La flore et les végétations en basse vallée de la Saâne : quelles évolutions? (Conservatoire
botanique national de Bailleul/J. Buchet)
Objectif : avoir un état initial auquel de référer dans le cadre du suivi de l’évolution de la flore et des
végétations face au changement climatique et à l’élévation du niveau marin.
Méthodologie :
Pour la flore :
Inventaire de l’ensemble des espèces végétales rencontrées au sein du périmètre d’étude (220
hectares).
Cartographie précise des espèces les plus rares et/ou menacées au niveau régional.
Cartographie précise des espèces des milieux salés.
Pour les végétations :
Inventaire et cartographie des communautés végétales (végétations) rencontrées au sein du
périmètre d’étude (220 hectares).
Résultats :
2 ans de prospections
Pour les végétations (brève présentation) :
39 communautés végétales ont été répertoriées sur le site. Elles se répartissent selon un gradient de
salinité, la durée d’inondation hivernale et la richesse en éléments nutritifs du sol.
Certaines végétations rencontrées sont rares au niveau régional. Celles-ci sont pour la majorité des
végétations liées aux milieux salés.
Pour la flore :
232 espèces végétales ont été répertoriées sur le site.
35 sont dites « d’intérêt patrimonial », 8 sont menacées à divers degrés en Haute-Normandie,
Aucune n’est protégée réglementairement.
La majorité de ces espèces d’intérêt patrimonial sont des espèces liées aux milieux salées.
Figure 1 : Nombre d’espèces inventoriées par niveau de menace régional.
Importance régionale : l’importance de la basse vallée de la Saâne pour ces espèces liées aux milieux
salées est mise en évidence par l’analyse des cartes régionales de répartition. Il apparaît en effet que
celle-ci est souvent l’une des rares sinon la seule basse vallée du littoral cauchois à accueillir ces
espèces. La basse vallée de la Saâne constitue à ce titre un site relais entre l’estuaire de la Seine et
la baie de Somme.
Figure 2 : Illustration de l’importance de la vallée de la Saâne au niveau régional
Obione faux-pourpier Halimione portulacoides
Répartition sur le site : la majorité des espèces d’intérêt patrimonial étant liées aux milieux salés, on
observe une forte concentration de celles-ci dans la partie aval du périmètre d’étude ou l’effet du sel
se fait sentir. Plus en amont, les prairies souvent eutrophes sont globalement peu favorables à la
présence d’espèce d’intérêt patrimonial.
Figure 3 : Aperçu de la carte des espèces d’intérêt patrimonial
Évolution de la flore/Analyse historique sur le site
Les données floristiques les plus anciennes connues datent de 1972. Depuis, plusieurs inventaires
plus ou moins complets ont été réalisés sur le site (inventaire des ZNIEFF, atlas de la flore sauvage de
Haute-Normandie, étude SOGREAH). L’analyse comparative des résultats de ces inventaires mettent
en évidence une progression des espèces des milieux salés (espèces halophiles et sub-halophiles),
tant du point de vue du nombre d’espèces observées que de leur répartition sur le site. Cette
évolution est plus particulièrement marquée entre 2009 et 2012-2013 (clapet hors d’usage).
Figure 4 : Progression du nombre d’espèces halophiles et sub-halophiles observées entre 1972 et 2013
Figure 5 : évolution spatiale des espèces halophiles et sub-halophiles entre 2008-2009 et 2012-2013
2008-2009
2012-2013
Une flore et des végétations caractéristiques des estuaires ?
Malgré le constat d’une progression des espèces des milieux salés, le cortège des espèces
caractéristiques des milieux estuariens est encore incomplet. Les communautés végétales typiques
des milieux estuariens sont tout aussi rares et encore mal structurées.
Cette faible structuration de la flore et des végétations estuariennes implique une faible
fonctionnalité éco-systémique.
Comment prévoir l’évolution de la flore et des végétations face au changement climatique ?
Avec l’élévation du niveau de la mer, la progression des espèces et des végétations des milieux salés
est pressentie dans la basse vallée de la Saâne.
Les résultats des inventaires présentés ici constituent un état initial précis de la flore et des
végétations de la basse vallée auquel se référencer dans l’avenir. La flore fournira des indicateurs de
suivi précieux pour suivre cette évolution (apparition d’espèces ou de végétations caractéristiques
des estuaires, évolution de leur répartition spatiale…).
Prédire l’évolution de la flore et des végétations de la basse vallée de la Saâne est un exercice
complexe.
Les scenarios d’évolution restent à élaborer et seront proposés en juin 2014. Le croisement des
exigences écologiques des espèces et des végétations, en lien avec la topographie fine du fond de
vallée et les projections d’élévation du niveau de la mer devraient nous permettre d’élaborer ces
scenarios.
Si la progression vers l’intérieur des terres des espèces et des communautés végétales est attendue,
l’étendue même de cette progression sera le plus difficile à estimer. La tendance est connue,
l’ampleur reste à définir.
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