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FORMATION CONTINUE
articulaire aigu ou glomérulonéphrite), qui peut être aussi
observée en présence d’impétigo15, la recherche de strepto-
coques dans les sécrétions pharyngées de tous les contacts
est indiquée, de même que le traitement des patients dont
le résultat du dépistage est positif2.
7. IL N’Y A PAS D’INDICATION DE RETIRER
DE LA GARDERIE UN ENFANT ATTEINT
D’UNE GASTRO-ENTÉRITE INFECTIEUSE. FAUX.
La plupart des gastro-entérites sont d’origine virale, 25 %
des diarrhées épidémiques étant même causées plus
spécifiquement par le rotavirus6. L’enfant atteint peut recom-
mencer à fréquenter la garderie si son état général le permet
(ex. : ne pas avoir eu plus de deux vomissements dans les
24 dernières heures) et si ses selles sont contenues dans sa
couche ou faites dans la toilette. La baignade doit également
être interdite tant que l’enfant présente des symptômes ou
jusqu’à deux semaines après la fin des diarrhées en cas d’in-
fection bactérienne à Shigella. Lorsqu’on soupçonne une
gastro-entérite bactérienne (fièvre, mucus ou sang dans
les selles), le retour de l’enfant, de même que le traitement
antibiotique, dépendra du résultat de la culture et du retour à
des selles normales (tableau III2). Aussi, si plus de deux cas
sont déclarés en moins de 48 heures dans le même milieu,
il faut aviser la Santé publique dans un délai de 48 heures.
Le vaccin contre le rotavirus a été ajouté au calendrier de
vaccination en 201116. Des données ont montré qu’il pré-
viendrait 90 % des diarrhées graves. Comme le risque
d’hospitalisation attribuable au rotavirus est de deux à trois
fois plus élevé chez les enfants en service de garde, l’impor-
tance de la vaccination n’est plus à démontrer2.
Enfin, en cas de diarrhée à Giardia, qui est fréquemment
épidémique en CPE, le retour de l’enfant peut être envisagé
dès le début du traitement, une fois les selles revenues à la
normale. Il est recommandé d’utiliser des couches jetables
et de resserrer les mesures d’hygiène de base lorsqu’un
enfant est atteint d’une gastro-entérite infectieuse.
8. LA COLITE À CLOSTRIDIUM DIFFICILE
CHEZ LES ENFANTS EST UN MYTHE. FAUX.
Les jeunes enfants porteurs de Clostridium difficile qui n’ont
pas de symptômes sont effectivement très nombreux : de
15 % à 63 % des nouveau-nés, de 3 % à 33 % des enfants de
moins de 2 ans, jusqu’à 8,3 % des petits de plus de 2 ans17. Les
jeunes enfants et les nourrissons présentent donc rarement
des symptômes, et la recherche dans les selles n’est indi-
quée qu’en cas de présomption clinique, soit habituellement
de diarrhée aqueuse chez des enfants de plus de 12 mois,
surtout en présence de facteurs de risque (hospitalisation,
prise récente de plusieurs classes d’antibiotiques, âge plus
avancé). En cas de présomption clinique et selon la gravité
des symptômes, le traitement varie de la suspension de tout
antibiotique à un traitement par le métronidazole ou la van-
comycine pour les cas plus graves en prévention de la colite
pseudomembraneuse, qui reste plutôt rare. Si un cas est
diagnostiqué, les services de garde constituent des milieux
à risque pour la transmission de Clostridium difficile. Des
mesures spécifiques s’appliquent alors : nettoyage à l’eau
de Javel des surfaces et des jouets, lavage des mains à l’eau
et au savon (les spores peuvent résister au gel alcoolisé),
retrait de l’enfant jusqu’à la fin des diarrhées et limitation
des antibiotiques chez les contacts.
CONCLUSION
Les tableaux I et II ainsi que l’encadré 2 vous donnent des
informations complémentaires sur d’autres maladies fré-
quentes chez les tout-petits. Vous voilà mieux outillés
pour affronter tous ces microbes de la petite enfance. Mais
surtout, vous êtes maintenant fin prêts à répondre aux nom-
breuses questions des parents et du personnel des services
de garde. Vous savez désormais que, pour la plupart des
infections, l’enfant peut retrouver ses amis quand son état
général le permet. Par contre, des mesures spécifiques,
comme le retrait de la garderie, la vaccination ou l’anti-
bioprophylaxie, seront parfois nécessaires. Bien entendu,
l’hygiène de base, soit le lavage des mains et la toux dans
le pli du coude, demeure de mise dans cette guerre aux
microbes ! À vos marques, prêts ? Prévenez ! //
Date de réception : le 15 juillet 2015
Date d’acceptation : le 5 août 2015
Les Dres Mélissa Savary et Geneviève Adam n’ont signalé aucun conflit
d’intérêts.
BIBLIOGRAPHIE
1. Lang M, Amit M, Cummings C et coll. Les répercussions de la fréquentation
des services de garde sur la santé des enfants. Partie B : Les blessures et les
infections. Paediatr Child Health 2009 ; 14 (1) : 44-8.
2. Lambert D, Bisson E, Boucher C et coll. Prévention et contrôle des infections
dans les services de garde à l’enfance – Guide d’intervention. Québec : mi-
nistère de la Santé et des Services sociaux du Québec ; 2008. 533 p.
3. Déry P, De Serres G, Frigon M et coll. Guide d’intervention : La coqueluche.
Québec : ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec ; 2009.
30 p.
ENCADRÉ 2 CONJONCTIVITE : MESURES
D’HYGIÈNE SPÉCIFIQUES
1. Nettoyer l’œil avec des lingettes jetables de l’angle
interne vers l’angle externe (prévention de la
dacryocystite) ; utiliser une compresse diérente
pour chaque œil
2. Éviter le partage de literie et de serviette
3. Désinfecter les jouets
4. Éviter la baignade en cas d’écoulement
Encadré des auteures.
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