Fodil. M 2008/2009
3
sécrétoires, ce qui traduit leur intense activité métabolique. L'adhérence se fait par un phénomène de contact
inter-cellulaire qui est spécifique, dépendant des lymphocytes (sous-population, état d'activation, stade de
différenciation, stimulation antigénique) et de la localisation des HEV (ganglion périphérique, GALT, BALT,
etc...).
Les HEV sont retrouvées dans toutes les espèces de mammifères et sont
caractérisées par un endothélium rebondi parsemé de lymphocytes adhérents et infiltrés. Elles
existent dans tous les organes lymphoïdes secondaires à l'exception de la rate, où le passage
des lymphocytes se fait au niveau des sinus marginaux médullaires. On les retrouvent dans les
zones para-folliculaires T-dépendantes. Elles gouvernent cependant indifféremment la
migration de tous les lymphocytes, qu'ils soient T ou B.
Elles sont absentes des organes lymphoïdes primaires et des organes non lymphoïdes normaux. Il
existe des structures apparentées cependant dans des tissus non lymphoïdes atteints d'inflammation chronique
(ex : synovium de polyarthrite rhumatoïde).
L'interaction entre les lymphocytes circulants et les cellules endothéliales des veinules post-
capillaires est un phénomène stochastique favorisé par le diamètre des veinules (7 à 30 µ) qui optimise les
probabilités de collision. Après environ 12 secondes de contact entre les deux partenaires la liaison est
irréversible. Dans les PP environ 25 % des lymphocytes du flux sanguin adhèrent aux HEV, soit 1,4.104
lymphocytes/ganglion/seconde. Leur nombre est multiplié par 10 après stimulation antigénique qui augmente le
flux sanguin par des mécanismes adaptatifs immédiats (vasodilatation, ouverture de shunt artério-veineux) et
tardifs (néoangiogénèse avec formation de nouvelles veinules post-capillaires).
La liaison du lymphocyte à la cellule endothéliale fait intervenir un récepteur membranaire
lymphocytaire reconnaissant un ligand spécifique exprimé à la surface de la cellule endothéliale. Le passage des
lymphocytes entre les cellules endothéliales ou diapédèse se fait en 5 à 10 minutes, vraisemblablement guidé par
un gradient chimiotactique d'origine inconnue. Les deux partenaires subissent des modifications
morphologiques : la cellule endothéliale réoriente son appareil de Golgi vers la zone de jonction avec le
lymphocyte (activité sécrétoire) et le lymphocyte se déplace noyau en avant suivi d'un uropode, contournant les
jonctions maculaires inter-endothéliales.
1-3. Mise en évidence du phénomène d'écotaxie
Dès 1964 grâce à d'élégantes expériences de recirculation de lymphoblastes radiomarqués
GOWANS et KNIGHT ont montré que la migration des lymphocytes obéit à une spécificité de localisation dictée
par leur origine. Chez le rat les lymphoblastes prélevés au niveau du canal thoracique, radiomarqués et
réinjectés par voie intra-veineuse se localisent préférentiellement dans les ganglions mésentériques et l'intestin.
En 1976, STAMPER et WOODRUFF ont mis au point un test de liaison in vitro des lymphocytes sur coupe de tissu
lymphoïde congelé qui a rapidement permis de confirmer la spécificité de la liaison lymphocyte/cellule
endothéliale des veinules post-capillaires. Ainsi les lymphoblastes des ganglions mésentériques (du GALT) se
lient préférentiellement aux HEV des PP (environ 40 fois mieux qu'à celles des ganglions périphériques).
L'existence de ce phénomène d'écotaxie conforte l'hypothèse d'un système immunitaire muqueux
bien individualisé comprenant l'intestin, le poumon, les glandes mammaires et les muqueuses vaginales et
utérines qu'étayaient déjà les similarités anatomiques entre les PP et les tissus lymphoïdes de ces autres
organes, la production commune d'anticorps de classe IgA, l'apparition, après immunisation orale, de
plasmocytes à IgA dans l'intestin mais aussi dans les autres territoires. Il existe cependant au sein du MALT des
spécificités régionales: les lymphocytes intestinaux migrant préférentiellement dans les PP comparativement aux
ganglions médiastinaux, l'inverse étant observé pour les lymphocytes d'origine pulmonaire.
Les lymphocytes matures vierges recirculent dans tout l'organisme pour
augmenter la probabilité de rencontre d'un clone faiblement représenté avec son antigène
spécifique. Les cellules mémoires recirculent dans tous les tissus similaires à celui où a eu
lieu la première rencontre avec l'antigène, où elles ont donc le plus de chance de l'y rencontrer
à nouveau. Enfin, les cellules effectrices sont directement adressées dans l'organe cible où se
trouve l'antigène pour y accomplir leur fonction et y mourir.
La grande majorité des lymphocytes T circulants sont des lymphocytes "naïfs"," vierges", n'ayant
jamais rencontré leur antigène, de phénotype L-sélectine+, CD45RA+, alors que les lymphocytes T mémoire
sont L-selectine-,CD45RO+. De même, la plupart des lymphocytes B circulants sont des lymphocytes naïfs,