dans son Commentaire de la Torah affirme : « Les auteurs de tous
ces poèmes […] visaient, en composant leurs pièces, à l’accord,
à l’harmonie des lettres avec les sons de la voix … ». La cantilation synagogale est ornement du discours et solennisation de
la parole. Les principes de base restent stables sur une longue
durée. Le chant synagogal évolua lors de l’introduction du
piyyut dans la liturgie fondamentale.
L’usage du chant profane fut parfois vigoureusement critiqué.
Ainsi Maïmonide condamne « quiconque s’adonne à l’écoute
d’une chanson licencieuse, en arabe ou en hébreu, exécutée par
une femme et accompagnée de musique instrumentale… » L’expression vocale est privilégiée selon le Midrash, « Le Saint Béni
soit-Il a dit : Bien que vous m’ayez glorifié par les harpes et par
les lyres, rien ne m’est plus agréable que le son de vos voix. »
La transmission et les compilations
De nombreuses œuvres demeurent dans le répertoire commun.
Une tradition (re)fondatrice date de la renaissance de l’hébreu
dans le monde andalou. Le Abinu malkenu attribué à Akiba
ben Yosef est toujours d’actualité, le Yede Rasim de Yehuda haLevi (1075-1141), l’auteur des Poèmes de Sion et du Kuzari,
toujours chanté, comme le Ki esmerá sabat de Abraham ibn
Ezra (v. 1089-1167).
Divers manuscrits médiévaux hébraïques sont encore conservés. Pour le seul XIVe siècle, on peut contempler à Florence un
anonyme provençal, un traité parisien à la BnF (Ms. héb.
1037), l’un des onze manuscrits du Trésor des rois du tolédan
Ibn Latif Isaac ben Abraham (v. 1210-v. 1280), le Commentaire
sur le chant de Salomon (1281-1284) de Sahula Isaac ben
34
AVIVmag n°203
Ferrare ? XVe s. (Bibliothèque Universitaire
de Bologne, ms. 2197 f. 23 v.)
Salomon (1244-v. 1309) à Oxford, le De numeris harmonicis
de Gersonide (v. 1288-v. 1344).
Certains auteurs, philosophes, mathématiciens, astronomes,
éminents kabbalistes, continuent à rechercher dans la musique
l’harmonie universelle. Comme en Andalousie au IXe siècle,
l’accord des instruments a un sens profond. Celui du ‘ûd a des
équivalences cosmiques et correspond aux humeurs du corps.
Zîr
Al-Mathnâ
Corde de Ziryâb*
al-Matlath
al-Bamm
Jaune
Rouge
Rouge foncé
Blanc
Noir
Feu
Air
Vie
Eau
Terre
Bile
Sang
Âme
Flegme
Atrabile
* corde ajoutée
Musique pour Hanoucca
Une famille de lettrés marocains des XVIIe et XVIIIe siècles,
Jacob, Moïse et Shalom Aben Sur, nous a légué sept poèmes
pour Hanouccah. Le corps de chaque pièce développe deux
thèmes essentiels : le récit de l’épopée hasmonéenne et sa
commémoration par les gestes (rites, liturgie, manifestations
folkloriques). La pièce à refrain du qaddish est formée de
treize quatrains suivant l’acrostiche YMY HNWKH
SMWNH (les jours de Hanouccah sont huit).
On trouvera des poésies et des analyses dans Haïm ZAFRANI, Traditions poétiques et musicales juives en Occident musulman, Paris,
UNESCO, 1988. Des manuscrits sont disponibles sur la base Mandragore, de la Bibliothèque nationale de France. Les enregistrements sont
nombreux. On citera la compilation bien illustrée de Jordi Savall, Jérusalem, parue en 2008 chez AliaVox et le très beau El canto espiritual
judeo español de Alia musica chez Harmonia Mundi.
AVIVmag n°203 décembre 2014
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Dominique Khalifa
Culture
Culture
Anny BECK
Lectures
CHARLOTTE
Un livre de David FOENKINOS
Prix Renaudot et Goncourt des Lycéens
Vie ? ou théâtre ?
Dominique est revenue nous
apporter son regard sensible et
singulier sur la littérature
d’aujourd’hui. Et le bonheur de
partager un peu son éclectique
panthéon : Auster, Attali,
Bruckner, Djian, Lehrer et
Nothomb…
C’est le titre que Charlotte Salomon, jeune peintre juive allemande, donne à son œuvre.
Une partition singulière, à la fois picturale et littéraire, illustrée de références musicales.
« C’est toute ma vie »… « Une vie passée au filtre de la création, pour obtenir un travestissement du
réel »... Son passé. Recomposé deux années durant, confinée dans la chambre exiguë d’un
petit hôtel de St Jean Cap Ferrat. Dans l’urgence. Avant d’être déportée, en 1943, à l’âge de
26 ans, enceinte…
Salve de louanges posthumes. L’œuvre figure aujourd’hui, au musée juif d’Amsterdam.
David Foenkinos traverse un destin funeste et troublant, l’arrachant à l’oubli dans un texte
d’une puissance poétique intense, et d’une violente charge émotionnelle.
Une ronde fusionnelle et magnétique
Rapport fusionnel de l’auteur à son émouvante
héroïne. Çà et là, David Foenkinos apparaît dans le sillage de Charlotte, « marchant dans l’œuvre », avouant ses
attentes et son obsession, sa fascination, dans un hommage étincelant. Comme un roman dans le roman.
Cette fascination d’un auteur pour son héroïne nous
rappelle « Alabama song », où la voix aussi intense et
solaire de Gilles Leroy est habitée par Zelda Fitzgerald.
Dans les deux récits, comme sur une toile, l’approche
visuelle des reliefs est instantanée. Reliefs d’un long
poème libre, ici. Strophes débridées. Rimes enclavées.
Des mots « posés sur le malaise », poignants de retenue,
vite bordés de points-à-la ligne. Vite soulignés d’espaces. Ces espaces et ces frontières, où l’auteur
s’insinue, contenant son trouble et sa respiration.
La voix de Gilles Leroy fut couronnée d’un Goncourt,
en 2007, comme un hommage plus fort encore à son
héroïne.
L’on s’était pris à imaginer le triomphe, sept années
plus tard, de David Foenkinos. Comme une plus large
révérence, presque une revanche, là aussi, pour une
artiste lumineuse, incomprise et mal connue, dont « la
route ne sera pas un chemin de roses »…
L’œuvre est finalement consacrée par le prestigieux
prix Renaudot et par le Goncourt des Lycéens .
Entre réel et fiction, la perception
d’une artiste fulgurante
C’est à plus d’un titre, que l’on peut rapprocher les
deux œuvres.
Là encore, bien plus qu’une biographie, bien plus
qu’une fiction, Charlotte figure une perception. Non
qu’on la connaisse, ou la rêve. On la sent.
Entre vie et théâtre, perception tout d’abord, de ce
qu’est justement l’arrangement avec la réalité dans la
vie de Charlotte Salomon, bordée par ce refrain familial de la mort.
- Charlotte qui apprend son prénom sur une tombe…
Sa tante. Suicidée. Comme un peu plus tard, sa
mère…Une méchante grippe lui fait-on croire. Plus
de dix années de silence… De théâtre. Et puis la
grand-mère. Et puis l’oncle, etc. etc. etc.…
Entre vie et théâtre encore, perception de sa conscience
d’artiste.
Perception de cette « densité » créatrice « qui se propage
en elle, comme du sang dans de l’eau ».
Perception d’un être aérien, pris dans le champ
d’émotions contradictoires. Être fragile au génie grandiose, contant la fièvre et les silences, et l’imminence
du péril.
Un être dévasté, poussé dans la nuit.
Et puis, là aussi comme pour Zelda, mais d’une autre
manière, la perception, au final, d’une « salamandre »,
« celle qui traverse les flammes sans jamais se brûler »…
Voilà bien ce qui fait du livre de David Foenkinos,
une œuvre troublante, puissante et sublime : rendre à
Charlotte sa grâce et son pouvoir, son souffle et son
regard, bien au delà de l’effroi et des flammes. Extraite
« du moment »…
« Pour être là. »…
Entre vie et théâtre.
36
AVIVmag n°203
Les pages
d’Anny
Nobel, Goncourt, Fémina, Renaudot, le millésime 2014 peut être tenu pour une bonne cuvée. Commençons par le
plus prestigieux des prix littéraires, le Nobel qui vient d’être décerné
à Patrick Modiano avec la citation suivante :
« Récompensé pour l’art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l’occupation ».
Mais derrière un livre, il y a toujours un auteur, alors qui est Patrick
Modiano ?
Il est né en 1945. Son père est juif, sa mère flamande. Très vite, ces parents indignes confient leurs enfants - Patrick et son frère Rudy – à des
familles et dans différents internats.
Une question angoissante se pose toujours à lui : comment étant juif, le
père a –t-il pu se déshonorer avec la pègre et la collaboration ? Jusqu’au
bout il poursuivra ce père fantomatiques.
L’occupation qu’il n’a pourtant pas connu, le poids de l’abandon et de
l’indifférence parentale, la collaboration, la conduite de son père font
des livres de Modiano une autobiographie mêlée de fiction. Il raconte
aux Français cette histoire ténébreuse qu’ils ne veulent toujours pas regarder sous un autre jour que celui de la légende d’une France
totalement résistante. Et c’est en arpentant Paris d’est en ouest, du nord
au sud qu’il nous raconte un passé souvent remisé dans les plis de
l’oubli.
Son dernier livre :
Ce livre retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre allemande,
morte à 26 ans alors qu’elle était enceinte. Se sachant en danger, elle
confie ses dessins à son médecin en lui disant : «c’est ma vie ».
C’est le portrait saisissant d’une femme exceptionnelle et d’un destin
tragique. Merci à David Froekinos d’avoir rendu ce bel hommage à
Charlotte Salomon dont la ville de Nice prévoit une exposition en 2015.
• Fémina étranger : « Ce qui reste de nos vies » de Zeuya Shalev,
écrivaine israélienne qui vit à Jérusalem.
Nous sommes au chevet d’une vieille dame,
Henda, dont l’esprit divague. Les souvenirs
de sa longue vie se glissent dans sa mémoire
: un père pas très démonstratif, un mariage
sans amour, un fils adoré, Avner, et une fille
Dina. Henda au soir de sa vie, se fait assez
peu d’illusions sur ses relations avec ses enfants. Elle a trop aimé son fils, pas assez sa
fille ; elle a échoué avec les deux. C’est un
très beau livre sur l’espoir et la réconciliation, sur l’idée qu’il n’est jamais trop tard
pour corriger.
« Que reste-t-il de nos vies » quand on veut rattraper ses erreurs de mère
et qu’on n’a plus le temps ?
Bonne fête de Hanoucca
“Pour que tu ne te perdes pas
dans le quartier”
L’histoire pourrait tenir en quelques
lignes : Il décrit comment un enfant abandonné par ses parents dans un monde
interlope devient un écrivain. En somme,
sa propre histoire.
C’est un retour sur le passé, un appel à la
mémoire, la reconstruction de ses souvenirs qui reviennent par bouffées. C’est un labyrinthe des souvenirs en
même temps qu’une enquête policière.
Pourtant à ce livre, j’avoue avoir préféré «les Boulevards de ceinture»
grand prix du roman de l’Académie Française 1972 où le narrateur part
à la recherche de ce père tant décrié, et « Dora Bruder » 1997 une enquête au sujet d’une jeune fille juive et de sa famille déportées à
Auschwitz.
En résumé, Modiano obsédé par la collaboration, et par son père, nous
donne une œuvre troublante, inquiétante et parfois même déconcertante
et qui tient dans cette phrase : « Dans la vie, ce n’est pas l’avenir qui
compte, c’est le passé »
J’aimerais vous signaler 3 livres
primés que j’ai beaucoup aimés :
• Goncourt : « Pas pleurer » de Lydie
Salvayre : Espagne 1936 , guerre civile espagnole. La romancière nous parle des
tragiques évènements dont elle a gardé la
mémoire grâce aux récits de sa mère.
• Renaudot et Goncourt des lycéens :
« Charlotte » de David Froekinos.
AVIVmag n°203 décembre 2014
37
Disparition
NOUVEAU
Mon beau-frère, Moulay
Hommage au Rav Chemouel AZIMOV (Frère et beau-frère d'Esther et Yossef Matusof)
par le Rav Adin Even-Israël (Steinsaltz)
ExTRAITS Qui aurait imaginé qu’il
m’appartiendrait d’écrire
un hommage à la mémoire de mon beau-frère
plus jeune que moi de plusieurs années et que
j’ai connu à l’époque où il était encore un tout
jeune homme ? Et me voici aujourd’hui à tenter
de dessiner, au travers de ces quelques lignes,
près de 50 ans de sa vie, emplie de tant d'activités et de rayonnement autour de lui.
Un chalia'h hors du commun
L’institution des chlou’him existe chez les ‘hassidim depuis plusieurs générations. À n’en
pas douter, son influence s’est fait ressentir
chez un nombre de Juifs bien plus important
que tout autre chalia’h.
Moulay a su créer un tout nouveau cadre à
l’origine d’un judaïsme français animé et revigoré. Il s’agit, ni plus ni moins, d'une
résurrection sans pareille, concernant la communauté juive dans son ensemble.
Un souvenir datant de 50 ans remonte à mon
esprit qui permettra de donner à ce formidable changement un caractère plus tangible.
À cette époque, les fidèles de la fameuse synagogue ‘Habad du 17 Rue des Rosiers à
Paris luttaient chaque vendredi soir, la veille
de Chabbat, pour compléter leur mynian.
Pour y parvenir, ils devaient « soudoyer »
un clochard juif traînant dans le quartier en
lui promettant une bouteille de vin afin qu’il
accepte d’être le dixième…
Aujourd’hui, la Jeunesse Loubavitch de
Paris et de toute la France compte un nombre impressionnant d'émissaires et de
délégués.
Un monde nouveau, une vie juive nouvelle
se sont ainsi forgés, là où ne subsistaient
que des communautés amincies et en voie
d’extinction. On y trouve des hommes et
des femmes, avec leurs enfants et leurs petits-enfants, qui continuent d’apporter un
sang nouveau et leur propre vitalité.
Sans nul doute, Moulay constitua en
quelque sorte la vertèbre cervicale de tout
ce processus. Mais comment un homme si
Rav Azimov entouré de Rav M. Kotlarsky (responsable de
l'organisation Shlu'him International) et le Rav Matusof
jeune, à peine un peu plus de vingt ans, at-il pu générer un tel élan, sans cesse
grandissant ?
Il me confia qu’il s’était alors adressé à tout
son entourage (qui comprenait en partie
des célibataires et des étudiants). Pour leur
expliquer qu’en raison de la croissance des
activités, ils devaient à présent trouver un
centre ; et par conséquent, il leur demandait
de le bâtir.
Une telle demande, leur précisa-t-il, ne relevait pas de son propre intérêt mais avant
tout du leur : tous devaient s’y associer.
Ceux qui disposaient de moyens devraient
donner de leur propre argent et ceux qui
n’en avaient point n’auraient qu’à procéder
à un emprunt. Car tous devaient agir
comme une seule entité.
Un souci à l'égard de tout le monde
Plusieurs épithètes sont parfois apposés au
terme 'hassid : il y a les 'hassidim distingués, les 'hassidim enthousiastes, voire
ceux simples d'esprit. Moulay lui n'avait
besoin d'aucun qualificatif : il était un 'hassid, point.
Ni son action ni ses paroles ne le définissaient en tant que tel, mais bien la
quintessence de son être.
'Hassid, il l'était chez lui à la maison comme
avec les autres à l'extérieur, qu'il soit le mari
et père de famille ou le dirigeant, l'enseignant ou le machpia, le mentor.
Sa personnalité était le pur reflet de ce que le
Rabbi attendait de ses 'hassidim : témoigner
de sa qualité de 'hassid non pas seulement visà-vis de certains domaines suprêmes, mais
bien dans l'ensemble de son être.
Moulay, tant au début que lors des années
qui suivirent, ne s’est jamais confiné dans un
rôle de guide spirituel, dans le sens où seule
la spiritualité l’intéressait.
Une grande communauté s’est rassemblée
autour de lui, tout naturellement composée
de personnes différentes, et bien entendu
chacune avec son propre problème.
Loin de se délimiter au travers d'un seul rôle,
Moulay agissait à la fois comme conseiller
conjugal, assistant social ou entremetteur
matrimonial ; plus d’une fois, il réussit à trouver un travail rémunérateur à l’un des
membres de son «groupe».
Le lien que Moulay entretenait avec chacun
était ainsi quasi-familial. Il n'est donc pas surprenant que tous les gens qui lui étaient
attachés, malgré leurs origines différentes,
avaient le sentiment de faire partie d'une
seule famille… (à suivre)…
Avec tous
Traduit de l'hébreu par Michel Allouche
Le hassid
L’une des particularités de l’action de Moulay réside dans le fait qu’en toutes
circonstances, il demeura lié avec tous.
Je me souviens l’avoir interrogé sur la manière dont il avait pu ériger son premier
centre, sans aucune ressource à l’avance et
sans aucun statut particulier.
acit31.com
LE SITE WEB DE L’ACIT
Naissances
à Toulouse
02/09/2014
SALTAREL Eden
15/09/2014
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03/10/2014
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07/12/2014
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RAYNAUD Hugo
06/11/2014
27/11/2014
ZERBIB Raphael
(Jérusalem)
FRAJDENRAJCH Dan
(Paris )
Mariages à Toulouse
14/09/2014
28/12/2014
ZAC Triasis, rue Antoine Becquerel 31140 Launaguet
Sophie Castiel
… et ailleurs
… et ailleurs
20/10/2014
… et ailleurs
La communauté de Toulouse
s’associe au chagrin d’Esther
Matusof, sa sœur et de toute sa
famille.
Carnet
COHEN SELMOUN
Yannick / LEVY Rachel
LEVY David /
BENAMOU Audrey
BALLY Alain /
DAVID Nicole (Genève)
28/10/2014
LEVY Oz /
COHEN Rebecca (Israel)
09/11/2014
TAHAR Johan /
LIEBERFREUND Sophie (Paris)
05/11/2014
Rav AZIMOV Shmuel
(Paris)
Décès
15/09/2014
HAZIZA Michèle
17/09/2014
TOUATY Claudette
28/09/2014
LAYANI Fanny
30/09/2014
LAYANI Germaine
30/09/2014
FINKELTIN Renée
01/10/2014
KISRAOUI Rosette
05/10/2014
KELIF Régis
06/10/2014
DAHAN Jacques
08/10/2014
MAS
née MOUYAL Rahmouna
10/10/2014
GUEDJ Jean Pierre
13/10/2014
THEVENET Suzette
14/10/2014
GOZLAN David
21/10/2014
AZRIA Raphael
26/10/2014
SELLEM Thierry
09/11/2014
JANES OIKNINE Tany
12/11/2014
GARBARSKY Anne
13/11/2014
BLOCH Jean Pierre
13/11/2014
CHERBIT Gilbert
21/11/2014
BENSADOUN Muriel
21/11/2014
SISIK René
22/11/2014
BENITAH Fortunée
30/11/2014
BARON André, Azar
01/12/2014
LAYANI Arlette
Tél. 05 62 89 11 22
38
AVIVmag n°203
AVIVmag n°203 décembre 2014
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2015
L’ACIT : simplifiez-vous la cotisation
Et si vous cotisiez selon vos moyens ?
ACIT
Association Cultuelle
Israélite de Toulouse
À vos côtés pour la vie
ASSOCIATION CULTUELLE ISRAELITE DE TOULOUSE
2 Place Riquet 31000 Toulouse
Tél. 05 62 73 46 46
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