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L'Orient méditerranéen dans l'Empire romain : ouverture
des nouvelles salles au Louvre
En parallèle de l'ouverture en grandes pompes des nouveaux espaces du département des arts
de l'Islam (voir notre article), le musée du Louvre présente les salles réunissant les collections
des provinces orientales de l'Empire romain. Selon un projet qui remonte aux années 1980, ces
objets qui étaient répartis dans les trois départements d'antiquités du Louvre se retrouvent pour
la première fois au sein d'un ensemble cohérent, et permanent. Présentation d'une collection
témoignant d'une époque et d'une aire géographique où différentes traditions artistiques se
mélangèrent, s'assimilèrent, pour parfois créer une culture à part entière.
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C'est autour des nouveaux aménagements consacrés aux arts de l'Islam que se déploient les
collections de l'Orient méditerranéen. D'importantes campagnes de restauration ont été menées
de 1997 à 2010 en vue de ce projet. Les oeuvres se parent d'un aspect étonnamment frais et
vivant, à l'image des portraits peints égyptiens, où apparaissent des visages millénaires qui
semblent nés d'hier. Une première section, sur plusieurs niveaux, est dédiée à la domination
romaine qui s'étend sur l'Orient du Ier siècle avant JC au IV siècle après JC : y sont évoqués
différentes formes de pratiques funéraires, cultuelles ou encore vestimentaires, et ce en Egypte,
au Proche-Orient, en Nubie, etc. La deuxième séquence se penche quant à elle sur les vestiges
de l'Egypte copte.
Sont donc rassemblés des objets qui étaient auparavant dispatchés dans différents
départements selon des paramètres essentiellement stylistiques : les plus hellénisants étaient
envoyés au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, quand ceux qui
étaient plus imprégnés d'une tradition locale rejoignaient le département des Antiquités
égyptiennes ou celui des Antiquités orientales. Car dans ses conquêtes et son désir
d'unification, l'Empire romain bénéficie d'un premier "travail de normalisation" induit par le
passage d'Alexandre le Grand et de la culture hellénique, à laquelle le monde romain s'identifie,
si bien que l'on parle de "culture gréco-romaine". Les populations de l'Orient méditerranéen ont
déjà adopté le modèle de la cité grecque, et introduisent des caractéristiques iconographiques
et stylistiques propres à l'univers gréco-romain dans les représentations qu'ils font de leurs
dieux, qu'ils soient araméens, égyptiens, syriens ou arabes. On parle d'un phénomène
d'acculturation, qui fonctionne d'ailleurs dans les deux sens : si par exemple certaines
évocations imagées de dieux du Proche-Orient se parent de motifs propres aux modèles
romains, comme la figure de l'empereur, ce même empereur est parfois représenté coiffé du
némès, une coiffure typiquement égyptienne. Les Romains font d'ailleurs preuve d'une
tolérance religieuse particulière, en faisant de certaines figures étrangères des divinités à part
entière de l'Empire, comme Isis ou Anubis. Ce sont donc des populations véritablement mixtes
qui habitent certaines régions de la Méditerranée orientale, des populations qui mêlent
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souvent dans une même création influence gréco-romaine et persistance, parfois tenace, de
traditions locales. Ces associations, alliées aux anciennes correspondances que les Grecs, les
Egyptiens et les Romains font entre leurs dieux, donnent naissance à de nouvelles formes de
pratiques religieuses et à des aspects inédits dans les attributions des divinités.
Une représentation en bronze doré de Jupiter Héliopolitain témoigne de ces phénomènes. Cet
objet, connu sous le nom de "bronze Sursock", provient du Liban et associe deux iconographies
: celle des Baal syriens, dieux de l'orage, et celle de Jupiter, dieu romain du ciel et de la foudre,
entre autres patronnages. Il s'agit donc d'un Jupiter selon le type oriental, qui cumule l'image du
dieu de l'orage traditionnel (attitude générale), la référence au roi des dieux romain, des motifs
iconographiques gréco-romains et égyptisants (kalathos par exemple) ainsi qu'un goût nouveau
pour l'astrologie (disque solaire, motifs stellaires). L'oeuvre évoque donc à la fois ce processus
d'assimilation entre différentes traditions, mais aussi les innovations qui en résultent, à l'image
notamment de cet aspect cosmologique développé par le Jupiter d'Héliopolis.
Le musée du Louvre propose donc un parcours dont le discours nouveau interpelle et intéresse,
tandis qu'il jongle ainsi entre des traditions antiques et familières vues sous un jour nouveau : il
attire véritablement le regard du visiteur sur l'entremêlement qu'elles ont connu dans un espace
spatio-temporel particulier, chose qui n'apparaissait pas forcément lorsque les objets étaient
distribués dans des parcours moins spécifiques. La scénographie ne se montre en revanche
pas très audacieuse, si on la compare aux nouveaux espaces des arts de l'Islam, elle
semble même un peu monotone quand les éclairages se doivent sans doute de ménager des
matières fragiles. Mais elle permet d'insérer cette collection de façon presque inaperçue dans le
parcours général des antiquités du Louvre, où elle a trouvé sa juste place.
Visuels : (c) Sarah Barry
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- Image à la une : Portrait de femme dite "L'Européenne", Egypte, 1ère moitié du IIème siècle
ap JC
- Grand-format d'entête : Salle des pratiques funéraires, des statues et du mobilier du culte
dans les provinces orientales de l'Empire romain
- Photographie 1 : Portraits funéraires, Egypte, IIème et IIIème siècles ap JC
- Photographie 2 : Stèle funéraire, Egypte, 3ème quart du Ier siècle ap JC
- Photographie 3 : Jupiter Héliopolitain, Liban, époque romaine
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