5èmes journées scientifiques du Cancéropôle SOMMAIRE Introduction des journées 2 Démarche d'animation des essais cliniques 3 Introduction sur les programmes 2011-2014 5 Séquençage des Récepteurs Tyrosine Kinases (RTK) dans des Tumeurs Primitives et Métastases de Cancers Colorectaux (METACOLO) 5 Etude de l'hypoxie en imagerie fonctionnelle. Intérêt pour la radiothérapie 8 Cancer et fonctions cognitives 10 Présentation du programme MATWIN 13 SESSION THEMATISEE : 14 SHS, EPIDEMIOLOGIE ET SANTE PUBLIQUE Introduction 14 Enjeux des situations post-accidentelles nucléaires : les leçons de Fukushima 14 Garder son travail ou se réinsérer professionnellement face à un cancer 16 Etude d'intervention en population générale visant à réduire les inégalités sociales de participation au dépistage. 17 Les approches communautaires de réduction des inégalités sociales de santé : soutenir l'innovation par la recherche 19 Identification de l'hétérogénéité génétique des lymphomes diffus à grandes cellules B à l'ère du rituximab 22 Apports des techniques à haut débit dans le diagnostic et le pronostic des leucémies aiguës myéloïdes 24 Déterminisme génétique du cancer du côlon et du cancer du sein 26 Anna Karenina and the genetics of complex desease 28 Remise des prix jeunes chercheurs 32 CONCLUSION 32 Deauville, les 10 et 11 mai 2012 2 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle INTRODUCTION DES JOURNEES Pierre FORMSTECHER Véronique ATGER En préambule, Pierre FORMSTECHER présente la nouvelle directrice du CNO, Floriane BOUGEARD qui a succédé à Jean-Michel HONORE à la fin de l'année 2011. Il annonce que le cancéropôle se trouve à mi-parcours du programme PROCAN II et que ces Journées seront l'occasion d’effectuer un suivi des différents programmes. Véronique PANCRE, qui est la directrice scientifique du CNO, interviendra ultérieurement sur ces sujets. Pierre FORMSTECHER se réjouit que le cancéropôle soit extrêmement actif, comme en témoignent les manifestations organisées dans différents domaines, notamment dans le domaine de la génétique. Cette dernière sera à l'honneur avec la conférence de prestige de Mary-Claire KING prévue le lendemain. En outre, chacun des axes a organisé ses manifestations. En particulier, il convient de noter l'organisation du congrès ICCTF en vue duquel l'équipe d'animation a effectué un travail formidable. Ces 5èmes Journées seront également l'occasion de s'intéresser à la thématique des sciences humaines et sociales sous le parrainage de l'ARC. En parallèle, une partie importante sera consacrée aux jeunes chercheurs avec des posters et des communications orales. En effet, associer ainsi les jeunes chercheurs constitue une priorité pour le cancéropôle. Enfin, Pierre FORMSTECHER remercie les sponsors, notamment l'ARC qui soutient pour la première fois la manifestation. Véronique ATGER souligne en préambule la qualité des actions accomplies au sein des cancéropôles. Elle explique que l'INCa mène trois grandes actions dans le domaine de la recherche : l'investissement dans des projets, l'investissement dans les actions de structuration ainsi qu'une action de valorisation. Cette dernière revêt à la fois une dimension scientifique et économique. La valorisation scientifique vise à promouvoir la recherche française. S'agissant de la seconde de ces dimensions, l'objectif de l'INCa est de promouvoir le potentiel de valorisation économique des projets. Dans cette perspective, l'INCa mène un travail de détection des projets à fort potentiel de valorisation et assure une promotion de ces projets auprès des industriels. En matière de valorisation scientifique, deux actions ont été principalement menées. D'une part, il a été procédé à l'analyse biblio métrique des publications et des brevets dans le domaine de la cancérologie. D'autre part, l’INCa est partie prenante réseau ICRP qui constitue un réseau international de coordination de la recherche sur le cancer. Sur le plan de la valorisation économique, l'action de l'INCa s'inscrit dans le cadre du Plan Cancer et entend accompagner les porteurs de projet et développer des interactions avec les structures de valorisation. Dans ce cadre, une expérience pilote a été conduite avec Inserm Transfert. Cette collaboration avec Inserm Transfert cherche à mettre en évidence les zones de recouvrement entre la demande industrielle et l'offre académique. Pour y parvenir, l'INCa initie deux démarches : d'une part, une détection prospective qui vise à détecter au sein des différents axes les projets à potentiel et, d'autre part, une détection spécifique qui a pour objectif d'orienter les projets afin qu'ils répondent aux sollicitations des industriels. Au-delà du financement des projets, de la structuration et de la valorisation, deux nouveaux mots clefs apparaîtront prochainement dans les actions de l'INCa. En premier Deauville, les 10 et 11 mai 2012 2 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle lieu, la Direction de la Recherche deviendra la Direction de la Recherche et de l'Innovation. En second lieu, une mission émergera au sein de l'INCa, qui se consacrera à l'évaluation, notamment l'évaluation des projets, à la structuration, à la capacité de valorisation et bien entendu, à l'évaluation des cancéropôles. A travers cette démarche, l'INCa ne cherche pas à définir unilatéralement des critères d'évaluation mais à travailler conjointement avec les cancéropôles. DEMARCHE D'ANIMATION DES ESSAIS CLINIQUES Jean-Claude BARBARE Jean-Claude BARBARE explique que cette démarche concerne la recherche appliquée, qui s'inscrit « en bout de chaîne », au niveau de l'évaluation des traitements. S'agissant du contexte, une évaluation conjointe du Cancéropôle par l'AERES et par l'INCa a eu lieu en février 2011. A cette occasion, la démarche d'animation avait été présentée, en particulier l'ambition d’un développement de la recherche dans les établissements non-universitaires. En outre, Jean-Claude BARBARE mentionne la circulaire du 29 juillet 2011 qui définit une nouvelle organisation et « flèche » le financement de la recherche clinique en France. Cette circulaire précise notamment que la recherche clinique peut désormais s'établir dans tout type d'établissement de soins. En parallèle, il existe à l'INCa un groupe de travail national sur la recherche clinique. Le bilan national des activités de recherche clinique laisse apparaître une augmentation du nombre de malades inclus dans les essais au fil des années. Entre 2008 et 2010, cette augmentation est d'environ 60 %. Toutefois, la chute intervenue en 2007 est difficile à interpréter, ce qui pose le problème du caractère déclaratif de l'activité de recherche clinique ainsi que de la saisie des données. Les actions entreprises ont porté en particulier sur des échanges et la communication dans les instances du Cancéropôle ou au sein de diverses réunions nationales. En outre, parmi les actions figure l'expérience de la Picardie. Dans cette région, le CHU a créé des instances légères de coordination, a conduit des actions de terrain et a établi un partenariat avec les établissements qui le souhaitaient. Cette dynamique a permis de faire émerger un réseau qui associe formellement six CH et une clinique dans le cadre de conventions. L'activité des inclusions a plus que doublé entre 2009 et 2010, ce qui laisse supposer qu'il existe une synergie entre les équipes mobiles et l'ARC local. Par ailleurs, un comité de cliniciens a été créé après un vaste appel à candidatures. Ce comité a donné lieu à de nombreux échanges et réunions. Par la suite, un certain nombre d'actions ont été proposées : par exemple, il a été suggéré de conduire de nouveaux essais simples. De plus, des systèmes d'information adaptés sont en préparation pour permettre un véritable suivi de l’activité. Une partie Cancer d’un logiciel a été développée par convention avec l'INCa et permettra de centraliser l'information tout en évitant les doubles saisies. De la même façon, l'utilisation d'un outil de pré screening permettrait de gagner du temps. Enfin, un essai randomisé permettra de formaliser et évaluer l'intervention du CNO qui concernera les établissements de soins non universitaires de l'ensemble de l'inter région. Cet essai a été développé par le Cancéropôle avec l'aide du Professeur Guy LAUNOY (CHU de Caen, INSERM). Les essais cliniques sont bénéfiques pour la santé mais également pour les patients. Ces derniers sont mieux suivis et mieux informés de leurs soins. Or il existe clairement une discordance entre l'offre de soins et l'offre de recherche. L’essai visera à la fois à mesurer l'augmentation des inclusions dans les essais Deauville, les 10 et 11 mai 2012 3 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle non universitaires et à évaluer la réduction des inégalités associée à cette intervention. Pour ce deuxième point, la méthodologie consiste à recueillir le domicile des patients et à effectuer un géocodage des caractéristiques de chaque patient, puis à en suivre l'évolution comparativement à celle d'un CHU. L'intervention consiste en une première phase de repérage et de préparation sous forme d'un courrier adressé à tous les centres. Par la suite, il s'agit d'obtenir un consensus local. Dès lors qu'un centre s'inscrit dans la démarche, les actions visent à aider à la structuration locale, à proposer un logiciel de suivi, à accompagner la stratégie ou les démarches et à fournir un portefeuille d'essais simples. En ce qui concerne la recherche de financements, la première tentative s'est révélée être un échec puisque le projet n'a pas été retenu par l'INCa. En effet, celui-ci a jugé que le projet était insuffisamment positionné sur les inégalités sociales. Depuis, le projet a été soumis sous une forme différente au PREPS de la DGOS avec un complément de financement demandé à la Ligue. L'objectif est de faire de ce projet un complément des actions prévues au sein du GIRCI vers les hôpitaux non universitaires. Pour conclure, Jean-Claude BARBARE fait remarquer que la recherche s’apparente à un mille-feuille complexe dont les différents acteurs sont plutôt motivés. Pour progresser, il estime nécessaire de maintenir le décloisonnement et d'établir des synergies. De son côté, le CNO est pleinement mobilisé pour la recherche clinique. Un participant demande si cette organisation a été mise en place en lien avec le réseau régional de cancérologie. Jean-Claude BARBARE le confirme. Il ajoute qu'il est extrêmement important que les deux organismes coordonnateurs s'accordent pour permettre un bon fonctionnement du projet sur le terrain. Un participant demande des précisions sur les différences qui existent entre un projet institutionnel et un projet privé. Jean-Claude BARBARE explique que la finalité principale d'un essai institutionnel porte sur l'avancée scientifique. De son côté, un essai industriel ne sera pas initié sans la perspective d'un développement commercial. En outre, les essais industriels sont souvent très lourds et recouvrent des procédures très complexes. Véronique ATGER estime que l'essai qui a été mis en place, notamment s’agissant de l'optimisation de l'offre et de la demande en termes d'essais cliniques, rejoint totalement les objectifs du groupe de travail national mis en place par Guy-Robert AULELEY, Directeur de la recherche clinique à l’INCa. Jean-Claude BARBARE annonce que l'idée même d'essais randomisés a été initiée par Guy-Robert AULELEY lui-même. Pierre FORMSTECHER observe que du point de vue des cancéropôles, l'intérêt pour la recherche clinique n'était pas nécessairement évident à développer. En la matière, le CNO fait figure de pionnier. Toutefois, il attend que cette étude puisse avancer et obtenir des résultats avant la fin du PROCAN en cours. Jean-Claude BARBARE précise que le comité de cliniciens a commencé à travailler en ce sens. Il estime que même en l'absence de réponse positive, il sera nécessaire d'initier le projet. Deauville, les 10 et 11 mai 2012 4 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle INTRODUCTION SUR LES PROGRAMMES 2011-2014 Véronique PANCRE Véronique PANCRE rappelle en introduction les principaux événements de la vie du cancéropôle depuis la dernière édition des Journées Scientifiques en mai 2011. D’abord sa labellisation en juin 2011 par l’INCa suite à sa très bonne évaluation par l’AERES et avec un budget en augmentation de 29%, ce qui permet de prévoir, hors animation scientifique (comme ces journées ou les colloques organisés au profit des axes), un financement direct des projets des 5 axes de recherche et plates-formes à hauteur de plus d’un million d’euros, avec une répartition équitable entre les différents axes. Dans le projet 2011-2014 du CNO, les axes mettent en avant des programmes phares de recherche qui donnent plus de visibilité à l'action du cancéropôle et montrent ses spécificités. Parmi ces 7 programmes phares, certains reposent sur une expertise reconnue du CNO en oncogénétique ou en oncohématologie. D’autres sont en évolution avec par exemple un ciblage anatomique et technologique des cibles mobiles pour l’axe en radiothérapie ou la focalisation sur les inégalités sociales et territoriales de prise en charge et de survie des patients pour l’axe SHS. D’autres sont plus en émergence comme le programme fonctions cognitives et cancer novateur en France mais qui a dores et déjà acquis une reconnaissance internationale ou le petit dernier issu d’une collaboration forte entre cliniciens anatomopathologistes et biologistes qui se propose d’examiner la contribution des RTK dans les mécanismes de résistance aux thérapies ciblées visant l’EGFR. Le cancéropôle s’attache également à préparer l’avenir en encourageant les nouveaux projets et les nouvelles collaborations. En 2012, 11 projets ont ainsi été financés à hauteur de 20 000 euros par projet dans le cadre de son appel à projets émergents. Les premiers résultats de ces projets seront présentés lors de l'édition 2013 des Journées Scientifiques. Enfin depuis cette année le CNO offre à ses équipes la possibilité d’intégrer le programme MATWIN, programme de soutien à la maturation des projets de recherche en cancérologie jusqu’à la preuve de concept pré-clinique ayant pour objectif d’accélérer le transfert de la recherche publique vers l’industrie au bénéfice du malade et de valoriser des projets attractifs pour l’industrie en favorisant les partenariats public-privé précoces. Deauville, les 10 et 11 mai 2012 5 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle SEQUENÇAGE DES RECEPTEURS TYROSINE KINASES (RTK) DANS DES TUMEURS PRIMITIVES ET METASTASES DE CANCERS COLORECTAUX (METACOLO) Véronique FAFEUR Véronique FAFEUR explique que les résistances aux anti-EGFR sont non seulement liées à des mutations activatrices du récepteur EGFR lui-même mais aussi à des mutations d'autres récepteurs ou de molécules de signalisation. Ces dernières années, les progrès du séquençage à haut débit ont permis d'améliorer ces connaissances. Pour leur part, Véronique FAFEUR et son équipe ont décidé de se focaliser sur les RTK. Les RTK sont minoritaires dans le génome humain. Cependant, ils sont souvent impliqués dans le cancer. Les RTK sont activés par leur ligand et fonctionnent en agissant en homodimères ou en hétérodimères. En outre, ils ont en commun un domaine intracellulaire portant une activité tyrosine kinase. Les auteurs d'une étude ont examiné le statut des mutations de 623 gènes potentiellement impliqués dans le cancer. Ces auteurs ont observé que 26 gènes étaient plus fréquemment mutés, parmi lesquels figuraient 7 RTK. Parmi ces 7 RTK, 5 n'étaient auparavant pas connus pour être mutés dans le cancer du poumon. Véronique FAFEUR focalise son intervention sur le récepteur MET qui fait l’objet de travaux depuis plusieurs années à Lille et dont la biologie est connue depuis une trentaine d'années. Le ligand de MET est l'hepatocyte growth factor qui induit des réponses biologiques marquées. L'HGF et MET sont indispensables au développement embryonnaire et sont nécessaires à la régénération tissulaire. L'activation du récepteur MET entraîne son auto phosphorylation et le recrutement d'un certain nombre de partenaires qui, à leur tour, entraînent l'activation de voie de signalisation. Depuis 1997, un lien direct a été démontré entre MET et le cancer puisque des mutations activatrices dans MET prédisposent au cancer papillaire rénal héréditaire. Par la suite, ces mutations ont été retrouvées dans d'autres cancers. Toutefois, la répartition des mutations peut être distincte selon les tissus. Des modèles expérimentaux chez la souris ont montré que l'HGF ou MET pouvaient prédisposer à l'apparition de métastases. Ainsi, dans une première étude, MET est décelé plus fréquemment sous une forme mutée dans les métastases que dans les cancers primaires, même si le nombre de tissus métastatiques examinés est faible par rapport au nombre de cancers primaires. En outre, une deuxième étude sur les cancers tête et cou permet de proposer l’hypothèse que MET est un facteur de risque génétique pour le développement de métastases. Enfin, une troisième étude sur le cancer colorectal s'intéresse à l'amplification de MET. Il apparaît que dans les métastases hépatiques, cette amplification de MET est beaucoup plus importante que dans les cancers colorectaux primaires. Les implications de MET dans le cancer et la métastase ont conduit au développement d'inhibiteurs thérapeutiques. Pour autant, MET n'est pas le seul RTK impliqué dans le cancer. En effet, l'EGFR est connu depuis bien plus longtemps. Les patients ont accès à des thérapies anti-EGFR depuis les années 2000. De nombreux inhibiteurs sont utilisés en cliniques, à la fois des anticorps ciblant la partie extra-cellulaire ou des petits compétiteurs de l'ATP pour la partie intracellulaire. Malgré le succès de ces thérapies anti-EGFR, des résistances à ces inhibiteurs sont apparues. Les auteurs ont observé que l'amplification de MET pouvait être un des mécanismes. D'ailleurs, l'amplification de MET a été analysée dans 22 % des cas de résistance. Deauville, les 10 et 11 mai 2012 6 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle Les mutations de KRAS constituent un autre cas de résistance. De la même façon, des mutations de BRAF sont mises en évidence depuis longtemps. Ainsi, une étude récente a montré qu'un inhibiteur de BRAF est efficace dans le mélanome mais pas dans le cancer colorectal. En étudiant les mécanismes, les auteurs se sont aperçus que l'inhibiteur avait induit l'activation de l'EGFR. Ce résultat incite à réaliser des thérapies combinées entre anti-EGFR et anti-BRAF. S'agissant du projet lui-même, il a porté sur l'étude entre le cancer colorectal et les métastases hépatiques issues du cancer colorectal afin d'étudier le statut des mutations du récepteur tyrosine kinase. Le travail de recensement et d'annotation clinique a été effectué dans les trois tumorothèques et a permis d'obtenir huit trios stricts et huit trios non stricts. Le séquençage à haut débit a été réalisé par Martin FIGEAC. Actuellement, la démarche de séquençage analyse les exons en totalité. Une fois ce travail terminé, il restera une partie d'analyse importante pour déterminer le statut des mutations des RTK dans les tissus. A l’avenir, il sera nécessaire de mettre en place des cohortes pour poursuivre ces thématiques de résistance aux anti-EGFR. Véronique PANCRE tumorothèques. salue le travail de coordination entre les différentes Un participant s'étonne que les mutations soient retrouvées sur les métastases alors qu'elles ne sont pas observées sur les tumeurs primaires. Véronique FAFEUR indique que les effets biologiques en culture cellulaire du récepteur MET montrent que MET favorise la migration des cellules. Martin FIGEAC explique qu'il existe sans doute un biais au niveau des régions qui ont été testées ainsi qu'un problème de sensibilité des méthodes. Deauville, les 10 et 11 mai 2012 7 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle ETUDE DE L'HYPOXIE EN IMAGERIE FONCTIONNELLE. INTERET POUR LA RADIOTHERAPIE Pierre VERA Pierre VERA indique que les radiothérapeutes s'intéressent à l'hypoxie dans la mesure où elle favorise la radiosensibilité. Au contraire, en l'absence d'hypoxie, il a été démontré l’existence d’une radiorésistance. La protéine HIF-1α joue un rôle primordial dans l'hypoxie. En présence d'oxygène, cette protéine est hydroxylée et peut dès lors être dégradée de manière normale par la cellule au niveau du protéasome. Au contraire, en situation d'hypoxie, la protéine HIF-1α rentre dans le noyau, se couple avec l'HIF-1β et permet alors l'expression du gène HRE. Ce dernier entraînera un certain nombre de conséquences au niveau de la cellule, ce qui conduira le phénotype tumoral à être plus agressif. Ce couplage entraîne également une diminution de la réponse à la radiothérapie et, dans le même temps, une augmentation du risque de métastase. Les médecins nucléaires utilisent différentes cibles pour réaliser de l'imagerie : d’une part, le FMIZO qui est la structure la plus ancienne et, d’autre part, d'autres traceurs, comme le FETNIM, les EF, le FAZA, le FETA ou d'autres encore comme l'HX4. Une étude conjointe entre Rouen et Bruxelles a visé à rentabiliser une méthode de marquage qui utilisait le silicium. Il avait été démontré que cette méthode permettait une synthèse plus rapide, avec d'excellents rendements de marquage. Une première publication a eu lieu en 2009 et les travaux se poursuivent pour tenter d'obtenir une autre structure moléculaire qui permettrait d'optimiser le fluoromizonidazole. La scintigraphie standard a aussi été abordée pour tenter de marquer les structures nitroimidazolées avec du technétium. Dans ce cadre, deux approches ont été conduites : d'une part avec un radical hynic et d'autre part avec un peptide. Dans ce dernier cas, le résultat est bien plus intéressant avec un rendement de marquage supérieur à 95 %. Le FAZA a également été étudié. Celui-ci se fixe beaucoup moins que le FMIZO dans les tissus mous, ce qui donne un meilleur rapport signal sur bruit et donc de meilleurs contrastes. Par ailleurs, l'équipe de Bruxelles s'est intéressée à l'EF3 et a montré que les modèles de cancers épidermoïdes en situation d'hypoxie avaient une fixation beaucoup plus importante sur cet EF. Outre les nitroimidazolés, un deuxième type de cible moléculaire s'intéresse à la modification du potentiel rédox. Dans la mesure où la disparition d'oxygène dans les tissus rend ceux-ci réducteurs, les études s’appuient sur la propriété de certains métaux sensibles à l'oxydoréduction comme le cuivre, le fer ou l'étain. Une troisième possibilité pour obtenir une cible de l'hypoxie consiste à utiliser un anticorps dirigé contre une protéine membranaire. La dernière cible moléculaire porte sur la modification du métabolisme. En effet, certaines personnes estiment que, dès lors que HRE est exprimé, sous la médiation de HRE s'effectue le métabolisme du glucose. Cette vision est cependant très discutée et certains travaux ont démontré que les traceurs du métabolisme n'étaient pas un succédané de l'imagerie de l'hypoxie. Dans les études cliniques, le fluoromisonidazole a été beaucoup étudié. Toutes les études démontrent qu'une fixation du misonidazole est responsable d'une hypoxie, ce qui s'avère un mauvais pronostic. Dans ces études, aucune corrélation n'a été validée entre la fixation du F-miso et la fixation du FDG. En outre, une latence relativement longue est nécessaire pour laisser le temps au traceur de rentrer dans les cellules. D'autres études ont porté sur le cuivre ATSM ou sur l'EF5. Là encore, les auteurs ont mis en évidence que les images tardives permettaient de montrer l'hypoxie. En outre, une étude utilisée chez Deauville, les 10 et 11 mai 2012 8 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle l'homme et publiée dans le Lancet Oncology en 2007 a utilisé du cG250 marquée avec de l'iode 124. Cette dernière est un émetteur de positons utilisable en TEP et qui a une demi-vie de plus de 4 jours. Le concept de boost des zones hypoxiques est intéressant. Les radiothérapeutes se sont demandé s'ils pouvaient effectuer un complément de dose sur les zones hypoxiques révélées en imagerie. 11 études ont été menées, surtout sur les cancers ORL. Dans ces études, les auteurs ont prouvé qu'il était possible d'augmenter la dose sur les zones hypoxiques mises en évidence sur les images tout en épargnant les zones saines. Une autre publication s'est intéressée à la corrélation entre le FDG et le F-miso. Il apparaît que l'hypermétabolisme tumoral et l'hypoxie tumorale n'ont pas la même localisation spatiale, ce qui permet au radiothérapeute d'effectuer du dose painting. Outre les cancers ORL, l'intérêt d'une augmentation de dose a été démontré dans le cancer bronchique. Pour isoler une tumeur qui est hypermétabolique ou hypoxique, il est nécessaire de trouver les bords de cette tumeur. Il s'agit non seulement de trouver les bords de la tumeur mais également de délimiter les organes sains. En FDG, des méthodes permettant de faire de la segmentation en TEP ont été développées. Ces méthodes ont été améliorées, notamment par une méthode de partage des eaux qui a gagné le Turku Challenge l'année précédente. Déterminer le volume d'une tumeur est d'autant plus complexe que le contraste est faible. Pour cette raison, le cancéropôle s'est intéressé à des méthodes statistiques ou mathématiques intégrant des modèles permettant d'effectuer une segmentation quasi automatique des organes sains. En parallèle, l'axe 3 se penche depuis quelques années sur les fonctions de croyance afin d'aboutir à la segmentation automatique des organes à risque. L'idée est ici d'utiliser les propriétés des fonctions de croyance pour se servir des fusions d'images. Ce procédé permet d'obtenir une image de superposition et déterminer les différentes fonctions représentées sur l'image. De cette façon, le radiothérapeute peut mieux appréhender le dose painting. En conclusion, Pierre VERA estime qu'il n'est pas aisé de définir un volume hypoxique sur des images. Actuellement, le traceur de référence reste le F-miso mais le FAZA et l'ATSM connaissent un intérêt croissant. Toutefois, l'intérêt du F-miso n'a pas été démontré formellement, bien qu'il assure de belles images. Par ailleurs, la littérature a beaucoup étudié les cancers ORL mais assez peu les autres formes de cancers. En outre, les compléments de doses et le dose painting semblent intéressants mais peu d'études prospectives ont été publiées. Un participant demande si la corrélation de l'hypoxie avec l'activité HIF-1 ou une des conséquences de l'activité HIF-1 ne tend pas à générer trop de faux positifs. Pierre VERA ne pense pas qu'il existe des études directes. Sur la base d'une image, les experts émettent l'hypothèse qu'un marqueur est un traceur de l'hypoxie. Soit cette hypothèse est validée in vivo avec une électrode d'Eppendorf, soit il est procédé à une découpe pour observer la bio distribution de la répartition et effectuer des corrélations par rapport à différents immunomarqueurs. En revanche, il n'est pas établi de corrélation directe entre la fixation sur l'image et HIF-1. Un participant souhaite savoir pourquoi les zones hypoxiques sont radio résistantes. Pierre VERA explique que la radiolyse de l'eau crée des radicaux libres. En présence d'oxygène, ces radicaux libres forment des radicaux ROO° ou ROOR qui sont particulièrement destructeurs et favorisent la mort cellulaire. Pierre FORMSTECHER s'enquiert du niveau de précision dans la définition des volumes en termes de résolution spatiale et de performances de l'outil de radiothérapie. Pierre VERA indique que l'échelle de résolution est de 4 ou 5 millimètres, ce qui reste relativement précis à l'échelle d'une tumeur humaine. Deauville, les 10 et 11 mai 2012 9 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle Un participant comprend que l'avenir de la radiothérapie est la TEP IRM. Pierre VERA répond que la TEP IRM coûte 5 millions d'euros alors que des logiciels de fusion permettent de fusionner de manière simple une IRM et une TEP. De plus en plus d'experts pointent un problème de dosimétrie dans les TEP scanners. Or un des avantages de la TEP IRM tient au fait qu'il n'est procédé à aucun examen irradiant. Néanmoins, le coût des TEP IRM rend difficile leur utilisation. CANCER ET FONCTIONS COGNITIVES Florence JOLY Plusieurs études démontrent que les troubles cognitifs sont problématiques pour les patients. En particulier, une étude réalisée conjointement avec la Belgique montre que plus la moitié des patientes en chimiothérapie se plaignent de troubles cognitifs et que 72 % d'entre elles considèrent qu'il s'agit d'un problème majeur. Cependant, il n'est actuellement pas possible d'expliquer la réelle problématique de ces troubles et leur impact sur la qualité de vie des patients. En outre, il n'est pas non plus possible de donner des explications mécanistiques au niveau de l'encéphale ou s’agissant de la façon dont ces troubles peuvent être réduits. Un nombre important d'études a été mené sur le cancer du sein. Celles-ci font ressortir que les troubles cognitifs induits par la chimiothérapie sont une réalité mais que ce constat ne vaut pas pour toutes les patientes. Ces troubles sont le plus souvent modérés, voire subtils. Les principaux domaines altérés sont la mémoire, la concentration, la vitesse d'exécution de l'information ainsi que les fonctions exécutives. Il a été démontré que ces troubles étaient induits par le MTX, le 5FU ou par les agents alkylants. En revanche, malgré ces études, certains éléments doivent toujours être déterminés. Ainsi, les groupes de patients à risque n'ont pas été identifiés. Par ailleurs, l'évolution dans le temps de ces troubles cognitifs n'est pas connue, tout comme les mécanismes biologiques impliqués. En outre, mis à part le cancer du sein, les troubles cognitifs n'ont pas été étudiés dans d'autres cancers. Parallèlement, l'influence d'autres facteurs n'a pas été évaluée. Enfin, le traitement des troubles cognitifs est également un point sur lequel les études n'ont pas amené d'avancée significative. Une approche multidisciplinaire est nécessaire pour comprendre les troubles cognitifs. Actuellement, toutes les recherches du cancéropôle associent un volet clinique, un volet neuropsychologique, un volet d'imagerie, un volet biologie qui s’accompagne d’un modèle animal. En particulier, les programmes ont été développés sur l'impact de l'âge, la chimiothérapie chez les sujets âgés et les thérapies ciblées. Dans le cadre des recherches, le cancéropôle a soutenu l'organisation du congrès ICCTF à Paris. Ce congrès a réuni 150 participants avec la première fois davantage de pays européens ou asiatiques. Il est intéressant de noter que les études adressées à cette occasion ont été bien menées, avec des designs longitudinaux et des groupes témoins. Les études en question ont fait émerger de nouvelles données, au-delà du seul cancer du sein. En outre, ces études ont porté sur d'autres molécules que le 5FU ou le MTX. Pour la première fois, de nouveaux concepts se sont intéressés hormis les traitements à l'impact du cancer sur les fonctions cognitives. Des modèles animaux ont été joints à ces études cliniques et ont donné des résultats intéressants sur l'impact du cancer, sur la mémoire et l'âge ainsi que sur tous les Deauville, les 10 et 11 mai 2012 10 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle mécanismes entraînant des troubles avec des lésions directes au niveau cérébral. Des études de biologie ont également été montrées, avec la recherche de polymorphismes spécifiques sur les cytokines ou sur l'APOE. En parallèle, des études en imagerie ont été développées sur des techniques en IRM. Lors de ce congrès, le docteur Arti HURRIA a été invité et a encouragé le développement des études sur la cognition des sujets âgés. Cette thématique est un véritable enjeu compte tenu du nombre croissant de cancers chez cette catégorie de patients. Par ailleurs, il est crucial de comprendre et de prendre en compte les troubles cognitifs qui pourraient être induits avec les traitements. Un modèle développé par HURRIA et AHLES montre que plusieurs trajectoires sont possibles chez les sujets âgés. D'une part, en l'absence de cancer, les patients connaissent progressivement un déclin des fonctions cognitives. D'autre part, lors d'une survivance à un cancer, le déclin cognitif évolue parallèlement à celui des patients qui n'ont pas de cancer. Enfin, pour certains patients, la trajectoire est accélérée. L'objectif est donc de parvenir à identifier ces patients. Deux ans plus tôt, une de leurs précédentes études montrait que le fait d'être âgé et d'avoir une réserve cognitive plus basse entraînait une diminution de la vitesse d'exécution des fonctions cognitives. En somme, ils démontraient que l'âge et la réserve cognitive initiale étaient prédictifs des troubles cognitifs mis en évidence après une chimiothérapie et dans tous les processus de vitesse d'acquisition de la mémoire. Comme le montre une étude de PATEL, pour tenir compte des troubles cognitifs des patients, non seulement l'âge mais aussi les comorbidités doivent être pris en considération. Ces comorbidités sont des facteurs influençants et confondants très importants qui avaient été négligés jusqu'alors par la communauté scientifique. Francis EUSTACHE a présenté les mécanismes des troubles de la mémoire, notamment au niveau de la mémoire autobiographique. Dans ce cadre, une étude récemment publiée par BERGOUIGNAN montrait que des patientes atteintes d'un cancer du sein présentaient des troubles de la mémoire autobiographique. Chez ces patientes, l'encéphale se caractérisait par un volume plus faible au niveau de l'hippocampe. Ce phénomène pouvait refléter l'accumulation d'événements stressants mais également les traitements agressifs administrés à ces patients. S'agissant des modèles animaux, l'équipe de Sydney a présenté une étude visant à savoir si le cancer dans le modèle animal pouvait entraîner des troubles des fonctions cognitives. Par ailleurs, l'étude souhaitait déterminer si le fait d'associer de la chimiothérapie au DTX allait aggraver des troubles cognitifs induits par cette chimiothérapie. Il a été observé que chez les souris porteuses d'un cancer et bénéficiant d'une chimiothérapie, la concentration de DTX est plus importante dans le cerveau. En outre, un impact sur les fonctions cognitives a été identifié, notamment sur la reconnaissance d'objets. S'agissant de l'imagerie, les présentations ont montré que la substance blanche était modifiée et qu'il existait une neurotoxicité directe des traitements chez les patients avec cancer au niveau de cette substance blanche. Un consensus s'est dégagé sur la nécessité d’utiliser l'IRM de diffusion DTI. Ce dernier permet de visualiser et quantifier cette substance blanche en mesurant la fraction d'anisotropie. De plus, il a été mis en évidence qu'une association avec des équipes de neuro-imagerie était nécessaire. Le cancéropôle a présenté quelques résultats sur les thérapies ciblées et leurs impacts sur les fonctions cognitives. Sur l'ensemble des patients analysés, il a été mis en évidence que 53 % d'entre eux présentaient des troubles cognitifs. En outre, sur les 41 patients qui ont bénéficié d'un traitement pendant 3 mois, 40 % d'entre eux ont développé des troubles cognitifs en cours de traitement. Ces troubles portent essentiellement sur la mémoire épisodique et les fonctions exécutives. Deauville, les 10 et 11 mai 2012 11 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle En conclusion, Florence JOLY se dit convaincue que l'étude des troubles cognitifs est devenue depuis ces dernières années une véritable thématique de recherche. Grâce au soutien du cancéropôle, ces programmes de recherche ont pu être mis en place et certains pourront être valorisés prochainement. Par ailleurs, l’organisation du congrès ICCTF a permis de mettre en évidence l'importance des modèles animaux et de l'imagerie pour mieux comprendre les troubles cognitifs. A cet égard, elle invite ses collègues radiothérapeutes à la rejoindre sur cette thématique. Un participant demande si la susceptibilité de certaines personnes aux maladies dégénératives a été prise en compte dans la détection des troubles cognitifs. Florence JOLY explique que les patients qui présentaient des démences ont été écartés. Dans les prochaines études, le déclin cognitif lié à l'âge devra être évalué. Un participant souhaiterait connaître l'influence hormonale sur les dégradations cognitives. Certaines thérapeutiques ciblées conduisent à des effets indésirables étonnants, notamment les inhibiteurs de ALK de Hsp90 sur l'hypogonadisme masculin qui semble associé sur le long terme à des effets de fatigue. Florence JOLY indique que certaines études montrent que certains traitements hormonaux peuvent générer de la fatigue. En ce qui concerne les fonctions cognitives, les résultats sont beaucoup plus controversés. En particulier, les études réalisées sur le cancer de la prostate sont toutes négatives pour l'instant. Un participant s'interroge sur le rapport entre les troubles cognitifs et les cas de métastases cérébrales. Florence JOLY précise que les éléments qu'elle a présentés excluaient les métastases cérébrales. En la matière, il existe clairement des troubles directs pour les patients atteints de tumeurs cérébrales primaires ou des métastases cérébrales. Un participant souhaite savoir si les troubles cognitifs pourraient être prédictifs d'un développement ultérieur de métastases non diagnostiquées. Florence JOLY ignore s'il existe à ce niveau un lien de cause à effet. Un participant demande si les résultats présentés sur les troubles cognitifs sont définitifs, malgré l'étude longitudinale. En outre, s'agissant des processus mnésiques, il aimerait savoir si seul l'encodage a été étudié. Enfin, il s'enquiert d'éventuelles stratégies thérapeutiques pour améliorer les troubles. Florence JOLY précise que de plus en plus de données longitudinales sont disponibles et qu’elles font état majoritairement de troubles transitoires. Elle propose à Bénédicte de répondre à la deuxième question Bénédicte révèle que les études réalisées dans le domaine mnésique sont basées sur des évaluations classiques qui ne permettent pas encore de distinguer l'encodage du stockage ou de la récupération. En ce qui concerne la dernière question, Florence JOLY indique que quelques études sont mises en place avec, a priori, un effet bénéfique d'une prise en charge du travail de la mémoire. En particulier, elle espère qu'une étude réalisée en lien avec l'équipe de Rouen chez les patients qui témoignent d'une plainte cognitive permettra de démontrer que la participation à des ateliers mémoire réduit les troubles cognitifs ressentis. Deauville, les 10 et 11 mai 2012 12 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle PRESENTATION DU PROGRAMME MATWIN Lucia ROBERT MATWIN est un programme national de sourcing et d'accompagnement de projets en oncologie. Il a été initié en 2009 par le cancéropôle Grand Sud-Ouest et obéissait au constat selon lequel il était difficile de répondre aux besoins de financement des projets de recherche pendant l'étape de maturation. Les acteurs du programme sont à la fois des industriels, des cancéropôles, l'INCa et Oséo. Depuis 2011, le programme est porté par MATWIN SAS et ses deux actionnaires actuels : le cancéropôle Grand Sud-Ouest et la Caisse des dépôts et consignations. L'étape de maturation d'un projet couvre la période qui va du dépôt d'une demande de brevet jusqu’à l’obtention d’une preuve de concept préclinique. En oncologie, cette période peut durer entre 3 et 4 ans avec des besoins importants de financement de l'ordre de 1 à 4 millions d'euros. Les objectifs de MATWIN sont d'une part d'identifier les projets potentiellement candidats au programme en lien avec les cancéropôles partenaires et les structures de valorisation. D'autre part, MATWIN vise à renforcer les partenariats industriels sur des projets de recherche encore précoces dont le risque industriel aura été mieux qualifié qu’en sortie de laboratoire. Il s'agit donc de raccourcir les délais de transfert des innovations vers le patient. Enfin, MATWIN a aussi pour objectif d'accélérer le retour sur investissement pour le secteur public. Pour être éligibles, les projets doivent porter sur des projets de recherche en oncologie et bénéficier d'une propriété intellectuelle assurée. En outre, le porteur de projet doit être un acteur académique et non une entreprise. Par ailleurs, le projet doit viser à consolider la preuve de concept et la maturation préclinique dans un objectif de transfert industriel. La démarche MATWIN démarre par le lancement d'un appel à candidatures matérialisé par le dépôt d'une lettre d'intention par le porteur de projet. Par la suite, le comité de pilotage pluridisciplinaire MATWIN se réunit pour identifier les projets éligibles au cahier des charges du programme. A l'issue de cette étape, les porteurs de projet identifiés remplissent un dossier de candidature. Ce dernier bénéficie ensuite d’une double expertise académique et scientifique. Sur la base des évaluations des experts, le comité de pilotage se réunit à nouveau pour sélectionner les projets qui seront auditionnés par un Board international composé à la fois de leaders d'opinion académiques et de dirigeants de l'industrie pharmaceutique leaders en oncologie. Une fois le projet présenté au Board, celui-ci peut décider que le projet n'est pas encore assez abouti, soit que le projet est recommandable pour le financement, soit qu'il est recommandable pour un financement mais en dehors de MATWIN. S'agissant de l'édition de 2011, 17 lettres d'intention ont été reçues et ont abouti finalement à la présentation de 4 projets au Board international. Actuellement, 3 des 4 projets donnent lieu à des discussions avec des industriels. En ce qui concerne l'édition de 2012, 26 lettres d'intention ont été envoyées mais malheureusement aucune ne provient du CNO. Désormais, MATWIN réfléchit à la mise en place d'un fonds de financement des projets. La Caisse des Dépôts et Consignations serait prête à cofinancer un fonds de financement des projets positivement recommandés par MATWIN, opérationnel pour le prochain Board en mai 2013. L'idée serait de disposer d'une enveloppe annuelle de financement comprise entre 100 000 euros et 500 000 euros pour financer les premières phases critiques et augmenter de ce fait l'attractivité industrielle des projets financés. Deauville, les 10 et 11 mai 2012 13 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle Session thématisée : SHS, Epidémiologie et santé publique INTRODUCTION Guy LAUNOY Guy LAUNOY estime que l'activité du cancéropôle donne le sentiment que les SHS ont été davantage valorisées que dans les autres cancéropôles. Cependant, dans cet axe, tous les objectifs n'ont pas été totalement atteints. Il observe que certaines synergies se sont opérées autour de certaines problématiques de santé publique, que certains mots clefs ont émergés dans le domaine des inégalités sociales, de l'intervention ou du dépistage. Dans le même temps, il souhaiterait que des projets puissent être pleinement aidés au sein du cancéropôle. A cet égard, il regrette que le projet de Jean-Claude BARBARE autour des essais cliniques n'ait pas été sélectionné. En outre, Guy LAUNOY annonce un changement de programme compte tenu de l'absence des intervenants initialement prévus et introduit l'intervention à venir de Guillaume GRANDAZZI. Il remercie ce dernier d'avoir accepté de préparer une présentation dans un délai très bref. Enfin, il remercie l'ARC grâce à qui cette session a pu être organisée. ENJEUX DES SITUATIONS POST-ACCIDENTELLES NUCLEAIRES : LES LEÇONS DE FUKUSHIMA Guillaume GRANDAZZI Guillaume GRANDAZZI prévient que son intervention peut sembler décalée par rapport aux thèmes abordés par le cancéropôle mais ajoute qu'il existe tout de même un lien avec le thème particulier du cancer. Le 11 mars 2011, une triple catastrophe est survenue au Nord-Est du Japon : un séisme de magnitude 9 au large de la côte a engendré un tsunami d'une hauteur exceptionnelle qui a notamment submergé en partie la centrale de Fukushima. Cette submersion de la centrale a conduit rapidement à la fusion de 3 des 4 cœurs de la centrale de Fukushima et donc à une série d'explosions au sein de cette centrale. Cette triple catastrophe a causé la mort d'environ 20 000 personnes et s’est accompagnée de 450 000 réfugiés. Cet accident a été classé au niveau 7 sur l'échelle internationale des accidents nucléaires, c'est-à-dire au même niveau que celui de Tchernobyl. Plus d'un an après, des fuites vers la mer et des rejets aériens sont encore constatés. Les rejets atmosphériques conduisent à des dépôts atmosphériques sur l'environnement, soit sous forme de dépôts Deauville, les 10 et 11 mai 2012 14 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle secs, soit sous forme de dépôts humides liés à la pluviométrie. Ces dépôts provoquent une augmentation de débit de dose ambiant et amènent une irradiation externe des populations. L'irradiation des populations est également interne avec l'ingestion d'éléments contaminés. Ces dépôts radioactifs sur le territoire japonais ont mené à une importante contamination du territoire dans un rayon de 250 kilomètres autour de la centrale de Fukushima. Après une telle catastrophe, se pose la question des conséquences pour la santé. Pour évaluer les conséquences sanitaires, il convient d'abord d'évaluer les doses reçues par les personnes exposées. Ensuite, il faut établir un point zéro de l'état de santé au moyen de questionnaires et des examens médicaux. Enfin, il est nécessaire de suivre l'évolution de l'état de santé des populations. En parallèle, les effets de la catastrophe sur les travailleurs sont également en question. Près de 20 000 personnes sont intervenues sur le site de la centrale depuis mars 2011, dont 80 % de sous-traitants de Tepco. Cette dernière filtre énormément les informations et les organismes rencontrent beaucoup de difficultés pour obtenir des données. Les normes internationales fixent à 1mSv/an la dose de radioactivité artificielle pour les populations et à 20 mSv/an pour les travailleurs du nucléaire. Au Japon, les seuils qui ont été définis pour l'irradiation externe sont de 20mSv/an pour les populations. En matière d'alimentation, les normes appliquées par le Japon depuis un an conduisent à une dose ingérée de 5 mSv/an. Récemment, le gouvernement japonais a décidé de réduire d'un facteur 5 ces normes alimentaires pour que la contamination interne et l'irradiation externe n'excèdent pas 20 mSv/an. Les autorités japonaises ont été discréditées par cet accident, d'une part du fait de la désinformation pratiquée et, d'autre part, en raison de leur incapacité à gérer les problèmes de nourriture et de cultures contaminées. Par ailleurs, du point de vue des populations, les évacuations subies ou volontaires ont provoqué un éclatement des familles et du lien social. Néanmoins, la mobilisation citoyenne a été importante et a notamment permis d'installer des dizaines de stations de mesure de la radioactivité. Face à ces événements, le corps médical s'est souvent retrouvé en première ligne. Pourtant, le personnel médical n'est pas nécessairement préparé et une partie des hôpitaux a été désertée par le corps médical qui ne souhaitait pas prendre le risque d'être contaminé. En outre, selon les hôpitaux, 5 % à 46 % des professionnels ont décidé de démissionner définitivement. En France la réflexion sur le post-accidentel s'est résumée pendant longtemps à la réalisation d'exercices de crise auxquels les populations n'étaient pas associées. Depuis 2005, une réflexion s'est engagée autour de la gestion post-accidentelle non seulement pendant la crise mais aussi à moyen et long terme. A partir de ces travaux, la limite de dose décidée pour la France est de 10 mSv/an, soit la moitié de ce qui a été décidé au Japon. En conclusion, Guillaume GRANDAZZI indique que les exemples de Fukushima et Tchernobyl ont montré qu'une gestion verticale de la situation post-accidentelle ne fonctionne pas. La forte mobilisation citoyenne des Japonais montre l'ampleur de l'enjeu démocratique. En outre, les enjeux sanitaires sont indissociables des autres enjeux, ce qui explique la complexité de la gestion post-accidentelle. Par ailleurs, la sûreté nucléaire repose sur le fait qu'un accident peut survenir pour 100 000 années de fonctionnement d'un réacteur. Dans la mesure où il existe 400 réacteurs dans le monde, le risque acceptable est, en théorie, d'un accident majeur tous les 250 ans à l'échelle mondiale. Pourtant, en pratique, 33 ans après Three Mile Island 5 fusions de réacteurs ont été dénombrées, soit un accident majeur tous les 7 ans. Il est donc plus que jamais nécessaire de se préparer à ce type d'événements. Deauville, les 10 et 11 mai 2012 15 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle Pierre FORMSTECHER souhaite savoir comment une organisation horizontale peut être mise en œuvre. Guillaume GRANDAZZI explique que l'accès aux mesures et à leur interprétation par la population est un enjeu majeur. Un participant demande comment la décontamination d'un territoire s'opère. Guillaume GRANDAZZI répond que la démarche la plus courante consiste à retirer une couche de terre, sur une profondeur de 3 à 5 centimètres. En effet, lorsqu'elle se dépose au sol, la radioactivité se concentre dans les premiers centimètres. Néanmoins, cette manœuvre conduit au stockage des centaines de millions de mètres cubes de déchets radioactifs. Cette situation est très délicate et engage donc le long terme. GARDER SON TRAVAIL OU SE REINSERER PROFESSIONNELLEMENT FACE A UN CANCER Sophie QUINTON-FANTONI Pendant très longtemps, les équipes de santé au travail se sont intéressées exclusivement à l'imputabilité au travail des cancers. Ceci explique pourquoi peu d'équipes jusqu'à présent se sont impliquées sur les aspects réinsertion, maintien au travail et cancer. Le retour au travail est une situation de plus en plus prégnante dans la mesure où les cancers sont diagnostiqués de plus en plus tôt et où le taux de survie des personnes traitées pour cancer s'accroît. Au travers de ces aspects, la question de la qualité de la survie est posée. En France, peu de données globales sur le cancer sont disponibles quant à l'impact de la maladie sur le statut économique et professionnel des patients. Une enquête datant de 2004 montre que 2 ans après le diagnostic de cancer, 67 % des personnes retournent au travail. Il faut savoir que 15 % des personnes demeurent au travail alors même qu'elles présentent un cancer. Parallèlement, 1 personne sur 5 est encore en traitement lors de la reprise du travail. De façon intéressante, cette étude montre que certains patients sont confrontés à une perte de responsabilités (43 %) ou d'avantages acquis (32 %). En réalité, les conséquences professionnelles de ces cancers sont multifactorielles, notamment en fonction de l'âge, des caractéristiques de la maladie ou encore du statut professionnel. Dans ce dernier cas, la littérature a montré que pour les cadres, la reprise du travail est plus fréquente que chez les ouvriers parce que les contraintes professionnelles sont bien plus importantes dans certains milieux professionnels et en particulier pour les métiers manuels. Les conséquences professionnelles des cancers sont également liées aux revenus de substitution. En la matière, des écarts importants sont observés entre des fonctionnaires et des populations libérales ou privées. Il est évident qu'une personne qui peut bénéficier après un certain nombre d'années d'un revenu de substitution en cas d'inaptitude ou d'invalidité aura plus de liberté pour déterminer si elle souhaite reprendre son travail. Les enquêtes laissent apparaître que les licenciements sont plus nombreux chez les salariés ayant eu un cancer. Ces licenciements peuvent être déguisés s'agissant des salariés précaires et sont donc difficilement attribuables à la maladie. La maladie peut également mener à une perte de compétence ou de productivité et à des attitudes de discrimination. Une enquête nationale réalisée auprès des chefs d'entreprises indique qu’ils estiment devoir être informés des cas de cancer. Parallèlement, 80 % d'entre eux se disent prêts Deauville, les 10 et 11 mai 2012 16 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle à répondre aux besoins et demandes des personnes atteintes d'un cancer. Dans le même temps, ils déclarent qu'ils redoutent l'absentéisme et avouent qu'ils pallient pendant quelques mois seulement l'absence du salarié. Il existe de véritables outils de maintien dans l'emploi. Il s'agit par exemple de la visite de préreprise. Tout salarié peut consulter à tout moment son médecin du travail, de façon gratuite et sans en informer son employeur. Il existe également le temps partiel thérapeutique, qui assure un complément de salaire versé par l'assurance-maladie. Dans le même esprit, il est aussi possible de procéder à une adaptation de poste qui peut même être financée par des organismes tels que l'Agefiph. En outre, les contrats de rééducation permettent une formation du salarié aux évolutions de son métier tout en lui assurant un complément de revenu. Malgré ces outils, il convient de se demander pourquoi les retours au travail sont si tardifs. En fait, il a été démontré une très grande méconnaissance de la plupart de ces outils. Souvent, les démarches de retour à l'emploi sont envisagées très tardivement et décalent d'autant le retour effectif au travail. En outre, en fonction des personnes, les ressources internes disponibles sont différentes. En conclusion, Sophie QUINTON-FANTONI rappelle les résultats de l'enquête DREES de 2004. Cette étude mettait en évidence que la capacité à travailler à l'issue d'un diagnostic de cancer est une condition ni nécessaire, ni suffisante pour un retour effectif en emploi. Il convient donc de poursuivre la mobilisation des équipes de santé au travail pour mieux évaluer l'impact des cancers sur la vie professionnelle, mais également pour identifier les personnes les plus vulnérables et informer les acteurs de soins et les entreprises. Enfin, il devient crucial de lever les obstacles à la réinsertion professionnelle. Un participant estime que les assistantes sociales sont les plus appropriées pour initier ces démarches. Cependant, il regrette que les assistantes sociales ne soient pas implantées partout. Sophie QUINTON-FANTONI indique qu'une réforme de la médecine du travail de juillet 2011 qui oblige les services de santé au travail à avoir une assistante sociale. Elle ajoute qu’une prochaine étude à venir visera à intégrer très tôt la question du retour au travail dans le processus de soin. Pierre FORMSTECHER souhaite savoir comment évolue le regard porté sur la maladie du point de vue des entreprises. Sophie QUINTON-FANTONI répond que la situation tend à évoluer favorablement. Néanmoins, les contraintes de production sont tellement lourdes et les flux si tendus que le taux de retour à l'emploi a chuté ces dix dernières années. ETUDE D'INTERVENTION EN POPULATION GENERALE VISANT A REDUIRE LES INEGALITES SOCIALES DE PARTICIPATION AU DEPISTAGE. Lydia GUITTET Lydia GUITTET explique que l'étude est partie du constat qu'il existe des inégalités sociales de survie importante dans le domaine de la cancérologie, en particulier dans le cas du cancer colorectal. Il apparaît clairement que le dépistage permet une baisse de 25 % de la mortalité du cancer du colon. Ainsi, un écart de participation au dépistage aura des conséquences importantes sur la mortalité par cancer. Deauville, les 10 et 11 mai 2012 17 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle Or l'étude réalisée a mis en évidence que les personnes les plus aisées ont tendance à participer davantage à ce dépistage que les personnes les plus défavorisées. En effet, l'étude a permis de relever que seulement 15 % des patients les plus pauvres sont diagnostiqués à un stade précoce du cancer du colon, contre 21 % pour les patients les plus aisés. L'étude est partie de l'hypothèse que si les inégalités sociales de participation au dépistage du cancer colorectal peuvent être réduites, la situation globale pourra être améliorée. Pour lutter contre les inégalités sociales de participation, l'équipe s'est inspirée du concept de Patient navigator mis au point par FREEMAN. Ce concept a été mis en place dans plusieurs études aux Etats-Unis. Ces études montrent que la participation au dépistage est plus importante dans les bras avec Patient navigator. Ainsi, l'étude PRADO a été mise en place. Elle vise à réduire les inégalités sociales de participation au dépistage du cancer colorectal. Cette étude a donné lieu à une phase pilote pendant deux ans dans le département de l'Orne. Depuis un an, l'étude est en cours dans les trois départements de Picardie. L'objectif de l'étude est à la fois d'évaluer l'intérêt d'un accompagnateur au dépistage pour réduire les inégalités sociales au dépistage et d'augmenter la participation au dépistage du cancer colorectal. L'accompagnateur au dépistage est basé dans la structure de gestion. Dans la mesure où l'objectif de l'étude est de réduire les inégalités sociales, des recruteurs sociaux ont été recrutés et formés sur le dépistage. L'objectif de la démarche est de personnaliser le contact avec le patient pendant toute la procédure de dépistage. Après que la structure de gestion a invité le patient, l'accompagnateur au dépistage envoie un courrier d'introduction avant de proposer au patient un échange téléphonique. Le rôle de l'accompagnateur durant l'échange téléphonique est d'inciter le patient à consulter son médecin généraliste. Dans certains cas, les patients ont retiré un test auprès de leur médecin généraliste mais le test n'a pas été réalisé. L'accompagnateur peut alors reprendre contact avec les patients pour en comprendre les raisons. Par la suite, l'accompagnateur peut aussi inciter les patients à poursuivre la procédure : retourner voir leur médecin généraliste et le gastroentérologue pour réaliser la coloscopie. Dans le cadre de l'étude pilote, l'accompagnateur devait contacter 81 % des personnes ciblées. Parmi ces personnes, 68 % avaient un numéro de téléphone et ont été contactées par courrier. Au final, l'accompagnateur a réussi à joindre 63 % des patients possédant un téléphone. En parallèle, des stratégies alternatives ont été développées pour parvenir à joindre les patients. Une première stratégie consiste à joindre au courrier un coupon-réponse afin de recueillir le numéro de téléphone du patient. Une deuxième stratégie a porté sur la mise en place d'un numéro vert. Enfin, une autre stratégie concerne l'instauration de permanence dans les quartiers pour permettre d'organiser des rendez-vous physiques avec les patients. S'agissant du plan expérimental de l'étude PRADO, une randomisation collective a été décidée. Cette méthode présente notamment l'avantage de favoriser le tirage au sort par quintile de défavorisation. Ainsi, l'unité de randomisation choisie est l'IRIS (Ilot Regroupé pour l'Information Statistique). En outre, la stratification de la randomisation s'effectue selon la déprivation et la ruralité. Cette combinaison permet de définir 4 strates : urbain riche, urbain pauvre, rural riche et rural pauvre. Au total, 66 IRIS ont été tirés au sort en Picardie, ce qui représente environ 15 000 personnes. Pour évaluer le taux de participation au dépistage, il convient de comparer le taux de participation dans les zones défavorisées où un accompagnateur au dépistage a été mis en place avec le taux de participation des zones plus aisées dans lesquelles aucun accompagnateur n'est prévu. En ce qui concerne les analyses, en raison de la randomisation, une variable aléatoire a été rajoutée au modèle. Cette variable mesure l'effet de l'IRIS dans le taux de Deauville, les 10 et 11 mai 2012 18 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle participation. Ce modèle permet également d'ajuster d'autres variables sur les données des individus. L'étude PRADO s'intéresse également aux mécanismes sociocognitifs impliqués. Dans cet objectif, un questionnaire psychologique est transmis 9 mois après l'invitation de la structure de gestion. Le questionnaire est auto administré et porte sur plusieurs dimensions, dont une est consacrée à l'accompagnateur. A l'heure actuelle, Lydia GUITTET n'est pas en mesure de présenter des résultats puisque l'étude est toujours en cours. Elle conclut que dans l'étude pilote, les accompagnateurs au dépistage n'ont atteint qu'une personne sur deux. A première vue, il est possible de penser que ce résultat est faible. Or les études aux Etats-Unis qui ont mis en évidence une efficacité de l'accompagnateur montrent que 23 % des patients n'ont pas été joints par l'accompagnateur et pourtant, le taux de participation a été multiplié par deux. Un participant indique que l'une des grandes avancées en matière de dépistage ces deux dernières années concerne l'étude randomisée américaine du dépistage du cancer du poumon par scanner de basse atténuation. Cette étude s'est intéressée à des populations WASP - White Anglo Saxon Protestant - et a totalement évité les populations défavorisées. Cet essai est le seul qui démontre une diminution de la mortalité spécifique par cancer du poumon de 20 %. Il demande si ces techniques pourraient s'appliquer dans le cancer du poumon et rendre le dépistage généralisable en France. Lydia GUITTET répond que la difficulté pour le cancer du poumon tient au fait que le dépistage n'est pas organisé. Ainsi le scanner n'est pas pris en charge à 100 %, comme c'est le cas pour le test de recherche de sang dans les selles. Si la France se lance dans le dépistage organisé du cancer du poumon des fumeurs, des implications en termes de coût seront sans doute envisagées. A partir de ce moment, il sera possible de réfléchir à une intervention. LES APPROCHES COMMUNAUTAIRES DE REDUCTION DES INEGALITES SOCIALES DE SANTE : SOUTENIR L'INNOVATION PAR LA RECHERCHE Louise POTVIN Louise POTVIN attire l’attention sur trois constats au niveau des inégalités sociales de santé. D'une part, l'espérance de vie augmente depuis les années 1950 et les pentes ne laissent pas supposer qu'un plateau est atteint. D'autre part, la santé ne s'améliore pas de façon égale pour tout le monde. En effet, depuis l'émission d'un rapport dans les années 1980, il a été mis en évidence qu'il existe un gradient de santé parallèle au gradient socio-économique pour la plupart des causes de mortalité, et plus particulièrement pour les affections respiratoires. En France, les marqueurs de l'inégalité sociale sont par exemple la catégorie de revenu, le niveau d'éducation, le sexe ou encore le département de résidence. Enfin, le dernier constat fait apparaître que les inégalités sont choisies. En effet, les sociétés ont des niveaux d'inégalités qu'elles construisent. Une étude de l'OCDE s'intéressant à la santé chez les enfants montre clairement que la politique de la France vise, grâce à un ensemble de mesures fiscales, à la réduction des inégalités chez les enfants. Selon Louise POTVIN, il est intéressant de se pencher sur les inégalités de santé puisque le travail de chaque individu participe fortement à la création, au maintien et à Deauville, les 10 et 11 mai 2012 19 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle l'augmentation des écarts en matière de santé. Dans le cas d'opérations de réduction du tabagisme, ce sont les plus aisés qui en bénéficient, comme le montre une étude réalisée auprès de la population britannique. Une autre étude effectuée à Rotterdam sur plusieurs pays européens confirme ces résultats. Les milieux de vie jouent un rôle clef dans la transformation des inégalités sociales en inégalités de santé. De plus en plus, les facteurs de risques personnels et comportementaux - comme le fait de fumer - sont l'expression d'un milieu de vie et de vulnérabilités individuelles qui conduisent à des inégalités de santé. Les approches par milieu de vie s'interrogent sur les façons d'améliorer l'accès et la qualité des matériaux que les individus peuvent trouver dans leur milieu de vie, de sorte de construire leur santé. L'ensemble des travaux réalisés sur le sujet amènent à penser que les milieux de vie constituent des réservoirs dans lesquels les individus utilisent leurs capacités pour se procurer des ressources et les transformer afin de maintenir leur santé. En outre, la qualité et la quantité des ressources dans un milieu dépendent des pratiques des acteurs ainsi que des aspects structuraux qui s'y intègrent. De la même façon, l'importance des ressources immédiates pour la santé varie selon les caractéristiques des personnes. Dans un milieu de vie relationnel se concentrent deux grands types d'environnements : un environnement physique et un environnement social. L'environnement physique se caractérise par des ressources auxquelles les individus accèdent par règle de proximité. L'environnement social dévoile trois façons d'accéder aux ressources. Il s'agit d'une part des ressources qui relèvent du domaine économique. D'autre part, le domaine institutionnel désigne les ressources auxquelles les individus ont accès du fait de leurs droits. En France par exemple, il est possible d'accéder à un logement social sous certaines conditions. Les environnements pauvres sont caractérisés par une forte concentration de ressources institutionnelles. De ce fait, les zones riches en service sont en fait pauvres puisque la présence de ces services attire les individus. Enfin, le domaine associatif et le domaine de sociabilité s'apparentent aux dons. Ainsi, pour le domaine de sociabilité, héberger chez soi une personne n'obéit pas à un but marchand mais vise à renforcer le lien social avec cette personne. Dans le domaine associatif, les associations agissent comme le porte-parole d'un groupe. Il est intéressant de déterminer la manière de travailler avec les milieux pour augmenter la quantité et la qualité des ressources pour la santé. A cet égard, un article de RITTEL et WEBER édité en 1973 traite de la planification. Les auteurs évoquent un « wicked problem », une expression qui pourrait être traduite par "problème tordu". Ils font référence à un problème qui échappe à la rationalité de planification. Pour ces auteurs, un problème tordu possède plusieurs caractéristiques. La première caractéristique tient au fait qu'il n'existe pas de formulation définitive à un problème tordu, elle fait même partie intégrante du problème. La deuxième caractéristique concerne la nature exogène des règles d'arrêt. La chaîne causale qui lie les systèmes impliqués et sans fin. Ainsi, au fur et à mesure que le problème est étudié, il devient de plus en plus complexe. Les solutions au problème ne sont ni vraies ni fausses ; Ce ne sont que de bonnes ou mauvaises décisions contingentes. En d'autres termes, il n'existe pas de solutions vraies et universelles ; les solutions ayant connu des succès ailleurs doivent être adaptées localement. En somme, la complexité du problème et la nécessité d'adaptation au niveau local nécessitent la mobilisation de nombreux acteurs. Pourtant, cette mobilisation rend le problème encore plus complexe. La réduction des inégalités sociales de santé peut se schématiser par un administrateur public - souvent le système de santé public - qui se lie avec les différents acteurs sociaux afin de travailler sur l'accès et la qualité des ressources. Il en découle fréquemment deux visions complémentaires mais aussi deux rationalités opposées. Finalement, l'espace de réduction des inégalités sociales de santé est un espace controversé du fait de la multiplicité des points de vue. Néanmoins, ces controverses sont aussi des facteurs d'innovation dans la mesure où les problèmes conduisent à mobiliser de nouveaux acteurs, à expérimenter de nouvelles pratiques et à adapter Deauville, les 10 et 11 mai 2012 20 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle localement des solutions essayées ailleurs. Cette adaptation amène à changer les solutions, ce qui conduit à transformer ces dernières en hypothèses de solutions. Un participant ne conçoit pas que la réduction ne puisse pas faire partie des objectifs et demande comment les penseurs libéraux envisagent la réduction des inégalités sociales de santé. Louise POTVIN indique que la réduction des inégalités de sociales de santé n'est pas un objectif unanimement partagé. Cette question a pris une importance mondiale il y a cinq ans à l'occasion de la commission de l'OMS sur le sujet. La question est davantage abordée sur le plan rhétorique que sur le plan des actions. Ainsi aux Etats-Unis, le programme de santé publique healthy people 2020 mentionne l'existence d'inégalités sociales aux Etats-Unis mais sur les 600 objectifs de santé recensés, aucun ne concerne les inégalités sociales. Seule la Suède avec son programme health on equal terms dans les années 2000, proposait un programme de santé en quinze points. Parmi ceux-ci, le premier se proposait d'améliorer le sentiment d'appartenance communautaire. Les actions sont limitées parce qu'elles demandent des volontés de redistribution de la richesse. S'il n'est pas possible d'influer sur le système de stratification des sociétés, il faut au moins essayer de mitiger son effet dans les milieux de vie. Pierre FORMSTECHER souligne que le champ de l'éducation et celui des valeurs partagées sont importants. En outre, il a le sentiment que le système tend à se rigidifier au lieu de se fluidifier. Louise POTVIN indique que certaines populations sont difficiles à approcher, à l'image des utilisateurs de drogues injectables ou encore des travailleurs du sexe. Toutes ces populations en marge sont difficiles à associer au navigateur patient. S'agissant de la rigidité du système, elle estime que la recherche permet de dégager des espaces de fluidité. Un participant s'interroge sur l'impact de la réduction du tabagisme en Angleterre qui est beaucoup plus important dans les populations favorisées. Pourtant, le premier élément déclencheur était l'augmentation du prix du tabac. En toute logique, l'impact devrait être moins important dans les populations favorisées. Parallèlement, il serait intéressant de déterminer l'impact de la prévention autre que celle liée à l'augmentation du prix du tabac chez les populations défavorisées. Louise POTVIN observe que l'augmentation du prix du tabac est survenue bien après que les prévalences tabagiques. Les augmentations de prix du tabac ont eu lieu dans les années 1980 et 1990. L'effet de la taxation du tabac est le plus marqué sur les populations adolescentes. En réalité, l'augmentation du prix du tabac est efficace pour prévenir l'entrée des populations dans la dépendance tabagique. Deauville, les 10 et 11 mai 2012 21 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle IDENTIFICATION DE L'HETEROGENEITE GENETIQUE DES LYMPHOMES DIFFUS A GRANDES CELLULES B A L'ERE DU RITUXIMAB Fabrice JARDIN Les lymphomes diffus à grandes cellules B représentent 35 à 50 % des lymphomes. Ils peuvent guérir définitivement mais également entraîner le décès des patients. Ces dix dernières années ont permis un certain nombre de progrès dans la prise en charge des lymphomes diffus à grandes cellules, notamment la mise en place de la classification OMS, l'avènement de l'immunochimiothérapie, l'imagerie métabolique, la classification moléculaire ou encore l'apparition du NGS et des thérapies ciblées. En 2000, des puces Affymetrix ont été utilisées pour la première fois en cancérologie, ce qui a permis de distinguer deux grands sous-types moléculaires : le phénotype GCB et le phénotype ABC. Depuis, toutes les publications n'ont jamais contredit ces données et il est désormais classique de distinguer ces deux sous-types au sein des lymphomes diffus à grandes cellules. Les principaux objectifs de l'étude étaient, d'une part, de comprendre l'hétérogénéité des lymphomes diffus par une analyse intégrée des données histo-pathologiques et moléculaires. D'autre part, l'étude visait à déterminer la pertinence clinique des signatures moléculaires. Enfin, il s'agissait également d'identifier de nouveaux marqueurs thérapeutiques. L'étude s'est appuyée sur une cohorte de patients issus des essais GELA de 2003, ainsi que sur des banques biologiques de tissus congelés et de tissus fixés. Des analyses exploratoires ont été menées sur ces tissus afin de déduire des bio marqueurs et les valider à l'aide de technologies de transfert. Au global, 1 500 patients ont été intégrés dans 6 ou 7 essais et seulement 250 échantillons en provenance de tumeurs ont pu être recueillis. En ce qui concerne l'analyse du transcriptome, 225 patients ont été analysés avec pour objectif d'identifier les signatures déjà publiées, d'améliorer les algorithmes publiés et de proposer une analyse intégrée des données du transcriptome et des données de CGH. Le phénotype GCB/ABC varie avec l'âge. Le phénotype ABC augmente sa prévalence de manière très significative avec le vieillissement des patients. Ainsi à partir de 80 ans, presque 80 % des lymphomes ont un phénotype ABC, contre 26 % pour les patients de moins de 60 ans. Une étude publiée en 2011 dans Lancet a montré pour la première fois qu'une chimiothérapie intensive permet d'améliorer le pronostic des lymphomes diffus à grandes cellules de manière significative chez les patients de moins de 60 ans. Ces résultats signifient qu'il est préférable de proposer une chimiothérapie non-GCB à un patient de moins de 60 ans. S'agissant de la CGH, elle a été réalisée sur la plateforme de Martin FIGEAC. L'analyse a porté sur près de 200 patients et a nécessité une modélisation informatique afin de déterminer les gains, les pertes, les délétions et amplifications sur la totalité des échantillons. Par la suite, il a été nécessaire d'effectuer une analyse en regroupant les échantillons entre eux selon la méthode MCR. Cette méthode a permis d'observer 21 délétions homozygotes récurrentes, 250 délétions hétérozygotes récurrentes ainsi que 140 gains observés de manières récurrentes. Dans la majorité des cas, ces MCR sont de petites tailles, ce qui permet d'identifier des gènes candidats. En outre, il est possible d'intégrer les données de CGH mais aussi les données de transcriptome pour déterminer l'impact d'un gain ou d'une perte d'un gène sur l'expression du gène lui-même. La méthode GEDI part de la région minimale commune Deauville, les 10 et 11 mai 2012 22 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle et identifie un gène candidat. l'expression du gène est par la suite observée au moyen d'un t-test. Si ce dernier est significatif, on peut penser que le nombre de copies a un impact sur l'expression du gène. Le lien entre le nombre de copies et l'expression du gène peut sembler évident. Pourtant, sur tous les gènes qui ont été analysés et qui sont inclus dans les MCR, 230 peuvent avoir une analyse conjointe de CHG et de l'expression. Seulement 32 % des gènes pour lesquels une délétion est observée sont associés à une diminution d'expression de ce gène. S'agissant des gains de copies, la corrélation est meilleure entre gains de copies et expression des gènes. En effet, 60 % des gènes pour lesquels il existe des gains de copies s'associent à une surexpression du gène. Par exemple, le gène REL localisé en 2p21 est clairement dans une région MCR et montre bien une corrélation entre gains de copies et expression du gène. Cette technique permet d'identifier des gènes candidats. Le gène HACE1 est connu dans les tumeurs solides pour être un gène suppresseur de tumeur mais n'avait jusqu'alors jamais été rapporté dans les lymphomes diffus à grandes cellules. De la même façon, le gène XRCC2 qui est impliqué dans la réparation de l'ADN. La technique permet d'observer une très bonne corrélation entre le statut génique et l'expression du gène. Actuellement, d'autres approches comme la CGH virtuelle sont développées pour tenter d'identifier d'autres gènes candidats. Ainsi, les données du transcriptome permettent de prédire les anomalies de copies de nombre. Par la suite, les résultats sont comparés à la CGH réelle. En cas de discordance, il s'agit probablement de mécanismes de régulation épigénique, avec la possibilité de gènes candidats. Par ailleurs, dans le cadre de l'étude des microRNA, 85 échantillons ont été analysés par la plateforme Solid 4. Après 4 RUNs, plus d'1,5 milliard de séquences ont été générées. L'analyse porte sur l'un des RUNs qui comprend 20 échantillons avec un nombre important de séquences générées. A partir de ces données, il sera possible de déterminer les profils d'expression ainsi que l'existence éventuelle de mutations de microRNA. La technique permettra également d'identifier de nouveaux microRNA. En conclusion, Fabrice JARDIN annonce que l'étude se situe dans la phase d'intégration des données générées. La base ainsi constituée s'avère intéressante et pourra servir dans le cadre d'autres projets. Les perspectives sont désormais l'intégration de ces données dans le NGS. Depuis que le projet a été initié, 6 ou 7 publications ont réalisé du NGS dans les lymphomes diffus à grandes cellules et le paradigme qui consistait à dire que les lymphomes diffus à grandes cellules sont une maladie avec des translocations récurrentes s'efface. Le nouveau paradigme considère que ces maladies sont associées à des mutations récurrentes. Thierry FREBOURG se dit surpris de la prévalence d'ABC après 80 ans alors que les personnes âgées sont sujettes à une dérégulation épigénétique majeure. De même, il estime surprenant que la dichotomie transcriptomique soit maintenue et pense qu'une analyse par tranche d'âge pourrait être intéressante dans ce contexte. Fabrice JARDIN précise que l'analyse par tranche d'âge a été menée. Toutes les études sur le sujet confirment que la prévalence du phénotype ABC augmente de 7 % environ par tranche de 10 ans. Deauville, les 10 et 11 mai 2012 23 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle APPORTS DES TECHNIQUES A HAUT DEBIT DANS LE DIAGNOSTIC ET LE PRONOSTIC DES LEUCEMIES AIGUËS MYELOÏDES Olivier NIBOUREL Les leucémies aiguës myéloblastiques (LAM) correspondent à un groupe très hétérogène de pathologies avec des facteurs pronostiques variables. Ces derniers dépendent en partie du patient mais également des facteurs liés à la maladie, notamment les anomalies cytogénétiques et moléculaires. En effet, les anomalies cytogénétiques permettent de déterminer plusieurs catégories pronostiques très distinctes en termes de devenir du patient. Désormais, les anomalies moléculaires permettent de préciser ces catégories, et en particulier la catégorie intermédiaire. Néanmoins, celle-ci reste très hétérogène, ce qui explique que de nombreux travaux et études rétrospectives aient essayé de détecter d'autres marqueurs moléculaires. Dans le cas de PROCAN II et de différents PHRC, l'étude des marqueurs moléculaires a été étendue de manière prospective dans deux protocoles. Il s'agit d'une part du protocole ALPHA 0701 qui a inclus 278 patients, âgés de 50 ans à 70 ans. Ce protocole visait à comparer un traitement par gemtuzumab ozogamicine + daunorubicine + cytarabine versus daunorubicine + cytarabine. D'autre part, le deuxième protocole correspond au protocole ALFA 0702 pour lequel les inclusions sont toujours en cours. En ce qui concerne le protocole ALFA 0701, les données ont fait l'objet d'une publication récente. Il a été confirmé que la mutation d'IDH2 R140 avait un pronostic plus favorable en termes d'EFS et d'OS. S'agissant des mutations de DNMT3A, le pronostic défavorable a été confirmé, à la fois au sein des LAM à caryotype normal et dans le sous-groupe des génotypes favorables selon ELN. En outre, l'absence d'impact pronostique de FLT3-ITD dans la cohorte globale. Tous ces résultats ont permis de montrer que DNMT3A avait un impact défavorable, tandis qu'IDH2 avait un impact plutôt favorable. En outre, DNMT3A est le seul facteur prédictif indépendant sur une survie globale péjorative. De plus, le Mylotarg semble améliorer tout particulièrement le pronostic des patients atteints de duplication de FLT3. Le génotypage étendu a été complété par une étude du profil génomique par puce SNP. L'objectif de l'étude est d'évaluer l'incidence des altérations génomiques dans les LAM de novo. L'étude visait également à comparer ces résultats d'anomalies avec le caryotype, de rechercher des anomalies récurrentes nouvelles ainsi que d'évaluer leur impact pronostique. Au total, 238 patients ont été étudiés par puce SNP6, soit 86 % inclus dans le protocole. Un grand nombre d'anomalies génomiques ont été identifiées : 324 anomalies du nombre de copies et 85 UPD. Au sein des LAM à caryotype normal, 69 anomalies génomiques ont été observées chez 47 des 118 patients. En conclusion, cette étude a permis de détecter des anomalies du nombre de copies ou des UPD chez près de 40 % des patients dont le caryotype est considéré comme normal. En outre, des régions minimales communes récurrentes de taille inférieure à 5Mb ont été identifiées. Parallèlement, l'étude a révélé dans les LAM à caryotype normal que la survie globale était plus courte chez les patients avec une anomalie détectée par les puces SNP. La suite des travaux permettra de valider éventuellement les marqueurs moléculaires de gènes inclus dans ces zones minimales délétées, soit par quantification, soit par séquençage à haut débit. S'agissant du séquençage haut débit, un grand nombre de marqueurs moléculaires a été étudié dans le cadre d'une nouvelle étude. Celle-ci visait à évaluer les techniques de séquençage à haut débit pour la détection de mutations acquises dans les LAM. Dans cet Deauville, les 10 et 11 mai 2012 24 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle objectif, 21 patients ont été étudiés et 43 gènes ont été séquencés. Ce séquençage a donné lieu à la définition de deux concepts : la profondeur de séquençage et la couverture. Les résultats obtenus sont bons en termes de profondeur et de couverture, puisque 80 % des exons avaient une profondeur moyenne supérieure à 500 séquences. En outre, 95 % des exons bénéficiaient d'une couverture supérieure à 98 %. Parmi les 21 patients, 9 variations ont été identifiées chez 8 patients, dont 3 mutations qui avaient déjà été rapportées. Désormais, les perspectives de cette étude sont d'optimiser la spécificité du séquençage par l'utilisation d'autres approches ainsi que d'augmenter le nombre de gènes capturés. Dans cette optique, d'autres études sont en cours, comme la recherche de marqueurs moléculaires dans les SMD de faible risque ou intermédiaire ou dans les LAM pédiatriques. En outre, le dernier projet prévu dans le séquençage à haut débit porte sur la restriction du séquençage à haut débit sur des exemples précis de LAM, en particulier des LAM chez lesquels aucune mutation n'a été observée parmi les nombreux marqueurs moléculaires testés. Il s'agit également des LAM qui possèdent la mutation IDH2 R172. Cette mutation est particulière puisqu'elle n'est associée à aucune autre mutation fréquemment impliquée dans les LAM. En outre, le pronostic de cette anomalie est significativement défavorable. En marge de ces approches à très haut débit, une des préoccupations au laboratoire est de transférer le séquençage à haut débit vers la biologie diagnostique de façon à faciliter le séquençage d'un grand nombre de marqueurs moléculaires en conditions hospitalières. Dans ce cadre, le projet IRON qui est réalisé en partenariat avec 11 laboratoires européens est basé sur la constitution d'une librairie par amplicon et un séquençage à l'aide du GS Junior. Les gènes séquencés sont les gènes TET2, RUNX1, CBL et KIT. Pour l'heure, les analyses sont en cours. Un autre projet s'intéresse à l'étude de la quantification résiduelle par séquençage à haut débit au travers de la quantification de la mutation JAK2 V617F. L'objectif du projet était d'évaluer la linéarité et la sensibilité de la quantification par séquençage haut débit. Dans cette optique, l'équipe a étudié une dilution de la lignée UKE1 et a comparé les résultats de 33 patients pour lesquels la mutation de JAK avait déjà été quantifiée à l'aide de la technique par PCR quantitatifs. En termes de résultats, la dilution des lignées UKE1, montre une corrélation étroite entre la dilution théorique et les résultats du séquençage haut débit. En outre, cette corrélation est également observée avec les résultats des patients préalablement quantifiés par PCR. Olivier NIBOUREL conclut que ces différents projets ont pour objet de compléter l'étude des marqueurs moléculaires par une approche NGS ciblée sur les protocoles 0702 ainsi que sur les LAM pédiatriques. Il s'agit aussi de compléter l'étude de la maladie résiduelle sur un plus grand nombre de cibles. Parmi les perspectives figurent également l'étude de l'hétérogénéité clonale et la recherche du niveau de l'atteinte de la cellulesouche leucémique. Thierry FREBOURG demande si dans le cadre du projet IRON qui est commun à plusieurs laboratoires, il est prévu une évaluation des machines et des différentes plateformes Olivier NIBOUREL répond que l'étude cherche à établir une approche de comparaison interlaboratoires. Tous les tests sont réalisés sur le même automate. Deauville, les 10 et 11 mai 2012 25 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle DETERMINISME GENETIQUE DU CANCER DU COLON ET DU CANCER DU SEIN Thierry FREBOURG Thierry FREBOURG souhaite présenter un panorama des efforts et projets engagés dans le déterminisme génétique du cancer du côlon et du cancer du sein, au titre du cancéropôle. Le premier projet piloté par Mario TOSI a pour objectif de mesurer l'impact sur l'épissage des variants de signification inconnue des gènes MMR. La relecture du séquençage de l'épissage apprend que pour qu'un épissage soit correctement maturé, il est nécessaire de respecter l'intégrité de multiples séquences. De nombreux travaux avaient suggéré que des variations pouvaient altérer l'épissage. L'équipe de Mario TOSI a développé des outils qui permettent, à partir de l'ADN, de savoir si la variation identifiée est délétère, parce qu'elle altère l'épissage. Chaque fois que des laboratoires français identifient des variants qui ne peuvent pas être utilisés pour le bénéfice des patients, ces variants sont passés de façon séquentielle dans différents tests d'épissage à Rouen pour déceler une éventuelle altération de l'épissage. A ce jour, 200 variants de signification inconnue identifiés dans les gènes MMR impliqués dans le cancer colorectal non polylposique ou syndrome de Lynch ont été analysés. Les résultats montrent qu'un tiers de ces variants ont un impact sur l'épissage. Certains de ces variants ont un impact majeur et peuvent être formellement classés en mutations délétères. D'autres variants ont un impact partiel et permettent de réaliser une cartographie de séquences régulatrices d'épissage. Cette méthode permet de partir de patient et de parvenir à des éléments clefs de la régulation d'épissage de ces gènes et d'identifier des mutations. En parallèle, ce travail a été réalisé pour les gènes BRCA et BRCA2. A ce jour, 147 variants de signification inconnue ont été identifiés dans ces gènes. Les analyses ont mis en exergue des mutations d'épissage dans un tiers des cas. De nouveau, certaines mutations ont été immédiatement classées comme mutations délétères. En ce qui concerne les variants avec effet partiel, ils ont donné lieu à une cartographie des séquences régulatrices. Le deuxième projet émane du centre François BACLESSE et a pour objectif de rechercher des altérations dans des familles sans mutation des gènes BRCA. Il peut s'agir d'altérations profondes ou promotrices dont l'analyse n'est pas opérationnelle mais surtout dont l'identification des mutations est extrêmement complexe. L'idée est ici de travailler à l'échelon allélique, c'est-à-dire d'être capable de comparer l'expression des deux allèles pour le gène BRCA. L'approche choisie est le pyroséquençage qui est une méthode de séquençage quantitative. Cette méthode permet de quantifier l'expression allélique après avoir identifié un SNP chez un sujet. Ce travail est basé sur 3 SPN qui appartiennent à un haplotype majeur, trouvé dans 40 % de la population non caucasienne. De par la qualité des prélèvements biologiques, ces études prospectives devraient donner des informations et permettront de savoir s'il est nécessaire, après les analyses réalisées au niveau de l'ADN génomique, d'étendre à l'approche de l'ARN. Le troisième projet vise à rechercher les variations constitutionnelles du nombre de copies dans le cancer du sein. En effet, un certain nombre de pathologies sont le fait de variations du nombre de copies ou CNV (Copy Number Variation). Le principe est de travailler avec des puces enrichies. Ces dernières possèdent une phase pangénomique qui permet de couvrir l'ensemble du génome et dont l'implication dans le déterminisme est connue. L'objectif est de déterminer si des remaniements existent et s'ils peuvent être relocalisés à proximité de ces gènes et qui pouvaient en impacter l'expression. Par ailleurs, une sélection d'une cinquantaine de gènes a été opérée dans la voie des gènes BRCA1 et 2. Les résultats ont été satisfaisants sur le plan technologique. En particulier, Deauville, les 10 et 11 mai 2012 26 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle la densité des puces permet de documenter des remaniements parfois de petites tailles. un certain nombre de familles, des CNV avec des gènes impliqués dans le cancer ont été identifiés, ce qui a créé des difficultés d'interprétation en termes de causalité. Le plus souvent, il s'agissait de petites familles avec peu d'apparenté dans le vivant et pour lesquelles s'observaient parfois des ségrégations mais pas de co-ségrégation. Ainsi, l'idée a émergé qu'il existait probablement dans un certain nombre de familles des agrégations qui sont le fait d'une combinaison oligogénique. Le quatrième projet s'inscrit dans le cadre d'une étude nationale sur le déterminisme oligogénique du cancer colorectal. L'étude part de l'hypothèse que si les gènes impliqués dans un déterminisme Mendélien simple sont identifiés, un certain nombre d'agrégations familiales sont probablement le fait, non pas d'un gène majeur, mais d'une combinaison d'un certain nombre de variants. En outre, si un facteur de risque possède à la naissance un impact génétique mineur, son impact peut s'amplifier avec l'âge. Il est donc possible de parier qu'à l'avenir, le déterminisme oligogénique sera probablement prédominant sur le déterminisme mendélien dans la mesure où ces facteurs de risque auront le temps de s'exprimer. L'objectif de ce déterminisme oligogénique est de partir de tous les patients qui ont été collectés au niveau national sur des critères de prédisposition mendélienne. Ces patients sont par la suite reçus en consultation génétique. Si les analyses au syndrome de Lynch ou aux polyposes sont négatives, ces patients intègrent l'étude. L'analyse ciblée est de deux types : une analyse à débit rapide et une étude du déséquilibre d'expression. Il est probable qu'un certain nombre de présentations familiales soient des déséquilibres d'expression de gènes clefs. Parmi les résultats obtenus, l'étude a révélé qu'il existait un polymorphisme d'expression en population générale pour un des gènes de la voie du TGFβ. Ce résultat est important puisqu'il démontre une inégalité chez les sujets de l'expression allélique de leurs gènes. Le cinquième projet concerne les mutations de novo. Le taux de mutations de novo est sous-estimé. Les approches de séquençage haut débit ont révélé que ce taux de mutation était extrêmement élevé dans l'espèce humaine. Il est fort à parier que les mutations de novo qui surviennent à l'état pré-zygotique ou des mutations postzygotiques jouent un rôle clef dans la survenue des cancers de survenue précoce et de présentation sporadique. A cet égard, l'approche de mutation de novo qui permet d'éliminer toutes les variations est beaucoup plus propice. Le projet s'est inspiré d'un travail qui traitait de la pathologie du retard mental. Ce travail visait à démontrer que par une approche de séquençage haut débit et par une approche bio-informatique, il était possible de trouver des mutations. Dans 9 cas sur 10, ce travail avait mis en avant des mutations délétères. Le résultat qui vient d'être émis montre la preuve de concept et a nécessité un énorme travail sur le plan bio-informatique. Sophie COUTANT a développé dans son logiciel pour les approches exomiques un filtre qui permet d'effectuer une soustraction en vue d'identifier des mutations de novo. Pour la preuve de concept, une analyse d'exome a été réalisée chez une patiente de 21 ans qui présentait un adénocarcinome ovarien avec des métastases péritonéales avec une présentation sporadique. Les résultats d'exome donnent plus de 14 000 variations, ramenées à 146 mutations après filtrage. A l'issue d'un retraitement en fonction de la qualité des reads, seule 1 mutation est apparue. Cette mutation est de nature pré-zygotique et est absente des parents. L'approche par le biais des mutations de novo grâce au séquençage haut débit devrait permettre d'identifier de nouvelles mutations et de nouveaux gènes impliqués dans l'oncogenèse dans les années à venir. Deauville, les 10 et 11 mai 2012 27 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle ANNA KARENINA AND THE GENETICS OF COMPLEX DESEASE Mary-Claire KING Professor of Genome Sciences and Medicine, University of Washington, US I) The ‘Anna Karenina Model’ Mary-Claire KING asks the audience to imagine a small, isolated village where people have remained quite constant for a very long time. In this village, the percentage of all human variation that can be found is 90%. This is possible because the oldest variants among all people originated in Africa before the human migrations that began about 50,000 years ago and these very old alleles are found in all populations. About 90% of the variability of allele frequencies is of this type. However, rapid population growth in the last 10,000 years has yielded a large number of new alleles, each of which is much rarer than the ancient alleles and these are specific to one population or even one family. There is therefore a paradox. Most human variation is ancient and shared, but most alleles are recent and individually rare. The consequences of this view of human evolution for understanding the genetics of common complex diseases is what Mary Claire King calls the Anna Karenina model. In the novel, Tolstoy wrote that every unhappy family is unhappy in its own way. In genomics, this can be interpreted as each common disease being a large collection at the level of the genome of many individually rare diseases. This is caused by many different rare alleles and that each allele has a moderate-to-severe effect, although each person who suffers from a common cancer has one or possibly two mutations. Rather than a polygenic view, this is a view where there is a very high level of genetic heterogeneity at the level of both the locus and the allele. The application of this thinking to breast cancer follows in the footsteps of Paul Broca, in particular his Traité des Tumeurs, where through autopsy he studied breast cancer in four generations of one family. He noted that the cancer occurred at a much younger age and more frequently than in the population as a whole. He found that three patients had cancer in their liver, but believed that these cancers invaded from the ovary. Here, he was almost certainly describing one of the first breast ovarian families. An attempt has been made to try to trace these families today and it will be very interesting to know what mutations present-day family members have in BRCA1 or BRCA2. II) Epidemiological Data for BRCA1 and BRCA2 1) Findings from Recent Studies Studies based on incident cases and the tracing of the history of mutations carried out by Marie-Claire King’s team indicate that the risk of breast cancer for women with mutations in BRCA1 or BRCA2 is extremely high. The results show that the risk is now much greater than previous incident series have shown partly for statistical reasons, but also because of non-genetic factors, particularly regarding risk of disease or age at onset among people with severe mutations. The risk of breast cancer for women born more recently is also much higher, probably because the non-genetic risk factors that influence estrogen levels in women have changed dramatically in their prevalence, and this cohort effect over time has been seen in populations in Europe, Israel and the US. It is also Deauville, les 10 et 11 mai 2012 28 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle important to understand that risks going forward for women with BRCA1 or BRCA2 mutations everywhere will be higher than they have been in the past. The risks of ovarian cancer differ between BRCA1 and BRAC2 mutations and no secular trend or cohort effect was found for ovarian cancer. Studies have demonstrated that prophylactic salpingo-oopherectomy carried out after a woman completes childbearing has a very salutary effect on risk. Among women who carry mutations in BRCA1 or BRCA2, the risk of breast cancer or BRCA-related gynaecological cancer is much lower for women who have had salpingo oophorectomy compared with women who had good surveillance but not surgery. A parallel study on the effect of mastectomy has shown that for women with BRCA1 or BRCA2 mutations the effect of having a prophylactic mastectomy is salutary and greatly reduces the risk of developing breast cancer. One of the great advantages of sequencing BRCA1 and BRCA2 is to be able to tell 50% of women that they are at normal risk and do not have the extremely elevated risk associated with these mutations. 2) The Challenges in Identifying Women with Genetic Risks of Breast and Ovarian Cancer It empowers a woman to know if she has a mutation that greatly increases her genetic risk of breast and ovarian cancer. However, there are three challenges in identifying these women. Firstly, many women with inherited mutations have no family history of breast cancer or ovarian cancer so it never occurs to them to be genotyped. Secondly, the mutational spectra of BRCA1 and BRCA2 are extremely broad. Thirdly, BRCA1 and BRCA2 are not the only genes involved. In addition, it is important to recognise that all cultures have many small families and many have low incidence but are a high risk to mutation carriers. There is then the fact that there are many mutations. There are more than 1,000 known mutations in each gene, with more being discovered all the time, and all are individually rare and recent in evolutionary terms. The vast majority of mutations in BRCA1 and BRCA2 that are damaging to the protein are small frame shifts or non-sense mutations. There are also large deletions and duplications that are not detectable through standard Pathologic Complete Response (PCR) or sequencing. These are therefore technical challenges because of the nature of the mutation. Another issue is that other genes are involved. As well as BRCA1 and BRCA2, mutations in other genes in the Fanconi anaemia pathway also increase the risk of breast cancer, and sometimes ovarian cancer, and this is certainly actionable for women in the West. III) The Broca Genomic Tool 1) Use of the Tool To address these challenges, Mary-Claire King’s team has developed what has been named the Broca tool, which makes it possible to carry out the targeted hybridisation and sequencing of 21 genes for inherited breast and ovarian cancer where the goals are to simultaneously capture and sequence all the genes that are not predisposed to breast cancer or ovarian cancer. The tool detects all mutation classes in each gene, including BRCA1 and BRCA2, some of the moderate risk genes, genes for rare syndromes and the mismatch repair genes. In terms of pipeline, the aim is to obtain germline DNA. The same analysis can be carried out using DNA from fresh tumours and, with increasing success, DNA from paraffin sections. There is also a library for targeted exomic regions. At present, Deauville, les 10 et 11 mai 2012 29 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle 96 samples are multiplexed, with barcodes added after hybridisation. Analysis is carried out on three different kinds of variants that are known but not clinically associated, as well as novel variants. A challenge that has been encountered is confounding by pseudogenes and duplications where if a patient has the mutation 1100delC in her true check2 gene when she is sequenced then rather than seeing 50% wild-type reeds and 50% mutant reeds there will be wild-type reeds and mutant reeds from the true gene and wild-type reeds only from two pseudogenes, because the pseudo gene does not carry the mutation 1100delC. As a result, only one in six reeds from the patient will be mutant. This is not a problem for check2 1100delC because it is known, but for mutations that are not known it is important to be prepared for this problem and consequently coverage greater than 300fold is insisted upon. The Broca tool is very good at detecting large mutations by depth of coverage. To define the break points of copy number variations (CNVs,) SLOPE is used and multiplexing 96 samples per lane, using HiSeq as the sequencing platform is very effective. 2) Findings from Applications of the Broca tool In an application of Broca to 360 patients who came in sequentially for surgery for primary ovarian fallopian tube or peritoneal carcinoma and were not selected for family history or age at diagnosis, blood was obtained and, following surgery, a tumour specimen was taken. In this analysis, the loss of function mutations only was considered. It is very important to know at the very least that the mutation causes a problem with its gene. In the study, mutations were found in the 360 patients in 12 different genes, with the majority in BRCA1, followed by BRCA2, with mutations in 10 other genes also. 18% of patients had mutations in BRCA1 or BRCA2, with 5% of patients having mutations in other genes. This is considerably larger than is generally appreciated and if these 23% of patients had known that they had these mutations they could have had prophylactic removal of the ovaries and fallopian tubes and so prevented the subsequent cancer. It is also true that after the cancer begins the patient’s genotype influences treatment and with the Broca tool it is also possible to address genetic heterogeneity. More than 70 different mutations were found in the 360 patients. Other findings showed that one in three patients with mutations was diagnosed with ovarian cancer at age 60 or over and again one in three patients with mutations had no family history of breast cancer or ovarian cancer. Consequently, if only young or familial patients are tested, many women with inherited mutations will be missed. Additionally, it was seen that differential genetic diagnosis has consequences for treatment and it is therefore important that a genetic assessment is available for ovarian cancer patients generally, although cost is obviously an impediment to that. It has also been found that it is important to test patients with both breast cancer and uterine serous carcinoma for potential inherited mutations. IV) Making Sequencing Available as a Clinical Service The hospital at the University of Washington has begun offering sequencing for colon cancer genes as a clinical service. However, because of an unresolved patent issue, it is not possible to offer sequencing of BRCA1 and BRCA2 through the hospital, although it is of course offered as part of the research work. Nevertheless, sequencing can now be offered for all genes except BRCA1 and BRCA2 through the hospital and, importantly, through medical insurance. Deauville, les 10 et 11 mai 2012 30 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle Finally, if a patient is from a severely affected family and her sequences for all the genes evaluated are wild type, she will become part of the project on whole exome sequencing to identify new genes that may be responsible for the risk of breast cancer. As this is a research project rather than a clinical project, results are not provided to patients, although they are told what is known within the context of genetic counselling. V) Questions and Answers A PARTICIPANT asks if it was possible to look for the presence of postzygotic mutations in surrounding normal tissues. Mary-Claire KING replies that this was possible in the case of a particular patient and it was seen that the cells surrounding the tumour that were superficially histologically normal were also mosaic. This is an extremely interesting area and there will be increasing numbers of observations of this kind. It could explain a lot about later onset of multiple primary cancers. A PARTICIPANT asks whether the effects of a 24-hour society are producing new models of breast cancer genes. Mary-Claire KING replies that there is good epidemiological and experimental evidence that the influence of the circadian rhythm on melatonin production and the influence of melatonin on oestrogen activity is a real phenomenon. An interesting issue for the future will be to look at this in terms of the interaction with inherited risk. A PARTICIPANT asks whether a newly fertilised embryo is highly sensitive to BRCA1 and BRCA2. Mary-Claire KING replies that she believes that penetrance is in fact a question of genomic pathology and that the critical somatic mutations that occur in any tumour-suppressor gene leading to the cancer are the consequence of the degree of repetitive DNA in the neighbourhood of the gene. The point that genes are differentially susceptible to mutation is important at the level of the generation of de novo germline mutations and even more so at the level of the somatic event and therefore the beginning of the cancer. Thierry agrees that everyone is convinced by the issue of age and generation of risk. However, people working on the breast cancer and colorectal cancer are not aware of studies that have used people who have a highly penetrative mutation and wonders if it would not be interesting to use these patients to identify the real factors at play. Mary-Claire KING agrees that this is an excellent idea and would equate it to the use of canaries in a mine. It would be more easily carried out in Europe than in America as there is more cooperation among groups and public health systems are in place. However, when a woman with an inherited mutation develops breast cancer or ovarian cancer it is critically important that she is not made to believe that it is her fault. Exposure here would lead to a change in the age of onset. A PARTICIPANT points to the fact that studies in this area would be extremely long and costly. Mary-Claire KING wonders if some of the work could be done at the level of detection from the tissue. A PARTICIPANT asks about the role of exposure to tobacco and cannabis. Mary-Claire KING replies that she has no data on cannabis but that there is no significant effect from tobacco. In fact, there is a non-significant salutary effect of tobacco for breast cancer risk in general because it hastens the menopause. A PARTICIPANT asks if this is an epigenetic mechanism. Deauville, les 10 et 11 mai 2012 31 5èmes journées scientifiques du Cancéropôle Mary-Claire KING replies that epigenetic effects are frequently the second hit for all these genes and are very important as the somatic events. REMISE DES PRIX JEUNES CHERCHEURS Véronique PANCRE procède à la remise des prix. Pour les posters, les lauréats sont : • 3ème prix : Marie LANGE • 2ème prix : Florence RENAUD • 1er prix : Pauline MABY Pour les communications orales, les lauréats sont : • 3ème prix : Tanguy LEROY • 2ème prix : Laurent RAIBAUT • 1er prix : Jérôme KLUZA Conclusion Pierre FORMSTECHER En sa qualité de Président du CNO, Pierre FORMSTECHER est très heureux que les Journées se soient bien déroulées. Il salue le programme d'exception et la qualité des communications, notamment celles de jeunes qui sont de plus en plus nombreuses. Ces Journées sont devenues un rendez-vous pour l'ensemble de la communauté. Elles se tiennent tous les ans à Deauville, au mois de mai et l'organisation est bien rodée désormais. Cette année, le programme était volontairement pluridisciplinaire. L'alternance des sujets se révèle être très stimulante pour l'esprit et pour l'ouverture, sans laquelle il n'est pas possible d'effectuer un travail de grande portée. Pour conclure, Pierre FORMSTECHER remercie les organisateurs et l'ensemble des participants. Il leur donne rendez-vous pour l'édition des 15 et 16 mai 2013. Deauville, les 10 et 11 mai 2012 32