VOX
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ROMANA
ROMANA
Le journal des latinistes du LFS
Lycée Français de Singapour Numerus XI — MMXIV
Cités disparues
EDITORIAL
Dans l'imaginaire humain, les cités disparues occupent une place à part entre
rêves et cauchemars. La plupart des civilisaons possède un récit de cité perdue
dans des circonstances souvent dramaques et violentes. Les lanistes de
VOX ROMANA ont joué les archéologues pour nous rappeler ces lieux aux noms
mythiques que sont l'Atlande, Cnossos, Carthage, Leps Magna ou Pompéi. Un
voyage dans le passé qui redonne vie et couleurs à quelques-unes des pages les plus
marquantes de notre héritage anque. J.-F.C. L.L.
Apocalypse : terme emprunté comme nom propre au lan ecclésiasque de l'évangile
de St. Jean, venant lui-même du grec Ἀποκάλυπτος apokaluptos « révélaon » (απο
apo négaf ; καλύπτειν kaluptein « cacher, dissimuler »). C'est, au sens biblique, le
jour de la n du monde Jésus reviendra sur Terre. Seule la « n du monde » a été
gardée dans le sens courant.
Cataclysme : emprunté au lan cataclysmos « déluge », « destrucon », au sens
guré, venant lui-même du grec κατακλυσμός kataclysmos « inondaon » (κατα kata
donne un sens péjoraf ; kλυζειν klyzein baigner). C'est un grand bouleversement,
que ce soit d'ordre humain ou naturel.
Catastrophe : vient du lan catastropha, emprunté au grec καταστροφή katastrop
« n, dénouement » (στροφή strophê « tournant »), désastre.
Clastomanie : du grec κλαστος klastos « brisé », pulsion poussant un individu à casser
ce qui l'entoure.
Eschatologie : formaon savante de 1864, créée à parr du grec ἔσχατος eskhatos
« qui se trouve à l'extrémité » et λόγος logos « l'étude, la parole ». Cela signe en
général l'étude des mythes de la n du monde.
Hécatombe : du grec ἑκατόμϐη hekatombê « sacrice de cent boeufs » (ἑκατόν
hekaton « cent » ; βος boũs « le
boeuf »). Cela signiait au départ
« massacre d'animaux » puis, par
analogie, « massacre d 'hommes ».
Pandemonium : de l'anglais pandae-
monium « capitale des Enfers » dans
le Paradis Perdu de John Milton,
formé sur le grec, préxe πᾶν pan-
« tout, tous », δαίμων daîmon
« démon » et le suxe lan -ium
lequel est uli pour des noms de
l i e u ( L a t i u m , S a m n i u m ) . P a r
dérivaon, le sens en est devenu de
« lieu en proie au chaos / qui a des
caractères infernaux ».
Couverture : The forgoen Atlans, créaon digitale par redudewraith , cf hp://www.designyourway.net/
Image satellite de l'archipel de Santorin, avec l'île de Santorin à droite. On peut voir le cratère de l’explosion de
l'érupon minoenne survenue vers 1600 av. J.-C. qui détruisit parellement l'ancienne île dont elle est un
fragment, on associe donc parfois cee ancienne île disparue avec l’Atlande, domaine public NASA.
Le quatrième Ange sonne de la trompee (Apocalypse VIII) , détail d’un
manuscrit enluminé, Xème siècle, domaine public.
Etymologie
par les lanistes de 1ère
Le mythe de l’Atlantide par les lanistes de Tle
L'Atlande (du grec ancien Ἀτλαντίς, sous-entendu νῆσος / nêsos, « île », c'est-à-
dire « île d'Atlas ») serait une île légendaire engloue vers 9000 ans avant J-C selon
Platon dans ses dialogues philosophiques le Timée et le Crias. Elle aurait été habitée
par une civilisaon très avancée dans les domaines polique et scienque. Oerte par
le dieu Poséidon à Atlas, elle abriterait une société d'êtres d'une intelligence supé-
rieure. Les ressources en maères premières notamment assurent aux Atlantes une
grande prospérité grâce à un métal légendaire, l'orichalque (ὀρείχαλκος liéralement «
cuivre des montagnes », de ὄρος « montagne » et χαλκός « cuivre » ). Cependant, selon
le mythe, le peuple atlante se serait corrompu au l des siècles à cause de sa soif de
dominaon. Une guerre longue et terrible oppose les Atlantes à la cité d'Athènes mais
un raz-de-marée, causé par un séisme, provoque l'engloussement de cee civilisaon
et de l'armée grecque pare au combat.
De nombreuses interprétaons ont vu le jour à propos du mythe de l'Atlande.
La plupart des érudits s'accordent à dire qu'il s'agit bien d'une fable (μῦθος, muthos)
inventé par Platon an de mere en garde ses concitoyens athéniens contre la
corrupon des mœurs et de leur présenter, à travers un modèle, ses idéaux poliques
et sociaux. Toutefois, certains croient en la véracité de l’histoire. Au cours des siècles,
certains voient la civilisaon atlante dans l'ancienne civilisaon minoenne en Crète ;
d'autres disent que l'Atlande représenterait Calypso dans l'Odyssée puisque l'île de la
nymphe est située près des colonnes d'Hercule, dans le détroit de Gibraltar ; d’autres
encore y voient l’île de Santorin, ravagée par un raz-de-marée, mais aucune preuve
formelle n'est jamais venue soutenir ces thèses.
On rencontre, dès l'Anquité, le mot « Atlanque » pour désigner le grand océan
qui se trouve à l'ouest de l'Europe. Selon l'historien grec Hérodote (Ἡρόδοτος), ce nom
lui viendrait du peuple des Atlantes, qui habitait le Maroc. La dénominaon disparaît au
Moyen Âge. On lui préfère alors celle de « mer Occidentale » ou quelquefois de « mer
du Nord ». Mais le géographe et mathémacien Mercator (1512-1594) fait revivre le
mot « Atlanque » en le plaçant sur sa célèbre mappemonde, en 1569, et ce terme se
substue, peu à peu, à celui de « mer Océane » des vieux cartographes français.
En eet, les monuments écrits disent que votre cité
[Athènes] détruisit jadis une immense puissance
qui marchait insolemment sur l’Europe et l’Asie
tout enères, venant d’un autre monde sitdans
l’océan Atlanque. On pouvait alors traverser cet
Océan ; car il s’y trouvait une île devant ce détroit
que vous appelez, dites-vous, les colonnes d’Héra-
clès. Cee île était plus grande que la Libye et l’Asie
réunies. (…) Or dans cee île Atlande, des rois
avaient formé une grande et admirable puissance
(…). Or, un jour, cee puissance, réunissant toutes
ses forces, entreprit d’asservir d’un seul coup votre
pays, le nôtre et tous les peuples en deçà du
détroit. Ce fut alors, Solon, que la puissance
de votre cité t éclater aux yeux du monde sa
valeur et sa force. Comme elle l’emportait sur
toutes les autres par le courage et tous les arts de
la guerre, ce fut elle qui prit le commandement des
Hellènes (…). Mais dans le temps qui suivit, il y eut
des tremblements de terre et des inondaons
extraordinaires, et, dans l’espace d’un seul jour et
d’une seule nuit néfastes, tout ce que vous aviez de
combaants fut englou d’un seul coup dans la
terre, et l’île Atlande, s’étant abîmée dans la mer,
disparut de même. Voilà pourquoi, aujourd’hui
encore, cette mer-là est impraticable et
inexplorable, la navigaon étant gênée par les bas
fonds vaseux que l’île a formés en s’aaissant.
Platon, Timée, 21e-22a.
Λέγει γὰρ τὰ γεγραμμένα ὅσην πόλις ὑμῶν
ἔπαυσέν ποτε δύναμιν ὕβρει πορευομένην μα
ἐπὶ πᾶσαν Εὐρώπην καὶ ᾿Ασίαν, ἔξωθεν
ὁρμηθεῖσαν ἐκ τοῦ ᾿Ατλαντικοῦ πελάγους.
Τότε γὰρ πορεύσιμον ἦν τὸ ἐκεῖ πέλαγος·
νῆσον γὰρ πρὸ τοῦ στόματος εἶχεν καλεῖτε,
ὥς φατε, ὑμεῖς ῾Ηρακλέους στήλας, ἡ δὲ νῆσος
μα Λιβύης ἦν καὶ ᾿Ασίας μείζων (...) ἐν δὲ δὴ τῇ
᾿Ατλαντίδι νήσῳ ταύτῃ μεγάλη συνέστη καὶ
θαυμαστὴ δύναμις βασιλέων, κρατοῦσα μὲν
ἁπάσης τῆς νήσου (...) . Αὕτη δὴ πᾶσα
συναθροισθεῖσα εἰς ἓν δύναμις τόν τε παρ'
ὑμῖν καὶ τὸν παρ' ἡμῖν καὶ τὸν ἐντὸς τοῦ
στόματος πάντα τόπον μι ποτὲ ἐπεχείρησεν
ὁρμῇ δουλοῦσθαι τότε οὖν ὑμῶν, ὦ Σόλων,
τῆς πόλεως ἡ δύναμις εἰς ἅπαντας ἀνθρώπους
διαφανὴς ἀρετῇ τε καὶ ῥώμῃ ἐγένετο· πάντων
γὰρ προστᾶσα εὐψυχίᾳ καὶ τέχναις ὅσαι κατὰ
πόλεμον, τὰ μὲν τῶν ῾Ελλήνων ἡγουμένη (...)
ὑστέρῳ δὲ χρόνῳ σεισμῶν ἐξαισίων καὶ
κατακλυσμῶν γενομένων, μιᾶς μέρας καὶ
νυκτὸς χαλεπῆς ἐπελθούσης, τό τε παρ' ὑμῖν
μάχιμον πᾶν ἁθρόον ἔδυ κατὰ γῆς, τε
᾿Ατλαντὶς νῆσος ὡσαύτως κατὰ τῆς θαλάττης
δῦσα ἠφανίσθη· διὸ καὶ νῦν ἄπορον καὶ
ἀδιερεύνητον γέγονεν τοὐκεῖ πέλαγος, πηλοῦ
κάρτα βραχέος ἐμποδὼν ὄντος, ὃν νῆσος
ἱζομένη παρέσχετο.
Knossos la crétoise
par les lanistes de 5ème
La civilisaon crétoise ou minoenne se
développe sur l'île de Crète et celle de Santorin
entre 2700 et 1200 av. J-C. Découverte par
l'archéologue anglais Arthur John Evans (1851-
1941), elle re son nom du roi Minos.
L'architecture minoenne est caractérisée par ses
nombreux palais tels que ceux de Knossos et
Phaistos. Evans a mis au jour en quelques mois
une pare importante d'un ensemble qu'il a
considéré être le palais de Minos. En réalité,
Knossos (en grec ancien Κνωσός / Knôsós) est un ensemble complexe de plus de 1000
pièces imbriquées et sert à la fois de centre administraf et religieux, mais aussi de
centre de stockage de denrées alimentaires. C'est le plus connu des sites
archéologiques crétois. En 1400 av. J-C, les Crétois exploitent le mythe de Thésée
pour expliquer une invasion achéenne (grecque). La mort du Minotaure symboliserait
la destrucon des forces minoennes.
Le mythe du Minotaure (du grec ancien Μινώταυρος, qui signie « le taureau
de Minos ») et du Labyrinthe (λαβύρινθος en grec ancien, labyrinthus en lan) est un
des plus célèbres de la mythologie grecque. Minos, puissant roi de Crète, n'ayant pas
sacrié un taureau blanc à Poséidon, le dieu des mers, s'are ainsi sa colère.
L'épouse de Minos, la reine Pasiphaé met alors au monde un monstre mi-homme
mi-taureau, le fameux Minotaure, vengeance de Poséidon contre l'impiété du roi de
Crète. Minos s'empresse de cacher cet être hideux à son peuple en l'enfermant dans
le Labyrinthe construit par l'architecte Dédale. L'architecture du Labyrinthe mythique
est comparable à celle des palais crétois construits autour d'une cour centrale
entourée de plusieurs pièces accessibles par de nombreux couloirs qui forment un
dédale inextricable. Périodiquement, la ville d'Athènes doit livrer aux Crétois sept
jeunes lles et sept jeunes hommes pour y être dévorés par le Minotaure. Cee
obligaon représenterait la dominaon des Crétois sur les Athéniens sur le plan
historique. Mais Thésée, ls du roi d'Athènes Egée, se porte volontaire pour se rendre
en Crète an de combare le monstre. Arrivé, il séduit Ariane la lle de Minos. Elle lui
donne un l qui permet à Thésée de retrouver la sore du Labyrinthe après sa victoire
sur le Minotaure. Thésée vainqueur libère ainsi sa cité de son allégeance crétoise et
s'en retourne dans sa patrie en laissant en route Ariane sur l'île de Naxos. Son père
Egée lui a coné deux voiles, une blanche, signe de vie, et une noire, signe de mort.
Par en ayant hissé la voile noire, il a promis de hisser la voile blanche s'il revient
vivant. Mais tellement heureux de revoir les siens à Athènes, Thésée oublie de hisser
la voile blanche. Egée, fou de douleur en apercevant la voile noire à l'horizon, pense
que son ls a péri et se noie dans la mer qui prend le nom de mer Egée.
Disque de Phaistos, le sens de ce disque n’a pas été
réellement établi, C.C. PRA.
Palais de Knossos, fresque au taureau, C.C. Harriea 171.
Mythique Mycènes
par les lanistes de 3ème
Selon la mythologie grecque,
Mycènes aurait été fondée vers 3500 av. JC
par Persée. Le mot « Mycènes » vient du
grec ancien Μυκῆναι. Ce nom évoque le
pommeau de lépée de Persée ou le
champignon qu’il trouve sur place. Ce
royaume devient ensuite celui d’Agamem-
non, chef qui conduit l’armée grecque
pendant la guerre de Troie. À son retour de
Troie, Agamemnon fut tué par sa femme
qui avait juré de venger leur lle Iphigénie, sacriée lors de l’expédion. Homère décrit
la cité de Mycènes comme chère à Héra et « riche en or ».
La richesse de cee ville a toujours été une des ses caractérisques les plus
connues. Cee cité était une vraie forteresse, elle était entourée de gigantesques murs
aussi appelés « cyclopéens ». Mycènes était une ville extrêmement puissante, grâce à
sa polique militaire et économique, elle a pu étendre son inuence vers la Crète,
Athènes Cependant, le monde mycénien seffondre brutalement. Nous ne
connaissons pas encore les raisons de la disparion de cee civilisaon. Certains
proposent des raisons externes, des tremblements de terre, ou des raisons internes,
polique instable ou problèmes nanciers. La cause des problèmes internes est
pourtant renforcée grâce à des tablees mycéniennes retrouvées. Elles évoquent le
fait que l'administraon mycénienne se désintègre au point que les citoyens ne
reconnurent plus les magistrats locaux comme autorité suprême.
L’expédion française de 1822 a fait connaître la cité de Mycènes mais
c’est grâce à l’archéologue allemand Heinrich Schliemann que l’on a des connaissances
précises sur la citadelle. C'est Schliemann qui a découvert le « cercle A des tombes », à
l'intérieur de l'enceinte, en contrebas du palais, à proximité de la porte des Lionnes. On
y a troudes ossements, mais surtout des objets funéraires exceponnels, comme le
« masque d'Agamemnon », en feuille d'or, (en réalité du -XVIème scle, donc antérieur
de plusieurs siècles au héros légendaire de la guerre de Troie).
Masque dit d’Agamemnon, GNU DieBuche.
Wilhelm Dörpfeld (regarde à travers un trou dans le mur
sur la gauche) et Heinrich Schliemann (avec une canne
et des lunees sur la droite) à la porte des Lionnes à
Mycènes, 1884, domaine public.
Fresque dite « la dame de Mycènes »,
XIIIème siècle av. J.-C., CC Μαρσύας
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