Moïse a donné un peuple à Dieu pour donner un dieu au monde Abraham Brami Moïse a donné un peuple à Dieu pour donner un Dieu au monde Editions Persée Du même auteur La reine Kahéna la prophétesse – ou Une histoire des tribus berbères juives d’Afrique du Nord L’islam de La Mecque à Oslo Consultez notre site internet © Editions Persée, 2014 Pour tout contact : Editions Persée — 38 Parc du Golf — 13856 Aix-en-Provence www.editions-persee.fr Au préalable purifié l’esprit par l’anéantissement des superstitions Les rouleaux du Lévitique et du Deutéronome de la Bible ­prescrivent dans plusieurs chapitres et versets l’interdiction absolue de toutes superstitions. Croire à une superstition, un talisman, un animal ou à un homme c’est le placer au-dessus de la Divinité. (Lév. 19, v. 26-27 + 31 et chap.20, v. 6.) + (Dt.ch.18, v. 10-11) Notes de l ’auteur J’ai entrepris ce travail historico-théologique dans la perspective d’apporter ma contribution à une nouvelle lecture des é­ vènements qui ont présidé à l’apport des Hébreux, Israélites et Juifs aux religions monothéistes. Si ardent que soit mon désir de sceller ma pierre à la connaissance du vrai et d’intéresser tous ceux et celles qui veulent savoir CE Qui Est ; Cette exigence n’eut pas suffi sans la lecture des ouvrages, des études et des articles auxquels je me réfère. Ceux-ci m’ont fait naviguer par l’esprit à la recherche des racines de l’histoire. Ils forment en partie la substance de ce livre, c’est pourquoi, je tiens à remercier les historiens et tous les spécialistes des problèmes que j’ évoque auxquels j’ai eu particulièrement recours, et envers qui j’ai contracté une lourde dette. Ils sont cités sans ordre : 5 L’Egyptologie, la Bible et les récits bibliques, Hippocrate, Platon, Aristote, Tallés, Philon, les Epitres de Paul, le Coran, Pascal, Nietzche, Kant, René Kalisky, Jack Miles, Jean Yoyotte, Jean Bottéro, Jean Blot, Martin Buber et A. Steinsaltz. Cette liste n’est pas exhaustive, je m’excuse par avance envers ceux ou celles que j’ai omis de citer. Ma vieille mémoire n’étant plus ce qu’elle était ; elle n’a pas retenu l’identité de beaucoup. 6 Introduction Qu’est-ce qu’est la vérité ? Elle est ce que l’on ne peut changer ! Autrement dit un passé réalisé. La parole est volatile, tout et un chacun peut l’enjoliver ou la dramatiser selon ses besoins ou ses intérêts. Alors, que l’écrit parce qu’il est figé ne peut être métamorphosé au gré des intérêts de certains ! La métaphore du récit de la Tour de Babel prescrit l’interdiction de toute oralité. Celle-ci transforme au fil du temps la réalité en légende où se côtoie, le fantastique, le merveilleux, le surnaturel et la fiction mais aussi chimère, délire et cauchemar. Ce qui permet à certains personnages de profiter du mal de vivre de beaucoup. Les textes du passé ne peuvent avoir que le sens que leurs auteurs leur donnaient, au moment même, dans leur contexte ­historique. On ne peut juger l’histoire avec sa sensibilité moderne. Son ­ interprétation, forcément fausse, déforme notre jugement et nous apprend peu de chose. Le moindre récit, roman, tableau, ­monument de l’époque considérée est d’un enseignement ­autrement plus exact. Ce postulat doit guider la lecture de tout fait sacré, profane ou historique. Les historiens s’autorisent des mensonges ­autobiographiques. Alors, que la seule noblesse devrait désormais être celle de la Vérité. Les médias fer de lance de la transparence de tous ­comportements, même si parfois ils exagèrent. Ils sont souvent, en démocratie, utilisés par des groupes de pression, dit lobby, 7 à des fins ­mercantiles pour manipuler les peuples et les hommes de pouvoir. Le philologue est celui qui déchiffre les objectifs de la ­religion à travers l’aventure de l’humanité. Pour le philologue, ce qui est essentiel se condense dans les événements. Les déclarations ­théologiques d’où qu’elles viennent éclairent l’Histoire mais ne l’engendrent pas. La religion est un impérialisme comme un autre, dans les temps modernes cela prit le nom d’idéologie. Il offre au lecteur la possibilité de revisiter, sous un angle qui en rénove la perception, de textes souvent très connus, mais obscure. Le philologue refuse à lire suivant des schémas préétablis, déjà connus, s’oblige à donner leur chance à leur nouveauté, à leur rigueur, à leur propre langage. Ce geste de lecteur attentif et insistant, rassemble, confronte, attire, dérange parfois et ­interpelle souvent, tous ceux et celles, de toutes disciplines, qui font ­l’expérience de la résistance des textes sacrés ou profanes. Il ne se soumet pas au diktat des lectures théologiques, historiennes qui résument et t­ ransforment ces textes en instruments censés renforcer les positions acquises. Il rejette les simplifications des spécialistes des écoles de pensées pour une lecture qui ne lâche pas facilement prise, qui ne s’en laisse pas facilement conter. Il interroge, passage incessant accomplit entre le déchiffrement du détail, la c­ onstruction du sens et leur confrontation avec la lettre, dans un cercle ­potentiellement infini. Le résultat n’est pas l’objet de la lecture, mais, plus p­ rofondément comment il s’insère dans l’histoire. Les principaux centres de civilisations connues aujourd’hui peuvent être détaillés comme suit : Celui de l’Égypte, de la Mésopotamie, d’Elam, de l’Indus, de la Chine, de la Grèce, de Rome et des Oasis. Cette dernière civilisation, par essence de communications, favorisait la propagation des idées, des technologies et des arts. Prolongation des précédentes, elle fut celle des caravansérails 8 issus de caravanes où de riches marchands, nomades par nécessité, voyageaient d’une oasis à l’autre, d’une cité à l’autre. Ces négociants, souvent lettrés, transportaient avec eux leurs croyances et leur mode de vie. Aux caravansérails, oasis étapes, les hommes échangeaient non seulement leurs marchandises, mais aussi leur foi et leurs légendes. Elles se côtoyaient, s’entrelaçaient et finissaient par fusionner. Si dans la Bible il y a des éléments imaginaires, elle relate aussi en filigrane l’histoire du cosmos, de la biologie, et celle du choix d’un peuple qui s’est donné à Dieu pour donner un Dieu au monde. Les faits relatés dans la Bible, à l’instant où ils se sont produits peuvent paraître empreints d’exagération, d’un caractère visiblement légendaire à ceux et à celles qui y assistaient. Mais, aujourd’hui avec la connaissance que nous avons des secrets de la nature ces évènements sont plausibles. La seule interrogation, que nous pouvons formuler : « Comment certains initiés de ­l’antiquité avaient-ils découvert ce savoir ? » Deux peuples d’un génie opposé, mais complémentaire, ­allumèrent cependant leurs flambeaux dans leurs sanctuaires, ­flambeaux il est vrai différents, Israël illumine les profondeurs du ciel et la Grèce éclaire la terre et ses abîmes. La civilisation grecque fut un média aux connaissances surprenantes, pour l’époque qui les avait vues naître, à travers ses philosophes, ses mathématiciens, ses moralistes, ses architectes et sa médecine, etc. L’importance du peuple juif pour l’histoire de l’humanité n’est plus à d­ émontrer pour deux raisons. La première c’est qu’il représente le ­monothéisme originel ; la seconde c’est qu’il fut la matrice qui donna naissance au Christianisme et à l’Islam. Successivement l’une et l’autre croyance se greffèrent sur l’arbre saint du judaïsme. La Bible est une véritable bibliothèque, elle contient en ­elle-même la notion d’évolution comme celle de l’interprétation, 9 a­utrement dit, une capacité à dépasser la lettre. On y trouve un grand nombre d’approximations pour en privilégier la morale qu’il faut tirer de l’épisode relaté. Elle ne suscite pas la haine entre les hommes quelle que soit leur couleur ou leur croyance, elle enseigne l’amour du prochain même quand celui-ci est idolâtre. Personne ne nie que le texte biblique comporte des scènes de massacre collectif, ce qui peut être choquant à l’aune de l’universalisme ­contemporain, mais conforme au champ historique. Il y a aussi une réflexion sur l’­histoire des enfants d’Israël, d’autant plus que la mode de la démystification fait des dégâts, pour ne citer que l’histoire du « Da Vinci Code » ou l’écho de certaines conclusions orientées des recherches archéologiques en Israël ou ailleurs. Soulevez le voile qui masque la réalité, et la vérité apparaîtra dans toute sa resplendissante grandeur. Ce voile à travers lequel Dieu peut-être perçu, mais qui en même temps est le vide cosmique qui sépare l’homme de Divinité. La seule aristocratie serait désormais celle de la Vérité. La vérité est venue, que le mensonge disparaisse. 10 1er chapitre Le Pentateuque (5 premiers rouleaux de la Bible) La Bible nous fait toucher du doigt la possibilité d’un ciel ; non pas celui d’une chimère superstitieuse manipulée par telle ou telle, mais simplement un au-delà du visible et du raisonnable. Un espace qui ne serait pas totalement maîtrisable par l’homme, mais dans lequel l’homme pourrait trouver l’espace-temps à se fonder intérieurement. Ses rouleaux font taire les angoisses liées à notre condition. Son espérance dans un monde meilleur permet aux hommes d’espérer contre toute espérance. La Bible (Pentateuque) est un récit exotérique destiné à être lu par tous, mais seulement d’être compris par certains (initiés). Écrite de mille mains, le mystère de la Bible réside dans ­l’incapacité du lecteur lambda à relier les bribes des sciences qu’elle dévoile à l’humanité. Pour découvrir le message qu’elle contient, il faut suivre le filigrane qui parcourt son texte en variant les thèmes : Mathématique, Astronomie, Biologie, Cosmologie et Spiritualité. Les cinq premiers rouleaux de la Bible hébraïque, dénommés par les Grecs Pentateuque, seul le rouleau de la Genèse est ­d’essence universelle. Il projette en termes populaires ce qu’a été, est et devrait être l’humanité. Si le rouleau de la Genèse édicte les paramètres de la religion universelle, il a fallu les quatre rouleaux suivants de la Bible pour conditionner les Hébreux à être une stèle 11 vivante serviteur exclusif de l’universalité Divine en faveur d’une humanité unique et multiple. En déplaçant la foi en des dieux multiples, visibles et f­ abriqués dans des postures grotesques de pierre et de bois par des mains d’hommes, vers un Dieu unique, invisible omniprésent situé au-delà de l’univers ; Le monothéisme a désacralisé la nature. Il permit à l’humanité de ne plus imiter la nature mais d’en ­découvrir ses secrets. Pour examiner plus avant dans l’explication des origines du monothéisme, la nécessité de définir les termes aussi répandus que « particularisme », « tendance », « disposition innée », il apparait indispensable d’invoquer sans nuance, les dispositions innées des Hébreux pour le monothéisme. Ce peuple accepte sans condition préalable son élection d’esclave au service de la Divinité qui l’a délivré de l’esclavage idolâtre d’Égypte. (Lév. 25, 42 et 55). Cette soumission crée le mythe de peuple élu. Autrement dit, le mythe d’une élection providentielle. À l’évidence, la sortie d’Égypte, la personnalité de Moïse, l’établissement de l’Alliance, le séjour pendant 40 ans des ­ Hébreux dans le désert, sont autant de faits qui attestent du long ­ apprentissage des fuyards. Ces derniers étaient composés ­d’éléments ­hétérogènes, ils n’avaient ni de dispositions particulières ni n’adhérèrent ­spontanément au projet. Tout ceci nous éloigne de la spécificité d’une « race » qui aurait su s’attirer les faveurs de la Providence grâce à ses qualités intrinsèques de son origine antérieure. Le rouleau de l’Exode révèle que les Hébreux furent autant surpris des conséquences que du résultat de leur escapade. La spontanéité sémitique à l’égard du monothéisme n’est en fait que la résultante d’éléments épars qui se rencontrent à la fois 12 dans l’homme et dans le milieu où il vit. Conférer la ­prédominance dans l’un de ces éléments et ignorer l’autre pour en tirer des ­conclusions ne peut aboutir qu’à des interprétations tendancieuses et ­déformantes de l’histoire. C’est pourquoi, on ne peut tenir pour négligeable l’influence de la religion égyptienne pendant un séjour de plus de quatre siècles des Hébreux sur les terres des Pharaons. À l’époque des faits relatés par le rouleau de l’Exode l’Égypte était une puissance mondiale. La Nubie, Canaan, Syrie et même une partie de la Mésopotamie jusqu’au fleuve de l’Euphrate étaient colonisés par l’empire égyptien. Cet impérialisme se ­manifestait également dans le fait religieux sous une certaine forme de ­monothéisme universel. Les luttes religieuses entre les différentes obédiences polythéistes et le monothéisme atteignirent leur point culminant sous le règne du Pharaon Aménophis IV, dit Akhenaton. Celui-ci élevé dans le sérail de son père Aménophis III, au milieu de concubines asiatiques, subit leur ascendant religieux. Hébreux, Israélites et Juifs, un même peuple aux noms ­multiples, imposés par ses persecuteurs mais à l’unité profonde, perpétuellement réduit à la d­éfensive, constamment menacé ­ d’anéantissement doit toujours à des circonstances miraculeuses d’échapper aux désastres qui les guettent. Contrairement aux autres nations leurs prophètes leurs interdisent tout expansionnisme de crainte de dilution. L’expérience historique nous apprend la justesse de leurs prédications, tant de civilisations disparurent dans la poubelle de l’histoire et les Enfants d’Israël, toujours vivants, réapparaissent comme ressuscité à la face d’une humanité médusée de tant de fidélité à un engagement pris par leurs ancêtres il y a plus de trente-trois siècles. 13 La tradition monothéiste est celle des Patriarches du désert De la généalogie légendaire des trois patriarches : Abraham, Isaac et Jacob, il ressort un fait essentiel ; la filiation du culte monothéiste à travers les patriarches du désert. Ces personnages eurent des avertissements intérieurs, des révélations spirituelles sous formes de songes où même de vision à l’état de veille, cela n’a rien de contraire à la science ésotérique, ni aux lois psychiques universelles. Ces patriarches eurent une vue profonde de la ­ spiritualité du Seigneur-Dieu et des fins religieuses de l’humanité. Ils ­surpassèrent les contingences de la cité par la hauteur morale et de largeur ­d’esprit qu’entraîne une vie errante et libre. Pour eux l’ordre sublime du ciel fait régner dans l’univers se traduit dans l’ordre social en culte ­familial, en respect pour leurs femmes, en amour pour leur ­progéniture, en protection pour toute la tribu, en h­ ospitalité envers l’étranger. Leurs paroles comme leurs c­ omportements s’exercent en équité. Ils p­ rofessent une autorité civilisatrice, respirent la m ­ ansuétude et la paix. Ainsi entre le Taureau ailé de Mésopotamie et le Sphinx d’Égypte qui de loin observent le désert de l’existence de leur peuple, entre la tyrannie écrasante et le mystère impénétrable avance la tribu Hébraïque, elle évite sur son parcours jalonné d’oasis les fêtes éhontées de Babylone, elle passe en se détournant devant les orgies de Moab, les horreurs de Sodome, l’égalité sanglante de Gomorrhe et le culte monstrueux de Baal. Comme un long ruban elle se préserve dans l’immensité du désert, sous la brûlure du jour, sous la pourpre du couchant et sous le manteau du crépuscule que domine le Chevaucheur des cieux. Hier comme aujourd’hui ni les troupeaux, ni les femmes, ni les vieillards ne connaissent le but de l’éternel voyage. Mais ils avancent lentement mais sûrement guidés par les patriarches ; Moïse le leur dira. 14 La révélation est aussi vieille que l’humanité consciente, elle remonte dans la nuit des temps. Il suffit d’avoir jeté un coup c’œil pénétrant dans les livres sacrés de la Perse, des Indes et de l’Égypte, pour assurer que les idées mères de la doctrine ésotérique en constituent le fond sacré, mais vivace. En elle se trouve l’âme invisible, le principe générateur de ces grandes religions. Tous les puissants initiateurs ont aperçu, en un moment de leur vie le rayonnement de la vérité centrale ; mais la lumière qu’ils en ont tirée s’est brisée et fardée selon leur génie. Leur mission s’est colorée selon le temps et les lieux. Dans l’épisode de Moïse, c’est le cas de l’Égypte qui nous intéresse et ses divinités titulaires de la trilogie d’Isis, d’Osiris et d’Horus avec les prêtres de Thèbes ; et celui d’Aton couplé à son unique prêtre Akhenaton. Le principe immatériel du Dieu Suprême constitue le dogme essentiel du monothéisme et de l’unité de la nature ; la dualité mâle et femelle sort de l’unité primitive. Les nombres sacrés c­ onstituent le verbe éternel, le rythme et l’instrument Divin. Ils furent ­également connus par d’autres religions, mais, ils ne faisaient pas naître le monde d’un acte instantané, d’un caprice de la Divinité. Le monothéisme ésotérique d’Égypte ne sortit jamais des s­anctuaires. Sa science sacrée resta le privilège d’une petite ­minorité. À l’époque relatée par l’Exode 13 siècles a.n.è, l’Asie s’enfonçait dans le culte de la matière. L’Inde courait vers sa décadence. En Mésopotamie, le peuple héroïque assassine ses ­ pontifes, égorge ses collèges de mages rançonne ses rois. Le sacerdoce écrasé fut dès lors qu’un instrument de la tyrannie. Le règne de cette dictature fut celui du Destin, force aveugle et brutale. L’Égypte de la xixe dynastie, celle des Ramsès, d’odieux despotes, devint ainsi le centre tyrannique de la suprématie ­universelle, œil formidable du Destin, toujours ouvert, guettant 15