En réponse à une question sur la variété des supports : On ne problématise pas de la même
façon selon que l’on s’adresse à une revue généraliste ou spécialisée sur la santé, il est donc
essentiel de publier dans les deux.
Publier des comptes rendus d’ouvrages et des notes de lecture est valorisé mais pas au même
niveau que des articles. Il ne faut pas essayer de leurrer une commission et donc il faut bien
distinguer, dans la liste de publications, les articles proprement dits et les autres types
d’écrits ; et pour cela notamment hiérarchiser la bibliographie (articles dans revues à comité
de lecture, sans comité de lecture, etc.).
• Nicolas Henckes, note d’abord que les trois intervenant-e-s de la table ronde
appartiennent au Cermes3, rappelant ainsi que les stratégies de publication s’élaborent aussi
au niveau du laboratoire.
1) Remarque préliminaire. L’aspect anxiogène de l’expérience d’écriture et de publication
d’un article n’est pas réservé aux jeunes chercheurs. C’est une question qui parcourt toute la
trajectoire des chercheurs. Il y a une difficulté supplémentaire, conjoncturelle, liée aux
changements rapides en cours dans les politiques de publications des comités de rédaction,
dans les priorités des comités de lecture. Ces changements empêchent de se faire une idée
stable des priorités actuelles.
2) Une stratégie de publication ? Lui-même se sent mal placé pour parler de stratégies, car il
indique que toutes ses stratégies ont échoué. Il a été confronté à des réponses totalement
inattendues, dans un sens comme dans l’autre : par exemple il lui est arrivé qu’un article écrit
très rapidement (en une semaine) et envoyé à une bonne revue de sociologie soit accepté.
3) Il propose de prendre la question sous un autre angle. Si « comment publier ? » est une
question importante, « comment être lu ? » est une question encore plus délicate. A quel
public on veut parler et quel dialogue instaurer ?
Il conseille de se poser trois questions avant de se lancer dans l’écriture :
- La première est celle du contenu : que veut-on publier ?
Selon lui, même si cela reste une démarche anxiogène, il ne faut pas tout orienter en fonction
de choix de carrière, il faut aussi se faire plaisir. La première question est donc « qu’est-ce
que j’ai à dire ? ». Aucune publication ne tient sans cette motivation. Ce n’est pas uniquement
une question que l’on peut se poser seul, c’est aussi dans les discussions avec d’autres que
l’on se rend compte de ce qui peut être le plus intéressant. Il déconseille d’avoir des stratégies
d’occupation de l’espace éditorial (accumulation de recensions, de notes de lecture, etc.) car
elles ne sont pas forcément rentables.
- La seconde est celle du public : comment se faire lire ?
Le choix de la revue dépend du public avec lequel on veut engager un dialogue. Cela implique
d’avoir lu la revue visée et de se situer dans les débats actuels.
Dans le champ de la santé, des revues déjà très bonnes publient sur nos questions. C’est un
avantage car cela permet de publier moins difficilement. C’est un inconvénient car les revues
généralistes peuvent ne pas vouloir s’y intéresser. Si nos sujets sont assez techniques, avoir
cette niche où on peut justement s’épancher sur la technique est à double tranchant.
Le fait que des revues spécialisées publient sur les questions de santé constitue un atout, car
cela permet de publier un peu plus simplement, en touchant un public sélectionné. Mais à
l’inverse cela conduit peut-être les revues disciplinaires à publier plus rarement des articles
sur la santé, en se disant qu’ils seront pris par les revues spécialisées. Un autre inconvénient
des revues spécialisées est la publication fréquente de sujets très techniques, qui vont être
difficiles à reconfigurer pour des revues plus larges. Par exemple, Nicolas Henckes a fait une