sera fonction de l’âge de la femme, de la nature de la masse,
de la disponibilité et de la fiabilité de ces techniques diagnos-
tiques à l’échelle locale et de la préférence du médecin.
• La mammographie permet souvent de préciser la nature
de la masse et de déceler, dans l’un ou l’autre sein, des lé-
sions occultes à l’examen clinique.
Chez les femmes plus jeunes, le tissu mammaire est générale-
ment plus dense à la mammographie, et le cliché ne fournira
vraisemblablement pas de renseignements utiles9. Toutefois, à
partir du milieu de la trentaine, l’intérêt de cet examen aug-
mente, et ce dernier devrait faire de plus en plus partie inté-
grante des investigations complémentaires en présence d’une
masse suspecte au sein (preuves de niveau IV)9. Lorsque c’est un
radiologiste chevronné qui fait la lecture du cliché, ce dernier
permet souvent de préciser la nature de la masse en question et
fournit en outre de l’information sur d’autres régions du sein.
La présence de calcifications irrégulières ou groupées à proxi-
mité de la masse est évocatrice d’un carcinome. La mammogra-
phie peut également fournir de l’information sur le sein opposé.
On devrait donc, normalement, pratiquer un examen mammo-
graphique optimal, comportant deux incidences par sein avec
compression focalisée ou un agrandissement radiologique de
toutes les zones anormales. Toutefois, la sensibilité globale de la
mammographie dans la détection des cancers du sein palpables
pourrait ne pas dépasser 82 %17 et pourrait même être encore
plus basse chez les femmes non ménopausées (preuves de niveau
III)18. Par conséquent, si un cliché mammographique sus-
pect peut augmenter la probabilité que la masse soit ma-
ligne, on ne saurait se fonder sur un cliché mammo-
graphique normal pour exclure le diagnostic de cancer en
présence de signes cliniques évocateurs.
La décision de pratiquer d’abord une mammographie ou
une ponction à l’aiguille fine varie selon le centre et le cas en
cause. En général, les médecins expérimentés dans la pratique
de la ponction à l’aiguille fine procèdent directement à cette
intervention et peuvent ainsi porter plus rapidement un diag-
nostic définitif. Certains, toutefois, demandent une mammo-
graphie avant de procéder à la ponction à l’aiguille, craignant
que les contours lisses et bien définis à la mammographie qui
caractérisent les lésions bénignes solides ne soient altérées par
cette dernière intervention19.
• La ponction à l’aiguille fine permet de déterminer si la
masse est solide ou kystique. En présence de tumeurs
solides, on peut prélever du matériel cellulaire en vue de
l’examen cytologique.
La ponction à l’aiguille fine (PAF) est peu coûteuse, facile à
réaliser et ne demande aucune préparation; elle est pratique-
ment sans douleur et peut être pratiquée au cabinet du médecin,
généralement sans anesthésie locale20. Si la ponction retire un
liquide clair, jaunâtre ou verdâtre, et si la masse disparaît com-
plètement, le diagnostic est celui de simple kyste. Ces masses
sont bénignes, et le liquide ne devrait pas être expédié pour
analyse, car le résultat est invariablement normal (preuves de
niveau III)21,22. Si le liquide est sanglant, on peut être en présence
d’un carcinome ayant une composante kystique12, et le liquide
devrait faire l’objet d’une cytologie9. Si le liquide est exempt de
sang, si la masse disparaît complètement et si la mammographie
est négative, aucun examen complémentaire n’est requis.
Si aucun liquide n’est retiré à la PAF ou si la masse persiste
après l’évacuation, on peut, au cours de la même ponction,
prélever un échantillon pour examen cytologique. La capacité
d’obtenir, au moyen de la ponction à l’aiguille fine, du
matériel cellulaire suffisant pour l’examen cytologique est
fonction du praticien9, et l’interprétation de la cytologie
dépend de la possibilité d’avoir accès aux services d’un patholo-
giste expérimenté dans ce domaine. Dans 90 % à 95 % des
cas, le matériel cellulaire obtenu par ponction est suffisant
pour la cytologie23 et peut permettre d’obtenir 95 % de diag-
nostics exacts24. Dans le cadre d’une étude de suivi de 835 lé-
sions mammaires palpables, on n’a relevé qu’un seul faux
positif (0,7 %) parmi les 135 résultats de ponction à l’aiguille
fine qui étaient dits «positifs». On dénombrait toutefois
14 faux négatifs, soit un taux de faux négatifs de 15,2 %, parmi
les 92 résultats dits «négatifs» (preuves de niveau III)25. Une
comparaison récente entre l’utilisation de la PAF sans guidage
stéréotaxique et de la biopsie par forage dans les cas de lésions
palpables au sein a mis en évidence la sensibilité de ces deux
techniques (qui atteignait, respectivement, 97,5 % et 90 %)26.
La cytologie par ponction à l’aiguille fine permet de con-
firmer la malignité d’une masse extrêmement suspecte, mais elle
peut également être utile même si le risque de malignité est
faible. Ainsi, chez une patiente qui présente des transformations
fibroglandulaires relativement caractéristiques, elle permet de
rassurer le médecin et la patiente en affirmant la bénignité du
processus. L’intérêt de cette technique réside donc surtout aux
deux extrémités du spectre diagnostique. Si l’examen ne met pas
en évidence de cellules cancéreuses, le caractère manifestement
bénin de la lésion se trouve confirmé, et on évite la chirurgie. Si
des cellules cancéreuses sont décelées, on peut poser un diagnos-
tic ferme de cancer et ainsi mieux planifier la chirurgie. Lorsque
la cytologie, la mammographie et l’examen clinique évoquent
tous trois un cancer, le diagnostic sera vraisemblablement con-
firmé par la biopsie chirurgicale dans 99 % des cas; si les résultats
des trois examens susmentionnés évoquent une lésion bénigne,
on ne découvrira un cancer que dans moins de 0,5 % des cas27.
• L’échographie est une autre méthode qui peut permettre
de différencier les kystes et les tumeurs solides.
Exécutée par un praticien chevronné, l’échographie per-
met de reconnaître un kyste avec certitude (preuves de
niveaux III, IV)28. Cette technique est particulièrement utile
lorsqu’il faut déterminer si des anomalies mammographiques
non palpables sont ou non kystiques (consulter le guide no2
pour une description plus complète).
• Si un doute raisonnable subsiste sur la nature bénigne de
la masse, il faut pratiquer une biopsie.
En l’absence d’une cytologie positive, la décision de prati-
Le Comité directeur
SF8 J ASSOC MED CAN • 10 FÉV. 1998; 158 (3 Suppl)
Supplément spécial