Moïse a donné un peuple à dieu pour donner un

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Moïse a donné un peuple à Dieu
pour donner un dieu au monde
Abraham Brami
Moïse
a donné un peuple à Dieu
pour donner un Dieu au monde
Editions Persée
Du même auteur
La reine Kahéna la prophétesse
– ou Une histoire des tribus berbères juives d’Afrique du Nord
L’islam de La Mecque à Oslo
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Au préalable purifié l’esprit
par l’anéantissement des superstitions
Les rouleaux du Lévitique et du Deutéronome de
la Bible ­prescrivent dans plusieurs chapitres et versets
l’interdiction absolue de toutes superstitions. Croire
à une superstition, un talisman, un animal ou à un
homme c’est le placer au-dessus de la Divinité.
(Lév. 19, v. 26-27 + 31 et chap.20, v. 6.) + (Dt.ch.18, v. 10-11)
Notes de l ’auteur
J’ai entrepris ce travail historico-théologique dans la perspective
d’apporter ma contribution à une nouvelle lecture des é­ vènements
qui ont présidé à l’apport des Hébreux, Israélites et Juifs aux religions monothéistes.
Si ardent que soit mon désir de sceller ma pierre à la connaissance du vrai et d’intéresser tous ceux et celles qui veulent savoir
CE Qui Est ; Cette exigence n’eut pas suffi sans la lecture des
ouvrages, des études et des articles auxquels je me réfère. Ceux-ci
m’ont fait naviguer par l’esprit à la recherche des racines de
l’histoire.
Ils forment en partie la substance de ce livre, c’est pourquoi, je
tiens à remercier les historiens et tous les spécialistes des problèmes
que j’ évoque auxquels j’ai eu particulièrement recours, et envers
qui j’ai contracté une lourde dette. Ils sont cités sans ordre :
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L’Egyptologie, la Bible et les récits bibliques, Hippocrate,
Platon, Aristote, Tallés, Philon, les Epitres de Paul, le Coran,
Pascal, Nietzche, Kant, René Kalisky, Jack Miles, Jean Yoyotte,
Jean Bottéro, Jean Blot, Martin Buber et A. Steinsaltz.
Cette liste n’est pas exhaustive, je m’excuse par avance envers
ceux ou celles que j’ai omis de citer. Ma vieille mémoire n’étant
plus ce qu’elle était ; elle n’a pas retenu l’identité de beaucoup.
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Introduction
Qu’est-ce qu’est la vérité ? Elle est ce que l’on ne peut
changer ! Autrement dit un passé réalisé.
La parole est volatile, tout et un chacun peut l’enjoliver ou
la dramatiser selon ses besoins ou ses intérêts. Alors, que l’écrit
parce qu’il est figé ne peut être métamorphosé au gré des intérêts
de certains ! La métaphore du récit de la Tour de Babel prescrit
l’interdiction de toute oralité. Celle-ci transforme au fil du temps
la réalité en légende où se côtoie, le fantastique, le merveilleux,
le surnaturel et la fiction mais aussi chimère, délire et cauchemar.
Ce qui permet à certains personnages de profiter du mal de vivre
de beaucoup.
Les textes du passé ne peuvent avoir que le sens que leurs
auteurs leur donnaient, au moment même, dans leur contexte
­historique. On ne peut juger l’histoire avec sa sensibilité moderne.
Son ­
interprétation, forcément fausse, déforme notre jugement
et nous apprend peu de chose. Le moindre récit, roman, tableau,
­monument de l’époque considérée est d’un enseignement ­autrement
plus exact. Ce postulat doit guider la lecture de tout fait sacré,
profane ou historique.
Les historiens s’autorisent des mensonges ­autobiographiques.
Alors, que la seule noblesse devrait désormais être celle de
la Vérité. Les médias fer de lance de la transparence de tous
­comportements, même si parfois ils exagèrent. Ils sont souvent,
en démocratie, utilisés par des groupes de pression, dit lobby,
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à des fins ­mercantiles pour manipuler les peuples et les hommes
de pouvoir.
Le philologue est celui qui déchiffre les objectifs de la ­religion
à travers l’aventure de l’humanité. Pour le philologue, ce qui
est essentiel se condense dans les événements. Les déclarations
­théologiques d’où qu’elles viennent éclairent l’Histoire mais ne
l’engendrent pas. La religion est un impérialisme comme un autre,
dans les temps modernes cela prit le nom d’idéologie. Il offre au
lecteur la possibilité de revisiter, sous un angle qui en rénove la
perception, de textes souvent très connus, mais obscure.
Le philologue refuse à lire suivant des schémas préétablis,
déjà connus, s’oblige à donner leur chance à leur nouveauté, à
leur rigueur, à leur propre langage. Ce geste de lecteur attentif et
insistant, rassemble, confronte, attire, dérange parfois et ­interpelle
souvent, tous ceux et celles, de toutes disciplines, qui font
­l’expérience de la résistance des textes sacrés ou profanes. Il ne
se soumet pas au diktat des lectures théologiques, historiennes qui
résument et t­ ransforment ces textes en instruments censés renforcer
les positions acquises. Il rejette les simplifications des spécialistes
des écoles de pensées pour une lecture qui ne lâche pas facilement
prise, qui ne s’en laisse pas facilement conter. Il interroge, passage
incessant accomplit entre le déchiffrement du détail, la c­ onstruction
du sens et leur confrontation avec la lettre, dans un cercle
­potentiellement infini. Le résultat n’est pas l’objet de la lecture,
mais, plus p­ rofondément comment il s’insère dans l’histoire. Les
principaux centres de civilisations connues aujourd’hui peuvent
être détaillés comme suit : Celui de l’Égypte, de la Mésopotamie,
d’Elam, de l’Indus, de la Chine, de la Grèce, de Rome et des
Oasis. Cette dernière civilisation, par essence de communications, favorisait la propagation des idées, des technologies et des
arts. Prolongation des précédentes, elle fut celle des caravansérails
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issus de caravanes où de riches marchands, nomades par nécessité,
voyageaient d’une oasis à l’autre, d’une cité à l’autre. Ces négociants, souvent lettrés, transportaient avec eux leurs croyances et
leur mode de vie. Aux caravansérails, oasis étapes, les hommes
échangeaient non seulement leurs marchandises, mais aussi leur
foi et leurs légendes. Elles se côtoyaient, s’entrelaçaient et finissaient par fusionner.
Si dans la Bible il y a des éléments imaginaires, elle relate
aussi en filigrane l’histoire du cosmos, de la biologie, et celle du
choix d’un peuple qui s’est donné à Dieu pour donner un Dieu au
monde. Les faits relatés dans la Bible, à l’instant où ils se sont
produits peuvent paraître empreints d’exagération, d’un caractère
visiblement légendaire à ceux et à celles qui y assistaient. Mais,
aujourd’hui avec la connaissance que nous avons des secrets de la
nature ces évènements sont plausibles. La seule interrogation, que
nous pouvons formuler : « Comment certains initiés de ­l’antiquité
avaient-ils découvert ce savoir ? »
Deux peuples d’un génie opposé, mais complémentaire,
­allumèrent cependant leurs flambeaux dans leurs sanctuaires,
­flambeaux il est vrai différents, Israël illumine les profondeurs du
ciel et la Grèce éclaire la terre et ses abîmes. La civilisation grecque
fut un média aux connaissances surprenantes, pour l’époque qui
les avait vues naître, à travers ses philosophes, ses mathématiciens,
ses moralistes, ses architectes et sa médecine, etc. L’importance du
peuple juif pour l’histoire de l’humanité n’est plus à d­ émontrer pour
deux raisons. La première c’est qu’il représente le ­monothéisme
originel ; la seconde c’est qu’il fut la matrice qui donna naissance
au Christianisme et à l’Islam. Successivement l’une et l’autre
croyance se greffèrent sur l’arbre saint du judaïsme.
La Bible est une véritable bibliothèque, elle contient en
­elle-même la notion d’évolution comme celle de l’interprétation,
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a­utrement dit, une capacité à dépasser la lettre. On y trouve un
grand nombre d’approximations pour en privilégier la morale qu’il
faut tirer de l’épisode relaté. Elle ne suscite pas la haine entre les
hommes quelle que soit leur couleur ou leur croyance, elle enseigne
l’amour du prochain même quand celui-ci est idolâtre. Personne ne
nie que le texte biblique comporte des scènes de massacre collectif,
ce qui peut être choquant à l’aune de l’universalisme ­contemporain,
mais conforme au champ historique. Il y a aussi une réflexion
sur l’­histoire des enfants d’Israël, d’autant plus que la mode
de la démystification fait des dégâts, pour ne citer que l’histoire
du « Da Vinci Code » ou l’écho de certaines conclusions orientées des recherches archéologiques en Israël ou ailleurs. Soulevez
le voile qui masque la réalité, et la vérité apparaîtra dans toute sa
resplendissante grandeur. Ce voile à travers lequel Dieu peut-être
perçu, mais qui en même temps est le vide cosmique qui sépare
l’homme de Divinité. La seule aristocratie serait désormais celle
de la Vérité. La vérité est venue, que le mensonge disparaisse.
10
1er chapitre
Le Pentateuque
(5 premiers rouleaux de la Bible)
La Bible nous fait toucher du doigt la possibilité d’un ciel ;
non pas celui d’une chimère superstitieuse manipulée par telle ou
telle, mais simplement un au-delà du visible et du raisonnable. Un
espace qui ne serait pas totalement maîtrisable par l’homme, mais
dans lequel l’homme pourrait trouver l’espace-temps à se fonder
intérieurement. Ses rouleaux font taire les angoisses liées à notre
condition. Son espérance dans un monde meilleur permet aux
hommes d’espérer contre toute espérance.
La Bible (Pentateuque) est un récit exotérique destiné à être
lu par tous, mais seulement d’être compris par certains (initiés).
Écrite de mille mains, le mystère de la Bible réside dans
­l’incapacité du lecteur lambda à relier les bribes des sciences
qu’elle dévoile à l’humanité. Pour découvrir le message qu’elle
contient, il faut suivre le filigrane qui parcourt son texte
en variant les thèmes : Mathématique, Astronomie, Biologie,
Cosmologie et Spiritualité.
Les cinq premiers rouleaux de la Bible hébraïque, dénommés
par les Grecs Pentateuque, seul le rouleau de la Genèse est
­d’essence universelle. Il projette en termes populaires ce qu’a été,
est et devrait être l’humanité. Si le rouleau de la Genèse édicte les
paramètres de la religion universelle, il a fallu les quatre rouleaux
suivants de la Bible pour conditionner les Hébreux à être une stèle
11
vivante serviteur exclusif de l’universalité Divine en faveur d’une
humanité unique et multiple.
En déplaçant la foi en des dieux multiples, visibles et f­ abriqués
dans des postures grotesques de pierre et de bois par des mains
d’hommes, vers un Dieu unique, invisible omniprésent situé
au-delà de l’univers ; Le monothéisme a désacralisé la nature.
Il permit à l’humanité de ne plus imiter la nature mais d’en
­découvrir ses secrets.
Pour examiner plus avant dans l’explication des origines du
monothéisme, la nécessité de définir les termes aussi répandus que
« particularisme », « tendance », « disposition innée », il apparait
indispensable d’invoquer sans nuance, les dispositions innées des
Hébreux pour le monothéisme. Ce peuple accepte sans condition
préalable son élection d’esclave au service de la Divinité qui l’a
délivré de l’esclavage idolâtre d’Égypte. (Lév. 25, 42 et 55). Cette
soumission crée le mythe de peuple élu. Autrement dit, le mythe
d’une élection providentielle.
À l’évidence, la sortie d’Égypte, la personnalité de Moïse,
l’établissement de l’Alliance, le séjour pendant 40 ans des
­
Hébreux dans le désert, sont autant de faits qui attestent du
long ­
apprentissage des fuyards. Ces derniers étaient composés
­d’éléments ­hétérogènes, ils n’avaient ni de dispositions particulières
ni n’adhérèrent ­spontanément au projet. Tout ceci nous éloigne de
la spécificité d’une « race » qui aurait su s’attirer les faveurs de la
Providence grâce à ses qualités intrinsèques de son origine antérieure. Le rouleau de l’Exode révèle que les Hébreux furent autant
surpris des conséquences que du résultat de leur escapade.
La spontanéité sémitique à l’égard du monothéisme n’est en
fait que la résultante d’éléments épars qui se rencontrent à la fois
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dans l’homme et dans le milieu où il vit. Conférer la ­prédominance
dans l’un de ces éléments et ignorer l’autre pour en tirer des
­conclusions ne peut aboutir qu’à des interprétations tendancieuses
et ­déformantes de l’histoire. C’est pourquoi, on ne peut tenir pour
négligeable l’influence de la religion égyptienne pendant un séjour
de plus de quatre siècles des Hébreux sur les terres des Pharaons.
À l’époque des faits relatés par le rouleau de l’Exode l’Égypte
était une puissance mondiale. La Nubie, Canaan, Syrie et même
une partie de la Mésopotamie jusqu’au fleuve de l’Euphrate étaient
colonisés par l’empire égyptien. Cet impérialisme se ­manifestait
également dans le fait religieux sous une certaine forme de
­monothéisme universel. Les luttes religieuses entre les différentes
obédiences polythéistes et le monothéisme atteignirent leur point
culminant sous le règne du Pharaon Aménophis IV, dit Akhenaton.
Celui-ci élevé dans le sérail de son père Aménophis III, au milieu
de concubines asiatiques, subit leur ascendant religieux.
Hébreux, Israélites et Juifs, un même peuple aux noms
­multiples, imposés par ses persecuteurs mais à l’unité profonde,
perpétuellement réduit à la d­éfensive, constamment menacé
­
d’anéantissement doit toujours à des circonstances miraculeuses
d’échapper aux désastres qui les guettent. Contrairement aux autres
nations leurs prophètes leurs interdisent tout expansionnisme
de crainte de dilution. L’expérience historique nous apprend la
justesse de leurs prédications, tant de civilisations disparurent dans
la poubelle de l’histoire et les Enfants d’Israël, toujours vivants,
réapparaissent comme ressuscité à la face d’une humanité médusée
de tant de fidélité à un engagement pris par leurs ancêtres il y a
plus de trente-trois siècles.
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La tradition monothéiste est celle des Patriarches du désert
De la généalogie légendaire des trois patriarches : Abraham, Isaac
et Jacob, il ressort un fait essentiel ; la filiation du culte monothéiste
à travers les patriarches du désert. Ces personnages eurent des avertissements intérieurs, des révélations spirituelles sous formes de
songes où même de vision à l’état de veille, cela n’a rien de contraire
à la science ésotérique, ni aux lois psychiques universelles.
Ces patriarches eurent une vue profonde de la ­
spiritualité du
Seigneur-Dieu et des fins religieuses de l’humanité. Ils ­surpassèrent
les contingences de la cité par la hauteur morale et de largeur
­d’esprit qu’entraîne une vie errante et libre. Pour eux l’ordre sublime
du ciel fait régner dans l’univers se traduit dans l’ordre social en
culte ­familial, en respect pour leurs femmes, en amour pour leur
­progéniture, en protection pour toute la tribu, en h­ ospitalité envers
l’étranger. Leurs paroles comme leurs c­ omportements s’exercent en
équité. Ils p­ rofessent une autorité civilisatrice, respirent la m
­ ansuétude
et la paix.
Ainsi entre le Taureau ailé de Mésopotamie et le Sphinx
d’Égypte qui de loin observent le désert de l’existence de leur
peuple, entre la tyrannie écrasante et le mystère impénétrable
avance la tribu Hébraïque, elle évite sur son parcours jalonné
d’oasis les fêtes éhontées de Babylone, elle passe en se détournant devant les orgies de Moab, les horreurs de Sodome, l’égalité
sanglante de Gomorrhe et le culte monstrueux de Baal. Comme
un long ruban elle se préserve dans l’immensité du désert, sous
la brûlure du jour, sous la pourpre du couchant et sous le manteau
du crépuscule que domine le Chevaucheur des cieux. Hier comme
aujourd’hui ni les troupeaux, ni les femmes, ni les vieillards ne
connaissent le but de l’éternel voyage. Mais ils avancent lentement
mais sûrement guidés par les patriarches ; Moïse le leur dira.
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La révélation est aussi vieille que l’humanité consciente, elle
remonte dans la nuit des temps. Il suffit d’avoir jeté un coup
c’œil pénétrant dans les livres sacrés de la Perse, des Indes et de
l’Égypte, pour assurer que les idées mères de la doctrine ésotérique
en constituent le fond sacré, mais vivace. En elle se trouve l’âme
invisible, le principe générateur de ces grandes religions. Tous les
puissants initiateurs ont aperçu, en un moment de leur vie le rayonnement de la vérité centrale ; mais la lumière qu’ils en ont tirée
s’est brisée et fardée selon leur génie. Leur mission s’est colorée
selon le temps et les lieux. Dans l’épisode de Moïse, c’est le cas de
l’Égypte qui nous intéresse et ses divinités titulaires de la trilogie
d’Isis, d’Osiris et d’Horus avec les prêtres de Thèbes ; et celui
d’Aton couplé à son unique prêtre Akhenaton.
Le principe immatériel du Dieu Suprême constitue le dogme
essentiel du monothéisme et de l’unité de la nature ; la dualité mâle
et femelle sort de l’unité primitive. Les nombres sacrés c­ onstituent
le verbe éternel, le rythme et l’instrument Divin. Ils furent
­également connus par d’autres religions, mais, ils ne faisaient pas
naître le monde d’un acte instantané, d’un caprice de la Divinité.
Le monothéisme ésotérique d’Égypte ne sortit jamais des
s­anctuaires. Sa science sacrée resta le privilège d’une petite
­minorité. À l’époque relatée par l’Exode 13 siècles a.n.è, l’Asie
s’enfonçait dans le culte de la matière. L’Inde courait vers sa
décadence. En Mésopotamie, le peuple héroïque assassine ses
­
pontifes, égorge ses collèges de mages rançonne ses rois.
Le sacerdoce écrasé fut dès lors qu’un instrument de la tyrannie.
Le règne de cette dictature fut celui du Destin, force aveugle et
brutale. L’Égypte de la xixe dynastie, celle des Ramsès, d’odieux
despotes, devint ainsi le centre tyrannique de la suprématie
­universelle, œil formidable du Destin, toujours ouvert, guettant
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