«Le pays doit œuvrer à mettre en place un modèle de développement intégrateur et équilibré qui œuvre à
garantir le développement de l'ensemble des régions dans le cadre d'une nouvelle approche qui considère tout
le territoire national comme une bande côtière intégrée et complémentaire dont la compétitivité aurait été
renforcée de manière à tirer profit de sa proximité d'un grand ensemble économique, celui de l'Union
européenne (UE)», a-t-il insisté.
Dans ce même contexte, il a souligné que le réseau ferroviaire peut jouer un rôle prépondérant dans
l'intégration régionale, car, a-t-il dit, «le transport ferroviaire est la colonne vertébrale de l'intégration
économique régionale».
M. Baccar a également préconisé la création d'un Fonds national pour le développement régional qui «finance
les projets dans les régions défavorisées sur la base de critères objectifs (nombre de population, taux de
chômage, taux de pauvreté…)».
Des vœux pieux
A vrai dire, ce n'est pas la première fois que des experts économiques plaident en faveur du développement des
régions défavorisées et critiquent le déséquilibre économique régional et le mode de gouvernance politique et
administratif hyper-centralisés.
D'ailleurs, le mot d'ordre de la «révolution» en janvier 2011 était contre le déséquilibre régional, imputable à
des régimes qui fonctionnent selon un modèle bureaucratique associé à la corruption d'un Etat patrimonial
gouverné par un parti unique qui exerçait tous les pouvoirs et avait la mainmise sur l'économie.
Depuis, des recommandations en faveur des zones économiquement défaillantes ont plu de partout : sur les
ondes, sur les écrans, sur la toile, sur les colonnes de publications diverses…
«Il ne faut plus que le développement se fasse par îlots séparés et cloisonnés, enclavés. Il convient de trouver
la voie pour parvenir à un maillage territorial garantissant une synergie entre les régions (…) la valorisation
du potentiel des régions favoriserait le développement et pourrait corriger les disparités et niveler les
inégalités en tous genres. Rompre l'isolement des régions reculées ou peu nanties, c'est certainement la voie
du salut», avait ainsi appelé Radhi Meddeb, le président de l'Institut de prospective économique du monde
méditerranéen (Ipemed).
Plus tôt, Riadh Zghal, docteur d'État en sciences de gestion et professeur émérite des universités tunisiennes,
avait même préconisé, lors d'un colloque international, «un découpage horizontal de la république, de manière
à ce que les gouvernorats les plus développées jouent le rôle de locomotives pour le développement des
régions de l'arrière pays». Elle avait aussi souligné l'urgence de la création de «conseils régionaux» pour
remédier à l'hypercentralisation.
Mais, comme c'est le cas en général pour les recommandations des centres de recherches et des think-tanks qui
ont proliféré ces dernières années et dont la plupart ne sont que des coquilles vides, ces appels avaient l'air de
prêches dans le désert. Ils n'ont pas eu, ou pas assez, d'impact effectif auprès des gouvernements successifs, à
cause des réticences des décideurs politiques.
Des responsables à la traîne
C'est ce qu'ont souligné à l'envi plusieurs invités triés sur le volet qui se sont relayés lors du débat, certains
dénonçant l'«incurie», le «laisser-aller» ou encore «l'incompétence» des gouvernants.