DESCRIPTION D`UN ÉCHINIDE NOUVEAU

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R. KOEHLER
DESCRIPTION D'UN ÉCHINIDE NOUVEAU
BRISSOPSIS LE MONNIER!
DESCRIPTION D'UN ÉCHINIDE NOUVEAU
BRISSOPSIS LE MONNIER!
PARR. KOEHLER
PROFESSEUR
A
J}UNIVERSITÉ DE LYON
M. le professeur Le Monnier a été mon premier maitre en histoire naturelle; il
fut surtout le maitre préféré auquel le débutant que j'étais alors réclamait si souvent
des conseils, et qui a laissé chez moi un souvenir ineffaçable. Je suis très heureux
de me joindre à ses anciens élèves et de lui apporter ici un modeste hommage en
décrivant une espèce nouvelle dont je le prie de bien vouloir accepter la dédicace.
J'aurais cherché à faire une étude plus étendue si j'avais été prévenu plus t6t de la
manifestation organisée en son honneur : aussi je le prie de ne point mesurer au
nombre des pages de cette courte notice la très vive reconnaissance que je lui garde
pour l'influence qu'il a exercée sur ma carrière scientifique, et la profonde affection
que je lui ai vouée depuis l'époque, déjà lointaine, où j'étais son élève à la Faculté
des Sciences de Nancy.
BRISSOPSIS LE MONNIER!
(sp. nov.)
L'espèce nouvelle à laquelle je propose d'attribuer le nom de Brissopsis Le
Monnieri est représentée par deux individus qui m'ont été autrefois rapportés de la
Nouvelle-Calédonie avec des Pentaceros alveolatus Perrier et un Pentaceros nouveau
83
que j'ai décrit, en 1910, sous le nom de Pentaceros caledonicus. Ces différents
exemplaires étaient en excellent état et conservés dans l'alcool.
Les deux échantillons '.de Brissopsis avaient tous leurs piquants intacts. Je
les ai photographiés tels qu'ils m'ont été remis, et je reproduis ici quelques-unes des
épreuves obtenues (fig. 1, 2, 4 et 7); on remarquera de suite la forme caractéris­
tique du fasciole péripétale (fig. 1 et 2). Le plus grand exemplaire a été ensuite
dépouillé des piquants sur la moitié du test et c'est surtout d'après lui que je décrirai
l'espèce.
Voici les principales dimensions que je relève sur les deux échantillons, que je
désignerai respectivement par les lettres A et B.
Échantillon
A
Echantillon B
27 mm.
Longueur.
22
Largeur .
15
Hauteur .
Distance entre le milieu de l'appareil apical et le bord
antérieur du test (de chaque côté du sillon ambulacraire)
•
.
.
. .
.
.
. .
.
.
.
. . .
.
.
.
.
16
14
15
13
Distance entre le milieu de l'appareil apical et le bord
postérieur du test . .
.
.
.
.
.
Distance entre le bord antérieur du péristome et le
.
bord antérieur du test .
.
.
.
.
.
.
. .
.
.
Distance entre le bord antérieur du labre et le bord
postérieur du test .
.
.
.
.
.
Longueur des pétales antérieurs . .
.
.
.
Longueur des pétales postérieurs .
Largeur maxima du sillon antérieur dorsal .
Longueur du fasciole péripétale . . .
19
6
7
5
2
?
22
20
3
•
.
.
Largeur maxima du fasciole péripétale. . .
6
21
8
Largeur maxima des pétales antérieurs.
Largeur maxima des pétales postérieurs
7, 5
2,5
16
p
?
15
Longueur du fasciole sous-anal (au niveau de l'échancrure postérieure). . . . .
8
.
13,5
Largeur du fasciole sous-anal .
2,5x6
Péristome (longueur et largeur)
5,5x4,8
Périprocte (hauteur et largeur).
84
6,5
11
2,2X4,7
4xs
Le test est allongé, et, vu par la face dorsale, il offre un contour régulièrement
ovalaire (fig. 5 ). Sur les échantillons non dépouillés de leurs piquants, il paraît plus
large en raison de l'allongement des piquants sur les côtés du test (fig. l et 2).
L'ambulacre antérieur impair forme, sur la face dorsale, un sillon bien marqué
qui se continue jusqu'à l'extrémité antérieure, au milieu de laquelle il produit
une échancrure assez accentuée ; de chaque côté de celle-ci, le test est très
convexe. Les côtés suivent également une courbe convexe très régulière jusqu'à
l'extrémité postérieure qui est étroite et tronquée; le maximum de largeur du test
se trouve vers les deux cinquièmes antérieurs, un peu en arrière de la ligne qui
réunit les extrémités des pétales antérieurs. Les régions interradiales paires anté­
rieures et postérieures se relèvent en saillies assez marquées le long des ambulacres
correspondants. Les saillies formées par les interradius antérieurs le long du sillon
antérieur sont les moins importantes; les deux autres, qui s'élèvent de chaque côté
entre les pétales antérieurs et postérieurs, sont plus allongées et plus marquées.
L'interradius postérieur est peu renflé : il se continue par une courbe très régulière
avec l'extremite postérieure qui se dirige un peu obliquement en arrière. Une légère
dépression correspondant aux ambulacres antérieurs II et IV se montre sur les
côtés du test; les ambulacres postérieurs ne déterminent que des. dépressions insi­
gnifiantes.
Vu de profil (fig. 6), le test présente un bord antérieur fortement arrondi mais
aminci, et, du côté dorsal, il offre trois renflements successifs qui correspondent
respectivement aux trois proéminences interradiales que je viens d'indiquer; la
deuxième, qui est la plus allongée, est séparée de la première par une dépression
correspondant à l'ambulacre antérieur latéral, tandis que la dépression correspondant
aux ambulacres postérieurs I et V est à peine marquée.
Le profil de la face ventrale suit, en avant, une ligne légèrement convexe
·
jusqu'à la lèvre inférieure, puis il s'abaisse très lentement jusque vers l'extrémité du
sternum où le test atteint son maximum de hauteur; en arrière de ce point, la face
ventrale se relève pour atteindre la face postérieure qu'elle rejoint par un angle
obtus et arrondi. Cette dernière face est étroite (fig. 1 2) : elle a la forme d'un ovale
à bord supérieur arrondi et se terminant inférieurement en une pointe obtuse qui
correspond à son point de réunion avec la face ventrale; cette pointe coïncide exac85
,,_
tement avec le fond de la concavite que presente en son milieu le bord superieur du
fasciole sous-anal. Les côtes de la face posterieure correspondent aux bords externes
des plaques de l'interradius posterieur.
L'appareil apical se trouve à peu près à egale distance entre le bord anterieur
et le bord posterieur du test. Il presente la structure habituelle du genre Brissopsis
(fig. 1 5) et sa forme est trapezoïdale. Les deux orifices genitaux anterieurs, Iegère­
ment ovalaires, sont divergents et diriges dans le sens de leur interradius respectif;
ces orifices sont plus petits et plus rapproches l'un de l'autre que les orifices poste­
rieurs qui sont un peu elargis transversalement. Les plaques genitales anterieures sont
pentagonales, plus longues que larges, et leur orifice est très rapproche du bord interne;
elles sont Iegèrement divergentes. Les plaques posterieures, un peu plus grandes que
les anterieures, sont un peu plus larges que longues. Le madreporite forme une plage
triangulaire très allongée, dont la partie anterieure, amincie, separe les deux plaques
génitales posterieures; il se continue, en s'elargissant progressivement et en prenant
un contour piriforme, bien au delà de ces dernières sur une longueur qui egale une
fois et demie celle de l'appareil apical. La surface des plaques genitales est assez
fortement convexe. Les plaques ocellaires sont bien distinctes et elargies transver­
salement.
L'ambulacre anterieur impair est deprime dès son origine sur la face dorsale
(fig. 5), et il s'enfonce progressivement sans devenir cependant bien profond, de
même qu'il n'acquiert pas une grande largeur; ses bords restent très obliques et se
continuent, en s'elargissant insensiblement, avec les deux interradius voisins. Ce
sillon dorsal n'est pas sensiblement modifie par le fasciole peripetale et il conserve
à peu près les mêmes caractères en dehors de celui-ci, sur l'espace très court qui
separe le fasciole de l'ambitus. Je compte vingt paires de plaques entre l'appareil
apical et la branche anterieure du fasciole peripetale. Toutes ces plaques restent très
courtes, sauf les trois ou quatre dernières qui s'allongent peu à peu; la vingt et
unième paire, qui est traversee par le fasciole, est beaucoup plus allongee que les
precedentes et devient beaucoup plus longue que large. Les pores des cinq pre­
mières paires de plaques sont extrêmement fins et rudimentaires; les pores suivants,
toujours gemines, se developpent rapidement et ils s'entourent d'un cercle peripodial
très apparent et de grandes dimensions : aussi les huit ou neuf premiers de ces cercles
86
sont contigus puis les six ou sept suivants s'espacent progressivement. Les pores
sont allonges, diriges presque parallèlement à l'axe du sillon dorsal et rapproches du
bord anterieur du peripode correspondant. Immediatement en dedans de ce peripode,
chaque plaque porte un petit tubercule secondaire tandis que le reste de sa surface
est couvert de granules miliaires qui deviennent plus nombreux à mesure qu'on se
rapproche du fasc.iole.
Les petales anterieurs et posterieurs sont recourbes, et, de chaque côte, ils sont
situes exactement sur le prolongement l'un de l'autre en suivant la courbe d'un
même arc. à grand rayon; ils sont seulement separes l'un de l'autre, au niveau de
l'appareil apical, par un petit rebord etroit le long duquel les extremites proximales
de ces petales s'inflechissent en dedans, en même temps qu'elles se retrecissent rapi­
dement. Les petales anterieurs sont un peu plus profonds que les posterieurs. Ils font
d'abord un angle d'environ 30° avec. le sillon ambulac.raire dorsal, puis la courbe s'ac­
centue à partir de leur milieu et l'angle s'elargit à 50° environ. Le bord anterieur de
ces pétales n'existe en realite que sur la moitie distale, car dans leur région proxi­
male les pétales ne sont pas séparés du sillon dorsal, avec. lequel ils sont confluents
sur une longueur égalant environ le quart de la longueur de c.elui-c.i. Il en résulte que
les dix premières paires de pores de la rangée antérieure sont très peu développées ;
les neuf paires suivantes seules sont constituées normalement, enfin les pores de la
dernière paire restent un peu plus petits et un peu plus rapprochés que les précé­
dents. La rangée postérieure comprend vingt paires de pores dont les trois premières
seulement sont très peu développées; ceux de la dernière paire sont également un
peu plus petits. Les pores normalement constitués sont élargis transversalement et
ils sont un peu plus élargis dans la rangée interne que dans la rangée externe. Une
légère saillie transversale, portant une rangée de granules miliaires assez régulière,
sépare les paires successives; ces mêmes granules se retrouvent sur les zones inter­
porifères, où ils restent d'ailleurs peu nombreux et irrégulièrement disposés : ces
zones restent beaucoup plus étroites que chaque zone porifère.
Les pétales postérieurs, plus courts et moins profonds que les pétales anté­
rieurs, sont confluents sur les deux tiers environ de leur longueur. Ils s'étendent
d'abord presque parallèlement l'un à l'autre, puis ils s'incurvent légèrement en
dehors; vers leur milieu, ils forment ensemble un angle de 35° environ. La région
87
interradiale, de forme triangulaire, qui les sépare l'un de l'autre dans leur tiers
postérieur, reste presque exactement à fleur du test et elle n'est marquée que par
quelques tubercules primaires. La zone porifère externe, bien développée, comprend
seize paires de pores dont les deux premières seulement sont rudimentaires. Au
contraire, les pores de la rangée interne restent petits jusque vers la neuvième paire;
au delà, on trouve sept paires de pores bien développés, la dernière toujours un peu
plus petite que la précédente.
Au delà du fasciole péripétale, l'ambulacre antérieur impair ne change pas de
caractère sur la face dorsale du test, et le sillon qu'il forme reste déprimé jusqu'à
l'ambitus. Les plaques, au nombre de deux paires seulement, qui se trouvent en cette
région, sont allongées et couvertes de nombreux tubercules miliaires avec quelques
petits tubercules secondaires. Les deux ambulacres antérieurs II et IV forment, sur
la face dorsale du test, chacun une bande assez étroite et à peine déprimée; leurs
plaques offrent seulement quelques rares tubercules primaires qui n'atteignent jamais
la ligne radiale médiane, et le reste de ces plaques est couvert de granules miliaires.
Au contraire, les deux ambulacres postérieurs s'élargissent très rapidement en
dehors du fasciole péripétale : leurs plaques deviennent polygonales et se couvrent
de tubercules primaires nombreux et serrés, identiques à ceux des zones interradiales
voisines et laissant toujours les sutures bien apparentes. A l'ambitus, ces tubercules
deviennent moins nombreux et ils disparaissent même avant d'atteindre la face ven­
trale où les plaques ne portent que des granules miliaires.
Les interradius antéro-latéraux se présentent, à la face dorsale du test, chacun
sous forme d'un triangle à base très convexe et à sommet assez aigu. En dedans
du fasciole péripétale, ils forment chacun une saillie assez marquée qui s'atténue
peu à peu et disparaît complètement avant d'atteindre l'appareil apical, cessant
ainsi de séparer les pétales antérieurs dù sillon dorsal avec lequel ces pétales
restent confluents sur la moitié de leur longueur, ainsi que je l'ai dit plus haut. La
partie saillante de ces interradius porte des tubercules primaires qui deviennent plus
gros à mesure qu'on s'avance vers l'appareil apical, mais qui s'arrêtent à une certaine
distance de celui-ci vers le milieu du pétale antérieur. Les dimensions de ces tuber­
cules primaires diminuent à mesure qu'on s'approche du fasciole péripétale, puis
elles s'accroissent de nouveau, en dehors de celui-ci, jusqu'à l'ambitus où les tuber88
cules deviennent tres gros. Ces tubercules conservent toujours une assez forte taille
le long du sillon antérieur.
La portion de chaque interradius postérieur pair comprise en dedans du fasciole
pèripètale forme une bande tres étroite, assez saillante mais moins relevee cependant
que sur les interradius antérieurs, et qui s'étend sur presque toute la longueur du bord
externe des pétales; les tubercules primaires ne sont pas tres gros sur cette region.
En dehors du fasciole, ces tubercules prennent les mêmes caractères que sur les
parties correspondantes des interradius antérieurs, c'est-à-dire qu'ils restent assez
petits sur la face dorsale proprement dite et deviennent plus gros vers Pambitus. Ils
sont assez serres, mais laissent toujours les sutures des plaques bien apparentes; ils
sont disposes, comme sur les deux interradius antérieurs, en rangées obliques assez
regulieres. La région mediane de chaque interradius postérieur, qui correspond à peu
pres au milieu du corps et se trouve au niveau de l'appareil apical, est legerement
deprimee; au contraire, les plaques elles-mêmes offrent chacune une proeminence
d'ailleurs tres basse et peu apparente : ces proéminences sont, comme d'habitude,
plus rapprochées de la ligne interradiale médiane sur la rangée postérieure que sur la
rangée antérieure.
L'interradius postérieur impair ne porte, sur la face dorsale du test, que des
tubercules primaires assez petits; ceux-ci deviennent un peu plus gros au voisinage
du pèriprocte. En dessous de celui-ci, les plaques 5-5 qui s'étendent entre le bord
inférieur du pèriprocte et le fasciole sous-anal, portent egalement de gros tubercules
primaires dans leur région inférieure; mais ceux-ci disparaissent complètement dans
la partie supérieure des plaques qui forment, en dessous du pèriprocte, une petite
aire garnie seulement de granules miliaires (fig. 12).
Sur la face ventrale (fig. 3), l'ambulacre antérieur III, d'abord assez déprimé à
l'ambitus, se releve peu à peu et il arrive à fleur du test avant d'aborder le péri­
stome, vers le bord antérieur duquel il se déprime de nouveau legerement en même
temps qu'il s'élargit. Les tub�rcules, assez gros et serres, qu'il portait sur la face dor­
sale du test, deviennent plus petits et moins serrés en dessous de l'ambitus, de telle
sorte que cet ambulacre est presque complètement nu dans sa region ventrale; il
acquiert cependant quelques gros tubercules au voisinage immédiat du péri­
stome. Les ambulacres latéraux antérieurs restent également très étroits sur la face
89
12.
ventrale et leurs plaques ne portent que des granules miliaires; vers l'ambitus, on
voit apparaître cependant sur chacune d'elles un ou deux tubercules primaires. Les
avenues ambulacraires postérieures sont, au contraire, extrêmement larges; elles
restent dépourvues de tubercules primaires sur toute leur longueur, à l'exception
des plaques 6 à 10 des rangées la et Vb, qui pénètrent en dedans du fasciole sous­
anal et qui portent de petits tubercules primaires, aussi bien en dehors qu'en dedans
de ce fasciole. Les granules miliaires de ces avenues deviennent particulièrement
nombreux dans leur région distale et ils portent des pédicellaires ophicéphales nom­
breux et très apparents. Les péripodes phyllodéens n'existent dans chacun de ces
ambulacres que sur les trois premières plaques de chaque série : il y en a donc
quatre sur les séries la, Ha, liib, lVa et Vb, et trois sur les autres.
Cinq plaques ambulacraires des séries la et Vb ont leur région interne comprise
dans le fasciole sous-anal : ce sont les plaques 6, 7, 8, 9 et 10. Chaque plaque porte,
sur sa partie située en dehors du fasciole, quelques tubercules primaires qui restent
localisés au voisinage de celui-ci et dont les dimensions diminuent à mesure qu'on
s'en rapproche. En dedans de ce dernier, les tubercules augmentent au contraire de
taille à mesure qu'on s'avance vers le périprocte. Les plaques la 6 et Vb 6 ont,
comme les précédentes, leur pore ambulacraire assez petit et situé près du bord proxi­
mal, tandis que les qu;;ttre plaques suivantes ont chacune un pore géminé, situé en
dedans du fasciole et portant un tube pénicillé analogue aux tubes péristomiens,
mais plus simple que ces derniers.
Les tubercules primaires des interradius pairs sont plus gros sur la face ventrale
que sur la face dorsale, et leurs dimensions augmentent à partir de l'ambitus. Ces
tubercules s'arrêtent brusquement vers la limite interne des plaques de chaque série
et sans atteindre la suture. La première plaque de chaque interradius reste nue, sauf
quelques tubercules qui se montrent au voisinage immédiat du péristome.
Le labre à la forme en T ordinaire avec les bords latéraux légèrement divergents:
il est un peu plus large que long et son bord postérieur n'atteint pas tout à fait l'ex­
trémité de la première plaque ambulacraire voisine. Son bord antérieur est très peu
convexe et peu épaissi : aussi la saillie formée par la lèvre postérieure est-elle très
peu marquée. Quelques tubercules secondaires se montrent à la surface du labre
vers son bord antérieur. La ligne interradiale médiane de la face ventrale est peu
90
saillante et il n'y a pas de carène à proprement parler, mais seulement une partie
convexe. Les tubercules des deux plaques sternales, disposes en rangees obliques
très régulières, deviennent très gros vers le bord externe de celles-ci.
Le peristome, légèrement enfonce , est court et relativement elargi; la lèvre
posterieure, très peu convexe, n'empiète que fort peu sur son bord posterieur. Il
est recouvert, en avant et sur les côtes, par une rangee de sept grandes plaques
polygonales et un peu inegales; en arrière de celles-ci se trouvent d'autres plaques
plus petites et irrégulièrement disposees. Les deux premières plaques de l'ambu­
lacre III se retrecissent en abordant le péristome, et la portion qu'elles limitent en­
semble n'est pas plus grande que celle qui est limitee par la première plaque de
chacun des interradius 2 et 3. Les ambulacres lateraux II et IV sont un peu plus
elargis à leur origine, tandis que la première plaque des interradius 1 et 4 est, comme
d'habitude, considerablement retrecie dans sa region proximale.
Le periprocte (fig. 12), situe vers le haut de l'extremite posterieure, est ovalaire,
plus long que large, avec les deux pôles un peu pointus, surtout le pôle superieur.
Les plaques de la rangee marginale, etroites dans sa region superieure, deviennent
plus grandes dans sa region inferieure ; les autres plaques forment plusieurs rangees
successives de plus en plus petites. L'anus est plus rapproche de l'extremite supe­
rieure que de l'extremite inferieure.
Le fasciole peripetale offre un contour assez caracteristique (fig. l et 2). Son
bord anterieur traverse en ligne droite le sillon ambulacraire dorsal et ses côtes
anterieurs sont légèrement concaves, puis il s'elargit très rapidement à l'extremite
des petales anterieurs où il forme un angle extrêmement marque bien qu'un peu
obtus; au delà de cet angle, le fasciole se retrecit rapidement en se rapprochant de
l'axe antero-posterieur; puis, à la hauteur de l'appareil apical, il prend un trajet
presque parallèle à cet axe qu'il coupe en arrière des petales posterieurs par une
branche un peu convexe. Ce fasciole est constitue par une bande dont le maximum
de largeur se trouve au niveau de l'extremite des petales anterieurs.
L'aire entouree par le fasciole sous-anal est plus large que longue. La branche
ventrale ou anterieure de ce fasciole est à peu près droite ou légèrement convexe
et elle passe à une certaine distance en avant de l'extremite posterieure du test;
elle coupe vers son milieu la plaque episternale. Le bord dorsal ou posterieur est
91
fortement excavé en son milieu, et l'angle, très obtus et arrondi, qui en forme la partie
la plus basse, correspond à peu près au bord inférieur de l'extrémité postérieure.
L'aire limitée par le fasciole sous-anal appartient donc en très grande partie à la
face ventrale. Sur le trajet du fasciole se montrent quelques petites proéminences
coniques, très peu accusées d'ailleurs, et qui sont au nombre de six: les quatre pre­
mières sont placées au milieu des quatre premières plaques ambulacraires pénétrant
dans le fasciole, c'est-à-dire sur les plaques 6, 7, 8 et 9; la cinquième proéminence
se trouve à l'union de la plaque ambulacraire 10 avec la plaque interradiale voisine,
et la sixième enfin sur la plaque préanale.
D'une manière générale, les piquants acquièrent un développement relativement
considérable dans la B. Le Monnieri, tout en offrant d'ailleurs les caractères que l'on
connaît dans le genre Brissopsis. Sur la face ventrale et sur les côtés du corps, dans
la moitié antérieure du test, les piquants peuvent atteindre une longueur de 8 milli­
mètres : ils sont cylindriques et très légèrement élargis à l'extrémité. Sur la face dor­
sale, les piquants qui s'insèrent le long du sillon antérieur, sur les deux bords des
pétales antérieurs et sur le bord externe des pétales postérieurs, s'allongent forte­
ment et ils se dirigent obliquement les uns à la rencontre des autres, de manière à
recouvrir presque complètement le sillon et les pétales; ils s'élargissent légèrement en
spatule dans leur partie terminale. Cette forme spatulée s'accentue sur les piquants du
sternum et les bords de la partie élargie se relèvent de manière à former une cavité
tournée vers le côté ventral, tandis que l'extrémité du piquant se recourbe légère­
ment vers le côté dorsal. Les autres piquants primaires restent beaucoup plus courts,
mais, en général, ils sont aussi légèrement élargis à l'extrémité. Les piquants miliaires
ont la structure ordinaire, avec l'extrémité terminale élargie : ils portent sur leurs
bords des denticulations qui se montrent surtout sur le côté postérieur du piquant
et qui s'allongent en atteignant l'extrémité de celui-ci. Sur les clavules des fascioles,
les dents, qui ne formaient d'abord qu'une petite proéminence arrondie au niveau
de chaque trabécule transversale de la tige calcaire, se développent brusquement
vers l'extrémité de celle-ci et se transforment alors en longues tigelles qui s'allon­
gent parallèlement à l'axe longitudinal de la baguette en s'anastomosant les unes
avec les autres, de manière à former une tête dont la largeur atteint finalement au
moins trois fois celle de la baguette calcaire (fig. 13).
92
Les tubes ambulacraires peristomiens et frontaux, ainsi que ceux qui sont
compris dans le fasciole sous-anal, renferment dans leur tige des spicules à forme
très caracteristique. En effet, au lieu de former de simples bâtonnets minces et
allonges, plus ou moins recourbes et munis de denticulations laterales, ces spicules
restent courts, epais, et les dents laterales se prolongent en petits lobes irreguliers
qui se reunissent le plus souvent les uns aux autres de manière à former de veri­
tables plaques perforees. Dans les pedicelles buccaux, les spicules (fig. 16) sont
assez allonges et leur longueur atteint ou même depasse omm l ; ils sont generalement
assez minces et les perforations ne se montrent guère que vers leurs extremites;
ces formes sont analogues à celles que Mortensen a representees chez le Brisaster
fragilis (The Danish Ingolf Expedition. Echinoidea, II, 1907, pl. XIV, fig. 13). D�autres
spicules sont plus courts avec des bords irreguliers, et les perforations, ordinairement
disposees en series longitudinales, sont allongées dans le sens de la longueur du
spicule : cette forme rappelle les plaques perforées bien connues chez diverses
Holothuries. c�est surtout cette dernière forme qui domine dans les pedicelles à
rosette du sillon ambulacraire dorsal, où les spicules restent toujours plus courts et
plus epais, avec des bords irrégulièrement lobés; leurs perforations, en nombre
variable, sont allongées et disposées plus ou moins régulièrement en séries longitu­
dinales (fig. 17). Les bâtonnets reticules des rosettes qui terminent les pedicelles
frontaux conservent à peu près la même largeur sur toute leur longueur; les mailles
sont assez grandes et les trabècules calcaires se terminent presque toutes en pointes
aiguës sur les côtés (fig. 14).
Les pédicellaires sont principalement representes par de gros globifères dont les
têtes atteignent presque 1 millimètre de longueur et qui se trouvent, soit au voisinage
du péristome, soit sur les avenues ambulacraires ventrales où ils se font remarquer
immédiatement, non seulement par leur taille et par leur coloration foncee, mais aussi
par leur abondance. Les pédicellaires ophicèphales sont aussi extrêmement abondants
sur ces avenues ambulacraires, surtout dans la moitié posterieure de celles-ci, où ils sont
très serrés; on les trouve egalement sur les autres parties du test parmi les piquants
primaires. J'ai rencontré aussi des pédicellaires tridactyles et rostres, qui peuvent se
montrer sur les différentes régions du test et surtout sur les pétales, mais ils ne sont
jamais très abondants. Il existe enfin des pédicellaires trifoliès de la forme ordinaire.
93
Les pédicellaires globifères (fig. 8) presentent la structure generale qui a été
decrite par Mortensen dans différentes espèces du genre Brissopsis, et leur tube est
termine par deux dents terminales coniques et divergentes. Ils se rapprochent
notamment de ceux de la B. elongata ; ils sont aussi voisins de ceux que j'ai ren­
contres chez la B. luzonica, et que je decrirai dans un mémoire actuellement sous ,
presse, mais ils se distinguent de ces deux dernières formes, d'abord par leur partie
·basilaire qui est relativement courte, basse et fortement arrondie sur les côtes avec le
bord proximal convexe, ce qui lui donne dans son ensemble un contour presque
circulaire, et ensuite par le tube très etroit et grêle, qui se detache brusquement de
la partie basilaire, sans transition pour ainsi dire, et dont la largeur très faible ne
diminue que fort peu jusqu'à l'extrémité. Les perforations de la partie basilaire sont
petites, arrondies et très rapprochées; celles du tube forment des rangees verticales
assez regulieres. La tête de ces pédicellaires est entouree d'un tissu fortement pig­
mente et de couleur brun fonce.
A l'inverse des précédents, les pédicellaires tridactyles et rostres sont de très
petite taille et les differences qui les séparent ne sont pas très marquees. Je considère
comme rostres des pédicellaires (fig. Il) que j'ai rencontrés dans les pétales et dont
les valves ne mesurent guère plus de omm 2 de longueur; ces valves, rétrécies dans
leur région moyenne, s'elargissent dans la partie terminale qui porte sur ses bords
une rangee de dents fines, coniques et pointues. D'autres pédicellaires (fig. 10) que
j'observe en differents points de la surface du test, peuvent être considérés comme
tridactyles : ils sont encore plus petits que les précédents et les valves n'atteignent
même pas omm 1 de longueur; la partie basilaire est très courte et le limbe est compa­
rativement plus long et plus large que dans les pédicellaires rostres ; les denticula­
tions se montrent sur une plus grande longueur. On pourrait peut-être reunir ces
deux formes de pédicellaires en une seule. Je n'ai pas rencontre sur mes exemplaires.
ces pédicellaires tridactyles et rostrés qui sont si fréquents chez la B. luzonica : ; ..
peut-être se montreraient-ils plus nombreux sur des échantillons moins riches en.·
globifères qui doivent ici se substituer aux autres. Il est remarquable que ces globifères sont très nombreux dans notre espèce, tandis qu'ils sont très rares chez la
B. luzonica ou Doderlein ne les a même pas rencontres.
Les pédicellaires trifolies sont voisins des pédicellaires tridactyles et la tête est .
q
.·.
94
à peu près aussi longue que chez ces derniers. Ils s�en distinguent cependant d�une
manière très nette par leurs valves dont la partie basilaire, très courte, est séparée
du limbe par un rétrécissement très marqué; ils ne présentent rien de particulier.
Ces pédicellaires se montrent sur toute la surface du test.
Les pédicellaires ophicéphales sont particulièrement abondants dans la moitié
postérieure des avenues ambulacraires ventrales, et on les reconnaît facilement à la
loupe, grâce à leur petite tête blanchâtre. Ils se montrent d�abord parmi les piquants
miliaires sur la première moitié de ces avenues, mais ils deviennent plus nombreux
dans la deuxième moitié et ils font disparaître en grande partie ces piquants; ils se
continuent sur la face postérieure jusqu�à la hauteur du périprocte. Leur tête est
relativement grosse et elle est plus développée que chez la B. luzonica, car sa lon­
gueur atteint omm 15 à omm 18, tandis que dans cette dernière espèce elle ne dépasse
guère omm 1. Le limbe (fig. 9), de forme triangulaire, s�élargit rapidement à partir de sa
base et il devient à peu près aussi large que long; son bord supérieur convexe porte
des dents assez fortes, coniques, allongées, extrêmement pointues et serrées : sur les
côtés, ces dents, toujours développées, s�étendent jusqu�au voisinage de la surface
articulaire. Ces pédicellaires sont d�ailleurs analogues à ceux que Meijere a figurés
chez la B. luzonica (Die Echinoidea der Siboga Expedition, 1904, pl. XXIII, fig. 475)
et Mortensen chez la B. elongata (loc. cit., pl. XVIII, fig. 2).
La couleur des deux exemplaires en alcool est d�un jaune brunâtre très clair;
les piquants, un peu plus foncés sur la face dorsale que sur la face ventrale, sont
brun clair, et les fascioles ont au contraire une couleur brune très foncée.
La B. Le Monnieri appartient au groupe des Bris­
sopsis chez lequel cinq plaques ambulacraires pénètrent dans le fasciole sous-anal,
et elle se rapproche surtout de la B. luzonica qui est connue dans plusieurs régions
des Océans Indien et Pacifique. Elle se distingue d�abord de cette espèce par une
forme un peu différente du fasciole péripétale : celui-ci présente en effet un angle
très accentué à l'extrémité des pétales antérieurs. Les pédicellaires globifères sont
très gros par rapport à la taille des individus, et la partie basilaire des valves est
fortement arrondie tandis que le tube reste très étroit sur toute sa longueur; ils sont
très nombreux. Les pédicellaires ophicéphales, très abondants également, se montrent
RAPPORTS ET DIFFERENCES.
-
95
surtout sur les avenues ambulacraires postérieures, et ils forment dans la moitié
distale de celles-ci un revêtement que l'on distingue même à l'œil nu; cette abon­
dance de pédicellaires ophicéphales n'existe pas chez la B. luzonica. (Je me propose
d'ailleurs de revenir sur les caractères des pédicellaires ophicéphales de quelques
Brissopsis de l'Océan Indien qu'on serait tenté de rapporter à la B. luzonica: ces
pédicellaires se montrent, en effet, sous deux formes bien différentes, qui corres­
pondent peut-être à deux espèces distinctes; cette question sera discutée dans un
mémoire étendu que je termine en ce moment sur les Echinides du Musée de
Calcutta.) Enfin les spicules des tubes ambulacraires, au lieu d'être constitués par de
simples bâtonnets légèrement arqués et plus ou moins fortement denticulés,
consistent, surtout dans les pédicelles du sillon ambulacraire dorsal, en plaques
courtes, à contours irréguliers, munies de perforations parfois assez régulièrement
alignées et qui rappellent beaucoup les corpuscules calcaires de certaines Holothuries.
Tous ces caractères me paraissent suffisants pour justifier une séparation spécifique.
Lyon, 15 juin 1913.
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Brissopsis Le Monnieri. Exemplaire mesurant 31 millimètres de longueur. Face dorsale avec les pi­
quants. Grossissement 2 fois environ.
2. Exemplaire mesurant 27 millimètres de longueur. Face dorsale avec les piquants. Grossissement 2.
3. Face ventrale du grand exemplaire dépouillé des piquants sur la moitié droite. Grossissement 2.
4. Vue lat("rale du grand exemplaire avec ses piquants. Grossissement 2.
5. Face dorsale du même individu en partie dépouillé des piquants. Grossissement 2.
6. Vue latérale du même individu. Grossissement 2.
7. Face postérieure avec les piquants. Grossissement 2.
8, Pédicellaire globifère. Grossissement 68.
9. Pédicellaire ophicéphale. Grossissement 215.
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10. Pédicellaire tridactyle. Grossissement360.
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11. Pédicellaire rostré. Grossissement 170.
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12. Face postérieure du grand exemplaire en partie dépouillé des piquants. Grossissement 2.
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13. Bâtonnet calcaire d'une clavule du fasciole péripétale. Grossissement 200 .
14. Bâtonnets des rosettes des pédicelles frontaux. Grossissement 100.
15. Appareil apical et régions voisines. Grossissement 8.
16. Spicules des pédicelles péristomiens. Grossissement 215.
17. Spicules des pédicelles frontaux. Grossissement 215.
KœHLER
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Brissopsis Le 111onnieri.
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