presénce d`un delphinidé dans l`helvétien supérieur de costa de

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PRESÉNCE D'UN DELPHINIDÉ DANS L'HELVÉTIEN
SUPÉRIEUR DE COSTA DE CAPARICA
por
S. JONET
*
RESUMO
Assinalam-se e descrevem-se vários elementos do esqueleto dum Delfin6ide (ossos cefálicos, dentes, vértebras) recolhidos no
Helveciano superior de Costa de Caparica; pelo exame dos dentes, foram atribuídos a um Eurhinodelfidae especificamente não definido.
RÉsUMÉ
.
Sont signalés et décrits divers éléments du squelette d'un Delphinoide (os céphaliques, dents, vertêbres) recueillis dans I'Helvétien supérieur de Costa de Caparica. L'examen des dents les fait attribuer à un Eurhinodelphidae qui ne peut être spécifiquement défini.
A diverses reprises des os de mamiferes marins
ont été signalés dans le Miocene portugais tant dans
les environs de Lisbonne que, beaucoupplusrarement,
en Algarve. Ce sont, en général, des os isolés (côtes,
vertebres) qui n'ont pas été autrement définis.
Toutefois, 1'0n a décrit des restes plus complets
de Delphinoides recueillis dans l'Helvétien supérieur
et le T ortonien inférieur.
Les premiers de ceux-ci proviennent de l'horizon
vaseux de Xabregas (Helvétien VI-a) et «doivent
appartenir en toute probabilité à l'espece de Delphinoide que le Prof. Deperet attribua à Schizodelphis suleatus GERVAIS» (BERKELEY-COTTER, 1956,
p. 130).
Dn crâne et un rostre d'un Delphinoide tres
probablement de la même espece (S. suleatus) furent
également rencontrés dans un grés fin micacé de
couleur jaune clair situ é vers la base de la coupe de
la carriere Hersant (couche 3) appartenant à I'Helvétien VI-e de Marvila (BERKELEY-COTTER, 1956,
pp. 142 et 146). Ces derniers exemplaires figurent
dans les collections des Serviços Geológicos de Portugal oú ils sont exposés, sous des noms différents:
Cyrtodelphis suleatus GERVAIS pour le rostre et Sehizodelphis suleatus GERVAIS pour le crâne. Ces deux
noms sont synonymes.
A son tour, G. ZBYSZEWSKI a figuré et décrit une
mandibule de Palaeoziphius (1954, pp. 51-55, pI. I
et II) recueillie à Melides (Algarve) dans une concrétion gréseuse extraite de sables et gres glauconieux
à faune tortonienne et qu'il détermina comme.Palaeoziphius melidensis novo sp.
Plus récemment, C. R. DA MATA a signalé la
présence d'un Delfinidé (Eurhinodelphis cf. eristatus)
dans le Miocene du Penedo (1962-1963, p. 157).
J'ai également eu I'occasion de récolter d'assez
importants fragments de Delphinidés dans l'Helvétien supérieur des environs de Costa de Caparica.
L'un d'eux, un atlas, provient des argiles bleues de
l'Helvétien VI-a abondamment visibles dans la tranchée terminale de l'auto-route Cova do Vapor à
Costa de Caparica.
Les éléments les plus nombreux - os du museau
et de 1'0reille interne, vertebres, dents - furent
recueillis vers le bas de la route reliant l'auto-route
Cova do Vapor - Costa de Caparica à l'ancienne
route d' Almada. Eparpillés sur 1-2 m, ils pourraient
donc être considerés comme ayant appartenu au
même individuo Outre les os récuperés, existaient
encore des vertebres et d'autres os du crâne lesquels,
fortement oxydés, se sont pulvérisés au contact de
l'air.
Enfin, une dent fut rencontrée dans la strate de
base du Tortonien inférieur aftleurant à Navalhas
au km. 5,000 de l'auto-route.
DESCRIPTION DES ÉLÉMENTS
I - Rostre. Parmi les fragments recueillis, une
dizaine appartient au museau et probablement au
sous-maxillaire. Ils sont aplatis, peu convexes, à
bords paralleles ou peu obliques. La longueur con•
39, Boulevard d'Ypres, Bruxelles 1000.
15
servée ne dépasse pas 45 mm et leur largeur 12 mm.
La section est sub-ovalaire et un peu~plus large dans
le bas de l'os. Les extremités montrent qu'ils sont
constitués d'alvéoles osseuses ovalaires et allongées.
II - Autres os. Une soixantaine de fragments
d'une longueur ne dépassant pas 40 mm ne peuvent
être définis. Les uns sont brisés en deux dans le sens
de la largeur, d'autres ne dépassant pas 35 mm sont
fort aplatis et semblent être des fragments de côtes.
III - Os de l' oreille. Ont été recueillis les 2 marteaux et l'os tympanique.
Marteaux (maleus) (PI. I, fig. 3-5)-Ceux-ci sont
grossierement triangulaires avec leur face externe
inférieure plate et leur face interne supérieure irrégulierement bombée. IIs présentent une pointe aux
extrémités de leur bord postérieur; ce dernier est
ondulé avec une assez forte cavité vers son milieu
entre les deux pointes signalées. Au bord antérieur
existe une forte excroissance arrondie laquelle est
creusée à la face externe OÚ elle présente un grand
trou allongé et deux plus petits pour le passage des
divers nerfs. La face externe est plus petite que l'autre face et vers l'avant présente un épais biseau
sous les 2 pointes du bord postérieur.
Tympanique (PI. I,. fig. 2) - Os allongé, deux fois
plus long que large. II est malheureusement brisé
à sa partie latéralo-supérieure qui semble rectiligne,
le bord inférieur étant arrondi. La face interne est
fortement bombée et son bord antérieur se recourbe
jusqu'au milieu de la face OÚ il surplombe une gouttiere accentuée. Cette derniere s'ouvre et s'étale au
coin supérieur OÚ elle est brisée et est surmontée par
ce qui semble être la base d'une articulation.
IV - Dents (PI. I, fig. 1) - Tronconiques et
assyri:1etriques, les dents ont une longue racine sub-cylindrique se terminant en pointe vers le bas.
La couronne a une longueur moyenne de 7 mm,
son profil antérieur régulierement convexe et son
profil postérieur convexe à sa base puis differemment concave selon la position de la dento A leur
rencontre, ils forment une petite pointe arrondie
assez souvent entamée par l'usure. La face antérieure est convexej en triangle allongé et plus courte
que l'autre face. Celle-ci est plus bombée en son
milieu avec ses cotés latéraux légerement aplatis.
La rencontre des deux faces peut donc parfoís doilner
l'impression de l'existence d'une arête fort peu
marquée.
La couronne se raccorde à la racine par un mince
collet cylindrique ou peu conique.
La racine, de section cylindrique est 1,75 fois plus
longue que la couronne. Renflée souscette derniere,
elle s'amincit régulierement en s'aplatissant pour se
terminer en pointe acerée. Cette partie terminale est
parfois fortement recourbée vers l'intérieur.
La dent recueillie au Tortonien inférieur amême
allure générale mais elle est plus grande (8 mm.);
plus allongée avec son profil postérieur uniquement
convexe et non concavo-convexe.
V - Vertebres. Lesvertebres qui ont pu être
récuperées, au nombre de 8, sont de diverses positions
dans la colonne.
a) - Thoraciques (PI. II) - sont assez courtes
mais leur longueur augmente légerement de l'avant
vers l'arriere de la colonne. Les faces articulaires
16
sont à peu prês de mêmes dimensions, sub-circulaires,
le diametre transversal étant légerement plus grand
(3-5 mm) que le diametre vertical. De plus, la face
articulaire postérieure est plus grande (4-5 mm) que
la face antérieure et, de ce fait, le corps vertébral
est quelque peu tronconique. Le long des bords des
faces articulaires existe un anneau légerement oblique, le restant de la face étant plat ou tres peu
concave.
Le corps vertébral, plus petit que le diametre des
faces articulaires, est peu concave sur tout son pourtour sauf sur sa face supérieure qui est aplatie. De
chaque coté de cette face s'amorcent les apophyses
neurales. Celles-ci, brisées, sont étroites, aplaties
(4-7 mm) et se dirigent obliquement vers l'arriere
en prenant appui sur presque toute la longueur du
corps . vertébraL Ce dernier,. aplati et légerement
concave entre les bases des apophyses, apparait
horizontal sur le bord supérieur des faces articulaires.
Sans tenir compte des apophyses, la vertebre ressemble fort à une bobine.
.
b) - Lombaires (PI. I, fig. 7, 8) - assez grandes,
ces vertebres ont une longueur totale moyenne de
64 mm pour une largeur moyenne de 50 mm. Le
corps vertébral proprement dit a une hauteur
moyenne de 35 mm. Les faces articulaires, légere. ment obliques sur leur pourtour sont quelque peu
phis larges (52 mm) que hautes (49 mm). Le corps
vertébral porte des apophyses robustes, les unes rapprochées au milieu de la face supérieure et les 2 autres
de chaque coté du diametre transversal. Elles sont
égaleJ;l1ent brisées pres de leur base. Les premieres,
constituant la spina dorsalis, prennent appui sur la
presque totalité du corps vertébral. Elles sont larges (40 mm), aplaties, assez minces (2-3 mm) et
séparées par une profonde gouttiere encochant le
corps. Les deux autres apophyses (apophyses transverses) situées sur le diametre transversal, débutent
sous la face articulaire antérieure et s'étendent jusque
pres de la face articulaire postérieure ou elles forment une crête. Leur section est triangulaire, arrondie
à l'avant et pointue à l'arriere. Leur plus grande
largeur se situe en leur milieu ou leur base est creusée
d'un trou circulaire dirigé vers l'arriere. Ce dernier
se continue par une gouttiere jusqu'à.la base antérieure de la spina dorsalis.
A la base de la face articulaire existent de petites
extensions triangulaires. Les antérieurs, les plus
fortes, sont peu obliques vers l'arriere et séparées
par une forte dépression convexe. Les postérieures,
beaucoup moins importantes, ne sont que de petites
crêtes recourbées. Entre ces expansions et sur le
corps vertébral existe une crête arrondie séparant
deux légeres dépressions.
c) - Caudale (1) - une moitié de vertebre assez
endommagée pourrait représenter une vertebre caudale (1) assez postérieure. Fort plate (9 mm), ses
facesarticulaires sont analogues à celles des vertebres précédentes. Ses diametres ont mêmes dimensions que ceux des vertebres dorsales. Sur le corps
vertébral, existent encore les bases de 4 apophyses
également distantes 2 par 2. Les unes (supérieures 1)
à section triangulaire sont séparées par une gouttiere
assez profonde; les autres ont une section circulaire
assez petite et ne sont séparées que par une légere
concavité du corps vertébral. Au milieu du diametre
transversal existe encore une petite excroissance qui
doitcorrespondre à une apophyse transverse atrophiée.
Fig.
1:- Atlas.
A - Face antérieure; B - Face postérieure.
VI - Atlas (Fig. 1) - De forme générale triangulaire, cet os porte 3 apophyses, I'une verticale au
milieu de sa face supérieure et les 2 autres de chaque
coté de la base. La largeur à la base est de 10 mm et
la hauteur conservée de 6,4 mm. La face antérieure
a sa base sub-rectiligne présentant en son milieu une
expansion arrondie saillante. Les deux cotés latéraux de la base sont arrondis et concaves. IIs se
dirigent obliquement vers la base de la spina dorsalis
laquelle a une largeur d'approximativement 25 mm.
Entre celle-ci et les deux ailes latérales de la face
antérieure existe le trou rachidien (encore encrouté)
dont la base présente deux petites surfaces concaves
séparées par une crête accusée. Les apophyses latérales sont triangulaires, leur face antérieure correspondant aux deux dépressions latérales de l'os.
Vers I'arriêre, elles se terminent en pointe arrondie,
leur section étant sub-triangulaire.
La face postérieure, endommagée et encore partiellement encroutée, ne peut être entiêrement décrite. Au milieu de la base existe une assez grande
articulation ovalaire (40 x24 mm) correspondant à
l'expansion arrondie de la face antérieure. Elle est
surmontée du trou rachidien.
La spina dorsalis semble avoir été composée de
deux processus fort courts et soudés três prês du
trou rachidien. Enfin les deux expansions latérales
ont leur surface latérale concave longitudinalement
et davantage sous les cotés latéraux de l'articulation
observée.
II est difficile d'exactement définir ces éléments.
En effet, les éléments de Delphinoldes recueillis
jusqu'à présent au Portugal appartiennent à des
portions de crânes qui ont été atribués à des espêces
différentes. Les os de l' oreille les dents et les vertêbres n'ont pas encore été signalés.
Toutefois, considêrant que ces éléments ont été
rencontrés groupés sur un peu plus d'l m 2, l'on peut
admettre qu'ils appartenaient à un même individuo
Dans cette hypothêse, les dents peuvent donner une
indication pour le moins générique.
En effet, chez les Delphinidae, les dents présentent
une nette carêne sur leurs bords antérieur et postérieur, elles sont coupantes et leur émail est rugueux.
Chez les Acrodelphidae et les Schizodelphidae, en
particulier, les dents sont assez pointues, comprimées latéralement et également tranchantes. Leur
racine est aplatie en lame assez large ce qui n'est
pas le cas ici.
Par contre, chez les Eurhinodelphidae ABEL, 1901,
les dents, si elles sont comprimées antéro-postérieurement, ne présentent pas d'arête tranchante et
leur émail est lisse. Les dents en cause, ainsi que les
autres fragments, appartiendraient donc à cette
famille.
II est cependant difficile de les attribuer soit au
genre Ziphiodelphis soit au genre Eurhinodelphis, tous
deux présents dans le Miocêne européen. Je crois
toutefois qu'il conviendrait de les attribuer à Eurhinodelphis, genre assez répandu dans le Miocêne
moyen et supérieur d'Amérique du Nord et d'Europe. Ce genre a d'ailleurs été déjà considéré comme
présent au Portugal.
Une attribution spécifique reste cependant difficile car les diverses espêces de ce genre ont été définies sur des éléments différents. D'autre part, le
profil postérieur (Concavo-convexe) des présentes
dents parait être différent de celui (rectiligne) des
espêces d'Eurhinodelphis OÚ les dents sont connues.
Les éléments portugais recueillis à Costa de Caparica pourraient donc appartenir à une espêce nouvelle.
Matériel:
Helvétien supérieur VI-a: 1 atIas,
Helvétien supérieur VI-b: os divers
os de l'oreille interne (marteaux, tympanique)
dents: 7 de diverses positions
vertêbres: 4 thoraciques, 3 lombaires et
1 cervicale (1)
Tortonien inférieur VII-a - Navalhas - 1
dent
BIBLIOGRAPHIE SUCCINCTE
ABEL, O (1901) - Les dauphins longirostres du Boldérien (Miocene
supérieur) des environs d'Anvers. Mém. Musée roy. Hist.
Nat., t. I.
BERKELEY COTI'ER, J. (1956) (Oeuvre posthume) - O Miocénico
marinho de Lisboa. Com. Servo GeaI. Portugal, Lisboa,
t. XXXVI, pp. 1-170.
MATA, C. R. DA (1962-1963) - Nota preliminar sobre um Delfinídeo (Eu,hinodelphis cf. cristatus) do Miocénico do Penedo
a Norte do Cabo EspicheI. BoI. Mus. Lab. Min. GeaI. Fac.
Ciênc. Lisboa, t. IX, p. 157-166, 1 fig., 3 est.
ZBYSZEWSKI, G. (1954)-Découverte d'une mandibule de«Palaeoziphius» dans le Miocene de Melides. Com. Servo GeaI. Portugal, Lisboa, t. XXXV, pp. 51-55, 2 pI.
17
PLANCHE I
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3
4
6
7
1. - Dents diverses.
2. - Caisse tyrnpanique, face interne.
3. - Marteau gauche, face externe.
4. - Marteau
droit, face externe. 5. - Marteau droit, face interne. 6. - Vertebre lornbaire, face antérieure. 7. - Merne vertebre vue
de 3/4, rnontrant la face antérieure, la face supérieure avec les apophyses de la spina dorsalis et Ia base des apophyses
transverses.
PLANCHE II
2
3
1
4
5
6
7
~' i.:- Vertêbre- dorsale
montrant les faces antérieures et _supérieures.
2.-- Vertêbre ; 'dorsale, face antérieUre.
;: 3. - Même ve(têbre que figure 1, face supérieure. 4. - Vertêbre dorsale plus postêrieure. fac~ supérieure. 5.---;- Même
vértêbre montrant Ia face postérieure et Ia face supérieure.
6. - Même vertêbre montrant les faces postérieure et supérieure. 7. - Vertêbre dorsale encore plus postérieure.
N. B. - Tous les exemplaires figurés seront déposés à Ia Faculdade de Ciências à Lisbonne.
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