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grandissante de nos
partenaires. »
La masse salariale dans le
budget, cheval de bataille du
FMI
Et qu’en est-il du communiqué du
FMI, le ton employé et le
contenu ? Je crois que la tonalité
du rapport du FMI a été plutôt
modérée et même positive. Mais,
la modération du ton s’est
accompagnée d’une fermeté dans
l’analyse et l’appréciation de la
situation économique, estime M.
Ben Hamouda. Une modération
qui reste toutefois de façade, et
voilà pourquoi : « La modération
du ton s’est accompagné d’une
fermeté dans l’analyse. De plus,
pour ce qui est de la masse
salariale dans le budget qui
constitue le cheval de bataille du
FMI depuis quelques années, le
dernier rapport met l’accent sur
les mêmes difficultés mentionnées
par le rapport Fitch. La première
concerne la crise profonde des
finances publiques et qui
demande des réponses et un
accroissement rapide des recettes
et une gestion plus serrée des
dépenses. Le second défi est
celui de la reprise de la
croissance et de
l’investissement. » Dans une
approche comparative,
l’économiste considère que ce
serait l’une des premières fois
dans l’histoire de la Tunisie
indépendante où la croissance est
aussi faible sur deux années
consécutives 2015 et 2016, et il
prévient qu’on ne peut pas se
permettre une nouvelle année
avec une croissance aussi
« fragile et faible ».
Nous avons besoin de croissance,
martèle l’économiste, car elle
génère de l’emploi. Nous avons
besoin de croissance car elle
restaure l’espoir et la confiance
dans l’avenir. Et il ajoute : « Le
retour de la croissance exige une
reprise franche des
investissements nationaux comme
des investissements étrangers. En
dépit de l’amélioration dans
l’environnement des affaires, de
l’adoption du nouveau code,
l’investissement reste fragile et les
investisseurs font encore preuve
d’attentisme », conclut l’expert.
Une nécessaire solidarité
Radhi Meddeb, tout en relevant lui
aussi le champ lexical de la
déclaration du FMI, estime que de
la visite de la délégation du FMI
découle « d’abord que la revue du
programme, suspendue en
novembre dernier, reste ouverte,
ensuite qu’il ne découlera de cette
visite ni rapport au Conseil
d’administration du FMI ni encore
moins déblocage de la deuxième
tranche en faveur de la Tunisie ».
Dans une formule elliptique,
détaille l’expert, le FMI énonce les
urgences de l’heure : « protéger la
santé des finances publiques,
améliorer la mobilisation des
recettes fiscales de manière juste
et efficiente, rationaliser la masse
salariale du secteur public et
mettre en place le mécanisme de
révision des prix des carburants ».
Quant aux reproches à peine
voilés, ils portent sur « le
mécanisme de révision des prix
des carburants, l’appel à une
fiscalité juste et efficiente qui
laisse entendre que les
réaménagements fiscaux de la
dernière loi de finances ne vont
pas assez dans cette direction.
Les mesures adoptées dans la loi
de finances 2017 sont
insuffisantes. Elles ne réduiront
que de manière modeste le déficit
budgétaire ».
Selon le spécialiste, il est urgent
que l’ensemble de la classe
politique, des partenaires sociaux,
de la société civile et plus
généralement toutes les parties
prenantes prennent conscience
de la sévère dégradation de la
situation économique et
financière, de la nécessaire
solidarité pour y faire face dans
l’effort, l’inclusion, la justice et
l’équité. « Nos partenaires de tous
bords ont réaffirmé récemment,
en marge de la conférence
internationale Tunisia 2020,
rappelle-t-il, leur disponibilité à
nous accompagner dans notre
transition économique. Il ne
dépend que de nous pour que ces
vœux ne restent pas pieux et se
transforment, au plus vite, en
projets et réalisations visibles qui
changent le quotidien des
populations et impulsent l’espoir
d’un avenir meilleur», conclut M.
Meddeb
L’endettement dépasse 60% du
PIB
A l’issue de la précédente mission
fin novembre et début décembre,
le FMI avait refusé de décaisser
ce qu’il avait promis comme
crédits, car la Tunisie n’a pas tenu
les promesses qu’elle a faites
dans le cadre de l’accord de mai
2016. Il s’agissait d’un accord
stand by, autrement dit un accord
conditionné au respect d’un
planning d’engagements. La
Tunisie est clairement en retard
dans son plan de réformes et
d’assainissement des finances
publiques.
Le FMI donne régulièrement son
avis sur la stabilité économique
des 189 pays membres. Dans le
cas des économies fragiles
comme la Tunisie, un signal
négatif du FMI signifie une
difficulté accrue à emprunter sur
le marché international. Dans le
meilleur des cas, si on trouve des
prêteurs, le taux d’intérêt sera
extrêmement élevé.
Comme l’ont fait remarquer les
deux spécialistes, la Tunisie subit
des dérapages budgétaires qui
s’aggravent d’année en année. Le
déficit budgétaire est équivalent à
6% du PIB. Ce qui signifie qu’il
faut emprunter 6% de la richesse
intérieure pour le combler, sans
compter le paiement des intérêts
des précédents emprunts.
L’endettement dépasse désormais
60% du PIB, ce qui est un signal
d’alarme.
Le communiqué du Fonds
monétaire signifie que la Tunisie
doit rééquilibrer ses finances
publiques pour ne plus s’endetter.
Elle le fera selon des pistes
indiquées implicitement : une
baisse de la masse salariale dans
le secteur public, une baisse des
subventions sur les carburants,
une baisse en gros des dépenses
de l’Etat, une hausse des recettes
fiscales… Le FMI insiste
également sur la réforme de la
sécurité sociale, « pour en
garantir la viabilité », on ne saurait
être plus clair, une hausse des
cotisations et une baisse des
prestations sont prévisibles.
Auteur : Hella Lahbib
Ajouté le : 09-02-2017