
Prévention du tabagisme chez les jeunes Immersion en communauté
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Historique
Le tabac fut à l'origine considéré comme une plante sacrée par les Indiens d'Amérique et
utilisé dans les cérémonies religieuses par les prêtres et les initiés. Bu ou fumé, il était censé
apporter des pouvoirs surnaturels. Peu à peu, il tomba dans le domaine public.
L'histoire de sa diffusion mondiale commence en 1492 avec l'arrivée de Christophe Colomb.
Introduit tout d'abord à Lisbonne, ce fut Jean Nicot, ambassadeur de France au Portugal, qui en est
le propagateur. Il trouve en Catherine de Médicis une ardente admiratrice.
En Europe, le tabac fut d'abord prisé, puis chiqué, puis fumé. Pendant plusieurs siècles, en
France, la prise nasale fut de bon ton dans certains milieux aristocratiques. Il était à ce moment-là
tout à fait choquant, voire scandaleux, de fumer. On fumait dans des maisons spéciales comme il y
en a aujourd'hui pour l'opium. Fumer était réservé aux marins et aux soldats...
Cette coutume n'alla pas sans révoltes : Jacques 1er d'Angleterre stigmatise la fumée de
tabac comme "une coutume dégoûtante, désagréable au nez, dangereuse pour le cerveau, et le
poumon..."; le Shah de Perse Abbas fait couper le nez aux priseurs, la lèvre aux fumeurs, tandis que
Mahomet ordonne la pendaison... (technique de prévention qui à au moins le mérite d’être
efficace...) Néanmoins l'usage du tabac se répand.
En France, en 1629, Richelieu établit la première réglementation en confiant la vente du
tabac aux apothicaires : c'était le tabac-remède. Puis Colbert fit attribuer au Roi le monopole que
l'Etat français a gardé depuis lors.
Les manufactures ont d'abord livré du tabac en vrac, puis des cigares, forme primitive du
tabac à fumer. La fabrication des cigarettes ne date, semble-t-il, que de 1870. La guerre de 1914-18
a donné une accélération considérable à la consommation de cigarettes.
En France, depuis 1926, c'est le Service d'Exploitation Industrielle des Tabacs et Allumettes
(SEITA) qui détient le monopole.
Son directeur est nommé par le Ministère des Finances. C'est une véritable industrie
nationalisée versant 62,5% du profit de ses ventes à l'Etat. Le bénéfice réalisé représente environ
4/5 du prix de vente de la marchandise.
1940
Pendant longtemps les politiciens de la santé publique ne se sont guère penchés sur la
consommation de tabac. Certes, il y a toujours eu des personnes pour considérer que ce produit était
inutile ou dangereux mais, parallèlement, d'autres considéraient qu'il n'était pas nocif et qu'il
pouvait même être salutaire. Néanmoins un livre récent de l’historien des Sciences Robert Proctor
montre avec force documentation comment les politiques de santé publique des Nazis étaient en
avance sur les nôtres. En effet, l'Etat nazi contrôlait la publicité du tabac, interdisait de fumer dans
des endroits publics et dans certains lieux de travail, et essayait d'empêcher les femmes d'acheter
des cigarettes. Die deutsche Frau raucht nicht ! ("La femme allemande ne fume pas !"), proclamait
un slogan nazi tout ceci dans l’optique d’une pureté du corps et de la race. Selon Proctor, 20 000
Allemandes furent ainsi sauvées du cancer.
Des officines du régime menaient la croisade contre le tabac. Par exemple, l'Institut de
recherche sur les dangers du tabac était dirigé par Karl Astel, un officier SS qui voyait dans la lutte
contre le tabac "un devoir national-socialiste". Président de l'Université de Jena, Astel interdit de