L’apoptose et la survie cellulaire dans la maladie d’Alzheimer : action de l’humanine et de l’IGFBP-3 Si l’apoptose neuronale est un événement normal au cours du développement du système nerveux, elle survient aussi lors de pathologies et représente un des principaux phénomènes de dégénérescence. Dans ces cas, un des fondements de thérapies possibles est de prévenir la mort neuronale et de soutenir la survie des cellules saines. Dans cette perspective, un agent potentiel est l’ « insulin-like growth factor » ou IGF-I, qui stimule la survie, la prolifération et la différenciation des cellules nerveuses. Le taux d’IGF-I diminue au cours du vieillissement et son niveau sérique plus faible favoriserait l’accumulation de protéine βamyloïde dans le cerveau. Il agirait en facilitant son transport en dehors du cerveau et protégerait ainsi celui-ci contre l’action nocive de la protéine β-amyloïde. Les protéines de liaison de l’IGF (IGFBP) ont une action, non seulement dans la régulation de l’activité de l’IGF circulante, mais aussi indépendamment d’elle, en induisant l’apoptose et en inhibant la croissance cellulaire. Elles sont notamment stimulées par la présence de β-amyloïde et l’IGFBP supprime l’action protectrice de l’IGF-I dans la survie cellulaire. L’humanine est un peptide qui a été identifié dans les neurones survivants du cortex occipital de cerveau de patients atteints de maladie d’Alzheimer. Il favoriserait la survie cellulaire en se liant aux facteurs préapoptotiques Bcl-2 et donc en inhibant l’activation de la protéine Bax. L’étude qui vient d’être publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences vise à préciser les relations entre ces différents facteurs dans la survie cellulaire en utilisant des cultures cellulaires de glioblastome et de neuroblastome ainsi que des cultures primaires de neurones. Les résultats montrent : • La liaison de l’humanine avec le facteur préapoptotique IGFBP-3 est confirmée et bloque le processus de mort cellulaire dans les glioblastomes. • Si la sécrétion de l’humanine est empêchée, sa liaison avec l’IGFBP-3 n’est pas réalisée, et aucune action protectrice n’est observée. • La substitution de la cystéine en position 8 par une alanine ne permet pas la liaison et supprime l’effet protecteur. • Comme le taux d’IGFBP-3 est élevé dans les cerveaux Alzheimer, une partie de l’action de l’humanine s’exercerait en inhibant son activité apoptotique. • L’abondance d’IGFBP-3 dans les plaques séniles et les enchevêtrements neurofibrillaires suggère son intervention dans la dégénérescence neuronale et la toxicité de la βamyloïde pourrait donc être exaltée par l’IGFBP-3. L’humanine pourrait donc représenter un facteur de protection contre la mort neuronale et son faible poids moléculaire en fait un agent thérapeutique possible capable de transiter par la barrière hémato-encéphalique. Ph. van den Bosch de Aguilar Université Catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve Ikonen M, Liu B, Hashimoto Y, Ma L, Lee K-W, Niikura T, Nishimoto I, Cohen P. Interaction between the Alzheimer’s survival peptide humanin and insulin-like growth factor-binding protein 3 regulates cell survival and apoptosis. Proc. Nat. Acad. Sci. 2003; 100: 13042-13047 ©2003 Successful Aging SA Af 180 - 2003