trajectoire basée sur des points GPS, le « POI » (« point of interest »). Les prix de tels aéronefs
peuvent varier de 7 000 à 15 000 euros, explique Florent Marandon, directeur de Drone RC, une
société spécialisée basée à Nancy qui travaille notamment avec les professionnels de l’image (photo,
vidéo) et des sociétés désirant faire des analyses de chantier : archéologie, inspection de bâtiments
pour les déperditions de chaleur, construction, etc.
Ces drones représentent-ils un danger pour la sécurité des centrales ?
La menace directe est faible. Le 30 octobre, le ministère de l’intérieur a assuré que ces survols ne
représentaient « aucun danger pour la sécurité des installations survolées ». « La capacité d’emport
des drones est insuffisante pour remettre en cause la sécurité des installations nucléaires », confirme
le secrétariat général à la défense et à la sécurité nationales (SGDSN), dépendant du premier ministre
et chargé de la sécurité des centrales.
Les drones, même transportant des explosifs, ne peuvent en effet pas infliger de graves dégâts à une
centrale nucléaire vu leur petite taille, leur faible poids et le fait qu’ils ne peuvent pas porter de
grosse charge. Or l’enceinte de béton du bâtiment réacteur – composée d’une ou deux parois, selon
la puissance du réacteur, épaisse de 55 à 120 centimètres – est censée résister au crash de petits
avions.
Quelles sont les faiblesses dans la protection des centrales ?
Il existe par contre une menace indirecte, à savoir la possibilité d’un repérage des équipements des
centrales en vue d’un acte terroriste. « Les survols ayant tous eu lieu la nuit, les drones pourraient, à
l’aide de caméras thermiques, repérer comment accéder aux transformateurs, qui reçoivent
l’électricité basse tension et la transforment en courant haute tension avant de l’envoyer sur le
réseau, avance Bruno Comby, ingénieur en génie nucléaire et président de l’association des
écologistes pour le nucléaire. Une attaque qui viserait les transformateurs d’une quinzaine ou
vingtaine de centrales plongerait la France dans le noir. »
L’hypothèse d’un repérage semble toutefois peu réaliste pour les experts d’EDF chargés des
centrales. Les plans et les photographies présentant les installations, notamment la situation des
divers bâtiments, sont accessibles assez facilement. Ils ont même accompagné la présentation des
centrales, sur le site ou sur des plaquettes diffusées au public, expliquent-ils.
Les écologistes, de leur côté, craignent une attaque des installations nucléaires et donc un risque
pour la sûreté des centrales. Selon un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix
scientifiques et technologiques datant de 1998, les 58 réacteurs français sont conçus pour résister à
la chute (accidentelle ou volontaire) d’un avion de type Cessna 210 ou Learjet. Soit, pour le premier,
un monomoteur à hélice de 1,5 tonne et, pour le second, un biréacteur d’affaires de plus de 5 tonnes.
Mais aucun test n’a été réalisé en ce qui concerne les gros porteurs de type Airbus A320 ou A380 ou
Boeing 747 – d’un poids de 400 à 500 tonnes –, dont le risque de chute accidentelle avait été jugé
improbable. Les stress tests, réalisés en 2011 sur toutes les centrales européennes à la suite de
l’accident de Fukushima, n’ont pas non plus porté sur ces risques.
Enfin, aucun test n’a été réalisé quant à la résistance du toit en bardage métallique et des murs des
piscines qui abritent les combustibles usés. « Les installations nucléaires sont des cibles, et leur point
faible réside dans les piscines, qu’il s’agisse de celles des réacteurs ou celles de La Hague, où peut
être stocké un millier de tonnes de combustible radioactif, prévient Denis Baupin, vice-président EELV
de l’Assemblée nationale. Un endommagement de la piscine entraînerait un écoulement de l’eau et
donc la mise à l’air libre des combustibles irradiés. » L’ancien rapporteur de la commission d’enquête
sur les coûts du nucléaire demande la bunkérisation des piscines et l’ajout d’appoints indépendants
en eau, ainsi que la réalisation de stress tests sur les risques de chute d’avion, d’agression extérieure
ou de piratage informatique.