specimen

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La symmachia, c’est-à-dire « l’alliance militaire », est une manifestation du droit
international, discipline qui met en œuvre un certain nombre d’institutions et de lois
générales. En matière d’alliance militaire, les Grecs ont essayé très tôt de construire,
par la pratique, un droit international. Les Actes de cette première manifestation
scientifique inscrite dans le programme « Le droit grec et hellénistique, Approches
historique et anthropologique » au sein du laboratoire Anthropologie et Histoire des
Mondes Antiques (AnHiMA - UMR 8210) rassemblent neufs contributions qui
sont autant d’exemples permettant de mieux comprendre ce phénomène, depuis
Homère jusqu’à l’époque hellénistique.
DHA - Supplément 
La symmachia comme pratique du droit international dans le monde grec
La symmachia comme pratique du droit international
dans le monde grec
D’Homère à l’époque hellénistique
sous la direction de Jean-Christophe Couvenhes
La symmachia
comme pratique
du droit international
dans le monde grec
D’Homère à l’époque hellénistique
DHA - Supplément 
Dialogues d’Histoire Ancienne , revue soutenue
par l’Institut des Sciences Humaines et Sociales du CNRS
-:HSMIOI=[\ZY[[:
eissn 1955-270x
issn 2018-1433 – 20 €
Presses universitaires de Franche-Comté
COUVERTURE :
Copie datant de 403/2 av. J.-C. du décret honorifique de 405 par lequel les Athéniens remercient les Samiens de leur être
restés des alliés fidèles. Le relief surmontant l’ inscription représente les déesses tutélaires des deux cités, respectivement
Athéna et Héra, se serrant la main. Musée de l’ Acropole d’ Athènes.
© Marsyas / CC 2.5 (Creative Commons version 2.5)
Dialogues
d’histoire ancienne
Supplément 16
Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité
http://ista.univ-fcomte.fr
Rédaction: Jacques Annequin, Laurène Leclercq, Antonio Gonzales
Directeur de publication: Antonio Gonzales
Ouvrage publié avec le concours de l’UMR 8210 ANHIMA
(Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques)
© Presses universitaires de Franche-Comté, 2016
ISSN 2108-1433
Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité
Dialogues
d’histoire ancienne
Supplément 16
La symmachia comme pratique du droit international
dans le monde grec
D’Homère à l’époque hellénistique
Sous la direction de Jean-Christophe Couvenhes
Revue soutenue par
l’Institut des Sciences Humaines et Sociales du CNRS
© Presses universitaires de Franche-Comté, 2016
Dialogues d’histoire ancienne supplément 16
6
Contents
Contents ................................................................................................................................................
6
Bernard Legras, Foreword .................................................................................................................
9-11
Jean-Christophe Couvenhes, Introduction: Symmachia as Practice of International Law
in the Greek World ........................................................................................................................................
13-49
Evelyne Scheid-Tissinier, The King and his Allies, Cohesion and Dissent
in the Homeric Achaean Alliance ................................................................................................................
51-65
Jeannine Boëldieu-Trevet, Allied Commands in the Greek World during the Second Medic War
at the Battle of Chaeronea ............................................................................................................................. 67-95
Sandra Péré-Noguès, Symmachia in Sicily from the Athenian Expeditions to the Strategy
of Timoleo ........................................................................................................................................................ 97-112
Aliénor Rufin Solas, Symmachia and Hegemony over Thracian War Peoples,
from the Odrysian Kingdom to Macedonian Domination .................................................................. 113-123
Denis Knoepfler, “So that Philia and Symmachia between Athens and the Euboeans Can Endure”
(IG II2 149 = IG II3 1, 2, 398, an Attican Inscription to Reexamine) ................................................ 125-160
Jacqueline Christien, Areus and the Concept of Symmachia in the Third Century BC.
Hellenistic Realities ........................................................................................................................................ 161-175
Jean-Christophe Couvenhes, A Few Remarks on the Recruiting of Cretan Soldiers abroad
from what Can Be Read in Symmachian Treaties ...................................................................................... 177-211
Alexandru Avram, On the Date of the Treaty Between Pharnaces and Tauric Chersonese ............. 213-237
Abstracts ................................................................................................................................................ 239-246
DHA supplément 16, 2016
Dialogues d’histoire ancienne supplément 16
7
Sommaire
Sommaire ................................................................................................................................................
7
Bernard Legras, Avant-propos ...........................................................................................................
9-11
Jean-Christophe Couvenhes, Introduction : La symmachia comme pratique du droit international
dans le monde grec .......................................................................................................................................... 13-49
Evelyne Scheid-Tissinier, Le roi et ses alliés, cohésion et dissensions
dans l’ alliance achéenne homérique ............................................................................................................
51-65
Jeannine Boëldieu-Trevet, Les commandements alliés dans le monde grec
de la deuxième guerre médique à la bataille de Chéronée .........................................................................
67-95
Sandra Péré-Noguès, Les symmachies en Sicile des expéditions d’ Athènes à la stratégie
de Timoléon ..................................................................................................................................................... 97-112
Aliénor Rufin Solas, Symmachia et hégémonie sur les peuples guerriers de Thrace,
du royaume odryse à la domination macédonienne ................................................................................. 113-123
Denis Knoepfler, « Pour que demeurent la philia et la symmachia entre Athènes et les Eubéens »
(IG II2 149 = IG II3 1, 2, 398, une inscription attique à reconsidérer) ................................................ 125-160
Jacqueline Christien, Areus et le concept de symmachie au iiie siècle.
Les réalités hellénistiques............................................................................................................................... 161-175
Jean-Christophe Couvenhes, Quelques remarques sur le recrutement des soldats crétois outre-mer
à travers les traités de symmachia ................................................................................................................... 177-211
Alexandru Avram, Sur la date du traité entre Pharnace et Chersonèse Taurique................................ 213-237
Résumés ................................................................................................................................................. 239-246
DHA supplément 16, 2016
Dialogues d’ histoire ancienne supplément 16, 2016, 9-11
Avant-propos
Bernard Legras
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – UMR 8210 ANHIMA
[email protected]
Le colloque La « symmachia » comme pratique du droit international dans
le monde grec est la première manifestation scientifique du programme « Le droit
grec et hellénistique, Approches historique et anthropologique », du laboratoire
« Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques » (ANHIMA). Le choix de cette
thématique de journée d’ étude pensée et élaborée par Jean-Christophe Couvenhes
entendait affirmer d’ emblée l’ espace de réflexion des chercheurs réunis dans ce nouveau
programme : étudier en historien les pratiques juridiques du monde grec et hellénistique,
en pensant le droit à travers la réflexion anthropologique. En s’ intéressant au thème de
la symmachia du vie siècle au iie siècle av. J.-C. Jean-Christophe Couvenhes permet de
traiter cette question sur la longue durée de l’ histoire grecque, de l’ époque archaïque à
l’ époque hellénistique, et de renouveler notre connaissance d’ une dimension essentielle
du droit international antique.
Le programme construit pour les années 2014-2018, inauguré par ce colloque
à l’ automne 2013, est issu du programme ANHIMA « Constructions identitaires
et transferts culturels dans les mondes anciens », où les recherches sur le droit grec et
hellénistique aboutirent aux résultats les plus importants. Une table ronde que JeanChristophe Couvenhes et moi-même avions réunie en 2004, en Sorbonne, marqua
le point de départ de notre réflexion sur ce champ de recherche : Transferts culturels
et politique dans le monde hellénistique ( J.-Chr. Couvenhes, B. Legras [éds], Paris,
Publications de la Sorbonne, 2006). En 2008, un colloque international organisé
à Reims, s’ est tenu sur Transferts culturels et droits dans le monde grec et hellénistique,
(B. Legras [éd.], Paris, Publications de la Sorbonne, 2012). Ce programme a été
DHA supplément 16
10
Bernard Legras
également à l’ initiative en 2011, à l’ INHA, du XVIIIe Congrès international de droit
grec et hellénistique (B. Legras, G. Thür [éds], Symposion 2011. Études d’ histoire du
droit grec et hellénistique/Vorträge zur griechischen und hellenistischen Rechtsgeschichte,
Vienne [Akten der Gesellschaft für griechische und hellenistische Rechtsgeschichte 23],
2012). Les chercheurs du programme ont alors travaillé dans un réseau international de
quatre sociétés internationales 1) Symposion. Internazionale Gesellschaft für griechische
und hellenistische Rechtsgeschichte ; 2) AIDEA : Association Internationale pour l’ étude du
Droit de l’ Égypte Ancienne ; 3) Collegium Politicum. Collaboration in Classical Political
Thought and Its Reception ; 4) Hellenistic Warfare. Fundación Instituto Valenciano de
Estudios Clásicos y Orientales (IVECO), Fundación Libertas 7.
En se centrant désormais exclusivement sur le droit grec et hellénistique dans
sa dimension historique et anthropologique, le programme entendait s’ inscrire dans
une féconde tradition de chercheurs tels, naguère, Gustave Glotz et Louis Gernet, ou,
aujourd’ hui, tels Joseph Mélèze Modrzejewski ou Julie Vélissaropoulos-Karakostas1.
Affirmer d’ emblée l’ intérêt de la dimension internationale permettait d’ élargir les futures
enquêtes, qui ne se trouveraient donc pas limitées aux institutions politiques internes
et au droit privé des États grecs d’ époque archaïque, classique ou hellénistique. Elle
permet de mesurer pour la période hellénistique toute la complexité d’ un monde où des
organismes fédéraux comme la ligue achéenne ou la confédération étolienne peuvent
parler d’ égal à égal avec les souverains macédoniens, et où les cités grecques d’ Asie ou
d’ Égypte n’ ont qu’ une autonomie très restreinte face à la puissance des monarchies
séleucides ou ptolémaïques. Il permet de replacer, dans le cadre des communications de
cette belle séance du 13 novembre 2013, la réflexion globale sur ce que d’ aucuns ont
pu appeler « la fin de l’ histoire grecque »2, quand les États hellénistiques, incapables
de s’ entendre, après la période d’ « équilibre des pouvoirs » au iiie siècle av. J.-C., ont
adopté un comportement international qui les conduisit à leur perte, face à la puissance
romaine conquérante. Polybe constate qu’ à partir de la 140e Olympiade (220-216 av. J.C.) « l’ histoire du monde s’ est mise à former un tout organique ». On peut cependant
discuter la vision polybéenne qui voit dans la « mondialisation » de l’ histoire, désormais
romaine, l’ aboutissement d’ une « finalité de l’ histoire ». Car on peut douter avec
1
Cf. J. Mélèze Modrzejewski, Le droit grec après Alexandre, Paris, 2012 ; J. Vélissaropoulos-Karakostas, Droit
grec d’Alexandre à Auguste (323 av. J.-C.–14 apr. J.-C.). Personnes-Biens-Justice, Athènes (Mélétèmata 66),
2011.
2
Cf. Cl. Orrieux dans Cl. Orrieux, P. Schmitt Pantel (éds), Histoire grecque, Paris, p. 446. En s’ appuyant
sur les travaux d’ E. S. Gruen, il considère que cette politique internationale des États hellénistiques (royaumes,
fédérations, cités) est « à la lettre, un suicide ».
DHA supplément 16, 2016
Avant-propos
11
l’ historien moderniste Patrick Boucheron que l’ histoire ait une quelconque « finalité » :
« Aussi devons-nous du même élan revendiquer une histoire sans fin – parce que toujours
ouverte à ce qui la déborde et la transporte – et sans finalités »3.
Les actes de ce colloque sont précédés d’ une remarquable introduction où JeanChristophe Couvenhes dresse un état des lieux précis et complet de la recherche sur la
notion de symmachia. Qu’ il soit remercié ainsi que tous les auteurs de communication,
qui ont apporté chacun leur manière de concevoir les études concernant le droit grec et
hellénistique.
3
P. Boucheron, leçon inaugurale du 17 décembre 2015 au Collège de France, Chaire « Histoire des
pouvoirs en Europe occidentale xiiie-xive siècle » (http://books.openedition.org/cdf/156 et coédition
Collège de France/Fayard).
DHA supplément 16, 2016
Dialogues d’ histoire ancienne supplément 16, 2016, 239‑246
Résumés
Jean-Christophe Couvenhes
La symmachia comme pratique du droit international dans le monde grec
Résumé : La symmachia désigne à la fois l’ aide concrète apportée par une armée à une autre
sur le champ de bataille contre un ennemi commun mais aussi l’ accord formalisé qui résulte ou
prévoit cette aide entre deux États. Il s’ agit ici de préciser les contours de la symmachia comme
pratique du droit international dans le monde grec. Après avoir fait un tour d’ horizon de
l’ historiographie relative à la symmachia, d’ un point du droit, nous revenons sur la symmachia
comme pratique contractuelle, puis nous envisageons une typologie des principales clauses des
accords symmachiques, avant de rappeler quelques enjeux relatifs à la symmachia contractuelle
dans le droit international du monde grec.
Mots-clés  : Symmachia spontanée, Symmachia agonale, Symmachia contractuelle, Epimachia,
Mêmes amis et mêmes ennemis, Philia, Alliance, Hégémonie, Droit international, États grecs.
Symmachia as Practice of International Law in the Greek World
Abstract: Symmachia both means concrete help given by one army to another on a battlefield
against a common enemy, and a formal agreement between two states resulting from or making
for such help. This paper intends to outline symmachia as practice of international law in the
Greek world. After a bird’ s eye view of historiography, symmachia is examined in terms of
contractual agreement practise, then an attempt at drawing a typology of the main symmachian
contract clauses is made, and eventually some of the issues pertaining to contractual symmachia
in the Greek world are recalled.
Keywords: Spontaneous Symmachia, Agonal Symmachia, Contractual Symmachia, Epimmachia,
Same Allies and Same Enemies, Philia, Alliance, Hegemony, International Law, Greek States.
DHA supplément 16
240
Résumés
Evelyne Scheid-Tissinier
Le roi et ses alliés, cohésion et dissensions dans l’ alliance achéenne homérique
Résumé :Réunie par Agamemnon, l’ alliance achéenne mise en scène dans l’ Iliade, est composée
de contingents venus de toutes les régions du monde grec et fonctionne comme une communauté
organisée selon trois niveaux hiérarchiques :le roi, les chefs (les basileis) qui ont choisi de se
joindre à l’ alliance, et les troupes, les laoi, qui ont accompagné leurs chefs devant Troie. Les raisons
d’ être de cette guerre sont formulées de manière à associer étroitement l’ ensemble des Achéens
à l’ entreprise, définie comme une vengeance destinée à répondre à l’ enlèvement d’ Hélène. Si
Agamemnon possède en principe sur l’ ensemble de la coalition un pouvoir surplombant, dans
les faits, le roi ne montre pas toujours les qualités qui lui permettraient d’ exercer une autorité
indiscutée. D’ où le surgissement de conflits qui sont autant de forces centrifuges susceptibles
de mettre en péril la cohésion de l’ alliance. Le but de cette étude est d’ analyser la manière dont
sont maintenus les équilibres entre le roi et les chefs alliés d’ une part, entre le roi et l’ ensemble
des hommes des troupes d’ autre part, à travers l’ usage politique qui est fait de l’ approbation, des
remontrances et du blâme.
Mots-clés :Roi, Basileis, Laoi, Cohésion, Réprobation, Opinion publique.
The King and his Allies, Cohesion and Dissent in the Homeric Achaean Alliance
Abstract: Achieved by Agamemnon, the Aechean alliance staged in the Iliad is made up of
contingents from all sides of the Greek world and works as a community organized according to
three hierarchical tiers :the king, the chiefs (the basileis) who voluntarily joined the alliance, and
the troops, the laoi, who accompanied their chiefs before Troy. The reasons for this war are stated
in a way that closely associates all the Achaeans for this endeavour, which is defined as a revenge
for Helen’ s abduction. If, in principle, Agamemnon sways power over the whole coalition, in fact
the king does not always show that he is able to exercise undisputed authority. Hence the rising
of conflicts which are so many centrifugal forces likely to jeopardize the alliance’ s cohesion. This
article purports to analyze the way balance is maintained between king and allied chiefs on the
one hand, on the other hand the way balance between king and soldiers is maintained thanks to
the political use that is made of approval, reproach and blame.
Keywords: King, Basileis, Laoi, Cohesion, Reproach, Public Opinion.
Jeannine Boëldieu-Trevet
Les commandements alliés dans le monde grec de la deuxième guerre médique à la bataille
de Chéronée
Résumé : À partir de sources littéraires et épigraphiques, la contribution envisage les différentes
formes que donnèrent les cités grecques au commandement dans le cadre des alliances
(symmachiai) en insistant sur les problèmes de vocabulaire, entre autres dans les textes de traités
du ve et ive siècle. Elle aborde la question des fondements juridiques et historiques à commander
DHA supplément 16, 2016
Résumés241
en chef et les problèmes de l’ exercice du commandement en cours d’ opérations en fonction du
rapport des forces.
Mots-clés : Commandement, Alliance, Hègemonia, Archè, Droit, Justice, Traités, Conventions,
Puissance, Rapports de force.
Allied Commands in the Greek World during the Second Medic War at the Battle of Chaeronea
Abstract: Using literary and epigraphic sources, this contribution looks into the different forms
that Greek cities gave to the command structures within the framework of alliances (symmachiai)
while focusing on vocabulary issues, particularly on those in the treaties of the 5th and 4th
centuries B.C. It tackles the question of the legal and historical bases to command as a leader and
the problem of leadership in the exercise of fields command in terms of balance of power.
Keywords: Command, Alliance, Hegemonia, Archè, Law, Justice, Treaties, Conventions, Power,
Balance of power.
Sandra Péré-Noguès
Les symmachies en Sicile des expéditions d’ Athènes à la stratégie de Timoléon
Résumé : La richesse du dossier sicilien aussi bien du point de vue des sources historiques
qu’ épigraphiques invite à une nouvelle lecture de l’ histoire des symmachies en Sicile de la deuxième
moitié du ve siècle jusqu’ au milieu du ive siècle. Elles furent à la fois un facteur d’ intégration
mais aussi d’ exclusion pour les cités de Sicile mais aussi de Grèce égéenne, en raison de l’ extrême
variabilité des enjeux insulaires. Si les symmachies eurent un rôle dans l’ ascension hégémonique de
certaines cités comme Syracuse, elles contribuèrent aussi à l’ émergence d’ une identité commune
aux cités et aux peuples de l’ île.
Mots-clés : Syracuse, Athènes, Sparte, Corinthe, Expédition, Carthage, Sicules, Élymes, Guerre
du Péloponnèse, Épigraphie.
Symmachia in Sicily from the Athenian Expeditions to the Strategy of Timoleo
Abstract: The richness of the Sicily studies, both from the points of view of historical and
epigraphical sources, calls for a new reading of the history of symmachia in Sicily during the seconf
half of the 4th century. They were an integrating factor as well as an excluding one as far as Sicilian
and Ageaen Greek cities are concerned, because of the extremely changing aspect of the island’ s
issues. If symmachia did play a role in the growing hegemony of some cities such as Syracuse, they
also contributed to the emergence of an identity common to both cities and islanders.
Keywords: Syracuse, Athens, Sparta, Corinth, Expedition, Carthage, Siculs, Elyms, Peloponnese
War, Epigraphy.
DHA supplément 16, 2016
242
Résumés
Aliénor Rufin Solas
Symmachia et hégémonie sur les peuples guerriers de Thrace,
du royaume odryse à la domination macédonienne
Résumé :La notion de symmachia hégémonique, entendue comme système d’ alliances guerrières
inégales avec une puissance dominante, est proposée pour décrire la nature de la domination des
Odryses en Thrace au moment de la guerre du Péloponnèse, ainsi que les relations établies entre
Philippe II et ses voisins de l’ intérieur de la Thrace.
Mots-clés :Alliances militaires, Symmachia hégémonique, Philia, Basileia, Recrutements, Thrace,
Odryses, Sitalkès, Philippe II de Macédoine.
Symmachia and Hegemony over Thracian War Peoples,
from the Odrysian Kingdom to Macedonian Domination
Abstract: The notion of symmachia as system of war alliances led by a dominant power is proposed
here as a tool to describe the nature of the Odryses’ domination in Thrace during the Peloponnese
war as well as the relationships between Philip II and his neighbours within Thrace:Philip may
have inherited, in Thrace, the power model of the Odrysian kings he vanquished.
Keywords: Military Alliances, Hegemonic Symmachia, Philia, Basileia, Recruitments, Thrace,
Odrysae, Sitalces, Philip II of Macedon.
Denis Knoepfler
« Pour que demeurent la philia et la symmachia entre Athènes et les Eubéens »
(IG II2 149 = IG II3 1, 2, 398, une inscription attique à reconsidérer)
Résumé :La première partie (I) de cet article fait l’ inventaire critique des documents se rapportant
aux alliances conclues par les Athéniens avec les cités de l’ Eubée durant la première moitié du
ive siècle av. J.-C., en s’ arrêtant en particulier sur l’ inscription attique qui, selon la restitution
naguère présentée par l’ auteur lui-même, doit avoir été, en 394, une « paix de cent ans » entre
Athènes et Érétrie (IG II2 16). On revient ensuite (II) sur le décret proposé par Hésésippe,
partisan de Démosthène, à la suite d’ une attaque athénienne contre le territoire des Érétriens
en 348 (IG II2 125, maintenant II3 1, 2, 399), afin de montrer que le document lui-même ne peut
guère être antérieur aux règlements de compte de l’ année 343, en dépit de la tentative intéressante
faite par M. Dreher (1995) – que suit St. Lambert, éditeur du nouveau corpus attique (2012) –
pour le mettre en 348 déjà. Enfin (III), l’ auteur reprend l’ étude du décret de proxénie IG II2 149,
constamment allégué en faveur de l’ existence d’ un koinon eubéen censé avoir conclu – à un
moment indéterminé des années 350 ou 340 – un traité « d’ amitié et d’ alliance avec le Peuple
des  Athéniens ». Là encore dans le sillage de l’ exégèse récemment proposée par Dreher, l’ éditeur
du récent fascicule (IG II3 1, 2, 398) voudrait attribuer cette inscription à la même année 348
que le décret d’ Hégésippe. Mais, à l’ examen, cette datation doit, elle aussi, être rejetée, car de
solides indices épigraphiques mettent hors de doute que le document est, en réalité, antérieur
de peu au milieu du ive siècle. De fait, c’ est au lendemain du Bellum Euboïcum de 358/7 que les
Athéniens ont dû vouloir honorer Hérakléodôros (d’ Histiaia) – à identifier très probablement au
DHA supplément 16, 2016
Résumés243
réformateur homonyme de la constitution hisitéenne connu par la Politique d’ Aristote – et deux
de ses compatriotes. Or, à cette date, il est exclu qu’ ait existé un État fédéral eubéen avec lequel
Athènes aurait pu signer un traité parallèle à ceux qu’ elle a effectivement conclus avec chacune des
quatre cités de l’ île. Les Euboeis mentionnés dans la clause hortative du décret ne sauraient donc
avoir constitué autre chose que le cadre ethnico-géographique où se déployaient alors les efforts de
la diplomatie athénienne pour s’ attacher durablement l’ ensemble des peuples de l’ Eubée.
Mots-clés : Inscriptions attiques, Koinon eubéen, Érétrie, Histiée-Oréos, Décret d’ Hégésippe,
Proxénie, Guerre eubéenne de 358/7, Seconde Confédération athénienne.
“So that Philia and Symmachia between Athens and the Euboeans Can Endure”
(IG II2 149 = IG II3 1, 2, 398, an Attican Inscription to Reexamine)
Abstract: The introductive section (I) of this paper provides a critical review of the documentation
relating to treaties of alliances between Athens and the cities of Euboea during the first half of
the IVth century BC, with emphasis on the Attic inscription which –according to the author’ s
own textual improvement– must be « a peace for hundred years » between Athenians and
Eretrians in 394 (IG II2 16). In the following part (II), returning to the study of the decree
proposed by Demosthenes’ friend Hegesippus after the attack conducted by Athens against the
Eretrian territory in 348 (now IG II3 1, 2, 399), the author shows why this document is hardly
understandable before the time of the great political lawsuits around 343, despite the strong case
made by M. Dreher (1995) and St. Lambert after him (2012) in favour of the year 348 itself. The
final section (III) is devoted to a more complete examination of the proxeny decree IG II2 149,
commonly put forward as a valuable testimony for the existence of an Euboean Koinon, with
which Athenians would have made a treaty of friendship and alliance. According to Dreher and
to Lambert (IG II3 1, 2, 398), the inscription belongs most probably to the same year as the decree
of Hegesippus. But this too low dating must definitively be rejected, for there are in the text itself
more than one epigraphical particularity speaking in favour of a little earlier chronology. In fact,
it is very easy to admit that Herakleodoros –clearly the same man as the democratic leader known
from Aristoteles’ Politics at Histiaia in that time– was honoured with two fellowcountrymen soon
after the end of the the Bellum Euboicum of 358/7, when Athens, indeed, had most intensive
diplomatic relationship with the four cities of the island. So, the Euboeis mentioned in the
hortative-formula of the decree cannot possibly be considered as members of an Euboean Federal
State:they constitue merely the ethnico-geographical framework in which Athenians are trying
to renew their old alliances with all the peoples of Euboea.
Keywords: Attic Inscriptions, Euboean Koinon, Eretria, Histiaia-Oreos, Hegesippus’ Decree,
Proxenia, Euboean War in 358-7 BC, Second Athenian Confederation.
DHA supplément 16, 2016
244
Résumés
Jacqueline Christien
Areus et le concept de symmachie au iiie siècle. Les réalités hellénistiques
Résumé : Déjà, dès la fin du ive siècle, les expéditions extérieures d’ Acrotatos en Sicile puis de
Cléonyme à Tarente puis Corcyre, semblent devoir être interprétées moins comme des aventures
personnelles ou des tentatives de se tailler une royauté, que jouer le jeu de l’ État spartiate. Au
iiie siècle, après avoir été confronté à la descente de Démétrios en Laconie, dans le contexte de
l’ après 281, Areus cherche à construire une symmachie hégémonique, dont on peut percevoir que,
de près ou de loin, elle mit en relation Sparte avec des cités de Crète occidentale ou le tyran de
Kassandreia, lui-même allié d’ Antiochos Ier, le Séleucide. À la mort de Pyrrhos en 272, Antigone
Gonatas redevient l’ ennemi héréditaire des Spartiates qui se tournent vers les Lagides. Le décret
de Chrémonidès en dit long sur la symmachie conduite par Areus, mais la mort du roi met en
lumière la puissance en trompe l’ œil de la cité.
Mots-clés :Rois de Sparte, Acrotatos, Cléonyme, Areus, Symmachie hégémonique, Méditerranée
spartiate, Macédoine, Pyrrhos, Décret de Chémonidès, Lagides.
Areus and the Concept of Symmachia in the Third Century BC. Hellenistic Realities
Abstract: Already by the end of the fourth century, Acrotatos’ expeditions to Sicily, then
Cleonymus’ to Taranto and Corcyra can be interpreted not so much as personal adventures
or attempts to forge an empire, as a way to play the Spartan state’ s game. In the third century,
after having had to face Demetrios in Laconia, in a post-281 context, Areus is trying to build a
hegemonic symmachia which can be said to have connected Sparta with Western Cretan cities
in a way or another, or with the tyrant of Kassandreia who himself was an ally of Antiochos the
Selucid. When Pyrrhos died in 272, Antigona Gonatas becomes again the hereditary enemy of the
Spartans who turn to the Lagides. Chremonides’ decree is very instructive on Areus’ symmachia.
But the king’ s death sheds light on the city’ s dubious power.
Keywords: Spartan Kings, Acrotatos, Cleonymus, Areus, Hegemonic Symmachia, Spartan
Mediterranean, Macedonia, Pyrrhos, Chremonides’ Decree, Lagides.
Jean-Christophe Couvenhes
Quelques remarques sur le recrutement des soldats crétois outre-mer à travers les traités
de symmachia
Résumé : Les traités de symmachia qui sont conservés sur la pierre, liant des cités crétoises à
des puissances du monde grec, comme les sources littéraires, permettent de poser quelques
remarques sur le recrutement des soldats de l’ île outre-mer. Les traités et les auteurs envisagent
deux procédures, la xenologia et la symmachia. S’ ils désignent le principe de l’ alliance, boetheia
et symmachia peuvent également servir à qualifier la troupe de secours ou d’ auxiliaires, dont la
composition est contrôlée par la cité. Les traités de symmachia permettent sans doute aussi de
poser à nouveau la question des Crétois et des Néocrétois. La question de l’ égalité ou de l’ inégalité
des traités de symmachia et celle des conditions de service des symmachoi et des mercenaires
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permettent enfin d’ envisager combien les traités de symmachia ont été un outil juridique adapté
aux puissances du temps et aux cités de l’ île dont l’ unité n’ a jamais été réalisée au sein d’ un koinon.
Mots-clés :Symmachia, Xenologia, Boetheia, Néocrétois, Auxilia, Apetairoi, Neodamodeis,
Inégalité des traités, Contrat, Cité.
A Few Remarks on the Recruiting of Cretan Soldiers abroad from what Can Be Read
in Symmachian Treaties
Abstract: Just as literary sources, Symmachian treaties which have been chiselled on stone,
binding Cretan cities with Greek forces, allow us to make a few remarks on the recruiting of
soldiers from the foreign island. Both treaties and authors envisage two ways of proceding:
xenologia and symmachia. Although boetheia and symmachia refer to the principle of alliance,
they may also designate auxiliary or helping troops, the members of which are chosen by the city.
To be sure, symmachian treaties also make it possible to raise the issue of Cretan and Neo-Cretan
people again. The question of equality or inequality of treaties as well as the serving conditions of
symmachoi and mercearies eventually allow us to figure out to what extent symmachian treaties
were a juridical tool adapted to the powers of the time and to the island’ s cities, the unity of which
was never achieved in a koinon.
Keywords: Symmachia, Xenologia, Boetheia, Neo-Cretans, Auxilia, Apetairoi, Neodamodeis,
Treaties Inequality, Contract, City.
Alexandru Avram
Sur la date du traité entre Pharnace et Chersonèse Taurique
Résumé : Le traité entre Pharnace du Pont et Chersonèse de Tauride est daté « du mois de
Daisios, de la cent cinquante-septième année, comme le compte le roi Pharnace ». Il y a plus de
cent ans, le premier éditeur, R. Kh. Loeper, suivi par l’ éditeur des IOSPE (n° 402), avait rapproché
l’ inscription de Polybe, XXV, 2, 1-15, y avait vu un écho de la paix conclue entre Pharnace et ses
ennemis de la guerre pontique de 183/2-180/79, et avait daté le traité d’ avril/mai 179 selon une
ère débutant avec l’ avènement du supposé fondateur du royaume du Pont, Mithridate II de Kios
(336 ?). Alors que dans les années 1980, prenant en compte l’ ère séleucide, on avait pensé pouvoir
descendre le traité de Pharnace avec Chersonèse au printemps  155, la présente contribution réévalue
la durée de règne de Mithridate IV (ca 170-ca 150), frère et successeur de Pharnace, notamment
à la lumière de sa production monétaire et de la date de sa dédicace capitoline, probablement
haute (peu après 167). Pharnace ayant régné de ca 196 à ca 170, le traité ne peut dater de 155.
L’ ère utilisée par Pharnace ne fait pas mention de l’ avènement de Mithridate II de Kios, puisque
les sources littéraires et l’ archéologie montrent que le véritable fondateur de la dynastie est le fils
de ce dernier, Mithridate Ier Ktistès. On peut émettre l’ hypothèse que Pharnace utilise une ère
sinopéenne, commençant à l’ equinoxe de l’ automne 336 et introduite après sa conquête de la ville
dont il fit sa capitale. Datant du printemps 179, le traité peut être interprété comme la volonté des
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Résumés
Chersonésitains de chercher la protection du roi du Pont, contre les Scythes, et peu leur importait
la clause concernant l’ obligation de préserver l’ amicitia envers Rome.
Mots-clés  : Inscriptions, Numismatique, Archéologie, Sources littéraires, Datation, Mithridate IV,
Pharnace, Amicitia, Symmachia, Protection, Chersonèse Taurique.
On the Date of the Treaty between Pharnaces and Tauric Chersonese
Abstract: The treaty between Pharnaces of Pontus and Tauric Chersonese is dated of “the month
of Daisios, of the one hundred and fifty-seventh year, according to king Pharnaces.” More than a
hundred years ago, R. Kh. Loeper, first editor of the treaty, later followed by the editor of IOSPE
(n° 402), had connected the inscription with Polybius, XXV, 2, 1-15, had interpreted it as an echo
of the peace between Pharnaces and his Pontic war enemies in 183/2-180/79, and had dated the
treaty from April/May 179 according to an era starting from the coming into power of the alleged
founder of the kingdom of Pontus:Mithridates II of Kios (336?). While in the 1980s, taking
into account the Seleucid era, it was thought that one could date the treaty between Pharnaces
and Chersonese back to spring 155, this article reassesses the length of Mithridate IV’ s reign
(ca 170-ca 150), brother and successor of Pharnaces, more particularly in the light of his coins
production and the date of his Capitoline dedication, most probably dating back to some time
after 167. Pharnaces having reigned from ca 196 to ca 170, the treaty cannot date back to 155.
The era used by Pharnaces does not mention the advent of Mithridates II of Kios, since literary
and archaeological sources show that the real founder of the dynasty is his own son, Mithridates I
Ktistes. It is possible to put forward the hypothesis that Pharnaces uses a Sinopean era starting
from the equinox of autumn 336 and adopted after his conquest of the city of which he made his
capital. Dating from spring 179 the treaty can be interpreted as the will of Chersonesians to seek
the protection of the king of Pontus against the Scythians, and that they cared little about the
clause concerning the obligation to maintain amicitia with Rome.
Keywords: Inscriptions, Numismatics, Archaeology, Literary Sources, Dating, Mithridates IV,
Pharnaces, Amicitia, Symmachia, Protection, Tauric Chersonese.
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