LA POLITIQUE ET LES AGRÉGATS MONÉTAIRES DANS LES ZONES D’ÉMISSION AFRICAINES Évolution du financement de l’économie des Comores depuis 2000 ENCADRÉ 7 Évolution du financement de l’économie des Comores depuis 2000 La structure de l’économie comorienne n’a pas fondamentalement changé au cours de ces dernières années. L’agriculture vivrière et la culture des produits de rente (vanille, ylang-ylang et girofle), peu rentables ces dernières années, demeurent prépondérantes et représentent en moyenne 51 % du PIB sur la période 2000-2009. À l’état embryonnaire, le secteur secondaire, composé essentiellement de sociétés publiques à caractère industriel et de petites entreprises artisanales, ne représente que 12 % du PIB, la part des services, dominés par le commerce, s’établissant à 37 %. En dépit de la quasi-stabilité de la structure de l’économie comorienne et de ses faibles performances en termes de croissance, son mode de financement a subi d’importantes évolutions, marquées par la baisse des emprunts extérieurs de l’État, l’accroissement régulier des envois de fonds de la diaspora et la consolidation du financement bancaire du secteur privé, en relation avec l’ouverture du secteur bancaire à la concurrence et le renforcement de l’activité des institutions de microfinance. L’endettement public extérieur et l’aide publique au développement ont représenté en moyenne 8 % du PIB nominal de 2000 à 2009, et 10 % du PIB en 2009, constituant la deuxième source de financement de l’économie comorienne. Ces ressources sont essentiellement destinées à financer les infrastructures de base et parfois à appuyer le budget de fonctionnement de l’État. Par rapport aux recettes totales de l’État, les dons sont passés d’une moyenne annuelle de 22 % entre 2000 à 2004 à 34 % entre 2005 à 2009, en relation avec les appuis obtenus auprès des partenaires au développement. En dépit de la mise en place de programmes avec le FMI, les tirages sur emprunts extérieurs ont enregistré une baisse significative, passant de 4 % du PIB nominal en 2000 à 1 % en 2009. Les transferts de fonds des migrants constituent la première source de financement externe de l’économie comorienne et le premier poste de ressources de la balance des paiements, permettant d’atténuer le déficit structurel du compte des transactions courantes. Le montant de ces transferts a atteint 45,7 milliards de francs comoriens (93 millions d’euros), représentant 15 % du PIB en moyenne sur la période de 2000 à 2009, et 25 % du PIB en 2009. Provenant essentiellement de la communauté comorienne résidant en France, une grande partie de ces transferts passe par le circuit informel, notamment par le biais des voyageurs se rendant aux Comores. Plus de 75 % du montant de ces transferts est ensuite canalisé par les établissements financiers à travers des opérations de change et par des dépôts en compte, la partie restante étant thésaurisée et alimentant le commerce informel. La préférence pour des transferts par la voie informelle peut s’expliquer par l’origine des fonds, liée à une pratique traditionnelle des tontines, le coût relativement élevé des transferts par le circuit formel, la multiplicité des opérations de faible montant, une bancarisation relativement faible et une méconnaissance des mécanismes et des voies de transfert. La forte corrélation de ces ressources avec les principaux indicateurs macroéconomiques accentue la fragilité de l’économie comorienne du fait de la volatilité éventuelle de ces ressources. Ces dernières sont le plus souvent affectées à la satisfaction des besoins de consommation de nombreuses familles et à la construction de logements et contribuent aussi au financement des activités et des œuvres sociales (construction d’écoles, d’hôpitaux…). Ces quatre dernières années, une nouvelle tendance s’est amorcée, avec la réorientation d’une partie de ces ressources vers des investissements productifs. L’importance des flux financiers des migrants ont conduit les autorités monétaires et les établissements bancaires et financiers à engager des réflexions en vue d’améliorer la canalisation de ces flux et leur utilisation à des fins de développement, en incitant les différents acteurs à orienter ces fonds vers des investissements productifs. L’accroissement de l’activité des institutions de microfinance, désormais agréées depuis 2005, accompagné de l’ouverture du secteur bancaire à la concurrence, a enclenché une nouvelle dynamique dans le financement intérieur de l’économie. Banque de France • Rapport annuel de la Zone franc • 2009 107 LA POLITIQUE ET LES AGRÉGATS MONÉTAIRES DANS LES ZONES D’ÉMISSION AFRICAINES Évolution du financement de l’économie des Comores depuis 2000 Jusqu’en 2004, le crédit intérieur s’était stabilisé autour de 10 % du PIB, atteignant un encours total de 14 milliards de francs comoriens à fin décembre 2004, dont 3,5 milliards pour les créances à l’État et 10,5 milliards pour les crédits à l’économie. Cette quasi-stabilité peut être expliquée par l’étroitesse du système bancaire et un mécanisme de fixation de taux d’intérêt administrés. Depuis 2005, le crédit intérieur a été multiplié par trois, passant de 14 milliards de francs comoriens en 2004 à 40 milliards en 2009, dont 10,5 milliards de créances à l’État et 30 milliards de crédits à l’économie. En 2009 et dans le cadre du programme triennal signé avec le FMI, l’État a bénéficié d’important concours financiers, qui ont atteint plus de 4 milliards de francs comoriens, pendant que le montant des avances statutaires auprès de la Banque centrale, limité à 20 % des ressources budgétaires, est resté stable à 4,4 milliards de francs comoriens. Les crédits à l’économie, bénéficiant d’une reprise de l’activité économique, notamment dans le secteur du commerce international, ont atteint 16 % du PIB à fin 2009 contre 7 % à fin 2004, avec un taux d’accroissement annuel de l’encours de 24 % pendant la période. Ces crédits, constitués principalement par des crédits à court et moyen termes, financent en grande partie les secteurs du commerce et des services. Cette accélération de l’accroissement du crédit intérieur peut être expliquée par l’ouverture du système bancaire, notamment l’agrément de deux réseaux de microfinance en 2005 et 2006, disposant une large couverture géographique, la relance de l’activité de crédit de la Banque de développement des Comores, l’ouverture en 2005 de la Société nationale des postes et services financiers, qui a repris les activités de la Caisse nationale d’épargne, et l’ouverture de deux nouvelles banques commerciales en 2007 et 2009. En revanche, les conditions de crédit ont peu évolué, avec un taux d’intérêt moyen de 12,6 % en 2009, après 11,5 % en 2005. La qualité du portefeuille de crédit s’est améliorée, revenant de 27 % en 2004 à 18 % en 2009. Évolution du financement de l’économie des Comores sur la période 2000-2009 (en milliards de francs comoriens, sauf indication contraire) Crédit intérieur (brut) Crédit à l’État Crédits à l'économie Crédit intérieur (en % du PIB) Masse monétaire Masse monétaire (en % du PIB) Transferts courants Publics Privés Transferts courant (en % du PIB) Endettement public extérieur en % du PIB 108 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 12,0 3,0 9,0 11,0 21,9 20,1 14,2 10,5 3,7 13,1 3,9 3,6 12,5 3,3 9,2 9,5 33,3 25,3 24,8 19,3 5,5 18,8 6,6 5,0 13,6 3,5 10,1 10,4 36,9 28,1 21,6 16,0 5,6 16,5 7,0 5,4 15,8 2,7 13,1 11,4 35,2 25,4 15,6 0,5 15,1 11,3 5,0 3,6 14,0 3,5 10,5 9,6 34,1 23,4 24,7 0,9 23,8 16,9 2,2 1,5 18,6 4,6 14,0 12,4 35,5 23,6 31,2 3,1 28,1 20,7 1,8 1,2 19,7 6,4 13,3 12,4 41,6 26,1 37,7 5,4 32,3 23,7 2,5 1,6 23,3 6,8 16,5 14,0 45,5 27,4 40,0 5,7 34,3 24,0 1,8 1,1 31,5 9,2 22,3 18,0 50,8 29,1 52,1 5,5 46,6 29,8 2,4 1,4 40,4 10,5 29,9 21,9 57,6 31,3 57,1 11,5 45,7 31,0 0,2 0,1 Source : BCC Évolution de quelques indicateurs pour la période 2000-2009 (en %) Dépôts/PIB Crédits à l'économie/PIB Crédits/Dépôts 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 15 8 67 16 7 52 19 8 51 19 9 59 18 7 57 19 9 61 19 9 54 19 10 53 22 13 60 24 16 69 Source : BCC Banque de France • Rapport annuel de la Zone franc • 2009