Texte - Mgr Schonenback - Society of Saint Vincent de Paul

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Réflexion sur l’année jubilaire de la miséricorde
J’ai une forte croyance personnelle dans la Providence Divine, donc il me semble très
providentiel que le Pape proclame l’année jubilaire de la miséricorde, que nous vivons en ce
moment. Les médias, avec une constance, nous parlent de violences et de remous sociaux,
un amalgame de problèmes humains qui semblent sans solution. Dans un tel monde, il est
urgent que les chrétiens soient bien équipés et cela devra se faire avec l’inspiration de la
miséricorde divine.
Le dictionnaire Le Petit Robert définit la miséricorde comme la sensibilité à la misère. Au
malheur de l’autre. Une deuxième définition est la suivante : saillie fixée sous une stalle
d’église, pour permettre aux chanoines de s’appuyer tout en ayant l’air d’être debout.
Le sens biblique de l’idée d’une année jubilaire est très riche, indiquant un temps de repos et
de régénération. On laissait les champs jachères et les dettes furent remises. L’année
jubilaire est un temps propice pour une organisation, telle la Société de Saint-Vincent de
Paul, de revisiter les textes fondamentaux qui guident notre travail, plus précisément les
œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles, comme la Tradition chrétienne nous l’a
transmise.
Avant de regarder ces deux listes, j’aimerais réfléchir sur les six verbes de l’amour, tels que
proposés par le RP François Varillon SJ. Être miséricordieux, se traduit dans la réalité à
travers ces verbes de l’amour.
Le premier verbe est d’offrir. Cela suggère une disposition généreuse qui cherche le bon,
même caché. Aussi c’est le verbe qui nous aide à prévoir les besoins, avant qu’ils se
déclarent.
Le verbe en deuxième lieu est celui de demander. La miséricorde est quelquefois mise
devant une personne découragée qui ne s’aide pas. Elle a du potentiel, mais semble exiger
une parole ferme qui lui demande de faire mieux. L’art de demander dans un style chrétien
est un talent qu’il faut cultiver.
Le troisième verbe est de donner. Partager, en particulier notre temps, est souvent le grand
cadeau que l’on peut donner aux pauvres et aux personnes seules. L’interrelation des verbes
est évidente et la disposition généreuse, déjà mentionnée, joue ici aussi.
Notre quatrième verbe est de pardonner. Cela appelle les vertus de sagesse et de
compréhension, deux charismes du Saint-Esprit, qui sont intimes à ce procédé de
miséricorde.
Le cinquième verbe est celui d’accueillir. Il faut défaire les clôtures de l’incompréhension et
de l’aliénation. La miséricorde exige l’accueil ; afin de sentir la richesse de la miséricorde, il
faut se sentir accueilli.
Le dernier verbe de l’amour surprend, il s’agit de refuser. Quand nous prenons du temps
avec une personne découragée, ce verbe est en jeu. En effet nous refusons de perdre
confiance dans cette personne. Ce verbe est aussi en jeu quand il faut exercer ce qu’on
désigne par le terme anglais tough love ; cela a sa place dans le royaume de la miséricorde.
Les œuvres de la miséricorde corporelles sont bien connues. Ils font écho à ce qu’on a
considéré aujourd’hui lors de la Lectio Divina. S’occuper de la faim et de la soif, fournir du
logement, visiter malades et prisonniers sont des éléments qui entrent dans la description de
tâches des membres de la Société de Saint-Vincent de Paul. Probablement que quelque part
dans le monde, il y a des conférences qui font la septième œuvre de miséricorde corporelle,
et ensevelissent les morts.
Que veut-on dire par la première œuvre dans cette liste, conseiller ceux qui sont dans le
doute. En accomplissant notre besogne de membres de la Société de Saint-Vincent de Paul
de façon chrétienne et joyeuse, nous témoignons la Foi qui nous inspire, et par le fait même,
nous dissipons les doutes. C’est la charité qui donne crédibilité à l’Église, et en étant disciple
de cette Charité nous faisons beaucoup pour conseiller ceux qui sont dans le doute.
La deuxième œuvre de miséricorde spirituelle est d’enseigner les ignorants ; cela nous
rappelle ce devoir qu’a tout croyant d’écouter saint Paul, qui nous dit de toujours être en
mesure d’expliquer la Foi qui nous anime. Si nous avons besoin de plus grands
renseignements, il faut prendre les mesures pour les obtenir. Dans un sens indirect, cette
vérité donne de l’importance à ce que les conférences aient leur propre conseiller spirituel.
La troisième dans cette liste est d’avertir les pécheurs. Je pense que cette œuvre signale
notre travail dans le Changement systémique. Nous devons avoir le courage d’affronter
l’injustice et la cupidité et de travailler pour bâtir une société plus juste pour tous. La
cruauté et la cupidité sont des dragons que nous devons avoir le courage d’abattre.
Les trois suivants vont ensemble, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter
avec patience les personnes ennuyeuses. Ce sont des atouts que les Vincentiens doivent
développer pour que notre travail soit efficace et sanctifiant.
Ceci m’amène à une dernière idée. Je crois que l’exercice de la miséricorde doit nous
conduire à une existence harmonieuse. L’harmonie est ce qui caractérise une bonne famille,
une bonne paroisse, une bonne entreprise. Les relations harmonieuses sont source de vraie
joie.
La dernière œuvre de miséricorde spirituelle est de prier pour les vivants et les morts. Ceci
est une bonne place pour nous arrêter. Une vie, où la prière se trouve en place d’honneur,
nous fait sentir la présence de Dieu, et par conséquent, c’est en partenariat avec le Divin que
nous œuvrons. Par le fait même, nos vies seront source de miséricorde.
Msg. Peter Schonenbach, conseiller spirituel du Conseil national
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