1er empire colonial français

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Le 1 empire colonial français
XVIIe-XVIIIe s.
1. Un monde à explorer
En s’aventurant par delà les mers, les Français ont les mêmes buts que les autres
grandes puissances maritimes européennes. Ils veulent d’abord trouver un passage
vers les Indes et ainsi accéder à ses précieuses épices, ensuite découvrir de nouvelles
richesses à exploiter dans des régions inconnues. François 1er conteste l’hégémonie
coloniale des espagnols et des portugais. Il défend la thèse qu’une terre n’est pas à son
inventeur mais à son possesseur. Ainsi des navigateurs s’élancent à travers l’Océan
Atlantique pour le compte de la monarchie française. Jacques Cartier explore le golfe
du Saint-Laurent en 1534.
Le renforcement de la marine sous Richelieu va aussi de pair avec une action coloniale
et commerciale. La colonisation des Antilles est lancée. La Guadeloupe et la
Martinique sont conquises en 1635. Richelieu crée aussi des compagnies comme celle
de la Nouvelle-France au Canada en 1628, ou la compagnie des îles d’Amérique.
Avec Louis XIV commence cette grande politique qui permet à la France de s’imposer
sur la mer. Cette réussite de la France dans les domaines de la mer et des colonies est
d’abord due à l’action de Colbert pour faire de la marine française l’une des plus
puissantes d’Europe. Une marine de guerre forte est la condition essentielle au
maintien des colonies et à leur lucrative exploitation. Elle permet aussi le contrôle des
routes maritimes, indispensable à l’expansion du commerce.
2. L’organisation du premier empire colonial français
La France de la fin du XVIIe siècle a réussi à se constituer un grand empire colonial,
constitué en trois zones géographiques, la Nouvelle-France les Antilles, et les
possessions sur la route des Indes. Chacune de ces zones a ses ressources, son système
administratif et commercial qui lui est propre.
La Nouvelle-France
Le but de la colonisation en Amérique du Nord est d’abord l’exploitation des aires de pêche,
mais aussi les échanges de peaux de castors avec les Indiens et l’exploitation du bois.
C’est une colonie de peuplement. Après un démarrage difficile, la population augmente
rapidement dans la seconde moitié du XVIIe siècle, pour atteindre 12 000 personnes vers 1700.
Ceci est dû d’abord à un encouragement massif au départ, à une politique d’assimilation des
populations indiennes qui sont instruites et converties à la foi chrétienne et enfin à une
politique nataliste. La colonie est dotée d’une administration similaire à une province française,
avec à sa tête un gouverneur, un intendant et la législation française y est appliquée. Cette
administration royale sert son but premier, l’exploitation de la colonie. En 1682, le Mississippi
est descendu et revendiqué de France sous le nom de Louisiane. La Nouvelle-France est sans
doute la colonie la plus aboutie des français. En Amérique du Nord, la France a réussi à dominer
le territoire et ses habitants en créant une grande colonie de peuplement.
Les Antilles
Les Antilles sont d’abord pour les Français un lieu propice à la culture du tabac, mais
rapidement l’implantation de la canne à sucre permet de meilleurs profits. La production
sucrière conditionne le développement d’une société coloniale particulière. Au centre du
système se trouve le riche colon et son exploitation de canne à sucre. Dans toutes les îles à la fin
du XVIIe siècle, plus de la moitié de la population est composée d’esclaves. Ceux-ci dirigés par
un commandeur, travaillent dans les plantations dans des conditions atroces, pour des maîtres
tout puissants. Les Antilles françaises sont densément peuplées et on voit l’apparition de villes
où se retrouvent colons et marchands, deux classes souvent en opposition. En 1674, une
administration royale est établie avec à sa tête un gouverneur. Les Français tirent de très gros
profits de leurs îles à sucre mais y conservent au XVIIIe siècle un rival sérieux, l’Angleterre.
XVIIe-XVIIIe s.
La route des Indes
La France d’abord lancée dans l’aventure américaine a délaissé l’Asie. La route du Cap de Bonne
Espérance est bien contrôlée par les Portugais puis par les Hollandais. Pourtant les Français sont
intéressés par les marchandises asiatiques, épices et textiles qu’il est nécessaire de faire
importer. La compagnie des Indes orientales créée par Colbert doit assurer le monopole des
importations françaises d’Asie. En 1664, la France colonise l’île Bourbon (La Réunion), puis en
1715 l'île de France (Île Maurice), qui servent d’étape aux navires de commerce et de guerre sur
la route des Indes. Enfin les Français s’installent en Inde et fondent un comptoir à Pondichéry,
qui devient dès la fin du XVIIe siècle un établissement commercial florissant pour les Français.
De là, les Français gagnent le commerce d’autres zones d’Asie comme le Bengale ou le Siam.
Malgré ses bénéfices, la compagnie des Indes connaît d’importantes difficultés financières. La
lutte contre ses rivaux, notamment les Hollandais, est très onéreuse. Elle doit mener bataille,
fortifier ses comptoirs, son commerce est perturbé. D’autres raisons freinent la compagnie,
manque de moyens, lourdeur de l’État dans son fonctionnement, tarif douanier trop fort. La
compagnie connaît des difficultés et même si elle ne contrôle pas l’océan indien, les Français
sont durablement implantés sur le continent asiatique avec lequel ils ont un commerce
permanent. Ils peuvent rivaliser avec les Hollandais qui sont en perte de vitesse à la fin du
XVIIe siècle, aussi avec les Anglais.
3. Le commerce d’outre-mer
La colonisation est guidée par la demande intérieure européenne qui se porte sur des
produits nouveaux situant le fait colonial dans la continuité de l’extension du
commerce médiéval des épices.
La première richesse exploitée concerne les richesses halieutiques. En effet, dès le
début du XVIe siècle, les marins fréquentent Terre-Neuve et les îles proches de
l’embouchure du Saint Laurent pour la pêche à la morue. Après une installation
permanente sur ces rives de l’océan, la métropole reçoit une partie de cette pêche
tandis qu’une autre est détournée au profit des Antilles. Outre la morue, ces colonies
exportaient aussi du charbon de terre, des madriers, du saumon, des maquereaux. En
échange elles recevaient des colonies antillaises du sucre, des sirops, du tafia. Ces
dernières marchandises constituaient l’essentiel des exportations vers la métropole
auxquelles on peut ajouter d’autres produits comme le café, du cacao, le tabac,
l’indigo. La France à la fin de l’ancien régime est un pôle de redistribution des produits
tropicaux qui représentent près de 40% de son commerce extérieur. De grandes
fortunes se sont bâties sur la traite négrière et le commerce colonial.
4. Le déclin du premier empire colonial français
La France a perdu l’essentiel de ses territoires coloniaux en 1763 lors du Traité de Paris
qui mit fin à la guerre de Sept Ans. Cependant, elle conserve alors, outre les
Mascareignes (Île de France et Île Bourbon), encore peu développées, les très rentables
îles antillaises (Saint-Domingue, Guadeloupe et Martinique), premières exportatrices
mondiales de sucre. L’Empire connaît alors entre 1763 et les années 1780 son apogée.
En 1803, Napoléon vend la Louisiane aux États unis. En 1804, la France perd sa plus
riche colonie, Saint-Domingue qui devient indépendante sous le nom d’Haïti.
Après la chute du Premier Empire, elle n’a plus dès lors de vastes territoires coloniaux,
ne conservant que quelques comptoirs : les établissements français de l’Inde, l’île de
Gorée au Sénégal, quelques îles des Antilles (Guadeloupe, Martinique, sa moitié de
Saint-Martin…), ainsi que la Guyane et Saint-Pierre et Miquelon.
La conquête de l’Algérie en 1830 représente un premier pas vers la reconstitution de
l’empire colonial français, mais la conquête coloniale est surtout le fait de la Troisième
République, essentiellement en Asie et en Afrique.
XVIIe-XVIIIe s.
XVIIIe s.
6. La pêche morutière
Dès le XVIe siècle, les Granvillais pratiquaient couramment la pêche à la morue sur les bancs et à la côte de
Terre-Neuve, dont dépendra essentiellement la prospérité de la cité. Mobilisant les capitaux des armateurs, elle
rythmait la vie de la ville et du pays alentour, où se recrutaient les équipages, du départ de la flottille, au mois
de février ou de mars, aux retours échelonnés d’octobre à janvier.
Siméon Ravenel fréquente
Terre-Neuve tout au long
de sa carrière. D’abord
comme chirurgien, puis
comme capitaine de
pêche, armateur et, au
nom du Roi, pour le
transport des Acadiens et la
protection des navires de pêche
français. Il embarque son fils Gaud
Louis en 1764 pour à sa première
campagne de pêche.
Les Granvillais furent certainement parmi les premiers pêcheurs, basques,
normands et bretons, à tenter l’aventure vers Terre-Neuve. Ils pratiquaient à
la fois « la pêche errante » sur les bancs, d’où ils ramenaient de la « morue
verte » (salée) entassée dans la cale du bateau, et « la pêche sédentaire », à
la côte de Terre-Neuve, où ils pouvaient faire sécher la morue, d’où le nom
de « pêche à la morue sèche ».
En 1572, 12 à 15 navires sont armés pour les « Terres Neuves », et une
vingtaine tout au long du siècle suivant. Au XVIIIe siècle, la progression est
constante. Elle atteint son apogée quelques années avant la Révolution,
lorsque Granville arme, à parts égales avec Saint-Malo, près des deux tiers de
la flottille morutière française : en 1786, 105 morutiers, embarquant plus de
4000 hommes, quittent Granville.
Le commerce et les relations que Granville entretient avec un grand nombre
de ports français et étrangers sont étroitement liés à cette activité : denrées
et marchandises diverses pour l’avitaillement et l’équipement des bateaux
avant le départ, approvisionnement en sel, vente des produits de la pêche :
morues, rogues et huile.
Les équipages sont recrutés parmi les inscrits maritimes, c’est à dire les
pêcheurs de chaque port ou aux environs.
Depuis 1760, l’âge d’embarquement est fixé à 12 ans. En général, on
commence comme mousse à 12 ans puis on devient novice à 16 ans et
matelot classé à 18 ans, appelé alors à servir sur les vaisseaux du roi.
Pour pêcher sur les bancs, il faut être matelot de métier, être habitué à la
navigation et connaître la technique de pêche. Au contraire, pour la pêche
sédentaire, n’importe qui peut se présenter à la condition d’être jeune.
A Granville, le mode d’engagement était dit « au cinquième » du produit net
de la pêche et du fret s’il y en avait. En usage depuis l’origine, ce mode de
rémunération fut codifié par le Règlement du 27 mars 1743.
Outre les « avances » versées avant le départ et qui permettaient aux marins
de payer leur équipement, le produit net de la pêche était divisé en autant de
« lots » qu’il y avait d’hommes, plus un lot supplémentaire pour le capitaine.
Certains membres de l’équipage ne recevant pas un lot entier (mousses,
novices), l’excédent était reversé à l’armateur.
A découvrir dans l’exposition :
- Chevalier de KERVEGAN. Plan de l'Isle
de St Pierre de Terre-Neuve
- BELLIN. Carte de Saint-Pierre et
Miquelon
Siméon Ravenel devient le premier granvillais à acquérir en 1763 une
concession de terrain de 40 toises à Saint-Pierre pour y établir une sécherie
et pratiquer la pêche sédentaire. A cette fin, il arme le Duc de Choiseul et la
Duchesse de Choiseul, deux navires avec 45 et 12 hommes. Capitaine et
armateur, il embarque et initie son fils, Gaud Louis, qui participe à sa
première campagne.
1715-1810
7. L’Île de France (Île Maurice), colonie française
La France désire consolider son implantation dans l’Océan Indien. Ayant déjà des comptoirs à Pondichéry et
Chandernagor depuis 1674, l’Île Maurice allait offrir un point d’appui idéal pour confirmer sa présence.
Abandonnée par les Portugais puis les Hollandais, les Français s’implantent sur l’île en 1715. La France était déjà
présente à l’Île Bourbon (Île de la Réunion). Mauritius prend désormais le nom d’Île de France.
Gaud Louis de Ravenel
passe une grande
partie de sa vie à l’Île
de France. Il la
fréquente lors de la
campagne des Indes
avec Suffren, puis s’y
établit comme capitaine du port à
Port-Louis de 1787 à 1797. Il en sera
député à l’Assemblée coloniale et
notable de 1798 à 1809 et y sera
inhumé en 1824.
L’île est vierge de tout habitant et est doté de deux excellents ports,
notamment le port Nord-Ouest, futur Port-Louis. Ce n’est qu’en 1735
qu’elle prend son essor en devenant une base navale pour la France mais
aussi un entrepôt pour son commerce avec l’Inde, au cœur de la route des
épices. C’est au cours de la seconde moitié du 18e siècle que l’Île de France
atteint son apogée grâce à la situation stratégique qu’elle occupe. Elle
devient une escale essentielle, une base militaire où sont puisés tous les
renforts dans les conflits entre Français et Anglais pour les comptoirs
indiens.
L’Île de France et aussi une terre d’accueil pour voyageurs de passage et
relais privilégié pour les expéditions scientifiques. Lapérouse y séjourne six
années avant sa grande expédition à travers le Pacifique.
Au début du 19e siècle, l’Île de France est quelque peu délaissée par La
France, impliquée dans les guerres napoléoniennes, et sa survie dépend
uniquement des corsaires français. Surcouf fait de Port-Louis son port
d’attache et contribue à soutenir le moral des colons par l’abondance de
ses prises. Le 2 décembre 1810, l’île devient territoire britannique mais la
langue, les coutumes et les lois des habitants restent inchangées. L’Île de
France reprend désormais le nom de Mauritius mais ses habitants
préféreront la nommer l’Île Maurice.
A découvrir dans l’exposition :
- Carte réduite des Isles de France et de
la Réunion 1796-1797
- Plan général de l'Isle de France
- L.-A. GARNERAY, L'île de France, PortLouis. Estampe
- J. MILBERT. Gravures de l’île de France.
Aménagements de l’île
Sous l’impulsion du gouverneur de l’île, Mahé de La Bourdonnais, l’île va
se transformer en quelques années. En 1735, les installations de PortLouis sont précaires et les colons démunis de tout vivent dans une quasi
misère. Il fait venir des ouvriers et des artisans qualifiés qui contribuent à
former une main d’œuvre locale.
Port-Louis se dote d’infrastructures : un aqueduc amène l’eau potable à la
ville, des chemins sont tracés, un hôpital est construit, des magasins sont
édifiés pour les denrées, des casernes permettent de loger les équipages.
Des batteries pour la défense de l’île, des moulins, des poudrières, des
arsenaux, des briqueteries et des fours à chaux complètent ses
équipements. En parallèle, une première sucrerie est crée au quartier des
Pamplemousses ainsi qu’une fabrique de coton et d’indigo.
Les colons sont encouragés à se lancer dans les cultures vivrières afin de
subvenir à leur besoin et à cultiver le manioc.
Ses installations de base donnent une première impulsion à la colonie.
Pour fonder une ville, le port doit devenir une escale incontournable. Le
port est creusé de façon à faciliter l’accès aux vaisseaux de fort tonnage et
un chantier naval est mis en service. Une bâtisse destinée aux fonctions
administratives de la colonie, l’Hôtel du gouvernement, est dressée sur la
Place d’armes.
1715-1810
8. Le cas des esclaves à l’Île de France
En 1771, Siméon Ravenel
pratique le commerce
triangulaire de Juda
(Bénin) jusqu’aux
colonies européennes
dans les Antilles.
Il est capitaine pour un
armateur privé utilisant
un navire du Roi L’Expérience et son
équipage.
Les Français s’installent au 18e siècle dans l’ancienne colonie hollandaise de
Maurice et baptisent Île-de-France cette escale qui facilite et protège la route
de leurs bateaux vers l'Inde.
Les premiers colons arrivent en 1721, moment où l’île est administrée par la
Compagnie des Indes orientales (1722 à 1767). Cette Compagnie créée par
Louis XIV et Colbert avait pour but de concurrencer les autres pays
européens. En vue d’attirer des capitaux, lui avaient été accordés un
monopole commercial dans l’Océan Indien pendant 50 ans et de véritables
privilèges régaliens comme le droit de battre monnaie ou d’entretenir des
forces militaires.
Quelques centaines d’esclaves en provenance du Sénégal et de la Guinée
arrivèrent sur l’île de France dès le début de la colonisation.
La pratique d’esclavage en France est officialisée depuis le 28 août 1670.
L’adaptation du Code Noir à l'usage des Mascareignes, en 1723, favorise en
effet l’arrivée de milliers d’esclaves provenant en majorité de l’île de
Madagascar et de l'Afrique orientale.
Gaud Louis de Ravenel
est capitaine du port
de Port-Louis de 1787
à 1797 et y séjourne
jusqu’ à la fin de sa
vie en 1824.
Notable établi, il
participe notamment à la création
d’une indigoterie sur l’île en 1789
employant 95 esclaves
Recensement de 1788
4457 blancs (militaires retraités, marins,
employés Compagnie des Indes),
2456 gens libres,
37913 esclaves (créoles, noirs, mûlatres,
indiens, malais, malgaches…).
L’Île de France avec les bassins et les fortifications de Port-Louis constitue un
solide point d’appui militaire et commercial. Les cultures vivrières se
développent dans tout l’archipel libérant les Mascareignes des servitudes du
ravitaillement sans exclure les plantations.
L’île cultive le café et les plantes à épices, exploite le bois puis se lance, dans
la seconde moitié du 18e siècle, dans la culture lucrative de la canne à sucre,
grande consommatrice de main d’œuvre.
La population de l’île passe d’un millier d’habitants en 1735, à 20 000, en
1767, dont 15 000 esclaves.
Sous la Révolution, la colonie rejette toute modification de son régime
politique et social. En 1796, lorsqu'arrive l’expédition du gouvernement
français porteuse du décret d’abolition de l’esclavage de 1794, les
commissaires du gouvernement sont contraints de rembarquer et le système
esclavagiste est maintenu.
Le premier consul de la République, Napoléon Bonaparte, rétablit
partiellement l’esclavage le 20 mai 1802. En 1810, lorsque les britanniques
commencent à contrôler l’île, la population s’élèvent à 73 000 habitants dont
80 % d’esclaves originaires du Mozambique et de Madagascar.
Sous l’administration anglaise, la culture de la canne à sucre fait rapidement
la richesse des planteurs. Ceux-ci vont lutter de toute leur force contre
l’abolition de l’esclavage qui devient effective en 1835 sur l’île, après que la
couronne britannique ait versé aux planteurs de substantiels
dédommagements. Pour compenser le départ de bon nombre de leurs
anciens esclaves, les planteurs font venir d’Inde des coolies qui travaillent
dans des conditions proches de celles des esclaves noirs.
A découvrir dans l’exposition :
- J. MILBERT. Gravures de l’île de France.
- J. B. LABAT. Plan du fort françois à Juda.
Les Français perdirent donc définitivement au 19e siècle l’archipel des
Seychelles et l’archipel des Mascareignes à l’exclusion de la seule île de la
Réunion. Malgré cela, ce n’est seulement après deux générations que la
langue véhiculée issue des esclaves africains ou malgaches et du français est
devenue la langue des descendants d’esclaves : le créole mauricien.
Gaud Louis de Ravenel
participe de moitié à
la création d’une
indigoterie sur l’île
en 1789. Baptisée
« l’Union », elle
s’étend sur 886 arpents
dans le quartier militaire de Moka.
Dissoute en 1793, elle employait 95
esclaves.
9. L’indigo
Dès la découverte de la route maritime des Indes par Vasco de Gama en
1498, la porte est ouverte pour l’importation massive de l’indigo. Il fera une
concurrence énorme à l’indigo d’Europe, le pastel. Ce n’est toutefois qu’au
18e siècle que la ruine des producteurs de pastel s’amorce, lorsque les
européens développent la culture de l’indigotier dans leurs colonies.
L’indigo est l’un des plus anciens colorants connus. Le colorant est extrait de
l’indigotier, un petit arbuste au feuillage découpé qui pousse dans les régions
chaudes. La plante fournit de l’indigotine (bleue) et de l’indirubine (rouge).
La fabrication de l’indigo se fait dans l’eau : fermentation des feuilles,
oxydation du liquide obtenu par battage, récupération du précipité bleu
formé. Celui-ci est débité en pains facilement transportables.
« On en fait tremper les feuilles dans
l'eau pendant deux jours ou environ ;
ensuite on sépare l'eau qui a une
légère teinture de bleu verdâtre : on
bat cette eau avec des palettes de
bois durant deux heures, & l'on cesse
de battre quand elle mousse. On y
jette alors un peu d'huile d'olive, en
aspergeant. On voit aussitôt la
matière de l'inde qui se sépare de
l'eau par petits grumeaux, comme
quand le lait se tourne ; et l'eau étant
bien reposée, elle devient claire, &
l'eau se trouve au fond comme de la
lie, qu'on ramasse après avoir ôté
l'eau, & qu'on fait sécher au soleil.
L'inde se fait avec les jeunes feuilles &
les plus belles, & l'indigo avec le reste
de la plante. Cette plante croit dans
les Indes orientales & occidentales.
L'inde est ordinairement par petites
tablettes de deux à trois lignes
d'épaisseur & d'un bleu assez beau :
mais l'indigo est par morceaux
irréguliers d'un bleu brun, tirant sur le
violet ».
Encyclopédie Diderot et d’Alembert. 18e siècle.
A découvrir dans l’exposition :
- Carte de l'Isle de France avec le détail des
habitations
- J. MILBERT. Gravures de l’île de France.
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