et Staphylococcus aureus. L’infection est
plurimicrobienne dans 20 % des cas [4].
Attention : l’intérieur du conduit auditif
externe est colonisé par une flore sapro-
phyte, et la présence de bactéries
Gram+ et Gram– (staphylocoques, co-
rynébactéries, Pseudomonas aerugino-
sa) et de champignons n’est pas synony-
me d’infection.
COMMENT CALMER
LA DOULEUR ?
La douleur d’une otite externe est très
violente [6], plus violente que celle des
otites moyennes aiguës et des otites
phlycténulaires, et volontiers insom-
niante. Il est rare que le paracétamol
suffise. Il est souvent nécessaire, pour la
calmer efficacement, de donner pen-
dant vingt-quatre à quarante-huit
heures des antalgiques de niveau II
comme le sirop de codéine (actuelle-
ment aucune spécialité associant para-
cétamol et codéine n’a d’AMM pour les
enfants de moins de six ans).
Les gouttes auriculaires contenant des
corticoïdes et/ou des analgésiques, si
elles ne sont pas suffisantes pour sup-
primer la douleur, vont au moins l’atté-
nuer [7].
FAUT-IL PRESCRIRE
UN ANTIBIOTIQUE ?
Oui, car les otites externes sont d’origi-
ne bactérienne dans plus de 95 % des
cas. Mais ce traitement doit être admi-
nistré par voie locale [5, 8, 9]. Les gouttes
auriculaires permettent en effet d’obte-
nir in situ des concentrations impor-
tantes du principe actif, qui ne pour-
raient pas être obtenues par voie systé-
mique, et ce sans complication systé-
mique digestive ou autre. Un traite-
ment par voie générale n’est à envisa-
ger que dans les formes compliquées,
s’accompagnant d’une adénopathie
prétragienne ou d’une périchondrite
(extension de l’œdème et de l’inflam-
mation au pavillon de l’oreille) et/ou
survenant sur des terrains particuliers :
diabète, déficience immunitaire innée
ou acquise [2].
Les gouttes auriculaires doivent conte-
nir des antibiotiques actifs sur les
germes les plus fréquemment en cause
que sont Pseudomonas aeruginosa et
Staphylococcus aureus [4, 10, 11]. S. au-
reus est naturellement sensible aux ami-
nosides. P. aeruginosa a une résistance
naturelle à la néomycine et la kanamyci-
ne, mais il est sensible à la colimycine, à
la polymyxine B et aux quinolones. Pour
ne pas compliquer la vie des parents et
faciliter l’observance, il faut prescrire
des gouttes contenant à la fois des corti-
coïdes (et éventuellement des anesthé-
siques locaux) et les antibiotiques actifs
sur les deux germes suscités (comme Pa-
notile®, Polydexa®, Antibiosynalar®,
Framyxone®) plutôt que des prépara-
tions magistrales ou des mélanges de
gouttes [12]. Cependant, si le tympan est
ouvert (perforation tympanique ou aé-
rateur transtympanique), les aminosides
sont contre-indiqués, et on n’a plus le
choix qu’entre Oflocet®et Otofa®. Les
gouttes restent longtemps sur le revête-
ment cutané, ce qui autorise un rythme
d’instillations biquotidien [8, 9].
Pour faciliter la pénétration et le main-
tien des gouttes jusqu’au fond du
conduit auditif externe, on peut laisser
en place pendant quarante-huit heures
une mèche de gaze sèche (1 cm de lar-
ge, 10 cm de long) ou un pansement ex-
pansible type Pope Otowick®, Ultra-
pack®ou Merocel®[2, 7, 13, 14] (figure 2).
Mais l’introduction d’un pansement
dans ce conduit inflammatoire peut être
douloureuse, et surtout le pansement
peut devenir intolérable lorsqu’il a gon-
flé. Il ne faut pas hésiter alors à le reti-
rer. Sinon il sera laissé en place quaran-
te-huit heures et les gouttes seront ins-
tillées dessus deux fois par jour. Aucun
problème pour son retrait, car le
conduit auditif externe va très rapide-
ment retrouver son calibre normal, et
bien souvent la mèche ou le pansement
tomberont tout seuls. Revoir l’enfant au
bout de quarante-huit à soixante-douze
heures pour l’ablation du pansement
(s’il n’est pas parti avant) permet aussi
de s’assurer que l’évolution suit un
cours normal et de vérifier le tympan.
Si l’enfant ne supporte pas les gouttes
auriculaires (sensation de brûlure, réac-
tion œdémateuse), par réaction d’intolé-
rance aux produits actifs ou à l’excipient,
il faut changer de gouttes auriculaires
Médecine
& enfance
mai 2013
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Figure 1
La lumière du conduit auditif externe
est virtuelle du fait d’un œdème très
important des parois.
Figure 2
Pansement expansible type Pope Otowick®,
sec à gauche, après humidification par du
sérum physiologique à droite. L’instillation
deux fois par jour de gouttes auriculaires le
maintient expansé et permet d’assurer le
contact entre les gouttes auriculaires et la
peau du conduit auditif externe.
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