
Evolution de la situation de 1888 à 1954 
De 1888 à 1914 la situation n'évolue pas. Après la première guerre mondiale la Marine 
française en Extrême-Orient est un peu délaissée. Les installations portuaires sont cédées à 
l'administration coloniale. A partir de 1930, la Marine nationale entreprend un programme de 
modernisation de la flotte en Extrême-Orient et des infrastructures terrestres. Une station 
destinée à accueillir des sous-marins est créée à l'arsenal de Saigon, à l'embouchure de 
l'arroyo Avalanche sur la rivière Saigon. Une nouvelle base navale est créée à Cam-Ranh dans 
une baie profonde abritée et accessible directement de l'océan ; mais au début de la seconde 
guerre mondiale, seulement un tiers des travaux est réalisé.  
Après la signature de l'armistice entre le gouvernement français et l'Allemagne en juin 1940, 
l'Indochine est seule face au Japon d'abord impérieux puis franchement agressif à partir des 
hostilités contre les États-Unis en décembre 1941. Jusqu'à la fin de 1944, sous l'autorité de 
son gouverneur général, l'amiral Decoux, elle est parvenue à se maintenir sous 
l'administration française et à sauvegarder sa souveraineté sans pour autant pouvoir s'opposer 
à la présence de l'armée japonaise, ce qui lui a d'ailleurs valu de violentes attaques de 
l'aviation et de la marine américaine. 
Le 9 mars 1945, après le refus formel par le gouverneur général de l'Indochine d'accepter de 
passer ses fonctionnaires et ses militaires sous "gestion de l'armée japonaise", ils sont faits 
prisonniers. Les résistances, souvent héroïques, succombent rapidement. Des petits groupes 
de rescapés prennent le maquis, traqués, ils seront presque tous décimés, certains au Laos 
tiendront jusqu'à la fin de la guerre. Au Tonkin, des troupes parviennent à se dégager, à se 
regrouper dans le Haut-Pays puis à se replier en Chine fin avril. Le bilan des pertes de 
militaires français, tués ou disparus, au lendemain du 9 mars s'élève à 6300 hommes. Les 
unités de la Marine nationale sont détruites. L'Indochine restera sous occupation nippone 
jusqu'à la reddition du Japon.  
Les accords obtenus à l'issue de la conférence de Postdam en Allemagne, qui a réuni les Etats 
unis d'Amérique, la Grande Bretagne et l'Union soviétique, précisent les accords de Yalta en 
même temps qu'elle adresse un ultimatum au Japon pour une capitulation sans condition. A 
cette occasion, les modalités de désarmement des troupes impériales sur le théâtre extrême-
oriental sont fixées. L'occupation de l'Indochine ainsi que le désarmement des forces 
japonaises qui y sont stationnées sont décidés par les trois grandes puissances. Cette mission 
est assurée, au nord du 16e parallèle, par les Chinois, et par les Britanniques au sud. Le 9 
septembre les troupes chinoises entrent au Tonkin, tandis que trois jours plus tard, les 
premiers éléments anglais débarquent en Cochinchine.  
Pendant cette période de mars à septembre 1945, le Viêt Minh, a tout loisir de s'armer et de 
développer son influence. Il déclenche l'insurrection générale en août 1945. Son chef Ho Chi 
Minh proclame le 2 septembre 1945 l’indépendance de la République démocratique du 
Vietnam. 
A l'automne 1945, la partie s'annonce donc serrée pour les deux principaux protagonistes. 
D'un côté, le Viêt Minh trouve en face de lui, la France et ses prétentions à se rétablir dans ses 
droits, la Chine, espérant bien tirer quelque profit de la situation, ainsi que divers mouvements 
nationalistes farouchement anticommunistes. La France tente de reprendre le contrôle de la 
situation en réorganisant l'Indochine sous la forme d'une fédération d'États associés de l'Union 
française. Bao Daï, empereur d'Annam, proclame l'abolition du protectorat français.