CORRIGE TYPE Matière : Devoir n° : HG13 04 Epreuve de recette du : 08/09/16 statut: 00 7HG13CTPA0414 Composition en histoire Sujet : La guerre froide en Europe (1947-1975) Composition type La Seconde Guerre mondiale avait nécessité la mise en place d’une « grande alliance » entre les États-Unis et l’URSS afin de vaincre l’Allemagne nazie. De manière apparemment paradoxale, les media américains s’étaient alors enthousiasmés pour la résistance du peuple soviétique et plus encore pour la victoire soviétique de Stalingrad. En URSS, Staline décidait de dissoudre le Kominterm, perçu par les Occidentaux comme l’organe de la subversion communiste mondiale et à Yalta, en février 1945, le président Roosevelt lui arrachait le principe d’une participation soviétique à l’ONU, idée pour laquelle Staline n’avait à l’origine aucune sympathie. Cependant, dès la mort de Roosevelt (avril 1945) et la conférence de Potsdam (juillet-août 1945), les relations entre les États-Unis (E.U.) et l’URSS prennent une autre tournure. Dès 1946, Churchill dénonce le « rideau de fer » divisant ‘Europe occidentale et l’Europe orientale. La prise de pouvoir des partis communistes dans tous les pays d’Europe de l’Est et la mise en place de démocraties populaires finissent d’éloigner l’Occident de l’URSS. En mars 1947, c’est le président américain Harry Truman qui prend l’initiative de la rupture diplomatique en formulant la doctrine qui porte son nom. Truman affirme que le communisme est un totalitarisme qui cherche à étendre sa dictature sur le monde en général et sur l’Europe en particulier. Il convient donc que les États-Unis aident l’Europe afin de la protéger des ambitions criminelles de Staline. La doctrine Truman, formulée en mars 1947 met en exergue le fait que le continent européen est immédiatement central dans le déroulement de la guerre froide. C’est l’Europe qui se trouve au cœur du discours de Truman, c’est en priorité à l’Europe que le président américain destine l’aide économique qui permettra d’éviter le développement du communisme. C’est encore l’Europe qui sera le lieu de quelques-uns des événements les plus marquants de la guerre froide : blocus de Berlin, construction du Mur, conférence d’Helsinki. Pourquoi l’Europe constitua-t-elle un des enjeux majeurs de la guerre froide ? La rivalité entre l’Est et l’Ouest a-t-elle pris une forme particulière sur le continent européen ? C’est ce à quoi nous allons essayer de répondre en voyant d’abord que la première étape de la guerre froide, de 1947 à la mort de Staline en 1953, représenta sans doute un moment de tension maximale en Europe. Nous verrons ensuite que la politique de coexistence pacifique lancée par Khrouchtchev, porteuse de grands espoirs, aboutit finalement à la crise de Berlin en 1961 et mène le monde au bord de la guerre nucléaire en 1962 avec l’affaire de Cuba. Enfin, une troisième période s’ouvre au milieu des années 1960. On est désormais convaincu, aussi bien du côté soviétique que du côté américain qu’il faut trouver la voie de la détente, afin d’éloigner le risque d’holocauste nucléaire. Cette politique s’incarne à la fin des années 1960 dans la figure du président américain Richard Nixon et semble atteindre son point culminant avec la conférence d’Helsinki en 1975. Les années 1945-1947 avaient été marquées par un éloignement progressif des États-Unis et de l’URSS. La mise en place des démocraties populaires, véritables dictatures sous contrôle communiste, dans la plupart des pays de l’Est avait convaincu les autorités américaines des velléités expansionnistes de Staline en Europe et ailleurs et de la nécessité de s’y opposer. 1/3 La guerre froide débute réellement en 1947. Les actes fondateurs en sont la doctrine Truman (mars 1947), le plan Marshall (juin 1947) et le rapport Jdanov (septembre 1947). Truman dénonce la menace terrible que fait peser sur l’Europe occidentale le totalitarisme stalinien. Il part du principe que le communisme se développe sur les ruines et la pauvreté. Il convient donc pour les États-Unis d’aider l’Europe de manière significative afin d’empêcher l’essor du communisme dans cette région. Sans doute pense-t-il alors, même s’il ne les mentionne pas explicitement dans son discours, à la France, à l’Italie où les partis communistes sont politiquement importants au lendemain de la guerre, et à la Grèce qui s’enfonce alors dans une guerre civile où les forces gouvernementales sont massivement soutenues par les E.U. contre la guérilla communiste. Le Plan Marshall, proposé à la totalité des pays d’Europe, y compris l’URSS, en juin 1947 par le secrétaire d’État américain donne lieu, en particulier en France et en Italie, à de violentes luttes politiques où les partis communistes locaux dénoncent par voie d’affiches, par des manifestations plus ou moins violentes l’impérialisme américain cherchant à « acheter » l’Europe. La réponse soviétique n’arrive qu’en septembre 1947, lors du congrès de fondation du Kominform, en Pologne. Le ministre Andreï Jdanov y prononce un discours où il prend également acte de la division du monde en deux blocs. Inversant les termes de la doctrine Truman, il fait de l’URSS et de ses alliés le camp de la liberté, les E.U. étant décrits comme une puissance impérialiste qui cherche à imposer au monde un pouvoir de type fasciste. C’est cependant dans l’année 1948 que les mots cèdent la place aux confrontations directes. La Tchécoslovaquie demeurait le seul pays d’Europe orientale où les communistes n’avaient pas encore éliminé toute opposition. En février 1948, c’est le « Coup de Prague ». Les milices du parti communiste tchécoslovaque s’emparent du pouvoir par un coup d’État, contraignant le président Benès à quitter le pouvoir. La première confrontation majeure survient peu après avec le blocus de Berlin. En juin 1948, Staline veut mettre fin à l’apparente anomalie de la présence de troupes occidentales à Berlin-Ouest, au cœur de la zone d’occupation soviétique. Afin d’éviter une confrontation armée qui aurait signifié la guerre, il décide de forcer les Occidentaux au départ en isolant totalement Berlin-Ouest, faisant bloquer les routes et les voies ferrées. Pris au dépourvus, les Américains, aidés de leurs alliés européens et en particulier des Britanniques, décident d’organiser un pont aérien qui leur permet de ravitailler par les airs leurs soldats et la population berlinoise. Faute de résultats, Staline décide de lever le blocus en mai 1949 mais les tensions demeurent vives. Dès avril 1949, les Américains mettent en place une alliance militaire avec leurs alliés européens, le Canada et la Turquie. C’est l’O.T.A.N. (Organisation du traité de l’Atlantique nord) clairement tournée contre l’URSS. En mai 1949, à l’initiative des ÉtatsUnis, les trois zones d’occupation occidentales sont réunies pour céder à la place à un nouvel État allemand, la République fédérale d'Allemagne dont le premier chancelier est Konrad Adenauer. En réponse, les Soviétiques créent à leur tour une Allemagne dans leur propre zone d’occupation, c’est la République démocratique allemande (R.D.A.). L’Europe en général et l’Allemagne divisée en deux États, incarnent alors la division du monde en deux blocs antagonistes. La mort de Staline, le 5 mars 1953 va cependant marquer un premier apaisement dans la confrontation entre l’Est et l’Ouest comme nous allons le voir maintenant. Une fois la question de la succession de Staline réglée, Khrouchtchev s’impose comme le véritable maître de l’URSS. Ce n’est cependant qu’en 1956 que le nouveau dirigeant soviétique amorce un changement majeur en matière de politique étrangère en défendant l’idée que l’URSS et les E.U. doivent trouver la voie d’une coexistence pacifique afin d’éloigner le spectre de la guerre nucléaire. Celle-ci doit prendre la forme d’un respect mutuel entre les deux « super-grands », c’est-à-dire que chacun d’entre eux doit respecter la zone d’influence de son rival et s’engager à ne pas chercher à semer le trouble et la subversion chez son voisin. Ainsi, lorsque les chars soviétiques écrasent dans le sang la révolution hongroise de 1956, l’Occident proteste mais cela ne remet pas fondamentalement en cause le rapprochement soviéto-américain. L’URSS et les E.U. se retrouvent de fait sur une ligne politique voisine lorsqu’ils condamnent l’expédition franco-britannique de Suez (Remarque, il ne s’agit pas pour vous de développer en détail la crise de Suez, vous seriez alors hors sujet) et forcent les deux puissances européennes à se retirer d’Egypte. En 1959, Khrouchtchev est le premier dirigeant soviétique à se rendre en visite officielle aux États-Unis, visite qui, au moins symboliquement, semble montrer que l’Europe n’est plus forcément le cœur de la guerre froide. La coexistence pacifique montre cependant rapidement ses limites. En Europe, c’est encore et toujours la question de l’Allemagne et plus particulièrement celle de Berlin qui divise le continent. Du côté de la R.F.A., le chancelier Adenauer continue à refuser toute légitimité à la R.D.A., mais c’est surtout la division de Berlin qui va aboutir à la cristallisation de nouvelles tensions. Entre 1949 et 1961, c’est entre 2,5 et 3,5 millions d’Allemands de l’Est qui fuient la R.D.A. pour se rendre à l’Ouest, le plus souvent en se rendant à Berlin-Ouest. Le passage d’une partie de la ville à l’autre demeure en effet relativement libre, notamment en prenant le métro, jusqu’en 1961. Désireux de mettre fin à cette situation, le dirigeant communiste est-allemand Walter Ulbricht obtient de Khrouchtchev la construction d’un mur qui, désormais, divisera les deux parties de Berlin de manière totalement hermétique. C’est le 12 août 1961 que débute la construction du « Mur » dans une atmosphère particulièrement tendue où les troupes occidentales et les troupes soviétiques en armes se font face à la limite de leurs secteurs respectifs. C’est pourtant la crise de Cuba en 1962 qui va fermer la parenthèse de la coexistence pacifique. Cette crise, la plus grave de la guerre froide, va amener les E.U. et l’URSS au bord du conflit armé. On notera à ce propos que ce n’est pas l’Europe qui est à l’origine de cette confrontation mais Cuba, île des Caraïbes. L’Europe où les positions semblent désormais figées n’est plus, dans cette deuxième phase du conflit, qu’un espace parmi d’autres. 2/3 Néanmoins, l’acuité du risque nucléaire au cours de la crise de Cuba va pousser les E.U. et l’URSS à s’engager dans un nouveau type de relations internationales. Quelle va être la place du continent européen au sein de cette troisième période de la guerre froide ? C’est ce que nous allons voir. Avant même la mort de Kennedy et le renvoi de Khrouchtchev, en 1964, une ligne téléphonique directe est mise en place entre la Maison Blanche, à Washington, et le Kremlin à Moscou. Conscients des risques engendrés par une politique de confrontation directe, les Américains et les Soviétiques conviennent de la nécessité de pouvoir garder à tout moment une possibilité de dialogue. L’arrivée au pouvoir du président Johnson et surtout celle de Leonid Brejnev, en 1964, ouvre la voie à une sorte de glaciation des relations internationales. Abandonnant les politiques aventureuses des années précédentes, les deux pays semblent soucieux d’éviter toute provocation envers l’adversaire. En 1968, le Printemps de Prague est écrasé par les troupes du Pacte de Varsovie sans provoquer de réactions majeures du côté occidental. Il faut dire que dans la deuxième moitié des années 1960, l’essentiel de l’affrontement entre les deux blocs se situe en Asie avec la guerre du Vietnam où l’URSS soutient militairement et économiquement le Vietnam communiste mais se garde bien d’intervenir directement. L’élection de Richard Nixon à la présidence des États-Unis en novembre 1968 va cependant modifier la donne avec une nouvelle politique voulue par le gouvernement américain, la Détente. Richard Nixon qui, au cours des années 1950, s’était signalé par son anticommunisme, se laisse convaincre par l’idée que les E.U. pourraient avoir beaucoup à gagner à se rapprocher de l’URSS ou à tout le moins en acceptant de négocier sur certains points avec son ennemie. Il est sensible à l’argument d’une partie des milieux d’affaires américains qui considèrent que l’interdiction qui leur est faite de commercer avec l’URSS n’affaiblit nullement celle-ci et n’a guère pour effet que de favoriser leurs concurrents européens. En reconnaissant l’URSS comme un partenaire à part entière, Nixon espère également obtenir des Soviétiques qu’ils fassent pression sur leurs alliés nord-vietnamiens afin que les États-Unis puissent sortir à leur avantage du bourbier vietnamien. Le moment le plus spectaculaire de la Détente est sans doute le sommet de Moscou en juin 1972 qui aboutit aux premiers accords de désarmement nucléaire, les accords Salt 1. Ceux-ci sont complétés par toute une série d’accords commerciaux, notamment sur la vente de blé par les E.U. à l’URSS, et des accords scientifiques et spatiaux. Dans la logique américaine aussi bien que soviétique, l’Europe n’est nullement au cœur de la Détente. Celle-ci va cependant avoir une traduction sur le continent européen, en particulier avec la politique d’ouverture à l’Est menée par le chancelier ouest-allemand Willy Brandt, l’Ostpolitik. Dès 1970, un accord est signé sur le statut de Berlin entre la R.F.A., la R.D.A. et les quatre puissances occupantes. La même année, Willy Brandt se rend dans le bloc de l’Est, notamment en R.D.A. et en Pologne et rencontre à plusieurs reprises Leonid Brejnev. La conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, ouverte en 1973, est le témoignage des relations nouvelles qui se nouent alors entre les deux parties de l’Europe. Ces discussions entre l’Est et l’Ouest aboutissent à l’organisation de la conférence d’Helsinki au cours de laquelle les frontières issues de la Seconde Guerre mondiale sont reconnues par tous les États européens. L’ensemble des États participant, y compris l’URSS, s’engagent également à respecter le principe des droits de l’homme. Même si ces engagements resteront lettre morte, la conférence d’Helsinki correspond en quelque sorte à l’apogée de la Détente en Europe. Le continent européen constitue un enjeu majeur aussi bien pour les E.U. que pour l’URSS tout au long de la guerre froide. Même si, progressivement, l’Asie tend à devenir le lieu d’affrontement privilégié des deux grandes puissances mondiales et que l’équilibre géopolitique du continent européen ne bouge plus guère à partir du début des années 1950, l’Europe demeure un espace central dans l’affrontement des blocs comme en témoigne notamment la crise de Berlin en 1961. La conférence d’Helsinki semblait présager d’une période de relative coopération entre les deux parties du continent. Il n’en fut pourtant rien. La fin des années 1970, notamment marquée par l’entrée de l’Armée rouge en Afghanistan marque un regain de tension entre les deux « Grands ». Dès le début des années 1980, l’Europe occidentale est agitée par la crise des fusées Pershing, installées par les E.U. notamment en R.F.A. pour répondre au danger des fusées soviétiques SS 20 pointées sur l’Ouest. Il faudra finalement attendre l’arrivée de Gorbatchev en 1985 pour que le continent puisse s’engager sur la voie de sa réunification, notamment symbolisée par la chute du Mur de Berlin dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989. 3/3