autonome, liée à Rome par un traité (foedus) : sa création
procède du synœcisme des cités voisines d'Épire et d'Étolie-
Acarnanie, dont les populations sont déplacées pour venir
peupler, probablement avec des colons et des vétérans de
l'armée romaine, la nouvelle ville. L'originalité de
l'opération, outre le fait que l'autorité romaine en soit
l'instigatrice, tient en la très vaste zone concernée, et au
nombre important de cités participantes (fig. 3) : les sources
mentionnent ainsi Cassopée, Ambracie, Anactorion, Alyxia,
Argos Amphilochique, Thyrion, Oinéa, Palairos, Leucade
et Calydon d'Étolie. Le territoire (chôra) de Nicopolis
s'étend ainsi des rives de l'Achéloos à l'est, à l'île de
Leucade comprise, au sud-ouest, du Thyamis au nord, au
golfe de Patras au sud, et comprend l'essentiel des régions
antiques de Thesprotie, Amphilochie, Dryopis et Acarnanie.
Nicopolis ne possède pas seulement un vaste
territoire, mais aussi un prestige religieux sans égal dans la
région, qui en fait une véritable capitale sacrée de la Grèce
continentale : Octavien réorganise les Actia, les jeux locaux
célébrés antérieurement par les Acarnaniens au sanctuaire
d'Apollon Actios, et les transfère dans sa nouvelle ville[8].
Ces concours stéphanites pentétériques, les Nea Actia, ont
lieu dans les édifices de spectacle construits à cet effet dans
le proasteion, le faubourg qui sépare la ville du nouveau
sanctuaire d'Apollon. Considérés comme isolympiques, ils
figurent parmi les manifestations de ce type les plus
prestigieuses du monde romain, et sont encore célébrés au
milieu du IIIe siècle, comme en témoigne une inscription du