HANOUCCA, READY ?
SWITCH ON CANDLES !!!
DÉCEMBRE 2014
203
3 €
LA MUSIQUE : NOS VALEURS
LITURGIE, TRADITION ET FOLKLORE
RETOUR À OHR TORAH :
CES LYCÉENS QUI VIENNENT
PRÉPARER LEUR BAC AU BERCAIL
L’ADIEU À JEAN-PIERRE BLOCH
UN BÂTISSEUR EXCEPTIONNEL DE LA
COMMUNAUTÉ NOUS A QUITTÉ
ACIT
Association Cultuelle
Israélite de Toulouse
LE MAGAZINE DE LA COMMUNAUJUIVE DE TOULOUSE ET DES PAYS DE LA GARONNE
Les négociations entre l’Iran et les cinq
membres du Conseil de Sécurité de
l’ONU, plus l’Allemagne, ont, en ce
lundi 24 novembre - date à laquelle
j’écris ces lignes débouché sur une
impasse, Téhéran refusant toujours de
réduire de façon significative le nombre
de ses centrifugeuses. Et, plutôt que
de rompre ce qui apparaît de plus en
plus nettement comme un marché de
dupes, « les Cinq plus Un » ont, une
fois encore, accepté de repousser à
mars ou plutôt juin 2015 - si ce n’est
aux calendes grecques - la conclusion
d’un accord.
Un nouvel échec pour les Occiden-
taux. Un nouveau succès pour les aya-
tollahs passés maîtres dans l’art de
jouer la montre pour parvenir à leurs
fins : se doter de l’arme nucléaire, as-
surer ainsi leur leadership sur la gion,
conquérir ou reconquérir pour leur
pays le statut de grande puissance et
mettre à exécution leurs menaces
sans cesse réitérées contre Israël, cet
Etat juif « à rayer de la
surface de la terre ».
Comment se fier, dans
ces conditions, aux dé-
clarations « optimistes »
du Secrétaire d’Etat
américain John Kerry -
si souvent démenti par
les faits - assurant que des « progrès
substantiels » avaient été réalisés lors
de la rencontre de Vienne et qu’un ac-
cord final demeurait « possible » ?
Comment croire qu’un Obama empê-
tré dans ses louvoiements, ses ater-
moiements, ses divers et multiples re-
niements, et l’opposition d’un Congrès
solument hostile à la conduite brin-
quebalante de sa politique étrangère,
puisse faire entendre raison à un Ali
Khamenei, plus que jamais Guide Su-
prême d’un peuple iranien assujetti ?
L’Iran aura sa bombe. Difficile d’en
douter désormais.
Reste à dissuader ses dirigeants de s’en
servir.
La diplomatie occidentale dont on a
pu mesurer, ces derniers temps, les
cinglants échecs face à un Bachar El
Assad, ou un Poutine, y suffira-t-elle ?
La fermeté apparente des mouvements
de menton, des déclarations martiales
et des sanctions économiques - trop
souvent contournées - permettront-
elles d’éviter, dans un Proche-Orient
aujourd’hui en pleine éruption, des
embrasements aussi redoutables qu’in-
contrôlables ? La question s’impose
tant il est vrai que les démissions mu-
nichoises, sous quelques cieux que ce
soit, conduisent à la catastrophe.
Les printemps arabes avortés, les ré-
pressions sanglantes des dictateurs
menacés, les conflits religieux fratri-
cides qui ravagent aujourd’hui cette
région du monde pourraient, certes,
conduire paradoxalement à une sorte
d’équilibre de la terreur permettant
d’éviter l’irréparable. Mais au seuil
d’un précipice béant.
Celui les fanatismes
et la barbarie d’un autre
âge pourraient tout faire
sombrer.
Celui que l’aveuglement
de nos démocraties es-
soufflées ont laissé se
creuser. Faute de cou-
rage.
Ce courage dont, en cette veille de Ha-
nouccah, nous nous apprêtons à célé-
brer le souvenir et la vertu, en rappe-
lant le victorieux combat des
Macchabées contre ceux qui voulaient
contraindre le peuple juif à se détour-
ner de sa foi, de son identité, de son
histoire.
Eclatante victoire couronnée par le
miracle de cette huile renouvelée nour-
rissant dans l’enceinte du Temple et
dans le cœur de l’homme également
purifiés, la fragile mais sans cesse re-
naissante lumière de l’espérance.
Henri Amar
AVIVmag n°203 décembre 2014
3
Le billet
d’henri
amar
L’espérance
quand même…
Sommaire
du N° 203
HIVER 2014
Kislev 5775
Retour à Ohr Torah : ces jeunes qui viennent ou
reviennent au lycée juif veulent unir les conditions
optimales pour passer leur bac > p 10
Photo de couverture Mairie de Toulouse
Le billet d’Henri Amar 3
L’œil du président 5
Actualité religieuse : célébrer
Hanoucca sous tous ses aspects 6
Dossier : retour à Ohr Torah, enquête
sur les lycéens qui reviennent 10
La musique : une valeur du Judaïsme
et une valeur de la fête juive 20
Jean-Pierre Bloch nous a quitté 21
Jean, 15 ans, enlevé au lycée Pierre
de Fermat en 1944 22
Le Récébédou,
la marche de la mémoire 23
Associations 24
Jeunesse 29
Brèves communautaires 30
Ce qu’il reste de l’oubli, Jean Lévy 32
Portrait : Salomon Attia 31
Culture 32
Chemouel Azimov, hommage 38
Carnet communautaire 39
Ont contribué à ce numéro
Joelle Adjedj, Valérie Alter, Henri Amar, Jacques Asseraf,
Annie Beck, Ar Bensemhoun, Dana Bensimon, Sophie
Castiel, Patricia Dassa, Yves Bounan, Claude Denjean,
Johanna Dray, Norbert Halimi, Dominique Khalifa, Pierre
Lasry, HerLieberfreund, Maurice Lugassy, Yoseph
Ytsrak Matusof, Yaacov Monsonégo, Rachel Roizes, Yl
Rueff-Salama, Paul Schaffer, Harold Avraham Weill, Nicole
Yardeni
Aviv mag est une publication de l’ACIT
Association Cultuelle Israélite de Toulouse, 2 place
Riquet, 31000 Toulouse. Tél. 05 62 73 46 46
Directeur de la publication : Arié Bensemhoun
Directeur de la communication : Armand Partouche
Directeur de la rédaction : Pierre Lasry
daction et coordination : Yaël Rueff-Salama
Crédit photo : LSP, Bernard Aïach
Design et production : LSP, 11 rue Adonis, 31200
Toulouse, tél. 05 61 13 18 18, lspedito@wanadoo.fr
gie publicitaire : Joëlle Adjedj
de commission paritaire : 1106G88068 Dépôt légal à parution
Ali Khamenei
Offrir
Reine Benzaquen
Artiste et plasticienne, Reine Benzaquen a offert à l’école du Gan Rachi
une œuvre peinte : “le Présent”, accompagnée d’une lettre, que voici…
4AVIVmag n°203
AVIVmag n°203 décembre 2014
5
La parole
à arié
bensemhoun
Bonjour,
Je suis heureuse de vous offrir ces
fleurs. Ce tableau s’appelle : «Le Pré-
sent».
Ce sont deux tableaux qui composent
ce bouquet de Roses.
Les rubans sont des liens aux cou-
leurs de notre région.
Ils vous disent mon soutien et ma par-
ticulière tendresse, pour tous ceux qui
avec espoir veillent sur les enfants et
sur notre avenir commun.
L’art c’est comme la vie, les artistes
qui se coupent de leur passé et de sa
richesse, finissent par se répéter et ap-
pauvrir leur travail.
Pour créer, il faut, en lien avec sa vie,
tenter de garder un regard humble et
étonné.
Nous, les artistes non plus, ne
sommes pas libres «d’être rien».
Je viens aussi de cette école juive qui
comme la vôtre a veillé sur la singula-
rité et le devenir de ses enfants. J’ai
eu la chance d’avoir comme directeur
à l’Ecole Normale Israélite Orientale
de Paris, le philosophe Emmanuel Lé-
vinas.
J’ai gardé de sa pensée et de ce soin
des autres, ma vigilance et une grande
part de mon inspiration.
Et si nous Juifs, par delà nos deuils,
nos épreuves et nos craintes sommes
toujours debout et en devenir, c’est
que nous avons puisé dans notre foi
et nos textes et nos écoles, le visage de
notre espoir parmi les autres.
La France a besoin de ses juifs, Libres
et Egaux.
Israël a besoin de ses Juifs Français,
Libres et Egaux.
Pour la richesse de leur présence, leur
vivacité et leur créativité, mais aussi
leur Résistance. Nous continuons
d’apporter dans un monde en fragilité
et en mutation, la résistance de nos
valeurs puisées au coeur de nos
textes.
Un Islam radical nous a pris comme
cible, mais il a pris en otage toutes les
altérités et les Libertés.
Des partis xénophobes veulent aussi
la voix de ceux qu’ils insultent et mé-
prisent.
Ne nous laissons pas défigurer par la
peur et la haine.
Est en dette à notre égard et à l’égard
de tous, tout démocrate qui laisse
faire.
A Toulouse on a voté pour un Cohen
agnostique.
On peut à Toulouse récemment chan-
ter à tour de rôle Tikva et
Marseillaise, dans la Salle des Illus-
tres.
C’est la richesse de notre ville.
Et nous sommes toujours debout,
toujours juifs, Français et Juifs, Juifs
et Français.
Avec nos espoirs, nos enfants, nos
écoles, nos enseignants, nos fleurs,
nos amis et leur différence, dans la
joie de notre identité quelle que soit
l’épreuve.
Et pour ces petits enfants qui ne joue-
ront plus dans cette cour de
récréation nous continuerons debout
et avec des fleurs.
Oui nous sommes «celui qui vit» selon
les mots du cantique, que Yosef et Es-
ther Matusof nous adressent avec
cette vigilance qu’ils ne cessent de
porter avec courage, légèreté et créa-
tivité à tous les enfants...et les adultes.
Merci d’être parmi nous.
Oui nous sommes «Celui qui vit».
Ecole Gan-Rachi, Toulouse le 25
Juin 2014
Reine Benzaquen
L’œuvre de Reine Benzaquen offerte à l’école Gan Rachi, “le Présent”
J
EAN-PIERRE BLOCH n’est
plus.
C’est une immense figure de nos
institutions qui nous quitte, et je veux
m’incliner devant l’homme et devant
l’ampleur de la tâche accomplie, comme
nous l’avons fait le jour de ses obsèques,
avec ses enfants Bernard et Caroline et
nombre de ses amis, dans le cimetière
qu’il a lui-même créé, pour nous, pour sa
communauté.
M’incliner devant l’ambition de Jean-
Pierre Bloch, une ambition entièrement
tournée vers sa communauté, et dont il
n’avait de cesse qu’elle soit couronnée
matériellement par des réalisations
nécessaires mais jamais suffisantes : un
cimetière, une association pour la Hevra
Kadicha, une maison de retraite juive
pour Toulouse. Qui avant lui l’avait
imaginé ?
M’incliner devant son sens du devoir
discret, spirituel, profond, et sa conduite
des projets, tenace, active, solidaire. Lui
qui venait d’Alsace, a eu un parcours
exemplaire dans notre ville de Toulouse,
qu’il avait faite sienne, et il gardera une
place considérable dans nos cœurs et
dans nos mémoires, et la communauté,
j’en suis convaincu, saura lui rendre
l’hommage qu’il mérite.
Aujourd’hui, comme l’a fait Hervé
Lieberfreund, son successeur à la Hevra
Kadicha, disons-lui simplement :
« Chalom Haver, Adieu l’ami !»
En feuilletant ce magazine, on ne peut
que s’étonner, se féliciter de la richesse
de notre actualité culturelle et
artistique : les Journées de la Culture
Juive, organisées par Hébraïca, nous
transportent du cirque vers la chanson,
du théatre d’Hanoch Levin ou d’Aaron
Apelfeld au concert vivant, et nous font
entendre et comprendre des
intervenants d’exception, de Marek
Halter, notre ami de toujours, à Pierre
Jourde, audacieux et intelligent
défenseur d’Israël et des Juifs de
France, une voix rare dans le paysage
intellectuel français. J’observe aussi
qu’une place de choix y est faite à nos
rabbins pour une éxégèse de la Torah
dont la tenue a été de haute volée. Je
suis frappé de la sagesse et de la maturité
de ces lycéens d'Ohr Torah qui
construisent avec conscience leur avenir
et l'expriment avec détermination,
dynamisme et fraternité.
Autre moment fort, celui de la Tsédaka
où, dans une Halle aux Grains qui
vibrait comme un seul corps, nous étions
plus de 1500 à nous rassembler aux
côtés d’Enrico Macias, pour exprimer
notre fraternité, notre solidarité, notre
générosité, plus que jamais mobilisés
face à toutes les difficultés et à tous les
périls qui nous menacent encore, mais
contre lesquels nous savons ensemble,
rester debout et combattre.
L’histoire a également été au rendez-
vous de ces dernières manifestations et
pendant cette année, nous avons
commoré le centenaire de la première
guerre mondiale, où les Juifs de France
ont joué un rôle important et reconnu
aujourd’hui, mais également célébré le
souvenir de l’année 44, une année
déterminante et forte en symboles, et qui
n’est pas sans rappeler les 44 bougies
que nous allons allumer ces huit
prochains jours pour célébrer Hanoucca
5775.
Hanoucca, c’est la flamme de l’histoire
et du souvenir mais c’est aussi la
lumière qui éclaire l’histoire à écrire,
celle du chemin qui reste à cheminer
pour notre grande et belle communauté.
Car je le sais, je le dis, notre
communauté reste une des plus belles et
des plus exemplaires communautés
juives de France et ceci même et parce
que nous avons subi un drame
insupportable, même et parce que la
situation des Juifs en France est
complexe et difficile, même et parce que
plusieurs familles sont parties, même et
parce que nous avons besoin de la
contribution et de la générosité de
chacun d’entre nous.
Une nouvelle structuration du calcul
de vos cotisations vous est proposée
cette année, exercez votre solidarité
dans ce nouveau cadre afin d’aider plus
efficacement et plus harmonieusement
votre communauté, je compte sur vous.
Elle vous le rendra.
Bonnes et heureuses fêtes de
Hanoucca !
Arié Bensemhoun
Président de la communauté juive de Toulouse
Regarder derrière
et marcher de l’avant !
Par
Avraham Weill
Miracle, vous avez dit
miracle ?
S’il est une question qui revient comme
un leitmotiv chaque année, au moment
de la fête de Hanoucca, c’est bien celle
que l’on appelle communément la « question
du Beit Yossef » en férence au nom de son
auteur : Pourquoi célébrons-nous Hannouka
durant 8 jours alors que le miracle n’a en alité
duré que 7 jours, étant entendu que la ole
d’huile d’olive pure trouvée dans le temple
contenait sufsamment de combustible pour
brûler pendant 1 jour ?
Le Sabba de Kelm, Rabbi Sim’ha Zissel Ziv
Broida (1824-1898), répond à la question de
manière fort originale. Il se base pour cela sur
un enseignement talmudique du traité de Bra-
khot qui afrme au nom de Rabbi Yohanan
que : « Quiconque récite la bénédiction du
mois (sanctication de la lune) en son temps
est considéré comme s’il avait accueilli la pré-
sence divine ». On est en droit de se demander
qu’est ce que cette mitsva a de si extraordinaire
pour donner droit à une tellecompense.
La ponse se trouve dans le caractère tout à
fait singulier de cette mitsva. Nous savons tous,
pour en avoir fait l’exrience, que la citation
de la bénédiction sur la lune ne peut se faire
qu’à une période bien délimitée du mois et
qu’elle est pendante des caprices de la météo.
Contrairement au soleil, qui se lève tous les
jours et se rend visible, si ce n’est par ses
rayons, par la lumière qu’il projette sur le
globe, la lune, elle, joue à cache-cache avec la
terre. Elle nous apparaît en un n croissant au
but du mois hébraïque pour grossir et attein-
dre sa taille maximale le 15ème jour du mois
(pleine lune) avant d’entamer une phase de dé-
croissance et de disparaître complètement.
C’est ce caractère original qui donne à la né-
diction lunaire toute son importance.
L’homme par essence, se lasse de ce qui lui ap-
paraît comme naturel et « normal ». Il ne
s’émerveille plus de voir le soleil se lever tous
les jours car c’est « normal ». Il n’y a pas d’effet
surprise. Il garde en revanche une certaine
forme de fascination pour cette lune qui se joue
de lui et qui, par ses sautes d’humeur, annonce
au monde entier qu’elle est dirigée par la vo-
lonté divine. Elle nous rappelle que D’ ne s’est
pas retiré du monde après l’avoir créé en lais-
sant à chaque composante de la création des
instructions à suivre mais qu’Il est bien présent
à chaque instant, pour insufer la force néces-
saire à la marche du monde et à la nature qui
le compose.
C’est tout cela le message de Hanoucca. Si D
est omnipotent, s’Il insufe en permanence
l’énergie nécessaire à faire fonctionner le
monde, pourquoi une bougie de 1 jour ne
pourrait-elle pas brûler 8 jours ? Le D’ qui a
ordonné au combustible de se consumer en
24 heures ne pourrait-Il pas lui intimer l’ordre
de brûler 192 heures ?
Pourtant, personne ne s’est jamais étonné de
voir une bougie brûler 24 heures. C’est normal.
l’habitude, la « normali», nous ont rendus to-
talement insensibles et imperméables.
Si en revanche nous arrivions à faire brûler une
amme en immergeant une mèche dans du vi-
naigre, nous crierions immédiatement au
miracle.
Le fait de célébrer Hanoucca 8 jours et d’in-
clure dans ces 8 jours le 1er jour, ce jour
« normal », ce jour « banal », vient afrmer
qu’il est lui aussi un miracle en soi, au me
titre que les jours suivants.
C’est un cri d’alarme, un appel solennel à nous
inciter à porter un regard différent sur le
monde qui nous entoure. A savoir s’émerveiller
aussi des choses qui nous paraissent naturelles,
voire parfois d’une banaliafigeante.
Comme le disait Na’hmanide dans son com-
mentaire sur la Parashat Bo : « Un homme n’a
pas de part dans la Torah de Moshé jusqu’à ce
qu’il admette que tout ce qui lui arrive relève
du miracle et n’obéit pas à la nature ou à l’ordre
du monde ».
Alors, vous croyez aux miracles ?
Hanoucca Samea’h
Avraham WEILL, rabbin de Toulouse
Judaïsme
AVIVmag n°203 décembre 2014
7
6AVIVmag n°203
Judaïsme pratique
Allumage des bougies de Hanoucca à la synagogue en Alsace. Gravure
ancienne Source Stauben
Peut-on travailler
pendant la fête ?
Pendant les huit jours de
Hanoucca aucun travail n’est
interdit. Mais il est défendu
de jeûner ou de prononcer
un éloge funèbre.
Toutefois, l’usage est
répandu de ne faire aucun
travail pendant que brûlent
les lumières de Hanoucca,
au moins pendant une demi-
heure après la tombée de la
nuit. En particulier, les
femmes s’abstiendront de
faire aucun travail pendant
ce temps en souvenir du
courage et du dévouement de
Yehoudit, lle de Yohanan, le
grand prêtre qui tua le
général grec Holopherne à
cette époque.
Quels sont les
plats de
Hanoucca ?
La célébration de Hanoucca
ne comporte pas de séouda
obligatoire. Cependant, nous
multiplions les mets festifs
an de remercier Dieu pour
les miracles et les prodiges et
relever la joie de la fête.
On a l’habitude de manger
des mets frits dans l’huile :
beignets ou latkes en
souvenir du miracle de la
ole d’huile.
Pouquoi y a t-il de
largent lors de
Hanoucca ?
Le nom de Hanoucca
suggère un rapprochement
avec le «
Hinou’h
» : éducation
morale et religieuse. D’où la
coutume de donner aux
enfants de petites sommes
d’argent en guise de cadeaux,
dans le but de les encourager
à l’étude. En effet, nous
donnons des pièces aux
enfants pour les habituer à
utiliser leur argent pour des
mitsvot, et, en particulier,
pour la tsédaka (charité).
Pourquoi les
cadeaux des
enfants ?
La tsédaka donnée par un
enfant est, par certains
aspects, supérieure à celle
que donne un adulte. Un
adulte travaille pour gagner
son argent et, s’il donne, il
peut travailler pour
remplacer ce qu’il a donné.
Néanmoins, l’enfant ressent
une joie profonde à donner
généreusement quand il voit
une personne nécessiteuse ou
une institution scolaire de
Torah qui mérite son
attention. Les cadeaux
offerts aux enfants
contribuent à ressentir la joie
de la fête et encouragent leur
participation active lors de
l’allumage des bougies.
Que commémore
Hanoucca ?
Deux événements sont
évoqués :
La Victoire exprimée par le
nom, et par les Prières de
Grâce et reconnaissance
(Hallel et Al-Hanissim).
Et le miracle de la ole de
l’huile, exprimé par
l’allumage de amme
pendant 8 jours.sont xés
comme jours de fête célébrés
par le chant du Hallel
(louanges à Dieu) et la
récitation d’une prière,
Al
Hanissim,
de reconnaissance
envers l’Eternel.
Quels sont les jeux
à pratiquer ?
Le jeu de la toupie,
Sévivon
,
date encore de l’histoire de
Hanoucca : l’étude de la
Torah étant interdite, les
enfants juifs se cachaient
dans des grottes pour
étudier. Quand ils étaient
découverts par les soldats
grecs, ils tiraient de leurs
poches leurs toupies et
prétendaient simplement
jouer. Nous nous souvenons
alors de leur courage. Les
lettres symboliques : Noun,
Guimel, Hé, Chin des mots
« Ness Gadol Haya Cham »
inscrites sur les faces de la
toupie doivent graver dans la
mémoire des enfants le
souvenir du miracle de
Hanoucca.
Que signifie le
nom de
Hanoucca” ?
Il y a deux réponses :
l’origine «Repos», après le
combat des Maccabis contre
les Grecs, et il y a également
une allusion à la date du 25
(kislev) Hanou : Repos, Kah
(Khaf et hé) = 25
Pourquoi mange
t-on des beignets ?
Nous consommons des
fritures pour évoquer
également le miracle de la
ole de l’huile pendant nos
repas.
Nehama CHEIN
Hanoucca en 8 questions
Le hasard, c’est bien connu, a un droit de cité très restreint dans la
Tradition juive. Chaque fois qu’il pointe son nez dans le récit biblique ou
dans l’histoire juive, nos Sages le lestent de divers sens. Et souvent,
nombres et chiffres hébraïques de nos Textes nous invitent à porter notre
attention par-delà leur compréhension obvie.
Il en est ainsi des 8 jours de Hanoucca.
LA PAROLE de nos Maîtres nous
apprend que ce fut là, le temps
nécessaire pour produire une huile
pure à l’usage exclusif du Temple de Jérusa-
lem réinvesti par les maccabis. Une huile
vierge que les mains païennes ne devaient
pas polluer; les légions gréco-assyriennes
venant d’être défaites par les irrédentistes
juifs en terre d’Israël.
Outre qu’elle alimentait, au sein du Beth
Hamikdach*, les ammes permanentes du
Candélabre, elle servait éga-
lement à asperger, avant son
entrée en fonction, les che-
veux du Grand-Prêtre ou
imprégner la tête du roi avant
qu’il n’occupe son trône. Elle
était réservée également à
l’onction du futur Messie
dont le nom hébreu ne signi-
e rien d’autre que oint.
Huit jours donc qui célèbrent
la victoire improbable d’une minorité
judéenne sur une soldatesque païenne mili-
tairement plus aguerrie. Un chiffre 8 qui, à
diverses reprises, se retrouve dans la littéra-
ture religieuse. Chiffre parfait, dit-on, qui
incarne “le Jour d’après”. Suivant immédia-
tement le chiffre 7, shabbatique pour le
judaïsme, il se retrouve paré de signications
et véhicule le concept de messianité que le
peuple juif a proclamé par la voix de ses
Prophètes.
A commencer par le samedi soir, n du
shabbat et début du 8ème jour**, le
dimanche du lendemain.
La liturgie le charge d’une résonance mes-
sianique et ses chants évoquent la belle
gure du Prophète Elie qui accompagne le
Messie, annonciateur de Temps Nouveaux.
Le monde chrétien l’a marqué de son seing
en consacrant ce jour de la semaine comme
avénement du Christ, son messie sauveur.
Dans cette perspective, le judaïsme lui prête
une dimension universelle comme prélude à
l’émergence d’une humanité en paix avec
elle-même. Thématique fortement soulignée
lors des célébrations de Shémini ‘Atsereth, fête
qui clôt, au huitième jour, les festivités de
Souccot mais qui ne possède pas moins une
identité spécique dans notre rituel reli-
gieux. Ce rendez-vous du calendrier draine
depuis des lustres plusieurs groupes de pèle-
rins chrétiens venus en Terre Sainte
s’imprégner d’une histoire commune et
humer l’air d’un avenir radieux.
La Brit Mila se déroule impérativement le 8e
jour et peut, avec le seul sauvetage d’une vie,
transcender et annuler l’extrême rigueur des
lois du Shabbat. Petite chi-
rurgie mais démarche
spirituelle majeure. Elle rap-
pelle, sur le plan du corps
confronté à autrui, la pré-
sence de Dieu dans l’accès à
l’Autre, au-delà de soi-même.
Acte fondateur pour l’indi-
vidu juif qui signe son
adhésion à l’Alliance de ses
Pères et sa participation à
l’aventure du judaïsme dont le messianisme
constitue l’horizon lointain.
Les huit jours de Hanoucca ne sont donc
pas simple fête des Lumières marquée par le
solstice d’hiver ou joyeux rassemblement
familial où les cadeaux viennent illuminer le
regard des enfants. Rompant avec le quoti-
dien, la prière matinale de ces huit jours voit
se déployer un Sefer Torah et réciter le
Hallel
***
dans l’enceinte des synagogues.
Nos Sages ont décidé très tôt, d’imprimer à
cette célébration, une dimension eschatolo-
gique; sans compter la thématique
prodigieuse de la Lumière, récurrente dans
nos Textes avec ses multiples réfractions
dans la pensée mystique du judaïsme, Un
élan qui nous projette sans cesse vers les
Temps futurs et nous arrache spirituellement
à notre monde frappé de nitude.
Jacques ASSERAF
*Le Temple de Jérusalem
**Dans le calendrier hébraïque, la journée se
comptabilise à partir de la veille au soir.
***Louange liturgique
AVIVmag n°203 décembre 2014
9
hannouka
Par Jacques Asseraf
La Brit Mila rappelle,
sur le plan du corps
confronté à autrui,
la présence de Dieu
dans l’accès à l’Autre
Des chiffres et des
concepts
Hanoucca aujourd’hui
C’EST un message pour notre
temps car les forces de l’obscurité
sont toujours présentes. De plus
le danger ne vient pas que de l’extérieur. Il se
cache souvent près de notre foyer, dans l’éro-
sion insidieuse des valeurs et des principes
qui ont été, de tout temps, le fondement des
sociétés civilisées. Cela va sans dire: on ne
chasse pas l’obscurité à coups de balai mais
l’illumination en a le pouvoir. Nos Sages di-
sent: «Une petite lumière chasse beaucoup
d’obscurité».
Les lumières de ‘Hanoucca nous rappellent
de la manière la plus évidente, que l’illumi-
nation commence chez soi, en soi et dans sa
famille, en augmentant la lumière de la Torah
et des bonnes actions dans sa vie quotidienne,
comme on allume les lumières de la fête en
nombre croissant chaque jour. Mais l’effort
ne s’arrête pas là. C’est la nature de la lu-
mière: si on l’allume pour soi, elle bénécie à
tous ceux qui se trouvent alentour. Ce n’est
pas en vain que les lumières de ‘Hanoucca
doivent être allumées de telle sorte qu’elles
éclairent l’extérieur». Elles symbolisent ainsi
le devoir de chacun d’apporter la lumière à
ceux qui, pour quelque raison, avancent en-
core dans l’obscurité.»
Les lumières de ‘Hanoucca se dressent
comme le premier rempart contre les forces
de l’intolérance et de la persécution. Les
ammes de la Ménorah, le chandelier de la
fête, inspirent ainsi tous ceux à qui la liberté
est précieuse.
Selon la règle d’origine, la Ménorah doit être
disposée chez soi de telle manière qu’elle soit
visible de l’extérieur. L’idée est de «diffuser
le miracle» de la victoire d’un petit peuple
sur les anciens Syro-Grecs sanguinaires qui
avaient entrepris de persécuter ceux qui ne
leur ressemblaient pas. Mais avec la montée
de l’oppression, face aux dangers de la haine
religieuse, les Juifs furent peu à peu
contraints de limiter la célébration à l’enceinte
de leur foyer.
Aujourd’hui, alors que chacun a pris
conscience du fait que la liberté est un bien
inestimable, les Juifs allument la Ménorah
dans l’espace public, afrmant ainsi que tolé-
rance, liberté, refus de l’exclusion constituent
les seules voies de l’harmonie sociale.
Partout dans le monde, la Ménorah de ‘Ha-
noucca éclaire la nuit. Partout, des représen-
tants des autorités civiles et religieuses, des
Juifs et des non-Juifs, se rassemblent dans
un esprit de concorde citoyenne pour allumer
ces ammes de la liberté sur les places et dans
les jardins publics.
Au-delà de l’identité culturelle liée à cette cé-
lébration, c’est toute la grandeur de la libre
fraternité des hommes que l’on met en œuvre
ainsi.
Le mot ‘Hanouccah s’apparente également
dans son étymologie hébraïque, au terme
« ‘Hinou’h » qui signie « éducation ». La
fête prend ainsi son second sens: l’accent mis
sur cet impératif. Car l’éducation est, à l’évi-
dence, une idée essentielle ; elle permet de
créer une société forte, vibrante et créative.
Dans nos sociétés complexes, chacun sait que
l’éducation est le socle de la liberté indivi-
duelle et collective, et la clé d’un avenir meil-
leur. La lumière de ‘Hanoucca n’est pas une
lueur qui monte, elle est ici une balise.
‘Hanoucca célèbre la liberté d’expression, tant
au niveau individuel que collectif. Elle dé-
montre la supériorité de la lumière sur l’obs-
curité, du droit sur la force, de l’espoir sur la
peur.
Les huit jours de ‘Hanouccah racontent l’his-
toire d’une petite lumière qui repousse un
empire de ténèbres, celle d’une humanité fra-
gile qui dée la terreur et la force brutale,
celle de la vie qui l’emporte sur la destruction
ce sont des combats qui existent aujourd’hui
en nous, et aussi dans le monde autour de
nous.
Le message éternel des lumières de la Méno-
rah a pris un sens particulier dans la période
actuelle, alors que les forces de l’oppression
et de l’obscurité afrment leur présence. La
victoire de la lumière est une histoire pour
notre temps.
Joyeux ‘Hanoucca!!
Rav YY Matusof
8AVIVmag n°203
Judaïsme
Par Yossef Matusof
Bayamim hahem bazemane hazé
(Basé sur une lettre du Rabbi de Loubavitch)
Hanoucca, la fête des lumières, commémore la victoire
d’un peuple juif militairement faible mais spirituellement
fort sur les puissantes armées d’un ennemi féroce qui
avait submergé la Terre Sainte et menaçait d’étouffer le
pays et son peuple sous l’obscurité.
Depuis lors, la victoire miraculeuse –qui culmina avec la
libération du Temple de Jérusalem et le rallumage du
Chandelier à sept branches, profané et éteint par l’ennemi
est célébrée chaque année pendant les huit jours de
‘Hanoucca. Cette célébration est particulièrement mar-
quée par l’allumage quotidien du chandelier de la fête,
également symbole et message du triomphe de la liberté
sur l’oppression, de l’esprit sur la matière, de la lumière
sur l’obscurité.
Les bougies de Hanoucca : un chiffre 8 qui se
retrouve souvent dans la littérature religieuse
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