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Repères
vue critique, à une utopie scolaire au
destin plus que chahuté…
passant par l’âme. Freud en serait resté
à une conception positiviste, c’est-àdire métaphysique, du psychisme, en
concevant le fantasme comme reproduction d’une perception antérieure et
les phénomènes de culture comme
résultats de désirs et d’angoisses infantiles. Lacan aurait mis en évidence que
le sujet de la psychanalyse est le sujet
cartésien de la science moderne. Propos qui ont au moins le mérite de susciter une discussion.
Au titre d’un savoir, l’on rencontre
« Les découvertes philosophiques
négatives de la physique contemporaine » ou « Neurosciences et recherches cognitives » ; les analyses offrent
alors de resituer, et de restituer, les
débats, dans un contexte historique
déterminé, à l’intérieur desquels des
réflexions de différents auteurs ont
trouvé leur centre de gravité.
Cette histoire de la philosophie se
présente moins comme une histoire de
la philosophie à proprement parler que
comme une histoire contextuelle et synthétique des idées. Elle décrit la
manière dont la philosophie a pu
répondre aux grandes questions de son
temps, confrontée à l’émergence de
savoirs nouveaux ou bien à des bouleversements politiques ou religieux dont
elle devait prendre la mesure. C’est ce
qui constitue sans doute l’une de ses
profondes originalités. Celle-ci se
révèle jusque dans sa forme, classique
et novatrice grâce à l’existence de
notices transversales thématiques.
Nous devons aussitôt nous corriger :
il ne s’agit pas seulement de philosophie occidentale au sens restreint. Par
exemple, deux riches chapitres, l’un
sur Damas et Bagdad, l’autre sur Averroès/Ibn Rushd, nous font sentir combien furent riches en terre d’islam le
mouvement de transmission de l’héritage grec, durant lequel les traducteurs, les savants et les professeurs des
trois religions d’Abraham travaillèrent
Thierry Paquot
Jean-François Pradeau
(sous la dir. de)
HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE
Paris, Le Seuil, 2009, 803 p., 27 €
Cette histoire de la philosophie ne
ressemble à aucune autre. D’abord, elle
prend pour point de départ le postulat
que la philosophie n’a pas toujours dit
la même chose, mais qu’elle parle toujours de la même chose : de la réalité
et de la connaissance que nous pouvons en prendre ; du sens de notre existence, et de la manière dont nous pouvons la conduire. Une intention sousjacente, mais parfois explicite, la dirige
donc.
Ensuite, cette histoire rassemble
chronologiquement cinquante-cinq
chapitres en un seul volume, réunissant des contributeurs de dix nationalités distinctes.
Enfin, ces textes présentent l’ensemble de la philosophie occidentale
depuis les présocratiques jusqu’à la
philosophie mathématique contemporaine (Hilbert, le Cercle de Vienne,
Brouwer, Cavaillès). Ils sont de deux
sortes : soit ils exposent un philosophe
et son œuvre, soit ils étudient de
manière synthétique le développement
d’une question, ou bien d’un savoir :
sont ainsi étudiés, par exemple,
« L’âme mise à nu », « Pouvoir et
démocratie » (y sont évoqués le débat
anglo-saxon entre libéraux et communautariens, Habermas, Hayek, Rawls,
Honneth, Claude Lefort, Jacques Rancière). Dans « L’âme mise à nu », est
explorée, après Platon, la question du
sujet depuis la notion de substrat ou
subjectum jusqu’à la subjectivité en
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