ÉLIMINATION DE L’AUTOFLUORESCENCE DES TISSUS PAR FACTORISATION EN MATRICES NON-NÉGATIVES Anne-Sophie Montcuquet1,2 , Lionel Hervé1 , Jean-Marc Dinten1 , Jérôme Mars2 1 2 LISA, CEA, LETI, 17 rue des Martyrs, 38054 Grenoble, France. GIPSA-Lab, Rue de la houille blanche BP46, 38402 Saint Martin d’Hères, France 1. INTRODUCTION 3. ALGORITHME DE FMN Depuis quelques années, l’imagerie optique de fluorescence appliquée au domaine médical offre la perspective de systèmes de diagnostic non invasifs et peu coûteux. Des marqueurs fluorescents sont injectés au sujet et se fixent aux tumeurs recherchées. La zone d’intérêt est ensuite éclairée à la longueur d’onde d’excitation optimale du fluorophore et le signal fluorescent est détecté. Lors de la détection de fluorescence en profondeur (problème qui serait omniprésent lors d’examen diagnostic chez l’homme), le signal spécifique de fluorescence recherché se confronte alors à un signal parasite qui perturbe la détection : la fluorescence naturelle du tissu ou autofluorescence. La longueur d’onde d’excitation est choisie autour de 700 nm afin de minimiser l’absorption des tissus, seulement un signal d’autofluorescence persiste à ces longueurs d’onde et le développement d’algorithmes de séparation de spectres adaptés permettant de s’en affranchir est alors nécessaire. Etant donné une matrice non-négative X ∈ Rm×n , la FMN consiste à trouver les matrices non-négatives A ∈ Rm×p et S ∈ Rp×n telles que : X ' AS. Par matrice non-négative nous entendons une matrice dont tous les éléments sont non-négatifs, et p est le nombre de sources à séparer. Des matrices de départ A et S qui respectent les contraintes de positivité sont choisies, et une fonction objectif QF M N (cf. 1) – carré de la distance euclidienne entre A et S – est minimisée, grâce à des lois de mises à jour appliquées à A et S (cf. 2) : F MN Q i=1 j=1 (n+1) aik (n+1) 2. DISPOSITIF EXPÉRIMENTAL ET IMAGES SPECTRALES Une ligne fixe d’une souris est illuminée à l’aide d’une ligne laser de longueur d’onde d’excitation égale à 690 nm. L’excitation laser est positionnée au-dessus de l’animal et nous travaillons en réflexion : le signal de fluorescence est détecté à la verticale de l’animal, par un spectromètre couplé à une caméra CCD. Avec ce dispositif, nous obtenons des images spectrales ; chaque ligne de l’image obtenue est le spectre de fluorescence d’un point de la ligne éclairée. L’image sur laquelle notre algorithme de séparation de sources va être testé est présentée figure 1 : l’autofluorescence des tissus de la souris est présente tout le long de la ligne éclairée, autour de 700 nm, tandis que la fluorescence spécifique que nous recherchons est locale, autour de 860 nm. Nous voulons donc éliminer l’autofluorescence et isoler la fluorescence spécifique : l’algorithme de séparation de sources de Factorisation en Matrices Non-négatives (FMN) semble être un candidat adapté. m X n X = skj (n) = aik (n) = skj (xij − p X 2 aik skj ) (1) k=1 (XS T (n) )ik (AS (n) S T (n) )ik (AT (n+1) X)kj (AT (n+1) A(n+1) S (n) )kj (2) La FMN appliquée à notre image de départ (Figure 1) retourne les résultats décrits sur la figure 2 : la fluorescence a été séparée de l’autofluorescence. Fig. 2. A gauche : autofluorescence détectée, à droite : fluorescence spécifique (ICG) détectée Cette méthode permet d’isoler les spectres de fluorescence et d’autofluorescence, même si les spectres se chevauchent, ce avec peu d’information au départ. Un des avantages évidents de cette méthode est la cohérence avec la notion de spectres de fluorescence, puisqu’il s’agit ici de ne traiter et d’obtenir que des données positives. 4. CONCLUSION Fig. 1. Image de départ : autofluorescence et fluorescence à séparer La Factorisation en Matrices Non-négatives (FMN) a jusqu’ici rarement été appliquée au domaine de la spectroscopie de fluorescence, bien qu’elle soit un candidat tout à fait qualifié. Eliminer l’autofluorescence parasite des tissus représenterait une avancée dans l’utilisation de l’imagerie optique de fluorescence pour des systèmes de diagnostic pour l’homme. Le problème de l’autofluorescence des tissus est rarement apparu dans la littérature et n’a encore jamais été résolu à ma connaissance dans l’imagerie de fluorescence pour des longueurs d’onde d’excitation proches de 700 nm, ce qui fait l’originalité de ce sujet.