lettrede la
pharmacovigilance
vétérinaire
éditorial
La pharmacovigilance a pour mission de détecter le plus précocement possible les effets
inattendus (généralement indésirables) des médicaments après leur mise sur le marché,
afin d’en assurer le meilleur usage, tant d’un point de vue de la sécurité que de l’efficacité.
La pharmacovigilance est une nécessité, car les essais cliniques ne peuvent mettre
en évidence que des effets indésirables fréquents, tandis que l’utilisation sur le terrain
à une population dépassant les milliers d’animaux exposés permettra de découvrir
les effets rares.
Une des particularités du médicament vétérinaire en comparaison avec le médicament
humain, est qu’il est administré à un grand nombre d’espèces animales différentes.
Il s’agit là d’un aspect majeur, car les études pharmaco-toxicologiques effectuées en amont
de la mise sur le marché sont réalisées essentiellement sur les animaux de laboratoire
ou l’espèce animale à qui est administré le médicament. Cependant, bien souvent,
pour des raisons diverses (économique, absence de spécialité...), le médicament
vétérinaire est détourné de son usage spécifique et est prodigué à d’autres espèces
animales. Étant donné les spécificités du métabolisme chez les différentes espèces,
la situation de risque tant pour l’animal que pour le consommateur peut être différente.
Pour toutes ces raisons, la pharmacovigilance vétérinaire est une nécessité
pour l’ensemble de la communauté des acteurs de la thérapeutique.
Dans le cadre du système de pharmacovigilance vétérinaire français, la commission
nationale exerce un rôle d’expertise auprès de l’ANMV (Agence Nationale du Médicament
Vétérinaire), la diversité des membres qui la composent (pharmacologues, toxicologues,
praticiens, pharmaciens, industriels) garantit une évaluation pertinente.
Toutefois, la collaboration de l’ensemble des intervenants, et plus particulièrement
des prescripteurs, est un prérequis essentiel au bon fonctionnement du système national
de pharmacovigilance.
Dans le but de communiquer vers l’ensemble de la communauté, la commission,
avec le concours de l’ANMV et des centres de pharmacovigilance vétérinaire, a souhaité
s’adresser directement à vous à travers cette lettre périodique, au même titre qu’elle
le fera dans le cadre de séminaires ou de congrès professionnels.
Notre but, c’est de faire, avec vous, de la pharmacovigilance un outil contribuant
au meilleur usage du médicament vétérinaire.
Michel Alvinerie
Président de la Commision nationale de pharmacovigilance vétérinaire
formulations
à base de perméthrine
fipronil
appliqué sous forme
de spray ou de spot-on
formulations spot-on à base
d’imidaclopride
Antiparasitaires
externes :
Agence nationale du médicament vétérinaire
numéro 2
Mai 2006
Consulter les avis et rapports sur : www.anmv.afssa.fr/pharmacovigilance/
Mai 2006 - numéro 2 -
page 2
lettre
de la
pharmacovigilance
vétérinaire
Ne pas administrer aux chats
les formulations destinées aux chiens
en particulier les spot-on
Plus de 75% des effets indésirables recensés
à la suite de l’utilisation des antiparasitaires
externes chez le chat sont observés après
application de formulations contenant de
la perméthrine ce qui représente en moyenne
et par an 562 chats affectés, dont 55 qui meurent
(période d’observation de 5 ans).
À la suite d’une exposition aux formulations
destinées aux chiens, on dénombre :
• 361 chats affectés dont 36 morts
après application de spot-on ;
• 144 chats affectés dont 13 morts
après application de spray ;
• 54 chats affectés dont 5 morts à la suite de
formulations autres que les spot-on et spray.
Une étude plus approfondie des données
de pharmacovigilance recueillies relatives
aux spot-on à base de perméthrine a été réalisée
sur une période de 18 mois : 5 fois plus d’effets
indésirables ont été notifiés chez le chat que
chez le chien. Les chats affectés ont présenté
majoritairement des troubles nerveux
(tremblements, convulsions, ataxie, agitation,
hyperesthésie, coma) associés ou non avec
des signes digestifs tels que l’hypersalivation.
Actuellement, trois spécialités à base
de perméthrine spécialement formulées pour
le chat sont disponibles. Pour ces formulations
sous forme de mousse, on dénombre en moyenne
et par an 3 chats affectés dont 1 mort.
Chez le chat, l’application de médicaments
vétérinaires à base de perméthrine destinés
aux chiens peut provoquer des effets indésirables
graves et entraîner la mort de l’animal.
Effets indésirables recensés
chez les chiens
Seulement 22 % des effets indésirables recensés
à la suite de l’utilisation des antiparasitaires
externes chez le chien sont observés après
application de formulations contenant
de la perméthrine ce qui représente en moyenne
et par an 61 chiens affectés dont 2 qui meurent
(période d’observation de 5 ans).
Sont observés :
des signes nerveux en particulier tremblements,
ataxie et agitation ;
• des réactions locales au site d’application
telles que érythème, irritation locale, pouvant
parfois évoluer vers un prurit.
Chez le chien, les données disponibles
en pharmacovigilance ne remettent pas en cause
le rapport bénéfice/risque des antiparasitaires
externes à base de perméthrine lors
de leur utilisation selon les recommandations
de l’autorisation de mise sur le marché (respect
de la posologie et des conditions d’utilisation).
A
ntiparasitaires externes :
formulations à base de
perméthrine
Bien que la majorité des spécialités
antiparasitaires externes à base de perméthrine
soit uniquement destinée aux chiens
et que les informations relatives à l’interdiction
d’utilisation chez le chat soient mentionnées
sur les emballages, elles continuent à être
appliquées chez le chat.
© C. Hugnet © C. Hugnet © C. Hugnet
Consulter les avis et rapports sur : www.anmv.afssa.fr/pharmacovigilance/
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lettre
de la
pharmacovigilance
vétérinaire
A
ntiparasitaires externes :
fipronil
appliqué sous forme de
spray
ou de
spot-on
© Lepetit
Ne pas administrer aux lapins
des formulations à base de fipronil
Sur une période d’observation de 6 ans,
127 lapins ont été affectés et 57 d’entre eux
sont morts à la suite d’une application
de médicaments vétérinaires à base de fipronil
destinés aux chiens et chats dans des conditions
hors AMM. Ce sont principalement
des formulations destinées aux chats
qui ont été appliquées.
Les effets indésirables observés chez le lapin
sont majoritairement des troubles nerveux
(convulsions, tremblements, ataxie, coma
et/ou dépression) précédés ou non de troubles
digestifs (anorexie majoritairement).
Ils surviennent dans les 24 heures qui suivent
l’application de ces médicaments.
Chez le lapin, l’application de médicaments
vétérinaires à base de fipronil destinés
aux chiens et chats peut provoquer des effets
indésirables graves et entraîner la mort
de l’animal.
Effets indésirables rapportés
chez les chats et les chiens
Sur une période d’observation de 5 ans, 335 chats
et 269 chiens ont présenté des effets indésirables
et 35 chats et 8 chiens sont morts à la suite
d’une application d’une formulation à base
de fipronil. Ce nombre est relativement faible
si l’on considère l’ensemble des animaux
susceptibles d’avoir été traités pendant
cette période :
• avec la formulation spray, une réaction
pour 110 000 spray appliqués chez un chat
ou un chien ;
• avec les formulations spot-on destinées
aux chiens, une réaction pour 235 000 spot-on
appliqués chez le chien ;
• avec les formu1ations destinées aux chats,
une réaction pour 167 000 doses appliquées
chez le chat.
Sont observés chez ces deux espèces :
• des signes nerveux et/ou comportementaux
(abattement, agitation, décubitus,
tremblements, ataxie, convulsions) ;
• des signes digestifs (salivation, anorexie,
vomissement, parfois diarrhée) ;
• plus rarement des signes respiratoires
(dyspnée ou tachypnée) ;
• des réactions au site d’application (érythème,
alopécie) pour les formes «spot-on».
Ces effets indésirables surviennent rapidement
après application (dans 50 % des cas en moins
de 12 heures et dans 80 % dans les 24 heures).
Chez le chat et le chien, les données disponibles
en pharmacovigilance ne remettent pas en cause
le rapport bénéfice-risque des médicaments
à base de fipronil.
Attention aux informations dénuées
de fondement scientifique et relatives
à l’utilisation du fipronil dans cette espèce.
Les médicaments à base de fipronil sont
contre-indiqués chez le lapin.
lettre
de la
pharmacovigilance
vétérinaire
A
ntiparasitaires
externes :
formulations
spot-on
à base
d’
imidaclopride
Effets indésirables rapportés
chez les chats et les chiens
Chez les chats et les chiens, 1 animal
sur 67 000 traités est susceptible de réagir.
Les effets indésirables observés
chez les chats sont similaires
à ceux observés chez le chien.
Sont décrits :
• des réactions cutanées, telles qu’irritation,
alopécie, pyodermite et érythème,
localisées ou non au site d’application ;
des troubles comportementaux : décubitus,
léthargie, hyperexcitation ou agression ;
• des troubles digestifs : hypersalivation,
vomissements, diarrhées, anorexie
ou halithose ;
• des troubles neurologiques : ataxie,
convulsions, tremblement, faiblesse.
Chez le chat et le chien, les données
disponibles en pharmacovigilance
ne remettent pas en cause le rapport
bénéfice-risque de ces spot-on à base
d’imidaclopride lors de leur utilisation
selon les recommandations de l’autorisation
de mise sur le marché.
Centre de Pharmacovigilance Vétérinaire de l’Ouest
Atlanpole – La Chantrerie – BP 40706
44307 Nantes Cedex 03
Tél. : 02 40 68 77 39
Fax : 02 40 68 77 41
Centre de Pharmacovigilance Vétérinaire de Lyon
École Nationale Vétérinaire de Lyon
1 avenue Bourgelat – BP 83
69280 Marcy l’Étoile
Tél. : 04 78 87 10 40
Fax : 04 78 87 80 12
Pour améliorer la connaissance du médicament, contactez les Centres de Pharmacovigilance
vétérinaire et transmettez-leur vos déclarations d’effets indésirables :
Consulter les avis et rapports sur : www.anmv.afssa.fr/pharmacovigilance/
Mai 2006 - numéro 2 -
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Comment est évaluée
la fréquence des effets
indésirables ?
L’un des objectifs de la pharmacovigilance
est d’évaluer le risque que représente l’emploi
des médicaments vétérinaires lorsqu’ils sont
utilisés sur le terrain, c’est-à-dire la probabilité
qu’un animal, exposé à un traitement, présente
un effet indésirable inattendu.
Ce risque s’estime à l’échelle d’une population
par l’incidence, c’est-à-dire le nombre d’animaux
présentant des effets indésirables dans
une population traitée sur une période donnée.
Nombre d’animaux affectés
après administration du médicament*
Incidence = Nombre d’animaux traités
pendant la période
* à l'exception de ceux pour lesquels il a été mis en évidence
que le médicament administré n'était pas responsable
de l'effet indésirable.
Le nombre d’animaux traités est calculé à partir
du volume des ventes du produit. L’évaluation
du nombre d’animaux affectés, pour lesquels
il a été mis en évidence que l’effet indésirable
pouvait résulter du médicament administré,
repose sur l’analyse des déclarations d’effets
indésirables ou de manque d’efficacité transmises
par les professionnels de la santé animale.
Ne pas déclarer, c’est contribuer à sous-évaluer
l’incidence lors de l’évaluation nationale
d’un médicament ou d’une classe pharmacologique
et c’est contribuer à une mauvaise évaluation
de la sécurité d’utilisation du médicament
sur le terrain.
Directeur de publication : Pascale Briand
Directeur associé : Patrick Dehaumont
Comité de rédaction :
Dominique Mourot, Michèle Dagorn,
Stéphanie Rossi, Catherine Sallard
Ont participé à ce numéro :
Les membres de la Commission nationale
de pharmacovigilance vétérinaire
Tirage : 44 000 exemplaires
Email : secph@anmv.afssa.fr
Issn : (en cours)
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