L'histoire des serveurs mainframes en images par Florian Charpentier
http://www.presence-pc.com/actualite/histoire-serveurs-35650/ 5/36
se trouvait sous le lecteur, entrainant ainsi de vrais problèmes de latence comme on
peut l’imaginer. John Atanasoff ajouta ultérieurement un lecteur de cartes perforées (qui
étaient couramment utilisées par les entreprises de l’époque pour enregistrer des
comptes et effectuer des calculs) afin de stocker les données qui ne rentrait pas dans la
« mémoire tambour ».
Rétrospectivement, cet ordinateur n’était pas vraiment utile, et encore moins
programmable. Mais ce fut ne serait-ce que d'un point de vue conceptuel une étape
fondatrice pour les ordinateurs et un père spirituel pour les modèles suivants. Alors que
M. Atanasoff travaillait sur l’ABC, il invita un homme au nom de John W. Mauchly voir sa
création, une rencontre riche en conséquences …
ENIAC
Le 7 décembre 1941, soit un peu plus de deux ans après la France et l’Angleterre, les
Etats-Unis rentraient dans la seconde guerre mondiale après l’attaque japonaise sur
Pearl Harbor. Un des problèmes communs à tous les belligérants était l’obligation de
créer une table balistique pour chaque type d’artillerie produit, une tâche colossale,
chronophage et fastidieuse. Ainsi, les Etats-Unis accordèrent des fonds d'origine
militaire à la Moore School of Electrical Engineering de l'Université de Pennsylvanie pour
la construction d'un ordinateur électronique afin de faciliter la besogne. Comme vous
l'avez deviné grâce à la page précédente, un certain John Mauchly prit la tête de ce
projet avec l'aide d'un jeune diplômé talentueux : John Presper Eckert.
Toutefois, la seconde guerre mondiale prit fin avant que la machine ne soit terminée. En
1946, une machine de 30 tonnes vit finalement le jour : plus de 15 mètres de hauteur
par boîtier, 18 000 tubes électroniques, 1500 relais, 70 000 résistances, 10 000
condensateurs, 6000 interrupteurs manuels et une consommation de 200 kilowatts.
Grâce à ses performances incroyables, l'ENIAC était loin d'être inutile malgré son retard
: 5000 additions, 357 multiplications ou 38 divisions par seconde. Là où un
mathématicien mettait vingt heures à résoudre un problème, l'ENIAC n'avait besoin que
de trente secondes.
Outre le manque de fiabilité de ces tubes électroniques, le principal problème de la
machine était son incapacité à être programmée dans le sens conventionnel du terme.
Les "programmes" étaient rentrés par des techniciennes (les "ENIAC girls") qui
œuvraient sur les panneaux de connexion et la pléthore d'interrupteurs, ce qui prenait
généralement quelques heures à quelques jours. D'autre part, l'ENIAC travaillait en