Un voyage d’études en OUZBEKISTAN
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Pour le « profane », ces concepts
ont tout du « gros mot » dénué de
sens ; mais, à partir de lectures et
d’exemples, on se rendra compte
qu’ils désignent des choses bien
précises sur lesquelles, même en
débutant, il est possible d’avoir
prise.
On le montrera notamment dans
les séances consacrées à la
sociologie de la vie quotidienne
et l’étude des mécanismes
fondamentaux qui régissent la vie
en société ; par exemple, la
« prophétie auto-réalisatrice »,
c’est-à-dire le phénomène, qui ne
cesse de désarmer, par lequel une
réalité advient par le simple fait
que les individus y croient (crise
boursière, racisme, préjugés et
stéréotypes, etc.). Ces diagnostics
et ces analyses ne sont pas
déconnectés de la réalité. Comme
nous l’indiquerons dès le départ à
partir d’exemples de sociologues
très engagés dans l’espace public,
d’Émile Durkheim à Pierre
Bourdieu, la sociologie ne peut
pas faire mine d’être une science
« froide » et indifférente vis-à-vis
des problèmes se posant dans la
société.
La séance que nous réservons au
thème, si disputé aujourd’hui, de
l’explication sociologique du
djihadisme et plus généralement
du terrorisme et de la violence
politique suffiront à l’illustrer. Il
est clair que, dans ces conditions,
le sociologue qui s’emploie à
comprendre sans pour autant les
excuser ces phénomènes
extrêmes, travaille sur une ligne
de crête (1). Il est néanmoins de
son devoir scientifique – et moral
– de mettre à distance les
explications toutes faites et
d’intégrer des causalités rompant
avec les évidences du sens
commun. L’effort d’objectivité
n’est certes pas un vain mot ici,
c’est même un prérequis pour qui
entend apporter autre chose
qu’un point de vue partiel autant
que partial sur des sujets
« chauds », propices à
l’expression idéologique.
La dernière séance consacrée à ce
qu’il est désormais convenu
d’appeler les « théories du
c o m p l o t » o u l e
conspirationnisme sera une autre
occasion de démontrer la plus-
va lue i nt ell ect uel le d es
raisonnements sociologiques. Les
approches présentées lors des
premières séances seront bien
utiles pour détricoter le tissu
cousu de gros fil blanc du
discours « complotiste ». Sur ce
cas comme sur les autres que
nous aurons abordés, la
sociologie recèle des réflexes
d’analyse et de critique qui aident
à désamorcer les faux problèmes,
tant que faire se peut.
On l’aura compris, le propos de
ce cours d’introduction à la
sociologie est de familiariser aux
rudiments d’une discipline autant
que de stimuler l’intelligence
critique, à l’aide d’outils
conceptuels et de raisonnements
bien rôdés. Quitte à dramatiser,
disons que ce n’est pas un luxe.
C’est même une nécessité.
(1) Voir Arnaud Saint-Martin, « La
sociologie sans excuses », La Vie
des idées, 18 janvier 2016, http://
www.laviedesidees.fr/La-sociologie-
sans-excuses.html
Rapide présentation : Arnaud
Saint-Martin est sociologue,
chargé de recherche au CNRS.
Ses travaux portent sur les
mondes professionnels de
l’astronautique. Il a publié, en
2013, La sociologie de Robert K.
Merton (« Repères », La
Découverte).
Arnaud SAINT-MARTIN
Intervenant à l’UIA
Note de la rédaction :
Cours dispensé à l’UIA
Mardi de 15h30 à 17h30
8 séances Nov./Mars
Tarifs :
CAMVS : 118€ (2)
Extérieur : 122€ (2)
Renseignement et inscription au
01.64.52.01.21
(2) : ce cours est éligible à la
remise de 10% (voir conditions et
modalités dans le règlement
intérieur de l’UIA disponible sur
le site Internet : www.ville-
melun.fr)