Préserver le patrimoine commun du Palais des Nations

UNOG  Unis dans l’effort, pour un avenir meilleur - 2008   1
Feuillet spécial nº 1
Le Palais des Nations est tout à la fois un centre de
conférences très sollicité, une base opérationnelle de
premier plan et un symbole indéniable du multilatéralisme
proprement dit. Il est un condensé des origines et des
buts mêmes des Nations Unies. Dans la présente section
spéciale, on retrace les origines du complexe du Palais
des Nations, et on expose les difficultés actuellement
rencontrées pour préserver ce patrimoine unique de la
communauté internationale tout entière.
L’héritage de la Société des Nations
La Société des Nations (SDN) a été fondée au lendemain
de la première guerre mondiale pour « développer la
coopération entre les nations et leur garantir la paix et
la sécurité ». Sa création devait marquer une mutation
profonde dans les relations internationales, privilégiant
désormais le règlement pacifique des conflits et la
collaboration institutionnalisée. Genève fut choisie
comme siège de la Société des Nations en reconnaissance
de sa tradition propre de diplomatie et de négociation
internationales.
Préserver
le patrimoine
commun du
Palais des
Nations :
notre
responsabilité
collective
Vue aérienne du Palais des
Nations. Photo reproduite avec
l’aimable autorisation de la
Bibliothèque de l’ONUG.
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Le Secrétariat de la Société des Nations fut initialement
installé au Palais Wilson, tandis qu’un nouveau siège
permanent était construit sur un terrain dont la ville de
Genève avait fait don. La conception et l’agencement des
bâtiments devaient être à la hauteur des grands espoirs
en un nouvel ordre mondial durable incarné par la Société
des Nations.
Un concours international d’architecture fut organisé en
1926. Trois cent soixante-dix-sept projets furent soumis,
mais le jury d’architectes fut incapable de se prononcer.
La Société des Nations chargea alors les cinq architectes
auteurs des propositions les mieux notées d’œuvrer
ensemble sur un projet commun. Carlo Broggi (Italie),
Julien Flegenheimer (Suisse), Camille Lefèvre et Henri-Paul
Nénot (France), et Joseph Vago (Hongrie) élaborèrent le
plan sur la base duquel furent en fin de compte édifiés
les bâtiments d’origine du Palais des Nations. La pose
de la première pierre eut lieu le 7 septembre 1929.
Sous cette pierre se trouve un coffret contenant la
liste des États Membres de la Société des Nations, une
copie de son Pacte constitutif et des pièces de monnaie
de tous les pays représentés à sa dixième Assemblée.
Vue du bâtiment des Assemblées, Société des Nations, 1939. Plan d’architecte du Palais inséré dans le guide du visiteur,
à l’occasion de la dernière Assemblée de la SDN, en 1946.
Cérémonie marquant la pose de la première pierre, le 7 septembre 1929.
Première pierre du Palais, 1929. Construction du Palais, 1932.
Chantier de construction.
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Les travaux de construction du bâtiment principal,
composé des ailes A, AB, AC, B, C, K et S, se déroulèrent
entre 1929 et 1937. Les plans initiaux prévoyaient quatre
zones : le Secrétariat, le Conseil, les Assemblées et la
Bibliothèque. La surface totale au sol de cette partie la
plus ancienne du complexe est de 80 623 mètres carrés,
et elle est encore pleinement exploitée. L’aménagement
de l’espace intérieur a été dans une large mesure assuré
par des dons des États Membres. De même, les œuvres
d’art exposées au Palais des Nations sont des dons d’États
Membres remontant à l’époque de la Société des Nations,
et les collections continuent de s’étoffer au gré des
généreuses donations. La Bibliothèque a été fondée grâce
à une dotation de 2 millions de dollars des États-Unis
octroyée par John D. Rockefeller Jr.
Au moment la SDN s’est instale au Palais des Nations, en
1937, il était clair qu’elle serait impuissante à empêcher
le déclenchement de la seconde guerre mondiale.
Après l’exclusion de l’Union soviétique le 14 décembre
1939 − son dernier acte −, la Société des Nations a
pratiquement cessé de fonctionner. Certains pouvoirs
ont été transférés à son Secrétaire général pour que
l’organisation puisse continuer d’exister légalement. Le
Palais des Nations est demeuré inoccupé près de six ans
durant, pendant la seconde guerre mondiale.
La dernière réunion de l’Assemblée de la Société des
Nations s’est tenue en avril 1946 dans le but de dissoudre
l’organisation et d’en transférer tous les biens et avoirs à
l’Organisation des Nations Unies, y compris le Palais des
Nations, d’une valeur estimée alors à 47,6 millions de francs
suisses. La Société des Nations a cessé officiellement
d’exister le 20 avril 1946. Le 1er août 1946, l’Organisation
des Nations Unies reprenait officiellement les avoirs de la
Société des Nations et le Secrétariat de l’Office européen
des Nations Unies s’installait au Palais des Nations.
L’Office européen des Nations Unies allait être renommé
Office des Nations Unies à Genève en 1966.
Malgré ses limites, la Société des Nations a jeté les bases
d’une coopération internationale élargie. De nombreuses
entités de l’actuel système des Nations Unies, notamment
la Cour internationale de Justice (CIJ), le Haut-Commissariat
des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l’Organisation
internationale du Travail (OIT), l’Organisation des Nations
Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO)
et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) peuvent
faire remonter leurs origines aux travaux de la SDN.
L’Organisation des Nations Unies a été édifiée sur la base
des leçons tirées des succès et des échecs de la Société
des Nations.
Le Palais des Nations en 1937. Première Assemblée de la Société des Nations tenue dans le nouveau
Palais des Nations, en 1937.
Délégués à la Société des Nations se dirigeant vers la salle des pas perdus.
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Sean Lester, dernier Secrétaire général de la Société des Nations, et Wlodzimierz Moderow, premier Directeur de l’Office européen des Nations Unies,
signant le transfert des avoirs à l’Organisation des Nations Unies, le 18 avril 1946.
S’adapter aux besoins de
l’Organisation des Nations Unies
La taille et l’agencement des parties les plus anciennes du
Palais des Nations sont à l’image des besoins de la Société
des Nations et des techniques en usage au moment de
son édification.
Au plus fort de ses effectifs, la Société des Nations comptait
58 États Membres. Comparativement, l’Organisation des
Nations Unies en compte aujourd’hui 192. De même,
l’ampleur et la complexité des activités de l’Organisation
se sont considérablement développées.
Depuis le transfert à l’Organisation des Nations Unies, de
nouveaux bâtiments ont été construits pour accueillir les
activités de plus en plus importantes de l’Organisation
et pour suivre l’évolution des prescriptions en matière
de sécurité. De 1950 à 1952, le bâtiment K a gagné trois
étages supplémentaires et le bâtiment D a été construit,
offrant 4 405 mètres carrés supplémentaires. Le bâtiment E
souvent appe « le nouveau timent » a été construit
entre 1968 et 1973, offrant 1 100 nouveaux bureaux
et 10 nouvelles salles de conférence, et faisant gagner
68 440 mètres carrés supplémentaires. Tout récemment
ont été construits la nouvelle porte d’entrée à Pregny − le
bâtiment F − et un centre de réception des livraisons
− le bâtiment G.
Aujourd’hui, le complexe du Palais des Nations s’étend
sur 157 348 mètres carrés (plus de 15 hectares). Il renferme
34 salles de conférence et 2 800 bureaux. Plus de 4 000
personnes y travaillent chaque jour. Pratiquement 4 000
membres des missions permanentes et plus de 1 000
représentants d’organisations non gouvernementales
(ONG) sont détenteurs de badges d’identification de longue
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durée, et 70 000 autres représentants (de gouvernements
et d’ONG, sans badge d’accès permanent) sont inscrits
chaque année comme participants aux conférences. Plus
de 200 correspondants sont accrédités auprès de l’Office
des Nations Unies à Genève et travaillent au Palais. Chaque
année, 100 000 personnes environ visitent le Palais.
Un patrimoine en péril
L’utilisation intensive et diverse qui est faite du Palais et le
grand âge des bâtiments imposent à l’ONUG de procéder
d’urgence à des travaux d’entretien pour la maintenance
de l’édifice. Si à première vue le bâtiment principal et ses
annexes semblent avoir une structure saine, ils perdent
lentement mais sûrement de leur fonctionnalité. La
détérioration en est à un stade elle ne peut que croître
et risque d’entraîner des dégâts irréversibles si rien n’est
fait. Le bâtiment lui-même et le patrimoine unique qu’il
représente sont en danger.
La majeure partie des installations électriques, des câbles,
de la tuyauterie, du réseau d’assainissement et des
fenêtres de l’ancien bâtiment ont excédé leur durée de
vie. Quantité de matériaux utilisés ne sont pas faits pour
durer et sont en train de se désagréger. À court terme ou
à moyen terme tout au plus −, cela peut poser des risques
pour la sûreté et la sécurité, entraîner une consommation
excessive de combustible et d’électricité ayant de graves
incidences sur la situation financière et l’environnement,
et engendrer une détérioration des conditions de travail
qui se répercutera sur l’efficacité des services fournis.
Câbles et installations électriques. -
Dans l’ancien
bâtiment, 100 kilomètres environ de câbles électriques
doivent être remplacés pour être mis en conformité avec
les normes actuelles. Il faut installer des commutateurs
automatiques pour réduire la consommation électrique.
Canalisations et assainissement. -
200 kilomètres de
tuyaux courent à travers les bâtiments. Au moins 40
kilomètres de conduites d’eau sont attaquées par la rouille
et doivent être remplacées. La rouille accroît le risque de
fuite et, partant, d’inondation. La Bibliothèque de l’ONUG,
inondée à plusieurs reprises, a vu ses archives, ses
ouvrages et autres matériels endommagés et la mémoire
institutionnelle irremplaçable qu’elle abrite mise en péril.
La rouille et les tuyaux abîmés ont également favorisé
l’humidité et l’apparition de moisissures, qui viennent
encore dégrader la structure de l’édifice.
Ascenseurs. -
21 ascenseurs ont plus de trente ans et
tombent fréquemment en panne.
Fenêtres. -
L’ancien bâtiment est mal isolé et les
fenêtres sont source de gaspillage d’énergie, ce qui cause
une déperdition importante de chaleur en hiver et une
surchauffe des locaux en été. Ce sont au total 1 680
fenêtres qu’il faut remplacer (dans l’ancien bâtiment
seul).
Dégâts structurels. -
Le béton présente de multiples
craquelures, y compris sur la façade du bâtiment. La
toiture est en très mauvais état. Les sols et les murs sont
aussi abîmés en plusieurs endroits du fait que la structure
travaille.
Vétusté des salles de réunion. -
Un grand nombre de
salles de réunion sont vétustes et fonctionnent avec un
équipement technique dépassé et insuffisant qui nuit à
l’efficacité des réunions. De même, les câbles et le mobilier
anciens entravent le bon fonctionnement des services
et, par endroits, présentent un risque pour la sûreté des
locaux.
Espace de stockage insuffisant et inadapté. -
Les
conditions de stockage de la Bibliothèque et des
archives de l’ONUG ne sont pas conformes aux normes
internationales. La Bibliothèque, dépositaire de la mémoire
Photo de droite : Journaliste de la Radio des Nations Unies, au début des années 50. Le Comité des dix-huit puissances sur le désarmement, l’un des prédécesseurs de la
Conférence du désarmement, réuni en séance le 18 mai 1967.
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