Dossier de presse - Théâtre La passerelle

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SAISON 2011I 2012
-
ThÉÂTre
YAHIA YAÏCH
aMNeSia
JeU 23 FÉV
20:30
Photo Mohamed Frini
De Jalila Baccar et Fadhel JaïBi
137 BdG. PomPiDou | GAP
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
le SPecTacle
De Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi
mise en scène Fadhel Jaïbi
Avec Jalila Baccar, Fatma Ben Saîdane,
Sabah Bouzouita, ramzi azaiez,
Moez M’rabet, lobna M’lika, Basma el
euchi, Karim el Kefi, riadh el hamdi,
Khaled Bouzid, Mohammed ali Kalaî
Assistante à la mise en scène et régie son
Narjes Ben ammar
Scénographie Kaîs rostom
musique Gérard hourbette (Art Zoyd)
Lumière Fadhel Jaïbi
Costumes anissa B’diri
Production : Familia Productions ; Bonlieu,
scène nationale d’Annecy
Production déléguée : Bonlieu, scène nationale d’Annecy
coproduction : tnBA théâtre National de
Bordeaux en Aquitaine ; théâtre de l’union,
centre dramatique national du Limousin ;
théâtre de l’Agora, scène nationale d’evry
et de l’essonne
avec le soutien du ministère de la Culture
et de la sauvegarde du Patrimoine de
tunisie, et pour la tournée de l’office
international de la Francophonie
remerciements à Syhem Belkhodja, à
l’équipe de Ness el Fen et à l’équipe de
l’espace le mondial à tunis
Spectacle en arabe surtitré en
français
JeUdi 23 FeVrier
20:30
dossier de presse i Yahia Yaïch amnesia
Pièce prémonitoire s'il en est, Yahia Yaïch Amnesia, créée quelques mois avant «la
révolution de jasmin», raconte la déchéance d'un autocrate tunisien et les méthodes
insidieuses de la répression d'un régime autoritaire. Les auteurs, Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar, mettent en avant la responsabilité de chacun à travers le silence des intellectuels et des
journalistes, le repli sur soi, la perte de repère d’un peuple...
En dénonçant les mécanismes d’un pouvoir despotique, ces artistes, figures de proue
du théâtre arabe, nous offrent une magnifique ode à la liberté.
Le personnage principal de la pièce, Yahia Yaïch, est un homme politique de haut
rang. Brutalement écarté du pouvoir, il apprend sa destitution à la télévision. Sa chute
est alors inexorable : disgrâce, assignation à résidence et accusations multiples. Il est
interné pour confusion mentale après avoir mis le feu à sa bibliothèque, et sera livré
à une hiérarchie médicale arbitraire et fantasque, à l’image du système qui l’avait
promu.
Magistrale et chorégraphique, la pièce s'écrit comme une ronde autour de la chute
de l'homme haï. Chaque comédien y incarne plusieurs personnages, automates englués dans un monde absurde. Monté comme un thriller, tissé de révélations et de
rebondissements, Yahia Yaïch Amnesia est un spectacle de chair et de sang, superbement porté par onze comédiens.
eN lieN aVec Yahia Yaïch aMNeSia
Projection de Plus jamais peur, au coeur de la révolution de jasmin
Un documentaire de Mourad Ben Cheikh
Mercredi 22 février à 20:30 au cinéma le Club
Gratuit pour les personnes possédant une place pour le spectacle Yahia Yaïch Amnesia
Ce film retrace les moments forts de la révolution tunisienne à travers l'itinéraire et
l'activisme de trois personnages : un va-et-vient entre petite et grande histoire tourné
dans l’urgence et au vif de l’actualité. La grande histoire, on le sait, c'est la
révolution, le départ de Ben Ali et tous les événements qui l'ont émaillé, et la petite
histoire, c'est non seulement le vécu militant des personnages, mais aussi leur
quotidien entre ruines et larmes, euphorie et découragement, peurs et espoirs.
eNTreTieN aVec Fadhel JaïBi
Par JeaN-FraNçoiS Perrier
Votre spectacle Yahia Yaïch - Amnesia, qui met en scène le
limogeage d’un despote, apparaît maintenant comme prémonitoire au vu des événements survenus en Tunisie. Pensiezvous, au moment où vous l’avez répété, que la chute du
régime était imminente ?
Bien sûr que non. Nous sentions que quelque chose allait se
passer, mais il nous était impossible de savoir quand. À l’origine
de notre projet, il y avait une trilogie qui devait s’interroger sur
cinquante ans d’indépendance (1956-2006) et sur ce qui avait
été assassiné pendant cette période : les corps, les consciences
et une mémoire. Une mémoire vraie qui disparaissait sous la
mémoire officielle. C’est à la suite de Corps otages, le premier
volet de cette trilogie, créé en 2006, que nous avons décidé de
nous intéresser au système dictatorial. C’était risqué puisque le
spectacle Corps otages avait subi les foudres de la censure et
que nous allions nous attaquer directement au cœur du système : le président Ben Ali. On nous conseillait de nous cacher
derrière Shakespeare ou Sophocle, mais nous voulions avancer à visage découvert. Nous savions qu’il y avait une ligne
rouge à ne pas franchir : nous ne pouvions pas nommer directement le président. Alors nous avons appelé notre « héros
» Yahia Yaïch. L’histoire se passerait ici et maintenant, avec des
références à des événements antérieurs, du passé récent.
Avez-vous subi la censure ?
Il y a eu un bras de fer dont nous sommes sortis vainqueurs,
avec quelques petits « aménagements » anecdotiques. La censure était très organisée avec un cheminement qui allait du ministère de la Culture jusqu’au ministère de l’Intérieur puis à la
présidence de la République, avant de redescendre vers le ministère de l’Intérieur, principal décisionnaire. Nous avons donc
discuté et avons accepté de supprimer ce qui ne nous paraissait pas véritablement important. Par exemple, il ne fallait pas
parler du disque dur de l’ordinateur de notre héros : Ben Ali
était un fanatique des ordinateurs et d’informatique ; ne pas
utiliser le mot « portable » qui pouvait signifier que notre pièce
se déroulait aujourd’hui. Il ne fallait pas non plus parler des
émeutes de la famine en 2010 à Redeyef, mais de celles de
2008 à Gafsa… Pour le reste, nous n’avons pas cédé, nous ne
voulions pas qu’ils réécrivent la pièce. Il a fallu un mois et demi
pour avoir une autorisation. Le pouvoir pensait récupérer politiquement notre travail en nous laissant jouer en Tunisie et à
l’étranger. Nous lui servions d’alibi, nous le savions bien, mais
nous pensions que l’important était de jouer et de dénoncer.
dossier de presse i Yahia Yaïch amnesia
Votre théâtre emprunte une forme minimaliste, avec une scénographie très dépouillée…
Très dépouillée. Nous raclons le théâtre jusqu’à l’os pour pouvoir jouer
partout. Nous ne nous encombrons donc que du minimum de décor
et d’accessoires. C’est le geste significatif que nous recherchons, c’est
la forme synthétique qui nous intéresse. Nous n’avons ni fumigènes,
ni vidéos, juste des corps d’acteurs mis en lumière et en scène.
Vous utilisez plusieurs langues dans Amnesia. Pourquoi ?
Nous utilisons en effet trois langues arabes. C’est la grande leçon des
tragiques grecs et de Shakespeare, qui utilisent aussi bien le profane
que le sacré, la prose que la poésie, le trivial que le spirituel. Nous
avons des comédiens qui viennent de régions différentes, avec des
cultures différentes et un parler particulier. J’aime l’idée que les personnages soient issus des comédiens, j’utilise donc leur voix, leur
corps et leur mémoire. Ici en Tunisie, il y a une multitude de dialectes, presque un par région ou par ville, et c’est d’une richesse étonnante. L’arabe classique est merveilleusement poétique, l’arabe
littéraire est plus simple et l’arabe dialectal est d’une grande richesse
et, surtout, toujours en évolution.
Dans nos créations, nous mêlons trois langues parce qu’elles font
partie du quotidien des Tunisiens.
Le personnage principal parle souvent en voix off. Pourquoi ?
C’est la voix de son cerveau. Elle parle en arabe littéraire. En Tunisie,
on ne connaît de nos hommes politiques que la voix médiatisée, celle
qui passe par les micros. C’est pour cela que Yahia Yaïch est souvent
traité en voix off pour accentuer cette mise à distance. Il y a cependant une continuité sur le plateau entre cette voix off et sa voix normale.
Dans le texte de votre spectacle, vous êtes assez critiques sur la jeunesse de la Tunisie que vous accusez de passivité et d’abandon
aux « jouissances » de la consommation ?
C’est pourtant elle qui s’est soulevée contre la dictature… Je crois
que nous nous sommes trompés sur la jeunesse de ce pays : nous
voulions qu’elle porte les mêmes rêves que nous, alors qu’elle avait
ses propres revendications, ses propres moyens de mobilisation et
surtout son propre humour. Mais nous ne nous sentons pas coupables de ne pas l’avoir comprise. Je crois que le tsunami politique était
difficilement imaginable : nous avions déjà eu des événements aussi
forts et mêmes plus forts que ceux de Sidi Bouzid dans le passé qui
n’avaient pas ébranlé le pouvoir de Ben Ali. C’est sans doute l’accumulation des frustrations et le combat mené depuis la fin des années
60 par les intellectuels, les artistes, les défenseurs des droits de
l’Homme, parfois au prix de leur vie, qui ont servi de terreau au soulèvement de la jeunesse.
« UN ThÉÂTre corroSiF »
Par Bruno Tackels, in Mouvement, janvier-février 2011
Amnesia développe bien davantage qu'une charge contre le régime en place, elle radiographie une
société jeune et sans mémoire, suiviste, comme anesthésiée, que les deux auteurs tentent de réveiller... À travers l'aventure de Yahia Yaïch, Amnesia métaphorise ainsi une pratique instituée depuis Bourguiba, consistant pour chaque régime à édifier une mémoire nationale tout à sa gloire.
« Chaque régime constitue une mémoire nationale sélective et arbitraire. Celle-ci envahit les médias et les manuels scolaires sous l'impulsion des historiens officiels. Seuls les artistes continuent
à résister face à l'amnésie collective. Cette lobotomie de la mémoire est inacceptable (...) »
Face à l'absence de débat public dans la société tunisienne, il s'agit pour Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar de faire un théâtre qui gratte, qui pique, qui frotte et confronte. La structure dramaturgique
d'Amnesia procède ainsi par renversements de situations successifs qui produisent autant de retournements dialectiques de la pensée du spectateur. Cette réflexion critique que ni les médias,
ni l'enseignement ne peuvent encourager (faute de liberté) seuls les artistes peuvent encore la stimuler. (...)
Dans Amnesia, le texte est le résultat de plusieurs mois d'improvisations. « C'est un texte pour la
représentation avant tout. » Pour preuve, cette impressionnante plage de vingt minutes de théâtre sans parole qui introduit la pièce, où s'installe lentement un climat d'oppression à la fois sourde
et sucrée, sur scène, dans la salle et à travers le corps des comédiens.
Dans le vocabulaire scénique du couple, ce corps prend également une place centrale. Il est souvent otage des contraintes qui s'exercent sur lui. Le corps de l'homme, bien sûr, mais aussi celui
qu'il métaphorise à travers de nombreuses scènes chorales parfaitement réglées : le corps social.
Courbé, rabougri, maltraité, entravé, le corps (humain et social) s'impose au centre de la scène,
souffrant mais aussi burlesque, incorporant sur le mode comique la somme des pressions qui
s'exercent sur lui.
Polémique et incarné, frontal et explosif, le théâtre de Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar conserve en
même temps un certain classicisme. Amnesia maintient tout du long une remarquable tension
dramatique liée à la rapidité (relative) du rythme mais aussi à une narration qui fait de l'ellipse le
support d'une action souvent énigmatique, qui oblige le spectateur à sans cesse reconstituer de
lui-même le puzzle des événements. Exigeant dans l'attention, stimulant sans cesse la réflexion,
visuellement épatant et boosté par un univers sonore explosif emprunté à la musique électronique de Gérard Hourbette, le spectacle ne recule donc pas devant une certaine efficacité qui
achève de lui assurer un véritable succès populaire. Et le rire de parachever ce succès, là encore,
de manière pleinement assumée. « Je veux faire un théâtre de divertissement, énonce Jaïbi, au
sens où Brecht l'entend, car le divertissement est un moyen de la politique. »
dossier de presse i Yahia Yaïch amnesia
la PreSSe
« Voici le choc, celui qu'on attendait, celui qu'on attend toujours en allant au théâtre, et qui est
si rarement au rendez-vous. Amnésia, la dernière création de Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar, est
un véritable coup de poing, tant politique qu'esthétique. Il y est question d'oubli, mais parler de
la défaillance de mémoire est aussi une façon de s'en prémunir. »
Les Trois Coups
« Avec 11 superbes comédiens, en noir et blanc, une chorégraphie magistrale, une bande-son
remarquable et un décor minimaliste, Jaïbi dépose sur le plateau, l'ennui, la peur, la corruption,
le népotisme, la stigmatisation, la langue de bois, l'enfermement.(...) La pièce avance comme
un thriller avec la stature d'une tragédie grecque, toujours en proximité avec le public. Pas de
jugement, pas de commentaires, mais des actions et un état des corps sous un régime dictatorial. Des corps qui s'endorment, sursautent et sont pris de tics sous la terreur et l'effroi, des corps
qui brûlent dans des incendies volontaires ou gisent reclus dans des hôpitaux psychiatriques. Salutaire, ce théâtre radicalement laïc et contemporain est un forum politique ultrasensible qui
donne l'envie d'agir. »
L e DAuphiné Libéré
« Vive la Tunisie libre ! » C'est le moment des saluts, explosifs, chaleureux. Face aux spectateurs
debout, les comédiens jubilent, certains font le signe de la victoire. Ce cri sort des gradins et l'euphorie, palpable, est vécue comme une libération. Libération bien sûr, de 55 ans de musellement
politique, célébrée dans un même élan par les artistes de ce pays et le public réunis à Annecy.
Mais libération aussi du tunnel angoissant dans lequel le metteur en scène et sa femme enferment savamment le héros d'Amnesia, tyran limogé qui devient la victime du système d'oppression qu'il a lui-même élaboré. »
Le TeMps
« Par leur gestuelle outrée, proche de la pantomime, les protagonistes appuient pleinement la
métaphore d'un gouvernement tunisien liberticide. Les puissants, avec leur allure d'automates
bien réglés, sont logés à la même enseigne que les plus faibles, dont ils font des pantins désarticulés. Si bien que la situation semble sans issue, engluée par des décennies d'asphyxie. Où
chercher une solution, quand tout est gouverné par l'absurde ? La question est inévitable : elle
s'impose à chaque instant, sature l'espace ténu qui sépare les spectateurs de la scène. »
poLiTis
dossier de presse i Yahia Yaïch amnesia
BioGraPhieS
Fadhel JaïBi, metteur en scène
& Jalila Baccar, auteur et comédienne
Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar développent un théâtre d’engagement, de mouvements et d’émotions, communiquant à leurs spectacles une énergie directe et convulsive.
Figure incontestable de la scène contemporaine arabe, Fadhel Jaïbi a porté son théâtre « élitaire
pour tous » aux quatre coins du monde. Ecrites avec Jalila Baccar, son épouse et comédienne
fétiche, ses œuvres impertinentes et subversives sont une véritable bouffée d'oxygène dans un
pays où la liberté d'expression est souvent contrainte.
Après des études universitaires à l'Institut théâtral de Paris, il participe en 1970 à la fondation
de plusieurs groupes de théâtre en France et en Tunisie. En 1976, il fonde le collectif du Nouveau théâtre de Tunis qui deviendra Familia Productions quelques années plus tard, avec le développement d’une activité cinématographique. Il coréalise ainsi avec Jaziri les versions vidéo
de trois de ses pièces.
En 1989, il met en scène Hadhra, spectacle qui remet à la mode les chants soufis et le patrimoine musical tunisien ; en 2002, Junun (Démences), une révélation du festival d'Avignon ;
en 2007, le retentissant Khamsoun (Corps Otages) qui explore les rapports entre défaite des
idéologies, répression et intégrisme.
Le théâtre de Fadhel Jaïbi reprend les fondements explicites de la modernité : de l'émancipation féminine à la liberté de conscience, de la démocratie à la justice sociale...
dossier de presse i Yahia Yaïch amnesia
iNFoS PraTiQUeS
TariFS :
Plein tarif : 23 €
Tarif réduit : 19 €
Tarif – 26 ans : 12 €
durée : 2h
Plus d’info : www.theatre-la-passerelle.eu
reNSeiGNeMeNTS eT rÉSerVaTioNS :
Tel. 04 92 52 52 52
Théâtre La passerelle
137 boulevard Pompidou
05010 Gap Cedex
[email protected]
coNTacT PreSSe
hélène desrues
Responsable de la communication
Tel. 04 92 52 50 20
email : [email protected]
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