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« Yam-Souph : Mer des Roseaux ou Mer rouge ? »
(Ex 13,18)
Par Stéphane Mérahila
Introduction : L'expression hébraïque « Yam-Souph », apparaît dans le Texte
Massorétique, pour désigner la mer traversée par les Israélites sortant d'Égypte sous
la conduite de Moïse. Cependant, lorsque l'on veut traduire cette expression un
problème apparaît. Le premier terme traduit l'hébreu « Yam », par « Mer », et le
second « Souph » par « Roseaux ou joncs ».
La problématique s'impose donc d'elle même ! Les Israélites ont-ils traversé une mer
de roseaux, c-à-d une région marécageuse ne comportant que peu de profondeur ou
bien véritablement la mer rouge rendant ainsi miraculeuse cette traversée ?
Cette image a pour vocation de situer cette région pas toujours bien connue du
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grand public. La mer rouge se divise en deux bras qui entourent la péninsule arabique
du Sinaï. Le bras qui se trouve à l'est de la péninsule, correspond au golfe d'Aqaba. Et
le bras qui se trouve à l'ouest, lui se nomme le golfe de Suez.
Les difficultés de la Traduction
Concernant donc l'expression hébraïque « Yam-Souph », que l'on traduit par « Mer
des roseaux ». Le bibliste Alexandre Westphal pense que cette appellation viendrait
du fait que : « Roseaux ou algues y poussent encore en abondance vers le nord
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».
En ce qui concerne son équivalent dans la LXX, il apparaît que les traducteurs ont
choisis l'expression grecque « Éruthra Thalassa », que l'on traduit par « Mer rouge ».
En ce qui concerne cette couleur rouge, que l'on retrouve dans le texte grec, Alexandre
Westphal explique :
« On s'est demandé si l'épithète de « rouge » ntait pas due au corail de cette
couleur que l'on trouve dans ses eaux ou sur leurs bords
2
»
Il se peut donc que ces deux appellations ne soient pas du tout contradictoires, et il
semble que cette appellation très connue de « mer rouge » ne soit pas si erronée que
cela
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. A cette époque, le nom de « Mer des roseaux » était sans doute très employé
parmi les hébreux.
N'oublions pas non plus que la traduction des LXX, a été réalisée par des scribes
(sopherim) juifs, et ceux-ci ont sans doute considéré que traduire « Mer des roseaux »
en grec, serait sans doute mettre en déroute les lecteurs grecs, qui nous pouvons le
penser ne connaissaient cette mer que sous son véritable nom de « Mer rouge ».
Vrai Miracle ?
Un autre point discordant est le lieu de passage de cette fameuse mer rouge. Il est à
noter que peu de biblistes sont d'accords sur le tracé exacte de l'Exode depuis la sortie
d'Égypte jusqu'à l'arrivée dans la péninsule du Sinaï.
Apparemment l'appellation « Mer des roseaux » a mise en déroute de nombreux
biblistes et croyants modernes qui en sont venus à la conclusion que le passage de la
mer rouge mentionné dans la Bible, devait se résumer à une simple traversée d'un
marécage à marée basse, atténuant ainsi considérablement le miracle biblique ainsi
que la capacité même de Dieu à pouvoir exécuter ce genre de prodiges.
La Bible étant notre base scripturaire par excellence, c'est sur elle que nous devons
nous baser. Et le texte nous explique qu'après la dixième plaie qui eue pour
conséquence la mort du premier-né de pharaon, celui-ci laissa s'en aller le peuple des
hébreux. Et après avoir changé une énième fois d'avis, le pharaon partit en chasse
derrière ce peuple qui représentait pour lui un manque à gagner considérable.
1
Dictionnaire Biblique, Alexandre Westphal, article : Mer Rouge.
2
Ibid.
3
LA Bible d'Alexandrie, sous la direction de Cécile Dogniez et Marguerite Harl, éd. Gallimard, note
p.728.
3
Apparaît ensuite une indication sur la trajectoire empruntée par les hébreux, car il
est dit que :
« Dieu ne leur fit pas prendre le chemin du pays des philistins bien que ce soit le
plus direct ». (BFC, Ex 13, 17)
Nous sommes donc certain qu'ils ne prirent pas la route vers le nord en direction de
la mer méditerranée, vivent les philistins. Mais en ce qui concerne les villes de
Pi-Hahiroth, Migdol et de Baal-sefon mentionnées en Ex 14,2, il apparaît impossible
de connaître leur position précise.
Le plan de Dieu
Cependant, dans sa prescience Jéhovah discerna sans doute le revirement de
pharaon, et connaissant très bien la grandeur et la force de l'armée Égyptienne, face à
un peuple composé d'hommes, de vieillards, de femmes, d'enfants et de bétails, fit
preuve de stratégie en indiquant à Moïse de revenir sur leur pas près de « Pi-Hahiroth
» et de camper entre « Migdol et la mer ». Tout cela dans le but de faire croire à
pharaon que le peuple errait « tout affolé dans cette région, prisonnier du désert » et
aussi dans le but que Jéhovah manifeste sa gloire en « L'écrasant, lui et toutes ses
troupes. Ainsi les Égyptiens sauront que je suis le Seigneur ». (BFC, Ex 14, 4-6)
Pris entre l'armée Égyptienne et la mer rouge le peuple est terrifié, allant même
jusqu'à regretter d'être sorti d'Égypte. Jéhovah indiqua donc à Moïse de prendre son
bâton et de le lever « au-dessus de la mer ».
Pourquoi un tel ordre s'il ne s'agissait que d'un simple marécage franchissable ?
Ensuite la colonne de fumée alla se placer entre les hébreux et les Égyptiens, créant
ainsi la confusion chez les Égyptiens, alors que la colonne de feu éclairait le parcours
des hébreux. Le texte continu en disant que :
« Le Seigneur fit alors souffler un fort vent d'est durant toute la nuit pour
refouler la mer et la mettre à sec. Les eaux se séparèrent et les Israélites
traversèrent la mer à pied sec : de chaque côté d'eux, l'eau formait comme une
muraille » (Ex 14, 21-22)
Nous constatons donc que c'est un vent d'est qui a soufflé sur la mer, non une
marée descendante ou une quelconque forme de tsunami, et cela toute la nuit. Cette
expression « Toute la nuit » pourrait nous paraître exagérée, seulement le texte
rappelle que le peuple comptait :
« Six cent mille hommes, sans compter les femmes, les enfants et les vieillards.
Une foule de gens d'origines diverses partirent en même temps qu'eux. Les
moutons, chèvres et boeufs formaient des troupeaux considérables » (Ex 12, 37-
38)
Nous sommes donc en face d'une foule d'environ trois millions de personnes
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confondues. Il a donc bien fallu une nuit entière pour leur faire traverser ce bras de la
mer rouge. Le texte précise aussi que les eaux formaient « Comme une muraille » de
chaque côté d'eux, ce qui serait impossible convenons en, dans le cas d'une marée
descendante ou d'un tsunami, et encore moins d'un marécage. Cette séparation des
eaux permis même aux hébreux de marcher sur un « sol sec ». (cf. Ex 14, 21-23)
Ensuite n'oublions pas qu'il fallait « Écraser » la nation Égyptienne. Ce qui fut fait,
lorsqu'une fois rentré dans le passage à la suite des hébreux, Moïse abaissa son bâton
et que les murailles d'eaux vinrent s'abattre sur l'armée Égyptienne et ainsi « L'eau
recouvrit tous les chars et les cavaliers des troupes de pharaon [.] Personne n'y
échappa […] et les Israélites purent voir les cadavres des Égyptiens sur le rivage de
la mer » [9]
Le chant entonné par les hébreux après leur délivrance précise que les Égyptiens
« Se sont noyés dans la mer des Roseaux. Ils ont coulé au fond comme des pierres et
les flots les ont recouverts » (Ex 15, 4-5)
Conclusion : Il est donc bibliquement raisonnable de penser que « mer des roseaux »
et « mer rouge », désignent la même portion d'eau traversée par les hébreux. Sachant
qu'il fallait assez de profondeur pour noyer une armée entière et les faire coulés
comme des pierres. Et nous savons aussi que la séparation des eaux a duré pendant
une longue période « Toute une nuit », ce qui n’a rien à voir avec le déplacement
d’eau que peut généré une marée. Il n'y a donc pas de contradiction dans le texte
biblique.
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