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AVENTURES ET
PEINE A TRAVERS LE TEMPS
Par : Fanny H.
École Brassard – Saint-Patrice
Salut, je m’appelle Fanny et je vous dis que je mène une vie très relaxe. À
chaque jour, je marche pour aller à l’école et, d’habitude, je regarde
toujours des deux côtés de la rue avant de traverser. Mais ce jour-là,
j’étais en retard et, en plus, c’était un gros examen très important. Sur les
nerfs, je suis partie de chez moi en courant, sans avoir déjeuné. Je suis
arrivée au coin de la rue et j’ai traversé. Grosse erreur. Un autobus sorti
de nulle part me frappa de plein fouet. Puis, tout devint noir.
Je me levai de mon lit et m’étirai. Puis, je m’habillai et me maquillai les
yeux. Je me préparais pour aller au palais de Ramsès II, mon pharaon,
quand la maison commença à bouger. En hâte, je courus vers la sortie et,
peu après, la maisonnette s’écroula.
Pfffffff! Cette maison n’arrête pas de s’écrouler! Il faut dire que les
troncs de palmiers et les briques de boue séchée, ce n’est pas solide,
soupirai-je.
Puis, c’est là que j’eut une espèce de flash. Subitement, je me retrouvai
devant des grands bâtiments en matériau réfléchissant. C’était haut,
tellement haut que ça touchait le ciel. D’autres bâtiments, moins
monumentaux, s’étalaient à côté. Le pire, c’est que j’avais l’impression
que tout ça m’était familier. De gros chevaux bizarres, qui échappaient de
l’épaisse fumée, passaient à toute allure. Ensuite, je revins à moi,
ébranlée.
− Qu’est-ce que c’était que ça? me demandai-je pour moi-même. On
dirait que j’ai déjà vu quelque chose de semblable... En tout cas, ça
change du dangereux désert et des pyramides!
− Eh, Aneksi! Vite, on va être en retard! s’écria une voix derrière moi.
Je sursautai. Puis, je reconnus mon amie, Neferti et je lançai :
− Ne me fais plus peur comme ça, Neferti! J’ai failli mourir!
Elle rit de bon cœur.
− Oui, d’accord, mais il faut se dépêcher!
Alors, nous partîmes pour le grand palais de Ramsès. Les rues
grouillaient de gens de toutes sortes. Des vendeurs, des paysans, des
médecins, des prêtres, etc. Il y avait aussi des animaux, comme des ânes,
des chevaux, des chats, des singes. Puis, j’eus un autre flash. J’étais à
l’intérieur d’un bâtiment en bois, et il y avait des chevaux, des souris, des
gros animaux roses, des vaches, des chats, des chiens. Un grand homme
vêtu de vêtements étranges était à côté d’un cheval et il souriait en me
regardant. Puis, le flash cessa aussi subitement qu’il avait commencé. Je
perdis l’équilibre quelques instants. Neferti commença à s’inquiéter.
− Qu’est-ce qui se passe, tu ne te sens pas bien? demanda-t-elle en me
soutenant. Tu veux que j’écrive à un médecin?
− Non, ça ira, répondis-je. Ce n’est pas nécessaire.
− Tu es sûre? Tu n’as pas l’air d’être dans ton assiette. Peut-être n’as-tu
pas assez mangé? Dis-moi ce qu’il y a.
− Non, ce n’est rien, répliquai-je, je suis seulement un peu fatiguée et je
vais avoir ma maison à reconstruire, et, bon. Tu vois?
− Ah, oui, d’accord.
Nous hâtâmes le pas et arrivâmes le long du Nil. Nous marchâmes sur le
rivage, quand j’eus une autre vision. Des immenses objets flottants, bien
différents de nos petits bateaux, voguaient sur un cours d’eau. De
gigantesques liens en métal passaient au-dessus de l’eau, retenant les
deux morceaux de terre pour ne pas qu’ils s’éloignent. Puis, d’un coup, le
Nil réapparut. Tout ça était trop étrange. Pourquoi est-ce que ces visions
bizarres m’assaillaient en ces endroits précis? Pourquoi ces visions me
paraissaient si familières?
− Vas-tu te décider à me dire ce qui se passe, Aneksi? Je m’inquiète, tu
es sûre que tu es en bon état?
− Bon, je vais te dire ce qui se passe, me décidai-je. Depuis ce matin,
j’ai des visions d’un autre monde qui m’est familier. Tout ça
m’inquiète, ça s’est produit à trois reprises. Je me demande ce que j’ai,
peut-être que je suis seulement malade.
− Ça ne fait que depuis ce matin? me demanda-t-elle, intriguée.
− Oui.
− Effectivement, c’est très étrange.
Puis, elle se tut. Nous continuâmes rapidement jusqu’au grand palais du
pharaon. Nous rentrâmes discrètement, espérant ne pas être entendues.
C’était bientôt l’heure du premier repas et nous étions affectées aux
cuisines. Il fallait se dépêcher si on ne voulait pas être fouettées. Quand
nous entrâmes dans les cuisines, FLASH, tout était différent. Il y avait
plusieurs personnes avec des espèces de toges et des filets sur la tête. Ils
avaient des objets pointus dans leurs mains et ils coupaient des aliments.
Il faisait incroyablement chaud, mais ça sentait bon. FLASH. Je vis les
cuisines que je connaissais bien, avec toutes les femmes qui s’activaient.
Ici aussi, ça sentait bon. Ça sentait le poisson fraîchement pêché. Je
regardai Neferti et je me mis au travail. Moi, je m’occupais de faire du
pain d’orge. Dès que le repas était terminé, je me chargeais de le servir à
notre bien-aimé pharaon et à son épouse Néfertari. C’était deux
grandissimes beautés. Je déposai les plats, m’inclinai et m’éclipsai.
Ensuite, je retournai aux cuisines pour y préparer le deuxième repas. Cela
prenait du temps à faire et il fallait que ce soit parfaitement délicieux.
Pendant que je discutais avec mes camarades de travail, tout en cuisinant,
Hapu, le vizir du pharaon, entra dans les cuisines.
− Hâtez-vous, jeunes femmes, le grand pharaon souhaiterait se
rafraîchir! Gouverner un pays n’est pas chose facile.
− Parfait, nous allons lui apporter un breuvage, répondit une fille dans le
fond de la pièce. Soyez sûr que ce sera fait le plus rapidement
possible.
Après quoi, le vizir repartit conseiller Ramsès. Je dois vous avouer, ce
vizir ne m’inspirait pas trop confiance. Il avait un visage affreusement
sérieux et sa voix semblait toujours cacher de mauvaises intentions.
Personnellement, il m’effrayait. Quand le breuvage du grand pharaon fût
prêt, j’allai lui porter dans ses appartements. Là, il discutait avec Hapu
des règnes de l’Égypte. Dès que j’allais repartir pour les cuisines,
Néfertari, l’épouse du pharaon, m’interpella. Je m’inclinai devant elle et
lui demandai ce qu’elle attendait de moi.
− J’ai l’impression que quelqu’un complote contre moi et mon époux,
me confia-t-elle. Cela me fait peur. Les Hyksos ont signé le traité de
paix, mais j’ai bien peur qu’il n’envoie des espions dans nos villages.
− Toi, Aneksi, la servante en qui j’ai le plus confiance, peux-tu mener
une enquête pour moi? Je n’ose pas sortir de mon palais, car je ne
veux pas être vue en milieu civil. Peux-tu démasquer ces espions
Hyksos pour moi? Un honneur spécial te sera accordé si tu réussis.
Acceptes-tu cette mission?
− Alors, va!
Puis, je m’inclinai bien bas et allai chercher Neferti. Nous partîmes dans
les rues et nous arrêtâmes à une grosse maison, sur le point de s’écrouler,
dans le village voisin. Nous entrâmes discrètement et appelâmes le
propriétaire. Un homme descendit du toit, où il se reposait sous un voile
de lin.
− Qui me dérange? grogna-t-il. Je me reposais.
Mais quand il nous eut vus, il se lança, bras ouverts et s’écria :
− Aneksi, Neferti, quelle surprise! Ça fait bien longtemps que je vous ai
vues, petites cocottes!
− Oui, oui, c’est correct, répliquai-je. On a quelque chose à te demander.
Tu connais beaucoup l’Égypte, jusqu’au moindre recoin et jusqu’à la
moindre personne, n’est-ce pas?
− Effectivement, pourquoi?
− Tu as aussi des personnes-ressources dans le camp des Hyksos, pas
vrai ? demandai-je sans faire attention à sa question.
− Oui, c’est vrai, mais pourquoi? répéta-t-il.
− Alors, peux-tu t’informer s’il y a un ou des Hyksos qui manigancent
quelque chose dans notre dos, ici, dans les villages d’Égypte?
− Sûrement, mais...
− Parfait! coupai-je. Alors, tu nous trouves les imposteurs, tu nous
donnes leur position et nous allons le répéter à la reine! Ensuite, on les
trouve et on les amène. C’est réglé!
− Vous allez me dire, par Horus, de quoi il s’agit! s’exclama l’homme,
énervé de ne rien savoir.
− T’occupe, tu n’as pas besoin de savoir, répliquai-je.
− Je veux savoir, sinon je refuse de vous servir! lança-t-il.
− Neferti, explique-lui, ordonnai-je.
− Bon, d’accord, soupira Neferti, tu dois comprendre que c’est pour la
reine que nous faisons ça, d’accord? Alors, elle a la certitude qu’un
complot se trame dans son dos et elle croit que des espions Hyksos se
terrent dans les villes. Elle a donc demandé à Aneksi de lui trouver ces
espions, et celle-ci a accepté. Elle a alors besoin de toi pour trouver les
espions, et puis, ensuite, elle les coincera avant les meurtres et elle
aura une promotion, tu me suis? •
− Ah! O.K. d’accord, oui, je vois, bredouilla l’homme. Si c’est pour la
reine, je suis prêt à me sacrifier! C’est d’accord! Je vais vous trouver
ces espions, par Horus, je vous le promets!
Et il partit hors de la maison. Après son départ, la maison s’écroula. Puis,
nous commençâmes à chercher en attendant son retour. Nous essayâmes
de trouver d’autres personnes-ressources et nous pensâmes même nous
faire passer pour des Hyksos. Mais j’écartai cette idée dès qu’elle sortit
de ma bouche. C’était bien trop risqué. Je proposai alors à Neferti d’aller
pêcher, parce que je commençais à avoir faim.
− Il y a un lac, près d’ici, je crois, pourquoi est-ce qu’on n'irait pas?
proposai-je.
− Pourquoi pas dans le Nil?
− Mais, t’es folle! Rappelle-toi, le Nil est infesté de crocodiles!
m’écriais-je.
− Ah oui! c’est vrai. C’est dommage! soupira-t-elle.
Nous allâmes donc pêcher, en attendant le retour de Djar. Il arriva au
crépuscule, avec des bonnes nouvelles.
− J’ai trouvé! cria-t-il en courant vers nous. Regardez, j’ai écrit leurs
noms et les endroits où on pourrait les trouver! Voilà!
Il me passa le parchemin et je lus les hiéroglyphes qui y étaient inscrits.
Soudain, FLASH! J’étais dans une pièce avec un objet en pointe qui
pouvait écrire. J’avais une sorte de papyrus blanc ligné, avec des
gribouillis dessus. Sur le papyrus, il était écrit, I LOVE???. Bizarrement,
des souvenirs me vinrent en tête. Je me souvenais d’une vie dans une
grande ville. Comment s’appelait-elle déjà? Magog? Oui, c’est cela,
Magog. J’allais à l’école. Dans cet autre monde, ceux qui enseignaient
étaient des professeurs. Oui, tout me revenait maintenant. J’habitais audessus d’un bureau du Végétarien. Je sortais de ma maison en courant,
traversais la rue et... plus rien.
C’est là que je compris. Toutes ces scènes étaient celles d’une ancienne
vie, déjà vécue. Les souvenirs revenaient dans ma tête et je commençai à
envier cette autre vie. Mais, subitement, des scènes de misère et de crime
apparurent dans mon esprit. Finalement, on se plaisait en Égypte
ancienne. En tout cas, certainement mieux que dans cette autre vie.
FLASH. J’étais revenue au bord du lac, assise, le papyrus entre les doigts.
Ébranlée, je regardai autour de moi pour y voir le traditionnel désert
d’Égypte, au-delà des maisons de boue séchée. Le désert occupait 96 %
de l’Égypte. Disons que ce n’est pas rien! La voix de Djar me ramena à la
réalité. J’étais la seule personne qui sache lire dans notre trio et je lus, sur
le papyrus :
« Le temps que vous lisiez ce papyrus, la reine sera déjà en danger! Les
assassins ne sont pas loin. Prenez garde à vous trois, vous pourriez
laisser votre peau dans cette aventure... Les Hyksos sont malins, ils
veulent la guerre! Ils vont tuer la reine et vont ensuite emmener sa momie
à leur camp pour que le pharaon se fâche! Ainsi, ils rassembleront leur
armée et vaincront Ramsès II! Vous devez vous dépêcher! »
Je le lus une deuxième fois, à voix haute. Neferti et Djar restèrent
silencieux. Je me ressaisis et leur criai :
− La reine est en danger! Il n’y pas une minute à perdre! Vite, au palais!
Sur ce, nous partîmes en vitesse pour le palais. Le cœur battant, Neferti
tenta d’expliquer aux gardes des portes de la salle du trône que la reine
était en danger, mais il ne voulut rien entendre. Dès qu’elle réussit enfin à
l’amadouer et à le convaincre de nous laisser entrer, il était trop tard.
Deux de nos ennemis étaient là, une arme en main. En furie, Djar se
précipita en criant sur l’assassin et réussit à le désarmer. Ensuite, il le
menaça avec l’arme et le Hyksos prit la fuite. Dès qu’il fut parti, nous
nous lançâmes aux côtés de la reine et essayâmes de la maintenir en vie.
J’ordonnai à Neferti d’aller chercher les médecins du palais, les
meilleurs, le plus vite possible. Elle partit en vitesse après m’avoir fait un
signe de tête. Djar alla ensuite prévenir le pharaon aussi vite que ses
jambes pouvaient aller. À quelques reprises, il trébucha dans ses sandales
de papyrus, mais il se relevait à chaque fois. Moi, je restai aux côtés de
notre reine adorée qui était mourante. Je l’encourageais, mais cela ne
servait à rien. Lentement, sa bruyante respiration s’affaiblit, puis, s’éteint
complètement. Je pleurai. Je pleurai sa mort, et je lui promis de ramener
l’assassin au pharaon. Je lui souhaitai un bon repos, puis Djar arriva.
Ramsès II accourut à son tour, puis, découvrant sa femme gisant sur le
sol, , il cria, jura qu’il trouverait l’assassin et qu’il lui ferait payer son
acte. Neferti arriva, quelques secondes plus tard, accompagnée des trois
meilleurs médecins du palais. Quand elle vit le corps immobile de sa
reine, elle se retourna et pleura sur l’épaule du médecin derrière elle.
Celui-ci dit :
− Je te souhaite un bon repos, ô noble ka. Puisses-tu vivre heureux
parmi les morts.
Quelques jours plus tard, on commença à momifier le corps. Cela prit au
moins quarante jours. Puis, les Égyptiens construisirent un hypogée pour
y loger la momie. Et moi, je courus les rues afin d’y trouver l’assassin de
ma reine bien-aimée. Jours et nuits, je me promenais dans les rues,
dévisageant chaque personne qui passait. Cette mission, je la fis seule,
sans personne pour m’aider. Je me devais de retrouver la vermine qui
avait rempli mon cœur de haine et de peine. Maints jours et maintes nuits,
je cherchai, tantôt à dos d’âne, tantôt à pied. Je ne trouvais jamais
personne qui pouvait seulement ressembler à la crapule que je cherchais.
Mais une nuit, je finis par le retrouver. Je le vis, à l’ombre des débris de
MA maison. J’aurais juré qu’il m’attendait. Comment avait-il pu trouver
où j’habitais? C’était vraiment trop bizarre. Je pris un morceau de vase en
terre cuite et j’avançai, doucement, prudemment. L’homme avait les bras
croisés sur sa poitrine. Il ne bougeait pas. Je m’avançais, doucement.
Quand j’arrivai à un mètre de lui, je bondis et plantai mon morceau de
vase dans un de ses deux bras. Avec horreur, je découvris qu’il était
pendu, les deux bras attachés sur sa poitrine à l’aide de cordes. Horrifiée,
je reculai, ma main devant ma bouche, sur le point de vomir. Puis,
derrière l’homme pendu surgit le vizir du pharaon, des cordes dans les
mains. Ne voulant pas faire face à la vérité, je bredouillai :
− Ce, ce n’est quand même pas... vous, vous, vous n’auriez pas fait... ça?
N’est, n’est-ce pas?
− Crois-moi, je suis capable de bien des choses, quand je veux être au
pouvoir, répondit-il d’une voix sans expression. Même d’engager des
assassins pour tuer la reine.
− Oui, et puis ensuite les tuer pour qu’ils ne parlent de rien. Laissez-moi
deviner, vous lui aviez promis la momie de la reine et vous l’avez tuée
afin de la garder pour vous, n’ai-je pas raison? Vous avez toujours été
très amoureux de la femme
du pharaon, n’est-ce pas?
C’est pourquoi vous voulez voler sa momie, ainsi que toutes les
richesses qui seront mises dans son hypogée, c’est ça?
− Je vois que vous comprenez vite, ma chère, lança Hapu. Et je devrai
vous faire taire afin de ne pas perdre mon poste.Et vous allez aussi
voler la momie pour déclarer la guerre entre les Égyptiens et les
Hyksos, commençai-je. Ainsi...
− ... je tuerai le pharaon par derrière durant le combat et ensuite, les
règnes de l’Égypte seront à moi et au chef des Hyksos! termina le vizir
avec un sourire machiavélique.
− Pas si je vous en empêche, déclarai-je en me précipitant vers Hapu
avec mon bout en terre cuite.
J’évitai les coups de poings et plantai le bout de terre cuite en plein dans
le cœur du vizir. Après quoi, je me reculai, en sueur. Hapu s’écroula; il
gisait par terre, mort.
J’avalai difficilement ma salive et je décidai d’enterrer le corps dans le
désert. Les lions, les hyènes et les chacals auront quelque chose à manger.
Prenant mon courage à deux mains, j’allai dans les débris de ma maison
et pris un grand voile de lin. J’y enroulai le corps et le portai sur mes
épaules jusqu’au désert. Je ne marchai pas longtemps, pour ne pas trop
m’aventurer loin, et y enterrer le corps dans le sable. Ensuite, je me
retournai et j’entrai dans la ville. Je rôdai dans les rues, solitaire. Je ne
savais que faire durant la nuit. Je devais m’abriter car les scorpions et les
vipères à cornes, dont la piqûre est mortelle, se promenaient souvent dans
les rues la nuit. Je décidai donc d’aller chez Neferti. Elle me logea avec
plaisir, mais je ne dormis pas de la nuit. L’idée d’avoir tué un homme me
hantait. Des images assaillaient mon esprit à chaque fois que je fermais
les yeux. Le lendemain, Neferti et moi allâmes au palais ensemble. Dès
que je vis le visage fermé et la voix pleine d’émotions de Ramsès II, je
me sentis affreusement mal. Je déposai le premier repas devant lui, mais
dès que je tournai le dos, il me demanda de rester.
− Ma chère servante, comment te nommes-tu? me demanda-t-il.
− Aneksi, ô grand pharaon, Aneksi, répondis-je en me retournant.
− Ma chère Aneksi, je voulais te remercier pour la dernière fois, d’avoir
essayé de sauver ma femme. Je te suis très reconnaissant. Je suis très
peiné de sa mort. Mais, arrêtez-moi si je me trompe, Mademoiselle,
mais... je ne vous ai pas vue, ces derniers jours. Où étiez-vous?
Mon cœur fit un saut périlleux au nom du vizir. Fatiguée de garder ça
pour moi-même, je me confiai au pharaon.
− J’ai été malade, ces derniers jours, noble Ramsès, alors je suis restée
au lit pour ne pas transmettre ce petit virus.
− Votre petit virus a duré longtemps, à ce que je vois, répondit Ramsès,
soupçonneux. Et, avez-vous vu Hapu, mon vizir, hier? Il a pris congé
dans la soirée, et il n’est pas revenu ce matin… Savez-vous ce qui lui
est arrivé?
Mon cœur fit un saut périlleux au nom du vizir. Fatiguée de garder ça
pour moi-même, je me confiai au pharaon.
Vous voyez, mon maître, c’est que... le grand vizir Hapu avait des
projets, euh, de grands projets. Seulement, ces projets se dirigeaient
contre vous, vous voyez? Le décès de votre épouse est entièrement de sa
faute.
− Qu’est-ce que vous me chantez là? demanda Ramsès en haussant la
voix. Mon vizir a toujours été un homme d’honneur très sage, ma
chère servante!
− Je sais bien, tout le monde pense ça, mais moi, je sais tout! Laissezmoi vous expliquer.
Je lui expliquai donc tout ce que je savais sur le vizir, et je lui avouai que,
pour son bien-être, j’avais tué le vizir. À la toute fin de mes explications,
le pharaon marmonna :
− Ce que vous me racontez là me perturbe, ma chère Aneksi. Comment
pourrais-je vous croire?
− Que les feux de l’Enfer me dévorent, si je mens! Je vous jure que je
dis la vérité!
− Bon, d’accord, je veux bien te croire, finit par dire Ramsès. Je veux
bien te croire. Mais qui m’aidera à régner dorénavant? J’aurai besoin
d’aide.
− Je connais quelqu’un qui pourrait vous aider et que vous avez déjà
rencontré, répondis-je, songeuse.
− Qui donc?
− Mon cher ami Djar! Il n’a pas de travail, et il est très fidèle! Je vais
aller le chercher pour vous.
− D’accord, mais attendez... Aneksi, voudriez-vous être mon épouse?
− Pardon?
Je n’avais pas bien entendu. J’entendais d’autres voix. Pourtant, nous
étions seulement tous les deux. C’était étrange. Puis, après les sons, est
apparu un autre décor. Tout changeait, tout devenait flou. Puis tout devint
noir.Je me retrouvai dans une chambre d’hôpital. Par instinct, je me levai
et regardai autour de moi. Mais une douleur me saisit aux deux bras.
Alors, je me recouchai et me contentai de bouger seulement les yeux et la
tête. Mes parents étaient autour de moi, un médecin, une infirmière. Fiou!
J’étais rentrée chez moi! L’Égypte ancienne, ce n’est pas mal, mais je
préfère quand même mon chez-moi, en l’an 2004.
− Mom, Pop’s? Est-ce qu’on va pouvoir aller en Égypte pour le
prochain voyage?
Mes parents se regardèrent bizarrement. Je pense qu’ils étaient
convaincus que j’étais folle. Dans mon cas, j’étais convaincue que j’allais
retrouver des personnes et des objets familiers!
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