Père Jean Saillant - Paroisses de Sevran

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Si .......
Jean Saillant était né à Sevran en l'an
700.....
Il aurait rencontré dame Ermentrude dans cette paroisse de
Ciperente, tranquille, où coulait une petite rivière que nous nommons
aujourd'hui Morée.
Ciperente, notre paroisse, était alors, l'une des plus anciennes du Diocèse de Paris.
La dame se montra généreuse envers elle comme le prouve cette mention de son
testament : " Vineae pedatura una sita in monte Blixata quem Leudefredo colit, Baselicae
sancti Martini Ciperente dari jubeo." (Je veux qu'on donne à la Basilique de St Martin de Ceverent certaine
pièce de vigne située sur le mont Blixat, qui est façonnée par Leufroy.")
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Et qu'aurait-il fait, Jean, après avoir passé ses tendres années
à gambader dans les prairies en faisant paître les moutons
sur les terres du Mons Zelozus ( notre Moncelleux ) se signant
en passant devant le gibet où voleurs et quelquefois
innocents se balançaient aux caprices des vents ...
Qu'aurait-il fait devenu grand ?
Sans doute aurait-il consacré sa vie, pauvre lui même, à aider plus pauvre encore
que lui.
Sans doute aurait-il été clerc, à l'ombre de ce que qu'Ermentrude nommait " la
Basilique de St Martin de Ceverent ", et combien aurait-il dispensé aux plus petits
son amour du prochain, tantôt en aidant un dans sa dure besogne, tantôt remettant
l'autre dans le droit chemin. Il aurait accompagné les enfants dans l'enseignement
de la foi, essuyé les larmes des femmes, soumises, supportant les douleurs de
l'enfantement sans gémir, voyant leurs enfants grandir, mais le plus souvent quitter
ce monde en leur prime jeunesse. Il aurait pansé les plaies physiques et morales.
Bref il aurait été " Jean".
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si ....
Jean Saillant avait vécu à Sevran au 11ème siècle.
Le Prieuré de St Martin des Champs, dépendant de l'Abbaye de Cluny, fut
fondé dans les années 1059-1060 sous la protection du roi Henri Ier.
Lors de cette fondation des dons furent faits au
Prieuré selon l'usage, pour le salut de l'âme des
donateurs ou d'un membre de leur famille.
Et qu'aurait fait Jean en ces années là ...
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Il aurait été présent, au côté de son évêque, le jour de
l'inhumation d'Arrode de Montmorency, lorsque sa
veuve, Eudeline, confirma avec son fils Aubry IV la
donation de notre bonne terre de Montceleux à St
Martin des Champs -.....
Apud Cebrentum terram que Mons Zelosus dictur ..."
offerte à St Martin des Champs par le défunt, avec
l'assentiment de Landi, son frère.
Dame Eudeline fit ce don au prieuré, pour
le salut de son âme.
Cette terre de Montceleux sera propriété du prieuré de St
Martin des Champs jusqu'à la révolution et pendant des
centaines et des centaines d'années les moines,
inlassablement, travaillèrent notre bonne terre de Sevran.
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SI..
Jean Saillant avait vécu au XIIIème siècle.
il aurait été aux côtés, en 1244, de Bernard, curé de notre
paroisse.
Notre bonne paroisse de Cevran, dont le revenu était de
dix livres parisis. "Bernardus presbiter de Cevran, juravot
decem lib..."
En ce siècle, il aurait travaillé pour le bien de la paroisse,
rendant visite à ces messieurs de St Lazare de Rougemont,
aux moines de St Martin de Champs à Montceleux, œuvrant ensemble
pour le bien être des pauvres paysans de notre village.
5
SI ...
Jean Saillant, avait vécu au XVIème siècle.
Il aurait vécu dans le presbytère, à l'ombre du clocher de notre petite
église, près de laquelle coule la Morée, notre petite église reconstruite
en 1550, consacrée le Ier Avril 1551 par Charles, évêque de Mégare. Il y bénit
trois autels.
Ce jour là notre petite église était pleine. Les dames de nos seigneurs étaient belles. Dame
Jacqueline l'épouse de Charles Maheut Seigneur de Sevran, resplendissait dans
ses atours.
Mais le regard de Jean allait souvent au fond de l'église vers ses amis, les
paysans, en sabots, qui se tenaient, respectueux et impressionnés près de leurs
femmes coiffées de leur plus beau bonnet.
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Si...
Jean Saillant avait vécu au XVIIIème siècle
Il aurait parcouru nos rues pavées de Sevran où les
choses avaient certes bien changé depuis le moyen
âge.
Petit enfant il aurait été chercher le lait à la ferme
seigneuriale, tout près du fief de Compiègne, où
encore les fromages de chèvre tout à côté,
à la ferme des Beaudottes.
Site inchangé jusque dans les années 1920
A gauche : la ferme des Beaudottes - ensuite la
ferme Seigneuriale jouxtant le fief de Compiègne
(devenue propriété des Sœurs). - en face le presbytère.
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Et bien entendu toujours la pêche dans la Morée, qui serpentait alors,
tranquille, tantôt limpide, tantôt boueuse et tumultueuse l'été, lors des
grosses pluies d'orage
Il aurait regardé les lourdes charrettes de foin odorant, de paille dorée, au fil
des saisons, faisant le va et vient entre les champs et les fermes de Rougemont,
de Fontenay le Bel, Montcelleux.
Et le soir venant, il aurait bavardé avec les charretiers venant à l'abreuvoir alimenté par notre
Morée, faire se désaltérer leur équipage.
Devenu adulte, nous l'aurions retrouvé clerc, aux côtés du curé Richard
Gauthier, notre curé, au début du siècle, ou plus tard, vers 1737 au côté de
Jean Bené, son successeur.
Il aurait salué Madame Theresse de la Fossée venant, en
chaise à porteur, saluer le curé de la paroisse et lui glisser
quelque louis d'or dans son escarcelle, pour soulager un
peu la misère des plus pauvres du village, ceux qui habitaient dans les
quelques maisons de la grand rue menant à la Fossée, couvertes des
roseaux provenant de la mare
à Barcimon, à la limite de Vaujours. Ils y croissaient à merveille.
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Si...
Jean Saillant avait connu la révolution.
Aurait-il assisté notre curé Willemard, assermenté,
profitant de la vente des biens des fortunés pour
augmenter son capital ? L'on peut en douter.
Aurait-il pleuré avec les moines de St Martin des Champs lorsqu'il leur
fallut quitter leur cher Montcelleux. Peut-être.
Ce serait-il réjouit de voir un peu plus de reconnaissance envers le
petit peuple, sûrement.
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Nous l'aurions peut-être rencontré, avec son bon sourire sillonnant nos rues,
s'adaptant à la nouvelle façon de vivre, fin de ce siècle qui devait marquer toute
notre histoire. Aurait-il assisté le curé Willemard, le 8 Septembre 1792, en l'église,
lorsque Ours Pierre Armand Petit-Dufresnoye fut ondoyé par le curé Willemard. Vous
savez, le petit garçon qui fit ses premiers pas dans le parc de la Fossée où il naquit et
qui devint un célèbre minéralogiste dont l'on parle encore.
Sa maman, la poétesse AdélaÏde, dont les salons étaient renommés à Paris était venue se
réfugier là avec ses amis suspects. Peut être se serait-il entretenu avec l'abbé Sicard, le
prêtre qui fit tant pour les aveugles, qui arriva, un soir, à la nuit tombante, s'échappant des
prisons révolutionnaires, peut être, peut être ...
Le presbytère n'existait plus. Il avait été vendu en 1796 comme bien national. Une grange,
construite par le curé Willemard, tout à côté fut vendue elle aussi. Willemard en revendiqua
la propriété mais en vain. Le siècle suivant verra un nouveau presbytère construire à cet endroit. Et,
comme passe le temps il deviendra dispensaire dans les années 1935, et ... comme passe encore le temps
il sera notre commissariat dans les années 1980, et comme rien n'est figé aujourd'hui, l'on s'interroge sur
son sort.
(N.B.) Ce bâtiment sans grâce sera-t-il détruit laissant respirer notre vieille petite église qui se cache,
modeste, dans son ombre ? En l'an 2016 l'on y songe ...
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SI....
Jean Saillant avait vécu au 19ème siècle
Il aurait connu bien des bouleversements, bien des
avancées vers la modernité, mais bien des luttes
encore. Il aurait connu ces lieux dans toute leur
splendeur, dans toute leur vie.
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Mais.
Jean est né au 20ème siècle.
Jean n'est pas né à Sevran .... mais tout près, dans une jolie
ville de notre pays d'Aulnoye, le Raincy.
Il arriva en ce monde le 8 novembre 1942, en plein dans la
seconde guerre mondiale, moments difficiles en ce siècle,
comme il en fut dans les précédents. Le 13 Décembre suivant, comme il devait faire froid
dans l'église N.D. du Raincy, toute bétonnée, lorsque l'eau du baptême le fit Enfant de Dieu.
Dans cette église Notre Dame de la Consolation, qui avait à peine vingt ans d'âge, le prêtre
qui versa l'eau sainte sur le front du baptisé était le chanoine Nègre, concepteur de cet
édifice d'avant garde.
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Ses jeunes années se passèrent donc dans notre banlieue, portant
maintenant ce joli nom " d'Ile de France".
Non Jean ne pêcha pas la grenouille dans la Morée, ne garda pas non
plus les moutons dans les prairies de Montcelleux, ou le marais de
Sevran dont Charles Maheut, seigneur de Sevran au 16ème siècle
avait concédé " aux curés, marguilliers, et habitants de Sevran le droit
de pâturage et usage dans les marais de Sevran et du Soucy,
moyennant quatre deniers parisis de redevances pour chaque feu.
Il connut la vie de tous les garçons de son âge, les loisirs, les études...
et le fait marquant de sa vie sera l'appel de Jésus auquel il va
répondre avec enthousiasme : Présent.
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Aujourd'hui, le père Jean Saillant fête ses cinquante ans de prêtrise.
Son parcours : celui d'un homme, vivant de la fraternité, cette fraternité que l'on trouve dans les pas de Jésus.
Ordonné prêtre à Versailles le 25 juin 1966, il se dévouera dans nos petites cités de banlieue, de St Joseph D'Aulnay à
Blanc-Mesnil, en passant par Bobigny, Pantin à la paroisse de tous les Saints.
Mais il est aussi sevranais. Depuis 1982, il habite Sevran, dans la cité Basse, allée
des Nénuphars. Il est souvent présent dans notre paroisse de St Martin de Sevran
- Il participe à l'équipe d'aumônerie catholique de l'hôpital René Muret, et puis,
et puis ... tant d'autres choses occupent son quotidien!
En ce jour de fête, entouré de la tendresse de tous ceux qui ont la chance de le connaître, de l'aider, de lui demander
aide, disons lui : Bon jubilé, père Jean.
Et nous lui laisserons le mot de la fin, celui qu'il a écrit sur son invitation :
" Je me réjouis lorsque nous vivons la fraternité,
Au quotidien, dans les grandes occasions "
Longue route Père Jean, sur la voie tracée par Jésus.
18 juin 2016
Christiane Ranouil
S.H.V.S
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