s’étend d’un parasol unique d’un diamètre de 2000 km jusqu’à plusieurs milliers de
milliards de petites plaques ultraminces et réfringentes.
3) Différences fondamentales entre le CDR et le SRM
Les techniques CDR contrent directement la cause première des changements climatiques
en abaissant la concentration atmosphérique du principal gaz à effet de serre anthropique
(CO2). Toutefois, l’effet qu’elles induisent sur la température globale moyenne ne se
développe que lentement, sur quelques décennies, voire bien d’avantage. En revanche,
l’effet des techniques SRM se manifeste en l’espace de quelques années à quelques
décennies. Ces dernières constituent donc, en cas d’urgence, la seule possibilité d’atténuer
rapidement le réchauffement climatique. Leur application n’aurait aucun impact sur les
concentrations de gaz à effet de serre. Elles ne résoudraient néanmoins aucun des autres
problèmes environnementaux qui vont de pair avec un taux élevé de dioxyde de carbone
dans l’atmosphère – et en particulier l’acidification continuelle des océans. D’une manière
générale, on suppose que les techniques SRM pourraient être développées et déployées à
des coûts plus bas que les techniques CDR.
Quels sont les risques liés à la géo-ingénierie?
L’état des connaissances est pour l’heure insuffisant pour permettre une évaluation complète
des risques inhérents à la géo-ingénierie. Le CDR semble présenter, à bien des égards, des
incertitudes et des risques moindres que le SRM, dans la mesure où il pousse le système
climatique dans une direction plus proche de son état naturel. En principe, il serait même
possible de générer ainsi des « émissions négatives ». Par contre, un monde où les teneurs
atmosphériques de gaz à effet de serre seraient élevées et les températures abaissées par
des techniques SRM présenterait un état dynamique et nouveau, entaché d’incertitudes
considérables. Elles concernent notamment des valeurs seuils et des mécanismes de
rétroaction encore inconnus du système terrestre ainsi que les conséquences d’une
acidification progressive et sans entrave des océans. Bon nombre de techniques SRM
induisent des effets différents d’une région à l’autre qui ont, par exemple, un impact sur les
précipitations, la force des vents et les courants océaniques. C’est pourquoi une application
des techniques SRM créerait des risques supplémentaires, qui induiraient des coûts
potentiels. Le SRM ne peut pas être considéré comme une solution durable, la question
délicate du moment approprié et de la manière adéquate d’un arrêt restant notamment
ouverte. En effet, les modélisations montrent qu’un arrêt subit du déploiement de SRM
comporterait le risque d’un réchauffement brusque et important (termination problem).
Au-delà de ces considérations générales, toutes les approches de géo-ingénierie comportent
des risques qui leur sont propres. Deux techniques très discutées sont citées ici à titre
d’exemple:
Dans l’état actuel des connaissances, la technique CDR de fertilisation des océans
présente des effets secondaires considérables sur la biodiversité marine. Le phénomène
est difficile à comprendre car les résultats expérimentaux sont en partie contradictoires. Il
semblerait que, dans certaines circonstances, la décomposition des algues qui
s’enfoncent dans les océans favoriserait la production de protoxyde d’azote, un puissant
gaz à effet de serre, ce qui pourrait même avoir globalement un effet contraire à celui
souhaité.