N°40 • Avril 2013
FORÊT ET ATTÉNUATION DU CHANGEMENT CLIMATIQUE AU SEIN DES
POLITIQUES EUROPÉENNES : PRIORITÉ AU BOIS-ÉNERGIE
Frédéric Baron1, Valentin Bellassen2 et Mariana Deheza3
En l’absence d’une politique forestière commune au niveau de l'UE (à l’instar de la politique agricole
commune pour l'agriculture), cette Étude Climat recense les politiques communautaires qui ont un impact
sur l'atténuation du changement climatique au travers de la filière forêt-bois. Dans le but d'analyser la
cohérence de ces politiques, nous avons établi, dans un premier temps, une typologie et une hiérarchie
en établissant le statut juridique et les moyens financiers et institutionnels associés à chaque politique, et
dans un deuxième temps nous avons examiné les objectifs de chaque politique par rapport à l’atténuation
du changement climatique. Nous avons enfin analysé les synergies et les conflits potentiels entre elles.
Les conséquences de chaque politique sur l'atténuation du changement climatique sont évaluées au
prisme des trois principaux leviers d'atténuation de la filière forêt-bois : la séquestration carbone dans les
forêts, la substitution de l'énergie (bois-énergie), et ce que nous appelons « l'effet d'utilisation de produits
bois » (qui inclut la séquestration carbone dans les produits bois et la substitution matériaux).
Les politiques européennes relatives aux forêts analysées dans ce rapport sont jugées globalement
cohérentes, dans le sens où elles ont toutes des objectifs communs. La stratégie européenne
d'atténuation par la filière forêt-bois est essentiellement axée vers la substitution énergétique, au travers :
• du paquet énergie climat qui n’inclut pas directement la filière forêt-bois, mais exerce une
influence notable sur l’effet de substitution de l'énergie avec du bois ;
• et du Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER) qui constitue le principal
fonds européen concernant la filière forêt-bois. Au sein des actions éligibles touchant au climat et
à la filière forêt-bois, les États membres ont privilégié celles qui favorisent la substitution énergie
et, dans une moindre mesure, la séquestration du carbone dans les forêts.
Les politiques non réglementaires telles que la stratégie forestière européenne et les plans d'action
forestiers ont des objectifs diversifiés qui abordent les trois leviers d’atténuation. Mais leur caractère
juridiquement non contraignant conduit à relativiser leur importance.
Au final, si l’attention donnée aux différentes options d'atténuation est déséquilibrée, les objectifs
politiques n’en sont pas néanmoins coordonnés et souvent complémentaires en termes d'atténuation au
changement climatique.
1 Frédéric Baron était chargé de recherche au sein du pôle « Mécanismes de projet, agriculture, forêt » lors de la rédaction de
cette étude.
2 Valentin Bellassen est le chef du pôle recherche « Mécanismes de projet, agriculture, forêt » de CDC Climat Recherche. -
3 Mariana Deheza est chargée de recherche au sein du pôle « Mécanismes de projet, agriculture, forêt ».–
mariana.deheza@cdcclimat.com | +33 1 58 50 99 85