Science et philosophie - Alternative Philo Lettres

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Marion DUVAUCHEL
Docteur en Philosophie
Professeur certifiée en Lettres
Mais il est décidément impossible de croire plus longtemps qu’une thèse sur
Modératus de Gadès, un livre sur l’invention mathématique doivent valoir à leurs
auteurs la médaille de sauvetage et la reconnaissance des peuples (…) Les hommes
n’aiment point être dupés, ils n’ont pas tous une naïveté assez considérable pour
croire qu’un agrégé de philosophie est en vertu de sa fonction un terre-neuve ou
même une personne respectable.
Epicure n’était pas comblé, Spinoza n’était pas comblé, Rousseau n’était pas facile
à satisfaire. Mais Leibniz jugeait que le monde allait assez bien. M. Brunschvicg
n’est pas mécontent non plus.
Paul Nizan, Les chiens de garde.
Introduction : Entre Science et philosophie, un divorce tragique
Si le XVIIIe siècle a été désigné comme le siècle de la philosophie, le XXe siècle a mérité le nom de
siècle de la science : elle se présente indiscutablement comme le phénomène dominateur qui
« imprègne les esprits, commande les activités et inspire les idéaux qui préparent l’avenir »1. Non
seulement elle exerce le monopole sur toutes les activités humaines mais l’idée d’une science
universelle et d’un savoir total est à l’horizon de tout l’effort scientifique2. Parce que la science
positive exerce un impact puissant sur les esprits et sur les cultures, parce que le développement
technique et technologique a prouvé en dépit des critiques récentes de plus en plus vives une
incontestable efficacité, la science exerce aujourd’hui une suprématie. Parallèlement à cette conquête
de la science dans tous les domaines de la vie humaine, on a assisté à une dévaluation progressive de
la philosophie qui n’a réussi à se maintenir que dans un certain rapport à la science – dont le
rationalisme n’est au fond qu’un avatar – rapport indéniablement fondé sur la compétition et la
concurrence. La science a deux objectifs : expliquer et prédire, ce double statut prédictif et explicatif
en fonde la valeur. Consommée depuis quelques décennies, cette séparation, ce divorce même, sont
cependant récents à l’aune de l’histoire de la philosophie et de celle de la science. Trois symptômes
ont marqué ce déclin et le marquent encore : la mise en question du programme de la philosophie et
celle de son utilité, l’attitude des philosophes qui abandonnent leur tâche propre et se réfugient soit
dans les sciences de l’homme soit dans les modes de pensée qui démarquent la pensée scientifique3, et
1 Callot (Emile), La philosophie de la Nature, éd. Ophrys, environ 1960.
2 Bohr (Niels), Physique atomique et connaissance humaine, Folio, Essais, Gallimard, 1991. Il pose au chapitre
V le problème de l’unité de la connaissance.
3 Le phénomène est fort bien décrit par Pierre Thuillier, Socrate fonctionnaire, pp. 37 et suivantes. « La nouvelle
génération, fatiguée du pseudo socratisme, retrouve de l’appétit en lisant Saussure, Jakobson, Martinet, Lévi-
Strauss ou Lacan » p. 37.
SCIENCE ET LA PHILOSOPHIE : DES RAPPORTS DIFFICILES
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enfin le jugement que portent les savants sur elle avec l’autorité qui s’attache aujourd’hui à leur nom4.
C’est ainsi que dans les années 60, au cœur du débat marxiste la veille des événements de 68) les
ouvrages au style vindicatif sur la philosophie et les philosophes pullulent. Le plus représentatif est
sans doute celui de Paul Nizan5, véritable pamphlet qui dénonce la stérilité de la philosophie et son
impuissance à répondre aux besoins des hommes. donc a t-on vu que la philosophie promettait un
monde meilleur ? C’est la philosophie bourgeoise qui est âprement contestée. Tout aussi virulent mais
mieux présenté, celui de Pierre Thuillier6, rappelle qu’un solide concordat unit les professeurs de
philosophie au pouvoir temporel.
Le problème de la connaissance : l’épistémologie
Mais le grief le plus dur envers la philosophie et les philosophes est lié à la question de la vérité, qui
est l’horizon de la philosophie et qui pose le problème de la connaissance. Il a été formulé le plus
nettement par Jean Piaget, à la même époque la philosophie était âprement contestée. Il distingue
fort justement une connaissance tirée des objets eux mêmes et une connaissance tirée des actions que
le sujet exerce sur les objets. L’une est une connaissance expérimentale, l’autre relève de la
connaissance logicomathématique. Il rappelle que la vérité ne s’obtient pas que par déduction l’outil
de la philosophie - mais au moyen d’algorithmes précis, ou par expérience mais à l’aide de contrôles
précis7. Il y a une connaissance tirée des objets eux-mêmes et une connaissance tirée des actions que le
sujet exerce sur les objets. L’une est une connaissance expérimentale, l’autre relève de la connaissance
logico-mathématique8. Diderot ne disait pas autre chose.
Mais bien plus que la nature de la connaissance postulée, ce sont les méthodes et non pas la nature des
problèmes en jeu qui distinguent les sciences de la philosophie. « Rappelons que la frontière entre la
philosophie et les sciences est toujours mouvante parce qu’elle ne tient pas aux problèmes, dont aucun
ne peut être jamais dit définitivement scientifique ou métaphysique, mais seulement à leur délimitation
possible et au choix de méthodes permettant de traiter ces questions circonscrites en s’appuyant sur
l’expérimentation, sur la formalisation logico-mathématiques ou sur les deux ».9 C’est parce que
l’objet de la science est la connaissance que la philosophie est engagée dans un débat avec elle, dont
l’épistémologie est l’un des enjeux, surtout si on l’entend comme une critique de la connaissance
scientifique. La question peut se poser sous la forme suivante : « à quelles conditions a-t-on le droit de
parler de connaissance, et comment sauvegarder celle-ci contre les dangers intérieurs et extérieurs qui
la menacent »10, tant entendu que la philosophie et sa prétention à atteindre également une
4 Ce fut le cas notamment de Schrödinger, prix Nobel de physique qui a écrit Science et Humanisme, parue sous
le titre La physique de notre temps, en 1954 Chez Desclée de Brouwer. Il pose en particulier la question de la
valeur de la science. Il y évoque non la science de la Nature, mais les sciences de la nature : l’astrophysique, la
cosmologie, la sismologie. Sa réponse est simple : c’est l’union de toutes les sciences de la nature qui fonde la
valeur de chacune de ces sciences. (p. 24-25). Bien mieux, il effectue une sorte de genèse de l’idée d’atome.
Mais aujourd’hui on peut compter Huber Reeves dont la position est autant celle d’un sage que celle d’un savant.
Il faudrait ajouter un quatrième symptôme : l’insolite prétention des scientifiques, n particulier lorsqu’ils
vieillissent et sont donc gagés des rapports de compétition propre au milieu universitaire, à présenter un
discours de sagesse. Dans le meilleur des cas on lui concède d’être une sagesse, même pas des sagesses, et de
bien se garder de sortir de là.
5 Les chiens de garde, François Maspéro, 1960,
6 Socrate fonctionnaire, Robert Laffont, 1970,
7 Piaget (Jean), Epistémologie des sciences de l’homme, Paris, Gallimard, p. 13. En ce sens, il est un héritier de
Descartes pour qui seule la démonstration avait valeur de vérité, ou de Claude Bernard, l’inventeur de la
méthode expérimentale.
8 Idem, p. 87-88.
9 Idem, p. 43.
10 Piaget (Jean), Sagesse et illusions de la philosophie, Paris, P.U.F., 1965, p. 2.
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connaissance constitue l’un de ces dangers). « Aucune science ne peut être étalée sur un plan unique,
toutes comportent plusieurs niveaux hiérarchiques : son objet, ses interprétations conceptuelles, son
épistémologie interne ou analyse de ses fondements, son épistémologie dérivée ou analyse des
relations entre le sujet et l’objet en connexion avec les autres sciences »11. Science nouvelle,
l’épistémologie peut se définir en première approximation comme « l’étude de la constitution des
connaissances valables »12, c’est « une science de la science qui comprend l’histoire, l’analyse et la
logique des sciences envisagée tant dans leur spécialité que dans leurs relations réciproques au sein du
système complet du savoir scientifique »13 et qui « tend à s’intégrer au système même des
sciences »14, ce qui l’isole encore davantage de la philosophie. Parce qu’elle pose le problème des
théories de la connaissance, l’épistémologie est au cœur du rapport conflictuel entre science et
philosophie. Les questions des épistémologues sont multiples : la situation des sciences de l’homme
dans le système des sciences (le programme de vérité spécifique qui est le sien), la notion de
paradigme épistémologique, le passage d’un paradigme à l’autre, les sciences nomothétiques qui
découvrent des « lois » - relations qualitatives ou relations ordinales (faits généraux) et les sciences
nomothétiques, sciences historiques, science juridique et sciences philosophique, les fondements des
mathématiques, la place de la logique dans le système des sciences etc… Comment et pourquoi poser
encore la question des rapports entre la science et la philosophie ? C’est que s’ils sont rompus, ils n’en
sont pas moins réels et il n’est pas sans intérêt de tenter de retrouver les tendances en devenir avant le
divorce tragique de la science et de la réflexion philosophique et de s’interroger sur la différenciation
organisée ou organique des problèmes. Le développement des sciences, bien plus considérable que
celui de la philosophie a requis une organisation, ne serait-ce que la différenciation entre sciences
exactes et sciences humaines, entre sciences humaines ou sociales et sciences de la nature. La question
est de savoir si c’est le progrès de cette connaissance intégrale visée par la philosophie qui a entraîné
celui des connaissances particulières pouvant alors se tacher du tronc commun sous formes de
sciences spécialisées ou si ce sont les progrès de nature spécifique qui en obligeant une réflexion
renouvelée sur le savoir ainsi transformé ont provoqué le développement des systèmes. La science en
particulier refuse à la philosophie toute prétention à saisir des êtres (encore moins des essences) et à
formuler des intelligibles.
Quels sont les objets ou les domaines de la philosophie qui a elle aussi, son épistémologie interne et
dérivée ? La recherche de l’absolu ou métaphysique, les disciplines normatives non cognitives comme
la morale ou l’esthétique, la logique ou théorie des normes formelles de la connaissance, la
psychologie et la sociologie, l’épistémologie ou théorie générale de la connaissance. Tout cela
concerne la philosophie. Mais aussi la signification de la vie humaine (qui est le problème central de la
philosophie) et celui de la liberté, qui n’intéresse pas la science non à cause de sa nature (phénomène
ou « essence » etc…) « mais parce que l’on ne voit pas, ou pas encore, le moyen de le poser en termes
de vérification expérimentale ou algorithmique, et que du moins dans l’état actuel des choses, les
solutions qu’on nous propose dépendent de jugements de valeur, de croyances etc…, tous respectables
mais irréductibles les uns aux autres, ce qui constitue un état de fait acceptable en philosophie mais
non pas dans les sciences »15. C’est ainsi qu’on peut admettre avec Jean Piaget que la coordination des
valeurs constitue la fonction permanente de la philosophie. La science ne veut ou ne peut s’inquiéter
du vital, tandis que la philosophie ne saurait oublier cette dimension de l’existence humaine sans
s’amputer d’une partie d’elle-même16.
11 Idem, p. 104.
12 Piaget (Jean), « Logique et connaissance scientifique », L’épistémologie, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la
Pléiade, « Logique et connaissance scientifique », p. 6.
13 Callot (Emile), op. cit., p. 19.
14 Piaget (Jean), « Les méthodes de l’épistémologie », in Logique et connaissance scientifique, op. cit., p. 62.
15 Epistémologie des sciences humaines, op. cit., p. 137.
16 C’est sans doute ce qu’on peut reprocher au rationalisme, ce refus des aspects vitaux de certains objets de la
philosophie.
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Du point de vue scientifique un problème peut être sans signification cognitive mais n’en demeurer
pas moins un problème à signification humaine permanente (et par conséquent un problème
philosophique (comme celui de la liberté ou de la finalité de l’existence).
Science et philosophie dans l’histoire : les grandes épistémologies
Certes, la philosophie peut servir la cause de la science. Et ce, de deux manières : anticipatives et
réflexives. En anticipant sur certains résultats scientifiques et en les prévoyant intuitivement
(l’atomisme, Nicolas de Cues) ou en réfléchissant. Mais l’anticipation d’une connaissance n’est pas
une connaissance effective acquise et contrôlable. C’est sa démarche réflexive qui sert le mieux la
cause la science selon Piaget. La philosophie et les philosophes ont longtemps réfléchi en fonction des
sciences elles-mêmes (Platon à partir des mathématiques, Kant à partir de Newton), mais la
différenciation progressive du savoir fait que les nouveautés épistémologiques sont nées de la
réflexion des esprits scientifiques sur les conditions de la connaissance en leurs propres disciplines.
Les grandes épistémologies s’attachent à dégager la valeur de la connaissance scientifique. Les
théories de la connaissance peuvent se classer en trois : Celles qui partent d’une réflexion sur les
sciences et tendent à la prolonger en une théorie générale de la connaissance, celles qui s’appuient sur
une critique des sciences et cherchent à atteindre un mode de connaissance distinct de la connaissance
scientifique et celles qui demeurent à l’intérieur d’une réflexion sur les sciences.
De fait, la philosophie a longtemps été solidaire de la science au point que cette distinction n’existait
pas chez les premiers penseurs grecs. Mais si cette distinction n’existait pas, cela ne signifie pas pour
autant que le philosophe ne se double pas d’un savant. Les deux activités sont simplement menées par
le même homme. Jean Piaget souligne avec intelligence que lorsque Aristote découvrait que les
Cétacés sont des mammifères et non des poissons il se livrait à une activité scientifique, même si celle-
ci était orientée par des réflexions générales. En revanche, lorsqu’il construisait son système, sa
métaphysique du premier mobile, sa théorie de la puissance et de l’acte, son interprétation des formes
comme immanentes au réel et non plus situées dans le monde des Idées, il était philosophe. Or, c’est
l’orientation biologique d’Aristote et l’orientation mathématique de Platon qui rendraient compte
selon Piaget des différences essentielles de leur système. Et la question qu’il se pose n’est pas sans
importance sur le rapport entre science et philosophie : si ces créateurs ont été si grands, c’est parce
que précisément ils s’appuyaient sur des résultats (logicomathématiques pour Platon ou d’observation
méthodique pour Aristote) et non pas seulement sur des idées17. En clair, la différenciation
philosophique entre l’idéalisme platonicien et le réalisme aristotélicien s’enracine dans un rapport à la
science et celle-ci infléchirait la métaphysique. Pour la philosophie de la connaissance, tout revient par
ailleurs à ce dilemme : doit-on philosopher à priori, comme Parménide et beaucoup d’autres après lui
(Descartes, Spinoza, Leibniz, Wolff et Engels, Nietzsche) ou bien doit-on raisonner et philosopher à
partir de l’expérience scientifiquement explorée, comme le voulait Aristote ? (D’Aristote à Thomas
d’Aquin, de Thomas à Bergson). C’est en partant de la science que les problèmes métaphysiques se
posent. Et la science semble détester ce fait…
Il semble incontestable que les plus grands systèmes de l’histoire de la philosophie, c’est-à-dire ceux
qui ont influencé durablement, sont tous issus d’une réflexion sur les découvertes scientifiques de leur
auteurs ou sur une révolution scientifique propre à leur époque ou immédiatement antérieure. Platon
avec les mathématiques, Aristote avec la biologie, Descartes avec l’algèbre et la géométrie analytique,
Leibniz avec le calcul infinitésimal (et Pascal), l’empirisme de Locke et de Hume avec leurs
anticipations de la psychologie18, Kant avec la science newtonienne et ses généralisations, Hegel et le
17 Piaget (Jean), « Sciences et philosophie », chap. II, in Epistémologie des sciences de l’homme, op.cit., p. 66-
67.
18 Avec saint Augustin, on a déjà l’idée d’un moi sensible et une psychologie.
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marxisme avec l’histoire et la sociologie, jusqu’à Husserl avec la logique de Frege. Les systèmes sans
attache avec les sciences n’ont pas non plus abouti à une épistémologie originale et ont mis tout
l’accent sur la défense et l’interprétation des valeurs, en une théologie transcendante avec Plotin,
rigoureusement immanente avec Spinoza ou en un idéalisme radical comme chez les post-kantiens
allemands. C’est sur la base de cette analyse que Jean Piaget distingue six grandes épistémologies.
La première épistémologie bien sûr est l’épistémologie grecque, née d’une réflexion sur les
mathématiques avec Platon et Pythagore et sur la logique avec Aristote. C’est dans le rapport au sujet
que ces épistémologies se construisent : pour les Grecs, le sujet est un sujet contemplatif et non pas
actif. Connaître revient à appréhender les Formes toutes faites et non pas à les construire. Le réalisme
platonicien consiste à projeter les structures de la connaissance dans un monde suprasensible sans
qu’elles dépendent d’un sujet humain out transcendantal. Aristote, resté solidaire de la pensée grecque
étrangère à la notion d’un sujet épistémique actif, aurait pu fournir une théorie de la construction
progressive des formes logiques à partir des formes organiques. Mais il a manqué la connexion entre
la logique et les mathématiques et n’a pas inventé une logique des relations qui ne viendra que bien
plus tard.
Il a fallu attendre Descartes, Leibniz et surtout Kant pour voir se développer des épistémologies nées
de la collaboration des mathématiques avec l’expérience physique. Descartes (mais aussi Leibniz)
fonde l’épistémologie moderne en découvrant l’existence d’un sujet connaissant qui invente et ne
découvre plus. La découverte du sujet épistémique serait la grande innovation cartésienne, liée au
développement de l’algèbre qui a mis en évidence une discipline fondée sur les opérations du sujet.
Mais Descartes considère les catégories constitutives de la raison comme des idées innées.
Cette question des idées est centrale. Les empiristes anglais constituent ainsi une autre orientation
épistémique, qui met en doute l’innéité. Comment les idées se forment-elles ? Ou bien le sujet n’est
que le reflet ou le siège de structures existant indépendamment de lui et il n’y a pas de sujet
épistémique, ou bien il existe et joue un rôle actif dans la connaissance, mais sous quelle forme ? Celle
d’une structuration imposée à priori à toute expérience (et en ce cas il faut établir des catégories qui
moulent l’expérience et la constitues, comme l’espace et le temps pour Kant) ou une structuration
sous la forme d’une construction progressive conservant les caractères de nécessité interne propres à
l’a priori mais sous une forme dynamique. Les empiristes classiques (Hume et Locke), s’il en
appellent aux faits, se contentent de s’en servir pour illustrer les idées. L’expérience comporte toujours
une structuration dont la philosophie empiriste n’a pas vu l’ampleur et n’a pas saisi toute la portée.
Enfin Kant paraît. Le premier, il se pose la question du fondement de la science, à quelles conditions
une science est-elle possible ? Avec lui apparaît la quatrième variété d’interprétation épistémique,
celle qui situe dans le sujet même la source des diverses structures qui rendent l’objectivité possible.
L’intelligence structure le réel au moyen de formes à priori de la sensibilité et de l’intelligence. La
notion d’ « à priori » comporte l’idée de nécessité, d’universalité et d’antériorité logique et
chronologique et sans doute est-il allé trop loin avec son apriorisme. La critique kantienne refuse en
effet à la raison théorique le droit de franchir les bornes de la structuration du réel. Fin de la
métaphysique.
Avec la dialectique de Hegel apparaît la cinquième variété épistémologique née sous l’influence de
l’esprit historique et sociologique. Il poserait pour Piaget le problème d’une science qui en double un
autre sans l’accord des esprits. Mais avec Hegel on peut être tenté de reconnaître l’existence de la
seule grande épistémologie qui n’ait pas été inspirée par la réflexion sur les sciences. Il y a donc un
lien étroit entre les grandes formes classiques de l’épistémologie et le progrès des sciences elles-
mêmes.
L’épistémologie de Husserl n’a pas eu plus de suites que celle de Bergson, mais tous deux ont fondés
des systèmes fondés sur l’intuition de l’être. Russell et Whitehead, ont généré une épistémologie
mathématique.
Le sujet connaissant ou épistémique constitue le domaine de choix de la réflexion philosophique, il est
au cœur de la discipline qu’on appelle la psychologie. Que reproche t-on à la philosophie ? De s’être
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