lettre pharmacovigilance de la vétérinaire Mai 2006 numéro 2 Agence nationale du médicament vétérinaire éditorial Antiparasitaires externes : formulations à base de perméthrine La pharmacovigilance a pour mission de détecter le plus précocement possible les effets inattendus (généralement indésirables) des médicaments après leur mise sur le marché, afin d’en assurer le meilleur usage, tant d’un point de vue de la sécurité que de l’efficacité. La pharmacovigilance est une nécessité, car les essais cliniques ne peuvent mettre en évidence que des effets indésirables fréquents, tandis que l’utilisation sur le terrain à une population dépassant les milliers d’animaux exposés permettra de découvrir les effets rares. Une des particularités du médicament vétérinaire en comparaison avec le médicament humain, est qu’il est administré à un grand nombre d’espèces animales différentes. Il s’agit là d’un aspect majeur, car les études pharmaco-toxicologiques effectuées en amont de la mise sur le marché sont réalisées essentiellement sur les animaux de laboratoire ou l’espèce animale à qui est administré le médicament. Cependant, bien souvent, pour des raisons diverses (économique, absence de spécialité...), le médicament vétérinaire est détourné de son usage spécifique et est prodigué à d’autres espèces animales. Étant donné les spécificités du métabolisme chez les différentes espèces, la situation de risque tant pour l’animal que pour le consommateur peut être différente. Pour toutes ces raisons, la pharmacovigilance vétérinaire est une nécessité pour l’ensemble de la communauté des acteurs de la thérapeutique. fipronil appliqué sous forme de spray ou de spot-on Dans le cadre du système de pharmacovigilance vétérinaire français, la commission nationale exerce un rôle d’expertise auprès de l’ANMV (Agence Nationale du Médicament Vétérinaire), la diversité des membres qui la composent (pharmacologues, toxicologues, praticiens, pharmaciens, industriels) garantit une évaluation pertinente. Toutefois, la collaboration de l’ensemble des intervenants, et plus particulièrement des prescripteurs, est un prérequis essentiel au bon fonctionnement du système national de pharmacovigilance. Dans le but de communiquer vers l’ensemble de la communauté, la commission, avec le concours de l’ANMV et des centres de pharmacovigilance vétérinaire, a souhaité s’adresser directement à vous à travers cette lettre périodique, au même titre qu’elle le fera dans le cadre de séminaires ou de congrès professionnels. formulations spot-on à base d’imidaclopride Notre but, c’est de faire, avec vous, de la pharmacovigilance un outil contribuant au meilleur usage du médicament vétérinaire. Michel Alvinerie Président de la Commision nationale de pharmacovigilance vétérinaire Antiparasitaires externes : formulations à base de perméthrine Ne pas administrer aux chats les formulations destinées aux chiens en particulier les spot-on Bien que la majorité des spécialités antiparasitaires externes à base de perméthrine soit uniquement destinée aux chiens et que les informations relatives à l’interdiction d’utilisation chez le chat soient mentionnées sur les emballages, elles continuent à être appliquées chez le chat. Plus de 75 % des effets indésirables recensés à la suite de l’utilisation des antiparasitaires externes chez le chat sont observés après application de formulations contenant de la perméthrine ce qui représente en moyenne et par an 562 chats affectés, dont 55 qui meurent (période d’observation de 5 ans). À la suite d’une exposition aux formulations destinées aux chiens, on dénombre : • 361 chats affectés dont 36 morts après application de spot-on ; • 144 chats affectés dont 13 morts après application de spray ; • 54 chats affectés dont 5 morts à la suite de formulations autres que les spot-on et spray. Une étude plus approfondie des données de pharmacovigilance recueillies relatives aux spot-on à base de perméthrine a été réalisée sur une période de 18 mois : 5 fois plus d’effets indésirables ont été notifiés chez le chat que chez le chien. Les chats affectés ont présenté majoritairement des troubles nerveux (tremblements, convulsions, ataxie, agitation, Consulter les avis et rapports sur : hyperesthésie, coma) associés ou non avec des signes digestifs tels que l’hypersalivation. Actuellement, trois spécialités à base de perméthrine spécialement formulées pour le chat sont disponibles. Pour ces formulations sous forme de mousse, on dénombre en moyenne et par an 3 chats affectés dont 1 mort. Chez le chat, l’application de médicaments vétérinaires à base de perméthrine destinés aux chiens peut provoquer des effets indésirables graves et entraîner la mort de l’animal. Effets indésirables recensés chez les chiens Seulement 22 % des effets indésirables recensés à la suite de l’utilisation des antiparasitaires externes chez le chien sont observés après application de formulations contenant de la perméthrine ce qui représente en moyenne et par an 61 chiens affectés dont 2 qui meurent (période d’observation de 5 ans). Sont observés : • des signes nerveux en particulier tremblements, ataxie et agitation ; • des réactions locales au site d’application telles que érythème, irritation locale, pouvant parfois évoluer vers un prurit. Chez le chien, les données disponibles en pharmacovigilance ne remettent pas en cause le rapport bénéfice/risque des antiparasitaires externes à base de perméthrine lors de leur utilisation selon les recommandations de l’autorisation de mise sur le marché (respect de la posologie et des conditions d’utilisation). w w w. a n m v. a f s s a . f r / p h a r m a c o v i g i l a n c e / © C. Hugnet © C. Hugnet lettre pharmacovigilance de la vétérinaire M a i 2 0 0 6 - n u m é r o 2 - p ag e 2 © C. Hugnet Antiparasitaires externes : fipronil appliqué sous forme de spray ou de spot-on Ne pas administrer aux lapins des formulations à base de fipronil Effets indésirables rapportés chez les chats et les chiens Sur une période d’observation de 6 ans, 127 lapins ont été affectés et 57 d’entre eux sont morts à la suite d’une application de médicaments vétérinaires à base de fipronil destinés aux chiens et chats dans des conditions hors AMM. Ce sont principalement des formulations destinées aux chats qui ont été appliquées. Les effets indésirables observés chez le lapin sont majoritairement des troubles nerveux (convulsions, tremblements, ataxie, coma et/ou dépression) précédés ou non de troubles digestifs (anorexie majoritairement). Ils surviennent dans les 24 heures qui suivent l’application de ces médicaments. Sur une période d’observation de 5 ans, 335 chats et 269 chiens ont présenté des effets indésirables et 35 chats et 8 chiens sont morts à la suite d’une application d’une formulation à base de fipronil. Ce nombre est relativement faible si l’on considère l’ensemble des animaux susceptibles d’avoir été traités pendant cette période : • avec la formulation spray, une réaction pour 110 000 spray appliqués chez un chat ou un chien ; • avec les formulations spot-on destinées aux chiens, une réaction pour 235 000 spot-on appliqués chez le chien ; • avec les formu1ations destinées aux chats, une réaction pour 167 000 doses appliquées chez le chat. Attention aux informations dénuées de fondement scientifique et relatives à l’utilisation du fipronil dans cette espèce. Les médicaments à base de fipronil sont contre-indiqués chez le lapin. Chez le lapin, l’application de médicaments vétérinaires à base de fipronil destinés aux chiens et chats peut provoquer des effets indésirables graves et entraîner la mort de l’animal. Sont observés chez ces deux espèces : • des signes nerveux et/ou comportementaux (abattement, agitation, décubitus, tremblements, ataxie, convulsions) ; • des signes digestifs (salivation, anorexie, vomissement, parfois diarrhée) ; • plus rarement des signes respiratoires (dyspnée ou tachypnée) ; • des réactions au site d’application (érythème, alopécie) pour les formes « spot-on ». Ces effets indésirables surviennent rapidement après application (dans 50 % des cas en moins de 12 heures et dans 80 % dans les 24 heures). Chez le chat et le chien, les données disponibles en pharmacovigilance ne remettent pas en cause le rapport bénéfice-risque des médicaments à base de fipronil. Consulter les avis et rapports sur : w w w. a n m v. a f s s a . f r / p h a r m a c o v i g i l a n c e / © Lepetit lettre pharmacovigilance de la M a i 2 0 0 6 - n u m é r o 2 - p ag e 3 vétérinaire Antiparasitaires Comment est évaluée externes : formulations spot-on d’imidaclopride la fréquence des effets indésirables ? à base L’un des objectifs de la pharmacovigilance est d’évaluer le risque que représente l’emploi des médicaments vétérinaires lorsqu’ils sont utilisés sur le terrain, c’est-à-dire la probabilité qu’un animal, exposé à un traitement, présente un effet indésirable inattendu. Effets indésirables rapportés chez les chats et les chiens Chez les chats et les chiens, 1 animal sur 67 000 traités est susceptible de réagir. Les effets indésirables observés chez les chats sont similaires à ceux observés chez le chien. Ce risque s’estime à l’échelle d’une population par l’incidence, c’est-à-dire le nombre d’animaux présentant des effets indésirables dans une population traitée sur une période donnée. Incidence = Sont décrits : • des réactions cutanées, telles qu’irritation, alopécie, pyodermite et érythème, localisées ou non au site d’application ; • des troubles comportementaux : décubitus, léthargie, hyperexcitation ou agression ; • des troubles digestifs : hypersalivation, vomissements, diarrhées, anorexie ou halithose ; • des troubles neurologiques : ataxie, convulsions, tremblement, faiblesse. Chez le chat et le chien, les données disponibles en pharmacovigilance ne remettent pas en cause le rapport bénéfice-risque de ces spot-on à base d’imidaclopride lors de leur utilisation selon les recommandations de l’autorisation de mise sur le marché. Nombre d’animaux affectés après administration du médicament* Nombre d’animaux traités pendant la période * à l'exception de ceux pour lesquels il a été mis en évidence que le médicament administré n'était pas responsable de l'effet indésirable. Le nombre d’animaux traités est calculé à partir du volume des ventes du produit. L’évaluation du nombre d’animaux affectés, pour lesquels il a été mis en évidence que l’effet indésirable pouvait résulter du médicament administré, repose sur l’analyse des déclarations d’effets indésirables ou de manque d’efficacité transmises par les professionnels de la santé animale. Ne pas déclarer, c’est contribuer à sous-évaluer l’incidence lors de l’évaluation nationale d’un médicament ou d’une classe pharmacologique et c’est contribuer à une mauvaise évaluation de la sécurité d’utilisation du médicament sur le terrain. Directeur de publication : Pascale Briand Ont participé à ce numéro : Les membres de la Commission nationale Directeur associé : Patrick Dehaumont de pharmacovigilance vétérinaire Comité de rédaction : Tirage : 44 000 exemplaires Dominique Mourot, Michèle Dagorn, Stéphanie Rossi, Catherine Sallard Email : [email protected] Issn : (en cours) Consulter les avis et rapports sur : w w w. a n m v. a f s s a . f r / p h a r m a c o v i g i l a n c e / Pour améliorer la connaissance du médicament, contactez les Centres de Pharmacovigilance vétérinaire et transmettez-leur vos déclarations d’effets indésirables : Centre de Pharmacovigilance Vétérinaire de l’Ouest Atlanpole – La Chantrerie – BP 40706 44307 Nantes Cedex 03 Tél. : 02 40 68 77 39 Fax : 02 40 68 77 41 lettre pharmacovigilance Centre de Pharmacovigilance Vétérinaire de Lyon École Nationale Vétérinaire de Lyon 1 avenue Bourgelat – BP 83 69280 Marcy l’Étoile Tél. : 04 78 87 10 40 Fax : 04 78 87 80 12 de la vétérinaire Mai 2006 - n u m é r o 2 - page 4