Fausses routes, asphyxies : découvrez la manœuvre de la table

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Fausses routes, asphyxies :
découvrez la manœuvre de la table
Pr Hubert Blain, Pôle Gérontologie CHU Montpellier;
MacVia-LR; Unité Movement to Health, Euromov, Université Montpellier 1
RÉSUMÉ
En France près de 4 000 décès surviennent annuellement par asphyxie lors d’une fausse route, ces
fausse-route graves intéressant le plus souvent des enfants et des sujets âgés ayant fréquemment une
pathologie neurologique, des difficultés de déglutition et/ou prenant des médicaments sédatifs. En cas
d’obstruction incomplète des voies respiratoires chez un patient conscient capable de tousser et de respirer, il convient de l’encourager à tousser. Chez un patient conscient, incapable de tousser et de respirer,
il est recommandé de donner 5 claques entre les omoplates avec la paume de la main, voire d’utiliser en
première intention la manœuvre de Heimlich. Nous décrivons la manœuvre de la table, inspirée de la
manœuvre de Mofenson utilisée chez le nourrisson, qui a été utilisée avec succès à 6 reprises après échec
de la manœuvre de Heimlich chez des patients âgés inconscients victimes d’une asphyxie liée à un corps
étranger alimentaire.
Mots-clés : Fausse-route – Asphyxie - Troubles de la déglutition - Manœuvre de Heimlich Manœuvre de Mofenson - Manœuvre de la table
E
n France près de 4 000 décès
surviennent
annuellement
par asphyxie lors d’une fausse
route. Ces fausse-route graves intéressent le plus souvent des enfants
et des sujets âgés ayant fréquemment une pathologie neurologique,
des difficultés de déglutition et/ou
prenant des médicaments sédatifs.
On estime la prévalence des troubles
de la déglutition en Établissement
d’Hébergement pour Personnes
Agées Dépendantes (EHPAD) à
environ 50 %. Les fausses routes
constitueraient la première cause
de décès accidentels dans ces structures.
En cas d’obstruction incomplète
des voies respiratoires chez un patient conscient capable de tousser
et de respirer, il convient de ne pas
tenter de manœuvre potentiellement
dangereuse, de rassurer la personne
et de l’encourager à tousser.
Chez un patient conscient, incapable de tousser et de respirer, il est
recommandé de donner 5 claques
dans le dos (entre les omoplates avec
la paume de la main) en maintenant
le patient avec son autre main. Parce
que cette manœuvre peut majorer
l’asphyxie en entraînant le corps
étranger vers les voies aériennes
distales, certains auteurs proposent
d’utiliser en première intention la
manœuvre de Heimlich qui consiste à se tenir derrière la victime,
de mettre son poing droit sous son
sternum en regard de l’estomac, de
recouvrir son poing droit avec sa
main gauche enlaçant totalement le
patient et d’imposer des pressions
brusques en arrière et vers le haut.
En l’absence d’efficacité de 5
manœuvres de Heimlich, des pressions thoraciques (massages cardiaques) sont proposées.
Chez la femme enceinte ou le sujet obèse chez lequel la manœuvre
de Heimlich est contre-indiquée ou
rendue difficile, les pressions thoraciques peuvent être proposées après
les claques dans le dos.
Chez l’enfant de moins de un an,
la manœuvre de Heimlich n’est pas
recommandée et on lui substituera
la manœuvre de Mofenson qui consiste à allonger l’enfant sur la cuisse
fléchie du secouriste assis, la tête
et les bras pendant au delà de son
genou et d’appliquer des pressions
sèches avec la paume de la main en-
tre les omoplates de l’enfant.
Dans tous les cas, en l’absence
d’expulsion rapide du corps étranger, le sauveteur doit appeler les
secours (le 15, le 18 ou le 112 à
partir d’un portable).
En cas de troubles de la conscience, une réanimation cardiorespiratoire est proposée.
Le plus souvent plusieurs de ces
manœuvres sont combinées pour
obtenir l’expulsion du corps étranger. Chez les sujets hypotoniques,
la manœuvre de Heimlich peut souvent poser des problèmes si le sauveteur n’a pas la force de soutenir
la personne qui suffoque. Ceci explique que dans un certain nombre de
cas, malgré l’emploi de ces mesures,
la fausse route peut conduire au
décès du patient, en particulier en
institution.
La manœuvre de la table est
fortement inspirée de la manœuvre
de Mofenson de l’enfant. Elle a été
utilisée avec succès 6 fois, chez des
sujets en situation d’asphyxie sur
fausse route d’aliments mous, après
échec des manœuvres précédentes.
La manœuvre de la table consiste à
allonger la victime à plat ventre sur
46 | Approches non-médicamenteuses de la maladie d’Alzheimer • 13 et 14 novembre 2014
une table, ses bras et sa tête pendant, et de lui donner des claques
dans le dos entre les deux omoplates avec la paume de sa main.
L’intérêt de cette manœuvre est
qu’elle est simple à réaliser à condition de disposer d’une table et de
pouvoir installer le patient en décubitus ventral sur celle-ci. La combinaison de la position ventrale avec
compression sur un support dur et
de la position déclive favorisent une
augmentation de pression intrathoracique, propice à l’expulsion du
corps étranger alimentaire et réduit
le risque de migration de celui-ci
vers les voies respiratoires distales.
Il reste cependant à démontrer
que cette technique est capable
d’entraîner l’expulsion du corps
étranger quand celui-ci est dur
(viande par exemple), l’aliment
responsable de la fausse-route étant
mou dans nos observations. De plus,
il reste à démontrer, même si cette
manœuvre est proche de celle utilisée chez l’enfant, si la manœuvre
de la table est sans effet indésirable
immédiat et à distance, comme cela
a été le cas chez nos patients.
Merci de nous signaler des observations au cours desquelles la
manœuvre de la table est utilisée
avec succès de manière à pouvoir
colliger les observations.
RÉFÉRENCE
1. Hubert Blain
Pôle gérontologie Centre Antonin
Balmes, CHU Montpellier
mail : [email protected]
Hubert Blain est gériatre, professeur d’université au Pôle de Gériatrie CHU
Montpellier. Il est coordinateur de PHRC et participe en tant qu’investigateur
à plusieurs études internationales d’évaluations en phases 3 et 4 d’un certain nombre de médicaments. Il est l’auteur de près d’une centaine de publications internationales sur les thèmes : ostéoporose, prévention des chutes,
prévention des fractures, troubles de la déglutition, maladie d’Alzheimer,
interventions en Ehpad.
Notes :__________________________________________________________________________________________________________
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Approches non-médicamenteuses de la maladie d’Alzheimer • 13 et 14 novembre 2014 | 47
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