kiux CAHIER thématique Quels sont les effets de la crise de 2008 sur l’économie grenobloise ? Telle est la question structurante de ce premier cahier économie-emploi. Ce portrait du territoire analyse les composantes du « modèle économique grenoblois » à l’échelle de la zone d’emploi (plus large que l’agglomération) qui est celle où se jouent les phénomènes économiques. Puis sont analysées, secteur par secteur, les évolutions économiques de l’emploi depuis la crise. L’exercice est rendu délicat par la faible disponibilité des données : les approfondissements ne sont pas toujours possibles, les mises en perspectives dans le temps souvent limitées. Pour autant il est loin d’être inutile, car il permet de poser la première pierre d’un dispositif d’observation qui pourra donner lieu à des études plus approfondies. En outre, et c’est une première sur ce thème, les analyses ont été conduites par un groupe partenarial, dans le cadre du réseau des observatoires de l’agglomération grenobloise (OBS’Y). Les débats ont été riches et intenses, justifiant pleinement l’exercice. préambule Ces précautions méthodologiques étant apportées, on peut d’ores et déjà tirer quelques grands enseignements : le modèle grenoblois, fortement appuyé sur la recherche et l’industrie, a subi la crise de plein fouet, notamment en raison de son exposition internationale. Certains secteurs résistent mieux que d’autres et les marges d’évolution semblent se situer dans des secteurs moins développés jusque-là, comme l’économie présentielle ou celle du service. L’emploi a subi les conséquences de ces baisses d’activité et, comme toujours, les premières touchées sont les personnes les plus vulnérables : les moins diplômés, ceux qui sont au chômage depuis plus d’un an, ceux qui sont déjà dans la précarité. Comme cela est également détaillé dans le cahier « précarité revenus » : c’est pour les plus pauvres que la crise a été la plus dure. Espoir récent : ici comme ailleurs en France, le chômage des jeunes a reculé ces derniers mois. Si le tableau ici dressé est plutôt sombre, il mérite d’être regardé dans les détails qui constituent autant d’indicateurs à approfondir dans le cadre de prochaines analyses. Elles permettront de mieux éclairer la compréhension des tendances à l’œuvre sur un territoire qui n’est évidemment pas borné à ses limites institutionnelles. sommaire cahier thématique économie emploi page4 économie emploi PARTIE 1 Portrait économique du territoire La zone d’emploi, un périmètre pertinent pour l’analyse économique Une économie tournée vers la fabrication et la conception-recherche Zoom : l’économie grenobloise : un modèle technopolitain construit sur une base industrielle forte et de nombreux emplois publics Zoom : une industrie grenobloise très internationalisée page10 PARTIE 2 La dynamique économique grenobloise ébranlée par la crise de 2008 Un secteur productif très important L’ emploi productif grenoblois (ZE) a subi la crise de plein fouet Des activités productives résistent, d’autres plongent Zoom : un emploi industriel qualifié et très lié aux microtechnologies Economie présentielle : des marges de manœuvre Les activités résidentielles qui résistent et les autres (2009 – 2011) Zoom / Economie Sociale et Solidaire (ESS) : un secteur dynamique, encore très typé dans ses formes et métiers Zoom / Commerce : des grandes surfaces toujours très présentes Zoom Foncier : des disponibilités de plus en plus rares dans l’agglomération Un faible dynamisme dans la création d’entreprises ... et des défaillances toujours nombreuses page24 PARTIE 3 Population active et marché du travail Une population active plus âgée et plus qualifiée, mais moins nombreuse Une hausse récente des projets de recrutement tirée par le secteur des services Des licenciements en augmentation en 2013 page28-29 Point de vue d’expert PAGE30 2 cahier thématique Conclusion cahier thématique économie emploi Partie 1 Portrait économique du territoire Ce premier chapitre dresse un portrait macro-économique de la zone d’emploi de Grenoble, en 2014. Les données sont présentées principalement à cette échelle, celle où se jouent les phénomènes économiques, avec quelques encarts sur la situation de l’agglomération grenobloise. Ce portrait, statistique, est mis en perspective dans la suite du cahier, au regard de l’impact de la crise de 2008 tant sur l’économie (chapitre 2) que sur l’emploi (chapitre 3). La zone d’emploi, un périmètre pertinent pour l’analyse économique Région Rhône-Alpes définition Selon l’Insee, une zone d’em- par Zone d'Emploi Région Rhône-Alpes par Zone d’emploi (ZE) ploi est un espace géographique dans lequel la plupart des actifs résident et travaillent et où les entreprises trouvent l’essentiel de la main d’œuvre dont elles ont besoin. Ainsi 94 % des actifs résidant dans la ZE de Grenoble y travaillent. Métro 344 000 emplois Limite départementale Limite EPCI Réalisation : AURG 2014 Source : IGN GEOFLA®, INSEE 2011 218 500 emplois Zone d'Emploi de GRENOBLE La zone d’emploi de Grenoble recouvre deux zones territoriales emploi-formation - ZTEF : bassin grenoblois (La Métro, Le Grésivaudan, Alpes Sud Isère et Royans Vercors : 273 500 emplois) - ZTEF centre-Isère (Voironnais, Chartreuse et Sud-Grésivaudan : 50 700 emplois), selon le découpage défini par l’Etat et la Région Rhône-Alpes dans le cadre de leur politique concertée sur ces thèmes. Partie 1 Portrait économique Partie 2 Dynamique économique 344 000 emplois dont 2/3 dans l’agglomération grenobloise Partie 3 Population active… 3 cahier thématique économie emploi Partie 1 Portrait économique du territoire Emploi total en 2010 Emploi total ZE Emploi total agglomération Population agglomération 673 500 Lyon 1 296 200 418 800 Toulouse 704 400 528 000 386 200 Bordeaux 721 500 448 800 320 000 Nantes 587 500 820 000 607 400 344 000 218 500 Grenoble 432 900 409 800 341 400 236 600 Rennes 329 300 230 200 Rouen 486 300 277 900 246 500 Strasbourg 468 200 199 700 Montpellier 417 700 167 100 St-Etienne 388 500 236 500 212 600 Nice 212 800 139 100 Nancy 161 600 181 600 Aix-en-Provence 255 200 244 300 538 300 257 000 380 500 Source : INSEE - RP 2010 en clair Comparaison au sein du panel Baro’metro : toutes les productions de l’OBS’Y appuient leurs comparaisons entre agglomérations sur un panel d’agglomérations de taille et enjeux similaires, celui de l’outil Baro’Métro, auquel a été rajouté ici Lyon comme capitale régionale. Une croissance de l’emploi sur Grenoble-Alpes Métropole moindre qu’ailleurs Avec 218 500 emplois en 2010, l’agglomération grenobloise concentre 2/3 des emplois de la zone d’emploi de Grenoble et près de 10 % des emplois régionaux. Ces 10 dernières années, le volume d’emplois a augmenté de 11,6 %, soit moins fortement qu’à l’échelle nationale (+13.3 %), régionale (+14.9 %) ou de la zone d’emploi (+15.1 %). Une explication est à rechercher dans la faible évolution démographique du territoire sur cette période. 4 Sans être capitale régionale, Grenoble est dans le top 5 des zones d’emploi comparées, en nombre d’emplois. Elle partage avec Nancy la plus faible part d’emplois situés sur le territoire de l’EPCI, signe du décalage entre le périmètre institutionnel (à 49 communes) et le périmètre économique. définition Fonction : une approche transversale aux activités Conçue par l’INSEE, l’analyse fonctionnelle de l’emploi caractérise un territoire à partir de la fonction exercée par un individu. 15 fonctions illustrent des regroupements de professions et catégories socio-professionnelles (PCS). Certaines interviennent dans les différentes étapes de la production, d’autres recouvrent les services à la population. Les fonctions exercées sont transversales par rapport aux secteurs d’activité et au statut (indépendant ou salarié, public ou privé). Elles peuvent associer plusieurs niveaux de qualification (un ingénieur de fabrication et un ouvrier, par exemple). Une économie tournée vers la fabrication et la conception-recherche On distingue quatre grandes catégories de fonctions : • les fonctions métropolitaines (rayonnement et attractivité) ; • les fonctions de production concrète (dont fabrication) ; • les fonctions présentielles ; • les fonctions transversales. le fruit de l’histoire du territoire mais aussi d’une dynamique de renouvellement par l’innovation. 31 000 de ces emplois sont situés sur le territoire de l’agglomération grenobloise, soit près de 14 % de l’emploi total de l’agglomération, avec de grands industriels comme Schneider, Biomérieux, Becton Dickinson, A-Raymond, HP, Air Liquide... > Des fonctions présentielles moins importantes qu’ailleurs avec 4 emplois sur 10 Avec 136 600 emplois dans l’administration publique, l’éducation, la santé, l’action sociale, le commerce et les services de proximité, Grenoble se situe au 8e rang seulement, bien que ces fonctions représentent le plus d’emplois. Le modèle très industriel de l’économie grenobloise a moins développé ces emplois hors des sphères publiques. Principalement situés dans l’agglomération grenobloise, ils y occupent 2 habitants sur 5. Pour chacune d’elles, comparée au panel Baro’ métro, l’économie locale montre plusieurs particularités. > Une surreprésentation des fonctions métropolitaines par près de 3 emplois sur 10 Avec 100 800 emplois, Grenoble se classe au 5e rang, derrière Lyon, Aix, Toulouse et Strasbourg, et fait valoir une forte spécialisation dans la conception-recherche (6,3 % de l’emploi total). Ces emplois à l’impulsion de l’innovation, sont concentrés sur le territoire de l’agglomération grenobloise. avec la présence d’entreprises leader (Schneider Electric, ST...) et d’équipements internationaux (Synchrotron...). > Une sous-représentation des fonctions transversales (13 % de l’emploi de la ZE, 11e rang) La faible présence d’emplois de transport-logistique explique cette situation, due au manque d’espace et de foncier dans la « cuvette grenobloise », mais aussi à la proximité de la plus grande plate-forme logistique française, dans le NordIsère. Cette tendance est accentuée sur le territoire de l’agglomération grenobloise, avec une carence plus marquée dans le transport de marchandises. > Une part élevée des fonctions de production concrète et notamment de la fabrication par 1 emploi sur 10, voir partie 2. Avec 34 660 emplois dans la production de biens matériels ou d’énergie, Grenoble se situe au 3e rang derrière Saint-Etienne et Rouen. Cette position forte est présentielles de production concrète 6% 6% Transports, logistique 7% 7% 1% 0% Agriculture Entretien, réparation 6% 6% 8% Fabrication 6% 6% Education, formation 7% 7% Distribution Bâtiment, travaux publics 10 % 10 % 9% Administration publique 9% 10 % Santé, action sociale Services de proximité 2% 2% 4% 4% 4% 5% métropolitaines Culture, loisirs Gestion Fonctions : 9% 8% Zone d’emploi Grenoble hors Métro Commerce inter-entreprises CA Grenoble-Alpes Métropole 2014 Prestations intellectuelles Moyenne des zones d’emploi 8% Zone d’emploi de Grenoble 6% Conception, recherche 12 % 14 % 3 emplois sur 10 dans les fonctions métropolitaines transversales Source : INSEE 2010 Partie 1 Portrait économique Partie 2 Dynamique économique Partie 3 Population active… 5 cahier thématique économie emploi Partie 1 Portrait économique du territoire L’économie grenobloise : zoom sur un modèle technopolitain construit sur une base industrielle forte et de nombreux emplois publics définition La théorie de la base, utilisée pour l’analyse suivante, distingue > la base productive, créatrice de richesses, composée des revenus productifs, à savoir des salaires, bénéfices industriels et commerciaux, bénéfices non commerciaux et agricoles des actifs qui travaillent dans des secteurs d’activité « exportateurs » ; > la base résidentielle, qui comprend l’ensemble des revenus qu’un territoire capte à l’extérieur grâce à son offre territoriale et à son attractivité résidentielle : les retraites, les revenus des « navetteurs » (actifs occupés qui habitent dans le territoire mais travaillent à l’extérieur), les dépenses des touristes. > la base publique, financée par les mécanismes de redistribution principalement nationaux, composée des salaires des actifs résidant sur le territoire et travaillant dans la fonction publique d’État, Territoriale et Hospitalière. > la base sociale et sanitaire, qui comprend l’ensemble des revenus de transfert et les remboursements de soin de santé de la sécurité sociale. 6 L’économie de l’agglomération grenobloise est qualifiée selon la théorie de la base de « productivo-publique » : elle s’appuie sur une base industrielle forte et de nombreux emplois publics (administrations, hôpitaux, universités, centres de recherche). L’interpénétration de ces deux champs constitue le modèle technopolitain vers lequel l’agglomération a orienté l’essentiel de son développement à ce jour. En comparaison à d’autres agglomérations, la métropole grenobloise présente une double particularité: > sa base «résidentielle» est essentiellement composée des pensions de retraite au détriment des composantes « tourisme » et « dortoir » (les personnes qui vivent sur le territoire sans y travailler).Les « navetteurs » y sont plus rares qu’ailleurs et la base résidentielle représente un important potentiel de croissance. > sa base publique est surreprésentée par rapport aux territoires voisins et à d’autres agglomérations : c’est à la fois la concentration des services publics et leur nombre (qui la classe dans la catégorie des capitales régionales) qui sont notables. Par ailleurs, le bon niveau de dynamisme technopolitain de l’agglomération (attraction et proportion de cadres supérieurs) ne se traduit pas en termes de dynamiques urbaines (accroissement de la population et des revenus). Source : Portier (O) 2012, Analyse des moteurs du développement des agglomérations du Pôle Métropolitain du Sillon Alpin Talandier (M), 2013. Les ressorts territoriaux de l’économie de la connaissance : le cas grenoblois. Rapport de recherche POPSU, remis au Puca en juillet 2013. Davezies (L), Talandier (M), 2013, L’émergence des systèmes territoriaux productivo-résidentiels en France, La documentation française, sous presse. zoom sur Une industrie grenobloise très internationalisée À Grenoble, 43 % de l’emploi industriel est sous pavillon étranger contre 34 % en Rhône-Alpes et 25 % en France. Les Américains sont les premiers investisseurs, suivis par les Allemands et les Britanniques. Caterpillar, BD et Hewlett Packard se sont implantés dans les années 60 et 70. Parmi les premiers employeurs de la région grenobloise, dotées de fortes capacités d’exportation et par leurs investissements en matériel ou en recherche-développement, ces entreprises à capitaux étrangers jouent un rôle moteur dans l’économie locale, tout en l’exposant aux aléas conjoncturels de la concurrence internationale. Les deux principaux employeurs de l’économie productive situés sur le territoire du sud grenoblois, Arkema et Avery Dennison, comptent moins de 400 emplois. ZE Grenoble : principaux employeurs de l’économie productive Source : Carnet de l’Isère n°5, « Les entreprises à capitaux étrangers », AEPI 2012 Entreprise Nationalité Activités Tranche d’effectifs STMICROELECTRONICS France/Italie Microélectronique 6 000-7 000 SCHNEIDER ELECTRIC CEA CATERPILLAR CNRS HP BD CAPGEMINI/SOGETI SOITEC ALSTOM HYDRO A.RAYMOND ATOS France France USA France USA USA France France France France France Gestion de l'énergie Recherche-développement Engins de travaux publics Recherche-développement Informatique Technologies médicales Informatique Microélectronique Turbines hydroélectriques Fixations par clippage Informatique 5 000-6 000 2 000-3 000 2 000-3 000 1 500-2 000 1 500-2 000 1 500-2 000 1 000-1 500 900-1 000 800-900 800-900 600-700 AIR LIQUIDE France Gaz industriels 600-700 ROCHE DIAGNOSTICS Suisse Diagnostic médical 600-700 ESRF Europe Recherche-développement 600-700 SIEMENS T&D Allemagne Matériel électrique 500-600 FT / ORANGE MEYLAN France Télécommunications 500-600 VENCOREX Thaïlande/Suède Chimie 500-600 SOFRADIR France Détecteurs infrarouges 500-600 ROLLS ROYCE CIVIL NUCLEAR Royaume-Uni Equipements de contrôle nucléaire 500-600 Source : AEPI (effectif >500 salariés au 01/01/2013) Partie 1 Portrait économique Partie 2 Dynamique économique Partie 3 Population active… 7 cahier thématique économie emploi Partie 1 Portrait économique du territoire Une forte concentration de l’emploi à Grenoble Cadres métropolitains essentiellement dans la ville centre et la vallée du Grésivaudan Les cadres métropolitains travaillent essentiellement dans la ville centre et le début de la vallée du Grésivaudan La ville de Grenoble concentre 40 à 45% Réalisation : AURG 2014 Sources : IGN GEOFLA®, INSEE RP 2010 de l’emploi total de l’agglomération 8 Total des emplois et part des cadres des fonctions métropolitaines Nombre 92 500 Cadres métropolitains Hors cadres métropolitains 20 000 3 000 100 Près de 9 actifs sur 10 habitent et travaillent dans l’agglomération grenobloise 217 400 emplois ENTRANTS +/- 54 800 personnes STABLES +/- 162 700 personnes SORTANTS +/- 21 500 personnes 184 200 actifs occupés Source : INSEE 2010 L’emploi se situe davantage dans le centre, en diffus, que dans les zones d’activité Réalisation : AURG 2014 Sources : IGN GEOFLA®, INSEE RP 2010, SIRENE 2010 > Près de 162 700 actifs travaillent et habitent dans l’agglomération (9 actifs résidents sur 10), > près de 76 300 pendulaires entrent et sortent quotidiennement du territoire de l’agglomération pour un motif travail > un quart des emplois sur le périmètre de l’agglomération est assuré par des actifs qui résident à l’extérieur (près de 54 800 « entrants1»), > 1 actif résident sur 10 quitte quotidiennement l’agglomération pour rejoindre un lieu de travail extérieur (près de 21 500 « sortants2»), > ces flux domicile-travail concernent particulièrement les territoires du Voironnais et du Grésivaudan (respectivement 31 et 42 % des actifs résidents de chaque secteur travaillent au sein de l’agglomération). Les échanges sont plus limités avec les agglomérations régionales voisines (400 « sortants » estimés pour l’agglomération lyonnaise et près de 600 pour l’agglomération Chambérienne), > la ville de Grenoble est un pôle d’emploi extrêmement attractif (40 à 45 % de l’emploi total de la Métro), auprès de ses actifs résidents (plus d’un actif résident sur deux habite et travaille à Grenoble) ainsi que de l’ensemble de la Métro > plus d’un pendulaire sur deux est cadre ou profession intermédiaire : l’arbitrage, pour chaque ménage, entre un logement plus spacieux, des trajets quotidiens coûteux, voire la possibilité d’une double activité au sein du couple, a une composante budgétaire importante qui exclut la plupart des catégories populaires. Densité du nombre d'emplois par Hectare 1 000 500 250 100 50 25 5 1 Entrants : actifs non-résidents venant travailler quotidiennement dans l’agglomération 2 Sortants : actifs résidents de la Métro, mais travaillant en dehors du territoire Partie 1 Portrait économique Partie 2 Dynamique économique Partie 3 Population active… 9 cahier thématique économie emploi Partie 2 La dynamique économique grenobloise ébranlée par la crise de 2008 A un échelon local, selon leur structure économique, la crise n’affecte pas tous les territoires avec la même intensité. Ainsi un territoire très industriel comme le territoire grenoblois a directement subi les effets de la crise économique et financière mondiale débutée en 2008. Les biens et services exportés sont en effet particulièrement exposés à la concurrence internationale. Un secteur productif très important un poids élevé de l’industrie Avec près de 4 salariés sur 10 dans l’industrie et les services aux entreprises, la zone d’emploi de Grenoble est l’une des plus productives, au même titre que celles de Lyon, de Toulouse ou d’Aix-enProvence. Sa spécificité réside dans la part élevée de l’industrie (16 %, hors services), juste derrière Saint-Etienne (18 %) et devant Rouen (14 %). Dans un contexte national de désindustrialisation, l’industrie grenobloise a bien résisté dans les années 90 et jusqu’en 2008 : les nombreuses créations d’emplois dans la microélectronique et le matériel médical ont compensé les baisses d’emplois dans les secteurs historiques (métallurgie, papèterie, chimie, matériel électrique). Des services aux entreprises moins présents que dans d’autres agglomérations, mais dans la moyenne nationale En comparaison à Lyon, Toulouse, Aix, Montpellier, Nantes ou Strasbourg, les services aux entreprises (hors intérim) sont relativement moins présents à Grenoble, avec 20 % de l’emploi salarié, comme ailleurs en France. Ce type d’activités se concentre dans les grandes métropoles régionales pour bénéficier d’un vaste marché et de la proximité des sièges sociaux et des centres de décision. 4 emplois sur 10 dans le secteur productif 1% 16 % Energie Industrie Zone d'emploi de Grenoble : emploi salarié privé et public par activités en 2013 40 % 46 % PRODUCTIF Services à la population 20 % Services aux entreprises hors intérim 60 % RESIDENTIEL 2% Intérim 6% Construction 9% Commerce de détail Source : INSEE, URSSAF, AEPI 10 L’emploi productif grenoblois a subi la crise de plein fouet Par son économie encore très industrielle, la zone d’emploi de Grenoble a été plus exposée à la crise que d’autres. En 2013, elle compte 117 100 emplois productifs. Depuis 2008, elle a perdu 9 600 emplois en cumulant déclin industriel (-6 100 emplois), baisse significative du travail temporaire (-3 850 emplois) et atonie des services aux entreprises (+350 emplois). Les zones d’emploi de Rouen, Nice et Saint-Etienne ont été touchées davantage, pendant que Toulouse profitait du boom de l’aéronautique. Aix, Nantes, Bordeaux et Montpellier et Lyon ont également plutôt bien tiré leur épingle du jeu. en clair L’emploi productif a été analysé à partir des données de l’Urssaf sur les 5 années de crise (2008-2013). Les données sont au 1er janvier de l’année. Champ couvert : les entreprises du secteur concurrentiel de l’industrie et des services aux entreprises. Dans l’industrie, Grenoble a perdu 11% d’emplois sur la période, comme globalement partout en France. Les services aux entreprises ont tout juste réussi à maintenir leurs effectifs alors qu’ils étaient jusque-là grands pourvoyeurs d’emplois. A contrario, la majorité des autres zones a enregistré une croissance d’emploi dans ces activités. Dans l’intérim (notamment dans l’industrie et la construction), l’emploi a chuté de 36% à Grenoble, qui fait partie des zones les plus impactées. A Grenoble comme au niveau national, l’évolution de l’emploi n’a pas été linéaire sur les 5 années de crise avec une chute de l’emploi productif en 2008 et 2009, notamment dans l’intérim et dans l’industrie, puis une légère reprise en 2010 et 2011 et enfin une nouvelle baisse en 2012. Grenoble suit la tendance nationale 110 Zone d'emploi Grenoble / France : évolution 2008-2013 de l’emploi productif (indice base 100 en 2008) 100 90 80 Services aux entreprises hors intérim ZE Grenoble Services aux entreprises hors intérim France 70 Industrie ZE Grenoble Industrie France 60 Productif ZE Grenoble Productif France 50 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Intérim ZE Grenoble Intérim France Partie 1 Portrait économique Partie 2 Dynamique économique Source : URSSAF, AEPI au 1er janvier Partie 3 Population active… 11 cahier thématique économie emploi Partie 2 La dynamique économique grenobloise ébranlée par la crise de 2008 Des activités productives résistent, d’autres plongent Entre 2008 et 2013, peu d’activités industrielles et de services ont réussi à maintenir leurs effectifs et très peu ont créé des emplois. Les activités les plus qualifiées ont mieux résisté à la crise La recherche-développement a créé le plus d’emplois (+ 1 100) au cours des 5 dernières années. Financée majoritairement par des fonds publics, la recherche-développement (au sein des grands instruments internationaux et laboratoires publics) semble avoir été épargnée par la crise. D’autres secteurs comme l’ingénierie (+ 620 emplois), l’informatique (+ 530) et les services juridiques et comptables (+ 340) ont également connu une croissance, toutefois plus faible qu’ailleurs. Deux secteurs industriels de haute technologie ont maintenu leur effectif : les composants électroniques (10 000 salariés), alors qu’ils ont perdu des emplois partout en France ; le matériel médical et les instruments scientifiques, selon la tendance nationale. Les secteurs traditionnels en déclin : une tendance trentenaire accentuée par la crise En 5 ans, des milliers d’emplois ont disparu dans la métallurgie et le travail des métaux, la papeterie, les machines équipements, le matériel électrique, la chimie et les produits en caoutchouc plastique. Toutefois les entreprises ont été impactées à des degrés divers. Ainsi, dans le secteur des machines équipements, le principal employeur, Caterpillar, a subi le repli de ses marchés d’exportation alors que plusieurs acteurs, positionnés sur des marchés de niche, ont plutôt bien résisté, comme Alstom hydro (turbines hydroélectriques), Rolls Royce Civil Nuclear (équipements de commande et contrôle des centrales nucléaires), Sames technologies (systèmes de projection de peinture par électrostatique) ou Allimand (machines à papier). 12 Les services aux entreprises en perte de vitesse Cette baisse de l’activité industrielle est renforcée par la baisse des effectifs des services aux entreprises à Grenoble, contrairement aux autres zones d’emploi : - 870 dans le commerce de gros, - 700 dans le transport de marchandises et - 430 dans la sécurité et le nettoyage (sociétés généralement très mobiles et fluctuantes). 1 890 Bois papier carton 2 380 Produits en caoutchouc et plastique 2 430 Chimie 3 220 Transport de marchandises 3 980 Autres services aux entreprises 5 450 Matériel médical, instruments scientifiques 6 220 Services juridiques, comptables, sièges sociaux 6 630 Métallurgie, travail des métaux 6 950 Ingéniérie, architecture, analyses techniques 7 160 Machines et équipements 7 160 Matériel électrique 8 220 Sécurité, Nettoyage 0 8 260 Recherche-développement 5 000 10 310 Informatique : SSll, logiciels 10 490 Commerce de gros 10 000 9 790 Composants et cartes électroniques Principales activités productives de l’emploi dans la ZE grenobloise en 2008-2013 Nombre d’emplois salariés 2013 Source : Urssaf, AEPI - 1 140 Bois papier carton - 490 Produits en caoutchouc et plastique - 500 Chimie - 700 Transport de marchandises - 150 Autres services aux entreprises 340 Services juridiques, comptables, sièges sociaux - 150 Matériel médical, instruments scientifiques - 1 480 Métallurgie, travail des métaux 620 Ingéniérie, architecture, analyses techniques - 960 Machines et équipements - 820 Matériel électrique - 430 Sécurité, Nettoyage 1 100 Recherche-développement 0 160 Composants et cartes électroniques 1 000 530 Informatique : SSll, logiciels - 870 Commerce de gros Principales activités productives et évolution de l’emploi dans la ZE grenobloise en 2008-2013 (suite) - 1 000 Evolution de l’emploi de 2008 à 2013 Source : Urssaf, AEPI Dans la ZE de Grenoble, l’agglomération grenobloise relativement moins impactée par la crise que le Voironnais et le Sud-Grésivaudan La ZTEF du Bassin grenoblois recouvre près de 80 % des emplois productifs de la zone d’emploi. L’emploi y a bien moins diminué (- 6 %) que dans le Centre-Isère (- 16 %) en raison d’une meilleure résistance de l’industrie et d’une plus forte dynamique des services aux entreprises. Le Grésivaudan a mieux résisté en limitant les pertes d’emplois productifs (- 1,5 %). Services aux entreprises hors intérim 2% - 12 % -6% Evolution de l’emploi productif de 2008 à 2013 - 19 % Industrie - 16 % Productif France métropolitaine -5% 1% ZTF Centre Isère - 11 % -9% -8% - 11 % METRO 49 communes -7% ZTF Bassin grenoblois -6% 1% ZE Grenoble 2% Une baisse de l’emploi productif dans la moyenne française Partie 1 Portrait économique Partie 2 Dynamique économique Source : Urssaf, AEPI Partie 3 Population active… 13 cahier thématique économie emploi Partie 2 La dynamique économique grenobloise ébranlée par la crise de 2008 Une étude de l’emploi dans la filière mécanique-métallurgie conduite en 2013 a mis en valeur ses deux principales caractéristiques : un niveau de qualification plus élevé que dans le reste de Rhône Alpes et une concentration des emplois sur quelques grands groupes. 54 % 40 % 3% 4% 17 % 13 % 3% 19 % 4% 19 % 1% 25 % 7% 9% 6% Fabrication de machines et équipements n.c.a. (NAF-2008 : 28) 45 % Fabrication d’équipements électriques (NAF-2008 : 27) 47 % 15 % 42 % 9% 7% Ingénieurs et cadres Professions intermédiaires administratives et commerciales Techniciens et maîtrise Employés Ouvriers qualifiés Ouvriers non qualifiés Source : Etude AMNYOS 2013 14 14 24 % 16 % Fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques (NAF-2008 : 26) Cette analyse révèle un fort enjeu de formation qui permettra d’anticiper et d’accompagner au mieux les recrutements des employeurs industriels au niveau local. 10 % 2% 20 % Métallurgie (NAF-2008 : 24) La forte baisse des effectifs constatée dans les emplois industriels (- 10 % en 5 ans) nécessite les éclairages suivants : > Tous secteurs confondus, on compte davantage d’ingénieurs et cadres techniques qu’au niveau régional (31 % contre 14 %) et moins d’ouvriers (27 % contre 48 %) ; > 20 métiers concentrent 58 % des effectifs salariés (ingénieurs, cadres techniques et techniciens et agents de maîtrise), soit un niveau de qualification qui exclut les non-diplômés. Cette répartition est très différente selon les types d’industrie : > Les secteurs de la métallurgie et la fabrication de produits métalliques recourent à une main d’œuvre plus âgée (2/3 des salariés ont plus de 40 ans) et peu qualifiée (2/3 d’ouvriers) ; ils constituent un tissu de petites et très petites entreprises (3 % des effectifs salariés). > A l’opposé, 79 % des salariés du secteur de la fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques sont localisés dans peu d’entreprises, mais de grosse taille (plus de 500 salariés). La part d’ouvriers dans ce secteur est de 20 % contre 54 % de cadres et ingénieurs. 8% Fabrication de produits métalliques (NAF-2008 : 25) zoom sur Un emploi industriel qualifié et très lié aux microtechnologies 5% 22 % 4% cahier thématique économie emploi Partie 2 La dynamique économique grenobloise ébranlée par la crise de 2008 Economie présentielle : des marges de manœuvre en clair définition Nous assimilerons ici l’économie résidentielle à l’économie résidentielle et touristique, cf. 1.3. Une économie présentielle avec des marges de développement Sur les 296 900 emplois salariés de la ZE de Grenoble (85 à 90 % de l’emploi total), 188 500 (plus de 60 %) dépendent de la sphère présentielle. En raison du nombre d’habitants et d’usagers concernés, ces emplois (commerce, administration, santé...) sont particulièrement concentrés dans l’agglomération grenobloise. Mais, si celle-ci concentre près de 55 % de la population de la zone d’emploi, elle accueille près de 70 % de l’emploi présentiel. Cet écart, témoin de l’attractivité économique de l’agglomération auprès des populations des territoires voisins, ne doit pas pour autant être considéré comme un indicateur de « surdensité » ou de « suréquipement » de son économie présentielle puisque l’agglomération accueille légitimement un ensemble de fonctions métropolitaines essentielles (CHU, administration, grands équipements...). Avec 240 emplois présentiels pour 1 000 habitants, la zone d’emploi de Grenoble se situe en fin de classement du panel, loin derrière Strasbourg, Montpellier ou Bordeaux. Plusieurs facteurs explicatifs : > les zones d’emploi ayant à leur tête une capitale régionale dominent le classement, > les territoires à fort ancrage touristique disposent logiquement d’une couverture présentielle supérieure aux moyennes (Nice, Montpellier...), > les zones d’emploi ayant connu une croissance démographique supérieure à 1 %/an3 ont également vu leur nombre d’emplois Des données à interpréter avec précaution Les seules sources de données disponibles, le fichier Clap et l’Urssaf, ont des limites importantes. Le fichier Clap exclut les non-salariés (40 360 personnes de la zone d’emploi soit 12 %) alors que les professions libérales et les indépendants des secteurs du commerce, de la construction, des services de proximité sont nombreux à œuvrer dans la sphère présentielle.. D’une grande actualité (2011-2013), le fichier Urssaf décrit les emplois salariés du secteur privé, mais il ne décrit lui aussi que très partiellement la sphère présentielle (or certains secteurs dépendent largement du domaine public ou des non-salariés). présentiels croître en proportion ces trois dernières années (Toulouse, Rennes, Nantes…). Cette particularité du modèle économique grenoblois met en relief le poids de ses fonctions « productives » (40 % de l’emploi salarié contre 20 à 30 % pour les zones d’emploi de Nice, Montpellier, Nancy) et les marges importantes de progression pour le développement de son économie présentielle. 3 Seule la zone d’emploi d’Aix-en-Provence connaît une croissance significative de son économie présentielle malgré une faible croissance annuelle de sa population. Sa forte interaction avec la zone d’emplois de Marseille biaise toute analyse. Nombre d’emplois présentiels pour 1000 habitants en 2011 (ZE) Strasbourg 300 Montpellier 280 Lyon 270 Nice 270 Nancy 260 Bordeaux 260 Nantes 250 Rennes 250 Toulouse 240 Rouen 240 Aix-en-Provence 240 Grenoble 240 St-Etienne 220 FRANCE 220 Partie 1 Portrait économique Partie 2 Dynamique économique Source : CLAP 2011 Partie 3 Population active… 15 cahier thématique économie emploi Partie 2 La dynamique économique grenobloise ébranlée par la crise de 2008 Les activités résidentielles qui résistent et les autres (2009 – 2011) Administration publique / enseignement : un secteur en décroissance > 1er secteur employeur de l’économie présentielle avec 56 500 emplois salariés en 2011 > - 1 100 emplois salariés entre 2009 et 2011 (une baisse supérieure au panel) Santé / action sociale : un recul particulièrement marqué dans le domaine de la santé > 2e secteur employeur avec 40 510 emplois salariés en 2011 > Un secteur en perte de vitesse avec - 1 100 emplois salariés (-1 800 emplois salariés dans la santé, secteur le plus impacté mais + 770 emplois dans l’hébergement médico-social et social sur la période récente 2009-2011) Activités marchandes : une croissance disparate, portée par le commerce de détail et la restauration > 3e secteur employeur : 37 580 emplois salariés en 2011 (dont 25 330 pour le commerce de détail et d’automobiles) et une part importante d’indépendants > + 1 200 emplois créés dans le commerce et la restauration (8 170 emplois dont + 150 dans la restauration rapide), activités jusque-là moins développées qu’ailleurs (logique de « rattrapage ») BTP : une perte d’emploi qui s’accentue, en partie compensée par les dynamiques de création > 4e secteur employeur de l’économie présentielle avec 18 300 emplois salariés en 2011, + une part importante d’indépendants (la taille de plus en plus petite des structures indique la vitalité des entreprises indépendantes) ; 16 Grenoble Source : CLAP 2011 > - 360 emplois en 2011, - 260 en 2013 : la perte est continue mais elle est nuancée par une augmentation de 7% du nombre d’établissements (bonne dynamique de créations d’entreprises) et par une bonne résistance de certains domaines comme la construction spécialisée (fondations, gros œuvre, bétonnage, maçonnerie, pavage, montage d’échafaudage, toiture, peinture, carrelage, etc.) Finances / télécommunications : un effet crise dans la moyenne du panel > 5e secteur employeur de l’économie présentielle : 12 560 emplois salariés en 2011 + une part importante d’indépendants > Une baisse d’emplois salariés (- 350) dans la moyenne des zones d’emploi, concentrée sur les secteurs Voironnais (- 3 %) et Grésivaudan (- 6 %). Transport / Courrier : une perte de vitesse particulièrement marquée dans les transports > Seulement le 6e secteur employeur : 11 460 emplois salariés au sein d’établissements exerçant une activité pour compte d’autrui > Des pertes d’emploi proportionnellement supérieures aux autres zones d’emplois, particulièrement dans le secteur du transport (- 900), même si cette tendance s’amenuise entre 2011 et 2013 (- 200 emplois dans les activités de poste) Activités culturelles, associatives et de loisirs: une meilleure résistance à la crise > 7e secteur employeur de l’économie présentielle : 7 770 emplois salariés en 2011 > Une évolution annuelle moyenne de l’emploi salarié supérieure au panel (croissance + 3 %, soit plus de 200 emplois annuels) > Les activités culturelles et sportives, en plein essor, hissent Grenoble à la 5e et 6e place du classement des zones d’emplois. Services 3 personnels 4 Eau et 2 déchets 3 Activités culturelles Santé et action sociale Administration et enseignement 10 10 16 22 Finances et télécom Transports 14 19 et courrier Activités marchandes 23 26 47 49 51 51 Moyenne autres ZE BTP Quelle a été l’évolution annuelle des emplois salariés entre 2009 et 2011 pour les différents secteurs d’activité ? Cette évolution est-elle comparable dans toutes les agglomérations ? Tous les champs de l’économie présentielle mériteraient d’être passés au crible de ces deux questions. Les données dont nous disposons actuellement sont peu stabilisées et donc à prendre avec précautions. Mais elles ont le méritent de montrer des tendances, des points d’alerte. Elles appellent à des études complémentaires. 71 74 Nombre d’emplois présentiels pour 1000 habitants en 2011 (ZE) Economie Sociale et zoom sur Solidaire (ESS) : un secteur dynamique, très typé dans ses formes et métiers définition ESS : Périmètre : les associations, les coopératives, les mutuelles, les fondations et les entreprises dites de l’ESS. Principe : poursuivre un but social autre que le seul partage des bénéfices, assurer une lucrativité encadrée et une gouvernance démocratique. Répartition des effectifs salariés de l’ESS par secteur en 2010 pour la Métro Évolution 2008-2010 : l’ESS résiste plutôt bien à la crise L’ESS a enregistré un solde légèrement positif de 18 entreprises (+ 1 %) alors que l’ensemble du territoire perdait 166 entreprises pour le privé hors ESS. En outre, 965 nouveaux salariés (+ 4 %) ont grossi ses rangs alors que l’ensemble du territoire, tous secteurs confondus, en perdait 3 371 (- 1 %). A noter : le statut coopératif est en forte progression (+ 15 %) alors que le nombre de mutuelles sur le territoire diminue. • Les structures associatives, principaux employeurs Sur le territoire de l’agglomération grenobloise, les structures associatives emploient 68 % des salariés de l’ESS. La crise révèle la fragilité des modèles socio-économiques : la durée de vie des entreprises se réduit depuis 2008. Le développement économique de l’ESS semble moins rapide mais plus intégrateur. L’ESS connait une croissance plus équilibrée et plus régulière. 1,3 % 21,8 % 28 % 32,4 % 36,7 % 55,1 % 42,3 % 5,3 % 67,6 % 11,2 % 71,6 % 84,9 % 16,2 % Enseignement (PZ) 14,8 % 5,3 % 9,8 % 74,7 % 3,5 % Activités immobilières (LZ) 43,7 % Soutien aux entreprises (MN) 69 % Santé humaine (QA) Arts et spectacles (RZ1) Actions sociales (QB) 46,5 % Activités financières et d’assuance (KZ) 17 % Sports et loisirs (RZ2) Un secteur fortement féminisé et encore peu qualifié • Les femmes représentent 70,7 % des salariés de l’ESS sur le territoire de l’agglomération grenobloise.Traditionnellement, l’ESS a intégré les femmes au marché du travail, notamment dans les professions intermédiaires. Aujourd’hui, elles se heurtent au problème de professionnalisation des activités (comme l’aide à domicile) et aux difficultés d’accès aux postes de décision. Compte-tenu des activités et de la féminisation des emplois, les professions employées et intermédiaires sont majoritaires dans l’économie sociale ; la part des ouvriers étant réduite du fait de la faible assise « productive » de l’ESS. Un enjeu est la montée en qualification : la part des cadres reste faible, avec 6 % des cadres du territoire dans l’ESS alors que cette dernière représente 12 % de l’emploi salarié. 0% 0,4 % ESS Privé hors ESS Public Source : Etude ESEAC/IEP Les services aux particuliers sont le premier champ d’intervention des acteurs de l’Ess (action sociale, santé, logement, sport, culture,...) Source : Etude ESEAC/IEP de Grenoble en cours Partie 1 Portrait économique Partie 2 Dynamique économique Partie 3 Population active… 17 cahier thématique économie emploi Partie 2 La dynamique économique grenobloise ébranlée par la crise de 2008 L’offre commerciale dans l’agglomération grenobloise L’offre commerciale dans l’agglomération grenobloise Sources : Fond relief AURG traitement Aster GDEM NASA METI, BD-Topo ® IGN, Corine Land Cover 2006, RP 2009 INSEE. Réalisation : Agence d’urbanisme de la région grenobloise (DMA) - Novembre 2013 LEGENDE > Equipements commerciaux >> Métropolitains Grands centres commerciaux existants ou en projets >> Intercommunaux Hypermarchés Spécialisés (equip. personne, maisons, sport, loisirs ...) >> Bassin de vie locaux Supermarchés (Sup. 500 m²) 18 > Concentrations commerciales >> Dominante petits / moyens commerces et services en centres urbains (accés modes actifs / TC) Densité très élevées => Centre ville de Grenoble Densité moyenne = > Centre élargi de Grenoble et centre ville d’Echirolles Densité modérée => centres secondaires et pôles de quartiers >> Dominante grands commerces Zones commerciales de périphéries > Poids des pôles commerciaux (chiffre d’affaires) Poids des pôles commerciaux > Périmètres institutionels Grenoble Alpes Métropole (au 1er janvier 2014) Limites communales zoom sur Commerce : des grandes surfaces toujours très présentes Une aire de chalandise de plus de 700 000 habitants Regroupant plus de 5 000 établissements4 (commerces, services, hôtellerie / restauration, grandes surfaces), l’agglomération dispose d’une offre commerciale diversifiée proche de la moyenne observée dans les agglomérations comparables5.Comme partout et selon les mêmes ratios, les grandes surfaces dominent le paysage avec plus de 450 000 m² pour une zone de chalandise de plus de 700 000 habitants. L’agglomération accueille par ailleurs de nombreux marchés non sédentaires (plus de 120 tenues de marchés chaque semaine) et autres formes de distributions alternatives (circuits courts, magasin de producteurs, produits bio…). Le e-commerce, et plus globalement la vente par correspondance, y est également très présent, avec des acteurs leaders sur leurs segments respectifs (Photoweb, Spartoo, Made in design). La plupart des hyper et supermarchés ont développé leur drives et quelques drives solo6 ont également investi l’agglomération, y compris dans le non alimentaire. Grenoble centre-ville : première destination commerciale du bassin grenoblois Premier pôle commercial du bassin grenoblois, le centre-ville de Grenoble totalise à lui seul entre 20 et 25 % du chiffre d’affaires du commerce sédentaire de l’agglomération et plus de la moitié du chiffre d’affaires non alimentaire (performance supérieure à celle du centre-ville de Rennes ou de Rouen). Conforté par le développement progressif de la Caserne de Bonne, le centre-ville de Grenoble dispose d’un bon niveau de commercialité, mais souffre néanmoins de niveaux de loyer élevés qui limitent fortement le maintien de vocation commerciale (indépendants notamment). Commerces de périphérie : 60 à 70 % du chiffre d’affaire de l’agglomération Ces dernières années, l’attractivité de la périphérie commerciale grenobloise s’est globalement stabilisée, avec des évolutions reposant plutôt sur une rotation des leaderships au gré des nouveaux projets commerciaux. Particularité locale, du fait du relief, les pôles commerciaux périphériques sont peu nombreux et se répartissent les zones de chalandise sans effet de concurrence. Au-delà des principaux pôles commerciaux, le maillage commercial de l’agglomération s’appuie sur un nombre important de pôles de proximité, aux formes urbaines et dynamiques différenciées (cf. carte). 2010-2013 - Une amorce de rééquilibrage vis-à-vis des territoires extérieurs… Ces 15 dernières années ont donné lieu à de multiples projets de grandes surfaces (+/- 10 à 12 000 m² / an), avec la rénovation de Grand Place, le développement continu de Comboire, la création d’Ikea (19 900 m²), de la Caserne de Bonne et aujourd’hui le projet Neyrpic (+/- 24 000 m²). Ayant conforté progressivement le rayonnement commercial de l’agglomération, le développement des grandes surfaces se rééquilibre à l’échelle de la région grenobloise tandis que les moyennes surfaces se développent en milieu urbain. On note depuis 5 ans une légère évolution des types de projets, davantage orientés vers le non alimentaire et l’offre événementielle (Miripili à Comboire, Au Vieux Campeur et Décathlon sur la Caserne de Bonne, Nespresso en centre-ville de Grenoble, projet de mur d’escalade au sein du projet Neyrpic...). ... mais un développement de plus en plus déconnecté des logiques démographiques. Le développement continu des m² de grandes surfaces interroge sur la gestion à terme du parc immobilier constitué. Selon le magazine Études foncières n°164 / juillet - août 2013 « Depuis une quinzaine d’années en France, le parc de surfaces commerciales croit à un rythme plus rapide (60 %) que celui de la consommation (36 %) (…) Dans le même temps, la performance des magasins stagne (autour de 4 400 €/m²/an) alors que leurs coûts d’occupation s’accroissent. » De ce fait, la vacance progresse. 4 Source Insee 2010 5 cf. agglomérations retenues au sien du BaroMétro 6 non-accolé à une grande surface Partie 1 Portrait économique Partie 2 Dynamique économique Partie 3 Population active… 19 cahier thématique économie emploi Partie 2 La dynamique économique grenobloise ébranlée par la crise de 2008 Réalisation : AURG 2014 Sources : IGN GEOFLA®, AURG 2013 L’offre foncière économique dans l’agglomération grenobloise 20 Types de foncier économique Foncier économique classé (2 154 ha.) Foncier économique envisagé (+151 ha.) Foncier économique déclassé (-176 ha.) Foncier économique : zoom sur des disponibilités de plus en plus rares dans l’agglomération en clair Eléments extraits de l’ « Atlas foncier économique » Métro (2014) inventaire localisé et prospectif du foncier économique. Une enveloppe foncière qui se réduit de plus en plus Dans les documents d’urbanisme, près de 176 ha de foncier économique ont fait l’objet d’un reclassement vers des fonctions plus mixtes depuis 2010 (soit près de 6 à 7 % du foncier total dédié à l’économie sur le périmètre Métro 2014). Cette tendance s’accélère (25 à 30 ha / an en moyenne entre 2000 et 2007 ; de 30 à 40 ha / an depuis 2010) et concerne principalement des projets de renouvellement urbain (70 % de l’enveloppe foncière estimée). L’impératif de rentabilité de ces opérations implique le plus souvent le développement d’une offre de logements qui limite les possibilités d’accueil d’activités économiques peu ou pas compatibles avec la proximité de l’habitat. Pour autant, « déclassement » n’est pas systématiquement synonyme de disparition totale d’usage économique, comme l’illustre le projet Bouchayer Viallet. Parallèlement, près de 151 ha d’espaces agricoles et naturels pourraient, à court / moyen terme, devenir de nouveaux espaces économiques dédiés. Si ces espaces font pour la plupart l’objet de projets ou d’intentions économiques, ils restent néanmoins marqués par d’importantes contraintes de constructibilité. Deux tendances lourdes apparaissent donc : > la réduction progressive de l’enveloppe totale de foncier économique dédié de l‘agglomération (érosion non compensée par la création envisagée d’une offre foncière nouvelle), > la disparition accélérée du foncier économique dédié en cœur d’agglomération, au profit d’espaces plus mixtes, et la relocalisation d’une offre nouvelle en foncier dédié sur les communes de périphérie. Ces tendances soulignent tout l’enjeu de la « place » réservée au devenir de l’activité économique sur le territoire de l’agglomération, notamment en ce qui concerne les activités non compatibles avec la proximité de l’habitat, nécessaires au fonctionnement de l’économie locale (ex : traitement des déchets, activités de réparation, logistique entreposage...). 7 La notion de foncier « net » correspond à l’ensemble des parcelles destinées à l’accueil d’activité. Cette définition n’intègre pas les voiries publiques et privées, les espaces publics communs...) Espaces économiques dédiés, zones d’activités 90 zones plus de d’activités, qui concentrent 35 à 45 % de l’emploi total 2 155 ha près de de foncier économique, dont 34 ha occupés par du logement et 34 ha mobilisés par des « équipements » (ex : locaux techniques, aires des gens du voyage,…) une densité emplois/ha moyenne de 35 à 40, mais très hétérogène selon les sites 70 % Partie 1 Portrait économique Partie 2 Dynamique économique des zones ont plus de 20 ans Partie 3 Population active… 21 cahier thématique économie emploi Partie 2 La dynamique économique grenobloise ébranlée par la crise de 2008 Un faible dynamisme dans la création d’entreprises Evolution du nombre de créations d’entreprises indice base 100 en 2003 250 ZE Lyon (2010) 200 ZE Valence (2010) ZE Grenoble (2010) 150 ZE St-Etienne (2010) ZE Annecy (2010) Rhône-Alpes par Zone d’emploi (2010) 100 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 L’évolution des créations d’entreprises dans la zone d’emploi de Grenoble suit globalement la tendance régionale jusqu’en 2008, même si son dynamisme est légèrement inférieur à celui des autres zones d’emploi régionales. Dans l’ensemble, le dynamisme de la zone d’emploi de Grenoble en matière de création d’entreprise est comparable à celle de Saint-Etienne, inférieure à celle de Lyon, et supérieure à celle d’Annecy ou Valence. Ces différences sont liées à la spécialisation économique de chaque appareil productif. Ainsi à Lyon, la fonction de capitale régionale a des effets d’entraînement sur le tissu économique local. Le caractère plus industrialisé et diversifié des zones d’emploi de Grenoble et Saint-Etienne semble avoir permis 22 Source : INSEE traitement baseco Rhône-Alpes - Evolution du nombre de créations d’entreprises. - à partir de 2009, les auto entrepreneurs sont comptabilisés dans les stats insee, CCI. de maintenir un niveau de création plus élevé ces dernières années dans le B to C8 (transports, commerce, hébergement restauration et services à la personne) que dans les territoires touristiques de la Drôme et de la Haute-Savoie qui étaient déjà bien équipés du fait de leur activité touristique dominante. L’engouement pour le statut d’auto entrepreneur a augmenté considérablement les créations d’entreprises stabilisées à un niveau particulièrement élevé en 2012, au détriment des autres formes d’entreprenariat. Celui-ci représente environ la moitié des créations d’entreprises. 404 1S13 436 371 2S12 1S12 409 331 2S11 1S11 2S10 402 370 369 1S10 2S09 450 1S09 375 Evolution du nombre d’ouverture de procédures collectives et entre 2007 et 2013 (données brutes) 2S08 2S07 1S08 (+ 6,3 % en Rhône-Alpes), dont : > 64 % de liquidations directes > 30 % de redressement judiciaire > 6 % de plans de sauvegarde de l’emploi. 1S07 Les défaillances d’entreprises augmentent de 7,3 % entre les 1ers semestres 2012 et 2013 300 284 315 ... et des défaillances toujours nombreuses Source : Greffe du tribunal de commerce de grenoble (juin 2013) Partie 1 Portrait économique Partie 2 Dynamique économique Partie 3 Population active… 23 cahier thématique économie emploi Partie 3 Population active et marché du travail dans le bassin d’emploi grenoblois Une population active plus âgée et plus qualifiée, mais moins nombreuse Y a-t-il adéquation entre offre et demande d’emploi sur le territoire du bassin grenoblois (ZTEF) ? Si une partie du «modèle grenoblois» fait appel à des missions techniques et scientifiques aux profils très qualifiés, ces emplois restent largement minoritaires. Il existe des besoins en main d’oeuvre peu qualifiée, en particulier dans le champ des services. Mais la question de la qualification des personnes et de la qualité des emplois reste posée. définition Population active : regroupe les personnes ayant un emploi (salarié ou non) et les personnes au chômage à la recherche d’un emploi ou exerçant une activité réduite. Au sens du recensement de la population, cette catégorie regroupe les apprentis, stagiaires rémunérés, étudiants ou retraités occupant un emploi. ZTEF : zone territoriale emploi formation, zone d’intervention de l’Etat et de la Région dans le cadre de leur politique concertée sur ces thèmes. La ZTEF du bassin grenoblois englobe l’agglomération grenobloise, le Grésivaudan et les territoires de montagne voisins: Vercors, Trièves, Matheysine, Oisans. La ZTEF est également appelée le bassin grenoblois. Source :Tableau de bord Emploi Formation Bassin grenoblois - Edition 2013 de l’Observatoire Régional Emploi Formation du PRAO (Pôle Rhône Alpes de l’Orientation) Entre 1999 et 2009, on constate une tendance à la féminisation et au vieillissement de la population active. Le taux d’activité des femmes passe de 63 % à 69 % sur la période, celui des hommes de 73 à 75 %. La part des actifs de plus de 45 ans augmente significativement (de 32 à 36 %). Autre tendance forte, la part de cadres et professions intellectuelles supérieures passe de 18 à 23 % sur cette période, une augmentation qui témoigne à la fois de la capacité du territoire à capter cette population particulièrement mobile et à stabiliser les étudiants en fin de cursus. De plus (comme partout en France du fait du meilleur niveau de qualification général et de la transformation du tissu économique), l’élévation du niveau de formation est très nette, avec une part de personnes ayant un diplôme de niveau Bac + 2 ans et plus en augmentation de 26 à 35 % (contre 20 à 28 % pour l’Isère et 18 à 26 % pour Rhône-Alpes). Le bassin d’emploi grenoblois 276 500 actifs en 2009 (+ 22 000 depuis 1999, + 0,87 % / an*) 48 % de la population active de l’Isère et 9 % de Rhône-Alpes 89% de la population active est salariée, dont 73 % en CDI * légèrement inférieur à la moyenne française (0,88 %) et bien inférieur au rythme lyonnais (1.15 %) 24 Une demande d’emploi en hausse Des difficultés accrues pour les seniors et les chômeurs de longue durée 38 649 demandeurs d’emploi sur le bassin grenoblois 50 ans et plus 20 000 DELD - 2,3 % 15 000 Jeunes 10 000 + 6,5 % Moins de 26 ans 25 000 *Demandeurs d’emploi longue durée Femmes Femmes 30 000 + 4,4 % ZTEF Bassin grenoblois Effectif total 35 000 Hommes 40 000 + 17,6 % Evolution de la demande d’emploi total Evolution 2008-2013 de la structure de la demande d’emplois RSA • Catégorie A : demandeurs d’emploi sans emploi • Catégorie B : demandeurs d’emploi ayant exercé une activité réduite de 78h au plus au cours du mois • Catégorie C : idem mais ayant exercé une activité réduite de plus de 78h au cours du mois + 11 % +11,9 % définition Ce sont les seniors et les demandeurs d’emploi de longue durée qui ont vu leur situation se dégrader le plus fortement depuis 2008. Plus d’un tiers des chômeurs est inscrit depuis plus d’un an à Pôle Emploi et ce sont ceux qui ont le plus de difficulté à retrouver un emploi. Un chômeur sur 5 a plus de 50 ans (contre 14 % en 2008), en partie en raison du recul de l’âge de la retraite. En comparaison, les femmes et les jeunes tirent plutôt mieux leur épingle du jeu : les femmes représentent de manière stable la moitié des demandeurs d’emploi. La part de chômeurs de moins de 25 ans s’est stabilisée à 15 % des demandeurs d’emploi inscrits, contre 19 % en 2008. Cette diminution en proportion ne doit pas masquer une légère augmentation en volume. Ceux qui ont le plus pâti de la crise sont les bénéficiaires du RSA inscrits à Pôle Emploi (5 716 personnes) et les résidents en zones urbaines sensibles : en augmentation annuelle de 17 %, ils représentent 15 % de l’ensemble de la demande d’emploi. Cette situation confirme les tendances observées dans le cahier thématique revenus/précarité : ce sont les plus précaires qui ont le plus souffert de la crise. Séniors *DELD Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégorie ABC à Pôle Emploi et résidant sur le bassin grenoblois s’établit à 38 649 fin décembre 2013, soit une hausse de + 5,5 % par rapport à fin décembre 2012, rythme similaire à celui de l’Isère. Cette hausse est plus importante pour les demandeurs d’emploi seniors (+ 11 %) et de longue durée (+ 11,9 %). > En moyenne, 32 % des demandeurs d’emploi relèvent des catégories B et C. Ce taux passe à 38 % pour les femmes et à 42 % pour les demandeurs d’emploi de longue durée. 5000 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Source : Pôle Emploi, DIRECCTE Rhône Alpes – Traitement PRAO (chiffres du mois de juin de chaque année) Niveau de formation des demandeurs d’emploi 47 % Infra ou égal à CAP-BEP 32 % Supérieur à bac 21 % Niveau Bac Des chômeurs faiblement qualifiés 47 % des demandeurs d’emploi de catégorie ABC ont un niveau de formation inférieur ou égal à V (CAP-BEP), 21 % un niveau IV (BAC). Bien que très significative (68 %), cette part des premiers niveaux de formation (inférieurs ou égal au niveau IV) est inférieure à celle de l’Isère (75 %). Partie 1 Revenus Partie 2 Pauvreté - précarité Partie 3 Impact de la crise / évolutions récentes 25 cahier thématique économie emploi Partie 3 Population active et marché du travail Des chômeurs situés dans les quartiers les plus pauvres Localisation des demandeurs d’emploi dans l’agglomération grenobloise en clair Indice de chômage Il n’est pas possible de calculer un taux de chômage à l’échelle locale, identique à celui présenté par les médias au niveau national : les données du recensement ne sont pas fiables à l’échelle infracommunale. On utilise donc les données fournies par Pôle Emploi. C’est la raison pour laquelle on emploie le terme « indice de chômage ». 24 000 8 000 Réalisation : AURG 2014 Sources : IGN GEOFLA®, INSEE RP 2010 demandeurs d’emplois Population active et marché du travail Indice du chômage en % dans les quartiers populaires ≥ à 12 [ 10 à 12 [ [ 8 à 10 [ <à8 Un indice de chômage Non significatif 1,5 fois plus élevé dans ces quartiers Réalisation : AURG 2014 Sources : IGN GEOFLA®, INSEE / PE / URSAAF 2011 Population active et marché du travail Indice du chômage * En % > à 20 15 à 20 10 à 15 < à 10 * : Demandeurs d'Emploi en Fin de Mois (ABC) / population active totale 26 A l’échelle de l’agglomération, on compte 24 000 demandeurs d’emplois inscrits à Pôle Emploi de catégories ABC. Cela représente 12 % de la population active. Un tiers d’entre eux (8 000) résident dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Dans ces quartiers, ils représentent en moyenne 17 % de la population active avec des taux supérieurs à 20 % dans certains quartiers comme Teisseire et Villeneuve à Grenoble et à la Villeneuve (quartiers Essart et Surieux) d’Echirolles. Attention, ces données ne représentent pas le taux de chômage mais bien le taux de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi. Notamment dans les quartiers populaires, il existe des formes de non recours aux services de Pôle Emploi, qui ne sont donc pas visibles dans la statistique (notamment un certain nombre de jeunes qui ne s’inscrivent pas ou des demandeurs d’emploi qui ont épuisé leurs droits à allocations). Une hausse des projets de recrutement tirée par le secteur des services définition Besoins en main d’œuvre (BMO) : enquête menée chaque année par Pôle Emploi pour recenser les besoins en main d’œuvre des établissements employeurs (hors administrations d’État et entreprises publiques), soit 241 000 établissements en Rhône-Alpes. Sans prétendre à l’exhaustivité, cette enquête donne un éclairage actualisé sur les spécificités du marché du travail local. Néanmoins, ces offres ne représentent que 15 à 20 % de l’ensemble des offres à pourvoir. 21 % des établissements grenoblois interrogés envisagent de procéder à au moins un recrutement soit un total de 18 059 projets de recrutement (en augmentation de 13 % par rapport à 2011) dont 47 % sont jugés par les employeurs difficiles à concrétiser (contre 36 % en 2011) 30% saisonniers Près des trois quarts de ces intentions concernent le secteur des services (santé, action sociale, hébergement et restauration, information et communication). Un tiers relève d’établissements de moins de 5 salariés qui sont particulièrement concernés par les difficultés de recrutement. Les 5 métiers les plus porteurs (rassemblant le plus d’intentions de recrutement) Les 5 métiers les plus demandés (par les demandeurs d’emplois inscrits à Pôle Emploi) Agent d’entretien de locaux Nettoyage de locaux Ingénieur, cadre études et R&D, responsable informatique Assistance auprès d’enfants Aide à domicile et aide-ménagère Secrétariat Aide-soignant Vente en habillement et accessoires Employés polyvalents de cuisine Services domestiques Les tensions de recrutement dans les métiers du nettoyage et des services domestiques témoignent de l’inadéquation entre les caractéristiques des demandeurs d’emploi et les exigences des employeurs. Elles peuvent également être liées à des conditions de travail peu attractives (temps très partiels, peu rémunérateurs). Une étude de la DARES montre qu’au niveau national, 15 métiers concentrent à eux seuls 50% des postes à pourvoir d’ici 2015 et vont s’accroître de façon très importante avec le départ à la retraite des générations nées après 1945. De moins en moins d’offres d’emploi durable Les offres d’emploi durable (CDI et CDD de plus de 6 mois) représentant plus de la moitié des offres déposées, diminuent de 14,1 %. La part des offres d’emploi temporaire (CDD ou missions de 1 à 6 mois) est stable, autour de 40 %, alors que les offres d’emploi occasionnel (CDD ou missions de moins de 1 mois) sont en nette augmentation (+ 53,4 %). Partie 1 Revenus Partie 2 Pauvreté - précarité Partie 3 Impact de la crise / évolutions récentes 27 cahier thématique économie emploi Partie 3 Population active et marché du travail La baisse de 0,7% en moyenne masque des situations très diverses selon les secteurs : si le recul est marqué dans l’industrie (- 16,3 %) et dans le BTP (- 14,7 %), il est plus mesuré dans le commerce (- 6,5 %), l’intérim (- 5 %) et l’hôtellerie restauration (- 1,7 %). Seul le nombre d’offres issues des services augmente (+ 5 % des dépôts d’offres sur la période), signe d’autant plus positif que ce secteur représente la moitié des offres déposées. 7578 7190 2993 2941 3240 3028 Intérim Restauration Commerce 928 792 BTP 1728 1446 Industrie Agriculture 33 40 Février 2013 - Janvier 2014 Services Février 2012 - Janvier 2013 15052 15908 Nombre d’offres d’emploi Evolution du nombre d’offres déposées à Pôle Emploi par secteurs d’activité de février 2012 à janvier 2014 Source : Pôle Emploi, DIRECCTE Rhône Alpes – Traitement PRAO (chiffres du mois de juin de chaque année) Des licenciements en augmentation en 2013 En 2013 dans le bassin grenoblois, 519 entreprises ont procédé à 1 990 licenciements économiques (contre 1 577 en 2012, soit une augmentation annuelle de 26 %). Un quart seulement de ces licenciements ont eu lieu dans le cadre de plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) : 7 grandes entreprises concernées, 15 en Isère pour un total de 478 emplois supprimés. Cela signifie que même s’ils sont moins visibles, les licenciements effectués hors plan sont beaucoup plus nombreux et tout aussi préoccupants que les plans sociaux médiatisés. définition PSE : plus de 10 licenciements dans des entreprises de plus 50 salariés. 28 Également en hausse annuelle, l’activité partielle concerne 187 établissements avec près de 400 000 heures chômées. Les activités de production ont été particulièrement touchées : > 36 % des heures concernent le secteur « fabrication de machines et d’équipements » ; > 32 % des heures le secteur « fabrication produits informatiques et électroniques ». Par ailleurs, en 2013, le nombre de ruptures conventionnelles est resté à un niveau élevé (6 089 en Isère). cahier thématique économie emploi point de vue d’expert interview Magali Talandier maître de conférences en aménagement et urbanisme à l’Institut de Géographie Alpine (IGA) rattachée au laboratoire PACTE, livre son point de vue d’expert, en écho à son travail de recherche au sein du programme POPSU (plate-forme d’observation des pratiques et stratégies urbaines) remis au PUCA (plan urbanisme construction et architecture) en juillet 2013. Comment réagissez-vous au portrait économique du territoire dressé dans ce cahier ? S i l ’ a g g l o m é ra t i o n grenobloise possède de nombreux atouts économiques, ses fragilités sont aujourd’hui réelles et méritent d’être diagnostiquées clairement pour être mieux, espérons-le, surmontées rapidement. Ainsi, les discours et publications qui placent Grenoble dans les villes innovantes et attractives sont en partie justes... Pour autant, ces atouts ne se soldent pas nécessairement par un développement harmonieux du territoire. Je m’explique… “L’agglomération grenobloise possède de nombreux atouts économiques, ses fragilités sont aujourd’hui réelles” La longueur d’avance prise par Grenoble sur l’économie de la connaissance en France et dans le monde dans certains domaines constitue certes un atout incontestable, une condition nécessaire mais par contre non suffisante au développement économique, social et culturel de l’ensemble du territoire et pour l’ensemble de ses habitants. Force est de constater que Grenoble, par rapport aux agglomérations de dimension et de positionnement comparables, est moins performante sur son attractivité résidentielle, sur l’essor de ses emplois, sur la hausse du niveau des revenus… Y compris dans son domaine d’excellence, l’économie de la connaissance, Grenoble, bien que très bien classée, décroche (hausse moins rapide des emplois de cadres des fonctions métropolitaines que dans les autres grandes aires urbaines, en partie explicable par un phénomène de rattrapage de ces dernières, mais pas seulement, puisque des agglomérations comme Toulouse maintiennent leur avance). Comment interpréter l’impact de la crise sur l’économie grenobloise ? Grenoble fait partie des rares agglomérations françaises à avoir plutôt mal résisté à la crise économique. Ce constat est dû à l’importance du secteur industriel dans la région grenobloise, très durement impacté par les pertes d’emplois. La présence également de grands groupes sous pavillon étranger constitue un élément de dynamisme économique, un révélateur de l’attractivité économique de ce territoire tout en l’exposant aux aléas conjoncturels mondiaux et à la concurrence internationale. Par ailleurs, aujourd’hui, les agglomérations qui s’en sortent le mieux sur le volet productif sont celles qui ont aussi misé sur l’économie résidentielle. Plus précisément, c’est en agissant sur ces deux volets, en pensant le territoire en termes de système productivo-résidentiel que Grenoble pourra rester compétitive. Les recherches que j’ai menées soulignent également l’importance du poids et de la dynamique de l’emploi public dans ce territoire. Ceci traduit une forte capacité de mobilisation des dispositifs mais aussi une dépendance vis à vis des fonds publics qui dans le contexte actuel et à venir de nécessaire réduction des déficits publics constitue une réelle fragilité. Il y a donc urgence à prendre conscience de cette exposition aux externalités, et voir comment adopter une stratégie de développement économique territoriale productivo-résidentielle – et non plus seulement sectorielle - en intégrant les différents leviers : attractivité résidentielle et récréative, économie de la consommation, tourisme, innovation, économie de la connaissance, évolution du tissu industriel local… “Il y a urgence à prendre conscience de cette exposition aux externalités” 29 Que dire de la situation de l’emploi à Grenoble aujourd’hui ? La crise a, en France, notoirement touché les emplois industriels, en particulier les emplois masculins de personnes peu qualifiées. Je remarque qu’il existe un a priori non vérifié sur la qualité supposée des emplois productifs d’un côté et la précarité des emplois résidentiels ou présentiels de l’autre. Or, rappelons que les emplois intérimaires extrêmement précaires sont principalement des emplois de la sphère productive. A l’inverse, il existe des emplois hautement qualifiés dans l’économie de proximité (bureaux d’études, conseils, professions libérales, professionnels de la santé, de l’action sociale, de la culture…). “La crise a, en France, touché les emplois industriels, en particuliers les emplois masculins de personnes peu qualifiées.” Des études complémentaires, trop rarement proposées par les bureaux d’études ou les experts dans nos domaines de compétences, seraient nécessaires pour jauger la diversité et la qualité des emplois qu’offre un territoire par rapport aux autres (salaires horaires, durée du travail, turnover des postes, stabilité des contrats de travail, parité homme-femme…). Ce type d’analyse permettrait de mieux mesurer l’impact des actions menées, afin d’articuler plus efficacement les choix stratégiques économiques et leurs conséquences sociales. 30 conclusion Portrait économique du territoire > 5 de France hors bassin parisien, la zone d’emploi grenobloise constitue un espace économique fortement intégré de plus de 340 000 emplois. Elle se caractérise par une très forte présence des fonctions de conception-recherche et de fabrication (le fameux modèle grenoblois) et, de façon mécanique, par une sous-représentation des fonctions présentielles et transversales (transport, logistique...). Si ce modèle, entrainé par le double moteur du productif et du public, a permis un solide développement technopolitain, il a tendance à s’essouffler aujourd’hui. On constate par ailleurs qu’l n’a pas entraîné de développement économique dans la sphère résidentielle ni de dynamique urbaine (croissance démographique atone) . e Sans doute faut-il voir là un des effets de la crise économique et financière mondiale de 2008 : le secteur industriel, fortement soutenu par des capitaux étrangers, l’a subie de plein fouet. Concentré sur un petit nombre de secteurs d’activité, porté par de grands groupes, il est davantage exposé aux aléas de la conjoncture – ce qui, a contrario, pourrait lui permettre de bénéficier plus rapidement d’une reprise. Une chose est sûre, l’économie présentielle, liée à l’attractivité du territoire et à la dynamique démographique, recèle de vraies marges de progrès économique. Le présent cahier ne fait que décrire succinctement ces différents secteurs, ceux en croissance (comme les loisirs et les commerces) et ceux qui peinent. Unene étude plus fine de ce champ de l’économie serait indispensable pour affiner l’analyse. Autre enjeu actuel fort pour préserver le développement économique : lui « faire de la place », physiquement. Dans un territoire contraint comme celui de l’agglomération grenobloise, le foncier dédié à l’activité économique se raréfie de manière inquiétante. Cela freine l’installation d’entreprises consommatrices d’espace, comme les fonctions logistiques. Permettre l’emploi dans la proximité est un enjeu fort, ne serait-ce que pour réduire les très nombreux déplacements domicile-travail constatés dans le portrait du territoire. Enfin, la crise n’est pas sans conséquence sur le marché de l’emploi. Si le bassin grenoblois avait jusque-là mieux résisté que d’autres territoires aux effets de la crise économique, il connaît actuellement une détérioration plus rapide Et les difficultés d’accès à l’emploi touchent des populations plus fragiles, les seniors, les chômeurs longue durée et, en particulier, les habitants des quartiers populaires. Dans ce contexte, la nouvelle géographie prioritaire de la politique de la ville, annoncée par l’Etat en juin 2014, confirme la nécessité d’une intervention renforcée dans certains territoires et, notamment, une meilleure mobilisation des outils d’aide à l’emploi et à la formation pour leurs habitants. Pour autant, dans le domaine de l’emploi, le présent cahier montre bien que les phénomènes économiques se jouent à une échelle bien plus large, celle, a minima, de la zone d’emploi. Un enjeu fort pour les politiques publiques reste la qualification de l’ensemble des publics salariés et demandeurs d’emploi fragilisés, en réponse à la fois aux besoins des employeurs et à la nécessaire sécurisation des trajectoires professionnelles des personnes. Ce premier cahier thématique témoigne de la complexité du champ de l’observation économique et du fort intérêt qu’elle représente pour articuler toujours davantage le développement économique et l’évolution des métiers et des compétences. contact Gabriel VOISIN-FRADIN [email protected] Qu’est-ce que l’OBS’y ? Le réseau des observatoires de l’agglomération grenobloise, baptisé OBS’y, est né en 2013. Ce partenariat réunit le Conseil général de l’Isère, Grenoble-Alpes-Métropole, la Ville et le CCAS de Grenoble, la CAF de l’Isère, le SMTC, l’Université de Grenoble, l’Agence d’urbanisme de la région grenobloise, l’Udaf Isère et l’AEPI. L’OBS’y a vocation à suivre l’évolution de variables et d’indicateurs-clés pour le pilotage de l’action publique à l’échelle de l’agglomération, afin d’élaborer des diagnostics partagés sur différentes thématiques (précarité, habitat, enfance, personnes âgées, économie…). Les résultats et analyses sont présentés au sein de trois types de publications coproduites : les regards croisés, les cahiers thématiques et les tableaux de bord. Ont participé à ce cahier : Grenoble Alpes Métropole, l’AEPI, l’AURG, la ville de Grenoble, la CCI de Grenoble, l’UT38 de la DIRECCTE, la Région Rhône-Alpes via le CTEF du bassin grenoblois Crédit photo couverture : © TEMISTOCLE LUCARELLI - Fotolia.com