Reflexions, le site de vulgarisation de l'Université de Liège
© Université de Liège - http://reflexions.ulg.ac.be/ - 24 May 2017
- 1 -
La carte d'une super-Terre
23/05/16
L'exoplanétologie ne cesse de progresser et de surprendre. Récemment, une équipe de chercheurs de
plusieurs instituts, dont l'Université de Liège, a établi une carte longitudinale de l'émission thermique de 55
Cancri e, une "super-Terre" située à quarante années lumières de la Terre. L'enjeu était de mesurer
l'évolution de la brillance de la planète tout au long de son orbite autour de l'étoile. Ces données existent
déjà pour certaines géantes gazeuses, mais sont inédites pour les planètes de plus petite taille. Elles ont été
obtenues par analyse photométrique d'images récoltées par Spitzer, l'un des télescopes spatiaux de la NASA.
Elles ont permis notamment d'observer les zones plus chaudes et plus froides de la planète, et d'en
estimer certaines de ses propriétés de surface. C'est un nouveau pan de l'astrophysique qui s'ouvre, celui de
l'étude des dynamiques géologiques et atmosphériques des exoplanètes de petite taille.
Née en 1995 avec la découverte d'une première planète hors du système solaire, l'exoplanétologie en a
depuis recensé des milliers, qui orbitent autour de centaines d'étoiles. Au point que leur nombre est aujourd'hui
estimé à plusieurs dizaines de milliards pour notre seule galaxie. Certains outils permettent déjà d'en dresser
des portraits assez étoffés, mais pour le moins inertes. La mesure des vitesses radiales, par exemple, aide
à déduire leur masse, et l'observation photométrique du transit livre des informations sur leur taille. La
combinaison des deux méthodes dévoile leur densité, donnant ainsi un indice crucial sur leur composition
géologique (gaz, roches, métaux, glace), et éventuellement sur la possible présence d'une atmosphère. Ces
méthodes de détection restent indirectes. La grande majorité des exoplanètes, trop petites et trop lointaines,
sont inobservables directement. Pour résumer, c'est le comportement de leur étoile ou la variation lumineuse
de l'ensemble du système qui trahit leur présence. Une série de contraintes qui n'aident pas à imaginer
l'intensité de l'activité qui peut y régner.
Ces portraits figés, en effet, ne rendent pas justice à ces planètes. Tout comme les objets de notre système
solaire, elles doivent être sujettes à des dynamiques physiques et géologiques importantes. C'est là l'objet d'un
nouveau grand tournant de l'exoplanétologie, qu'amorce avec engouement Michaël Gillon, chercheur qualifié
FNRS au Laboratoire sur les Origines en Cosmologie et Astrophysique de l'ULg. En collaboration avec
l'Université de Cambridge et d'autres instituts, il vient de participer à une étude pionnière publiée dans
Nature (1). Il s'agit de l'établissement d'une carte longitudinale qui recense les différences de température sur
toute la surface de 55 Cancri e, une super-Terre située à 40 années lumières et qui tourne autour de son
étoile en seulement dix-huit heures (lire à ce sujet « Une super-Terre mise en lumière » et « 55 Cancri e :
d'énormes variations de température ! »).