O.G.E. - Conservatoire départemental des espaces naturels sensibles - novembre 2012 - n°12029 5/104
Étude sur les plantes exotiques envahissantes sur des Espaces Naturels Sensibles en Essonne –
Cartographie et préconisation de gestion
1 I
NTRODUCTION
Les activités humaines induisent des changements environnementaux fondamentaux. Les invasions
par des espèces exotiques, au même titre que le changement climatique, font partie de ces
changements globaux planétaires. Certains spécialistes des invasions biologiques n’hésitent d’ailleurs
pas à nommer l’ère actuelle « homogocène » pour illustrer une redistribution mondiale des espèces et
une homogénéisation de la faune et de la flore directement liées à la modernisation de nos moyens de
transports et la globalisation de l’économie.
Depuis que l’Homme a débuté ses migrations, il a transporté avec lui, de façon volontaire ou non, bon
nombre d’espèces animales et végétales hors de leurs aires de répartition naturelles. Mais avec la
modernisation des moyens de transports, le développement des voyages et du tourisme et
l’augmentation des volumes de marchandises échangés dans le monde, on assiste à une accélération
de l’introduction d’espèces à l’extérieur de leur aire de répartition naturelle. « En Europe, près de 80%
des plantes exotiques envahissantes ont été introduites volontairement pour l’ornement ou
l’agriculture ».
Les espèces introduites n’induisent pas toutes des conséquences négatives au sein des écosystèmes
dans lesquelles elles s’installent. Mais une partie d’entre-elles est à l’origine d’impacts majeurs, directs
ou indirects, observés à différents niveaux. Une espèce invasive est définie comme une espèce
vivante exotique qui par son fort développement devient un agent de perturbation nuisible à la
biodiversité autochtone des écosystèmes naturels ou semi-naturels parmi lesquels elle s’est établie.
Les plantes invasives sont des espèces originaires d’un autre territoire et qui, après le franchissement
d’une barrière géographique, s’étendent naturellement et abondamment dans des habitats naturels ou
semi-naturels. Elles y produisent alors des changements significatifs de compositions spécifiques, de
structures et de fonctionnements des écosystèmes.
Certaines d’entre elles peuvent provoquer de sérieux dommages à différents niveaux. Des impacts
écologiques en formant des peuplements denses, monospécifiques, certaines espèces excluent
progressivement les espèces indigènes jusqu’à prendre totalement leur place (S
ERVE
, 2010),
perturbant ainsi tout l’équilibre écologique. Elles peuvent modifier fortement le fonctionnement des
écosystèmes en changeant les propriétés du sol, en enrichissant le sol en azote par exemple
(V
ITOUSEK
et W
ALKER
, 1989). D’autres produisent des substances allélopathiques toxiques (H
IERRO
et
C
ALLAWAY
, 2003) qui sont libérées dans le sol et qui empêchent la croissance des autres espèces
végétales. L’ampleur et la multiplicité des impacts font des espèces invasives une des principales
causes de perte de biodiversité à travers le monde (A
LTERIAS
).
L’UICN, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, considère les invasions biologiques
(animales et végétales) comme la deuxième cause de régression de la biodiversité dans le monde,
juste après la destruction des habitats.
D’ordre général, sur 1000 espèces introduites sur un territoire donné, 100 parviennent à se
développer et 1 devient invasive. Le caractère invasif d’une espèce peut se révéler plusieurs dizaines
voire centaines d’années après son installation.