cycle atteint une fermeture sans pour autant perdre la notion d’infini.»
2
On peut
appliquer cette idée aux canons de Bach, qui représentent donc une idée d’infinité. Sa
préférence pour cette forme cyclique peut être mise en relation avec la Passion. « Les
chorales sont les voix de générations de croyance luthériennes, inclusivement la
congrégation de Bach, et pour cela elles représentent l’objectivité et l’autorité des
discours de l’Eglise. »
3
On peut voir ici que Bach reflétait la théologie dans ses compositions. Dieu
était une métaphore pour l’harmonie. Au dix-septième siècle, la révolution
scientifique mit l’accent sur « l’ordre des choses. » Les mathématiques, la physique,
rhétorique et d’autres branches furent développées, et au début du dix-huitième,
l’harmonie avait pris beaucoup d’importance. Ce fut un passage complet de la
musique modale à la musique tonale. « Les règles d’harmonie, comme les théorèmes
de maths, étaient intemporelles, immuables, éternelles. »
4
L’harmonie dans la
musique représentait l’harmonie dans l’univers, créé par Dieu.
Par conséquent les compositions de Bach étaient écrites pour la gloire de Dieu.
En maîtrisant parfaitement le contrepoint strict, il louait la « nature harmonieuse de la
création. »
Ce n’est donc pas surprenant que le dernier travail de Bach, composé sur son
lit de mort, était de nature très complexe.
Dans la tradition luthérienne, les dernières heures avant sa mort, étaient
décisives pour le destin de l’âme. Rassemblés auprès du lit de mort, les proches de la
personne priaient, lisaient des passages de la bible, chantaient des chorales et jouaient
sur le clavecin. La préparation pour la mort était très ritualisée.
La composition de Bach était une façon d’assurer son arrivée au paradis. LE
contrepoint strict, métaphore pour Dieu, devait lui éviter une descente aux enfers.
C’était une manière de garder le mal à distance. Quand ils virent ce que Bach
2
Karol Berger, Bach’s Cycle, Mozart’s Arrow (Berkeley: University of California
Press, 2007), 113.
3
Karol Berger, Bach’s Cycle, Mozart’s Arrow (Berkeley: University of California
Press, 2007), 115.
4
Karol Berger, Bach’s Cycle, Mozart’s Arrow (Berkeley: University of California
Press, 2007), 134.