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Les gouvernements mis en place au lendemain des dernières élections auront, plus
encore que leurs prédécesseurs, à faire face à la nécessité de réduire davantage l’empreinte
environnementale de notre économie. Pour les bâtiments, l’échéance européenne du
"presque zéro" (nZEB) se rapproche. La Région flamande a choisi d’imposer la production
d’énergie renouvelable (ER). Bruxelles-Capitale a opté pour l’économie d’énergie – il faut
savoir qu’elle évalue son potentiel ER à quelques % à peine de ses besoins… L’architecte
est appelé à combiner économies et renouvelables.
Un kWh renouvelable est-il équivalent à un kWh économisé ? Pour un énergéticien,
sans doute. Pour un bâtisseur, certainement pas.
D’abord parce que se focaliser sur la production ER ne semble pas avoir pour
conséquence de réduire les consommations fossiles et fissiles ; opaque, la compensation
carbone perd progressivement son crédit. D’autre part, faire du renouvelable à l’échelle
individuelle – celle du bâtiment, c’est s’engager dans des technologies dont on sait qu’elles
sont moins performantes qu’à grande échelle. Être suréquipé pour être sous-performant,
tel risque d’être le profil des nouveaux bâtiments. Enfin, parce que l’ajout d’équipements ER
sur un bâtiment se traduit souvent, notamment pour des raisons financières, par le choix
d’une moindre efficacité énergétique du bâti…
Bien sûr, il faut des ER, mais prenons garde à cet effet paradoxal qui consisterait à
concevoir des bâtiments moins efficaces parce qu’on leur ajoute des technologies ER. Car
si un bâtiment bien conçu peut toujours être "post-équipé" en ER, améliorer a posteriori
sa compétence énergétique (réisoler, rendre plus étanche à l’air, installer un échangeur,
etc.) coûte toujours plus cher (car il s’agit alors de transformer des caractéristiques
fondamentales du bâti) et s’amortit sur une économie d’énergie réduite (le gros des
économies étant déjà acquis).
Pour préserver la valeur des bâtiments, la stratégie la plus sûre consiste au contraire à
conférer au bâti, dès sa conception, la meilleure compétence énergétique possible. C’est
un choix qui dépend des architectes, plus que jamais.
éditorial
Bernard Deprezwhat
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be.passive 19 33éditorial
be.passive a vu le contexte architectural se transformer
au cours des 5 dernières années. Des projets qui
apparaissaient alors comme «extra-ordinaires» ont ouvert
la voie à des pratiques qui sont devenues aujourd’hui
presque «normales». Les réalisations passives de qualité
se sont multipliées et nous nous en réjouissons.
Aujourd’hui, be.passive se donne de nouveaux projets.
Prochainement, nous publierons un livre ( p.95) entièrement
consacré à croiser les regards des professionnels sur
l’architecture passive en Belgique. Puis le papier cèdera
sa place au site Internet, qui deviendra prochainement le
lieu où «ça se passe». Retrouvez-nous donc bientôt sur
www.bepassive.be ! ■
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