ce qui suit : « Afin qu'ils soient un comme nous ». Il ne dit pas : afin qu'ils soient un avec nous,
ni afin que nous et eux nous soyons un, comme nous-mêmes nous sommes un ; mais il dit : «
Afin qu'ils soient un comme nous ». C'est-à-dire qu'ils soient un. dans leur nature, comme nous
sommes un dans la nôtre. Chose qui assurément ne serait pas vraie, s'il ne la disait pour montrer
que c'est comme Dieu, et non comme homme, qu'il est de même nature que le Père, comme il
le dit ailleurs : « Le Père et moi, nous sommes un (1) ». Car, en tant qu'homme, il dit : « Le
Père est plus grand que moi (2) ». Mais comme, en lui, le Dieu et l'homme ne forment qu'une
seule personne , nous le voyons homme quand il prie; et nous le voyons Dieu, quand il ne fait
qu'un avec celui qu'il prie. Mais, dans ce qui suit, nous trouverons un passage où nous traiterons
ce sujet avec plus de soin.
6. Maintenant, il continue : « Lorsque j'étais avec eux, je les gardais en votre nom ». Et
comme je viens à vous, gardez-les en votre nom, ce nom dans lequel je les gardais lorsque
j'étais avec eux. En tant qu'homme, le Fils gardait ses disciples au nom du Père, lorsque son
humanité était présente au milieu d'eux. Mais le Père, lui aussi, gardait au nom du Fils ceux
qu'il exauçait quand ils le priaient en son nom. C'est à
1. Jean, X, 30. — 2. Id, XIV, 28.
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eux-mêmes que le même Fils avait dit: « En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous demandez
quelque chose au Père en mon nom, il vous le donnera (1) ». Nous ne devons cependant pas
donner à cela un sens charnel, comme si le Père et le Fils nous gardaient, chacun à son tour, la
protection de l'un succédant à celle de l'autre, et le premier arrivant au moment où le second
s'éloigne. Nous sommes gardés en même temps et par le Père, et par le Fils, et par le Saint-
Esprit; car ils ne forment tous trois qu'un seul Dieu véritable et bienheureux. Mais l'Écriture ne
nous élève qu'autant qu'elle descend jusqu'à nous, de la même manière que le Verbe, en se
faisant chair, est descendu pour nous élever, mais n'est pas tombé à terre pour y rester. Si nous
connaissons Celui qui est descendu vers nous, élevons-nous avec lui puisqu'il veut nous élever.
Et comprenons-le bien, lorsqu'il parle ainsi, il distingue les personnes, mais il n'établit pas
plusieurs natures. Quand donc le Fils gardait corporellement ses disciples , le Père, pour les
garder, n'attendait pas que le Fils s'éloignât, afin de lui succéder; mais tous les deux les
gardaient de leur puissance spirituelle. Et quand le Fils leur enleva sa présence corporelle, il
continua avec le Père sa garde spirituelle. Lorsqu'en tant qu'homme le Fils reçut la mission de
les garder, il ne les enleva pas à la garde du Père ; et quand le Père les donna à garder au Fils, il
ne les donna pas séparément de Celui à qui il les donnait ;
1. Jean, XVI, 23.
il les donna au Fils en tant qu'homme, mais il n'agit pas séparément de son Fils en tant que
Dieu. 7. Le Fils continue donc et dit: «Ceux que vous m'avez donnés, je les ai gardés, et
aucun d'eux n'a péri, si ce n'est le fils de perdition, afin que l'Écriture fût accomplie ». Celui qui
est appelé fils de perdition, c'est celui qui a trahi Jésus-Christ; il était prédestiné à la perdition,
selon l'Écriture, car elle a prophétisé de lui surtout au psaume cent huitième.
8. « Mais maintenant », dit Notre-Seigneur, « je viens à vous, et je dis ces choses dans le
« monde, afin qu'ils aient en eux la plénitude de ma joie ». Voilà qu'il dit : je parle dans le
inonde , et pourtant, un peu auparavant il avait dit : « Déjà je ne suis plus dans le monde ».
Pourquoi l'a-t-il dit ? C'est ce que nous avons alors expliqué; et même nous avons montré qu'il
l'expliquait lui-même. Donc, comme il n'était pas encore parti, il était encore là, et comme il
devait bientôt partir,il n'y était en quelque sorte déjà plus. Mais quelle est cette joie dont il dit :
« Afin qu'ils aient en eux la plénitude de ma joie ? » C'est ce qu'il a exprimé plus haut en disant
: « Afin qu'ils soient un comme nous ». Cette joie qui est la sienne, c'est-à-dire qu'il a alise en
eux, il veut qu'elle y soit complète ; voilà pourquoi il dit qu'il a parlé dans le monde. Cette joie,