LES LUMIÈRES EUROPÉENNES
HUITIÈME SUJET - EMMANUEL KANT (1724-1804)
KANT ET LE CRITICISME
Le paradoxe d’une critique de la métaphysique qui refonde une métaphysique de l’inconnaissable
Ou le pari de Pascal à l’échelle de dieu, mais sans rien attendre d’un gain éventuel
Ou la plus gigantesque gestion de dissonance cognitive de l’histoire de la philosophie
«La métaphysique est un champ de bataille.»
Préface de la première édition de la Critique de la raison pure
“J'appelle transcendantale toute connaissance qui ne porte point en général sur les objets,
mais sur notre manière de les connaître, en tant que cela est possible a priori.”
Critique de la raison pure
Je ne connais que deux belles choses dans l’univers : le ciel étoilé sur nos têtes,
et le sentiment du devoir dans nos cœurs
Critique de la Raison pratique
I PRÉSENTATION D’EMMANUEL KANT
1 - Kant, le criticisme et l’idéalisme transcendental
2 - Un philosophe des Lumières allemandes, l'Aufklärung (pôle universitaire)
3 - Un philosophe de la quatrième partie des Lumières
4 - Ses relations avec les philosophes de son temps, notamment les lumières allemandes
5 - Le contexte historique de sa vie
6 - Éléments philobiographiques marquants (1724-1804)
7 - Ses principaux ouvrages
- Critique de la raison pure (1781, 1787)
- Critique de la raison pratique (1788)
- Critique de la faculté de juger (1790)
II LA PENSÉE DE KANT
1 - Un positionnement convergent par rapport aux Lumières, mais toujours de manière ambigüe
2 - Une œuvre philosophique publiée tardivement, pensée comme projet global
3 - La philosophie de Kant, une philosophie religieuse
4 - Le projet du criticisme kantien : sauver la métaphysique !
A - La crise de la métaphysique, constat de départ de Kant
B - Refonder la métaphysique sur des bases solides et rationnelles
C - Il veut faire une science de la métaphysique, la connaissance des fins de la raison
D - Une tentative de repenser la métaphysique alors que les Lumières s’y opposent
E - Une réflexion suscitée par les attaques de Hume contre la métaphysique de
Leibniz et de Wolff
F - Une réfutation à la fois des empiristes et des idéalistes dogmatiques
G - Les quatre interrogations kantiennes
-Que puis-je savoir ?
-Que dois-je faire ?
-Que m'est-il permis d'espérer ?
-Qu'est-ce que l'homme ?
H - Limiter les prétentions de la raison en révélant les illusions transcendantales
I - Ce qui va l’obliger à repenser la raison et la métaphysique, à en faire la critique
J - La notion de critique chez Kant : une critique de la raison par la raison
K - Une sauvegarde de Dieu en invalidant tout discours à l’égard de dieu
L - Mais aussi un moyen de sauvegarder les acquis de la science contre le scepticisme et
les intégristes religieux
Association ALDÉRAN © - Conférence 4312 200-08 : “Kant et le Criticisme” - 03/02/2014 - page 1
5 - Les trois domaines de la réflexion kantienne, ses trois «Critique»
A - Philosophie théorique (développée surtout dans la Critique de la raison pure)
B - Philosophie pratique (exposée dans la Critique de la raison pratique et les
Fondements de la métaphysique des mœurs)
C - Philosophie esthétique (dans la Critique de la faculté de juger)
6 - La théorie kantienne de la connaissance (première Critique) - «Que puis-je connaître ?»
A - Il qualifie son système d’idéalisme transcendantal
B - Le centre de la connaissance est le sujet connaissant (inversion copernicienne)
C - Pour Kant, c’est donc le sujet qui donne ses règles à l’objet
D - Il en déduit que nous ne pouvons pas connaître la réalité en soi (nouménale)
E - Nous n’avons accès qu’à la réalité sous forme de phénomènes
F - La distinction entre connaissance pure et connaissance empirique
G - Jugement analytique, a priori, et jugement synthétique a postériori
H - L'esthétique transcendantale, ou ce qu’il est possible de connaître a priori : le temps et
l’espace
I - Les facultés de l’esprit à l’origine de la connaissance :
- La sensibilité
- La faculté de l’entendement
- La faculté de raison
J - C’est l’association des catégories pures de l’entendement avec les sensations qui donne
le savoir objectif des phénomènes
K - Cette association délimite le «champ de l’expérience possible»
L - L’illusion transcendantale et les illusions transcendantales : sur le monde, les preuves de
dieu, les théologies...
M - Les idées transcendantales : Dieu, l’âme, la liberté et le monde échappent à
l’entendement humain
N - Une assignation métaphysicienne des limites de l’entendement humain
O - Ce qui n’est pas accessible à la raison humaine, qui la dépasse, relève de la
croyance et de la spéculation
P - Le désir de la raison de connaître au-delà est la source de son dogmatisme
Q - On ne peut supprimer ce mouvement mais on peut en prendre conscience
R - Seul ce qui est accessible à la raison humaine peut former science
S - Dans la connaissance scientifique, c’est l’entendement qui doit primer et non la raison
T - Mais on peut garder l’idée de finalité «comme si», comme principe heuristique et
subjectif
U - L’impossibilité d’une vérité certaine sur dieu, positive mais aussi négative, il rend
impossible l’athéisme
V - Des limites assignées à la philosophie, pour qu’elle respecte bien le propre de la
religion et de la science
7 - La philosophie pratique, la philosophie morale de Kant (Deuxième critique)
A - Le prolongement des thèses sur la connaissance pour fonder une morale et la liberté
B - La morale kantienne, entre piétisme luthérien et rousseauisme
C - Il cherche les conditions a priori d’une morale dégagée de l’empirisme
D - Une morale qui garantisse l’autonomie de la volonté et la liberté transcendantale
E - Le paradoxe d’une morale métaphysicienne, reposant sur des idées transcendantales
F - La véritable utilité de la raison est uniquement dans la moralité, elle est fait pour cela
G - La «Raison» utilisée en dehors de cette dimension morale est source d’immoralité
H - Nous ne pouvons pas les connaître mais il faut faire «comme si» («als ob»)
I - Les postulats de sa raison pratique : Dieu, l’immortalité de l’âme, la liberté
J - Une morale de l’autonomie du sujet, sa critique des morales de l’hétéronomie
K - Une morale de la «bonne volonté», la conscience commune sait juger le bien et le mal
L - Les conditions de cette bonne volonté : raison et devoir
M - Une morale de l’intention, la moralité est liée à la rectitude du vouloir à l’égard
de la loi morale
N - L’être raisonnable se donne à lui-même sa propre loi, qui rejoint l’universelle
O - La loi morale, une loi a priori découverte par la raison pratique
P - La loi morale s’impose à tout être raisonnable en tant qu’impératif catégorique
Q - Le devoir, ou obligation morale, c’est l’obéissance à la loi morale par respect pour la loi
R - Un devoir indépendant des causes et des conséquences (comme dans les
éthiques conséquentialistes)
S - Seul compte l’acte moral en lui-même et pour lui-même, sans recherche d’intérêt
personnel ou des conséquences
Association ALDÉRAN © - Conférence 4312 200-08 : “Kant et le Criticisme” - 03/02/2014 - page 2
T - On doit agir non pas « conformément au devoir », mais «par devoir»
U - Pour que le devoir moral soit accompli, il faut vouloir la loi morale et pas seulement s’y
conformer
V - Un impératif moral est universel : son extension sans contradiction à tous les hommes
W - Exemple du mensonge et d’une célèbre polémique avec Benjamin Constant
X - Pour Kant, nous sommes libres quand nous sommes moraux
Y - Que m’est-il possible d’espérer ? un bonheur qui n’est pas dans ce monde, mais
dans l’au-delà
Z - Pourtant, il n’y a pas de preuve de cela, mais il faut faire «comme si»
@ - Une morale rigoriste, impraticable et inconsistante, qui revient en fait à la
morale luthérienne avec une théorisation-justification... kantienne !
& - Qui aboutit à d’étonnantes positions comme l’autorisation de le peine de mort
8 - La philosophie esthétique de Kant (troisième Critique) - [non traité dans ce cours]
A - La faculté de jugement, articulation entre raison théorique et raison pratique
B - L’analyse du jugement esthétique comme «jugement de goût»
C - Une réflexion sur ce qui nous fait juger qu'une chose est belle
D - Le beau est un produit de notre sens esthétique, et non de l’objet
E - Les définitions kantiennes du beau
1 - Le beau est un intermédiaire entre sensibilité et entendement, une
universalité sans concept
2 - Le beau est une finalité sans fin, il n’est ni utile ni n’a de fin extérieure
3 - Un plaisir désintéressé - le beau n’est ni l’agréable ni l’utile
4 - Le beau est universel, je juge pour tout le monde
5 - Il faut faire «comme si» c’était une qualité des choses
F - La satisfaction esthétique provient du «libre jeu» des facultés de l’esprit
G - Sa redéfinition de l’art, dissocié de la vérité
9 - Il assigne un nouveau rôle à la philosophie, celui de la connaissance métaphysique
des fins de la raison
A - Il distingue la philosophie des autres formes de savoir
B - L’objet de la philosophie est la connaissance de la raison humaine
C - La philosophie est une connaissance
D - Mais elle n’est «ni dans le ciel ni sur la terre»
E - La philosophie est assignée à une Raison finie
F - Une philosophie réduite à une connaissance théorique
III CONCLUSION
1 - Un philosophe des Lumières et même défenseur des Lumières en Allemagne
2 - Mais de Lumières très limitées, voir parfois assez éloignées des Lumières
3 - Kant est plus un philosophe de l'Aufklärung que des Lumières
4 - Il partage partiellement des principes des Lumières mais sans être vraiment assimilable
aux Lumières
5 - Des réponses formulées au 18ème siècle à un problème philosophique du 17ème siècle
6 - Une philosophie ambiguë, absconse, peu claire et très trompeuse
7 - Une philosophie du statu quo entre idéalisme et empirisme, entre raison et religion
8 - Elle finira par être dépassée par les progrès de la science et de la réflexion critique
9 - Peu d’influences sur les Lumières en raison de ses publications tardives et de ses idées
10 - Mais une immense influence en Allemagne, dans l’idéalisme allemand et le
néo-kantisme
11 - Des influences dans de nombreux courants philosophiques ultérieurs (post-kantien
sans être toujours kantien)
12 - Un auteur et des réflexions devenues incontournables dans les théories de la
connaissance, de la morale et de l’esthétique
ORA ET LABORA
Association ALDÉRAN © - Conférence 4312 200-08 : “Kant et le Criticisme” - 03/02/2014 - page 3
Document 1 : Principaux représentants des Lumières allemandes, classés par ordre chronologique.
- Christian Thomasius (1655-1728)
- Christian Wolff (1679-1754)
-Hermann Samuel Reimarus (1694-1768) et L'Objectif de Jésus et de ses disciples (1778)
- Alexander Gottlieb Baumgarten (1714-1762), le créateur de l’esthétisme
- Johann Joachim Spalding (1714-804) et Destination de l’homme (1748)
- Johann Joachim Winckelmann (1717-1768) et l’Histoire de l’Art de l’Antiquité (1764)
- Johann Basedow (1723-1790) et la pédagogie
- Frédéric II de Prusse (1712-1786) - roi de Prusse à partir de 1740
- Les français des Lumières allemandes :
- Pierre Louis Moreau de Maupertuis (1698-1759) - 1740-1758
- Le marquis d'Argens (1703-1771) - 1740-1765
- Julien Offray de La Mettrie (1709-1751) - 1747-1751
- Christian Felix Weiße (1726-1804)
- Emmanuel Kant (1727-1804)
- Moses Mendelssohn (1729-1786)
- Gotthold Ephraim Lessing (1729-1781)
- Christoph F. Nicolai (1733-1811), éditeur et journaliste
- Christoph Martin Wieland (1733-1813)
- Johannes Nikolaus Tetens (1736-1807)
- Georg Christoph Lichtenberg (1742-1799) et les cahiers d’aphorismes
Document 2 : Gravure du début du 19ème siècle représentant la maison natale de Kant à Königsberg.
Association ALDÉRAN © - Conférence 4312 200-08 : “Kant et le Criticisme” - 03/02/2014 - page 4
Document 3 : Brève biographie d’Emmanuel Kant.
1 - Sa naissance le 22 avril 1724 à Königsberg en Prusse orientale
2 - Le philosophe Königsberg, il ne s’éloignera jamais de cette ville (l’actuelle Kaliningrad
en Russie)
3 - Il naît dans un milieu familial modeste, son père est sellier et sa mère adepte du piétisme
4 - 1732-1739, il fait ses études primaires au Collegium Fredericianum dirigé par le
pasteur piétiste Albert Schultz
5 - En 1737, mort de sa mère, il restera toute sa vie marqué par son piétisme
6 - En 1740, il rentre à l’université de Königsberg pour y étudier la théologie
7 - Une université dominée par des théologiens voulant concilier le piétisme en matière
morale et religieuse avec le rationalisme philosophique de Wolf et Leibniz
8 - Dès cette époque, il s’éloigne des manifestations extérieures de la religion et du
formalisme du piétisme
9 - Il est marqué par la science newtonienne, incarnation pour lui d’une science a priori
10 - S’il s’éloigne de Wolf il en retire la méthode, qu’il prend comme modèle de toute
spéculation philosophique
11 - En 1746, mort de son père, ce qui le prive de toute ressource
12 - Pour gagner sa vie, il devient précepteur pour les familles de la noblesse de Königsberg
13 - 1755, il devient privat-dozent à l'université de Königsberg (professeur payé par ses
élèves)
14 - Une vie tout entière consacrée au professorat, une carrière universitaire de 42 ans,
de 1755 à 1797
15 - Mais des débuts modestes, à un niveau subalterne et sans grandes publications
16 - Ce qui l’oblige à un enseignement volumineux et disparate, de la métaphysique à la
géographie
17 - L’enseignement qu’il donne de la métaphysique wolfienne lui en montre les
insuffisances
18 - Une vie minutieusement réglée, consacrée à l’enseignement et la lecture, devenue
célèbre pour sa promenade quotidienne
19 - À partir de 1760, il se centre sur la théologie naturelle et les doctrines du beau
20 - 1762, lectures de Rousseau, notamment l’Emile et la profession de foi du vicaire savoyard
21 - 1764, publication de Observations sur le sentiment du beau et du sublime
22 - De 1766 à 1772, il est nommé sous-bibliothécaire, à la Bibliothèque de la Cour
23 - 1770, Il est enfin nommé professeur titulaire ordinaire à Königsberg
24 - Une œuvre tardive, publiée à partir de 1781 alors qu’il approche de la soixantaine
25 - 1781, il publie la Critique de la raison pure, la première des trois critiques
26 - 1783, pour se défendre des critiques, publication des Prolégomènes à toute
métaphysique future
27 - 1784, défense des Lumières contre le pasteur Johann Friedrich Zôllner avec Qu’est-
ce que les Lumières ?
28 - 1785, publication des Fondements de la métaphysique des mœurs
29 - 1786, élection à l'Académie de Berlin
30 - 1787, seconde édition remaniée de la Critique de la raison pure
31 - 1788, publication de la Critique de la raison pratique
32 - 1789, les débuts de la Révolution française suscitent l'intérêt de Kant
33 - 1786, sa participation à la querelle du panthéisme qui oppose Mendelssohn et Jacobi
34 - 1786, mort de Frédéric II protecteur des Lumières, on ne sait pas qu’elle sera la
politique à leur égard du nouveau roi Frédéric-Guillaume
35 - 1795, publication de son Projet de paix perpétuelle inspiré par la révolution française
36 - 1790, publication de Critique de la faculté de juger (3ème critique)
37 - 1793, publication de La Religion dans les limites de la simple raison (ouvrage publié
sous la censure)
38 - Il promet à Frédéric-Guillaume II de ne plus publier de livre sur la religion
39 - En 1798, la mort du roi le délie de sa promesse, il y revint avec Le Conflit des
facultés de 1798
40 - En 1797, affaibli par l'âge, il renonce à l'enseignement et passe les dernières années
de sa vie à achever sa métaphysique
41 - 1797, publication de la Métaphysique des mœurs
42 - 1798, publication de Anthropologie d'un point de vue pragmatique
43 - 1800, très affaibli il se retire de la vie publique
44 - Sa mort le 12 février 1804 à l’âge de 80 ans à Königsberg. Au moment de mourir il
aurait prononcé : «Es ist gut» - «C’est bien»
Association ALDÉRAN © - Conférence 4312 200-08 : “Kant et le Criticisme” - 03/02/2014 - page 5
1 / 29 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !