Marine Indochine
Présence française en Indochine
Conquête de l'Indochine
Les origines de la conquête française dans la péninsule indochinoise remonte aux
implantations françaises sous l'ancien régime. Elle est véritablement lancée par Napoléon
III sous le Second Empire et systématisée par Jules Ferry sous la Troisième République.
Depuis 1860, la France s'est lancée dans une politique active de colonisation en Extrême-
Orient.
En août 1858, le vice-amiral Rigault de Genouilly, commandant en chef du corps
expéditionnaire dans les mers de Chine, fait mouiller son escadre devant Tourane, port de
l'Annam. Deux jours plus tard, un ultimatum est adressé à l'empereur Tu-Duc, mais demeure
sans réponse. L'amiral décide alors d'attaquer la Basse-Cochinchine, grenier à riz du royaume.
En février 1859, il parvient à prendre Saigon. Le contre-amiral Page succède au vice-amiral
Rigault. La Marine française maintient une unité d'infanterie pour protéger la ville de Saigon
qui est déclaré port franc. Pendant près d'un an, la ville subit les assauts répétés de l'armée
annamite, jusqu'à l'arrivée providentielle de l'expédition Charner. Le vice-amiral Charner et
son escadre arrivent à Saigon en février 1861, après avoir conquis des territoires en Chine. En
deux mois, avec 3000 hommes, la Marine française, conquit les provinces de Saigon et de
Mytho.
Dès 1862, un premier traité de Saigon signé avec l'empereur d'Annam reconnait la souveraineté
des Français sur les provinces du Sud, qui forment la colonie de Cochinchine.
Expédition du Tonkin
Les incursions des "Pavillons Noirs", pirates chinois utilisés par l'Annam comme soldats
irréguliers, gênent cependant la colonie française et, en 1873, l'explorateur Francis Garnier est
envoyé en mission pour garantir les voies de passage du commerce français. En novembre, il
s'empare de la citadelle du représentant de l'empereur à Hanoï et poursuit sa conquête
du Tonkin ; il est tué le mois suivant lors d'une embuscade.
Le 15 mars 1874, le "Traité Philastre" établit sur l'Annam un protectorat français aux termes
assez flous, tout en reconnaissant la souveraineté de l'Annam sur le Tonkin et en restituant les
territoires conquis par Garnier. Mais le refus de la Chine de reconnaître le traité entraîne par la
suite la guerre franco-chinoise. Bien qu'un deuxième traité de Saigon signé en 1874 ouvre
le Fleuve Rouge à la libre circulation, les "Pavillons Noirs" harcèlent les navires de commerce
français au début des années 1880. La prise de la ville de Hanoï en 1882 par le capitaine de
vaisseau Henri Rivière, à la tête de 700 hommes et de trois canonnières, contraint l'empereur
du Viêt-Nam à accepter le protectorat de la France qui est signé en 1884.
En 1887 est fondé un gouvernement général de l'union indochinoise. L'Indochine comprend
alors cinq pays distincts : une colonie, la Cochinchine dont la capitale est Saigon, et quatre
pays de protectorat : le Tonkin, capitale à Hanoï, l'Annam, capitale à Hué, le Cambodge,
capitale à Phnom-Penh, et le Laos, capitale à Vientiane.
Evolution de la situation de 1888 à 1954
De 1888 à 1914 la situation n'évolue pas. Après la première guerre mondiale la Marine
française en Extrême-Orient est un peu délaissée. Les installations portuaires sont cédées à
l'administration coloniale. A partir de 1930, la Marine nationale entreprend un programme de
modernisation de la flotte en Extrême-Orient et des infrastructures terrestres. Une station
destinée à accueillir des sous-marins est créée à l'arsenal de Saigon, à l'embouchure de
l'arroyo Avalanche sur la rivière Saigon. Une nouvelle base navale est créée à Cam-Ranh dans
une baie profonde abritée et accessible directement de l'océan ; mais au début de la seconde
guerre mondiale, seulement un tiers des travaux est réalisé.
Après la signature de l'armistice entre le gouvernement français et l'Allemagne en juin 1940,
l'Indochine est seule face au Japon d'abord impérieux puis franchement agressif à partir des
hostilités contre les États-Unis en décembre 1941. Jusqu'à la fin de 1944, sous l'autorité de
son gouverneur général, l'amiral Decoux, elle est parvenue à se maintenir sous
l'administration française et à sauvegarder sa souveraineté sans pour autant pouvoir s'opposer
à la présence de l'armée japonaise, ce qui lui a d'ailleurs valu de violentes attaques de
l'aviation et de la marine américaine.
Le 9 mars 1945, après le refus formel par le gouverneur général de l'Indochine d'accepter de
passer ses fonctionnaires et ses militaires sous "gestion de l'armée japonaise", ils sont faits
prisonniers. Les résistances, souvent héroïques, succombent rapidement. Des petits groupes
de rescapés prennent le maquis, traqués, ils seront presque tous décimés, certains au Laos
tiendront jusqu'à la fin de la guerre. Au Tonkin, des troupes parviennent à se dégager, à se
regrouper dans le Haut-Pays puis à se replier en Chine fin avril. Le bilan des pertes de
militaires français, tués ou disparus, au lendemain du 9 mars s'élève à 6300 hommes. Les
unités de la Marine nationale sont détruites. L'Indochine restera sous occupation nippone
jusqu'à la reddition du Japon.
Les accords obtenus à l'issue de la conférence de Postdam en Allemagne, qui a réuni les Etats
unis d'Amérique, la Grande Bretagne et l'Union soviétique, précisent les accords de Yalta en
même temps qu'elle adresse un ultimatum au Japon pour une capitulation sans condition. A
cette occasion, les modalités de désarmement des troupes impériales sur le théâtre extrême-
oriental sont fixées. L'occupation de l'Indochine ainsi que le désarmement des forces
japonaises qui y sont stationnées sont décidés par les trois grandes puissances. Cette mission
est assurée, au nord du 16e parallèle, par les Chinois, et par les Britanniques au sud. Le 9
septembre les troupes chinoises entrent au Tonkin, tandis que trois jours plus tard, les
premiers éléments anglais débarquent en Cochinchine.
Pendant cette période de mars à septembre 1945, le Viêt Minh, a tout loisir de s'armer et de
développer son influence. Il déclenche l'insurrection générale en août 1945. Son chef Ho Chi
Minh proclame le 2 septembre 1945 l’indépendance de la République démocratique du
Vietnam.
A l'automne 1945, la partie s'annonce donc serrée pour les deux principaux protagonistes.
D'un côté, le Viêt Minh trouve en face de lui, la France et ses prétentions à se rétablir dans ses
droits, la Chine, espérant bien tirer quelque profit de la situation, ainsi que divers mouvements
nationalistes farouchement anticommunistes. La France tente de reprendre le contrôle de la
situation en réorganisant l'Indochine sous la forme d'une fédération d'États associés de l'Union
française. Bao D, empereur d'Annam, proclame l'abolition du protectorat français.
En octobre 1945, le "Corps expéditionnaire français d'Extrême-Orient" (CEFEO),
comprenant aussi la "Brigade Marine d'Extrême-Orient" (BMEO), débarque à Saigon.
Débute alors une guerre entre les forces armées françaises et le Viêt Minh qui durera jusqu'au
cessez-le feu de mai 1954.
La Marine nationale va renforcer la "Force navale d'Extrême-Orient" qui prendra part aux
combats. Des "Forces amphibie d'Indochine" sont créées pour transporter par voies fluviales
les forces armées terrestres déployées sur tout le territoire de l'Indochine. "Marine Indochine"
apporte son concours à toutes ces unités combattantes pendant durant le conflit.
Marine Indochine
Organisation
A terre, le commandement de la "Marine Indochine" est confié à un contre-amiral, qui
dispose de son état-major à Saigon. Il commande aussi la "Division navale d'Indochine". Il
est subordonné au Gouverneur général de la colonie qui réside dans la capitale du Tonkin à
Hanoï. Le commandant de la Marine a autorité sur la "Base navale de Saigon", avec ses
composantes : la "Caserne Francis Garnier" où est logée la" Compagnie de protection" (ou
"Unité Marine"), l'arsenal maritime, la pyrotechnie, les parcs à combustible, les batteries de
côte, les sémaphores, et sur la "Base navale d'Haiphong".
Saigon - Caserne Francis Garnier de la Marine nationale
La "Division navale d'Indochine" se compose d'avisos, de canonnières fluviales et de
bâtiments hydrographiques. Cette division est chargée d'assurer la protection du port de
Saigon, la défense du littoral et les fleuves indochinois, la sécurité de la route maritime
Haiphong-Saigon, avec l'appui des bâtiments de la "Force Navale d'Extrême-Orient"
(FNEO), (précédemment nommée "Division navale d'Extrême-Orient", puis" Escadre
française d'Extrême-Orient"). L'action du commandant de "Marine Indochine" s'étend au
Golfe du Tonkin, et l'Ile d'Hainan, sur les côtes et les fleuves de l'Annam, de la Cochinchine
et du Cambodge, et sur le golfe de Siam.
Les bases navales en Indochine
Les bases navales, implantées dans les principaux ports en Indochine et au Cambodge, sont
les supports techniques et opérationnels des forces navales et aéronavales déployées en
Extrême Orient.
L'Etat Vietnamien prend possession des infrastructures de la Marine française en Indochine au
nord du 17e parallèle en 1954, et au sud en 1956.
Base navale de Saigon
Les infrastructures de la base navale de Saigon et de son arsenal maritime sont réalisées dès
1875. Elles comprennent à Saigon : la "Caserne Francis Garnier", les bâtiments de l'état-
major, les quais et les appontements dans rivière Saigon pour l'amarrage des bâtiments de "la
Force navale d'Extrême-Orient" et ceux de la "Division navale d'Indochine", les bassins de
radoub, les ateliers et les magasins de l'arsenal. Le point d'appui de la flotte et les batteries de
côte sont installés au Cap Saint-Jacques, à l'embouchure du fleuve Song Dong Naï (plus
connu sous le nom de Donnaï). Une pyrotechnie est aménagée à Thah-Tuy-Ha dans un coude
du Donnaï.
Caserne Francis Garnier - Etat-Major Marine nationale
En 1936 une station de sous-marins est aménagée dans l'arsenal maritime de Saigon. En 1939,
y sont stationnés les sous-marins de 1500 tonnes "Phénix" et "Espoir".En 1939, la "Force
navale d'Extrême-Orient" y été stationnée. Elle comprend : le croiseur léger "La Motte-
Piquet", le croiseur lourd "Primauguet", les avisos coloniaux "Amiral-Charner", "Rigault-
de-Genouilly", "Dumont-d'Urville", "Savorgnan-de-Braza", les avisos anciens "Marne" et
"Tahure", les canonnières fluviales" "de Chine" et "d'Indochine", les bâtiments de la station
hydrographique "La Pérouse", "l'Octant" et "l'Astrolabe", les canonnières "My Tho",
"Tourane", "Francis Garnier" et "Song Do", et les chasseurs de sous-marins CH-45 et CH-
46.
1 / 12 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !