Recueil des poèmes

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Journée « Études et Mémoire »
Jeudi 16 février 2006
150 COLLEGIENS À AUSCHWITZ-BIRKENAU
Recueil des poèmes et photographies
Parcours de vie des anciens déportés
Revue de presse
Le 16 février 2006, 150 collégiens du Rhône et leurs professeurs se sont
rendus à Auschwitz et Birkenau, accompagnés par dix anciens déportés,
survivants des camps.
L’objectif de ce voyage, organisé chaque année par le Département du
Rhône en collaboration avec l’Association des Fils et Filles des Déportés Juifs
de France, est de maintenir vivante la mémoire des évènements historiques
qui ont conduit au système d’extermination des juifs par les nazis.
Ce recueil regroupe les textes, lus par les élèves pendant la cérémonie du
souvenir, au mémorial international de Birkenau.
Il est illustré de photographies, réalisées sur place durant cette journée.
La fin de ce recueil regroupe les « Parcours de vie » des survivants qui nous
font chaque année l’honneur de nous accompagner, et sans lesquels nous ne
pourrions perpétuer avec autant d’intensité cet indispensable travail de
mémoire.
Muguette DINI
Sénatrice
Vice-présidente du Conseil général du Rhône
Responsable de la journée « Etudes et Mémoire» à
Auschwitz-Birkenau
Un site Internet dédié cette opération a été créé par le Département
du Rhône à l’adresse suivante : http://www.rhone.fr/auschwitz
L'après-mort
T'ai-je déjà raconté, petite soeur, quelle est la différence entre mourir dans
la vie normale et mourir dans un camp de concentration ?
Dans la vie normale, tu as droit à un cercueil et on prend le temps de te
pleurer.
Dans un camp, tu n'as pas droit à un cercueil, et on n'a pas le temps de
pleurer.
Dans un camp, tu te réveilles un matin, et tu trouves ton meilleur ami, mort,
là, à côté de toi, le regard vide et hagard comme le tien. Et aussi sec que le
tien. Rien pour pleurer.
Et on transporte un paquet d'os au four crématoire.
Ça m'est arrivé. Avec mon meilleur ami Momo FEINSTEIN.
C'est aussi arrivé à un autre de mes amis, Fernand RAPPAPORT.
Qui a trouvé un matin son père mort, là, à côté de lui.
Pas le temps non plus de pleurer son père.
Deux minutes plus tard l'un était sur la place d'appel, l'autre dans le four
crématoire.
Pas de répit pour les vivants.
Ni pour les morts.
T'ai-je raconté cela, petite soeur ? Non.
Et pourtant ce n'est qu'une toute petite histoire banale de tous les jours,
parmi cent mille autres histoires tout aussi banales de notre déportation, et
que je ne vous ai jamais racontées.
Parce qu'on ne m'a jamais rien demandé.
Parce que ça n'intéressait personne.
Deux bonnes raisons de se taire.
On raconte de telles choses au Musée d'Auschwitz ?
Texte de Serge SMULEVIC, 31 juillet 1999
Lu par les élèves du Collège du Val d’Ardières (Beaujeu)
Souvenirs
Emmenés de force pour un voyage sans détours,
furent surpris, séparés, déportés dans les camps,
Des hommes, des femmes et des milliers d’enfants
Tous contraints de partir, sans espoir de retour.
En ce lieu de souffrance, ils étaient triés
A des sorts différents ils semblaient destinés
Auraient-ils un jour l’occasion de se revoir ?
Dans la misère et l’oppression, ils perdirent tout espoir.
Après tout cela, que chacun se remémore,
Des victimes qui périrent au camp de la mort
Et des actes dont on se souvient encore.
Tous ces crimes jamais ne devront se reproduire
Et c’est pour transmettre à notre génération
Qu’aujourd’hui, en ce lieu, nous nous réunissons.
Les élèves de 3ème1 du Collège Notre Dame de Mongré (Villefranche-sur-Saône)
Des hommes, des femmes, des enfants ont péri ici dans d’horribles
conditions, sans aucune justification. Il ne faut pas les oublier.
Et comme le dit Joseph BIALOT, ancien déporté :
«Ne jamais oublier, lorsqu’on cherche à comprendre,
qu’il n’y a rien a comprendre dans un monde incompréhensible où n’existe
qu’une loi, la matraque,
une sanction, la mort,
un raisonnement, la déraison».
Que ce lieu où sont morts tant d’hommes, de femmes et d’enfants de tous
les pays d’Europe, soit pour nous tous un avertissement qui nous enseigne
que nul homme n’est inférieur à un autre.
Que tous restent, à jamais, dans nos mémoires afin que leur mort ne soit
pas vaine.
Désormais, nous sommes les témoins des témoins et nous devons raconter,
aux générations suivantes, cette terrible page de l’histoire.
Texte de Joseph BIALOT «c’est en hiver que les jours rallongent»
octobre 2002, SEUIL, page 157
Lu par les élèves du Collège Claude Bernard (Villefranche-sur-saône)
Demain
Demain je ramasserai les tessons de lune brisée
Sur cette terre abîmée par l'Homme et sa méchanceté.
J'irai à Auschwitz pour y pleurer,
J'irai à Dachau pour y ramasser les larmes de ces pauvres condamnés.
Demain je rafistolerai les restes de ce pauvre astre brisé
Surplombant la Terre, par le feu de l'Homme violée
J'écouterai les supplices des étoiles déportées
Eau, feu, vent et richesses ignorées.
Demain je fuirai ce monde damné
Egoïste, innocent, colérique et tant redouté.
Je ressèmerai les graines de la volupté
Bénissant et chérissant chaque nouveau né.
Demain je panserai les plaies des rejetés
Ecoutant, confessant, conseillant et pardonnant les mal-aimés.
J'irai crier sur l'Avenue des Champs-Élysées
Comme si la vie était enfermée dans ma naïveté.
Je retournerai sur les fameux bancs de l'Université
Assoiffé de la connaissance qui pourrait me manquer.
Demain je bâtirai ma propre voie lactée
Pour y satelliser ces pauvres âmes échouées.
Je brandirai les armes et les musées
Pour que jamais nul ne puisse les oublier.
Je prierai, je prêcherai et je légiférerai
Pour vous, pour nous et pour ces torturés.
Demain, lorsque le monde me sera conté.
Demain, lorsque la vie me sera dictée,
Demain, lorsque leur mémoire me sera commémorée,
Je pourrai enfin cicatriser cette lune brisée,
Demain, là où l'Homme se sera enfin réveillé
Texte d’Elodie MOREAU
Lu par les élèves de 3ème 4 du Collège Simone VEIL
(Châtillon d’Azergues)
Il ne faut pas oublier les erreurs du passé,
Ces files interminables de wagons,
Ceux qui étaient entassés vers cette horreur.
Il ne faut pas oublier ce crime contre l’humanité,
En direction des camps de concentration,
La peur a tué le bonheur.
Il ne faut pas oublier ceux qui les ont fait pleurer,
Ils étaient des millions vers l’extermination,
Dans la mort et la douleur.
Il ne faut pas oublier ceux qui ont perdu leur identité,
Sous les brimades et l’humiliation,
Assassinés mais toujours dans nos cœurs.
Il ne faut pas oublier, mais plutôt espérer,
Partageons notre émotion,
Allumons cette bougie pour lutter contre l’oubli.
«Ceux qui ne se souviennent pas du passé, sont condamnés à le revivre».
Les élèves du Collège Gratte-Ciel _ Môrice Leroux (Villeurbanne)
Beaucoup d’entre nous, individus ou peuples, sont à la merci de cette idée,
consciente ou inconsciente, que «l’étranger, c’est l’ennemi».
Le plus souvent, cette infection sommeille dans les esprits, comme une
infection latente ; elle ne se manifeste que par des actes isolés, sans lien
entre eux, elle ne fonde pas un système. Mais lorsque cela se produit…, au
bout de la chaîne logique, il y a le Lager; c'est-à-dire le produit d’une
conception du monde poussée à ses plus extrêmes conséquences avec une
cohérence rigoureuse ; tant que la conception a cours, les conséquences
nous menacent.
Puisse l’histoire des camps d’extermination retentir pour tous comme un
signal d’alarme.
Texte de Primo LEVI
Extrait de la préface «Si c’est un homme»
Lu par les élèves du collège Asa Paulini (Anse)
A vous tous
Vous
Vous
Vous
Vous
qui
qui
qui
qui
avez vécu la guerre
n’aviez tellement pas envie de la faire
en avez tant souffert
avez perdu frères, pères et mères
Vous
Vous
Vous
Vous
Vous
Vous
Vous
qui n’aviez rien demandé
qui avez été exclus d'une société aux idées insensées
qui avez été persécutés
qui avez été maltraités jusqu’à être torturés
qui avez été déportés
qui avez crû en cet espoir abandonné
dont la vie s’est écroulée
Vous que l'on croyait inférieurs
Vous qui avez été victimes d’horreurs
Oui, c’est à vous que nous dédions ces quelques lignes
Pour vous dire que jamais nous n’oublierons
Tous ces crimes commis par des hommes sans raison
Et pour les futures générations,
Nous nous souviendrons
Les élèves du Collège St Viateur (Amplepuis)
Chaque citoyen du monde répond de l'avenir
Des guerres comme celle-ci sont horribles.
Mais c'est trop peu aujourd'hui de parler de la responsabilité de l'Allemagne.
Disons-nous bien que tous les peuples, que chaque citoyen du monde répond
de l'avenir.
Aujourd'hui chacun est tenu, devant sa conscience, devant son fils et devant
sa mère, devant sa Patrie et devant l'humanité, de répondre, de toute son
âme et de toute sa pensée, à la question suivante : d'où vient le racisme ?
Que faut-il pour que le nazisme, l'hitlérisme ne renaissent jamais plus, ni
d'un côté ni de l'autre de l'Océan?
L'idée impérialiste de «supériorité» nationale, raciale, etc., a logiquement
conduit les hitlériens à créer les camps de Majdanek, Sobibor, Auschwitz,
Treblinka. N'oublions pas que, de cette guerre, les nazis garderont non
seulement l'amertume de la défaite, mais aussi le voluptueux souvenir des
assassinats en masse aisément effectués.
C'est ce que doivent se rappeler, âprement et jour après jour, ceux à qui
sont chers l'honneur, la liberté et la vie de tous les peuples, de toute
l'humanité.
Texte de Vassili GROSSMAN (1905-1964)
Ecrivain russe
Lu par les élèves du collège Jean Zay (Brignais)
Si c'est un homme
Vous qui vivez en sûreté
Dans vos maisons douillettes,
Vous qui trouvez en rentrant le soir,
Le repas chaud et des visages amis :
Voyez si c'est un homme
Celui qui travaille dans la boue
Qui ne connaît pas la paix
Qui lutte pour un morceau de pain
Qui meurt pour un oui ou pour un non.
Voyez si elle, c'est une femme,
Sans cheveux et sans nom,
Sans plus de force pour se souvenir
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
Pensez que cela a existé :
Je vous commande ces paroles.
Gravez les dans votre coeur
Quand vous êtes à la maison,
Quand vous partez au loin,
Quand vous vous couchez,
Quand vous vous levez,
Répétez le à vos enfants.
Ou alors que votre maison s'effondre,
Que la maladie vous abatte,
Que ceux que vous avez enfantés
Détournent le regard de vous.
Texte de Primo LEVI - 1947
Lu par les élèves du collège Raoul Dufy (Lyon 3ème)
HITLER sans se salir les mains
A commis des actes inhumains
Incapable d’aimer, son cœur était rempli de haine
Et tout autour de lui, il répandait malheur et peine
Horreur…
Terreur…
Comment au prix des millions de larmes,
Un homme a envenimé les âmes
Souffrance…
Mort…
Après avoir vu tout ça,
Il faut encore trouver assez de voix
Pour crier au monde entier,
De ne jamais recommencer…
Bonheur….
Vie…
Pour un mur de fraternité
Et en mémoire des déportés
Espoir…
Mémoire…
Ceux qui ne se souviennent pas du passé,
Sont condamnés à le revivre
Les élèves du Collège St Louis de la guillotière (Lyon 7ème)
La
Nuit
Jamais je n'oublierai cette nuit, la première nuit de camp qui a fait de ma vie
une nuit longue et sept fois verrouillée
jamais je n'oublierai cette fumée
jamais je n'oublierai les petits visages des enfants dont j'avais vu les corps
se transformer en volutes sous un azur muet
jamais je n'oublierai ces flammes qui consumèrent pour toujours ma Foi
jamais je n'oublierai ce silence nocturne qui m' a privé pour l'éternité du
désir de vivre
jamais je n'oublierai ces instants qui assassinèrent mon Dieu et mon âme, et
mes rêves qui prirent le visage du désert
jamais je n'oublierai cela, même si j'étais condamné à vivre aussi longtemps
que Dieu lui-même
Jamais
Texte d’Elie WIESEL
Lu par les élèves du collège Honoré de Balzac (Vénissieux)
Entourée de quatre murs
Mon père, ma mère près de moi
Adossée à une planche dure
J’ai froid …
Il n’y a pas d’autre bruit
Que celui des rails
Du train qui roule dans la nuit
Dans un bruit de ferraille
Et puis tout s’est arrêté
Et les gens sont descendus en criant
Le jour s’était levé
Les gardes parlaient allemand
J’ai cherché ma mère
Mais elle avait disparu
Je suis tombée par terre
J’étais perdue
On m’a piétinée
Puis relevée par le bras
Un homme m’a arraché ma poupée
Et la jetée sur un tas
Il nous ont fait avancer
Vers un bâtiment
Ils nous ont fait entrer
Je suis tombée par terre en hurlant
Je ne pouvais plus respirer
J’avais six ans
Le ciel s’est teinté de gris
Mais un rayon de soleil a éclairé la poupée
D’une petite fille qui venait
De perdre la vie
Poème de Caroline (élève 3ème)
Lu par les élèves du collège Paul d’Aubarède (St genis laval)
Mardi 7 février, Monsieur ORENSTEIN est venu témoigner d’une tragique
période de l’histoire qu’il a vécue. L’infime partie de son vécu qu’il nous a
raconté pendant ces deux heures nous a particulièrement touchés, émus.
Cet évènement reste encore très présent dans notre esprit et nous sommes
heureux d’avoir eu la chance d’entendre un témoignage d’une personne qui a
survécu avec beaucoup de chance, comme il nous l’a souvent répété. D’autre
part, il est difficile d’imaginer que cela ait pu exister, que cela ait pu être
réel.
Pour nous, élèves de 15 ans, il est très important qu’il y ait encore à cette
époque des personnes qui puissent aujourd’hui transmette et témoigner de
leur histoire afin que jamais cela ne s’oublie. Mais le plus important, c’est
que tout le monde sache ce qui s’est passé et que jamais cela ne se
reproduise.
Les élèves de 3ème 4 du Collège Gérard Philipe (Saint Priest)
«Chère maman,
J’ai bien reçu ta carte qui ma fait un grand plaisir, je me porte bien, je je
mamuse bien a.noel, on fait des fêtes, on a jouer des pièces, est on a bien
manger, on a manger, du pain d’épice, du chocolat, de la pate de coin, un
sac de bonbons, on a but du ovomaltine, est on a doné des jouets. Moi j’ai
reçu une boite de peinture est un cahier de dessin. Es-tu en bonne santé, la
petite carte de bonne année était très belle, j’ai déjà répondie à papa. Il
tombe pas encore de la neige, je mange bien, je dor bien, je suis bien, on
fait des promenades, le jeudi et le dimanche on se lève à 7 heures, le matin
on bavat du café une tartine avec de la confiture à midi defoi de la potage un
légume du déser a gouter du pain avec du chocolat du laie le soire une
soupe un lécume du froumage blanc. Je t’envoie cent millions de beser
Ton fils qui t’aime beaucoup… »
Texte de Georges HALPERN
a été déporté à Auschwitz le 13 avril 1944 par le convoi n° 71. Il avait 9 ans
Aucun des 44 enfants d’Izieu n’a survécu à la déportation…
Lu par les élèves du collège Lacassagne (Lyon 3ème)
par souci d’authenticité, la lettre de Georges HALPERN a été reproduite sans
modification.
«Je vois comment le monde se transforme lentement en un désert,
J’entends plus fort, toujours plus fort, le grondement de tonnerre qui
approche et nous tuera nous aussi, je ressens la souffrance de millions de
personnes et pourtant, quand je regarde le ciel, je pense que tout finira par
s’arranger, quand cette brutalité aura une fin , que le calme et la paix
reviendront régner sur le monde »
Extrait du journal d’Anne FRANK, le 15 juillet 1944
(3 semaines avant son arrestation)
Lu par les élèves du collège Alain (St Fons)
PARCOURS DE VIE
DES ANCIENS DEPORTES
Parcours de Madame Simone FLOERSHEIM (née FRANCK)
Je suis née le 10 octobre 1920 dans une famille juive alsacienne. Mes arrièregrands-parents avaient quitté l’Alsace dans les années 1871, après l’annexion par
l’Allemagne, mes grands-parents paternels également. Ces derniers se sont
installés en Bourgogne.
Les premiers cités ont traversé la Suisse après la mort de mon arrière grand-père et
se sont installés à Albertville. Ma mère y est née et moi ensuite, à la génération
suivante.
L’intégration
Elle fut facile dans cette petite ville. Nous n’avions reçu aucune éducation juive, cela
étant impossible loin de tout centre juif. Nous respections les fêtes, nous n’avons
jamais renié nos origines.
Depuis 1933 (l’avènement d’Hitler en Allemagne), étaient arrivées dans la région
des familles juives, originaires en majorité d’Europe Centrale, qui avaient choisi
cette région pour ses facilités de travail et de logement. Elles venaient faire la
connaissance de ma famille, heureuses d’être en France, pays des «droits de
l’homme». Les membres de ces familles avaient pratiquement tous demandé leur
naturalisation.
Nous les écoutions, mes parents, mes frères et sœurs et moi, avec beaucoup
d’intérêt tout en pensant que de tels faits ne pouvaient se produire en France :
quelle erreur !
En 1939, à la déclaration de guerre, j’étais étudiante en droit à la faculté de
Grenoble, sans enthousiasme.
Parmi les
personnes
étudiants.
préférable
premières mesures prises par le «vainqueur», le fameux statut des
nous vaudrait le numerus clausus pour certaines professions et pour les
J’aurais pu continuer mes études mais ma famille jugeait qu’il était
de rester en vie à Albertville.
Mais ce qui était grave, c’était le retrait des naturalisations françaises d’une durée
inférieure à 5 ans et qui générait ainsi des apatrides.
La compassion Italienne
Heureusement, nous étions dans une région favorisée, l’occupation italienne n’était
pas l’occupation allemande surtout vis à vis des Juifs. Mais ceux qui en ont eu la
possibilité, ont quitté la France (vers la Suisse et les USA) avec juste raison.
Mes parents étaient commerçants et mon père est mort en 1942, nous avons, alors,
été chassés du magasin par un «administrateur provisoire» nommé par le
gouvernement de Vichy.
Notre mère s’est retrouvée seule avec trois grands enfants, sans possibilité de
travail.
Par contre, nous avions de bonnes relations avec la Résistance qui consultait notre
mère. Mon frère et moi étions «agents de liaison». J’ai remplacé mon frère quand il
a été obligé de prendre le maquis sur les conseils de la résistance albertvilloise.
En 1945, la situation change, la France entière est occupée, les arrestations et les
déportations se multiplient.
Les arrestations
En février 1944, le sous-préfet d’Albertville nous fait prévenir par son secrétaire des
risques que nous courons et nous conseille de partir nous cacher et de prévenir le
maximum de nos coreligionnaires (que ceux qui en connaissaient d’autres les
préviennent etc…)
Ce fut fait, mais hélas nous étions cachés chez des amis fonctionnaires, parents de
jeunes enfants.
Notre mère est tombée malade chez eux. Ne voulant pas les compromettre, nous
sommes rentrés chez nous en prévenant le docteur (un ami). Il est venu et a
diagnostiqué une otite. Il nous a aussi recommandé de quitter la maison et qu’il
viendrait soigner maman là où nous serions. Or, elle savait que tout Albertville était
au courant. Elle a renoncé, le sous-préfet a renouvelé sa démarche : nous devions
partir le lendemain, nous avons été arrêtées le 27 mars 1944, ma mère, ma sœur
et moi. Cela se passait à 7 heures du matin.
Ma mère avait 46 ans, ma sœur a eu 19 ans à Birkenau et moi, 23 ans ½. Peu de
temps après, mon oncle, André FRANCK, 44 ans, ma tante, Yvonne FRANCK, 34
ans, et leurs deux enfants, Claude, 10 ans, et Alain, 5 ans, nous ont rejoint dans la
caserne occupé par les allemands.
A chaque nouvelle arrivée nous tremblions. En réalité, tout cela était bien organisé.
Mes grands-parents, le père de ma tante, le beau-père d’une autre fille n’ont pas
été arrêtés. C’était inutile ; les vieux allaient s’éteindre de manière naturelle, il
fallait supprimer les enfants pour arrêter la «race». Ce qui a été fait, nous étions
catastrophés.
De la prison à la déportation
Emmenés à pied à la caserne-prison, nous avons traversé la ville sous le regard
apitoyé des gens que nous croisions.
Alain, mon jeune cousin (5 ans) a été arrêté à l’école maternelle avec l’institutrice
qui n’avait pas voulu le dénoncer.
Nous avons été emmenés en prison à Chambéry. Nous y sommes restés une petite
semaine, puis nous avons été transférés à Drancy. Et là, nous savions par la BBC,
que si nous n’avions pas de nouvelles des internés de Drancy, c’est que les gens
étaient transportés à Auschwitz et exterminés.
Comment admettre l’inadmissible ?
Nous sommes restés une quinzaine de jours à Drancy, puis nous avons été déportés
par le convoi 70 du 27.3.44. Le séjour à Drancy a été dur, surtout moralement, les
cadres de Drancy qui devaient savoir une partie de la vérité, voulaient s’y maintenir
coûte que coûte, nous le sentions.
Nous y avons rencontré de la famille, des amis et nous savions que nous partirions
par le prochain convoi. Nous avons été entassés dans un wagon à bestiaux où
étaient mêlés des bébés, des jeunes enfants, des vieillards : 3 jours, 3 nuits
pratiquement sans bouger si ce n’est se lever de temps à autres pour éviter
l’engourdissement complet. De plus, il fallait se taire et ne pas évoquer des
hypothèses terribles.
Le matin du 3ème jour, le train s’est arrêté, il faisait encore nuit noire. Quelques-uns
d’entre nous qui avaient pu s’approcher d’une toute petite fenêtre permettant
l’aération ont annoncé une gare : Auschwitz. Nous y étions donc et commencions à
réaliser ce que les Anglais avaient voulu nous faire comprendre.
La sélection
A l’arrivée, nous avons été séparés des hommes alors que les wagons étaient
mixtes et dans chaque groupe, il y eu nouvelle séparation.
Les très jeunes, en dessous de 15 ans et les femmes de plus de 40 ans (tout cela
en estimation) formaient un groupe important et ceux de 15 à 35-40 ans, un petit
groupe dans lequel nous étions, ma sœur et moi, séparées de notre mère.
Elle est montée sur un camion et nous a cherché des yeux dans la foule. C’est la
dernière vision que nous avons eue d’elle, mais nous ne le savions pas.
Nos gardiens nous expliquaient que nous, jeunes devions entrer au camp à pied,
que ce n’était pas loin. C’était vrai, mais cela donnait à réfléchir après le traitement
des derniers jours.
L’extermination
En entrant au camp, nous avons été assaillies par des femmes qui ressemblaient à
des fantômes et qui nous interrogeaient dans des langues que nous ignorions.
Quelques-unes d’entre nous comprenaient l’allemand et nous traduisaient : «Toutes
celles qui ne sont pas avec vous, sont déjà mortes, gazées et ce sont leurs corps
que vous voyez flamber dans de hautes cheminées, à l’horizon».
Nous ne voulions pas le croire, et nous avons mis plusieurs jours avant de
l’admettre.
Quand ma sœur a réalisé cette horreur, elle a décidé de ne plus vivre. Et malgré le
réconfort de nous aimer, rien n’y a fait. De plus, elle était malade, avait des abcès
sur tout le corps. Malgré nous, elle est entrée à l’infirmerie du camp (le Reviers),
est morte le 13 juillet, trois mois après notre arrivée, ce qui était le temps normal
pour une déportée qui ne voulait pas vivre (3 mois).
J’ai eu la chance de rencontrer des déportées françaises qui m’ont aidée à survivre.
Le retour a été dur et la réadaptation difficile.
Parcours de Monsieur Claude BLOCH
Je suis né le 1er novembre 1928 à Lyon.
J’ai eu deux frères, l’un, né en 1927, n’a pas vécu, l’autre, né en 1931, est décédé
en 1933.
Mon père est né en 1894 et est décédé en 1938. Ma mère est née en 1904 et elle
est décédée en déportation en 1944.
Côté paternel, mon grand-père est décédé avant ma naissance et ma grand-mère
est décédée en 1939.
Ma tante et mon oncle ont été déportés à Tours en 1943 et sont décédés en
déportation.
Côté maternel, mon grand-père est né en 1874 et est décédé dans les locaux de la
Gestapo en 1944 au cours d’un interrogatoire. Ma grand-mère a échappé à
l’arrestation. Elle était née en 1878 et est décédée en 1949.
Au moment de mon arrestation, j’avais 15 ans, c’était le 29 juin 1944.
J’étais étudiant en 1ère année à la Martinière.
A mon retour de déportation en 1945, j’ai repris mes études, j’ai commencé à
travailler comme comptable le 1er septembre 1948.
Au décès de ma grand-mère, je me suis retrouvé seul à 21 ans.
Je me suis marié en 1950. J’ai trois fils, nés en 1952, 1954 et 1956 et neuf petitsfils.
Je suis en retraite depuis le 1er avril 1989.
J’ai enregistré une cassette VHS au C.H.R.D à Lyon dans laquelle je raconte mon
parcours en déportation.
(Montluc, Drancy, Auschwitz, Stutthof en banlieue de Gdansk).
Parcours de Monsieur André CHOMAND
Je m’appelle André CHOMAND, j’habitais avec ma famille qui était composée de huit
membres : mon père, ma mère, ma grand-mère et mes quatre frères.
L’aîné de mes frères était militaire depuis 1937 et a combattu dans les rangs du
Général de GAULLE jusqu’à la Libération.
Ma famille et moi avons été arrêtés par la Gestapo le 4 août 1942 à la Guerche-surLoing, sur la ligne de démarcation qui séparait la zone occupée de la zone libre,
dénoncés par le passeur qui avait touché de l’argent de mon père mais aussi des
Allemands.
Je n’avais que seize ans lorsque je fus déporté.
La Feldgendarmerie nous a remis à la gendarmerie française qui nous a conduits à
la prison de Bourges et nous a séparés de ma mère et du plus jeune de mes frères
qui n’avait que cinq ans.
Puis les camps se sont succédés :
- Le camp de concentration de Pithiviers, 1942.
- Le camp de concentration de Drancy, 1942.
- Le camp de transit en Allemagne à Saint Anaberg, 1942.
- Le camp de travaux forcés de Peiskretcham, de 1942 à 1944.
- Le camp de travaux forcés de Bléchammer, avril 1944.
En janvier 1945, j’ai participé à la marche de la mort lors de l’évacuation du camp
de Bléchammer.
- Le camp de travaux forcés de Gross-Rosen.
- Le camp de concentration de Buchenwald, le 6 février 1945.
Lors de l’évacuation du camp de Buchenwald, le 10 avril 1945, j’ai été séparé de
mon père.
J’ai alors participé à la deuxième marche de la mort et je suis arrivé au camp de
travaux forcés de Flossenburg.
- Le 23 avril 1945, le camp de Flossenburg fut libéré par la troisième armée du
général PATTON.
J’ai retrouvé mon père à Paris et nous avons recommencé à travailler, n’ayant
aucune ressource ; tous nos biens et le fruit de nombreuses années de travail de
mes parents avaient été confisqués. Ma mère, ma grand-mère et 3 de mes frères
sont morts en déportation.
Le soir, je prenais des cours d’électricité et ensuite d’électronique qui était ma
passion.
J’ai écrit un livre de témoignages qui s’appelle «un père et son fils dans les camps
nazis 1942/1945», j’ai participé et réalisé plusieurs films sur cette période et
j’interviens comme témoin de la Shoah sur le site d’Auschwitz, dans les écoles et les
collèges.
Je suis marié, ma femme Micheline et moi sommes heureux d’avoir deux enfants et
cinq petits enfants.
Parcours de Monsieur Simon IGEL
I - 1927-1942 : Les premières années
Je suis né le 18 août 1927, à Zolkiew, aux environs de Cracovie (Pologne),
troisième fils (après Menassé et Joseph) de Aron Marcus IGEL, et de Jenta, artisans
fourreurs.
De 1928 à 1937, pour des raisons professionnelles, ma famille réside à Vienne
(Autriche).
En 1937, sentant la menace nazie (l’Autriche ne sera annexée par l’Allemagne qu’en
1938 mais, déjà, l’antisémitisme est sensible), la famille IGEL émigre vers la
France, étape vers les Etats-Unis.
En 1938, ma famille vit à Paris, rue d’Aboukir. Cette année-là, mon père est
convoqué à la Préfecture car il est entré en France avec un visa de tourisme. Notre
famille ne peut rester en Ile de France, on lui demande de choisir une destination.
Mon père prononce mal «Lyon», et notre famille se retrouve dans l’Yonne, à
Auxerre, rue du Puits des Dames, où nous restons jusqu’en 1942. Pendant cette
période, je porte l’étoile jaune.
En juin 1942, je passe mon certificat d’études, il me manque un ou deux points,
j’aurais pu être «racheté», mais comme je portais l’étoile ….
II - 1942-1943 : En fuite
Le 16 juillet 1942, ma famille est arrêtée : mes parents et mes deux frères aînés(19
et 18 ans) sont transférés à la prison d’Auxerre, je suis conduit dans un orphelinat
dont je m’évade (15 ans), je suis libre pendant un mois.
Fin juillet-début août 1942, mes parents partent de Pithiviers par le convoi.
n° 6 : sur 1 000 déportés, seuls 18 ont survécu. Un de ces survivants, tailleur à
Paris m’a dit, après la guerre que mon père était mort en janvier 1943 à Birkenau
et que mes frères étaient encore vivants en janvier 1945.
En août 1942, la police vient chercher les enfants, je réussis à m’échapper. Je vais
chez des amis et reste enfermé dans une chambre pendant un mois.
En septembre 1942, je quitte Auxerre dans un camion de ravitaillement allemand !!
et arrive à Chalon-sur-Saône.
A Chalon, je dois trouver un passeur pour traverser la ligne de démarcation. J’y
laisse toutes mes économies : 10 000 francs. J’arrive à Saint-Etienne où je retrouve
deux amis de mes parents.
Novembre 1942, la «zone libre» est occupée par les Allemands : Nous laissons
l’appartement en ville et nous allons à la campagne; nous n’allons qu’une fois par
mois à Saint-Etienne pour le ravitaillement.
Le 18 août 1943, la Gestapo nous arrête tous les trois (sans doute sur
dénonciation), nous emprisonne à la caserne de Saint-Etienne puis au Fort Montluc
à Lyon, en septembre. Là, je suis logé dans une baraque, au milieu de la cour
centrale de la prison.
Fin septembre, je suis transféré de Lyon à Drancy.
Le 7 octobre 1943, le convoi n° 60 part de Drancy, il arrive le 10 octobre à
Auschwitz.
III - 1943-1945 : Les camps
A. Octobre 1943 – janvier 1945 : Auschwitz
Sur la rampe, quand le SS demande à l’interprète français de m’interroger sur mon
âge, je réponds directement en allemand si bien que le sélectionneur, après un
instant d’hésitation, m’indique de rejoindre la bonne colonne en me disant : «tu
pourras peut-être faire garçon de courses».
Je rejoins donc 350 hommes qui partent en camion vers Buna Monowitz, Auschwitz
3, distant de 5 ou 6 Km de Birkenau, pour construire les voies de communication de
l’usine de caoutchouc synthétique de l’IG Farben (il y avait là, en plus des déportés,
des prisonniers russes, anglais et des STO français –des gens de Tinchebray par
exemple--).
Arrivés à Buna Monowitz, les déportés sont rasés, tatoués (j’ai le matricule
157085), habillés de vêtements rayés, mis en quarantaine, une dizaine de jours,
près de la Place d’Appel, sous une grande tente, sans lit. On dispose, dehors, de
quelques robinets pour se laver. Ensuite, les déportés sont dispersés dans des
baraques et attribués à des commandos.
Je suis affecté au déchargement de briques : A la fin de chaque journée, mes
mains sont en sang.
Quand ce commando est dissous, Je suis mis dans un commando de terrassement.
Là, le kapo n’était pas une brute et quand le «meister» de la forge voisine a
demandé à ce kapo s’il n’avait pas, dans son groupe quelqu’un parlant français et
allemand, j’ai été envoyé à la forge.
Je suis au 3ème commando : dans la forge, il fait chaud et je ne suis pas molesté, je
sers d’interprète entre le «meister» et les STO français mais ceux-ci, par peur et
par indifférence, ne m’aident pas. Ainsi, j’ai demandé au S.T.O Lucien, d’écrire à M.
et Mme ROCHE, café du Pont, à Auxerre, les restaurateurs qui m’avaient hébergé
durant un mois, afin qu’ils m’envoient un colis : jamais, je n’ai vu ce colis qui a
pourtant bien été bien envoyé.
La différence entre les camps de concentration et les camps d’extermination, ce
n’est pas le travail, identique dans les 2 types de camps, mais, c’est la sélection :
dans les camps d’extermination, les notions de vie et de mort étaient infiniment
proches l’une de l’autre car la vie était aléatoire. Après la sélection du départ, sur la
rampe, les sélections se faisaient, ensuite, en fonction des besoins en main d’œuvre
des camps. La nuit, un SS venait dans les baraques et il fallait défiler devant lui nus
pour savoir si oui ou non, on pouvait encore servir à quelque chose. Ceux qu’il
trouvait trop faibles ou trop amaigris étaient emmenés le lendemain à Birkenau et
gazés. Les déportés avaient la hantise de ces sélections, il fallait bomber le torse
pour faire voir qu’on était encore valide.
Sur 75000 déportés dans les camps de concentration, il en est revenu 40 %.
Des 75 000 déportations raciales, il n’en est revenu que 3 % (2 500).
Seule clarté dans cet univers épouvantable, l’amitié avec Sigi HARTMEYER, le
berlinois, arrivé trois mois après moi : nous partagions tout et nous nous
considérions comme deux frères.
Début 1944, je tente de voler une pomme de terre : je reçois un terrible coup de
matraque qui cause un abcès très douloureux. Admis au Revier, je suis opéré par
un chirurgien viennois qui me prend en sympathie et me garde à l’hôpital durant
deux ou trois mois : je deviens «essentrier», porteur de soupe puis «croque mort» :
je dois entasser les morts à la morgue.
Je suis affecté au 4ème commando comme soudeur jusqu’en janvier 1945.
J’apprends à faire de la soudure autogène : il fallait visser, avec des petits colliers,
des tuyaux de cuivre sur des pylônes à dix mètres de hauteur. Le travail était
d’autant plus dangereux que la ferraille était rendue glissante par le froid et le gel.
Pendant toute cette période, il fallait assister aux pendaisons, aux punitions, devant
tout le monde, sur la Place d’Appel.
B. L’évacuation d’Auschwitz
Le 18 janvier 1945, les SS décident l’évacuation des trois camps d’Auschwitz. Les
valides sont rassemblés sur la place d’Appel et on leur remet une demi-boule de
pain.
1er jour : marche dans la neige et la boue glacée, par un froid intense, étape dans
une briqueterie.
2ème soir : arrivée à Gleiwitz : le camp est déjà évacué, les premiers arrivés
couchent dans les baraques, les autres dehors.
Je suis épuisé par cette «marche de la mort » mais Sigi me force à marcher car
tous ceux qui s’arrêtent sont exécutés par les SS.
Le 21 janvier : train de wagons à charbon, à ciel ouvert. Périple interminable par la
Pologne, la Tchécoslovaquie et l’Autriche, sans rien manger ni boire, rien que de la
neige. On nous refuse à Mauthausen : nous repartons vers l’Allemagne. Quant nous
arrivons à Dora, près des trois quarts des occupants du train sont morts.
A Dora, les survivants sont triés : la moitié part vers Buchenwald, l’autre moitié,
dont je fais partie, reste à Dora. Je travaille comme soudeur à l’arc dans le tunnel
où sont assemblés les V1 et V2.
Début avril, avec Sigi, nous quittons Dora, toujours en train à ciel ouvert, sans
nourriture et sans eau.
Nous arrivons au camp de Bergen-Belsen : nous ne sommes pas logés dans le camp
mais dans une caserne, gardés par des SS et des Ukrainiens qui ne se soucient pas
de nous donner de la nourriture. Pendant huit jours, nous mangeons de l’herbe, des
betteraves fourragères plus ou moins pourries.
Nous sommes libérés le 15 avril 1945 à 15 heures par les Anglais qui veulent
classer les déportés par nationalité : Français, Anglais…. Et Juifs ! Avec Sigi, nous
nous rangeons avec les Français.
IV – Le retour
Deux jours de camion (beaucoup meurent d’une nourriture inadaptée).
Transfert à Bruxelles en avion, un bombardier sans aucun confort.
A Bruxelles, accueil formidable de la population : les déportés ne pouvaient pas
faire deux pas sans être invités à manger ou recevoir quelque chose.
L’accueil en France a été beaucoup moins chaleureux, les déportés, qui avaient
encore leurs vêtements rayés, ont été regardés un peu comme des bagnards.
A Lille, carte d’identité, vêtements civils, transfert en train à Paris.
A Paris, à l’hôtel Lutétia, nous recevons un petit pécule pour prendre le train et
nous nous séparons : Sigi se dirige vers le midi et moi, je prends le train pour
Auxerre où je suis accueilli par les ROCHE.
Commence alors une nouvelle période dramatique pour moi qui espère le retour des
miens.
Le tuteur qu’on m’a affecté voudrait que je reste avec lui à Auxerre mais je préfère
partir à Paris retrouver un ami de mon père et devenir apprenti fourreur. Le faible
salaire ne me permet pas, de toujours me payer une chambre et je passe quelques
nuits sur un banc, à la gare de l’Est.
Devenu ouvrier fourreur, je subis la crise de la fourrure en 1951, et, après avoir
travaillé de nuit aux Halles, j’entre dans un magasin de confection où je terminerai
ma carrière en tant que directeur.
Je n’ai reçu aucune aide du gouvernement français. Je n’ai rien récupéré de mes
biens à Auxerre à l’exception de quelques couverts en argent (je mange avec tous
les jours) que mon père avait achetés dans une vente aux enchères et deux
portraits à l’huile de mes parents.
J’ai été naturalisé français en 1951.
J’ai retrouvé Sigi HART, en 1998, lors d’un rassemblement à Dusseldorf organisé
par une association allemande qui faisait des études sur Buna Monowitz et
recherchait, de par le monde, les survivants du camp. Ainsi «Ik» et Simon «à la
cicatrice derrière l’oreille» sommes tombés dans les bras l’un de l’autre. Depuis, je
suis allé deux fois à Los Angeles chez mon ami.
Tous ces évènements tragiques ont ancré en moi un solide sentiment antiraciste.
Parcours de Monsieur Marcel JUNGERMAN
Je m’appelle Marcel JUNGERMAN. Je suis né le 24 février 1925 à
Pologne centrale, à un peu plus de 200 kilomètres de Varsovie.
Wolbrom en
Je suis le plus jeune d’une famille nombreuse. Nous étions 8 enfants : 6 garçons et
2 filles. Max, le 5ème enfant est revenu des camps malade, et hélas sans sa femme
ni son fils. Mes deux sœurs Madeleine et Anna ont, elles, échappé à la déportation.
Nous avons émigré en France à Paris, en 1930. Mon père et mon frère aîné Léon
étaient arrivés avant, comme c’était souvent le cas. Je suis arrivé ensuite avec ma
mère et le reste de la famille.
Mon père était dans la chaussure. Trois de mes frères travaillaient avec lui.
La guerre est déclarée
vacances en famille.
le 3 septembre 1939, alors que nous nous trouvons en
Craignant l’invasion et les bombardements, nous sommes partis à Vichy où une
partie de notre famille de Strasbourg s’était déjà réfugiée, mais nous y sommes
restés très peu de temps. Après un bref nouveau séjour à Paris, nous sommes
retournés à Vichy en mai 1940, avant la débâcle. Mais nous avons dû quitter Vichy
fin 1941, car les étrangers -en fait les Juifs- n’y étaient plus admis.
Nous sommes allés nous installer à Saint-Etienne, où nous faisions toutes sortes de
petits boulots. Le travail ne nous faisait pas peur. J’ai participé aux côtés de Lucien
NEUWIRTH, dans le groupe Espoir de Jean NOCHER, à quelques actions de
résistance (distributions de tracts, de journaux, renseignements….).
Mais devant les arrestations qui se multipliaient mes parents ont décidé de
rejoindre Nice où était installé mon frère Nathan. Nous avons été assignés à
résidence à Saint-Martin de Vésubie, avec de nombreuses autres familles juives.
Nous étions tenus de nous présenter deux fois par jour à la police italienne.
A la suite du débarquement des troupes alliées en Italie et la capitulation du
gouvernement italien, beaucoup de familles espéraient trouver la liberté dans ce
pays. J’ai accompagné un groupe, qui se rendait en Italie, et sur le chemin du
retour, j’ai été arrêté par la division SS «Das Reich», puis emprisonné à la prison de
Borgo San Dalmasso où j’ai retrouvé mon frère Max, sa femme et son fils. A la suite
d’une tentative d’évasion, nous avons été repris et en décembre 1943, embarqués
dans un train et ramenés à Nice. Après les interrogatoires musclés de la Gestapo,
nous avons été acheminés par train à Drancy, puis dirigés vers Auschwitz le 7
décembre. Je pensais que nous allions travailler dans un camp.
J’ai connu, là, avec mon frère Max, comme beaucoup d’autres déportés, le choc de
la sélection, les interrogatoires, les douches, la tonte, le tatouage (n° 167 558), le
froid, la faim et le dénuement extrême.
En janvier 1945, Auschwitz est évacué et commence alors la «marche de la mort»,
dans des conditions physiques et morales difficiles à imaginer. Ceux qui traînent
sont abattus, les morts sont abandonnés le long de la route. A Gleiwitz, point
d’arrivée de la marche, les survivants sont entassés sur des plateaux de wagons à
découvert et conduits à Dora, «l’annexe de Buchenwald». Peu de temps après une
mise en quarantaine à cause des épidémies de typhus, nous sommes acheminés à
Bergen Belsen. Le camp est libéré le 15 avril 1945 par les Anglais.
Malade à la libération du camp, je suis soigné, puis convalescent dans un hôpital
anglais à Lunebourg et rapatrié à Paris le 15 mai 1945, via Lille. Accueilli à l’hôtel
Luétitia par la Croix-rouge, j’ai reçu des pièces d’identité. Mais comme l’hôtel était
complet, pour dormir, j’ai été transféré à l’hôtel Imperator.
Je reprends, le lendemain le chemin (Boulevard du Temple) qui devait me ramener
chez moi avec un camarade à qui je voulais montrer où j’habitais avant la guerre
car je ne pensais pas retrouver quelqu’un de ma famille. C’est en m’avançant que
j’ai eu la joie de voir ma mère qui regardait par la fenêtre. C’était au mois de mai ;
j’ai couru en grimpant les étages 4 à 4 et j’ai été comblé de retrouver une partie de
ma famille, à l’exception de mon frère Max qui rentra quelques semaines plus tard,
puis peu après Arthur. Mon père recommença à fabriquer des chaussures. Il me
fallut une bonne année pour retrouver un équilibre que la famille m’a permis de
retrouver plus vite.
J’ai repris le travail d’abord dans la maroquinerie, puis dans une fabrique
d’imperméables et je me suis installé comme façonnier.
Je me suis marié en 1947 et ma fille est née en 1954.
Je me suis beaucoup investi dans le domaine
autres.
social et associatif, au service des
Je m’occupe aussi de plantations d’arbres en Israël avec l’Association K.K.L (Keren
Kayemeth Leisraël) dont le but est de favoriser le développement des terres et le
reboisement du désert.
Aujourd’hui, je fais de nombreux témoignages, sous forme de conférences dans les
lycées et les collèges. C’est à la fois des moments difficiles mais aussi gratifiants par
les marques de sympathie qui me sont adressés de la part des jeunes et de mes
auditoires.
Parcours de Monsieur Henri KICHKA
Je suis né à Bruxelles le 14 avril 1926. Mon père était un homme plein d’entrain, qui
exerçait le métier de tailleur. Ma mère était une femme adorable, douce et aimée
de tous, une cuisinière hors pair. J’avais deux petites sœurs : Bertha, de un an ma
cadette et Nicha, qui avait 7 ans de moins que moi. J’adorais les études, j’étais
passionné de littérature, de musique classique, de peinture et de dessin. Nous
étions de condition modeste mais je garde le souvenir d’une famille heureuse, unie,
sans problème. C’est en 1938 que notre train-train habituel fût rompu par l’arrivée,
chez nous, d’un jeune homme fuyant l’Allemagne, qui logeait au petit bonheur la
chance, de famille en famille. C’est grâce à lui que nous avons ouvert les yeux sur
la situation des Juifs en Allemagne et sur les terribles événements qui s’y
déroulaient. Malgré ces signes avant-coureurs, rien autour de nous n’était
perceptible, et nous, les enfants, nous poursuivions notre existence presque
normalement, bien que nos proches envisageaient avec anxiété la situation
alarmante du moment. Entre-temps, les Français et les Anglais avaient rejoint les
Alliés et tout le monde se préparait à l’éventualité d’une agression allemande. Un
sourd malaise régnait, les plus préoccupés étant les juifs, car de sombres rumeurs
circulaient. Ce malaise a persisté jusqu’au début de l’année 1940, et c’est avec
crainte et réconfort à la fois que nous avons assisté au défilé de troupes alliées
venant de la gare du midi. Nous étions alors rassurés, certains que les forces alliées
contiendraient les velléités de conquête du Reich.
C’est alors, qu’à 14 ans, mon existence a basculé : je fus arraché à ma vie
douillette et jeté dans l’horreur. Je n’oublierai jamais cette journée du 10 mai
1940 : à 5 heures du matin, des détonations inhabituelles nous ont réveillés. Les
troupes allemandes avaient franchi la frontière.
A l’annonce de l’invasion de la Belgique, du Luxembourg, de la Hollande et de la
France, mon père a décidé de partir pour le midi de la France, le plus loin possible.
Il nous semblait en effet inconcevable que l’ennemi puisse nous rejoindre. Dans la
hâte, nous avons pris un train pour l’exode, débordant de réfugiés comme nous. La
première étape de notre voyage fut Revel, à 50 km de Toulouse. De là, ma famille
s’est retrouvée dans un premier camp de concentration à Agde. Puis à Rivesaltes.
Nous avons connu le froid, la faim. Nous étions harassés de fatigue, perdus devant
l’incertitude de notre situation. C’est alors qu’à la mi-janvier 1941, un miracle se
produisit : ma tante avait réussi, en soudoyant le directeur du camp avec une
somme rondelette, à nous faire évader. Par ce stratagème, nous parvîmes à
regagner Paris. Et de là, Bruxelles.
Las ! Nous venions de nous jeter de nouveau dans la gueule du loup ! A notre
retour, tout avait changé, les hordes nazies occupaient le pays et faisaient peser
une menace continuelle sur la communauté juive. Nous avons repris, de 1941 à
1943, un semblant de vie quotidienne, marquée par les privations, le port
obligatoire de l’étoile jaune, le couvre-feu, les difficultés à travailler. Et puis, un soir
de 1943, ce fut l’arrestation par la gestapo. Entassés dans un train à bestiaux, nous
sommes partis pour l’Allemagne. C’est là que je fus séparé de ma mère et de mes
sœurs, que je verrai alors pour la dernière fois.
Je suis alors emprisonné dans le camp de Sakrau et obligé d’accomplir des travaux
de forçat, dans des conditions extrêmement pénibles. De là, je pars pour un
nouveau camp de travaux forcés : Klein-Mangersdorf. Une nouvelle fois sélectionné,
je serai dirigé vers Tarnowitz, en Haute-Silésie, où je resterai 9 mois à travailler sur
les chemins de fer, les allemands ayant un énorme besoin de trains pour les convois
militaires. Harcelés, affamés, mes camarades prisonniers et moi travaillons par tous
les temps, de –20 à +35 degrés. Je tombe malade et suis alors dirigé vers un
nouveau camp : Saint-Annaberg. Je connais alors un court répit de trois semaines,
le repos compensant le manque de nourriture.
Mon périple se poursuit avec le transfert à Shoppinitz. Je ne suis plus alors que
l’ombre de moi-même : je pèse 35 kilos pour 1m75. Mais je tiens debout et suis
sélectionné, cette fois-ci pour Auschwitz IV, un funeste camp de travail forcé où je
resterai un an.
Miracle, j’y suis enfermé dans le même baraquement que mon père. J’y travaille
une nouvelle fois dans des conditions extrêmement pénibles, jusqu’en 1944, où
l’arrivée des S.S. marque un nouveau tournant dans notre calvaire : tatouages,
pendaisons, exécutions sommaires deviennent le lot de notre quotidien.
A la fin de l’année, nous assistons aux premiers bombardements de l’aviation
américaine, qui, ironie du sort, représentent pour nous une menace, puisque que
nous travaillons sur un chantier de guerre, une cible privilégiée pour les alliés.
Exténués, terrorisés, ces bombardements nous font subir un nouveau pas dans
l’échelle de l’enfer. Jusqu’à ce matin de janvier 45, où j’apprends qu’Auschwitz, à
une dizaine de kilomètre du camp dans lequel je me trouve, vient d’être libéré par
les Russes.
Me croyant bientôt libre, je rejoins les 5 000 autres détenus sur la place d’appel.
Pourtant, c’est une nouvelle épreuve qui nous attend : les nazis ont décidé
d’évacuer le camp. Ce sera la tristement célèbre Marche de la Mort qui commence.
Durant deux semaines et demie, par des températures atteignant les –30 degrés,
nous avons marché, pourvus de provisions de nourriture pour trois jours, à travers
les champs, dans la neige, durant des journées entières. La plupart de mes
camarades ont laissé leur vie sur le sol gelé. A la fin de notre calvaire, seuls 800
d’entre nous sommes arrivés à Gross-Rosen, un très grand camp de concentration
destiné, à la fin de la guerre, au rassemblement de tous les juifs des camps de l’est.
J’ai passé trois jours dans ce camp, les plus atroces de ma vie. 10 000 prisonniers
s’y trouvaient entassés dans des conditions épouvantables, sans manger ni boire,
battus quotidiennement, jusqu’à une nouvelle sélection, pour repartir encore en
train, dans des wagons ouverts, sous la neige, pour un nouveau camp :
Buchenwald, à dix kilomètres de Weimar.
Sur le chemin, j’ai connu une nouvelle fois l’enfer d’un bombardement : 1 500
avions alliés lâchent des milliers de bombes. Après un calvaire de trois ans dans les
camps, des souffrances, des brimades, après avoir vu le pire, je crois ma dernière
heure arrivée sous les bombes des alliés. Et puis, le train s’ébranle de nouveau et
atteint le camp, 600 de mes camarades ayant une nouvelle fois péri sous l’attaque.
Après plusieurs jours, les Américains entrent enfin dans Buchenwald, le 11 avril.
Quelques jours plus tard, je suis rapatrié par l’armée anglaise vers la Belgique, mon
pays. Malheureusement sans mon père, vaincu par la maladie, une semaine avant
la Libération.
Trente huit mois après notre arrestation, après un périple épouvantable au travers
de dix camps, je suis donc le seul survivant de ma famille. Mes parents et mes
sœurs, mes amis ont péri. Atteint de la tuberculose, je passerai encore un mois à
l’hôpital et dix-sept mois dans un sanatorium puis dans un orphelinat. Peu à peu,
avec courage et ténacité, je me suis relevé et j’ai réappris à vivre.
Je me suis reconstruit et j’ai épousé Lucia, l’amour de ma vie. Entouré de la chaleur
des miens, j’ai pansé mes blessures et décide, à l’âge de la retraite, de témoigner
de mon douloureux périple dans les camps de concentration.
Homme de paix, je n’ai, depuis, de cesse, avec fougue et détermination, de semer
la bonne parole pour lutter contre la haine, le racisme et abolir la différence,
racontant la souffrance de millions de Juifs devant des milliers d’élèves, aux quatre
coins de la Belgique.
Parcours de Monsieur Robert MARCAULT
Je suis né à Nice en mars 1929, d’un papa roumain, naturalisé français depuis une
vingtaine d’années et d’une maman de souche bordelaise (depuis de très
nombreuses générations).
J’étais le cadet d’une famille française ordinaire : un père horloger-bijoutier, spolié
de ses biens confiés à des administrateurs par la loi raciste de Vichy, une mère au
foyer, s’occupant des quatre enfants issus de ce second mariage paternel. (Les trois
aînés n’étaient pas avec nous au moment de notre capture).
La famille se composait donc de mon père, ma mère, mon frère Edgar 18 ans, mes
sœurs Mireille 13 ans et Claude 6 ans, j’avais moi-même tout juste 15 ans.
Dénoncés, nous sommes surpris par la Gestapo le 20 mai 1944, jour de l’Ascension,
avant le repas de midi qui est resté sur la table. Ma mère et mes sœurs sont
emmenées sans ménagement dans une berline SS ; mon père, mon frère et moi,
menottes aux poignets, encadrés par des SS armés, nous avons traversé tout le
village pour atteindre la gare de Capendu.
Arrivés en train en gare de Carcassonne, nous avons été dirigés sur le parking
clôturé d’un hôtel, gardé par des soldats armés. Mon père et ma mère ont subi là
un interrogatoire musclé, les nazis voulant savoir où se trouvaient les trois autres
enfants. A leur retour parmi nous, nos parents étaient méconnaissables.
Nous sommes ramenés le lendemain à la gare de Carcassonne où, sur le quai, nous
retrouvons une multitude de civils : hommes, femmes, enfants, vieillards, dont
certains sur des brancards ; gardés toujours par des soldats armés, valises et
baluchons jonchent le sol.
Mon père, très connu dans la région, avait de solides amitiés… peut-être est-ce pour
cela que de nombreux civils se sont ostensiblement mêlés à nous, malgré les ordres
des gardiens, créant une sorte de confusion.
Mon frère et moi en profitons pour nous enfuir. Un brouhaha s’ensuit. Sur le quai en
face, dans la foule, nous regardons le cœur battant notre mère affolée,
désemparée, qui nous cherche des yeux… et Edgar et moi sommes revenus, les
larmes de notre mère nous étant insupportables. Nous avons tous les deux été
roués de coups par les soldats et embarqués demi-inconscients dans le wagon à
destination de Drancy…
Après de longs mois de bagne, en janvier 1945, je quittais Auschwitz pour une
interminable marche de mort me conduisant successivement dans divers camps
dont Gross Rosen pour Buchenwald où j’ai été libéré par les armées alliées le 11
avril 1945.
Edgar, libéré par les Russes fin janvier 1945, est rentré en France en été 1945.
La dernière fois que nous avons vu nos parents et nos sœurs, c’est à la «sélection»
à Birkenau.
Î Marié, j’ai 3 enfants : Michèle, Paul et Anne-Claude et 3 petits enfants : Raphaël,
Victor et Léonard
Î J’ai été «Maître Joaillier en son Métier», formateur d’apprentis, Expert
recommandé pour la spécialité «pierres précieuses».
Î Je suis retraité
_ Chevalier de l’Ordre National de la Légion d’Honneur
_ Chevalier de l’Ordre National du Mérite
_ Médaille de la Déportation et de l’Internement
_ Commandeur de l’Education Civique
_ Médaille d’Or de la Société d’Encouragement au Bien
Î j’ai reçu :
_ l’Aviv d’Or décerné par radio Kol-Aviv (fréquence de la Communauté Juive
de Toulouse)
_ la médaille d’Or de la Ville de Lille
_ la médaille d’Or de la ville de Toulouse
•
Participation au vidéo-film «la marche de la mort» produit par l’Amicale
d’Auschwitz avec le soutien du ministère des ACVG, réalisé par Marcel
FAGÈS, pour la Commémoration du 50ème anniversaire de la Libération
d’Auschwitz, maison de l’UNESCO, Paris 25/01/1995.
•
Enregistrement-témoignage à Toulouse “Survivors of the Shoah – Visual
History Foundation – Robert MARCAULT, interview n° 14084, 30/04/1996”.
•
«Le 11ème commandement… tu n’oublieras pas» film documentaire de
Théâtr’hall réalisé à l’occasion du 60ème anniversaire de la libération du camp
d’Auschwitz.
•
Enregistrement-témoignage à l’Institut National de l’Audiovisuel à la
demande de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, paris le 25/11/2005
□ Publications :
-
«la tragédie que fut la «marche de la mort» in Après Auschwitz, n°
254, janvier 1995
-
«le 11ème commandement : tu n’oublieras pas!» Université Charles de
Gaulle, Lille III, in MEMOR, n° 29-30, pp. 133-145,1999.
□ sur Internet :
-
moteur de recherche «google» : rechercher : Robert Marcault
□ Témoignage-débats, Collèges, Lycées :
-
Académie Nord –Pas de Calais, Normandie, Aquitaine, Midi-Pyrénées,
etc…
□ Conduit la visite «Mémoire Historique» du camp d’Auschwitz-Birkenau,
avec :
-
Le mémorial de Caen et Associations…
-
Le Conseil Régional des Jeunes de Midi-Pyrénées
-
Le Conseil Général du Rhône
-
A l’occasion du 60ème anniversaire de la libération d’AuschwitzBirkenau, la 15ème «Marche des Vivants» (…. marcher entre Auschwitz
et Birkenau pour ne pas oublier) 20 000 jeunes de toutes nationalités
et toutes confessions, du 2 au 5 mai 2005
-
La Fondation pour la mémoire de la Shoah et l’ONAC du Tarn
-
L’Institut St-Christophe de Masseube (Gers).
□ Participe depuis toujours aux cérémonies civiles et militaires et communautaires
du souvenir de la Déportation et de la Résistance, fin avril, de 1953 à 1980 : à Paris
et dans le Nord, de 1980 à ce jour : à Cahors et Toulouse.
□ Depuis 1993, tous les 16 juillet, à Cahors (Lot), a en charge, seul, le discours de
la cérémonie départementale à la Mémoire des Victimes des persécutions racistes et
antisémites commises sous l’autorité de fait dite «gouvernement de l’Etat Français
1940-1944 » rappelant la grande rafle des Juifs parisiens des 16 et 17 juillet 1942.
□ Participe aux manifestations de l’Association des Fils et Filles des Déportés Juifs
de France aux côtés de Serge KLARSFELD.
□ Aide à la remise des médailles et diplômes de «juste parmi les Nations» (Marie
DIU) (Louis et Eugénie DECREMPS) etc…
□ Participe aux cycles de Formation des Professeurs à l’I.U.F.M Midi-Pyrénées
«Enseigner Auschwitz et les génocides du 20ème siècle» et aux colloques
«Auschwitz-mémoire, histoire et transmission» organisés par le Cercle d’Etude de la
déportation et de la Shoah, l’Amicale d’Auschwitz, la Bibliothèque et la Mairie de
Toulouse.
□ Participe le 27 janvier, instauré «journée internationale dédiée à la Mémoire des
Victimes de la Shoah» par la résolution de la 28ème session extraordinaire de l’ONU,
Toulouse le 27 janvier 2006.
Parcours de Monsieur Benjamin ORENSTEIN
Il est né le 4 août 1926 dans un village du sud de la Pologne, ANOPOL, à 70 Km de
LUBLIN. Il a trois frères et une sœur.
Il a 13 ans, en 1939, lorsque les nazis envahissent son pays et 14 ans lorsque son
père est arrêté et interné dans un camp de travail réservé aux Juifs.
Le camp IENISZOW, a un régime très dur et il décide de se proposer pour
remplacer son frère qui n’aurait pas survécu longtemps à ces travaux forcés.
Il s’évade après quelques mois. Travaillant dans des fermes, il parvient jour après
jour à se procurer la nourriture nécessaire à la survie de sa famille. C’était au péril
de sa vie, un Juif pris en dehors du périmètre du village étant immédiatement
exécuté.
En 1942, tous les Juifs d’ANOPOL sont arrêtés, ses frères et lui-même sont
emmenés dans un camp de travail, ses parents et sa sœur… vers la mort.
Jusqu’en août 1944, anniversaire de ses 18 ans, il est transféré de camp de travail
en camp de concentration.
Il apprend la mort de ses parents, de sa sœur puis celle de ses frères.
Le jour même de ses 18 ans, il arrive dans le camp d’extermination d’AuschwitzBirkenau.
En janvier 1945, les armées soviétiques sont aux portes d’Auschwitz et les nazis,
après avoir dynamité les chambres à gaz et les fours crématoires, afin de ne pas
laisser de preuves de leur infamie, évacuent les internés encore «valides».
Dans une terrible «marche de la mort», par une température de – 25°, les déportés
sont conduits jusqu’à DORA (en Allemagne). Des milliers d’entre eux meurent au
cours de cette marche.
Le 11 avril 1945, l’armée américaine libère le camp de DORA.
Il est le seul survivant de sa famille.
Ce qu’il a vu, ce qu’il a ressenti, il n’en a rien dit pendant 48 ans, et ce n’est qu’à
l’occasion du procès Barbie qu’il a senti l’impérieux besoin de parler, de témoigner.
Il fallait qu’il devienne un porte-parole pour tous ces morts oubliés, pour sa famille
exterminée, pour ses camarades torturés. Et depuis inlassablement, il témoigne
dans les établissements scolaires et au C.H.R.D
Président de l’Amicale d’Auschwitz-Birkenau et des camps de Haute Silésie
(département du rhône), il accompagne chaque année des centaines d’élèves au
cours de voyages de mémoire en Pologne.
Parcours de Monsieur Nicolas ROTH
Je suis né le 7 avril 1928 à DEBRECEN (Hongrie). Je suis fils, petit-fils et arrièrepetit-fils d’artisans (ces derniers originaires des environs 30 à 50 km de la ville de
DEBRECEN).
J’ai été scolarisé jusqu’à l’âge de 15 ans, puis apprenti dans une menuiserie. C’est
là que je travaille à l’arrivée des Allemands en Hongrie le 19 mars 1944.
Déporté, avec mes parents et ma sœur, mon oncle, ma tante et leurs deux enfants
fin juin 1944, je suis le seul survivant à la libération des camps.
J’ai été libéré à DACHAU par les troupes américaines le 29 avril 1945.
Arrivé en France, fin février 1946, je travaille jusqu’à 1949 dans une entreprise de
maroquinerie, ensuite dans la confection.
J’ai été naturalisé français en 1954.
J’ai été appelé à l’armée, en juin 1956 et incorporé au 1er R.A.C à MELUN (Seine et
Marne).
J’ai été démobilisé parce qu’atteint par la limite d’âge pour un appelé, le 7 avril
1958.
J’ai épousé la même année Michelle DUPOUX (née à Paris en 1931). Nous avons eu
trois enfants.
Retraité, depuis 1988, après 42 ans de vie professionnelle, j’ai une activité comme
«bénévole» à l’Union des déportés d’Auschwitz et au Comité français pour YADVASHEM.
Parcours de Monsieur Henri ZAJDENWERGIER
Je suis né à Nancy (Meurthe et Moselle) le 7 décembre 1927 mais j’ai vécu toute
mon enfance à Metz (Moselle).
A la déclaration de guerre, nous avons subi l’exode et avons été évacués sur
Angoulême ainsi qu’une bonne partie de la population.
Angoulême se trouvait en zone occupée. Arrêté une première fois, lors de la rafle
du 8 octobre 1942, je suis relâché car de nationalité française.
Arrêté une seconde fois, le 7 février 1944, je suis incarcéré une dizaine de jour à la
prison d’Angoulême, puis au camp d’internement de Poitiers jusqu’au 9 mai 1944,
date à laquelle je suis transféré à Drancy et déporté le 15 mai 1944 par le convoi
73 à destination de Revol (aujourd’hui Talinn) capitale de l’Estonie.
Fin août, face à l’avance des troupes soviétiques, les allemands nous évacuent, en
cargo, par la mer baltique, jusqu’au port de Dantzig d’où, à pied, nous gagnons le
camp d’extermination de Stutthof en Prusse orientale ( à ne pas confondre avec le
camp de Struthof en Alsace).
Fin janvier 1945, nouvelle évacuation (marche de la mort) d’une dizaine de jours et
je parviens jusqu’à Ruben, à une centaine de kilomètres au Nord Ouest de Dantzig.
Je suis libéré par les Soviétiques en mars et après un séjour dans un hôpital de
campagne derrière le front, les Russes me remettent aux autorités anglaises. Ces
derniers me rapatrient en France en mai 1945.
Je suis aujourd’hui âgé de 78 ans et père d’une fille, grand-père de deux filles et
arrière-grand-père d’une petite fille.
Durant mon activité, j’ai exercé la profession de représentant puis cadre commercial
dans une importante affaire de textile.
REVUE DE PRESSE
Journée ETUDE ET MÉMOIRE
A AUSCHWITZ-BIRKENAU
Le Jeudi 16 février 2006
«C’est à titre exceptionnel et pour votre seule information que nous vous adressons les articles de
presse parus à l’occasion de la «journée-mémoire» à Auschwitz-Birkenau. Conformément à la loi, nous
vous remercions de ne pas reproduire ces articles de presse»
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