
D. Legallois & J. François Introduction
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Grammaires de Construction, tout en pressentant dans ces dernières des points communs avec
sa conception idiomatique de la langue.
Les chapitres 1 et 2 du Cahier, écrits par Dominique Legallois, et, pour l’exposition de
la notion d’entrenchment, par Philippe Gréa, présentent donc les deux perspectives
grammaticales – chaque perspective présentant d’ailleurs des conceptions variables – et
discutent de leur points communs et de leurs différences, en proposant comme fil conducteur,
l’usage de la phraséologie dans l’argumentation de ces deux théories.
Le chapitre 3 est une version développée de la communication de même intitulé,
présentée par Jacques François & Morgane Sénéchal au colloque La prédication organisé par
J.M. Merle à Aix-en-Provence en décembre 2004. La longueur des contributions au volume
d’actes de ce colloque étant strictement limitée, la diffusion d’une version téléchargeable sur
le site du CRISCO a été annoncée dans l’article issu de la communication.
Dans ce chapitre, J. François & M. Sénéchal testent sur une classe de verbes français la
thèse d’Adele Goldberg (1995) selon laquelle certains types de structures argumentales
(appelées ici « cadres prédicatifs » dans le prolongement de François 2003) présentent un
sémantisme propre, en sorte que différents types de polysémie verbale – que D. Willems
(2005) classe comme « réguliers » et « syntaxiques » – sont analysables en termes de greffe
entre deux cadres prédicatifs, l’un primairement attaché au verbe et l’autre fonctionnant
comme greffon. Les auteurs s’attachent particulièrement à la greffe d’une construction
verbale à un cadre prédicatif divalent (lui-même éventuellement issu de la greffe d’un actant
à un cadre prédicatif monovalent) dans le domaine des verbes de production de parole, par
exemple :
Marie crie (qch) (à qn)
→ Marie crie à qn de faire qch ;
Paul demande (qch) (à qn)
→ Paul demande à Marie de faire qch
→ Cela demande qch {un effort / de la bonne volonté / etc.} à Marie.
Ce chapitre 3 reprend sans modification les sections I et II de l’article, mais les sections
III et IV suivent le détail de la communication. Le chapitre délivre de nouvelles observations
sur un point important : la communication présentait une disparité en matière d’analyse
quantitative de données textuelles, car la section III sur les types d’emploi fondamentaux des
verbes de production de parole primaires exploitait comme corpus l’année 1993 du Monde,
alors que la section IV sur les cadres prédicatifs des verbes de production de parole
susceptibles de dégager des « constructions prédicatives » exploitait la méthode de requête
délexicalisée (c’est-à-dire comportant uniquement une chaîne de classes syntaxiques) élaborée
par J.L. Manguin dans la syntaxe de la base FRANTEXT catégorisée. Entre-temps, la
communication à paraître de M. Sénéchal au colloque des jeunes chercheurs de Paris 10 en
juin 2005, consacrée à la polysémie du verbe investir2, a mis en évidence la répartition
disparate des cadres prédicatifs (i) selon le type de texte constitutif du corpus textuel étudié et
(ii) selon les périodes.
Pour les cinq verbes de production de parole étudiés, les auteurs ont donc mis en
contraste la répartition des cadres prédicatifs dans l’année 1993 du Monde et dans la rubrique
‘romans’ (période 1990-97) de la base FRANTEXT catégorisée. Cette confrontation révèle des
disparités criantes, qui ont permis d’associer à chaque verbe un profil énonciatif pour les deux
types de texte, romanesque et journalistique.
2 « Distribution des emplois d’un verbe polysémique français à travers la base FRANTEXT par périodes et par
types de textes »